La sortie de l'année • LIGHT

Le nez quasiment coller à l'écran, manette en main, paquet de gâteau à mes côtés, je tentais de finir le dernier niveau de mon nouveau jeu. Le seul hic? Le paquet de gâteau était vide et je n'arrivais absolument pas à me concentrer sur ce que je faisais. Cela devait être la dix-septième fois que je recommençais le même niveau, encore et encore, et mes nerfs n'allaient pas tarder à me lâcher. Mais que dis-je? Ils m'avaient DEJA lâchés !

- UWAAAAAAAAAAAAAH !!!

La manette de jeu avait brutalement volé à travers la chambre de mon petit appartement, sous le coup de la colère. OK. Peut-être que cela peut sembler exagéré de s'énerver pour un simple jeu vidéo, mais ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait. Pourtant, à ce moment même, les circonstances étaient différentes. Ce qui m'enrageait n'était pas le fait de ne pas gagner ce niveau, mais de ne pas gagner ce niveau car je ne pouvait pas me concentrer dessus. La seule chose qui me venait à l’esprit était "C'est l'anniversaire de leur mort...", chuchoté par une petite voix machiavélique qui semblait être ma conscience. En effet, j'avais beau tenté d'étouffer cette petite voix, elle refaisait surface quoi que je fasse. Je ne pouvais plus supporter ça, je devais sortir de mon trou à rat. Il fallait avouer que cela ne m'arrivait que très rarement mais parfois, c'était comme si j'allais étouffé si je ne m'aérais pas un peu l’esprit (Et pas que l’esprit.) J'attrapais alors ma veste en cuir, puisqu'elle traînait à mes pieds, et franchit le pas de la porte. Là, mes yeux se fermèrent automatiquement à la vue de la lumière du jour : ça piquait.

- Je devrais sortir plus souvent. ...Ou ouvrir mes volets, parfois.

Parce que, oui, comme la majeur partie des personnages de mangas, je parlais pour moi-même, toute seule. Mais peu importe. Je me dirigeais ainsi, sans m'en rendre bien compte, en direction de mon ancienne maison. En réalité, j'y était retourner tous les ans, ce même jours, depuis que mes parents étaient morts. C'était une sorte de rituel, que j'aurais préféré oublier. Pourtant, je n'y arrivais pas. Voilà que rapidement, j'en étais arriver à me tenir face à ma propre maison. Du moins, elle l'était, jusqu'à ce que mon père tue ma mère, et qu'il se fasse ensuite tuer par Kira. Je m'approchais finalement un peu plus, sans pour autant franchir la barrière du jardin. De là, j'avais une vue parfaite de la demeure et, de ce grand panneau "A VENDRE" qui jonchais la pelouse depuis des lustres. Après tout, personne n’achèterais une maison où un meurtre à eut lieu. Je voyais encore clairement la scène, lorsque je rentrais du lycée. La police avait pris d'assaut la maison, les voisins curieux avaient pointés leurs nez et moi... je m'étais juste enfuie en comprenant ce qu'il s'était passé. Tandis que j'étais plongée dans mes vieux souvenirs, je sentis comme une présence derrière moi. Cela me fit immédiatement sortir de ma torpeur, et je me retournait alors vers cette personne.

Une fois face à cette personne qui me dérangeait en pleine méditation, je ne pouvais qu'être surprise. Il s'agissait d'un homme. Un bel homme. Ainsi, j'eu un léger mouvement de recule mais, le muret derrière moi m'arrêta dans mon élan. Ridicule. J'étais absolument ridicule. Je n'avais parler à personne depuis une éternité, (si l'on ne compte pas les conversations audio via internet) et voilà que j'étais intimidée par un inconnu. Je me traitais alors intérieurement d'imbécile, et repris contenance.

- Bonjour et veuillez m'excuser... mais vous semblez intéressée par cette maison. Vous comptez y résider ?

