Death Note RPG : une nouvelle ère
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Pitié et allégeance à toi, Kira ! La foule s'inclina en silence, respectueusement devant cette idole masquée et inconnue.
 
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 [Event n°3] Les enlevées

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L'Araignée/PNJ

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MessageSujet: [Event n°3] Les enlevées   [Event n°3] Les enlevées EmptyLun 26 Mai - 22:04


A candy-colored clown they call the sandman
Tiptoes to my room every night
Just to sprinkle stardust and to whisper
'Go to sleep, everything is alright'


La vieille chaîne hi-fi crachotait. "In Dreams" enveloppait l'appartement.

C'était un petit deux pièces vieillot, mais confortable. Les anciens propriétaires étaient des vieillards partis en maison de retraite. Ils avaient laissé un papier peint à fleurs bleues, des plafonniers défraîchis et quelques bibelots dont même eux ne voulaient plus. De petites geishas en porcelaine flirtaient avec des samouraïs en bronze. Le nouvel habitant avait racheté ces quelques mètres carrés à prix d'or. Ça avait choqué les petits vieux, mais en vérité, ce n'était pas si surprenant : en soixante ans, les prix avaient flambé.

Finalement, tout le monde était content. Le couple pouvait maintenant connaître une fin de vie heureuse dans une luxueuse résidence en bord de mer. Et l'homme en noir avait trouvé une cachette idéale pour ses invitées.

Elles étaient gentiment assises dans le canapé, bâillonnées et ligotées avec art. L'homme connaissait son métier. On ne pouvait pas dire qu'il avait été engagé par hasard pour accomplir cette besogne. Machiavel mesurait pleinement l'ampleur de son plan. Il avait sélectionné avec soin celui qui le mettrait en oeuvre.

Cet homme en noir se faisait appeler Czar.

Mais ça, peu de gens le savaient, et certainement pas la clique du clown qui dirigeait ce pays. A cette heure, ils devaient être en train de fouiller les hangars et les entrepôts abandonnés de la périphérie. Qui songerait à perquisitionner un immeuble exclusivement habité par des retraités ? Et s'ils le faisaient, ils n'auraient aucun témoignage suspect. Contrairement à beaucoup de gens du milieu, à chaque nouveau domicile, Czar avait pour habitude de faire ami-ami avec ses voisins. Il venait aux fêtes de quartier, proposait des services aux personnes âgées. "Il est très gentil, il s'intègre bien pour un étranger", disaient les vieux.

Czar n'avait effectivement pas une tête de japonais. Son visage était anguleux, sa stature assez haute. Il n'était pas bâti comme une montagne, mais plutôt fuselé. En guise d'yeux, point d'amandes noires, mais des éclats d'un bleu merveilleux - deux comètes.

Ces yeux le saluèrent, quand il releva la tête du lavabo où il s'aspergeait la figure. C'était un de ses rituels après un grand coup d'adrénaline : se rafraîchir la tête. Il se sentait ensuite plus posé, plus à même d'attendre les prochains ordres. Son portable n'avait pas encore vibré. Machiavel devait être en train de faire son premier récapitulatif. Récapitulatif positif. La phase un semblait s'être bien déroulée. Certes, l'homme en noir ignorait ce qui se passait autour d'eux. Mais depuis la salle de bain, il voyait les deux femmes sur son canapé, sages comme les geishas en porcelaine sur les étagères. Et a priori, c'était déjà un succès.

Czar s'essuya la face et rejoignit le salon, où Roy Orbison terminait sa sérénade. Il s'affala dans son fauteuil flambant neuf. Les meubles, eux, avaient été achetés avec le déménagement. L'homme attrapa un livre sur la table basse et l'ouvrit là où l'avait laissé. Il se souvenait de la page de tête. Il replongea ainsi dans son Pouchkine et lut quelques minutes dans le silence le plus total. Lorsqu'il reprit, ce fut d'un ton anodin, comme s'il avait oublié d'étendre le linge. Il avait un fort accent. Mais impossible de déterminer d'où il pouvait bien venir.

