Grab your gun, it's time to go to hell [PV Alpha]

Petit quartier tranquille, banlieues résidentielles remplies de petits pavillons familiaux. Fate détestait les endroits comme celui-ci : les maisons semblaient littéralement se chevaucher et leurs habitants, tous semblables les uns aux autres, petits bourgeois à l'égo surdimensionné, prenaient plaisir à rappeler combien ils étaient heureux et comblé avec leur petit bout de jardin... Il était dix-huit heures quand le central lui avait transmis un appel soi-disant urgent. En cinq minutes, elle avait enfilé son manteau, saisi ses clés et s'était précipité dans sa voiture pour atteindre ce petit quartier résidentiel situé à la périphérie de la ville.

Tout était tranquille à une heure pareille. Le silence qui régnait dans ces quartiers dortoirs lui avait toujours fait froid dans le dos. Elle avait garé sa voiture devant la maisonnette de son interlocuteur, un sourire aux lèvres tant elle avait hâte d'entendre ce qu'il avait à lui dire. Le central avait parlé de l'appel d'un citoyen tokyoïte qui jurait avoir aperçu Hadès trainer devant chez lui. Hadès. Elle ne l'avait pas vu depuis l'accident avec cette fameuse Himiko, et depuis, malgré ses efforts, il ne répondait que peu aux messages et ne semblait pas enclin à accepter une seconde rencontre. Au diable la diplomatie, reprenons les recherches, s'était-elle dit. Le délai fixé par Arashi était dépassé depuis longtemps. Il lui fallait des preuves, mêmes minces, et c'était peut-être l'occasion d'en avoir une. C'était donc avec un sourire qu'elle avait toqué à la porte et que ce fameux témoin, un homme d'une bonne soixantaine d'années qui se déplaçait à l'aide d'une canne, l'avait accueilli et fait entrer.

Une heure plus tard, Fate était ressortie et avait claqué violemment la porte en criant un "Au revoir" qui se voulait plein de reproches. Evidemment, ça n'était que les élucubrations d'un vieux fou qui, face à son handicap et son ennui, n'avait rien trouvé de mieux que de se découvrir un talent d'espion. Les clichés qu'il avait pris depuis sa fenêtre parlaient d'eux-même. Seule la couleur de cheveux concordait : pour le reste, il était évident que ça n'était pas Hadès. Fate s'était demandé comment un type pareil avait pu confondre un lycéen crâneur à la teinture improbable avec un criminel recherché... Il lui avait fallu presque une heure pour dégoter son histoire et ces photographies. Que de temps perdu...!

Excédée et fatiguée, Fate avait tout d'abord songé à retourner chez elle. Et puis, face à la déprime et l'inquiétude qui s'emparaient d'elle, elle avait finalement posé ses affaires dans sa voiture et s'était décidée à rendre visite à un ami, célibataire, qui ne résidait pas très loin. Les mains dans les poches de son trench, Fate entreprit sa marche au travers des grandes rues éclairées du quartier. Elle ne savait plus trop de quelle maison il s'agissait - après tout, elle se ressemblait toute, mais elle n'était pas pressée. Et lorsque la jeune femme était dans de pareils états, seul marcher semblait parvenir à lui vider la tête.

Fate avait eu le temps de faire quelques dizaines de mètres entre sa voiture et le domicile de son ami, et puis soudainement, les événements avaient pris une tournure inattendue. Elle n'avait pas tellement fait attention à cette voiture grise qu'elle avait tout d'abord croisé et qui avait finalement fait demi-tour. Occupée à envoyer un texto pour prévenir son amant de son arrivée – elle ne souhaitait pas tellement se faire dégager comme la dernière fois, le crissement des pneus lui avait bêtement fait relever la tête et, avant même qu'elle ne puisse exécuter le moindre mouvement, une fille était descendu comme une furie et l'avait empoigné avec une force presque masculine.

Surprise, Fate avait ouvert de grands yeux hébétés avant de comprendre qu'elle la tirait un peu trop vite à son goût en direction de la voiture. Elle avait aussitôt tenté de se débattre, laissant son téléphone tomber à terre. Mais l'effet de surprise avait donné le résultat escompté supposa t-elle. Les choses s'étaient déroulées trop vite... Si vites qu'en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle s'était retrouvée assise, yeux bandés et mains liées à l'arrière de la petite voiture grise. Elle agitait frénétiquement la tête, espérant faire tomber le bandeau de fortune qui couvrait ses yeux et pouvoir au moins observé le visage de son futur bouc-émissaire, mais cette garce l'avait sensiblement bien attaché.

