Avec tout mon respect, va voir ailleurs. [Day ♥]

Une vie solitaire. C'était un peu ce que l'on pouvait dire de la vie de cet homme qui sortait du quartier des bas fonds. Seul. Oui il l'était. Un peu étonnant non ? Il semblait être étranger avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus. Pourtant il avait l'air sûr de lui, et ce malgré l'heure tardive. Enfin, heure tardive...tout était relatif selon les différents point du vue. En regardant l'heure, le blondinet pouvait lire très précisément 5h48. Certains aurait pu dire qu'il était très tôt. En tout cas, pour Nightmare, c'était une nuit blanche. Il avait eu de nombreux rendez vous cette nuit là avec ses contacts et les discussions avaient durées un sacré bout de temps. Oh il n'avait rien apprit de bien croustillant, juste des confirmations concernant l'identité de certains individus résistants. Ah si ! Il avait quand eu une info assez intéressante. Hunter avait beaucoup entendu parler d'une série de meurtres sanguinaires ces derniers temps si il ne s'était pas rendu lui même sur les lieux de certains crimes. Eh bien, ce sauvage qui aurait fait face à une pro Kira assez récemment avait une planque bien précise dans les bas fonds. Et c'était ça l'info. Nightmare savait désormais où est ce qu'il se localisait en ce moment. Bientôt, il allait connaitre son visage pour ensuite rechercher son identité exacte. Il devait agir vite, un bon criminel ne restait pas dans la même planque indéfiniment, il allait sûrement bientôt déménager ailleurs. Bref.

Oui il était tard ou tôt, mais il n'était pas question de rentrer chez lui, malgré la fatigue qui commençait sérieusement à se faire ressentir. Si il allait se coucher là, il n'aurait pas le courage de se lever quelques heures plus tard pour aller travailler. Et Tony ne se permettrait pas d'arriver en retard au boulot, sa réputation d'homme sérieux obligeait. Et puis il n'avait pas envie de tomber sur la tornade jaune, sous prétexte qu'il était flemmard. La tornade...c'était trop gentil comme qualificatif. Il n'y avait pas vraiment de mot pour représenter Illness. Les réunions étaient souvent tendues et on sentait tout de suite quand la Lady avait pointé le bout de son nez. Une chose à savoir sur elle, ne pas s'amuser à la décevoir. Non pas que Nightmare avait peur d'elle, loin de là. Mais il avait la sérieuse envie de lui faire bouffer sa robe à chaque fois qu'il la voyait partir en délire. Ne serait ce pas mieux d'éviter ce genre d'incidents ?

Là dessus, Nightmare arriva en bas du beau bâtiment où résidait le Cavalier Noir, le journal soit disant neutre... quelle blague ! Ce lieu ressemblait plus à un jardin d'enfants qu'autre chose avec ceux qui le remplissaient. Le plus intéressant n'était pas les locaux en eux mêmes, mais plutôt ce qui s'y passait autour et en dessous...dans les caves. Il y avait toujours des choses qui se passaient là où il n'y avait pas foule. Le Cavalier Noir était loin d'être innocent. C'était tellement pitoyable de voir à quel point certains membres de ce journal se pliaient en quatre pour s'investir là dedans. Franchement, il ne fallait pas être aveugle ! Avec une chef aussi folle, nombre d'affaires louches avaient certainement été étouffées discrètement pour ne pas réveiller les soupçons des abominables crédules de l'équipe. Vraiment pitoyable oui. Hunter irait faire un tour dans les caves tiens, il était certain d'y découvrir des choses très intéressantes. Et puis ce n'était pas le nombre de volontaires qui manquerait pour venir l'accompagner dans sa fouille.

Le blondinet tira une cigarette de sa poche, sortit un briquet et prit une longue bouffée de fumée pour se tirer du sommeil qui l'assaillait. C'était dur. Il fallait faire quelque chose pour le maintenir éveillé. Une clope a jeun, c'était pas mal, mais un bon café bien corsé serait aussi la bienvenue. Tony était adossé au bâtiment quelques instants, regardant le ciel et consommant sa cigarette tranquillement. Le soleil commençait à illuminer la ville. Il regarda sa montre. 6h05. Il allait pouvoir monter et se servir sa tasse de café. Sa cigarette finit, il la jeta à terre sans prendre la peine de l'écraser et fila dans l'entrée pour prendre l’ascenseur. Il accéda ensuite dans la partie cafète du bâtiment et se prépara alors une bonne tasse de café avant de s'assoir et de commencer à la siroter.

Le bâtiment avait l'air vide, ou presque. Peu de temps après, il entendit quelqu'un rentrer et se tourna vers cette présence. Il s'agissait de Day, une collègue à lui. Il soupira intérieurement. Ce n'était pas le grand amour entre ces deux là. mais il la salua néanmoins pour la forme.

- Bonjour, bien matinale à ce que je vois.

Il prit alors une autre gorgée, croisant les jambes et regardant à nouveau sa montre. 6h15. Il restait du temps avant de bosser.

Il faisait encore nuit et la capitale japonaise était calme. Trop calme même. Mais c'était normal. La plupart des gens avaient trop peur, ils n'osaient plus sortir, et surtout la nuit. En même temps, c'était compréhensible, on parlait de rebelles, de criminels qui attaquaient les passants la nuit s'ils ne respectaient pas le couvre-feu. Sans parler qu'ils seraient tous accusés de complot. Et puis, quel est l'intérêt de se balader dans la ville à cinq heures du matin alors que rien n'est ouvert. Bien sûr, ce n'est pas une vérité lorsque l'on vit dans les bas-fonds. Là-bas, les journées étaient plus longues qu'ailleurs vu qu'elles étaient prolongées sur les soirées. Il n'était pas rare de voir des gens dans les bars à minuit passé, et là-dessus Day était comme les autres. Elle écourtait ses nuits pour pouvoir vivre un peu dans cet univers différent de celui qu'on trouve dans les rues banales de la ville toute la journée. C'est pour que ça malgré l'heure tardive, ou plutôt très matinale, elle était debout et se dirigeait vers l'endroit où elle achetait tous les jours ses paquets de cigarettes.

