Solitude, solitude... [libre]

Il est rare de penser que l'on peut s'ennuyer avec cinq ordinateurs à disposition, une vie d'étudiante presque parfaite et une énigme qui porte le nom de ''Kira'' qui hante le cerveau. Et bien ça y est, je m'ennuie. Je piétine sur ma petite enquête, je suis de toute manière à l'avance sur la matière à l'école et je n'ai rien d'autre à faire à part prendre des notes sur les victimes de ce cher Dieu. Enfin, victimes et agresseurs... Enfin bref, je ne vais pas me faire un débat toute seule là-dessus. Je dois me changer les idées si je ne veux pas devenir complètement dingue.

Prendre l'air...prendre l'air... Je n'ai pas envie de traîner n'importe où non plus. Le parc où j'avais été la dernière fois peut-être...non, il fait humide dehors, je n'ai pas envie de revenir avec mes baskets pleines de boue. Maintenant que j'y pense, je n'ai bientôt plus de quoi alimenter mes batteries d'ordinateur. Non pas que je ne veux utiliser les prises à ma disposition mais, sachant que je dois prendre un minimum de risques, j'ai trouvé une précaution qui ne s'avère pas superflue... Je m'explique;

Un ordinateur, ça consomme énormément d'énergie. Mais pour cinq ordinateurs en plus des cinq routeurs différents car connectés à des serveurs tous différents, la facture risque d'exploser. Non, je suis loin de ne pas avoir l'argent requis pour payer le tout mais quand on pense à un appartement dont la seule personne qui y habite est âgée de 16 ans (mais bientôt 17, j'y tiens) et que elle utilise autant d'énergie que cela...Les soupçons ,qui pourraient aller de ''elle réfugie sûrement un criminel ou un rebelle recherché'' ou bien ''elle prépare sûrement quelque chose de pas légal'', risquent de peser assez lourd sur mes épaules. Je ne suis pas solide comme un roc malgré que j'aimerais le montrer mais, même si le mensonge est facile avec moi, je ne peux que masquer les dires et mes pensées et non mes sentiments et ma manière de voir les choses. Enfin bref, tout ça pour vous dire que j'utilise des batteries assez puissantes qui demandent à être remplacées tout les mois...par ordinateur. Je sais, ça peut paraître peu pratique mais quand on regarde ce que ça me coûte en fin de compte, ça me revient à moins cher que si j'avais branché tout les ordinateurs. Donc, aujourd'hui, je dois remplacer la batterie de l'ordinateur ''AMERIQUE''.

Je prends mon sac à dos préféré et c'est là que je remarque que je suis encore en peignoir. Bravo...bravo...
Je me précipite vers ma chambre pour en sortir en vitesse un jeans sur lequel une chaîne en fer fait contraste avec le noir du pantalon ainsi que un tee-shirt rouge sur lequel il fait écrit ''Ce que les autres te reprochent, cultive-le, c'est toi!'' en noir. Je termine par mettre une chaîne autour du cou et des petites étoiles argentées en boucle d'oreilles avant de saisir ma veste en cuir noire (aussi) et mon MP3 avec mon casque.

La musique dans les oreilles, le soleil commençant à faire défaut, je parcours la ville à la recherche d'un magasin d'informatique. La musique qui passe est celle des ''Three days grace''... Je ne reviens plus sur le titre...



Je me souviens. C'est ''I Hate Everything About You''. Une belle chanson, très belle... Bon, je dois me ressaisir et voir si je peu trouver le magasin que je cherche et...peut-être ici, tiens! J'entre dans ce qui ressemble à une échoppe de gadgets électroniques et me dirige vers le comptoir. L'homme qui se tient derrière semble me regarder bizarrement.

-Bonjour. Auriez-vous des batteries ''Equilium L40''?
-Euh...oui, j'crois. Vous permettez deu'scondes?
-Bien sûr.

L'homme en question se gratta la barbe qui semble ne pas avoir rasé depuis au moins une semaine puis se dirigea vers une pile de cartons dont les produits qu'elles contiennent ne sont même pas encore déballés. Il lu les étiquettes de quelques unes et tira sur l'une d'elle.

-Combien?
-Trois, ça suffira.

Il enleva le papier adhésif et pris trois paquets blanc qu'il posa sur le comptoir. Il me dit le prix qui me sembla raisonnable et je lui règle la note avant qu'il ne me tende mes batteries et de sortir.
Une fois dehors, je remarque que je n'ai toujours pas pris de petit déjeuné. Il n'est que 10heures du matin, logique. Je repère sur le côté un petit café qui m'a l'air bien sympathique. Je m'installe sur la terrasse en attendant qu'un garçon vienne me tendre une carte et que je choisisse un café serré et un pain au chocolat...si il y en a...

