Cinq heures du mat'... [incruste autorisée]

~What the hell?~

Le réveil sonna dans le deux pièces peu luxueux de Kogen Uchigami, situé dans le fin fond de la capitale japonaise pour ne pas dire au milieu de nulle part. Entrouvrant vaguement les yeux, il vit trouble dans un premier temps, quelques secondes maximum. Quelques secondes où son innocence semble rétablie mais qui se casse dès qu'elles passent. Il reprit totalement conscience et fixa un moment le plafond de la pièce. Dans son lit aux draps bleus froissés, il tendit sa main ouverte vers l'autre de côté du lit double mais n'y trouva personne. Le lit est froid. La fille de la veille était partie depuis longtemps, il est à nouveau seul. Quand aura-t-il une relation qui dure plus d'une nuit? Probablement jamais et ce même si la fille s'attache à lui et reste jusqu'à son réveil. Pourquoi? Parce que elle ne ferait que le gêner dans ses missions et cherchera tout les moyens possibles et inimaginables pour s'en séparer. Le lendemain, vers minuit et demi, il aura un nouveau dossier, une nouvelle photo, une nouvelle tête à découper et à cacher dans les bas-fond ou la périphérie de la ville qui sera seul témoin de son crime... Un criminel? Non, il a une cause défendue par plusieurs. Un criminel est épicurien et égoïste. Non, il n'est pas criminel. Un terroriste? Peut-être... Même cet homme serait incapable de vous le dire. Qui est-il? Il utilise tellement de faux noms que il en oublie souvent sa vraie identité.

Durant son âge faible, c'était ''Kogen''.
Durant son âge de fer, c'était ''Panthère''.
Durant son âge de feu, c'était ''One shot''.
Durant son âge de raison, c'était ''Shadow''.
Durant l'âge de la révélation, il n'était plus rien.
Maintenant...durant l'âge sanguin, il n'est que l'ombre d'une cause réelle...il est ''Dark shadow''...

Dark Shadow repoussa les draps vers le côté vide du lit avant de s'asseoir sur le rebord de son côté. Les actes habituels, trouver un caleçon propre après avoir prit une douche rapide, boire un café très serré et manger une tartine grillée tout en s'habillant. Un bout de papier sur la table, preuve du passage d'une présence féminine la nuit dernière traînait à côté de la cafetière: un banal désolé, j'ai trop bu ou une quelconque autre excuse de leur acte nocturne probablement. Le tueur ne prit même pas la peine de le lire et jeta le mot dans la poubelle sous l'évier. Il soupira tout en terminant de s'habiller. Pour l'instant, il n'est qu'un civil au milieu de la masse populaire de Tokyo mais, une fois ''l'heure'' passée, il redeviendra la marionnette aux fils rouges de la rébellion ou plus précisément de Machiavel, son supérieur. La marionnette le sait mais tant qu'elle saura qui tient les fils, il fera tout ce qu'il y aura à faire...

Dans un sac à dos, il mit ses vêtements de guerre, ceux dans lesquels il se sent le mieux. Ses armes sont dans la base de la ''société'' comme il a l'habitude de l'appeler. Il n'en parle jamais ni même en faire allusion. Quand on lui demande où il travaille, il dit qu'il est veilleur de nuit. Quoi de plus banal pour justifier ses matinées brumeuses? Le sac à dos sur son épaule et des vêtements que n'importe quel civil pourrait porter, il sortit du deux pièces en veillant à fermer la porte à clef avant de descendre les quatre étages qui relient son appartement à la terre ferme.

L'air est lourd dans les bas-fonds mais le tueur silencieux en a toujours eu l'habitude. Mettez-le en pleine campagne, il aura l'impression d'étouffer. Le soleil, peu présent en ce début de matinée, n'arrive pas à percer le plafond de nuages gris qui dominent la ville. Dominer...un verbe couramment utilisé par Dark Shadow aussi bien verbalement que dans ses pensées. Il avança dans les ruelles sombres jusqu'à arriver dans l'une des voie veineuses de la capitale. Les piétons abondent déjà dans les rues à cette heure. Pour quelle raison? Va savoir...

