Quoi, on fait des heures sup' maintenant ? [ PV Day ]

Saleté de pluie. Voilà l'unique pensée qui traversait l'esprit de la jeune fille depuis maintenant un bon moment. Du moins, depuis qu'à une heure assez tardive, elle s'était retrouvée sous l'averse alors qu'elle finissait son travail et rentrait dans les bureaux du Cavalier Noir. C'est-à-dire, alors qui lui restait un bon bout de chemin à faire pour la simple raison que le QG du journal était implanté dans le quartier des affaires, endroit que, si elle le pouvait, elle éviterait comme la peste. Elle passait donc le plus clair de son temps à faire des aller-retours entre ce quartier trop bizarre à son goût et les bas fonds où elle récoltait de nombreuses informations, en plus d'y vivre. Bref, elle avait essayé de s'abriter de la pluie, ce qui ne servait à rien comme celle-ci ne semblait pas vouloir s'arrêter. Elle avait donc continuer malgré la peur que son travail qu'elle devait déposer soit mouillé. Mais ce dernier arriva intact dans la rédaction du journal, chose qu'on ne peut pas dire de sa propriétaire, trempée entièrement et qui dégoulinait actuellement sur le sol brillant de son lieu de travail. Elle soupira. Au pire, Illness s'en fiche, à moins qu'elle soit dans son délire propreté psychopathe, ce qui est malheureusement tout à fait possible.

Après avoir déposé son manteau, histoire de ne pas signer son arrêt de mort, au cas où, elle fit le tour des locaux pour y croiser une âme humaine. Personne, et surtout, le plus important, aucune trace d'Illness. Pour une fois, elle avait de la chance, car toute personne connaissant la rédactrice en chef du Cavalier Noir peut affirmer que le meilleur moyen de bien se porter est de l'éviter le plus possible. Day déposa donc son article sur le bureau de son supérieur, en espérant qu'elle n'aurait pas à le réécrire une dizaine de fois avant que sa très chère chef soit d'assez bonne humeur pour l'accepter. Parce que oui ça arrive. Et si vous ne le croyez pas, c'est que vous ne connaissez pas Illness.

Saleté de pluie, encore une fois. Parce que maintenant qu'elle avait fini ce qu'elle devait faire, en l'occurrence, rendre un article, elle n'avait qu'une envie, c'était de rentrer chez elle. Il faut aussi dire que les grands bureaux vide de la rédaction du journal en pleine nuit n'était pas l'endroit qu'elle préférait. Alors pourquoi ne le faisait-elle pas ? Tout simplement parce que la pluie qui s'était calmée et presque arrêtée avait repris de façon violente le temps qu'elle remette un peu d'ordre dans un des bureaux qu'elle avait laissé en désordre le matin merde.

« Et fuck... »

Pas le choix. Elle n'allait pas encore une fois faire la route sous la pluie. Déjà qu'elle était trempée, autant que son manteau qui n'allait plus la protéger, au contraire. Elle entendit alors quelqu'un qui toquait à la porte puis un petit garçon d'une quinzaine d'années à peine apparut en la saluant. Elle fut plutôt étonnée de le voir dans les bureaux à une heure pareille. C'était en plus une personne qu'elle ne croissait pas souvent.

« Ah Lizard ! Qu'es-ce que tu fais là ? »

Elle fit un sourire au garçon. C'était quelque chose de banal chez elle, de sourire à ses collègues. Banal mais pas normal, car le Cavalier Noir était tout sauf un lieu de travail normal, même si avec le temps on s'y habitue. Elle remarqua qu'elle n'était pas la seule à avoir pris l'averse mais ne dit aucun mot à ce sujet. C'est vrai, il pleut, c'est fatiguant mais ensuite. Rien de vraiment extraordinaire.

« Sinon la vente des journaux ? »

C'était vraiment la partie dont Day ne s'occupait pas. D'ailleurs, personne s'en occupait vraiment sauf le petit garçon face à elle actuellement. C'est pour ça que dès qu'elle en avait l'occasion, elle trouvait le moyen de se renseigner.



