Café, discussion et rébellion [Fate]

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Sa discussion via mail avec Fate s'était passé exactement comme il l'avait prévu. L'appât avait marché et il avait obtenu un rendez-vous avec la capitaine de la police dès le lendemain. Le Docteur n'avait aucune envie de se faire passer pour une taupe ou de trahir la cause. Il avait fait ceci pour une simple et unique raison, approcher Fate et en savoir plus sur elle. Après ce qu'Alpha lui avait dit sur elle et sa dernière discussion avec son ami et son chef, il avait envie de la rencontrer en personne. Se présenter comme étant le Docteur n'était pas franchement la meilleure idée du monde alors il avait mis en place ce petit stratagème. Après avoir utilisé l'ordinateur du cyber-café, il était retourné au labo pour continuer son travail et réfléchir à ce qu'il pourrait faire le lendemain. Mettre au point les derniers détails, réfléchir à quel état d'esprit pourrait être cet homme dont il devait jouer le rôle. Théodore Williams avait perdu un ami alors qu'il avait rejoint la Résistance dans une idée de promouvoir la liberté. La vengeance était la seule chose qui le poussait à avancer.
Pour une fois, il allait devoir faire un effort dans son style vestimentaire. La veste et la chemise n'était clairement pas de mise pour cette occasion. Il allait devoir s'habiller sobrement pour ne pas attirer l'attention. Un jean, une chemise noire et bien sûr, un noeud papillon rouge parce qu'il n'avait pas le coeur à s'en séparer. Il décida de mettre par-dessus un blouson en cuir noir.
Il se maquilla un peu pour essayer de masquer la fatigue qui marquait ses traits mais pas trop pour souligner sa fatigue.

Personne n'était au courant de sa petite initiative... Comme ça si les choses tournaient mal, il ne mettait personne en danger. Puis il avait toujours la montre à gousset dans sa poche, il pourrait toujours s'en servir en cas de problème. Le voilà prêt à partir à son rendez-vous ! Il ferma la porte de son appartement et plaça toutes les sécurités au cas où si quelqu'un essayait de s'introduire chez lui. La seule personne qui pouvait maintenant rentrer c'était lui ou Jenny... Les mains engoncées dans son blouson, il avança dans la rue, se retournant régulièrement pour vérifier qu'il n'était pas suivi. Si des pro-Kiras l'observait en ce moment, il était dans un état de panique assez proche de celui de Théodore. Il arriva au café avec 5 minutes d'avance, il n'avait aucune envie d'être en retard et s'installa à une table à l'intérieur, près de la porte. Il commanda alors un café avec deux sucres et attendit l'arrivée de la pro-Kira.
Cette dernière arriva peu de temps après et le pacifiste comprit ce qu'Hadès pouvait apprécier chez elle ou plutôt ce qui avait retenu l'attention de Yumi. En effet, la femme blonde qui venait d'être était plutôt belle et possédait un bonnet qui ferait baver la plupart des hommes. Le Docteur ne resta pas de glace à cette beauté mais les femmes, c'était pas vraiment son truc à lui. Il se contenta de boire une gorgée de café en faisant une grimace. Il rajouta un sucre et mélangea le breuvage tandis que la jeune femme se dirigea dans sa direction. Nul doute qu'elle devait déjà savoir à quoi il ressemblait. Elle avait du trouver son visage rien qu'avec son nom, histoire d'être sure de son histoire.
Il se leva pour lui serrer la main par politesse et se réinstalla à sa place.

Bonjour, je vous remercie d'accepter de me voir et de vous déranger pour moi.

Il finit alors son café d'une traite et posa ses mains sur la table. Il attendait que la jeune femme lui dise quelque chose pour pouvoir lui répondre. Il fallait surtout lui donner l'impression que c'était elle qui avait toutes les cartes en main et ne pas faire croire qu'il se sentait à l'aise. Il était dans une situation délicate et il se devait de ne pas faire de fautes.

Qu'est-ce que...vous voulez savoir ? Je dois avouer que je me sens un peu mal à l'aise...