La première question que je me posais alors était : "Il est agent immobilier ou bien?!". Si ce n'était pas le cas, il était bien curieux. Ce n'était pas tout les jours qu'un inconnus venait vers moi pour me poser des questions à propos de mon ancienne baraque. En fait, cela ne m'était jamais arriver auparavant. Mais, de toute façon, j'avais pris l'habitude de me méfier de n'importe qui alors qu'il soit louche ou non, celui ci ne dérogera pas à la règle. Un léger sourire se dessina alors sur mes lèvres, prête à jouer un nouveau rôle.

- Ah, non non... Mais j'avais une amie qui habitait ici avant, et aujourd'hui c'est le jour où... Attendez. Vous êtes agent immobilier?

J'aurais presque pu rajouter un petit "Parce que si c'est le cas, je vous achète tout ce que vous voulez !", mais non. Même s'il était vraiment mignon, ce n'était pas dans mes habitudes d'aborder quelqu'un de cette façon. J'allais donc me la jouer discrète sur ce coup, sans faire de vague, car je ne voulais pas que l'on me relis à cette histoire de meurtre. Même si je ne pouvais pas effacer mes souvenirs, je n'avais plus rien à voir avec mon père, que je n'avais d'ailleurs jamais considéré comme tel, ni même ma mère. Même si je l'aimais bien, il y avait toujours eu une sorte de distance entre nous. En réalité, je ne m'étais jamais bien entendu avec mes parents, comme un enfant le ferait normalement. Comme si nous ne formions pas une vraie famille. C'est pourquoi j'ai rapidement effacer toute trace de "Guenaëlle" après leur mort. Je ne voulais pas que les gens s’apitoient sur mon sort, ou viennent me questionner pour en savoir plus car j'aurais été incapable de me comporter correctement en tant que "enfant de victime". Qui plus est, le phénomène Kira pesait déjà sur nous à cette époque. Mon changement de nom tombait alors à pic.

Finalement, mon vis-à-vis se mit à rire légèrement à ma remarque. Je rougissais un peu, sans réellement m'en rendre compte car, de un : il avait un adorable sourire et, de deux : j'étais apparemment à côté de la plaque. Non, il ne s'agissait pas d'un agent immobilier. C'était sûr et certain ! D'ailleurs, ce dernier admit ensuite que ce n'était pas le cas. Aussi, il s'excusa pour divers choses, ce qui me mis plus mal-à-l'aise encore que ce que j'étais déjà. Les excès de politesse de ce genre avaient tendances à me faire fuir car, j'avais beau être polie, je ne savais jamais comment réagir à ce genre de propos. Alors... Je ne réagissais pas. De toute façon, qu'est ce que j'aurais bien pu répondre, hein? Peu importe. Je savais maintenant pourquoi il m'avait aborder : c'était bel et bien un curieux. Dire que j'avais voulu me débarrasser de mon passer pour éviter ce genre de personnes, je voyais aujourd'hui que mon plan n'était pas sans failles.

- Vous vouliez dire quelque chose il me semble...aujourd'hui est spécial selon vous. Pardonnez moi si je suis impoli et je ne veux pas paraitre indiscret, mais que se passe t-il aujourd'hui ?

Encore des excuses. Et bien, j'avais eu ma dose de paroles courtoises pour au moins la décennie à venir, grâce à lui. Ou à cause de lui. A méditer. En tout les cas, malgré tout ça, OUI, il était indiscret. Même s'il ne voulait pas le paraître, c'était le cas. D'accord, je n'aurais pas dû commencer une phrase sans la terminer mais, ne rien dire ou mentir aurait été bien pire. Je parlais par expérience. Enfin de compte, mentir était l'une de mes phobies car le peu de fois où je l'avais fait, tout m'était finalement retombé dessus. Quoi de plus normal après tout. Depuis, je passais par d'autre alternative comme "le mensonge par omission" ou bien, tout simplement dire la vérité en faisant croire à de l'ironie. J'avais toujours adorer manipuler les gens de cette façon. Mais... Hé ! Là n'est pas la question. Je devais lui répondre quelque chose, à ce mystérieux inconnu. J'avais décidé de dire ce que je pensais, de manière à ce qu'il puisse tout de même me trouver "sympathique". J'arborais alors un mignon petit sourire.