Hors RP:

Tu te sens comme un ninja, Lizard, là. Petit être sans défenses à peine, tu sais par où t’enfuir au cas où. Tu connais ce sentiment foireux, celui qu’on a quand le jour tombe, quand on se lève en plein milieu de la nuit et qu’on prend chaque ombre pour une menace incroyable, horrible et qu’on se prend alors pour un warrior embarqué dans un FPS quelconque. Là, tu es un agent de Call of Duty, même si tu n’y joues pas, tu t’y crois, à fond, peut-être un reste d’immaturité latente. Ca s’appelle la paranoïa, ça, un phénomène pas trop compliqué à étudier, mais, on ne peut vraiment pas s’attarder là-dessus, si ?

« Ah Lizard ! Qu'es-ce que tu fais là ? »

Ok. Tu te calmes, tu as reconnu la voix féminine qui s’était élevée dans le petit bureau chichement éclairé. Tu la détailles un instant. Trempée comme toi, Day n’avait pas l’air au mieux de sa forme. Disons qu’elle avait l’air parfaitement agacée par le temps qui se profilait à l’extérieur, comme tout le monde certainement. A part pour ces tarés qui aiment la pluie. Ceux-là, tu ne les comprends pas. Comment on peut aimer se prendre des trombes d’eau sur la figure, gâcher des fringues, avoir les chaussettes comme des éponges et les cheveux plaqués sur le crâne qui gouttent dans le dos, au risque de vous faire attraper un rhume bien senti ? Tu penses qu’ils ne doivent pas avoir la même conception des choses, eux. Car oui, pour toi, ce qui est normal, c’est ce que toi tu penses. Tu es normal, les autres non.

« Ben, je viens de rentrer de ma tournée. La pluie, ça aide pas. »

L’élocution caractéristique de l’adolescent qui parle à moitié comme les « djeuns » et à moitié comme un adulte lambda. Pas bien difficile à comprendre, malgré l’accent british à couper au couteau que tu te traînes. Tu t’avances dans la pièce, maintenant que tu as quitté la partie. Day ne représente pas un danger pour toi, tu l’aimes bien, cette fille là, elle n’est pas méchante avec toi, ni rien. Donc elle est quelque part casée dans les gens qui ne te hérissent pas le poil. Tu poses ton sac par terre et tu réponds à son sourire, et à sa question, par la même occasion.

« Plutôt bonne. Disons que j’ai réussi à tout vendre. Même les numéros détrempés. »

Vendre, quel joli mot. Refiler de forces les numéros à de pauvres passants qui n’avaient rien demandé, c’est plus juste. Et contre rémunération, évidemment, David, tu n’es pas du genre à donner des journaux gratuitement. Le bénévolat, très peu pour toi. Tu n’es pas altruiste. Tu es un être mesquin qui tire toujours son avantage à tout. Une petite bête calculatrice et manipulatrice. Tu ferais presque pitié si tu n’étais pas aussi doué dans ce que tu fais. Bien sûr, travailler ainsi, ce n’est possible qu’au Cavalier Noir, journal déjà pas normal de base. Faire ainsi dans n’importe quelle autre rédaction, ce n’était pas vraiment recommandé. Et puis, le Cavalier Noir, c’est le seul endroit où, du haut de tes quatorze printemps, tu peux travailler, certes au noir, mais c’était déjà ça, non ?

« Et toi, qu’est-ce que tu fais là ? »

Question anodine, histoire d’alimenter la conversation, et aussi parce que tu es curieux. Trop peut-être, mais tant pis. Elle t’avait fait stresser, aussi, tu avais bien cru qu’il y avait un intrus, mais bon, la prudence, c’est bien, trop de paranoïa, c’est moins cool, ça.

La chose qui la rassurait un peu était qu'elle n'avait pas l'air d'être la seule que la pluie qui tombait depuis maintenant un peu plus d'une heure agacé. Des fois, elle avait l'impression d'être la seule que des détails énervée, et quand elle remarquait que quelqu'un d'autre, ici son collègue de travail, était plus ou moins dans le même état quel vis à vis de ce détail, cela la rassurait. En même temps, quoi de pire que de travailler sous la pluie, quand toutes les personnes qui sont habituellement dans la rue tentent de se mettre à l'abri et que vous ne pouvez pas vous en servir car votre travail est illégal selon le gouvernement en vigueur. Bref, la pluie était en réalité quelque chose de maudit pour Day et rien ne pourrait changer cela.