Quitter son travail un peu plus tôt que d'habitude s'était révélé plus ardu qu'elle ne l'avait imaginé. Il y avait d'abord eu cette intervention imprévue qui l'avait forcé à traverser la ville en un temps record – pour une broutille évidemment, on ne la dérangeait jamais pour quelque chose qui en valait la peine dans ce genre de moment... Ensuite, il y avait eu son rendez-vous avec le Général Suprême, et Dieu sait qu'elle redoutait d'avoir affaire à son courroux. Son travail sur le dossier Hadès ne semblait pas le satisfaire et, maintenant que ce connard de Suzaku l'avait littéralement balancé, elle se préparait tout simplement au pire. Par elle ne savait quel heureux hasard, Arashi avait été retenu pour une affaire urgente à l'étranger et elle avait ainsi pu retarder l'échéance de quelques jours. Enfin, elle avait eu la désagréable surprise de trouver une belle pile de parapheurs à signer sur son bureau ce qui lui avait pris une bonne partie de l'après-midi.

Il était déjà 17 heures 30 quand elle quitta enfin l'imposant bâtiment où siégeait le gouvernement. Sac à la main, elle s'était mise à accélérer le pas, perchée sur ses talons, pour rejoindre le petit café où elle avait rendez-vous. Fate se demandait si un ange gardien l'accompagnait : l'absence d'Arashi tenait du miracle. Elle savait parfaitement ce qui l'attendait en compagnie du Ministre : cela faisait trop longtemps qu'elle lui résistait et trop longtemps qu'elle s'enlisait dans le travail qu'il lui avait confié. L'affaire Hadès lui serait retirée et Arashi ne manquerait pas de la priver de son grade et, tant qu'il y était, du peu d'honneur et de fierté qu'il lui restait. Malheureusement, en l'instant présent, elle ne disposait d'aucun élément capable de le faire changer d'avis ou de le convaincre de ses progrès. Cependant, elle espérait bien en trouver dans ce café.

Théodore Williams. Quand elle avait ouvert son e-mail, Fate s'était presque sentie pousser des ailes. C'était une occasion trop belle. Elle ignorait pourquoi il l'avait contacté à cet instant précis et encore moins pourquoi il l'avait choisi pour recevoir ce message, mais à ses yeux, cet homme était apte à résoudre tous ses problèmes. Peut-être connaissait-il Hadès ? Mieux, peut-être résistait-il au sein de son camp ? Trop d'hypothèses qui attendaient d'être confirmées. Alors, d'un pas décidé, Fate poussa la porte de la petite brasserie et parcourut la grande salle bruyante du regard. Elle reconnut, assis à une table près du bar, deux de ses hommes les plus fidèles qu'elle avait fait missionné afin d'assurer une sécurité optimale au repenti. Elle les salua d'un signe de tête et suivit leur regard pour découvrir enfin qui se cachait derrière Théodore Williams.

Elle le reconnut immédiatement. Exactement le même homme que celui que la base de données lui avait présenté quand elle y avait entré son nom. Occidental, logique : la plupart des élites résistantes étaient souvent originaires des pays d'Europe et d'Amérique – sans doute parce que la protestation était une caractéristique plus propre aux Occidentaux qu'aux Asiatiques et leur goût du respect. Brun, encore jeune et très élégant. Elle afficha un sourire poli et accepta de serrer la main qu'il lui tendait.

« Enchantée, je suis Fate Harlaown. Ravie de voir que vous êtes venu comme je vous l'avais demandé. C'est tout naturel de venir vous rencontrer, votre sécurité nous importe, Monsieur Williams. »

L'homme avait déjà été servi. Fate interpella donc le serveur et lui demanda poliment de lui apporter un expresso. Elle prit place face à lui et posa son sac au sol et lui adressa un nouveau sourire rassurant.

« Détendez vous. A partir de maintenant, vous n'avez plus rien à craindre. Voyez les deux hommes là-bas. » lui dit-elle en désignant ses deux collègues du regard. « Ils sont là pour intervenir au moindre danger. Vous n'avez rien à craindre, ils assurent votre protection. »

On lui apporta son café et Fate en but une première gorgée. Puis, elle plongea la main dans son sac pour en sortir un dossier encore peu épais qu'elle posa sur la table et ouvrit :

« Tout d'abord, sachez que nous vous sommes très reconnaissants d'avoir accepter de coopérer. Bien sûr, si vous parvenez à nous aider, nous ferons en sorte d'oublier vos précédents écarts. J'aurais besoin d'un maximum d'informations pour identifier et arrêter les individus qui vous ont enrôlé : des noms, des adresses, même de simples descriptions. Si vous êtes d'accord, j'aimerais d'ailleurs que vous fassiez quelques portraits robots avec un professionnel. »

Pour le moment, inutile de parler d'Hadès. Elle ne devrait laisser transparaître son objectif que quand l'instant serait adéquat.