Elle bailla. Cette nuit-là, elle avait encore moins dormi que d'habitude. Elle était rentrée chez elle tard, et avait à peine passé deux petites heures dans son lit qu'elle s'était réveillée pour commencer un article important qu'elle devait rendre d'ici deux jours Elle aurait peut-être pu l'avancer si elle n'avait pas eu envie horriblement pressante de fumer. Et dans des cas comme ça, autant ne pas rester à se concentrer et l'ignorer. Le seul problème, c'est qu'elle était rentrée avec un paquet vide. Elle s'était donc préparé en vitesse, pour aller en acheter un et vu l'heure, elle n'aurait qu'à aller directement au boulot. Elle pourrait travailler là-bas et arriverait avant tous les autres employés, ce qu'elle adorait. Et puis, marcher dans le quartier à des heures pareilles n'était pas totalement inutiles. Des fois, ça pouvait servir. On pouvait faire des rencontres intéressantes, récolter une information qui par la suite serait utile. Alors, elle y allait tous les matins.

Son paquet à la main, elle alluma directement une cigarette en serrant un peu son écharpe autour de son cou. Il faisait froid, mais la chaleur qui émanait du son briquet faisait du bien. Elle se remit en route. Le quartier des affaires, où était le Cavalier Noir était à l'autre bout de la ville, et malgré l'absence de personne dans les rues, elle préférait ne pas perdre son temps. Plutôt elle serait arrivée, plus elle aurait la chance de finir son article rapidement. Elle arrivera devant le bâtiment et allait sortir une autre cigarette de sa poche lorsqu'elle remarqua un mégot encore fumant à terre. C'était rare, surtout à cette heure-ci où il avait d'habitude personne. Elle se pressa de finir la sienne avant d'aller prendre l'ascenseur pour aller à la recherche de la personne qui était arrivée avant elle, même si elle avait un petit doute sur son identité.

Quand elle arrivera dans la salle où il y avait la tant adorée machine à café des employés, elle vit la personne qu'elle cherchait. Un grand blond. Le seul fumeur susceptible d'être au bureau à une heure pareille. Peut-être parce que personne ne savait rien de lui, et surtout de ce qu'il faisait de son temps libre. D'ailleurs, c'était pour ça que Day ne l'aimait pas. Et pourtant, elle était sociable, et en temps normal, s'entendait bien avec tous ceux qui n'avaient pas peur de sortir dans la rue. Mais ce type, elle ne pouvait pas le voir. Et c'était quelque chose de réciproque. Il n'avait jamais caché à personne qu'il ne supportait pas la japonaise. Trop différent peut-être, jusqu'à dans les pseudonymes qu'ils utilisaient.

« Je peux te retourner la remarque. C'est rare que j'te croise aussi tôt dans les locaux. »

Elle hésita à rajouter un simple heureusement qui traduisait bien sa pensée, mais ça ne servirait à rien. Il était encore tôt et ils seraient de toute façon condamner à travailler ensemble jusqu'à ce qu'il quitte le Cavalier Noir ou que celui-ci disparaisse. Alors autant ne pas commencer la guerre à une heure aussi matinale.

« D'ailleurs, comment ça se fait que t'es déjà là ? »

C'est vrai ça, elle avait beau essayer de se souvenir, elle ne le voyait pas souvent. Bon, la plupart du temps, elle faisait de gros efforts pour l'éviter, mais là, elle en aurait difficilement l'occasion, à moins de partir en courant du bâtiment.

Day, c'était un peu...la personne pour laquelle il nourrissait le moins de sympathie chez le Cavalier Noir. Sans parler de Lady I qui n'était pas vraiment classée dans la catégorie des personnes par Hunter. En temps normal il se serrait bien entendu avec sa collègue fumeuse, mais pas là. Pourquoi d'ailleurs ? Bonne question... Day, il la voyait surtout de loin. Elle avait la fâcheuse tendance de raser les murs ou prendre un chemin différent au risque de le croiser. Elle avait raison d'un côté. Il suffisait d'un simple regard de travers un jour où Nightmare n'était pas en forme pour que ce dernier se sente irrité et la plaque au mur. Réaction épidermique. Malgré leur travail en commun et leur goût pour le bon tabac qui noirci les poumons, le courant ne passait pas. Il y a des gens comme ça que Nightmare n'appréciait pas dès le premier regard. Et en général, ses premières impressions se trouvaient être les bonnes. Peut être que l'investissement fournit par Day pour le Cavalier Noir lui paraissait invraisemblable. Tout aussi invraisemblable que sa collaboration avec Illness. Comment pouvait t-elle défendre une cause aussi fumeuse qu'était le Cavalier Noir ? J'ai dit fumeuse ? ...Ah c'était peut être logique dans ce cas. Mais alors, comment pouvait t-elle bosser pour cette Irma ? Trop naïve ? Day n'était pas bête pourtant...du moins pas en apparence. Chacun avait ses raisons ensuite, et même si Hunter ne comprenait pas ses agissements, il n'allait pas l'en empêcher. Il se contentait d'enquêter sur elle discrètement comme à son habitude.

Il ne comptait plus le nombre de tentatives pour engager une conversation entre gens à peu près civilisés. C'était assez difficile de mettre de côté sa révulsion pour cette femme mais il y arrivait malgré tout. Après tout, il n'allait pas rentrer en conflit avec elle de si bonne heure, d'autant plus qu'il n'avait pas terminé son café. Ne jamais se disputer le matin avant d'avoir fini sa tasse de café ! Sinon il était à cours d'arguments, sûrement trop fatigué. Ou ne pas se disputer le matin tout court. A quoi bon ? Ils étaient adultes après tout, il fallait se maitriser. Bref, tout cela pour dire que Nightmare ferait un effort tout autant que Day qui devait certainement faire un effort aussi de son côté. Il ne le lisait que trop bien sur son visage. Sa collègue n'avait jamais débordée de joie en le voyant arriver, et inversement. Aaah ils étaient sur la même longueur d'onde, comme c'était touchant !