~Am I alone finally?~

L'ancien militaire ne fait attention qu'aux visages qui risquent de le reconnaître. Après tout, il a quitté la légalité à partir du moment où son katana avait transpercé la gorge de l'un de ses coéquipiers avant de liquider toute son unité. Quand Kogen commence quelque chose, il le termine et sans laisser la moindre trace, comme on le lui a toujours appris. En fait, on lui a mis toute les cartes en main pour savoir exactement ce qu'il faut faire pour disparaître complètement. Sur ses faux papiers qui ont l'air en ordre, il est Hoshi Namura mais...ce nom ne lui convient pas du tout. En même temps, il n'en avait rien à faire.

C'est quand il était en train de s'immerger complètement dans ses paroles que quelques gouttes effleurèrent le visage du tueur silencieux. Il ne ressent jamais les premières gouttes, il ne se rend compte du temps que quand il pleut vraiment. Une dizaine de personnes dans la foule ouvrirent des parapluies afin de s'en protéger. Heureusement que il n'a pas prit d'arme avec lui, elle aurait sûrement risqué de prendre l'eau et de devenir inutilisable. Cependant, il n'avais pas d'arme à feu et il n'avait donc aucune raison de s'abriter de quoi que ce soit et continua d'avancer comme si il ne pleuvait pas.

Les trottoirs se vident des personnes qui n'ont pas de parapluie pour rester contre les murs qui ont la chance de soutenir un morceau de toit qui dépasse sur la chaussée ou bien sous un porche d'entrée. Lui, non. Il était seul à ne pas avoir peur de la pluie...

Seul pense-t-il?...

Soudain, il vit une personne arrêtée en plein milieu du trottoir. Les personnes l'évitaient et la dépassaient en râlant dessus mais elle ne faisait pas attention.
Premièrement, Kogen laissa son regard glisser sur ses formes avantageuses mis en évidence par ses vêtements mouillés qui lui collaient à la peau. En suite, il fut assez surprit par le fait qu'elle regardait le ciel. Dark Shadow ne prit même pas soin de lever la tête, il savait qu'il ne verrait rien. Et, enfin, il regarda son visage quant ce fut à son tour de s'arrêter.

*Impossible...*

Oui, ce visage, il l'avait déjà vu inconscient et au bord du désespoir. Oui, cette personne, elle l'avait aidée à disparaître elle-aussi. Oui, sa voix, elle l'avait déjà hanté quelque fois. Kogen se rappela que c'était exactement il y a six ans. Ce cri déchirant qui montrait à la fois une haine et une tristesse sans égal, ce hurlement qu'il n'avait jamais compris, jamais il ne l'a oublié. Pourquoi donc? Lui-même ne le sait pas. Peut-être à cause de cette sensibilité qu'il n'a jamais eue ou perdue trop tôt qui émanait d'elle lui avait donné une certaine...nostalgie?

*Elle est donc encore en vie...mais...*

Son regard ne semblait pas vivant, le tueur silencieux a déjà vu une lueur semblable dans le regard...d'un cadavre? Non, il doit sûrement se faire des illusions.
Cela faisait à peine quelques secondes qu'il ne bougeait plus mais il se reprit assez vite. Sans grande conviction, il s'approcha de la jeune femme au nom de code ''Gazelle'' comme il s'en souvint et tenta d'avoir l'air le plus normal possible.

''Mademoiselle. Je doute que se soit pour votre santé que vous vous baladez en tee-shirt un jour de pluie...''

Lui laissant le temps de reprendre ses esprits, Kogen tendit la main vers la femme dont les cheveux étaient maintenant trempés tout en affichant le même sourire qu'il utilise lors des soirées ou il cherche...quelqu'un pour s'occuper la nuit quand il n'est pas en ''service''.

''Puis-je vous inviter à boire un verre après de s'être abrité?''

Le style politesse avait toujours eu son effet sur les femmes mais il lui reste encore à savoir si il pourra entamer une conversation plus sérieuse qu'à l'accoutumée.