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Le Docteur se tortillait les doigts avec un sourire un peu forcé et passa ses doigts le le long de son cou avant de rajuster son noeud papillon. Dans sa tête, il essayait de réfléchir à ce qu'il allait pouvoir raconter. C'était le Docteur après tout, il allait improviser comme d'habitude et baratiner. Normalement, ça marchait tout le temps, la plupart de ses plans n'étaient que des idées qu'il avait à la volée alors pourquoi ça ne marcherait cette fois ? La capitaine se voulait plutôt rassurante... Elle ne voulait pas voir sa source d'informations lui échapper à n'en pas douter. Elle n'était pas venu seule, deux policiers déguisés en civil étaient là pour sécuriser la pièce et pour l'empêcher de s'échapper au cas où les choses tournaient mal. S'il voulait filer à l'anglaise, il allait devoir s'y prendre à deux fois. Lorsque le garçon apporta un café à Fate, il commanda un thé pour faire passer le goût amer du café qu'il avait encore en bouche.

Fate sortit alors un dossier de son sac à main. Comme quoi, elle avait du mettre toute une équipe sur le sujet pour constituer tout ce dossier en si peu de temps. Efficace la police de Kira et ils n'ont pas peur des heures supplémentaires eux non plus. Bon, il n'était pas si épais que ça mais le Docteur resta néanmoins étonné. Il écouta alors le discours de Fate destiné à le mettre en confiance Le garçon arriva avec son thé et John le remercia d'un signe de la tête. Il but une gorgée puis fit une grimace à cause de la température de l'eau. Il repoussa alors la tasse et se mordit la langue pour oublier la douleur.

Je ne pense pas qu'ils nous ai donné leur vrai nom et j'ignore si ça peut vous aider mais, les gens avec qui j'ai parlé se nommaient Auron et Riku. On devait les retrouver près d'un entrepôt dans la vieille ville. Notre première mission était de livrer ce colis au bâtiment occupé par les pro-Kiras... La suite vous la connaissez ! Ces fumiers nous ont trahi, mon ami et moi ! Je ferai tout ce que je peux vous aider !

Il frappa du poing sur la table avec un regard dur. Il en faisait peut-être un peu trop non ? Il desserra le poing et se mit à mélanger son thé où il avait mis un sucre. Il but une gorgée et son visage se détendit immédiatement. Le thé avait des vertus bénéfiques sur lui et le pire, c'est qu'il en buvait des quantités astronomiques. Il reprit alors plus calmement, la bouche en feu. Décidément, ce thé était vraiment trop chaud !

Pour les portraits, devrais-je me rendre au bureau de police ou on va faire ça ici ? Parce que me rendre au commissariat pourrait être dangereux pour moi, s'ils me voient avec vous...

Il se tut soudainement et plongea son regard vers la table. Intérieurement, le Docteur s'étonnait lui-même, il ne se pensait pas capable de jouer le jeu à ce point-là. Bon, maintenant, Fate devrait lui poser des questions plus précises pour savoir les détails, des indices quelconques qui pourraient l'aider.

Theodore Williams triturait machinalement ses doigts et ses vêtements. C'était le signe distinctif de ces gens qui craignaient pour leur vie et qui avait bien des raisons de le faire en plus. Drôle de situation que celle dans laquelle il se trouvait actuellement : littéralement le cul entre deux chaises. D'un côté, la résistance qu'il avait soutenu et qui le trahissait royalement, de l'autre un régime autoritaire qui ne laissait pas de place à l'erreur. La décision avait être dure à prendre : le jeune homme avait dû passer un long moment, stoïque devant son clavier d'ordinateur, avant de lui envoyer ce mail.