Day avait raison sur un point, il venait rarement dans les locaux d'aussi bonne heure. En général, il arrivait quelques minutes avant que le boulot ne commence vraiment mais comme déjà cité plus tôt, il avait eu quelques rencontres à faire et les heures avaient défilées sans qu'il s'en rende réellement compte. Et puis, si ça la dérangeait, elle n'avait qu'à venir à un autre moment, plutôt que de se plaindre ! Doucement Nightmare...reprenons. Day ne montrait en rien que sa présence la dérangeait, enfin en apparence. Hunter avait conscience que ce n'était pas le grand amour. Portant sa tasse de café à ses lèvres, plantant son regard bleuté dans ceux de Day, il avala une gorgée ou deux.

- C'est vrai, mais je ne pense pas que ça en deviendra une habitude. Cela reste exceptionnel si ça peut te rassurer.

Petite déclaration pour dire "Eh ben ouais je sais que je t'enquiquine à être là mais moi non plus je ne suis pas enchanté de me trouver ici." Tout cela dit avec une légère insinuation pour ne pas commencer à mettre de l'huile sur le feu. Et puis c'était vrai ce que Tony disait...il n'allait pas se rendre au Cavalier Noir aussi tôt. C'était trop dur...tout autant que la nuit blanche qu'il venait de passer. Il détestait ces locaux, alors y passer encore plus de temps, non merci.

Le pourquoi de sa présence ? Petite curieuse...Nightmare aurait follement eu envie de le dire. "J'ai trainé toute la nuit au contact de criminels et de taupes pour récolter des informations sur la résistance et sur le meurtrier sanguinaire." Il aurait pu rajouter cela...il aurait pu. Mais ce n'était pas dans son genre de faire ce type de révélations. Il gardait précieusement ces infos et les murs du Cavalier Noir avaient trop d'oreilles. Et quelles oreilles ! De plus, la chasse aux infos faisait rage. peu importe les moyens, il falait se débrouiller. Pas question de rendre service et de donner des pistes à sa chère et tendre collègue.

- Réveillé par mon foutu voisin insomniaque. J'arrivais pas à fermer l’œil. Donc autant faire du zèle et venir plus tôt. Puis j'ai plus de café chez moi.

Il se doutait bien qu'elle n'allait pas forcément gobé mais il jouait avec la vérité. Il avait bien un voisin insomniaque et plus de café. Mais c'était pas pour autant qu'il restait chez lui et ne dormait pas. Bref. Il n'allait pas donner de vraies raisons.

- Et toi alors ? Que fais tu ici de si bon matin ?

Quelle excuse allait elle inventer à son tour ? Nightmare reprit sa tasse et avala quelques autres gorgées bien brûlantes du contenu avant de lâcher un "aah" de satisfaction.

- Ton article avance bien ?

Autrement dit, travailles tu toujours aussi sérieusement pour ce tas de conneries en pages qu'est le Cavalier Noir ?

Elle avait quand même fait des efforts énormes sur le coup. Et ça, au matin alors qu'elle n'avait même pas eu sa dose de tabac dans la nuit. En fait, c'était presque un vrai miracle. Par contre, combien de temps cela allait durer, elle ne le savait pas. Elle était trop fatiguée pour réussir à contenir ce qu'elle pensait très longtemps. Et ce qu'elle pensait sur Nightmare, ce n'était pas forcément la chose à dire dans les locaux du journal puisqu'elle doutait qu'Illness n'apprécie beaucoup le sang et le cadavre d'une de ses employées sur les murs jaunes. Simplement parce que le rouge jurait énormément avec la couleur canari. En gros, il fallait qu'elle calme son grand amour pour l'autre journaliste déjà présent.

Elle n'avait jamais vraiment compris ce qui avait cloché entre eux. Rien en fait. Dès leur première rencontre, Day l'avait détesté. Ça se voyait de toute façon qu'il était tout ce qu'elle détestait. Elle se battait pour ce qu'elle croyait juste, une sorte d'utopie qui n'avait aucune chance d'apparaître tant que Kira serait toujours de ce monde. Et lui, il ne pensait qu'à sa personne, à ses intérêts personnels. C'était pour ça qu'il faisait partie du Cavalier Noir, elle l'avait immédiatement compris. Mais les raisons concrètes restaient pour elle un mystère. Et c'est ça qui était gênant. Elle avait beau avoir cherché pendant des mois, elle devait avouer qu'il était doué, très doué même pour cacher ce qu'il y avait à savoir. Encore plus doué que Kira, c'était tout dire.

Un voisin insomniaque et plus de café. Il se fichait d'elle, il n'y avait pas d'autres solutions. Vraiment, elle doutait que de petites raisons comme celles-ci amènent Nightmare à venir très peu au boulot, lui qui avait l'habitude de toujours arriver à la dernière minute. Encore un mensonge. De toute façon, de lui, ce n'était pas rare. Il était le meilleur de la rédaction pour ça. Et pourtant, il n'était pas rare d'entendre ces abrutis qui restaient toute la journée enfermés dans les bureaux mentir pour essayer de se racheter. Autant dire que ce n'était pas quelque chose de rare ici. Peut-être que celui qui restait le plus sincère, c'était Lizard. Et encore, on ne pouvait pas le traiter d'ange. Autant dire qu'elle en avait l'habitude. Mais de sa part à lui, c'était trop gros. D'habitude, elle était tentée de le croire. Là, non.

« Un voisin insomniaque ? Je te connaissais meilleur que ça pour les mensonges. Fais gaffe, tu te fais vieux. »

Elle avait dit ce qu'il ne fallait pas dire. Comme d'habitude en fait. Elle n'arrivait généralement pas à rester calme face à lui très longtemps. En même temps, elle avait l'impression qu'il la prenait pour une parfaite idiote, ce qu'elle n'était pas. Bien sûr, c'était une fille, et elle était beaucoup plus jeune, mais elle ne pouvait pas supporter de se dire qu'il pensait ce genre de chose. Même s'il ne l'aimait pas, ce n'était pas une raison. Par contre, ce qui était un peu gênant, c'est qu'elle se voyait mal lui donner sa raison aussi matinale dans les locaux. Bien sûr, elle n'était pas énormément en avance, elle arrivait tôt tous les matins. Mais si elle n'était pas à commencer son article chez elle, il y avait une raison. Une raison pas très valable.