~So what?~

D'un air nonchalant et calme, il l'avait invitée à s'abriter puis à s'abreuver afin de mieux faire connaissance. Cependant, la réponse à cette invitation l'aurait quelque peu étonné si il n'avait déjà utilisé cette expression par le passé. Elle avait clairement ignoré la main tendue vers elle avant de répondre en un seul mot qui frustra légèrement son interlocuteur:

''Mouais''

Cette femme lui semblait bien plus polie quand elle se trouvait encore dans l'armée. Il se souvient encore de son cri de désespoir sur le champ de bataille. Elle était la seule survivante de son unité avec un autre homme prénommé Blue dans l'armée américaine. Le temps qu'ils trouvent un abri, Kogen n'eut pas le temps de s'y réfugier quand la jeune femme il posa une question assez inattendue à ses yeux.

''Au fait, je ne sais pas pour toi mais je trouve bizarre ta manière d'appréhender les gens, surtout quand le ''gens'' est dans ses pensées. On dirait presque que tu prends contact avec eux à contre-coeur...C'est possible?''

Bien qu'il n'exprima pas sa surprise, le Uchigami se laissa d'avord s'abriter avant de lui aussi ignorer sa question comme elle avait ignoré sa poignée de main: il s'est juste contenter d'un sourire. Elle avait vu juste mais, cette fois, il avait vraiment envie de lui parler. Peut-être par simple curiosité, peut-être pour avoir des nouvelles... mais, la véritable raison que le Uchigami nie dans sa tête, c'est qu'il voulait juste revoir cette tristesse qui l'avait tant ému le jour où il l'a vue pour la première fois.
Ses cheveux mouillés bien que attachés incommodaient l'ancien militaire mais il fit en sorte que cela ne se voie pas. Les cheveux longs ne sont pas toujours utiles, il faut le savoir. Cependant, il est hors de question qu'il les coupe un jour car, ajoutés au masque d'esprit qu'il met durant ses nuits meurtrières, les cheveux longs ajoutent plus de réalisme à son ''apparition''.
Mettant de côté ses pensées, il se présenta à son interlocutrice en bonne et due forme.

''Je me présente: Sasuke Gonimo. J'espère que vous ne m'en voulez pas de vous avoir sortit de vos pensées.''

Autant ne pas la contrarier tout de suite, c'est la moindre des choses bien que mentir la contrarierait si elle apprenait la vérité. Vu qu'elle a été effacée de la circulation par les soins de Kogen, elle risque de faire partie des chiens de Kira si elle s'est déjà faite attrapée par ceux-ci. C'est comme le jeu de l'épervier: quand on t'attrape, on est contraint de se joindre à eux...

~Un café s'il vous plaît!~

Avant d'affirmer qu'elle n'était pas du tout dérangée d'avoir été sortie de ses pensées, le tueur silencieux entendis un murmure, comme un commentaire pensé trop fort pour être contenu. Apparemment, elle n'a pas trop apprécié qu'il parle franchement de mes motivations à parler aux personnes que j'aborde dans la rue. En vérité, à tout les coups, c'est différent. Il lui arrive de parler aux gens comme ça, sans raison. Ces ''gens'' doivent probablement le prendre actuellement pour un fou philosophe ou un brave type qui essaie de se débrouiller contre ses orages (inventés) de sa vie. Pour d'autres fois, c'est afin de pouvoir attirer une présence féminine dans son appartement mais toute ses tentatives se sont soldées par le même scénario que ce matin, c'est à dire un mot sur la table et des draps froids. Il faut dire que c'est un tombeur ce Uchigami mais il est encore trop fragile pour avoir une relation qui dure plus d'un jour. Mais, pour l'instant, ces scénarios bien que répétitifs, lui conviennent. Pas besoin de pleurer une personne que l'on a pas très bien connu. Pas besoin de pleurer pour une femme qui a soit essayé de le berner pour oublier quelque chose dont il s'en moquerait, soit pour s'accorder ''un peu de plaisir'' sur son dos. Tout allait bien comme cela et c'était tout.