Ne panique pas, ne panique surtout pas. Rappelle toi les entraînements.

Ne jamais paniquer, quelles que soient les circonstances. C'étaient ce que son entraîneur lui avait appris, presque dix ans plutôt alors qu'elle faisait ses premiers pas dans l'armée. La panique ne permet pas de songer de manière cohérente. Un instant, elle poussa un long soupir pour se calmer et prit le temps d'écouter les bruits qui l'entouraient. Ils roulaient, ça c'était sûr. Mais où, ça elle n'en savait trop rien. Et elle n'avait pas le don de ces grands détectives qui, dans ces séries télévisées un peu bidon, déduisaient à partir de simples bruits une vraie destination. Fate inspira à nouveau.

Réfléchir, c'est cela réfléchir.

Une arme ? Pas d'arme. Elle maudissait l’imbécillité dont elle avait fait preuve en la laissant dans sa voiture. Les enlèvements de gradés étaient fréquents, mais elle s'était toujours jugée trop peu importante pour être victime de pareils désagréments. Au prochaine réunion à ce sujet, elle serait plus attentive au sujet : enfin, s'il y avait de prochaines réunions. Elle ne savait pas trop ce qui l'attendait, au bout de cette route. Sûrement quelques jours dans un cachot moisi et une grosse demande de rançon : à défaut de disposer de son pouvoir, la Résistance semblait désespérément chercher à récupérer l'argent du Gouvernement. Ses mains s'agitèrent frénétiquement pour tenter de comprendre comment étaient liés ses poignets. Se rendant compte que les liens étaient évidemment bien serrés, elle tâtonna du pied à l'arrière de la voiture pour mieux appréhender ce qui l'entourait. Vite, elle comprit qu'elle était tout bêtement adossé à une des deux portières et que la seconde lui faisait face.

« Bien joué, vous vous êtes mis dans un sacré bordel, vous savez ? Oui, vous. Parce que je suppose que Madame n'est pas seule. Faites ce que vous voulez, mais ne venez pas vous plaindre quand vous aurez une horde de flics armés au cul. Si vous faites la moindre connerie, je ne donne pas cher de votre vie. Mais ne soyez pas déçus, promis ! Je viendrai à votre exécution ! »

Le ton était volontairement provocateur. Après tout, s'il comptait la tuer, ils le feraient très vite. Et si l'assassinat ne faisait pas parti de leur plan, ils n'avaient aucun intérêt à se débarrasser d'elle. Elle ne reçut pas de réponses pendant des secondes qui lui parurent trop longues. Alors, elle chercha la portière du pied et se mit à y donner des coup de talons frénétiques. Si la porte ne céderait sans doute pas, il n'en serait sans doute pas de même pour la fenêtre :

« Répondez où je défonce votre putain de fenêtre ! Vous êtes déjà fauchés, c'est peut-être pas le moment de faire des frais en plus ! »

Brusquement, Fate se sentit projetée en avant et vint s'écraser contre les sièges des passagers avant. Elle étouffa un petit cri effrayé, son dos la faisait souffrir dans le choc avec lequel elle avait heurté l'avant avait été violent. Mais elle ne se découragera pas et, tandis qu'elle tâtonnait du pied la plage arrière à la recherche de repère, elle tendit l'oreille. La voiture avait pilé. Etait-on arrivé à l'endroit où l'on devait la conduire. Si c'était le cas comme la jeune femme le pensait, elle serait très vite mise au parfum de ce qui l'attendait. Au fond, Fate était un peu inquiète de ce qui l'attendait et l'absence de réponse ne la rassurait pas. Elle hurla :

« Vous allez vous décider à me dire ce qui vous passe par la tête merde ?! Vous risquez de graves... »

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Elle échappa un dernier cri, sentant sa tête heurté une fois de plus violemment la portière. Et puis le noir complet. Longtemps, trop longtemps pour qu'elle puisse avoir la moindre idée de la durée de son absence. Et soudain, c'est le réveil.