« J'arrive toujours tôt. Mais là, j'avais plus de clopes. Et sans clope, bosser ça craint. »

C'était totalement vrai. Encore, elle pouvait travailler au bureau sans fumer, juste parce qu'elle n'avait pas vraiment le choix. Mais bosser chez elle sans cigarettes c'était simplement impossible, surtout vu l'odeur de tabac qui régnait dans son appartement et qui lui donnait tous les quarts d'heures une envie horrible de fumer. Autant dire que sa présence ici était totalement justifiée.

« Mon article ? Ouais, ça avance. »

Bien sûr, elle n'avait plus qu'à l'écrire. Puis le revoir entièrement, une bonne vingtaine de fois avant d'espérer pouvoir le proposer à Lady Illness. Cette femme était difficile, il fallait l'avouer. Elle aimait la perfection, chose que Day ne pourra jamais atteindre, surtout que pour elle, personne ne peut l'atteindre, sauf elle-même. Mais bon, entendre Nightmare lui posait des questions dessus, c'était assez marrant. Il s'en fichait totalement du journal. Il cherchait sûrement juste quelque chose à dire.

« Et toi, tu travailles sur quoi déjà ? »

Bien sûr, elle n'avait aucune chance d'obtenir la moindre information. Mais tant qu'à faire, autant essayer. Il n'y avait rien de mal à ça.

Ô Rage, Ô désespoir ! Il en avait fait des efforts ! Comme dit précédement, il prenait sur lui pour ne pas hausser le ton sur sa collègue. Sa présence l'horripilait horriblement. Il se concentrait sur sa pauvre tasse de café, en espérant que le liquide qu'elle contenait lui fournirait la force nécessaire pour tenir. Il y arrivait jusque là. Mais voilà que la jeune femme avait l'affront de le provoquer. Une phrase, une simple phrase...et déjà trois pics de lancés ! Déjà le premier, Day ne le croyait pas. Hunter n'était pas forcément surpris mais il disait la vérité concernant son voisin insomniaque. Rien que ce fait l'irritait profondément. Ensuite, le "fais gaffe" qui sonnait plus comme un ordre qu'autre chose. Non mais comment osait elle lui parler sur ce ton hm ? Réaction exagérée de la part de Nightmare ? Peut être, mais c'était bien connu. Day, si il le pouvait il l'enfermerait dans un coffre à double tour et l'expédierait à l'autre bout du monde. Enfin, le "tu te fais vieux". Qu...quoi ? Comment ça il se faisait vieux ? Elle reniait toutes ses capacités dans cette phrase et en plus de cela elle le faisait passer pour un vieux papi incapable de faire quoi que ce soit ! Si Nightmare avait laissé ses sentiments prendre le dessus sur sa raison, la tasse aurait déjà volée en éclats, traçant une belle ligne droite jusque vers la figure de Day. Raaah cette femme ! Elle devrait pas exister !

Tout avait beau s'enflammer dans sa tête, Hunter restait néamoins impassible ou presque. Son visage ne bronchait pas, il restait là à soutenir son regard. Le message qu'il voulait faire passer était non pas "Tu m'emmerdes vraiment" mais plutôt "Tes tentatives sont vaines et cela passe par dessus ma tête, gamine." Oui, cette version là était beaucoup mieux. Se faire passer pour quelqu'un de posé qui savait se maitriser. Etre le plus raisonné des deux, le plus sage. C'en était presque frustrant de le voir ainsi. Et hop, une gorgée de plus avalée. Il ne restait plus grand chose dans la tasse. Ils avaient encore un peu de temps, alors le blond s'était ensuite levé pour se préparer une deuxième tasse. Il le méritait bien après toute la concentration dont il avait usé pour ne pas réagir violemment. Bravo Tony !

- Je pense surtout que tu deviens paranoïaque me concernant. Ma pauvre, tu te retrouve incapable d'estimer si ce que je dis est vrai ou non. -Il se retourne vers elle- ça doit vraiment être déstabilisant.

De la provocation en veux tu ? De la provocation en voilà. Ce n'était pas vraiment bon que Nightmare surenchérisse de la sorte. Ces deux là, c'était le jour et la nuit, le blanc et le noir. Bref, pas vraiment compatibles. A cette allure, un cercle vicieux allait se former et il fallait prier pour que ça ne se termine pas avec les mains. Le pouvoir apaisant du café aurait intérêt à agir ! Quoi ? Le café est un excitant ? Mon dieu...

Comme cette chère Day pouvait deviner, Nightmare ne donnerait jamais d'informations concernant ses recherches. Etant donné qu'elle l'avait pas mal irrité en quelques simples phrases, il était encore moins ouvert sur le sujet. Et puis...quand on le cherchait, on le trouvait. Il était du genre généreux le Hunter...il rendait toujours au centuple...surtout en mal. Et là, la petite Day, il n'allait pas la louper, le tout en sirotant sa tasse de café encore plus noir. Magnifique.

- Je travaille sur cet article que personne ne voulait faire, tu vois lequel ? Il est certain qu'il faut un certain niveau pour le rédiger et trouver des infos. Mais ça avance. Je l'ai presque fini.

Pour avoir des infos, il en avait. Aaaah il aimait ça ! Sous entendre qu'il pouvait s'atteler à une tâche bien trop complexe pour Day. La faire passer pour inférieure à lui, alors qu'ils étaient en compétition perpétuelle. Si il le pouvait, il passerait son temps à l'enfoncer de plus en plus. un vrai bonheur. Le café avait une saveur encore plus excquise lorsqu'il s'adonnait à ce genre de loisirs. Un passe temps oui. Il devrait déposer un brevet pour ça. "Enervez Day, si vous la faites craquer, vous avez gagné." Nightmare se mit à sourire à sa collègue.

- Je t'encourage pour ton article. Peut être que cette fois tu réussiras à en pondre un qui plaise directement à Illness.