Je parcours la carte à la recherche d'une quelconque formule dite moins chère et plus avantageuse pour les client se trouvant dans des conditions modestes alors que la plupart du temps il s'agit tout simplement d'une recette dont l'exportation est moins chère et le restaurant peut donc se premettre le luxe de mettre le tout un petit peu moins cher...capitalisme, un système très dangereux mais qui semble être imprimé dans la mémoire de tous. C'en est presque navrant à vrai dire. Depuis des millions d'années, l'homme a eu le temps d'expérimenter des tonnes de systèmes différents et cette espèce de ''sélection naturelle'' a fait que les individus les plus adaptés à cette planéte pour choisir en fin de compte celui qui cause le plus d'inégalités...non pas que je sois contre le système, il a aussi ses avantages...

Dire que j'étais en train de parler de pain au chocolat et voilà que je me fais un auto-débat sur le système économique mondial...je ne suis pas en pleine forme ses temps-ci. Peut-être que je devrais en reparler à la correspondance scientifique en Amérique...ou celle de Londres, ils sont efficaces eux-aussi. Bon, ce n'est pas le plus important de toute façon, j'ai tout mon temps...ou pas. Il faut quand même que je branche les batteries sur les ordinateurs qui travaillent quand même vingt cinq heures sur vingt quatre tellement je demande des recherches approfondies. Dommage qu'ils ne font pas des ordinateurs aussi rapides parce que je gagnerais du temps précieux...au moins trois jours par semaine et encore, c'est un minimum.

Un bruit de chaise qui grince juste à côté de moi me fit relever la tête de la carte. Une jeune femme aux cheveux rouges s'assit à côté de moi en m'adressant un sourire amical. Elle doit sûrement faire une erreur, je ne la connais pas du tout et je retiens toujours les noms et les visages des personnes que je croise. Quand on a un cerveau scientifiquement modifié, je peux me permettre le luxe de l'utiliser le plus souvent possible. Il faut dire aussi qu'il n'y a plus beaucoup de place sur la terasse mais il reste encore quelque tables libres. Peut-être fait-elle partie de ces personnes qui ne supportent pas d'être seules. J'ai oublié le terme exact...mémoire scientifique...mouais, mouais...ou pas plutôt. Note à moi-même, surveiller mes propos avant de vanter aussi bien mentalement que oralement l'atout qu'est l'expérience dont j'ai été la premier cobaye. Bon, quitte à avoir de la compagnie, autant ne pas se gêner pour poser quelques petites questions...pourquoi pas?

-Puis-je vous aider?

-Vous savez, la politesse peut parfois être sincère et résultat d'une bonne éducation. Il ne faut pas voir partout appels à l'aide ou intérêt quelconque.

Ah, ouais...d'accord. On dirait que je suis tombe sur le genre de personne qui a pas mal de problèmes ou beaucoup de pensées noires et qui en ont marre d'avoir toujours à entendre des ''ça va?'' ou bien des ''tu veux que je t'aides?''. Elle doit être une civile comme moi; personne trop occupée par autre chose que le phénomène. On va dire que c'est fait... Tiens, je vais voir comment ils sont leurs pains au raisin. C'est bien moins gras que du chocolat et bien meilleur pour la santé. Tant pis si leur menu version breakfast probablement importé de France ou d'une quelconque autre industrie peu coûteuse à l'établissement ne propose pas d'offre avec cela. Ce n'est pas l'argent qui manque.

Maintenant que j'y pense, je vais devoir faire attention à mon sac. C'est vrai eu ce n'est pas très normal et même suspect pour une lycéenne de se balader comme ça avec cinq batteries avec plus de 450 heures d'autonomie, surtout que ça coûte la peau du...je veux dire plutôt la prunelle des yeux.

-Vous avez choisit?

Sous le coup de la surprise au milieu de mes réflexions, j'ai légèrement sursauté. Je dis bien légèrement parce que le garçon de café ne semble pas l'avoir remarqué. Rapidement, je lui demande un pain au raisins et un chocolat chaud avant de le ''gratifier'' d'un sourire qui se voulait sincère mais qui, à mon avis, devait être bien crispé vu la tête qu'il me fit. Une fois qu'il sortit de mon champ de vision, je pousse un soupir avant de répondre à celle qui c'est assise à côté de moi sans raison apparente.

-Ah...désolée, je vous ai prise pour la personne que je devais revoir ici mais, apparemment, elle a décidé de ne pas venir. C'est bien dommage d'ailleurs.

Je sais, je vais devoir expliquer pourquoi dire bonjour à une amie en disant ''puis-je vous aider?''...voyons...une idée, une idée. Pourquoi il faut toujours se justifier maintenant que j'y pense? C'est étrange, on finit toujours par être sur la défensive...ce qui est souvent mon cas. Je n'ai jamais vraiment dominé une conversation jusqu'à maintenant, j'en étais toujours une actrice mais secondaire uniquement...Il faut dire aussi que chacun à sa personnalité et que les critères qui peuvent en ressortir si on établissait une fiche sur chaque individu feraient rapidement rendre compte que dans aucun cas deux personnes auraient les mêmes résultats...

Je me suis encore perdue dans les propres raisonnements...