La vie de la femme qui se tenait maintenant en face d'elle, pour une raison qui lui ai partiellement inconnue, l'intéressait. Bien que ce soit lui qui ai contribué à sa disparition officielle, il voulait savoir comment elle et le militaire qui l'accompagnait s'en sont sortit. Du moins, Kogen se douta qu'ils n'ont pas l'air d'avoir de problèmes financiers vu que son interlocutrice vient de parler d'une télévision.
Puis, tout à coup, il entendis de lourds battants se soulever. Kogen s'étonna qu'un café ouvrait aussi tôt. Peut-être est-ce pour les ouvriers qui partent tôt sur les chantiers, il l'ignorait.
Elle se présenta: Sarah. L'ombre sombre eu assez difficile à contenir son sourire moqueur mais il le ravala de justesse. Il avait parfaitement en tête le dossier de cette femme: Manon Solaris dite Gazelle, moyennement gradée de l'armée américaine et, avant son apparition dans l'armée, aucune traces d'elle. Un personnage assez curieux en toute somme.
Mais revenons à nos moutons. Il la scruta le temps qu'elle réponde avant qu'il ne lui montre du doigt le café tout juste ouvert, la pluie s'étant calmée.

''Ce café me semble être un endroit bien plus commode pour parler, je me trompe?''

Autant rester correct en présence d'une femme, comme il l'a toujours fait. Une fois à l'intérieur du café, deux tables étaient déjà prises bien que le Uchigami n'aie vu personne entrer. Ils s'installèrent eux aussi à une table quand le serveur leur demanda ce qu'ils voulaient boire.

''Un café noir serré s'il vous plaît.''

C'était son ancienne habitude du matin mais il n'y pensa pas. Quand lui aussi était dans l'armée, il prenait toujours son café serré avec ses collègues qui se consentaient d'un café au lait. Ces collègues ont tous péris sous sa lame sans qu'il n'aie eu le moindre remord. On pourrait le considérer comme un psychopathe mais il ne l'est que la nuit. Peut-être est-ce la lune ou l'action des étoiles sur son organisme...enfin, questions excuses dans l'esprit de Kogen, ce n'est pas le top.

~Fail...~

Alors que le barman qui s'était déplacé jusqu'ici a froidement été interrogé sur sa manière de servir le whisky (bien qu'il ne s'agissait que de la température), Kogen fut tout de même surpris par la présence et le culot de cette femme qui se tenait juste devant lui. Elle n'a pas peur de dire ce qu'elle veut. L'ancien militaire la regarda de manière plus observatrice: ces cheveux ont poussés depuis sa disparition des dossiers américains, elle conserve la même chaîne qui tenaient ses plaques de l'armée mais le pendentif actuel disparaît derrière son tee-shirt, au niveau du torse. Il se demanda si elle gardait toujours cette plaque au nom de Gazelle.

Avant même que le Uchigami eut le temps de lui poser la moindre question, la Gazelle lui fit remarquer qu'il ne s’appelait pas Sasuke. Remarque perspicace mais qui ne suffit pas à décontenancer l'ancien membre des services spéciaux. Dans cette ville, presque personne ne va donner son vrai nom ou, du moins, uniquement son prénom. Elle s'était appuyée sur ses poignets de telle façon que sa poitrine soit cachée de son regard. Non pas qu'il portais une quelconque attention en cela mais il s'avoua que la jeune femme était assez bien gâtée par mère nature. D'un petit sourire, il lui répondit pour faire tourner le vent de la conversation:

''Je vois que vous êtes observatrice...Gazelle.''

Voilà, c'était partit. L'étincelle venait de se manifester, reste à voir la quantité de bois sec présent. C'est à ce moment que le barman arriva à leur niveau pour leur servir leurs commandes. Un petit ''merci'' poli vers ce dernier et il partit aussitôt que la demoiselle repris la parole. J'attendis qu'elle finisse pour la rassurer;

''Mais ne vous inquiétez pas, votre secret est bien gardé. Nous sommes dans le même bateau après tout. Cependant, bien que je connaisse parfaitement toute les données qui ont été effacées de nos mémoires, je pourrais vous dénoncer sans trop de problèmes...''