« Oui c'est sûr que la pluie... »

Comme à son habitude, Day ne finit pas sa phrase. Ça arrivait souvent. Ce n'était pas la flemme, c'est juste qu'elle ne voyait pas l'intérêt dans ces cas-là parce que soit Lizard avait compris ce qu'elle voulait dire et dans ce cas, le dire ne servait à rien. Ou soit, il ne le comprenait pas et il pouvait penser ce qu'il voulait de ce que la jeune fille aurait dire. Ou alors il ne penserait rien. Au choix, mais là, ce n'était déjà plus son problème.

Elle s'alluma une cigarette, même si c'était quelque chose qu'elle évitait la plupart du temps dans les locaux. Mais là, il pleuvait et elle ne pouvait pas sortir. Et puis, quand on est accro comme elle, c'est difficile de s'en passer. Elle attrapa donc un paquet de cigarette vide dans une des poubelles pour s'en servir comme cendrier. Elle reconcentra ensuite son attention sur Lizard. Elle le connaissait depuis maintenant assez longtemps et ça l'étonnait à chaque fois quand il lui souriait parce que ça n'avait pas vraiment l'air d'être dans ses habitudes. Enfin, elle n'en savait rien. Par contre, un détail qu'elle aimait chez lui, c'est quand il parlait de vendre ses journaux. Elle qui se baladait souvent un peu partout en ville, elle avait déjà eu l'occasion de l'observer faire.

« D'accord, ben c'est génial. La chef va être contente. »

Nouvelle pensée pour celle qui travaillait dans le bureau qu'elle avait quitté quelque minutes avant, et surtout nouvelle pensée pour son article. Qu'es-ce qu'il allait se passer avec celui-là cette fois ? Elle sourit en entendant la question de Lizard. C'est vrai qu'il était tard et que dans tous les autres journaux du pays, il ne devait plus avoir personne dans les bureaux à une heure pareille.

« Ben, j'suis venue rendre un article à Illness. Mais comme elle est pas là, je l'ai juste mis sur son bureau. Mais toi, pourquoi tu es revenu ici ? »

Elle regarda par la fenêtre avant d'écraser son mégot de cigarette et de jeter le paquet-cendrier à la poubelle.



Hors RP:

Tu sais, c’est pas parce qu’il pleut que tu dois faire la tronche du mec qui a pas vu le soleil depuis des années, c’est pas comme si c’était le cas. De toute façon t’es pas fan du soleil non plus. T’es difficile comme môme. Ni trop chaud, ni trop froid, c’est parfait. On aurait pu penser qu’étant anglais, t’aurais eu plus de facilités à supporter la pluie, mais c’est comme de dire qu’un russe ça kiffe la neige. C’est pas parce qu’on naît dans un pays qu’on en devient fana du climat. Peut-être plus l’habitude, mais c’est du tout à chacun. Et toi, petit british, t’aimes pas te prendre des gouttes dans la face. Tu préfères une brise d’été assez fraîche dans un climat de mi saison. Tout dans la nuance, ni trop froid, ni trop chaud, ni trop sec, ni trop humide, et pas lourd surtout.

« L’a intérêt d’être contente, que j’me casse pas le cul pour rien. »

T’es vulgaire, gamin. Aristo mon œil. Tu caches bien ton jeu n’est-ce pas ? Non. C’est surtout qu’à force de traîner dans la rue t’entends des jolis mots et tu les répètes sagement. Et puis ça fait quand même plus sérieux quand tu menaces en parlant comme n’importe quel d’jeuns que quand tu lèves le petit doigt. Même si tu le lèves quand même. Un thé avec le petit doigt en l’air, naturellement. Tout à fait. Un petit con on pourrait dire, c’est ce que t’es en fait. Un morveux qui se croit au dessus de tout le monde et qui pète plus haut que son cul. On pourrait croire qu’après un séjour dans la rue, tu en aurais pris dans l’plafonnier, mais non.