- Au fait, je ne vous l'ai pas proposé. J'enlève le bâillon si vous voulez. Un cri et vous êtes mortes toutes les deux, bien sûr.

Il avait vérifié qu'elles ne portaient ni micro, ni traqueurs, ni armes. Et lui en portait une.

Czar était peut-être un voisin charmant, mais il hébergeait toujours sous sa veste un non moins charmant voisin du nom de Tokarev.
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Fate Harlaown
Juliette sans Roméo
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MessageSujet: Re: [Event n°3] Les enlevées   [Event n°3] Les enlevées EmptyDim 1 Juin - 17:27

Tout était allé vite. Trop vite.

A vingt heures, alors que la capitale japonaise se vidait lentement en prévention du couvre-feu, Fate s'était rendue dans ce petit café, au coin d'une petite ruelle non loin du quartier général du gouvernement. On n'avait cessé de lui en parler en bien, vantant les mérites de leurs pâtisseries françaises et de leurs délicieux thés glacés. Elle avait donc donné rendez-vous à la souriante Ai Nakano puisqu'elle n'avait pu profiter de leur courte conversation pour lui exposer totalement ses petites magouilles. Si de prime abord la jeune chargée de communication aux cheveux roses lui avait renvoyé l'image d'une gamine un peu cruche et inefficace, Ai s'était révélée bien plus maligne et intéressante que cela lors de leur discussion. Leur collaboration ne s'annonçait pas aussi désagréable que Fate l'avait imaginé.

La grande blonde avait quitté son bureau à temps pour ne pas faire attendre sa collègue et avait poussé la porte avec un air réjoui qui traduisait son enthousiasme. Elle l'attendait déjà et, d'un signe de main, lui avait fait signe de la rejoindre. Puis, toutes les deux, elles avaient entrepris de refaire le monde autour d'un thé et de se creuser la tête afin d'obtenir la solution adéquate pour accomplir le plan de Fate : ridiculiser tout simplement le peu de crédibilité qu'il restait à Nathan Suzaku. Une réponse adaptée à l'affront qu'il lui avait lui-même fait.

Cependant, les événements avaient soudainement pris une tournure inattendue.

Il y avait d'abord eu cet homme qui était entré dans le café et auquel elles avaient à peine prêté attention. Pourtant, quand il les menaça de son arme à feu, Ai et Fate eurent à faire face à la dure réalité : ça ressemblait terriblement à un guet-apens. A cette heure-ci, l'établissement était presque vide et le type en face d'elles semblait suffisamment entraîné pour les attirer dehors en toute discrétion. Toutes deux durent se lever et traverser calmement la pièce sans broncher. Une fois dehors, Fate sentit l'odeur caractéristique du chloroforme qui, appliqué contre son visage, lui fit rapidement perdre connaissance.

La suite, elle n'eut pas la chance de la voir.

Fate commence par ouvrir les yeux... Un plafond décrépi, un papier peint défraîchi, quelques meubles vieillots et... Quelqu'un. Lui, c'est lui. Ce type qui vient de perturber une fois de plus son quotidien. Ses yeux peinent à s'adapter à la faible luminosité de cette petite pièce fanée qui sent le renfermé. La jeune femme tousse un peu : la poussière ambiante chatouille sa gorge et l'odeur du chloroforme emplit encore un peu ses poumons. L'homme est de dos. Elle sent ses membres engourdis se réveiller et tente un geste, puis un autre : mais rien ne semble vouloir se plier à ses exigences. A côté d'elle, Ai semble encore profondément endormie. Elle aimerait crier, hurler, appeler à l'aide. Elle sent la panique l'envahir.

Pas encore une fois. Pas encore, pas encore ! Pas encore ! Ses yeux parcourent désespérément la pièce à la recherche d'un indice, de quelque chose qui saurait la rassurer. Pourquoi elle ? Pourquoi s'acharnait-on à la maintenir prisonnière de cette façon ? D'abord, il y avait eu cette folle de résistante. Puis lui... Lui et ses motifs obscurs. Pourtant, les deux situations n'avaient rien à voir. Si elle avait tout d'abord eu très peur la première fois, son geôlier avait tout de même été une femme... Et lui, lui est un homme. Et les hommes lui veulent du mal. Toujours.