Sa tête est un peu lourde, ses muscles tous engourdis et sa nuque raide. Tout est noir autour d'elle. Elle devine une légère lumière qui doit filtrer depuis une fenêtre jusqu'à travers le morceau de tissu qui couvre ses yeux. La jeune femme tente un premier mouvement : les bras, puis les jambes. Mais rien ne semble fonctionner correctement. Elle comprend vite qu'elle est solidement attachée sur une chaise. Quelques secondes d'attente et tous ses sens semblent enfin s'éveiller. Elle a froid, et l'absence de tissu sur sa peau lui suggère qu'on l'a déshabillé. Ca ne la rassure pas, ah ça non.

C'est le premier pas vers la panique. Pourquoi la déshabiller ? Quelle utilité dans une quelconque négociation ? Elle qui était auparavant si calme sent finalement le stress l'envahir quand elle entend des rires masculins dans la salle. Tout semble résonner dans cette pièce : ça rend la scène d'autant plus inquiétant. Fate sert les jambes, ils ne penseraient pas à ça tout de même ? Par chance, sa bouche n'est pas obstrué et, lorsqu'elle comprend qu'on se rapproche d'elle, elle s'exprime, d'un ton volontairement hargneux dont les tremblements trahissaient l'inquiétude :

« J'ignore ce que vous voulez tous, mais vous n'obtiendrez jamais rien de manière aussi rustre, bordel ! »

Ca ne semble pas suffisamment convaincant. Puisque déjà elle sent des mains se poser sur elle et la maltraiter. Stop. Ca ressemble beaucoup trop à quelque chose qu'elle a déjà vécu : beaucoup trop pour qu'elle accepte de le revivre une fois de plus. Alors, bêtement, tandis qu'ils la frappent, l'insultent et la torturent, elle enclenche le mode veille, serre les dents et attend que ses bourreaux se lâchent. Le plus dur c'est de ne pas pleurer, ça leur fait trop plaisir : c'est ce que les instructeurs répétaient. Le temps passe et elle reste là sans broncher, tête baissée.

Quand de nouvelles personnes entrent dans la pièce et qu'elle surprend une voix féminine ridiculiser les hommes qui précédemment la torturaient, elle sent le salut arriver. C'est une voix de femme, cette fois. Elle est plutôt douce. Assez familière d'ailleurs. Mais Fate n'est pas tellement en conditions d'associer cette voix à un individu. On pose un drap sur ses épaules, elle lève la tête et esquisse un sourire.

« Si j'ai soif ? Allez plutôt crever ! Vous et vos idéaux utopiques ! Incapables d'affronter loyalement vos adversaires ! Contraints de cacher votre visage comme des nuisibles et d'exercer leur manque d'autorité d'une manière aussi pitoyable. Je ne sais pas ce que vous voulez et au final, je m'en moque ! Mais bordel, sachez une chose. Vous n'aurez rien ! Rien du tout ! Juste un mur de pierre qui se contentera de vous reprocher constamment vos désillusions ! »

D'un geste du menton, elle repousse le verre dos qui s'approche d'elle.

Elle l'écouta sans un mot. Les lèvres fermées en un rictus moqueur. La tête relevée avec fierté. Les yeux qu'elle imaginait plantées dans ceux de son interlocutrice au travers du tissu qui voilait son regard. Oh elle aurait aimé l'agripper de ses doigts frêles, elle aurait aimé la renverser contre le sol, prendre le dessus et frapper cette folle jusqu'à ce qu'enfin elle comprenne le ridicule de ses propos. Oh elle aurait aimé la faire taire, mettre fin à ce flux de paroles insensées qui sonnaient si désagréables à ses oreilles. Elle aurait aimé en quelques mots pouvoir faire changer tous ces gens qui n'étaient capables de voir quel était le bon chemin. En quelques mots, Fate Harlaown aurait aimé pouvoir changer le Monde.