Il prit sa tasse de café et commença à en boire son contenu tout en jetant un oeil à la réaction de l'Américaine.

~Run Gazelle...run...~

Comme on pourrait s'y attendre, l'américaine ne répondit pas à la question de l'Ombre. Elle se contentait de regarder dans sa direction. Il guettait la moindre de ses réaction en buvant son café encore brûlant. Il ne se brûle jamais le palais comme ça, non (un chanceux, vous pouvez le dire). La réaction l'amusait presque. Mettre mal à l'aise les gens quand il ne s'agit pas d'une de ses aventures d'une nuit, c'est une de ses spécialités. Deux yeux écarquillés, une légère haine dans le regard. Du dégoût, peut-être? C'est probable. La main droite crispée sur la table, elle ne touche même pas à sa boisson qu'elle avait tellement voulu chaud au point de s'en prendre au barman du café.
Il attendait vraiment qu'elle réponde un moment ou l'autre mais pas tout à fait de la façon qu'elle choisit: d'un geste rapide et ferme, elle avait retourné la table vers lui. Table qu'il avait facilement évité d'un saut agile sur sa droite. Elle fuit donc. Pour une personne sensée être un fantôme, ça pourrait paraître logique de chercher à disparaître le plus rapidement possible.
C'est ainsi que sous les yeux étonnés des peu nombreux clients du bar à cette heure, l'ancien chef de l'unité spéciale se mit à sa poursuite. Elle l'amusait bien cette petite, pourquoi ne pas faire une causette plus sérieuse que celles dont il avait l'habitude avec les individus de la gente féminine?

Très rapidement, il se rendit compte que les restes de l'armée de la jeune femme seraient suffisants pour le semer si elle ne s'arrête pas...et qu'il court de la même manière. C'est ainsi que au détour d'une ruelle, il vit une échelle de secours menant au toit. Il y grimpa aussi agilement qu'un écureuil avant de suivre la jeune femme en sautant de toit en toit. Rien de plus facile de suivre quelqu'un en ligne droite quand elle s'amuse à zigzaguer entre les murs...
Puis, elle finit par s'arrêter juste au coin d'une ruelle...déserte. Il faut croire qu'elle cherche l'isolement pour se sentir en sécurité. Si elle était un peu plus maline, elle saurait qu'il est plus dur de suivre quelqu'un au milieu de la foule. Mais bon, ce n'était pas le problème du Uchigami.
Il descendit du toit silencieusement le long d'une gouttière dans la rue opposée à celle que la jeune femme surveillait et avança ensuite à pas de loup vers elle. Une fois à deux mètres d'elle, il couru pour se poster devant elle et la plaquer au mur pour qu'elle ne prenne pas à nouveau la poudre d'escampette.

'' Je vous avais pourtant précisé que nous sommes dans le même bateau! Les américains sont-ils toujours aussi têtus? Dorénavant, je vous demanderais de m'écouter avant de vous imaginez tout et n'importe quoi.''

Il lui laissa quelques secondes le temps qu'elle se calme de la peur qui a sûrement du la saisir quand il a apparu devant elle. Il soupira avant de plonger ses yeux sombres dans ceux de l'américaine. Si elle y fait attention, elle pourra y voir de la sincérité s'y refléter.

''Alors, je vais m'écarter et vous n'allez pas vous enfuir sans avoir entendu ce que j'ai à vous proposer, d'accord?''

~What a cute kitty...~

En effet, la négociation ne semble pas être le meilleur levier pour converser avec l'américaine. L'ombre pensa à la prochaine mission qu'il allait effectuer le soir même, ce serait tout de même dommage de se blesser maintenant. Il sentit la froideur du canon d'un revolver sur sa pomme d’Adam à l'instant même ou il avait finit sa dernière phrase. Elle voulait des réponses avant qu'il ne les lui donne naturellement. Cette situation est tellement hilarante qu'il en ricanerait volontiers si il n'y avait pas cette histoire de fusil.