- En effet, vous êtes indiscret !, disais-je en riant légèrement.,

Bien sur, ce rire était forcé mais, rien n'était perceptible. La technique du "je ris alors que je trouve pas ça drôle" était l'une de mes favorites, me permettant de dire ce que je pensais sans pour autant passer pour une garce. Bref. Je me décidais alors à lui raconter, plus ou moins vaguement, la raison de ma présence ici, en faisant preuve d'un peu plus de sérieux. (Et je tiens à préciser que l'histoire de "l'amie" n'est pas un mensonge à part entière. Désormais, je ne suis plus Guenaëlle C. Meyer.)

- Vous avez sûrement entendu ce qu'il s'est passé ici. C'est l'anniversaire de la mort des habitants de cette maison, aujourd'hui.

Je me tournais alors vers la demeure pour la regarder avec nostalgie. Comme le font si bien les héroïnes de films tragiques. (...)

Tandis que je voyais le ciel s'assombrir dangeureusement, le rouquin m'annonça que la maison allait bientôt être détruite si personne ne l'achetait. Le choque. Evidemment que personne n'allait l'acheter. Alors, évidemment qu'elle allait être détruite. La maison que j'avais habité à mon arriver au Japon visait à disparaître de la surface de cette planète. Il est vrai que je n'y avais pas vécue longtemps, mais j'y avais quelques souvenirs. Non. A bien y réfléchir, c'était faux. Le peu de souvenirs que j'avais concernait la mort de mes parents. Ils n'étaient donc pas très joyeux. Alors, autant m'en débarrasser en même temps que cette vieille baraque abandonnée. Je pouvais presque me réjouir : de ce fait, je n'aurais plus à revenir ici tous les ans, comme j'avais pris l'habitude de faire. Soulagement.

- Quoi qu'il en soit je m'appelle Light.

Light, hein? Ce mec devait sûrement être une lumière alors. ... Ah ah. Jeu de mot pas drôle, pardon. Peu importe. Il me tendait la main. Je fis donc de même, pour la lui serrer, en lui faisant part de mon prénom. "Elie", bien sûr. Au moment même où je le prononçais, je sentis une goutte d'eau tomber sur ma main. Puis, sur ma tête. Je lâchais finalement la main de Light et regarda le ciel. Mauvaise idée. Une multitude de gouttes vinrent s'abattre sur mon visage. Il pleuvait maintenant à verse. J'aurais dû le voir venir. De même pour cet éclair qui venait de faire irruption entre deux nuages. Déjà, j'étais trempée jusqu'aux os. Light aussi. Je ne voulais pas mourir grillée par un éclair, ou bien d'une pneumonie, alors je pris une initiative.

- On va s’abriter !

Aussitôt, j'attrapa l'homme par la manche pour qu'il me suive. Je passais alors au dessus du muret, assez bas, pour pénétrer dans le jardin de la maison abandonnée. A ce moment précis, je savais parfaitement quoi faire. La porte de devant était sûrement fermée alors, je traînais Light jusque derrière la maison. Là, il y avait une deuxième porte que personne n'utilisait jamais lorsque j'habitais ici. A part moi. Je passais toujours par cette porte lorsque je voulais rentrer discrètement car elle ne fermait pas bien. Il suffisait de savoir comment faire. Ainsi, je donnais un léger coup de poing sur le haut de la porte, puis un deuxième avec le pied, au ras du sol. Aussitôt, elle s'ouvrit en grinçant, nous permettant alors d'être à l'abris.