Le Monde avec un grand M, elle l'aurait voulu sans violence, sans surveillance, sans barrières pour séparer les individus, sans censure, sans divergence, sans haine, sans Kira. Mais la nature humaine était faite de manière telle que ce Monde telle qu'elle le désirait ne pouvait exister. Au fond, elle aussi rêvait d'utopie, de monde parfait où chacun vivrait sans se soucier du lendemain. Au fond, elle ressemblait à ces résistants, à Akira qu'elle avait tant de fois qualifier d'idiot, d'imbécile, d'idéaliste. A la différence qu'elle semblait en avoir assez vu pour comprendre tout le sens de ce terme : l'Utopie, par définition, était tout simplement irréalisable. Il en était de même pour celle dont ils rêvaient tous. Trop de profit, trop de corruption, trop de désir, trop de passion, trop de jalousie, trop d'égoïsme, trop de méchanceté, trop d'avidité. Trop de choses, trop de traits humains qui rendaient toute tentative vaine.

Le Monde tel que les résistants l'imaginait serait empli de tensions, de crimes et de scissions. Fate n'avait jamais prétendu défendre un régime parfait. La République, la Liberté avec une majuscule ne la répugnait pas comme ses ennemis le croyaient. Pas plus que l'idée de servir une dictature ne la réjouissait. Elle représentait juste l'outil de franchissement de cette étape difficile mais néanmoins nécessaire qu'était la terreur. Quand criminalité et cruauté seront éradiqués, sans doute se rendrait-elle et participerait-elle même à la construction d'une nouvelle démocratie. Mais sa mission était loin d'être finie. Et ça, les résistants n'étaient pas près à l'accepter. Elle se surprit à repenser aux agréables traits d'Akira et à ses paroles, elle aimerait qu'il comprenne par le futur. Et par lui même si possible.

« Inutile de discuter. La conversation est stérile : je ne suis pas prête à entendre vos arguments. Comprenez seulement que si vous êtes seuls contre la Terre entière, c'est que votre point de vue nécessite d'être remis en question. Je ne veux pas m'éterniser dans des discours que vous serez incapable d'intégrer, je préférerai que vous compreniez seule. Sinon, c'est que vous n'en valez pas la peine et que vous ne valez pas mieux qu'eux. »

Les sens de Fate se réveillèrent quand elle entendit la porte s'ouvrir. Quelques mots dont elle tenta de saisir l'intérêt furent échangés, puis l'homme partit comme il était venu. Alpha... Ainsi donc le fameux corbeau Alpha était dans le coup. Jamais on n'avait vu l'un des deux corbeaux de la Résistance se manifester explicitement : une grande première. Fate se demanda bien ce qu'un leader au pouvoir uniquement symbolique pouvait bien lui vouloir. Des années d'observation et d'étude avaient permis aux pro-Kira de saisir approximativement le fonctionnement de la hiérarchie rebelle : le pouvoir appartenait aux chefs des mouvements dispersés. Ces deux personnages emblématiques n'étaient là que pour tenter d'unifier la Résistance publiquement : ils ignoraient jusqu'au fait qu'ils existent réellement. Fate se tut, se contentant d'observer la situation. L'intervention de cet homme semblait être une erreur d'après le ton de la femme, sans doute aurait-il dû cacher cette information.

La dernière affirmation de la femme lui arracha un sourire. Fate n'avait plus peur. Si au début, elle avait été envahi par la terreur à l'idée d'être laissé entre les mains de ces hommes, être la prisonnière d'une femme la dérangeait désormais beaucoup moins. Les femmes ne sont pas cruelles comme leurs homologues masculins. La jeune femme soupire :

« Disparaître ? Foutaise. Si vous aviez voulu me faire disparaître, vous auriez eu milles autres façons de le faire. M'assassiner en pleine rue, chez moi ou en pleine apparition publique auraient été plus clinquants et nettement moins dangereux. M'enlever comme cela, ça n'a ni queue ni tête. Une perte de temps et une prise de risque incommensurable. Beaucoup de choses pour si peu. Vous voulez quelque chose. J'ignore quoi, mais je vais finir par le savoir. »

Un nouveau sourire amusé se dessina sur ses lèvres :

« C'est Hadès qui vous envoie ? Il veut s'excuser et il n'a rien trouvé de plus adroit pour le faire ? » dit-elle d'un ton ironique.