D'accord, j'ai mal agit sur ce coup-ci...oui, bon, j'ai très mal agit. Voilà que j'allais avoir quelqu'un à qui parler et voilà que tout ce que j'arrive à faire, c'est de la faire partir. Ce n'est vraiment pas mon jour de chance. D'autant plus que, pour cette fois, j'ai eu du mal à mentir. Peut-être parce que je ne m'attendais pas à cette rencontre. Je ne sais pas trop en fait ce que je suis censée faire là, maintenant. La retenir et engager la discussion, ce qui lui paraîtrait sûrement bizarre? La laisser partir et peut-être passer à côté d'un témoignage important dans mes recherches. Ah! Bon sang! Dire que j'arrive à mettre mon mental à l'épreuve rien que pour quelque chose d'aussi ...banal. Non, ce mot n'est pas adapté à la situation vu que ce n'est pas tout les jours que ça m'arrive.

Bon, avoir l'air naturelle, ça ne doit pas être si compliqué que ça pour une lycéenne sur une terrasse d'un café à cette heure matinale...si?

-Heu...attendez...je...c'est vrai, j'ai lancé un mensonge pour justifier ma première phrase, assez stupide je l'avoue. C'est que je n'ai pas trop envie de rester seule. Si je vous offre un café ou un whisky, vous voudriez bien me tenir compagnie?

Mon dieu...je vais avoir l'air d'une désespérée dépressive. Bon, tant pis, ce qui est dit est dit de toute façon. J'aurais du mal à faire une seconde concession de cette façon, ça risque de la faire fuir à toute jambes. Il faut dire aussi que ce ne serait pas entièrement de ma faute. Un peu de compagnie fera de mal ni à elle, ni à moi que que sache. Et puis, qu'est-ce que cela lui coûterait si je lui offre une boisson à cette heure. Elle n'a peut-être même pas déjeuné tout comme moi. J'espère tout de même qu'elle ne verra pas ce sac plastique que je tente, le plus discrètement possible, de cacher sous ma chaise en le poussant de la botte droite, c'est à dire celle du côté de cette chère inconnue. Faites que ça ne fasse pas de bruit...faites que ça ne fasse pas de bruit...

Laissant largement le temps à la femme rousse de répondre, le garçon de café déposa devant moi ma commande. Le chocolat chaud laissait une agréable odeur se déposer sur le bord de mes lèvres ce qui me donna le plus grand mal pour reprendre rapidement ma concentration qui me servit à demander au garçon de rester encore un instant à sa place. Je tourne ensuite la tête vers l'inconnue aux cheveux roux en laissant un sourire discret s'échapper.

-Alors, vous prendrez quoi?

[sincèrement désolée du retard et de cette réponse courte ><]

Du bout des lèvres, j'entendis ''un café'' et le bruit caractéristique de la chaise qui grince très subtilement quand on s'y assied. Je ne pus m'empêcher de sourire très légèrement mais je le rangeais en vitesse en voyant celui de la jeune femme. J'ai encore fait une bourde? Comment lui expliquer que des gens connaissent mon visage et me demande des services de manière assez directe. Quand je dis services, je parle d'ordinateur. Je ne suis ni pour Kira, ni contre lui mais rien ne m'empêcher d'agir pour autrui et le tout gratuitement ou bien, comme cette société est tellement habituée à avoir un prix pour toute chose, ils me proposent une récompense avant même que je ne leur dise que je peux le faire sans cela. Mais bon, pourquoi refuser? Alors, par habitude, c'est une phrase que je pourrais dire comme ça à un client.

-Tu ne dois pas savoir ce que tu veux, pour faire fuir les gens avant de les rappeler.

Moi? Ne pas savoir ce que je veux? Elle est bien bonne celle-là! Mais bon, comme elle ne sait pas qui je suis, elle ne peut tout simplement pas comprendre que je sais parfaitement ce que je veux. Ce n'est pas elle qui sait qui a eu une enfance prématurée avec des électrodes sur la tête toute les nuit de ces trois mois à ces quinze ans. Enfin bref, je commence à m'emballer, ce n'est pas mon genre pourtant. Je tourne à nouveau mon attention vers la rousse dont je ne connais toujours pas le nom et sourit;

-J'avoue...

Je me demande si elle ne verra pas mes batteries dans le sac en plastique. Bah, tant que la conversation n'est pas trop comment dire...espacée au niveau des répliques, on ne devrait pas trop y faire attention.

-Et avant toute chose, moi, c'est Heyden et évite de me vouvoyer - j'suis pas assez vieille ni bourge pour ça.

Curieux passage du vouvoiement au tutoiement. Donc, Heyden. Intéressant comme nom. Je suppose que c'est d'origine européenne...

-Kuroï, enchantée.

Bon maintenant, trouver un sujet de conversation valable et intéressant. Pas le style habituel ''vous faites quoi dans la vie'' ou bien ''depuis combien de temps vous êtes au Japon'' ...en plus, si elle est née ici, je risque déjà de m'attirer ses foudres...

-Au fait, pourquoi venir à cette table? Je vois bien qu'il n'y en a plus d'autre libre mais vous ne pouvez imaginer le nombre de gens qui sont bien plus aimable que moi.