*BIP BIP BIP BIP BIP!*
Déjà six heures? Oh ma poisse! Je me lève rapidement de mon matelas (ben oui, je n'ai pas de sommier. C'est la crise vous savez!) et tape le plat de ma main au dessus du réveil. C'est que ça sonne fort ces engins-là mine de rien. J'observe la pièce qui me sert actuellement de chambre comme tout les matins. Le matelas, un miroir, une table de nuit avec un réveil et une pille de linge dans un coin. C'est tout ce qu'il y a dans ma piaule. Je sais, c'est pas grand chose mais je compte bien aménager un petit peu tout ça mais...pas maintenant, j'ai pas envie.
Je file vers la douche et (petite ellipse de dix minutes) je m'habille en prenant les premiers vêtements de mes pilles; un jeans kaki troué et un tee-shirt noir uni. En regardant par la fenêtre dont le volet, bloqué depuis belle lurette, masque la moitié de la lumière du jour. Déjà que la fenêtre est petite, vous avez compris que je n'habite pas dans un quatre étoiles.
Je sors de ma chambre pour entrer dans la ''salle à manger-cuisine-salon-chambre d'ami-garage'' (tout en un comme les produits du lave-linge) et prend un déjeuner rapide. Dans ''breakfast'', il faut savoir qu'il y a ''fast'': c'est ce que Rubis me disait à l'armée quand je mangeais tout lentement à son goût. Il faut croire que c'est une habitude qui est restée. Donc, j'engouffre une barre énergétique chocolatée avant de jeter un
regard à mon gros bébé. Ah, ma petite Harley, mon plus fidèle compagnon. Enfin bref, je ferais bien un petit tour là, maintenant.
J'ouvre la porte vitrée que j'ai recouverte de journaux pour mon intimité et fais sortir ma Harley après avoir pris un sac avec de l'argent, mon téléphone portable, une carte de 4Gb et mon fusil (même si je sais que ce n'est pas autorisé au Japon mais, je n'en ai rien à faire puis-ce que je suis normalement une militaire américaine disparue depuis au moins cinq ans). Un casque noir sur la tête et une veste en cuir noire aussi sur le dos, je démarre sur les chapeaux de roue et file au travers des bas-fonds de Tokyo. Sur la route, je ne peux m'empêcher de marmonner la seule chanson que je connaisse...enfin je crois.
''Now and then I think of when we were together
Like when you said you felt so happy you could die
Told myself that you were right for me
But felt so lonely in your company
But that was love and it's an ache I still remember
...''
Cela fait maintenant plusieurs heures que je suis sur ma moto que je vois un petit parc à l'allure bien sympathique. Je gare mon gros bébé juste près de l'entrée et mets mon casque dans le petit coffre avant d'y entrer. L'air est doux voir frais, ça fait du bien. J'ai comme une sensation de déjà vu. Peut-être que Blue m'y avait emmené une fois, je ne sais plus trop quand mais je suis certaine que j'y suis déjà venue. Les gens passent; couples se regardant tendrement ou enfants qui jouent au chasseur et au loup, c'est assez varié. Puis, il y a une chose étrange qui apparut. Enfin, je dis étrange mais le fait qu'il y a une militaire normalement décédée dans le parc n'est pas moins étrange mais vous m'avez sûrement compris.
D'abord, elle avait une robe blanche comme celles des mariées mais son attitude n'y ferait même pas penser. Disons que, on dirait qu'elle a perdu quelque chose...quelque chose de très important pour elle. Elle a ce regard plissé et vide comme celui de la dépressive dans le miroir le lendemain de la mort de Rubis et je sais de quoi je parle. On dirait une ombre, un esprit,...non, je peux être plus précise.
Tout en réfléchissant et en veillant à ne pas la fixer, je m'assieds sur le banc libre le plus proche...un serpent! C'est ça, les mêmes que ceux de ma mission au Nevada. Je me remis à marmonner avec un air naturel ma chanson de tout à l'heure. Je précise en disant ''marmonner'' parce que, si je chantais, ce serait dommage de gâcher une aussi belle journée...
''But you didn't have to cut me off
Make out like it never happened
And that we were nothing
And I don't even need your love
But you treat me like a stranger
And that feels so rough...''