Tout commence à s'embrouiller dans sa tête. Comme si elle ne parvenait à dissocier les événements. Alors quand l'homme lui adresse la parole, elle peine à retenir ses larmes. Ce type lui fait peur. Elle scrute ses traits : grand, élancé, visage anguleux, grands yeux bleus. Ça lui ressemble beaucoup trop. Il lui ressemble beaucoup trop. Fate prend une profonde inspiration et, d'un hochement de la tête, fait comprendre qu'elle aimerait pouvoir s'exprimer. Baissant la tête, elle attend patiemment qu'il la libère de son bâillon.

« Il doit y avoir erreur sur la personne... Quelles que soient vos revendications, nous y sommes sans doute étrangères. Ma collègue n'est qu'une simple chargée de communication. Quant à moi... Je pense avoir eu suffisamment à faire à vos confrères résistants... »

La jeune femme avale sa salive. Du courage. Du courage. De l'insolence, s'il le faut. Elle tente de se remémorer tant bien que mal les conseils des instructeurs. La soumission réjouit. La résistance fatigue. Alors, de ses grands yeux bleus, elle tente d'affronter son regard d'azur. Pourquoi la met-il dans un tel état ? Sans doute parce que la situation ressemble bien trop à quelque chose qu'elle préférerait oublier. Alors elle lance ce qu'il lui vient à l'esprit, dans un élan presque pathétique :

« Vous savez... Je connais Hadès. Bien. Très bien même... Hadès ne vous laisserait pas faire cela. »
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MessageSujet: Re: [Event n°3] Les enlevées   [Event n°3] Les enlevées EmptyMer 23 Juil - 22:07


Les paupières d’Ai étaient lourdes et pour une obscure raison, elle ne voulait pas ouvrir les yeux immédiatement. Elle préférait écouter le fond musical lointain qui résonnait dans son crâne – à moins que ce ne fût dans la pièce. Elle ne savait pas trop. Elle ne pouvait pas savoir, toute groggy encore qu’elle était. Groggy ? Peut-être avait-elle trop fêté l’anniversaire d’une amie la veille ? Elle ne se souvenait plus très bien.

Au-delà des notes de musique tendres qui s’égrenaient, elle entendait aussi le bruit de l’eau qui coulait d’un robinet : bruit quotidien, vaguement apaisant, bruitage de fond qui contribuait à l’assourdissement de ses autres sens. Ses paupières étaient vraiment en plomb, ce matin. Junya devait être en train de se préparer pour aller donner ses cours à l’université. C’était sa dernière année de thèse, et il la finançait en enseignant quelques heures par semaine les maths à de jeunes étudiants de première année, plus ou moins intéressés par ses propos. Mais le fiancé d’Ai avait le don de rendre le contenu d’un dictionnaire passionnant, alors… Elle ne s’était jamais faite trop de soucis à son sujet.

Le robinet se ferma, et des pas sur le sol retentirent. Un fauteuil craqua : quelqu’un s’asseyait. Ce n’était pas le bruit que faisait le canapé en tout cas… mais d’ailleurs, réalisa soudain Ai, que fichait-elle dans le salon ? Avait-elle dormi ici, trop ivre pour aller s’écrouler sur son lit ? Ce n’était pas son genre, surtout en semaine : oui, elle se souvenait d’avoir été au bureau hier. Elle se souvenait aussi, péniblement, qu’elle avait eu rendez-vous avec le capitaine Harlaown, suite à l’entretien qu’elles avaient eu quelques jours plus tôt. Cet évènement l’avait remplie d’appréhension : la célèbre militaire lui demandait des choses bien délicates… et tout à fait impossibles à réaliser dans la situation d’Ai. Enfin, quoi, elle tenait à son emploi ! Elle n’avait pas trop su comment réagir lorsque son interlocutrice lui avait exposé ses desideratas : elle ne voulait surtout pas lui déplaire, mais elle n’allait pas non plus descendre son propre patron… d’autant qu’à titre personnel, Ai n’avait absolument rien contre le ministre.