Ouh c'était méchant ça non ? Nightmare avait réussi à faire un article jugé "parfait" ou presque une fois. En fait, il avait un certain don pour l'écriture et il ne devait pas modifier son article à multiples reprises comme beaucoup d'autres membres du Cavalier Noir. C'était un point qui pouvait complexer Day. "Moi je sais faire des articles paaaarfaits et pas toi ! Na !" Ben quoi ? Il n'était pas dans la demi mesure. Si il pouvait masquer ses reproches sous une forme de gentillesse, il le ferait. A une chose prêt...Day ne considérait pas Hunter comme quelqu'un de gentil. Il le savait. Tony regarda sa montre. Ils reprenaient dans cinq minutes.

- Je vais m'enuyer je pense. J'aurais fini mon article d'ici peu.

Ahah et il continuait en plus. Vas tu tenir Day ?

Day avait des envies de meurtres quotidiennes. Enfin, presque. Pas qu'elle avait envie de devenir une tueuse psychopathe comme tous ceux qui passaient leurs vies dans les bas-fonds et qu'elle trouvait un peu trop spéciaux et pas assez coopératifs. Là, c'était différent. Elle avait juste envie de tuer Nightmare à chaque fois que le blond croisait son chemin, autant dire souvent. Mais ce n'était pas sa faute, du moins, pas totalement. La provocation était devenu quelque chose de commun entre eux. Elle remplaçait les « bonjour » et les « comment ça va ? » vu qu'aucun des deux n'avait envie de poser des questions aussi futiles à l'autre. On ne demande pas un renseignement si on s'en fiche totalement, n'est-ce pas ? Ce serait totalement idiot et une perte de temps hallucinante. Et aucun d'eux n'avait envie de perdre du temps pour une personne qu'ils détestaient. La question avait donc été réglée de cette façon. Mais la Japonaise avait donc envie de faire un meurtre quotidien. Logique, non ?

Paranoïaque ? Elle ? C'était quand même une bonne blague venant d'un employé du Cavalier Noir, vu la personne souffrant du plus grand cas de paranoïa dans ce monde était simplement leur chef, Lady Illness. Oui, là, elle était d'accord. Mais elle, paranoïaque ? Jamais. De toute façon, beaucoup seraient d'accord avec elle pour dire qu'il ne fallait pas croire à cent pour cent Nightmare quand il affirmait quelque chose. Ce qui gênait Day, c'est qu'elle n'avait aucune preuve de ce qu'elle disait. Bien sûr, elle se doutait qu'un simple voisin insomniaque ne suffisait pas à le faire arriver avec autant d'avance au journal.

« Tu vois, pour que ça me déstabilise, il faudrait que ton existence ait de l'importance à mes yeux. Et c'est pas le cas. T'es juste un simple blond qui bosse dans la même rédaction que moi. »

Mensonge. C'est sûr qu'elle ne l'aimait pas, mais après, elle devait avouer à contrecœur que sans lui, le Cavalier Noir n'aurait pas la même portée qu'aujourd'hui. Il était doué, très doué, ce qui avait l'art d'énerver la Japonaise. C'est toujours le problème, quand on se dit que la personne qu'on déteste est meilleur que nous. Bien sûr, elle aurait pu vraiment lui en vouloir, en tomber malade, mais au final, ça n'importait pas vraiment. Le plus important c'est que grâce à Nightmare et toutes les informations qu'il réussissait à trouver, personne ne savait où, le journal réussissait à avoir un peu plus d'influence dans le milieu rebelle. C'était un bon début vers la liberté d'expression. La liberté de la presse. Vers son but finalement. C'est pour ça que l'existence du blond l'importait. Juste pour ça.

« Oui, c'est sûr que quand on est associé à des milieux louches comme toi, ce genre d'article ne doit pas être trop difficile. Excuse-moi de ne pas avoir des contacts fous à lier. »

Elle avait essayé de dire ça d'une voix sûre d'elle, mais ce n'était pas le cas. Quand elle l'avait rencontré, elle l'avait tout de suite trouvé louche. Très louche. Alors elle avait essayé de se renseigner sur lui, sans succès. Il était très doué pour cacher ce qu'il ne voulait pas que les autres sachent. Tellement doué que ça avait renforcé son idée qu'il touchait à des affaires pas très propres. Enfin, ça et le fait qu'il faisait presque aussi peur à certains employés qu'Illness. Presque, parce que la chef n'était pas n'importe qui non plus. Il faudrait qu'elle en parle à Lizard d'ailleurs, pour savoir ce qu'il pensait de ça.

Et voilà qu'il la provoquait sur ses articles maintenant. Normal, ça faisait sûrement partie des seuls points qui pouvait l'énerver. Seulement, elle faisait attention à être plus calme que ce buveur de café, ce qui finalement n'était pas une chose très simple. C'est pour ça qu'elle ne préférait pas répondre. Elle n'était pas bête à ce point.

« Pauvre chou. Laisse-moi te plaindre d'accord ? Mais si tu t'ennuies vraiment, passe me voir, j'ai l'habitude de m'occuper des vieux fous sans convictions qui se pensent supérieurs aux autres. »

Alors là, elle était allée trop loin. Juste un peu. Mais ce peu suffisait à ce qu'il la tue sur le champ. Elle était persuadée qu'il en était capable en plus.

Si il fallait qualifier leurs conversations en général on pourrait dire que c'était la matiérialisation du jeu entre un chat et une souris. Qui était la souris ? Qui était le chat ? On ne pouvait pas vraiment le deviner. Pour ce qui était des dialogues stériles ou même inutiles du genre, ils étaient tout les deux champions, première place ex aequo. Mais cela ne dérangeait pas vraiment Nightmare de se prendre la tête souvent avec Day. Il avait régulièrement des réunions à tenir dans ces mileux hostiles qu'étaient les bas fonds. Le genre d'entretiens qui faisaient mal à la tête rapidement et avaient le mérite de s'éterniser en plus de prendre toute l'énergie du pauvre blond. Venir embêter la petite brune pouvait alors être considéré comme un passe temps. Un moyen de décompresser. Il s'en délectait d'une certaine manière même si la jeune femme avait un sacré don pour l'énerver. Il fallait bien passer ses nerfs sur quelques chose après tout.