''Les toutous de Kira, j'en ai rien à faire tout comme ceux de la rébellion. Je suppose que t'es dans l'un des deux camps. J'veux des réponses et des nettes! Pour commencer, dans quelle cours tu joues gamin?''

Gamin?
En effet, elle ne le connaissait pas le moins du monde, il aurait du penser à ça premièrement. Elle veut jouer, elle va jouer, l'ancien militaire adore cela et ce au grand dam de la donzelle. La rapidité aussi, c'est son domaine et il ne vas pas se gêner pour y recourir. De sa vitesse des nuits de meurtres, il saisit le poignet armé avant de se placer derrière elle, tordant le poignet dans son dos. Il profita de la surprise pour attraper l'autre poignet et de les rejoindre tout les deux dans son dos. Oui, elle n'était pas aussi rapide qu'elle en avait l'air.

''Je comptais vous les donner les réponses, il n'y avait pas besoin d'utiliser les armes à feu qui sont normalement interdites dans le territoire sauf erreur. Je suis dans la résistance et je suis aussi celui grâce à qui personne ne recherche une déserteuse américaine en territoire japonnais. Ne devriez-vous pas m'être reconnaissante?...''

Il saisit les deux poignets d'une de ses mains avant d'utiliser celle de libre pour tenir la fine chaîne argenté dont le pendentif restait caché sous le haut de la demoiselle. Il tira la chaîne vers le haut et une petite plaque en métal gris suivit. Sur cette plaque qu'il brandissait devant le nez de la jeune femme, un mot semblait être gravé plus profondément que tout le reste:

''...Gazelle.''

Il espérait qu'elle serrai pour cette fois compréhensive et qu'elle arrête de menacer à tout bout de champs car cela commençait à agacer fortement l'Ombre de Machiavel.

~Kat, I'm a kitty cat...~

C'est que la jeune femme sait se débattre. Au lieu de la calmer, il n'a fait que empiré l'état de violence de la Gazelle. Manque de chance pour la renégat, la patience de l'ombre a dépassé ses limites. Il la retient fermement, presque à lui broyer les poignets. Pour être sur qu'elle ne s’enfuit pas définitivement, il la poussa de trois mètres en avant pour la bloquer contre un mur. Le mot ''Gazelle'' n'était peut-être pas le plus approprié pour un nom de guerre.

Il avait bien sûr lâché le collier qu'il tenait entre les doigts il y a quelques secondes mais à déjà recherché sa plaque qui se trouvait dans le fin fond de l'une de ses poches. Peut-être que cet unique point commun la calmera quelque peu.

Puis, une étrange pensée lui vint en tête. Pourquoi donc l'a-t-il suivie? Dans quel but? La réponse vint d'elle même, il n'en savait rien du tout...quoique, dans le fond, il le sait bien qu'il renie cette raison. Il est vrai qu'il n'a plus personne pour se confier à quelqu'un qui sait ce que c'est que de tuer, de se battre jusqu'à perte de conscience...qui sait survivre par son instinct.
Il ne fit même pas attention dans la violence de cette jeune femme qui est probablement la seule de ce pays à pouvoir le comprendre. Il ne fit pas attention quand il posa ses lèvres sur le cou chaud et dont les cheveux sont restés collés dessus à cause de la sueur de la course et de la pluie sous laquelle elle était restée quelques minutes plus tôt.
Il fini finalement par sortir de sa poche une plaquette métallique et un sourire s'esquissa sur son visage.
Il lâcha les poignets de la jeune femme, lui saisit les épaules et la fit tourner vers lui, lui montrant la preuve de son passé plus au moins glorieux et sanglant.