Comme pour répondre à son angoisse et au mouvement incessant de ses doigts qui parcouraient successivement la table, sa nuque avant de disparaître sur ses genoux, Fate posa sa main froide sur la sienne dans un mouvement rassurant qu'elle accompagna d'un sourire. Elle se savait femme, elle se savait jolie. C'était un atout de taille dans ce genre d'affaires : on fait plus facilement confiance à une demoiselle, d'autant plus quand elle y met la forme. Elle doutait de la capacité d'individus comme Arashi ou la plupart de ses collègues en la matière. Parfois, la douceur donnait plus de résultat que les plus persuasives menaces. Elle glissa ses doigts contre sa peau claire, dans un geste plus maternel que séducteur et entama d'une voix rassurante :

« Calmez vous. Je vous l'ai dit, vous n'avez pas à avoir peur. En me contactant, vous vous êtes assuré la protection de Kira, mais aussi la mienne. N'ayez crainte. Kira ne trahit pas ses citoyens, et avec mon aide, vous parviendrez sans doute à racheter vos fautes et à reprendre une vie normale, loin de toutes les horreurs que vous avez vécu sous le joug de ces criminels qui vous ont exploité. »

Défaisant sa main avec un léger sourire, la jeune femme se saisit d'un stylo et s'apprêta à prendre en notes les quelques informations dont il disposait. Bien évidemment, il n'avait que des pseudonymes sans grand intérêt : rares étaient les résistants à utiliser leurs vrais noms. Mais c'était mieux que rien, en rentrant, elle irait immédiatement voir si ces noms correspondaient à quelque chose dans la base de données. Elle l'écouta patiemment et prit notes de ses paroles avec sa rapidité habituelle. A la vue de son énervement, elle afficha un sourire rassurant :

« Restez calme... Bientôt, votre ami sera vengé grâce à votre aide. Faire payer ces traîtres, c'est tout ce qui compte. Mais pour cela, j'ai besoin de toute votre attention. »

Elle marqua une pose et but une gorgée de son café avant de reprendre :

« J'aimerais savoir... Les avez-vous rejoint vous-même ou ont-ils été les premiers à prendre contact ? Ensuite, ces deux individus se sont-ils manifestés après ce fameux incident... ? Ont-ils pris des nouvelles ? Vous ont-ils confié des missions ? En somme, êtes vous encore suffisamment en contact avec eux... ? Ou avez-vous tout simplement rompu toute relation ? »

Son regard était inquisiteur et rassurant : on y lisait clairement le message « N'aies pas peur, mais ne te trompe pas ». Elle avait beau afficher son plus charmant fasciés, Fate ne pouvait ignorer l'éventualité selon laquelle Theodore Williams ne ferait que lui faire perdre son temps. Par plusieurs fois, le QG avait reçu des demandes de ce genre qui n'avaient pas pu faire suite.

« Pour le portrait robot, je sais que votre situation est trop compliqué pour vous demander de vous déplacer dans un lieu clairement assimilé à Kira. J'aimerais que nous convenions d'un second rendez-vous, j’amènerai un spécialiste pour cela. »

Elle finit son expresso et demanda poliment au serveur qui passait là s'il pouvait avoir l'amabilité de leur apporter la note.

« Enfin, avez-vous un point de chute ? Je veux dire, un logement, en dehors du cadre rebelle bien sûr ? Si ça n'est pas le cas, je vous trouverai un hébergement et une adresse à laquelle vous devriez vous rendre en cas de problème. »

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La capitaine savait pertinemment ce qu'elle faisait. Cela ne devait pas être la première fois qu'elle devait faire parler des traîtres et obtenir des renseignements. La jeune femme était plutôt douce et compréhensive avec Theodore. Pour tenter de le rassurer, Harlaown posa sa main sur la sienne. Le Docteur eut un frisson au contact de la froide contre la sienne et par réflexe, il jeta un coup d'oeil au visage de la femme blonde. Cette dernière lui souriait et sans s'en rendre compte, le rouge lui monta aux joues puis il baissa le visage. La jeune femme se mit alors à le rassurer en lui expliquant qu'il était en sécurité et que maintenant, il n'avait plus rien à craindre. Intérieurement, le Docteur en doutait mais il essaya tout de même de se détendre un peu suite aux paroles de la policière. Il but alors une gorgée de temps en tentant de se calmer. Après avoir simulé un excès de colère, il eut droit à des paroles apaisantes de la part de son interlocutrice. Le Docteur commençait à avoir du mal à garder son rôle. Il n'avait qu'une envie, boire son thé et faire un petit speech en se présentant. Cela lui attirerait pas mal d'ennuis mais il s'en fichait. Mais cette fois, il ne faisait pas cela pour son plaisir mais pour la Résistance, pour Hadès...