Fate buta quelques instants sur les mots de la jeune femme. « Souhaiter sa mort » ? Aurait-il réellement souhaité sa mort ? Etait-il réellement question d'Hadès ? L'homme qui ne cessait de la courtiser encore et encore. Soit, à plusieurs reprises, il l'avait menacé de façon extrême. Mais lui, lui qui ne semblait vouloir abandonner n'aurait jamais souhaité sa mort. Il était loin d'être bête. Il la savait outil utile au sein du gouvernement et marchandise de taille dans les moments les plus dures. Fate siffla entre ses dents :

« Vous vous contredisez. Ne vous mêlez pas de ce qui me lie à Hadès. Votre petite cervelle de moineau est trop minime pour le comprendre. Pourtant, vous avez l'air d'en savoir beaucoup à son sujet. Et vos propos me rappellent étrangement ceux de l'une de vos potentielles collègues... »

Elle repensa à la jeune Himiko qui avait fait irruption chez elle ce soir là, gâchant ainsi une soirée qui avait pourtant bien démarrer. Il y avait ce même ton ironique et blessant, cette même façon d'évoquer constamment sa poitrine et de cantonner leur relation dans un cadre sexuel. Beaucoup de coïncidences. Etait-il si connue au sein de la résistance pour qu'une simple inconnue soit si bien informée ? La grande blonde afficha un sourire. Non, Hadès n'y était pour rien : elle en était sûre. Mais cette Himiko qui semblait transpirer la rage ce jour-là et qui, elle en était persuadée, avait dû les suivre pour intervenir de manière si ponctuelle, baignait forcément là-dedans.

« Je commence à me demander si elle ne se tient pas là, devant moi. Es-tu vraiment un baron de la résistance comme je le pensais ou es-tu juste suffisamment rancunière et jalouse des conquêtes extra-conjugales de ton mari au point de m'enlever ? » avait-elle siffler entre ses dents, volontairement blessante et désagréable.

Ce qu'elle racontait semblait à la jeune femme tellement idiot, tellement insensé qu'elle ne parvenait à la croire. A quoi bon prendre le risque de la kidnapper comme cela ? A quoi bon la tuer, elle qui aurait peut-être pu servir d'échange à la libération de nombreux prisonniers résistants ? Elle peinait à imaginer un enlèvement réalisé sur un coup de tête et sans la moindre préparation préalable... Fate savait la résistance brouillon et désorganisée. Le gouvernement avait connaissance de leur hiérarchie et de leurs méthodes anarchiques. Mais tout de même, il était question de l'enlèvement d'un haut-gradé. Côté Kira, la moindre petite arrestation était calculée pour ne pas échouer.

« Je persiste à croire que vous me mentez. Ca n'a pas de sens. De toute façon, à quoi bon me tuer ? Je pèse lourd sur la balance, tu sais ? Moins qu'un ministre, c'est sûr ! Mais suffisamment pour servir de monnaie d'échange. Et puis tout de même, tu sais ce que ta petite gueule risque si on te découvre ? Gros. Et ne va pas me dire que tu es intouchable, personne n'y croit. »

Pourtant, son interlocutrice ne semblait pas vouloir changer de propos. Mourir mourir, la faire mourir. Ce mot revenait bien trop souvent dans sa bouche à son goût. Comptait-elle réellement appliquer ses menaces malgré les conséquences... ? Même si Fate gardait la tête haute, elle avait terriblement peur. Peur à la fois de voir la mort la frôler, peur également qu'il l'ait tout simplement vendue malgré toute l'attention qu'elle lui portait.

« Choisir sa mort... C'est une décision bien ironique. Je ne choisirai pas car je ne mourrai pas. Ni ici, ni maintenant, ni de votre main. Il me reste encore beaucoup à accomplir pour purger le Monde de vos idéaux utopiques. Maintenant, libérez moi. Libérez moi où je vous jure que je vous hanterai. Et je ne serai sans doute pas la seule. »

Paroles, paroles et paroles... qu'est ce que ça pouvait être gonflant comme conversation... et que je te menace, et que je t'insulte, et que je joue les fortes... pff... Yumi rêvait de se téléporter chez-elle, de prendre une longue, très longue douche bien brûlante, de se servir un thé au lait et une vodka, de se vautrer sur son lit et de prendre quelques heures de pause bien méritées... Mais même si elle se débarrassait tout de suite de l'emmerdeuse qu'elle avait sous les yeux, ça ne serait pas possible. Trop de choses à faire, trop de gens à voir, trop de trucs à préparer.