Je venais donc de pénétrer dans mon ancienne maison. Cela faisait si longtemps. Pourtant, chaque recoins me semblaient familiers. Je me souvenais encore du salon, et de la salle à manger. C'était toujours dans ces pièces que les disputes éclataient. Je préférais ma chambre. Au moins, j'y étais seule, et personne ne venait m'embêter à l'intérieur. Parfois, je pouvais tout de même entendre les cris de mes parents hurler l'un sur l'autre comme des idiots. Cela m'empêchait de dormir. J'étais heureuse que tout soit fini. Du moins, soulagée, car "heureuse" n'était probablement pas le bon adjectif. Je n'avais jamais été heureuse du fait d'avoir, ce qu'on nomme communément, une famille. Et je n'avais jamais été heureuse de ne plus en avoir. Mais oui, j'étais soulagée. Je n'avais plus à les subir, à être constamment effrayée par mon père, à être le souffre-douleur de ma mère lorsqu'elle était énervée après lui... Il n'y avait pas à dire, c'était mieux ainsi. Je ne leur avait (presque) jamais souhaité de mal. Je voulais juste qu'ils soient intelligents, raisonnables, à l'écoute de leur fille. Ce n'est jamais arrivé. Il ne s'agissait que d'une utopie, un monde idyllique où mes parents auraient été de bons parents.
J'avançais finalement au centre de la pièce pour me diriger à gauche, vers la "cuisine americaine". La cuisine était comprise dans le salon, uniquement séparés par le meuble semblable à un petit bar. Je sautais pour m'y asseoir, après avoir dépoussiéré ma place d'un coup de manche. (A savoir : ma manche me sert souvent d’essuie-tout) Une fois "confortablement" installé, si je puis dire, je scrutais la pièce puis mon regard s'arrêta sur Light. Lui aussi me regardait.

-Allez avouez le...vous avez habité ici, ça crève les yeux.

Ma réaction fut immédiate. A vrai dire, je n'avais pas réussis à me contrôler. Il était clair que je n'aimais pas mentir. Je n'avais donc rien dit, et mon visage arborait un air renfrogné. C'était un aveux. Cela voulait clairement dire "Oui. Mais je veux pas en parler. Je ne veux pas être assimilé à cette affaire". Je ne pouvais pas mentir à quelqu'un qui me souriait de cette façon, il me semblait beaucoup trop sympathique pour ça. Bien que trop curieux. Pourtant, je savais bien que c'était normal, de vouloir savoir la vérité. Rien que pour se vanter de la connaître, ou pour la raconter à d'autre. Peu importe. Il pouvait maintenant être certain que j'avais habité ici, rien que par mon silence. Après tout, j'aurais nié si je n'y avait jamais vécue.

- C'est bien dommage que personne ne veuille de cette maison, elle a pourtant l'air d'être confortable et ça doit être agréable d'y résider.

Confortable, oui. Si on fait abstraction de tous ses défauts, comme la porte de derrière. Ou la tuyauterie usée. Car oui, nous avions acheté une maison à la dernière minute. Evidemment, il ne restait que celle ci. Celle que personne ne voulait a cause de ses défauts. Maintenant, personne ne fait plus attention à ses défauts. Ils s'arrêtent encore plus rapidement, car il s'agit d'un lieu de crime. Qui oserait s'installer là où une femme s'est fait assassinée?
Je m'allongeais alors sur le meuble, pour finalement fixer le plafond. De là, on pouvait remarquer quelques tâches de moisissures . Plus personne ne prenait soin de cette maison depuis des années. Elle tombait en ruine. Je levais alors un bras, pour pointer le plafond de doigts afin de le montrer à Light.

- Vu l'état dans laquelle elle est, vaut mieux la détruire.

C'est mon dernier mot Jean-pierre Light.

Maintenant qu'il savait qui j'étais, je n'avais plus besoin de jouer la comédie. Quelque part, c'était mieux. Il n'avait rien fait de mal, et ne semblait pas vouloir en faire de toute façon. Du moins, c'est ce que je pensais jusqu'à ce qu'il découvre sa matraque. (Pourquoi cette phrase semble avoir un double sens... ? T__T) Un flic ! Génial. Je comprenais maintenant pourquoi il me posait ce genre de questions. Sûrement qu'il connaissait mon histoire, et me soupçonnait d'être contre Kira. Sérieusement. Qui pourrait en vouloir à Kira d'avoir tuer le meurtrier de sa mère? Mais là n'était pas la question. Le fait que cet homme faisait partie de la police de Kira le fit baisser dans mon estime. Je n'aimais pas la police. Elle m'empêchait de vivre comme je l'entendais. C'est à dire, exposer mon opinion. Non, en vérité, je l'exposais toujours quoi qu'on dise, mais je détestais être juger pour mes pensées. Ma liberté d'expression avait tout de même bien diminué depuis l'apparition de la police.
Voyant le dénommé Light se diriger vers la fenêtre, je me redressais pour lancer un regard à cette dernière. Le temps c'était calmé. Cela voulait dire que nous allions bientôt sortir d'ici, et que ce sera la dernière fois que je verrais cette maison. Certainement.