Les pages d’un livre tournaient.

Comment s’était-elle tirée d’affaire, alors ? Ai ne s’en souvenait plus. Ses efforts pour se remémorer la fin de sa journée se soldaient de la même façon que si elle avait cherché à se rappeler de sa tenue vestimentaire d’il y a deux semaines : par le néant. Elle n’avait réussi qu’à activer un vague sentiment d’angoisse, écho de celui ressenti durant les heures précédant son rendez-vous d’hier. J’aimerais vraiment bien me souvenir de comment cette histoire s’est finalement terminée… La tête un peu plus claire maintenant qu’elle avait retrouvé quelques points de repères, Ai se risqua cependant à entrouvrir les paupières. Comme sa tête reposait sur sa poitrine, elle ne vit que sa jupe tailleur bleu ciel. J’ai dormi assise ? s’étonna-t-elle.

- Au fait, je ne vous l'ai pas proposé, déclara soudain une voix qui n’était absolument pas celle de Junya. J'enlève le bâillon si vous voulez. Un cri et vous êtes mortes toutes les deux, bien sûr.

La jeune fille tressaillit et releva la tête d’un seul coup. Ohlalalala. Oui. Elle se souvenait, maintenant. La gueule béante d’un revolver pointé droit sur elle et Fate Harlaown, les menaces d’un individu qu’elle ne connaissait absolument pas, l’odeur entêtante et pharmaceutique du chloroforme… Elles avaient été agressées ! Sa journée ne s’était, en définitive, jamais terminée. Peut-être même était-on toujours jeudi ? Comment le savoir ? Depuis combien de temps était-elle assise et entravée ? D’un coup d’œil, elle remarqua que Fate Harlaown était assise à côté d’elle, et qu’elles étaient toutes les deux bâillonnées et ligotées. Le cœur d’Ai pompa un grand coup, et elle sentit toute sa peur se répandre dans son corps, jusqu’à ses extrémités. Pourquoi elle ? Qu’est-ce qu’il voulait ? Qu’avait-elle fait ? Pourquoi aujourd’hui ? Allait-elle mourir ? Les questions se succédaient au rythme effréné d’une brusque panique. Elle s’efforça de respirer, de se calmer. Difficile, quand un morceau de tissu vous entravait la bouche. Elle enfonça ses ongles dans ses paumes. Ne sois pas ridicule. Comporte-toi mieux que ça. Tu ferais honte à Sayuri.Que ce soit l’ombre de cette pensée ou bien la légère douleur que suscitèrent ses ongles impeccablement vernis pénétrant sa peau, Ai se calma d’un seul coup. Elle pouvait être plus forte que ça, et tenta de reprendre contenance. Il fallait garder la tête froide… même si elle avait juste envie de se rendormir immédiatement, histoire de s’échapper de cette situation sordide d’une façon ou d’une autre.

Fate s’agita et le ravisseur lui ôta son bâillon, comme promis. Aussitôt, le timbre de métal de l’impressionnante jeune femme s’éleva :

« Il doit y avoir erreur sur la personne... Quelles que soient vos revendications, nous y sommes sans doute étrangères. Ma collègue n'est qu'une simple chargée de communication. Quant à moi... Je pense avoir eu suffisamment à faire à vos confrères résistants... »

Mais la cloche est fêlée, la voix trahit une faille. Elle a peur, analysa Ai. Et pourquoi pas ? Elle aussi était terrorisée. C’était comme ça que réagissaient les gens pris dans un tel évènement, n’est-ce pas ?