Elle fixa un moment Fate avec un petit sourire amusé aux lèvres.

- Bon... alors déjà, même si j'étais un "baron de la résistance", tu dois bien savoir que je ne te le confirmerais jamais hein, si c'était ce que je suis, je ne serais sans doutes pas assez stupide pour te laisser voir mon visage, connaitre mon nom et ma position etc... on est d'accord non ?

Puis elle sourit franchement.

- Quand à ce que tu suppose, je suis désolée mais je ne suis pas celle que tu crois. Laisse donc Hadès gérer lui même ses relations avec sa femme, la capacité de cette dernière à supporter les affres de son mari ne regarde qu'elle, et ses infidélités ne regardent que lui. Je n'ai pas l'habitude de me mêler des histoires conjugales des autres, ma vie est largement assez bien remplie pour que je ne m'ennuie pas à ce point.

C'était presque vrai en plus... elle n'était pas mariée à Akira, et ne le serait jamais. Épouser un homme comme lui serait une mauvaise idée, même si elle avait follement amoureuse de lui, ce qui était très très loin d'être le cas. Il était un chef résistant, elle était une médiatrice (entre autre)... leurs relations s'arrêtaient à peu près là, même si elle était plus proche de lui que des autres chefs. Mais bon... même Bob était plus proche d'elle qu'il ne le serait jamais.

- Rhaaaa ça me fatigue ! Je n'ai ni le temps ni même l'envie de m'occuper de ce genre de conneries et il a fallu que tu surgisse devant moi... c'est tellement con bordel !!!

La jeune femme se mit à faire les cent pas dans la pièce en se massant les tempes. Elle devait la tuer, c'était un ordre direct... mais elle n'en avait pas la moindre envie. Après tout, tuer quelqu'un de sang froid pour protéger sa vie où celle des autres allait encore... mais là... après tout, Fate n'avait pas fait grand chose de mal... elle était jolie, draguait un membre éminent de la résistance et essayait d'obtenir des informations et/où de le faire changer de camps... c'était légitime non ? Elle faisait bien la même chose avec un membre très élevé du gouvernement non ? Et tout bien réfléchis, ça la ferait chier que quelqu'un décide de la tuer juste pour ça... même si ça serait normal... putain de conscience !!!!!!!

Elle s'arrêta pour regarder Fate pendant plusieurs secondes sans rien dire, perdue dans ses réflexions houleuses internes... puis, finalement, poussa un soupire las.

- J'ai pas envie de te tuer... c'est con hein ? Franchement j'ai la flemme et ça me dégoute. En plus tu ne m'as rien fait...

Elle s'approcha, lui banda les yeux avec un tissus qui trainait par là et alla frapper à la porte.

- Tu vas me la remettre là où on l'a trouvée.

- ...

- Je m'en tape, démerde toi. Et laisse moi m'occuper moi même des ordres que j'ai reçu, ça ne te regarde pas.

- ...

- Non. Je t'ai dis de la ramener, pas de la buter à ma place... et je vérifierais, si elle ne rentre pas chez-elle tu vas entendre parler de moi... et tu vas pas aimer, compris ?

- ...

- Merci.

Elle se tourna vers Fate et la regarda encore un moment.

- Bon aller dégage la d'ici... je veux plus la voir.

Elle sorti de la pièce sans s'attarder, réfléchissant déjà à ce qu'elle allait bien pouvoir raconter à L... il serait probablement déçu mais ne se mettrait pas en colère, elle le savait. Et puis même s'il le faisait, tant pis, il avait le droit. Après tout, elle venait de désobéir volontairement à un ordre direct... ça n'était pas rien... mais au fond, elle aimait bien Fate et la comprenait même un peu... comment tuer quelqu'un comme ça de sang froid hein ? En tout cas elle, elle ne le voulait pas.

Un type attrapa Fate, la rhabilla sans douceur et la fourra dans une voiture sans dire un mot. Il l'éjecta ensuite de son véhicule après lui avoir détaché les mains et reparti en trombe pour qu'elle n'ai pas le temps de retirer son bandeau et de voir sa plaque...

Au-revoir Fate Harlaown... profite de la vie qu'on t'a rendu et ne recroise pas trop vite mon chemin, ça m'emmerderait vraiment beaucoup d'être obligée de recommencer...