Fate lui demanda alors comment Theodore et son ami avait rejoint la Résistance puis s'il était resté en relation avec les membres de la Rébellion. Le regard et la posture de la jeune femme avait changé. On pouvait y sentir une certaine pression de sa part. Il allait devoir faire attention à ce qu'il allait dire cette fois. On avait passé la première étape, maintenant, il fallait jouer le jeu.
En ce qui concernait le portrait robot, elle lui conseilla de fixer un second rendez-vous. Cela l'arrangeait grandement car il allait devoir réfléchir à qui il pourrait bien faire porter le chapeau. Il prit tout de même le temps de répondre à ses questions précédentes.

On avait commencé par coller des affiches et diffuser des tracts dans la rue de notre propre chef. Des tags et tout ça... Puis on a été contacté par Riku... Il nous a demandé si on voulait participer à un truc bien plus grand. On a accepté, c'est ainsi qu'on s'est retrouvé à faire les livreurs. On devait transmettre des messages et des objets. Tout était cacheté et enveloppé, inutile de vous dire qu'on avait pas le droit de voir ce que c'était. Puis, à la mort de mon ami, ils m'ont dit qu'ils allaient me laisser un peu tranquille, que c'était un accident... Ils m'ont donné une adresse... Si je veux reprendre contact avec eux, je n'ai qu'à déposer une lettre dans la boîte aux lettres.

Il but la dernière gorgée de sa tasse de thé et réajusta son noeud papillon. La capitaine lui demanda alors s'il avait un lieu où il pourrait se réfugier. En fait, il y avait plein de lieux où il pourrait se rendre mais il avait déjà une petite idée sur la question.

Ca ira, je vis dans un petit hôtel à la périphérie de Tokyo. Je pourrais rester là-bas en cas de problème, personne à part vous sait que je vis là-bas. J'ai donné un faux nom à l'accueil pour ne pas éveiller les soupçons. Cherchez un David Phillips... Par contre, en ce moment, je sors souvent. Rester dans ma chambre... Ca m'est impossible.

Le serveur arriva peu de temps après avec l'addition. Le Docteur se demanda s'il allait devoir payer ou pas. Ce genre de dilemme ne s'était jamais posé pour lui auparavant. Il préféra rester en retrait pour le moment pour voir si la femme lui demanderait de payer comme tout bon gentleman qui doit subir le sexisme des femmes.

Par contre, si je dois vous contacter d'urgence, comment je fais si je me fais attaquer par des résistants ?

Comme chez tous les autres, le rouge lui était monté aux joues dès que sa main froide avait rencontré la sienne, et il avait baissé la tête comme un enfant honteux. Fate le tenait. Elle pouvait être sûre que Théodore Williams coopérerait avec enthousiasme par le futur. Comme quoi, la violence n'était pas toujours une solution. Elle était une militaire, soit. Mais aussi une femme. C'était sans doute pour cela qu'elle préférait toujours privilégier des approches plus subtiles que celles de ses collègues. Bien évidemment, son joli sourire et ses grands yeux bleus ne suffisaient pas toujours à établir la communication, mais tant qu'elle le pouvait, elle essayait toujours de gagner la confiance de ses interlocuteurs. Plus tard – quand sourire et douceur ne fonctionnaient plus, elle optait pour la seconde option : celle qui lui avait créé cette réputation de femme cruelle, à tort.

Par chance, les choses semblaient se passer de manière très correcte en l'instant présent. Pour tout dire, il était rare que ces résistants qui la contactaient en repenti se révèlent violents. Ca n'était pas dans leur intérêt. Pourtant, Fate avait entendu à plusieurs reprises parlé de ces individus qui prétextaient un changement de camp pour agresser certains gradés. Cela s'était passé quelques années auparavant : encore une affaire qui avait fait un beau tapage et qui, malheureusement, s'était plusieurs fois répétée par le futur. Mais la grande blonde en était sûre : Théodore Williams n'était pas de ceux-là. Il s'était montré bien trop coopératif.

