Highway to dark evil Kevin's place ! [Mordred PéVétisation] {FICTIF}

J'écoute les deux autres parler entre eux. Yumi dit des trucs gentils sur moi, Al a l'air content qu'on lui parle, l'ambiance est chouette. Je m'assomme au bédot et à l'alcool pour oublier tout ce qui se passe avant et après ce moment. Comme j'ai encore faim je retourne piller la cuisine. Je reviens de ma chasse avec des yaourts à la fraise, de la compote, et... du chocolat au lait. Ça ira très bien avec la brioche de ma précédente expédition. J'aime les choses sucrées et facile à mâcher.
Donc, je dalle comme j'ai pas dallé depuis longtemps. J'engloutis. Les toubibs du labo m'ont dit que j'avais un métabolisme de merde, entre autre conséquence de leur intervention. Ça bouffe de l'énergie d'être moi. Personne ne sait ce qu'un Shinigami mange en vrai, en plus. Je ne sais pas comment se démerde les autres cobayes, on a jamais eu l'occasion de comparer nos feuilles de résultats.

Al me sort de ma transe boulimique en approuvant avec enthousiasme Yumi dans l'idée de buter les démons qui veulent manger ses os ou ses yeux, j'ai pas trop suivi. Je fourre ma petite main sale dans un paquet de pepito pour le profaner sans pitié. Je note que mon homologue oublie pas non plus de se servir tout en écoutant. Yumi me demande de décider, après un bisou – je cherche pas à comprendre. Je m'interromps dans les biscuits pour réfléchir, mais une vague de flip menace de me noyer. Merde, si j'aime la poudre, c'est pour ne jamais avoir à décider ou à apprendre. Je me vois là, comme un gros misérable qui mange des biscuits volés comme si il avait pas vu de bouffe depuis deux mois ; incapable de faire quoique ce soit depuis presque dix ans. Depuis presque tout le temps. Je sais plus si je suis structurellement inapte ou si je me suis gâché tout seul. Comment je pourrais aider Yumi à détruire les conneries de Kira ? Je suis même retourné au labo de mon plein gré une fois, pour faire ma pute.
C'était... il y a trois ou quatre ans, je sais plus. En tout je suis retourné trois fois là bas. Là c'était la deuxième visite. Volontaire, donc. J'étais en manque jusqu'au yeux, j'avais volé d l'argent à Yumi la semaine précédente, je voulais leurs drogues magiques qui font qu'on sent plus rien et qu'on dort. Il m'en on donné plus que j'en avais besoin et je me suis tiré une fois que je me sentais mieux. Ils sont incapable de me retenir maintenant. Mais ces petits chacals avaient mis un implant GPS sous ma peau, d'où mon troisième séjour.

- Faudrait qu'on aille au labo. Ça a forcément un lien avec tout ce bordel.

Illumination pouf, comme ça. Au moins ça repousse le moment de faire de la magie et tout ça. Et avec un peu de chance... il y aura plein de médicaments rigolos dans les placards. Il me reste trop de neurones, je dois continuer mon œuvre jusqu'à être assez con pour me foutre de tout.

- C'est quoi le labo ?

- C'est un endroit marrant, tu verras. En plus j'suis sûr qu'ils ont de l'équipement militaire là bas.

- Faut que je prenne mes affaires dans le caddie !

On se lève tous, on attend qu'il aille chercher ses affaires et... ce connard veut monter devant. Après avoir mis ses sacs qui puent dans le coffre il essaye de monter devant ! Je me précipite pour le pousser de l'épaule, bien que je le fasse pas bouger d'un centimètre.

- LAISSE MOI LA PLACE A COTE DE YUMI !

On lutte un moment en silence et Al renonce d'un air choqué devant mon acharnement. C'est ma place à moi ! Il prend l'air blessé et va s'installer derrière – le châssis de la voiture baisse un peu quand il s'assoie. Moi j'm'installe comme un prince et je continue de daller, parce que j'ai pas lâché mes biscuits. Il me reste un peu de prod, mais je me garde ça pour plus tard.

Le « mes petites salopes » m'interpelle même pas parce que c'est Yumi, et qu'elle dit toujours des trucs comme ça. Al a l'air de voguer dans son monde personnel, il regarde dans le vide et il s'est mis à fredonner l'air d'une comptine en se balançant tout seul. Lui tout craché. Et la voiture elle est cool, elle fait des bruits trop bien, tu sens qu'il y a pas besoin de rétrograder dans les côtes. J'y connais rien en bagnole comme dans le reste, mais pour moi une caisse où l'autoradio est pas pété et où y a pas de bruit de frottement bizarre quand tu roules c'est Byzance. Je m'avachis peinard sur le siège avant en essayant de penser à rien, tel le roi du monde.