D'une certaine façon, ils étaient tout les deux sur la même longueur d'onde. Si Day considérait Nightmare comme moindre, on pouvait affirmer que ce dernier estimait sa collègue de la même manière. Si le blond effectuait une hiérarchie des personnes composant le Cavalier Noir qu'il appréciait (en imaginant qu'il puisse en apprécier), il la classerait dans les dernières places. Il se doutait dailleurs qu'elle en ferait de même de son côté. De plus, si ses paroles ne l'atteignaient guère, celle de Day atteignaient encore moins Hunter. Il avait beau s'énerver sur le coup, il ne s'en trouvait pas attrister. Avec le recul, il en riait plutôt. Tony passa sa main dans ses cheveux, ayant posé la tasse de café quelques secondes avant et se redressa, fixant du regard sa collègue. Un sourire assez macabre se fit sur ses lèvres.

- Je m'en fous complètement d'avoir de la valeur à tes yeux. Par contre, ce qui est plus important, c'est d'avoir de la valeur aux yeux de ceux qui dirigent ce journal. Si il y avait des licenciements, je me demande bien qui de nous deux se retrouverait à la porte.

En fait, il ne se demandait pas qui resterait. C'était lui, bien évidemment. Il en était plus que certain. Pas forcément parce qu'il avait un style d'écriture meilleur que Day mais plutôt parce qu'il s'attelait en général à des articles demandant des informations dures à trouver. Cela jouait beaucoup sur la manière dont on pouvait le considérer et valorisait le journal qui en avait bien besoin, vu la bande de joyeux qui le composait. Il pouvait alors se permettre de s'absenter de temps à autres ou de partir plus tôt. Bref, des avantages même si il ne valait mieux pas que Illness le prenne la main dans le sac. Quoi que...elle ne devait pas être dupe, même si c'était plutôt elle qui était folle à lier. Le blond, de plus en plus irrité par les paroles de sa comparse, commença à marcher vers elle, doucement, le regard toujours dans le sien.

- Il n'y a pas de règles. Il faut tout faire pour débusquer les infos. Je n'ai pas forcément ce genre de contacts, je sais simplement où chercher. C'est pas ton cas apparemment.

Plus le temps passait et plus les remarques étaient de plus en plus désagréables. Là, il remettait en question ses capacités, sa manière de bosser, un peu comme le faisait Day plus tôt. C'était toujours horrible à entendre, surtout lorsque l'on était investi dans son travail et donnait du coeur à la tâche. Mais bon, la concurrence était rude, il fallait se démarquer et quite à démolir l'autre pour grimper en haut du podium, tout les moyens étaient bons, surtout quand cet adversaire était Day, une gamine par rapport à Nightmare. Du moins, c'est ce qu'il pensait.

Il s'était arrêté tout juste devant sa collègue, cette petite gamine. Son regard ne l'avait pas quittée. Il était plus grand qu'elle ce qui amplifiait la sensation de mépris que son regard pouvait dégager. Day le cherchait, le poussait à cracher son venin. Oh comme il la détestait ! Il mourait d'envie de la frapper. Bien sûr qu'il en était capable, il avait déjà commit des délits, il avait déjà tabassé des hommes, alors une femme, aussi fine qu'elle, c'était du gâteau. Cependant, dans les couloirs du Cavalier Noir, il ne valait mieux pas agir de la sorte. Il devait garder son comportement irréprochable alors il n'utiliserait que les mots...du moins à l'intérieur. Si Day venait à le chercher en dehors de ces murs, qui sait si il ne se laisserait pas dominer par sa haine ?

- Tu es bien desespérée pour me sortir ce genre d'arguments. Je retiens ta proposition. Je devrais peut être demander à mes soit disant contacts fous à lier de venir te rendre une petite visite. Oooh oui tu les amuserais ma chère. Vieux oui, fous oui, sans convictions, je ne te le garantis pas. Tu m'en diras des nouvelles tiens.

Il avait prononcé ces paroles doucement, presque en chuchotant mais pas moins sans être sûr de lui. Un sourire s'était imprimé sur ses lèvres et il ne disparaissait pas. Cette vision devait faire assez peur, mais Nightmare n'avait rien à se reprocher. C'était Day qui le poussait à dire de telles choses, quite à passer pour un sombre personnage. De toute façon peu importe la manière dont il se comportait, la brune le considérait toujours comme un danger numéro 1. Alors pourquoi se compliquer la vie ? Après avoir prononcé ce discours qui faisait froid dans le dos, il se recula doucement et finit sa tasse de café sans rien dire. Il jeta un oeil sur sa montre. Ils allaient bientôt devoir se mettre à bosser.

Elle le détestait. Totalement même. Et ça, pour la simple raison qu'il n'avait pas tort. Oui, pas tort, c'était une façon de dire qu'il avait d'une certaine manière raison, tout en gardant une part de sa dignité. Ça lui faisait déjà trop mal de le savoir, et en plus de comprendre qu'elle ne pouvait rien y faire, rien changer, elle n'allait pas non plus l'accepter en lui disant. Bien sûr, ça aurait pu être une des raisons du pourquoi Day déteste Nightmare à ce point, mais ce n'était pas le cas, tout simplement parce que ça serait totalement immature. Et elle se refusait à ce genre de caprice qui montrerait encore une fois qu'il a raison quand il se moque de son âge. Du moins, c'est ce qu'elle essayait de faire.

« Je dirais plutôt les mecs qui traînent toutes leurs journées autour de la machine à café. D'ailleurs, c'est un miracle qu'ils soient pas là, tu dois leur faire peur. »

Elle regarda près de la porte de la cafet. Cette bande de bons à rien avait vraiment peur de Nightmare, c'était hallucinant, vraiment. C'est vrai, à part son regard de psychopathe et la certitude que tout le monde avait qu'il pouvait vous tuer sans avoir le moindre remords, il ne faisait pas si peur. Sauf que Day n'avait rien à perdre dans cette histoire, c'était là toute la différence avec ces microbes qui travaillaient ici juste pour de l'argent. Aucune conviction, rien. Elle les détestait plus que lui.