- Vous n'aurez pas de regrets en voyant ce lieu détruit vous êtes sûre ?

Il était plutôt insistant ce poulet. De toute façon, les masques étaient tombés. J'allais donc pouvoir lui faire part d'un "monologue" dont moi seul connait le secret. Traduction : raconter ma vie, un peu trop, alors que la question était toute simple.

- Des regrets? Vous voulez rire. Ce serait un soulagement de la voir disparaître. Peut-être que je pourrais me débarrasser de mes souvenirs dans la foulée. Oublier mes vieux serait la meilleure chose qui puisse arriver.

Oh. J'étais déçue de moi. Ce monologue n'était pas aussi long que prévue. A vrai dire, je voulais aussi lui parler de Kira. Pourtant, je ne le fis pas. Je sentais que le timing n'était pas bon. J'étais certaine qu'il poserait encore des questions de toute façon. J'en aurais sûrement l'occasion plus tard.
Finalement, je sauta du meuble pour me tenir debout, et passais une main dans mes cheveux. Ils étaient encore trempés. Cela devait me donner l'air d'un petit chien mouillé. Ridicule.

Tout mes espoirs de lui faire part de mon avis sur Kira s'étaient évanouis dans une simple phrase. "Je n'ai pas d'autres questions". Pourquoi?! Je me sentais frustrée tout d'un coup. J'étais pourtant sûre qu'il chercherait à en savoir plus. Ou alors, en savait-il déjà beaucoup? Ou alors, était-je simplement inintéressante? Ou alors ... ? Je n'avais pas d'autre suppositions, ces deux là suffisait à me dépiter. Il avait fait en sorte de révéler qui j'étais vraiment alors que je lui avais mentis pour ne pas avoir à répondre à des questions indiscrètes. Pourtant, j'avais été soulagée de pouvoir lui dire la vérité, et je voulais donc continuer dans ma lancé. Quel paradoxe. Mon esprit se jouait vraiment de moi. Peut-être que je voulais simplement dire ce que j'avais sur le coeur, en ce jour funeste? Pour me soulagé. Arf, trop bizarre. Je voulais discutailler avec un flic, qui pourrait m'arrêter à tout moment s'il me trouvait suspecte. Peut-être que j'avais en fait des pulsions suicidaires? Ah, mais ça, je le savais déjà. En tout les cas, il était clair que je voulais parler. Je n'avais pas tenu de conversation avec une personne non-virtuelle depuis ce qui me semblait être des décennies. Toutes occasions était donc bonne à saisir. Mon "occasion" s’apprêtait pourtant à partir.

- N’attrapez pas froid surtout.

Facile à dire, pour lui qui avait sécher si rapidement. L'avantage des cheveux courts. De toute façon, j'attrapais froid chaque fois que je sortais. Une fois de plus, une fois de moins, cela importait peu. Je devais tout de même avoir beaucoup de mal à m'acclimater entre la température de ma chambre et celle du monde extérieure. Note à moi même : sortir plus souvent pour m'y habituer. Ou ne plus sortir du tout. J'allais probablement choisir la deuxième solution. Histoire de garder mon joli teint blême et mes yeux très souvent injectés de sang, à cause de mes longues nuits à jouer. En tout les cas, pour cette fois ci, c'était trop tard. Je sentais déjà le futur rhume, et, je ne sais pas pourquoi, mais j'éternua. OK, lorsque l'on à un rhume il semble logique d’éternuer, mais là, il s'agissait d'un faux éternuement. Seul un pro du Atchoum aurait pu le savoir. J'avais de l'entrainement. Dès que je ne voulais pas aller à l'école, j'usais de cette technique. Enfin, ma mère y croyait, mais elle m'envoyait tout de même bosser malade. Aucune pitié. Là n'est pas la question. J'avais agis sans comprendre pourquoi. Une pulsion. Je continuais alors dans ma lancé.