''Je suis Shadow pour l'armée japonaise, décédé il y a trois ans, un an après vous et Blue, la recrue qui a insisté pour que je vous fasse disparaître de la circulation. Je suis un allié! Je ne compte pas vous rendre la vie impossible ni même quoi que ce soit. Je voulais juste vous dire que j'existe, que vous n'êtes pas seule et que je ne le suis plus, d'accord?''

Sur ce, il déposa la plaquette dans le creux de la main de la Gazelle avant de se reculer de deux pas. Cette proximité lui a été quelque peu agréable mais peut-être pas pour la jeune femme. Il n'avait plus que cette expression neutre qui revenait à chaque fois qu'il attendait une réponse de qui que ce soit.

~Alone...again...~

Elle avait arrêté de bouger et considéra le renégat quelques temps qui ne put s'empêcher d'admirer les formes inchangées de la jeune femme. Une vaillante guerrière qui se trouvait face à un dilemme pour le moins peu habituel. Accepter un allié ou rester seule. Les avantages et les inconvénients de chacun des deux choix sont sur les plateaux de la balance... Cette image, bien qu'elle pourrait amuser, ne changea en rien le visage neutre de l'ancien militaire.
Il remarqua qu'il observait depuis un moment la poitrine de la Gazelle et détourna les yeux brutalement pour regarder si jamais un policier venait à passer dans les parages. Sait-on jamais...
Dans la tête de Kogen, tout s'en retrouvait bousculé. Peut-être même plus que dans celle de la jeune femme. Qu'avait-il fait? Pourquoi donc l'avait-il suivie? Il n'arrivait même pas à se donner une raison à ses propres actes.

C'est quand un petit objet métallique revint vers lui et qu'il l'attrapa de sa main droite qu'il reprit ses esprit et son sang froid par la même occasion. Elle lui avait rendu sa plaque, son gage d'amitié n'était donc pas accepté, pas dans cette réalité en tout cas.

Elle lui tourna le dos et l'invita à la nommer Sarah et à ne l'appeler que si on avait besoin d'elle pour un ''raid'' rémunéré. Manque de chance, les raids, il ne les fait que en solitaire. Et le prochain sera cette nuit...
Il regarda la Gazelle s'en aller, dos à lui, quand une évidence vint à lui.

Il ne la reverra peut-être jamais...

Il revint vers elle, d'un pas décidé. Il lui tapota l'épaule. Quitte à avoir besoin de recruter, autant demander son numéro. Quand il remarqua les quelques larmes qui coulaient sur le visage calme de la jeune femme, son éternel masque d'indifférence se fissura. Un léger étonnement mélangé à de la tristesse pouvait se lire sur son visage. Pourquoi donc pleurait-elle?

''Êtes-vous certaine de vos décisions?''

~Already over?...~

La jeune femme ignorait ses propres larmes et se contenta de continuer tout droit, sans se retourner. Il ignorait pourquoi mais il avait à nouveau envie de la suivre, n'importe où. Elle est agréable à regarder bien que elle ne soit délicate ni dans ses gestes, ni dans ses mots. Il faut dire aussi que la délicatesse est de mise chez toute les femmes que le tueur à déjà eu l'occasion de croiser dans sa vie. Cependant, pas une ne l'obsédait autant que cette dernière qui se tenait devant lui à l'instant.

Mais voilà déjà qu'elle lui tournait le dos, impassible ou presque à ses charmes. L'ironie reste là, il n'y a que les personnes intéressantes qui lui tournent le dos impunément. Cependant, tel un enfant gâté, il se devait d'attirer son attention, de la garder près de lui.
L'homme de guerre le résonna tout de suite, il n'a pas le temps pour des histoires aussi peu importantes...

La question étant: est-ce important?

L'ombre se dit qu'il se devait de réfléchir à cela à tête reposée, plus tard dans la semaine, notamment après son prochain ''travail'' qui aura lieu cette nuit même.
Il tourna les talons également et partit dans la direction opposée à celle prise par la jeune femme, s'enfonça dans les zones d'ombres les plus proches.

Un badaud assit contre le mur entre deux poubelles le fixait depuis un moment, il aurait juré l'avoir vu disparaître au contact de l'obscurité.