« J’suis juste passé déposer la recette, j’vais pas garder tout ça sur moi. Puis j’étais pas loin, donc bon. Tant qu’à faire. »

Tu repasses tous les soirs comme ça, pour ramener l’argent de la vente des journaux. C’est comme un petit rituel. C’est ton rythme de vie. Tu prends tes piles de journaux, tu parcours les rues, tu grignotes dans un coin, tu recommences à vendre, et quand tu as fini ou que tu n’en peux plus, tu rentres au bureau déposer la recette et tu rentres tranquillement pour manger devant le film du soir. Tu t’ennuies pas dans ta routine, parce que c’est mieux que de se lever avec le ventre vide et la tête pleine. Tu aimes bien ta situation actuelle en fait.

« C’était sur quoi, ton article, d’ailleurs ? » tu demandes

Parce que ce que contient le journal, ça t’intéresse que de loin. Tu ne t’inquiète pas des petites affaires des proches de Kira ou quoi, tout e qui t’intéresse, c’est de savoir ce que ça va te coûter d’essayer de le refourguer. Car plus c’est croustillant, comme infos, plus ça pose des problèmes à la vente, plus ça intéresse les gens, et la police de Kira en particulier. Celle là même qui aimerait bien te traîner dans une ruelle et te loger une balle dans le crâne pour oser dilapider des pages qui discréditent leurs supérieurs.

Elle adorait la façon de parler du gamin, parce qu'elle était simple et claire. Mais peut-être aussi parce qu'elle venait de la rue, et c'est de là que venait la petite touche vulgaire qui la faisait un peu rire. Parce que quand elle avait vu le garçon la première fois, elle n'aurait jamais imaginé l'entendre parler comme ça. Mais d'un autre côté, cette façon de parler est, pour elle, une preuve de liberté, ou du moins, d'un espoir de liberté, donc encore une fois, elle ne dit rien, ne relevant pas la remarque qu'il venait de faire. Même si vouloir qu'Illness soit contente, c'était à peu près l'espoir inaccessible de tous les employés du Cavalier Noir.

Day esquissa donc un petit sourire sans rien n'ajouter et l'écouta ensuite parler de la raison de sa présence ici. C'est vrai que même s'ils travaillent tous les deux dans la rue, c'était totalement différent. Elle n'avait jamais eu à s'embêter avec de l'argent appartenant au journal, et n'allait pas s'en plaindre. Elle n'avait jamais été fan des responsabilités supplémentaires comme celles-ci.

« Et ben ! T'as bien du courage quand même. »

Elle regarda dehors. Ils étaient bien à l'abri dans les locaux du journal, mais dehors, tout était différent. Elle ne parlait pas de la pluie, ça c'était un détail sans importance et passager, mais des forces de Kira qui aimerait tout faire pour mettre la main sur les employés de l'unique journal résistant.

« Sur le scandale qu'a fait un des généraux de la Sphère Divine. D'ailleurs, je doute que Illness apprécie. »

Ça l'étonnait que le vendeur de journaux lui demandent des informations sur le journal. En fait, elle c'était toujours demandé s'il en avait vraiment quelque chose à faire de l’information et des nouvelles que faisaient circuler le journal. Mais comme malgré tout, il faisait son travail, elle s'était dit qu'il devait avoir ses raisons. A l'époque actuelle, chacun à les siennes. Et puis, elle n'avait jamais été proche de lui, donc ils n'avaient jamais eu l'occasion de discuter de ça. Donc pourquoi pas aujourd'hui. De toute façon, la pluie tombait encore dehors et à moins qu'il ait envie de se prendre l'averse, ils étaient coincés dans les locaux pour les prochaines minutes.

« Mais pourquoi t'as décidé de vendre des journaux, de travailler ici ? »

Day sourit. Elle s'attendait à n'importe quelle réponse parce que les employés qui travaillaient pour le Cavalier Noir n'était pas des plus banals, donc les réponses banales étaient souvent inexistante dans ces locaux.