« Vous savez... Je connais Hadès. Bien. Très bien même... Hadès ne vous laisserait pas faire cela. »

Ai lui jeta un regard étonné. Comment ? Le Capitaine Harlaown connaissait Hadès ? Pire, elle l’invoquait comme une défense ? Mais oui, c’était logique : toutes les deux étaient membres du gouvernement de Kira. Si on les avait enlevées, ce ne pouvait qu’être l’œuvre des rebelles… Et dans ce cas, Fate prévoyait probablement de mentir à l’agresseur pour couvrir leurs arrières. Il n’oserait sans doute pas leur faire du mal s’il pensait qu’Hadès pourrait intervenir… Mais une fois ce dernier prévenu et démentant les propres de la capitaine, que deviendraient-elles ?
De nouveau, elle s’imposa le calme. Le bâillon l’empêchait de prendre de grandes inspirations : aussi indiqua-t-elle avec ses grands yeux qu’elle souhaitait, elle aussi, qu’on la délivre de cette entrave. Une fois libre, sa première impulsion fut de geindre que oui, elle n’était qu’une petite employée ; elle n’avait jamais rien eu à voir avec la rébellion et ces choses-là, elle n’y connaissait rien… Mais elle savait qu’un tel discours aurait été ridicule, honteux et surtout inutile. Alors, elle se contenta d’acquiescer les propos de sa voisine. Et de poser la question cruciale :

- Qu’est-ce que vous nous voulez ?... demanda-t-elle d’une petite voix timide.
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MessageSujet: Re: [Event n°3] Les enlevées   [Event n°3] Les enlevées EmptyLun 4 Aoû - 21:42


L'homme ne répondit pas tout de suite - ni à l'une, ni à l'autre. Il se contenta de se rasseoir et posa précautionneusement les deux bandes de tissu sur la table basse. Les ravisseurs professionnels avaient en général leurs règles de procédure. Ne pas parler aux otages était une règle fréquente. Mais Machiavel n'avait donné aucune règle à Czar. Il n'en avait pas eu besoin. Le bougre n'était pas très causant à la base dans ce genre de situations.

Il ne faisait pas partie de ces psychopathes qui ont choisi le métier par vocation et qui se complaisent dans les tremblements de leurs victimes. Ces confrères-là, il les méprisait. On ne pouvait décemment pas prendre plaisir à kidnapper quelqu'un. C'était à chaque fois un grand stress, un tracas logistique, et ça ne pouvait apporter que des soucis. Ça ne valait pas la prime qu'il touchait. Autant dire qu'il ne faisait pas cela pour l'argent. Son métier d'avant lui aurait largement permis de gagner sa vie, d'avoir une famille modèle, un chien et un pavillon propret en banlieue.

Mais Czar n'aimait pas trop les chiens. Et il avait des convictions.

Il observa les deux femmes, passant d'un visage à l'autre. Ses yeux merveilleux scannaient les traits et les gestes. La blonde avait seulement confirmé ce qu'il avait déduit auparavant. Elle était la cible alpha, la seule qu'il devait embarquer à la base. Alors forcément, la petite aux cheveux roses était ici injustement. Elle n'occupait pas de poste important. Sans doute son fiancé l'attendait-il à la maison. Il pouvait imaginer l'horreur qui était la sienne en ce moment.

Il avait vécu ça aussi, après tout. L'attente.

Et voilà qu'on lui opposait deux classiques du genre. "J'ai un ami haut-placé, ça va chauffer pour vos fesses", et l'indétrônable "Pourquooiii ?". Czar n'aimait pas beaucoup parler aux otages ; encore moins quand la conversation n'était pas enrichissante.

L'homme joignit les mains sous son menton fin. Son regard de bombardier semblait ne jamais devoir ciller. Il répondit tranquillement, dans l'ordre. Il avait à cœur de surveiller sa grammaire en parlant. Sinon, il n'aurait jamais progressé en japonais.

- Je ne connais aucun Hadès, Mademoiselle.

Ce n'était pas tout à fait vrai. Il avait entendu parler du chef de la rébellion, l'Ordre le connaissait. Mais lui faisait partie de l'Ordre, justement. Et donc, il se moquait bien de savoir si Hadès allait être content ou pas. Le seul Hadès qui l'intéressait un minimum, c'était le roi des enfers ; dieu au char noir qui les accueillerait tous un jour de l'autre côté du Styx.

Et la dénommée Harlaown n'avait probablement pas envie de le rencontrer, cet Hadès-là.