« Très bien. Si j'en crois vos dires, il y a peu de chances pour qu'il ait soupçonné la moindre tentative de trahison de votre part. C'est une bonne chose. Je ne peux que préconiser la plus grande discrétion... Ne vous faites pas remarquer et tâchez de vous faire oublier quelques temps. Avec de la chance, ces résistants ne vous considèrent que comme un élément temporaire et dans ce cas, vous perdez tout intérêt à leurs yeux après votre mission. Dans le pire des cas par contre, ils pourraient chercher à vous éliminer pour effacer les traces. »

Ses propos étaient volontairement alarmants. Les résistants avaient beaucoup de défaut, soit ; mais pas celui d'éliminer leurs collaborateurs. Dieu sait que cela leur aurait pourtant facilité la tâche... Mais Théodore avait très bien pu être affilié à un réseau résistant composé de criminels : ces derniers rechignaient bien moins face à ce genre de détails. C'est ce qui faisait la différence entre les différents mouvements résistants. Il y avait ceux composés de civils, dont les actions étaient restreintes mais qui, du fait de leur discrétion, étaient bien plus difficile à trouver. Et puis il y avait les réseaux criminels qui causaient des dégâts matériels et humains bien plus impressionnants, mais dont les méthodes peu subtils rendaient l'interpellation facile. Elle doutait que Théodore ait été embobiné par ce dernier type de réseau. Il avait l'air d'un type banal : plus du genre à vouloir se porter volontaire chez les civils, juste pour le principe. Mieux valait lui flanquer un peu la frousse cependant, il n'en serait que plus docile.

« Un hôtel, c'est parfait. Privilégiez un établissement sécurisé, si ça n'est pas déjà le cas. Pourvu que personne ne soit au courant de vos passages là-bas, ce sera un endroit sûr. Je sais que c'est relativement difficile, mais tentez d'y rester le plus possible. Caché, vous ne risquez rien. S'ils vous contactent pour un motif obscur qui vous paraît dangereux, enfermez vous et ne ressortez pas. S'ils reprennent contact par message de manière banale, répondez tout naturellement. Et s'il y a un problème... »

A ces mots, elle chercha quelques secondes dans son sac et griffonna rapidement sur un petit bout de papier. Elle lui tendit le résultat en souriant, d'un air rassurant :

« Appelez moi. Voilà mon téléphone personnel et mon adresse mail. Si vous devez me contacter par mail, utilisez une connexion anonyme, comme vous l'avez déjà fait auparavant. Je vous demanderais de ne m'appeler qu'en cas d'extrême urgence. »

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Le Docteur avait réussi à jouer son rôle au delà toute ses espérances. Cependant, s'il continuait ainsi, il finira par craquer, balancer à cette capitaine qu'il était le Docteur, qu'il lui avait menti depuis le début et que les noeuds papillons, c'était cool. Toute cette mascarade l'amusait au fond de lui et là, il espérait seulement que tout ceci se termine. Son but, c'était d'obtenir les coordonnées de la jeune femme. S'il y parvenait, il pourrait en apprendre un peu plus sur elle ou simplement la localiser grâce au signal de son téléphone portable.
Fate se voulait douce mais son discours était un peu trop direct et détaché. Venir le chercher et l'éliminer ! Quel ramassis de bêtises, son poing se contracta sous la colère mais il tenta de demeurer impassible.

Il hocha la tête pour montrer qu'il avait compris et baissa la tête. Il avait l'air d'avoir gagné sa confiance, c'était un bon point. Il rajusta son noeud papillon. Cela devenait de plus en plus difficile. Il commençait à avoir des tics nerveux. Ses doigts tapotaient sur la table régulièrement et il rajusta sa veste à nouveau.
Elle lui conseilla de retourner à son hôtel et d'y rester planqué. A d'autres ! Il avait assez de boulot pour des semaines et des semaines...Mais au moins, il avait réussi, il avait obtenu l'adresse et le numéro personnel de la jeune femme. Cela pourrait surement lui servir plus tard. Si Hadès disparaissait, il aurait au moins une piste à exploiter...
Il récupéra la note et la mit dans sa poche. Il lui sourit de façon un peu maladroite pour répondre à son sourire.

Merci beaucoup... Je ne vous appellerai qu'en cas d'urgence, j'ai compris. Et bien, je vous remercie de m'avoir reçu mais je vais rentrer à mon hôtel, il se fait tard et cette journée a été éprouvante pour moi. Merci capitaine !

Il se releva lentement, déposa ce qu'il devait sur la table et se leva. Il était très stressé, il marchait lentement. Si quelqu'un lui tirait dessus maintenant ou le capturait, cela pourrait compromettre une bonne partie de la Résistance.
Au final, il s'en sortit sans crainte et avança en direction de l'arrêt de bus. Direction l'hôtel dans lequel il resterait cette nuit puis il s'échapperait discrètement le lendemain pour retourner à ses activités. Inutile de détruire un tel travail maintenant. S'il était suivi, c'était la meilleure chose à faire...

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