« Mais t'inquiète pas Nightou, je sais que tu seras le dernier survivant de tous ces licenciements et j'attends avec impatience le moment où tu devras écrire tous les articles du journal à toi tout seul. Et les imprimer, les distribuer. »

Bien sûr, tout le monde dans les locaux savait que Illness n'aurait aucune peine à tous les licencier sur un coup de tête. Ça s'était encore vu lors de la dernière réunion, mais Day était persuadée que sa chef n'était pas aussi folle qu'elle en donnait l'air. Elle avait beau avoir une façon bien particulière de gérer le journal, elle devait bien savoir que s'il ne restait personne, ou alors juste un ou deux employés, elle ne pourrait plus faire fonctionner le Cavalier Noir. Du moins, c'est ce que Day espérait, même si des fois, elle commençait à avoir de gros doutes.

En tout cas, elle semblait bien avoir réussi son coup parce que Nightmare était de plus en plus cassant dans ses remarques. Preuve qu'elle avait presque réussie à l'énerver. C'était un de ses buts dans la vie, même si elle savait qu'elle ne réussirait sûrement jamais, dans les locaux en tout cas. Mais il faut se donner des buts impossibles pour que la vie ne soit pas totalement fade. Et puis, ça devait vraiment être flippant de le voir énerver. Là, à la limite, les autres employés auraient une raison d'avoir peur.

« Me regarde pas comme ça, je pourrais croire que tu as quelque chose à te reprocher. Et puis, la façon dont je travaille ne te regarde pas. Est-ce que je me mêle de tes affaires moi ? »

La réponse était toute simple. Oui. Bien sûr qu'elle le faisait. Mais ce n'était pas sa faute sur le blond était trop étrange pour que ça paraisse normal. Et que ces articles étaient trop pleins d'informations quasiment impossibles à trouver sans contact quasiment mafieux. Enfin bon, elle ne faisait pas que ça quand même. Elle n'avait pas le temps, et puis la vie de cette personne qu'elle détestait assez croiser au boulot ne l'intéressait pas vraiment.

« Oh oui, j'adorerais les rencontrer. Et arrête de me prendre pour une folle. J'espère qu'au moins tu feras l'effort de venir à mon enterrement quand ils m'auront tué. »

Elle regarda à nouveau les employés derrière la porte. Les pauvres, ils devaient avoir qu'une envie. Prendre un café avant le début du travail, heure qui n'allait pas tarder à arriver d'ici quelques minutes. Et la présence de Nightmare les en empêchait totalement. Pour une fois qu'elle lui trouvait une utilité, c'était vraiment quelque chose de rare.

« Donc tu vas encore t'enfermer dans ton étage plein de cadavres aujourd'hui ? »

Sa dernière phrase avait été dite sans la moindre intonation. En fait, l'heure n'était plus vraiment à la provocation, mais quand ils étaient tous les deux, c'était la seule chose qu'elle savait faire. Alors autant ne pas changer les vieilles habitudes.

Faire peur n'était pas son activité principale ni même un hobby, en fait si il faisait peur c'était bien involontairement. Il n'était pas du genre à adresser des regards mauvais pour son bon plaisir, il avait toujours une bonne raison. Sachant que Nightmare était facilement irrité surtout en présence de Day, il est vrai qu'il les enchainait les regards mauvais. Cependant, inutile de réexpliquer que la jeune femme faisait exprès de le chercher. C'était une autre histoire. Alors, pourquoi les autres qui bossaient au Cavalier Noir avaient peur de ce pauvre Nightmare ? Aucune idée...à part celle des rumeurs nombreuses qui circulaient derrière son dos. "Nightmare aurait des contacts pas nets." "Il a déjà tué quelqu'un." "Il a participé à une altercation et y a perdu sa famille." "Nightmare cache des armes à son étage, il parait même qu'il y traine ses victimes pour mieux les torturer." Tony pouvait se vanter d'être le sujet de rumeurs de plus en plus invraisemblables. Des morts dans son bureau. Mais il n'en était pas question ! Jamais il ne prendrait le risque de salir son beau tapis ! Franchement...Hunter, faire ça ? Même pas la peine de débattre là dessus pour comprendre que c'était faux. Il était propre le petit blondinet. Bref. Peur justifiée ou non, il était tranquille comme ça et n'allait pas s'en plaindre. Ce n'était pas comme si ces regards méfiants le dérangaient plus que ça. A force, il avait prit l'habitude.

- Peur de moi ? Ces types ont rien entre les jambes. Si moi je leur fais peur, alors je ne vois pas ce qu'ils font ici. Le Cavalier Noir ce n'est pas un jardin d'enfants. Et je ne suis pas le méchant loup de l'histoire.

Ou peut être que si ? Enfin, pour tous en ce moment, le méchant loup c'était Kira non ? Alors lui...qui agissait discrètement et mènait ses affaires comme un grand, il était pas si dangereux que ça. Enfin...tout était relatif. Bientôt, on le soupçonnerait même d'être Kira. La bonne blague ! C'était déjà arrivé en plus. Un type à moitié bourré avait avancé que notre tête blonde était ce dieu qui régnait soit disant sur le monde. Sauf que là, c'était dehors que ça s'était passé. Le type n'avait pas eu le temps de prononcer une autre phrase qu'il était déjà assommé. Quelle idiotie. A force d'être parano, on accusait la première personne louche d'être Kira.

Quant aux licenciements...il ne serait pas étonné si il y en avait quelques uns. Il y aurait de quoi faire le ménage. Déjà se débarasser de toute cette bande de gosses même pas fichus de se rendre suffisament sur le terrain pour écrire deux lignes intéressantes. Cependant, le Cavalier Noir ne sera jamais licencié entièrement, sinon le journal courrait à sa perte. Day avançait qu'il en serait le survivant. Elle avait raison. Par contre, il n'allait pas se casser la tête.

- Crois tu vraiment, en imaginant que cette situation soit possible, que je vais rester tout seul à gêrer ce journal ? J'irais voir ailleurs plutôt. Je ne suis pas aussi attaché que toi à ces locaux.