Mais au bout d'un moment Yumi fait piler la voiture, nous ordonne de pas bouger et va buter des zombies toute seule. Les nerfs ça. Je hausse des épaules, Al a l'air un peu déçu. J'me sens comme un gosse qui attend que maman ait fini d'acheter du pain, un peu victime de la fatalité quoi. Pendant ce temps elle danse avec ses armes et saute partout pour tous les dégommer sans qu'un seul effleure ne serait ce que sa cheville. Impressionnant. Les survivants ont l'air heureux du spectacle aussi. Yumi elle, a l'air complètement possédée. Les pupilles dilatées, les muscles tendus sous la peau. Elle est putain de bien sculptée pour une femme.
Mais là se produit l'erreur stupide. Un mec vient la remercier alors qu'elle est encore dans son mode berserk. Ça se voit dans ses yeux. Moi à sa place j'aurais attendu que les choses se calment un peu, mais dans l'urgence du moment l'évidence a pas dû le pénétrer. Donc elle le bute. Elle s'excuse après mais ça change rien. J'ai l'impression d'être brutalement plongé dans de l'eau froide et retiré en moins d'une seconde.

- MAIS PUTAIN ! Ça change rien de s'excuser si c'est pour recommencer deux heures plus tard !

Je rage tout seul dans la voiture avec Al qui gémit derrière. Ah... et puis voilà ! Maintenant j'ai des serres à la place des mains ! Super ! Comme si c'était simple d'être humain tout le temps. Elle se rend pas compte. Y a des trucs qui vivent à coté de nous et j'suis à un cheveux d'aller chez eux, et elle s'amuse à buter des mecs à la chaîne. La mort c'est un sujet sensible, merde.
Pourtant, quand elle me fait signe de sortir j'le fais, et je cache mes mains derrière mon dos. Elle s'excuse – encore – et je dis rien, parce que c'est Yumi et que jamais je hausserais le ton avec. Dans ma tête c'est un peu ma maman et mon papa à la fois. Quelqu'un qui a toujours raison en tout cas. Elle me présente un type , descendant de Bob. Je me rappelle de lui. C'est l'époque où j'avais encore les cheveux longs et pas de gros problèmes d'addiction. Le bon temps. Pendant que le gars va s'installer à l'arrière avec un Al tout bouleversé je vais chercher un vieux plaid miteux dans mon sac dans le coffre. Les shinigamis sont pas très fan d'UV et la peau de mes mains me brûlent, même si elle st couverte de plumes noires. Et j'peux te dire que c'est pas une mince affaire de se démerder avec une fermeture-éclair quand on a pas de doigt. Devant le regard interrogateur de Yumi quand je rentre dans la voiture je réponds juste :

- C'est rien, j'ai plus l'habitude de tout ça. Ça va passer. Va y, pied au plancher Simone.

La voiture redémarre dans un grand bruit de Paris-Dakar et je peux pas m'allumer de clope. Al me regarde comme si je venais de manger goulûment une portée de chaton encore vivante sous ses yeux. Mais le voyage se déroule, et au bout d'un moment je sais que sous le plaid il y a des mains avec des doigts et que je peux enfin allumer ma putain de clope. Juste à ce moment là faut une mission essence, donc je peux toujours pas fumer. Tous les mecs se précipitent comme des imbéciles pour compenser niveau virilité. C'est au premier qui sucera de l'essence d'avoir de la gloire. Al trouve un tuyau en plastique en premier, mais je lui pique parce qu'il est faible moralement, alors il s'assoie par terre et il se remet à se balancer en chantonnant. Finalement le bon sens reprend le dessus et je laisse Al boire de l'essence. Ça a un sale goût en fait, faut mieux que je lui laisse de la place. Après il rempli le réservoir de Yumi comme une gentille lavette, pas d'attaque de zombie à signaler - p'tète qu'on a dû en désintégrer deux trois, histoire de - et on peut repartir. J'peux donc enfin savourer ma clope sans risquer de brûler l'intérieur de ma bouche, et Al reste avec son goût pourri.
On arrive au labo.
Spontanément, tout le monde ramasse des armes et des sacs. Je fourre la boîte avec les serpents dans le mien, la sèche au bec. C'est un décor d'apocalypse qu'on a en face de nous.
Le labo que je connais se situe sous un hôpital. Lieu hautement probable pour qu'il y ait ras la gueule de zombies. C'est le cas, mais ils foncent pas forcément sur nous si ils sont un peu loin et qu'on fait pas trop de bruit. Y a aussi des mecs morts. Partout. Ça pue abominablement. Au loin je vois un camion de l'armée devant l'entrée officielle, Al crache vers eux, son énorme gun entre les mains.
Mais nous on va pas rentrer par l'entrée officielle de l'hôpital. Nous on entre par une porte discrète d'un bunker au milieu du terrain vague avec une pancarte « haute tension » dessus. Personne irait rentrer là dedans. C'est pour ça qu'on y va. Après une antichambre à base de bruit d'électricité et de tuyau partout, on arrive dans un escalier propre, blanc, avec de jolies lumière. On descend tous prudemment.
En bas c'est le putain de bordel.

Les mêmes couloirs, avec leurs potes à carte magnétique de merde mais... du sang partout. Des morceaux de gens. Des meubles brisés au milieu du couloir. Des impacts de balle. Ici on s'est battu comme des malades, je sais pas contre quoi. Des mecs morts de temps en temps. Des humains. Juste des humains. Où sont ceux des zombies ? Ils ont bien dû en dégommer deux trois, vu le budget impacts de balles dans le mur.