- J'ai comme l’impression que c'est trop tard.

Je prononçais ces mots d'un air blasé, reniflant un peu pour accentué tout ça. Je n'avais aucune idée d'où est ce que ça allait me mener. Surement nul part. Mon action était tellement inutile. (Tout comme la rpgiste endormie derrière son écran qui raconte n'importe quoi.) J’espérais peut-être que cela me permettrait de faire durer la conversation. Non, c'était absolument ridicule. Je devais mettre un terme à tout ça.

- Je peux avoir votre mail? Après tout, c'est un peu de votre faute si je suis enrhumée alors..., fis-je sur un faux ton de reproche, sourire au lèvres.

Mon accusation ne tenait pas debout. Sauf si l'on prenait en compte le fait que, s'il n'était pas venu me parler, je serais déjà chez moi, bien au chaud. Donc oui, c'était de sa faute. Mais ce n'était pas le plus important. Je cherchais seulement une excuse pour garder contact avec lui. Peut-être que cela me servira un jour? J'avais bien compris qu'il voulait partir, j'allais donc le laisser faire. Mais je voulais ma revanche. Une revanche sur quoi? Bonne question hein. J'avais commencer à le considérer comme un adversaire depuis qu'il me donnait l'impression d'être inintéressante. Je l'étais sûrement vraiment, en réalité.

- Mon mail ? Vous comptez me harceler tout les jours en me maudissant de vous avoir rendue malade ?

Oh, qu'elle bonne idée qu'il venait de me donner. Bien entendu, je n'allais pas faire ça, même si cela me semblait plutôt tentant. Mon idée était simplement de lui montrer que je ne m’inquiétais pas de sa présence, que je n'avais rien à craindre d'un flic. En gros : "j'te montre que j'veux sympathiser parce que j'ai pas peur de toi." C'était aussi simple que ça. ... Bon, peut-être que mon raisonnement n'était pas si simple, surtout un peu tordu. C'était une sorte de manipulation quasiment inconsciente que j'exerçais. Quasi inconsciente, oui, car c'était un automatisme pour moi. J'avais pris la mauvaise habitude d'agir sur les gens de cette manière.
Peut-importe, je m’apprêtais à lui répondre quelque chose lorsque...

- ATCHOUUUUUM.

Oui, encore. A la différence que celui ci était réel. Je le savais. Chaque fois que je fais semblant de tomber malade, ça arrive vraiment. Mon imagination est peut-être tellement grande que j'arrive à convaincre mon propre corps que les microbes sont réels? Qui sait. Ou alors, je suis trop bonne comédienne. Si bonne que je ne sais plus faire la différence entre vrai et faux? Enfin, la n'était pas la question. J'allais encore remplir ma corbeille de mouchoirs, jusqu'à ce qu'elle déborde, je le sentais bien. Tandis que je reniflais discrètement, le petit bonhomme en mousse me proposa de me raccompagner chez moi, et de me prêter sa veste. Cela sentait un peu l'hypocrisie, je ne pouvais en être certaine. Pourtant, ça restait une bonne attention. Que j'allais absolument refuser. Je deteste que l'on me prenne pour une petite fille fragile. Comme si je n'étais pas capable de rentrer seule. Oui, je connaissais le chemin de ma maison, je n'avais donc pas besoin d'escorte.

- Je pense être capable de survivre seule jusque chez moi, merci. Mais, j'avoue que votre présence ne me déplairait pas pour autant.

Ben quoi?! Il était beau gosse, et je pourrais me pavaner devant les femmes que je croiserais en faisant croire qu'il était mon petit ami. Ok, ce plan était nul. Puis, je voulais maintenant rentrer le plus vite possible. Je n'avais pas un stock de mouchoirs suffisant sur moi, et je sentais les microbes m'envahir peu à peu. Bientôt, j'aurais probablement de la fièvre. ...Je suis peut-être fragile, en fin de compte?
J'adressais un sourire poli au policier, signifiant "je me passerais de votre bonté, merci bien", puis je m'approchais un peu plus de la porte de sortie.