Pour sûr, le journal pourrait cramer le lendemain, Nightmare hausserait les épaules en tirant sur sa clope et tournerait les talons pour aller chercher une autre couverture. Il ne regretterait même pas son étage du Cavalier Noir. Il ne laisse rien de bien important là bas. C'est juste un lieu dans lequel il se pose pour gratter le papier. Pas de dossiers stockés ou d'armes cachées, ni même de corps présents. Juste le nécessaire pour sa concentration. Si il devait regretter une chose...ce serait peut être la machine à café...et encore. Il avait connu bien meilleur comme breuvage. Tout ça pour dire que...à part le couvrir et lui permettre d'aller comme bon lui semble, il s'en foutait royalement de ce journal.

Aller comme bon lui semble, c'était peut être ça son activité favorite. Aller à la pêche aux infos, prendre rendez vous dans une petite ruelle assez sombre et discuter de Kira, du dernier criminel en cavale, pouvoir le localiser. C'était ça qui était divertissant. Ses affaires. Et Day, à lui poser des questions s'en mêlait.

- Bien sûr que oui et tu le sais très bien. Mais je peux comprendre, je suis bien plus intéressant que ces types qui nous regardent depuis tout à l'heure. Je crois même que tu préféres ma présence à ton enterrement que la présence de ces parasites.

Il avait ponctué sa phrase d'un sourire. A croire que son irritation retombait petit à petit. Peut être que la présence de ces incapables lui rappelait qu'il y avait dans un sens pire que Day. Et puis ces regards insistants, tout ça parce qu'ils ne pouvaient pas se servir une tasse de café...c'était pitoyable. De vrais gamins. Nightmare s'était redressé et avait fait quelques pas vers eux. Il était grand temps de se mettre au boulot, et eux, tout ce qu'ils voulaient, c'était boire. Nightmare fit un grand geste en leur ordonnant de partir.

- Quoi? Vous voulez notre photo ? Allez bosser et pondre un article digne de ce nom pour une fois ! A moins que vous ne me vouliez pour un briefing !

Il n'avait pas eu besoin d'en rajouter plus que les autres s'éloignaient. Le café serait pour plus tard. Hunter se tourna alors vers Day. Il avait envie de fumer encore.

- Exactement, au moins je serais tranquille là bas. Pourquoi ? Tu veux venir ?

Il souriait encore en la regardant dans les yeux. Mais était ce une véritable invitation ? Peut être bien que oui, peut être bien que non.

Les miracles existaient donc réellement. Day était, aussi bizarre que cela puisse paraître, d'accord avec ce fou furieux contre qui elle luttait depuis son entrée dans la rédaction du journal. Non, ce n'était pas possible, il allait se passer quelque chose d'horrible, elle ne voyait pas d'autres solutions. Ce genre d'événements ne peut pas se produire, elle le détestait. Bon, après, il y avait une différence entre haïr et mépriser, et le second sentiment avait tendance à être plus fort que le premier quand il s'agissait de ces bons à rien qui prenaient de la place sur les chaises du Cavalier Noir. Bref, mis à part le fait que l'apocalypse allait arriver d'ici quelques minutes, ce jour était à marquer dans les calendriers. Ça méritait même un jour férié, vu que ce n'est pas tous les jours que les deux personnes qui se détestent le plus au point de s'entretuer pensent la même chose – aussi ridicule qu'elle soit.

« Night, j'ai peur. On est vraiment d'accord, là ? Mais c'est... Horrible ! »

Heureusement qu'elle savait que ça ne se reproduirait jamais parce que si elle ne pouvait plus s'engueuler avec lui, elle s’ennuierait énormément pendant les heures qu'elle devait passer ici. Parce qu'elle était mieux dans la rue, même si ça ne lui permettait pas de découvrir les secrets de Nightmare. D'un autre côté, rester ici n'aider pas non plus la chose. Ce mec était doué pour cacher tous les petits détails. Et bon, il fallait dire qu'elle n'avait pas forcément le temps de chercher, elle était bien trop occupée à bosser et insulter tous les abrutis de services qui osaient se trouver sur son chemin. En même temps, c'était normal, s'ils l'étaient, c'est qu'ils n'étaient pas en train de bosser.

C'est vrai, elle était attachée à ces locaux. En même temps, le Cavalier Noir c'était ce qui allait permettre de rétablir la liberté d'expression dans ce monde à la mort de Kira. C'était important, plus que personne ne le pensait. Et sûrement plus que Nightmare ne pouvait l'imaginer un instant. Des fois, elle avait l'impression d'être la seule à se battre autant pour cette cause. Peut-être que c'était en partie la raison de toutes les moqueries du blond. Finalement, elle s'en fichait pas mal.

« Bien sûr que je préférais ta présence. Et je compte sur toi pour les virer s'il s'approche du cimetière, en hommage à nos magnifiques disputes quotidiennes. »

D'accord, il n'y avait pas forcément de raisons au mini-délire dans lequel Day était partie puisqu'en réalité, elle ne comptait même pas mourir à cause de Nightmare. Mais bon, quand on ne dort pas beaucoup, qu'on a une masse de boulot assez conséquente – malgré ce qu'elle avait dit – il faut apprendre à se détendre au moins un minimum. Et puis, le blond psychopathe qui sourit avant de faire dégager la bande d'incapable accro à la caféine en leur faisant plus peur qu'elle ne le pouvait elle-même consistait une scène d'une rare beauté. Pour une fois que ce fou furieux était utile à quelque chose quoi.

Alors là, elle devait simplement avoir rêvée. Il n'y avait pas d'autres solutions à cela. Ou alors, il n'était pas dans son état normal. Du genre, pas du tout. Bon, de toute façon, Day savait qu'il était en train de se moquer d'elle. Elle n'avait aucune chance de monter un jour dans son jour, ou du moins pas avec son autorisation. Bien sûr, elle rêvait de répondre que oui, elle voulait venir. Mais à quoi bon lui permettre de se moquer encore d'elle. Les répliques qui avaient précédé étaient largement suffisantes, surtout que c'était l'heure de se mettre au boulot.

« Franchement tu devrais arrêter de mettre des trucs dans ton café Nightou. Ça te fait vraiment délirer. Mais je retiens, je passerais sûrement un jour. »

Sur ce, c'était l'heure de travailler, de faire cet article qu'il faudrait par la suite recommencer une bonne quinzaine de fois. En fait, la routine reprenait son cours, même si l'apparition du psychopathe des locaux avait un peu changé son habituelle arrivée au travail.