Il se tourna vers la jeunotte. Ses yeux la jaugèrent avec une acuité surprenante. L'aigle observait la charmante marmotte avant de fondre.

- Je sais que vous êtes ici par hasard. Je ne veux rien vous concernant. C'est la hiérarchie qui veut. Ne paniquez pas, c'est tout ce que je vous demande. Tout se passera bien.

Machiavel n'appelait toujours pas. Mais Czar n'était pas pressé non plus. Il se laissa aller contre le dossier de son fauteuil, les mains toujours jointes, à l'affût malgré son immobilité.

- Pour information, je ne viole pas.

Et il reprit son livre.

En travers de sa main, une cicatrice blanchâtre reluisit à la lueur du vieux plafonnier. Ce n'était pas la seule réminiscence blafarde de ses années de bohème.
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MessageSujet: Re: [Event n°3] Les enlevées   [Event n°3] Les enlevées EmptyMer 13 Aoû - 12:52

Ses gestes étaient lents, précis et efficaces. Depuis quelques minutes déjà, Fate le suivait du regard à travers la pièce : il y avait une certaine noblesse racée dans sa façon de se déplacer, de se saisir de ce dont il avait besoin. Il était fascinant et terrifiant à la fois. Mais une chose était sûre, vu l'assurance dont il faisait preuve et le professionnalisme avec lequel il les avait habilement surprises, kidnappées et ligotées, cet homme n'en était pas à son premier coup. Cela n'avait rien de rassurant. Une fois de plus, les yeux de la grande blonde scrutèrent l'obscurité. Etait-il seul ? Etait-il lourdement armé ? Il fallait au moins qu'elle obtienne ce genre d'information avant de songer à une éventuelle manière de sortir. Mais elle ne se faisait pas d'illusions : ces types là savent y faire, le plus souvent. Et ils n'aiment pas être contrariées.

La jeune femme ne peut s'empêcher de baisser les yeux devant le regard perçant de son geôlier. Elle n'aime pas ce regard. Pire, elle déteste plus que tout qu'on la scrute ainsi. La petite voix d'Ai qui s'élève à sa gauche parvient à la surprendre tant elle ne parvient pas à se détacher de l'horreur qui lui fait face. Elle n'est plus tout à fait seule face à cet homme, c'est déjà une petite victoire. C'est au tour d'Ai d'être scruter des yeux à la tête. La jeune femme a l'air tout aussi effrayée qu'elle. Fate s'en veut presque de l'avoir rencontré au mauvais moment, au mauvais endroit, car elle n'était pas folle : elle était sans doute la cible originelle de cette manœuvre criminelle.

Elles n'eurent droit à aucune réponse, sans doute leurs questions ne valaient-elles pas la peine d'être contentées. Il n'agissait sûrement pas seul et avait, à ce titre, dû recevoir des consignes. De toute façon, elle doutait qu'un homme d'une telle carrure dont les agissements criminels étaient désormais avérés puisse se plaire à discuter calmement avec ses prisonnières. Il ne connaît pas Hadès. Fate retient une grimace et s'apprête immédiatement à répliquer. Tout le monde connaît Hadès, plus particulièrement dans ce milieu – car oui, c'est évident, la résistance est à l'origine de cet enlèvement. Elle soupire et retient sa véhémence pour chercher calmement les mots qui lui éviteront des ennuis :

« Vous connaissez forcément Hadès. Je suppose que vous n'agissez pas seul et que vous n'êtes sûrement pas le commanditaire d'une telle action. C'est la résistance qui vous envoie et Hadès en sera forcément tenu au courant. »

Fate parlait pour ne rien dire, juste parce qu'elle ne voulait pas sentir le silence l'isoler, et parce que proférer ce genre de pseudo-menaces la rassurait quelque peu. Pourtant, elle n'avait aucune preuve de ce qu'elle avançait, et Hadès était un bien piètre argument pour se défaire d'un pétrin pareil. Peut-être était-il de mèches ? Pire, il aurait pu être le commanditaire de cet enlèvement après tout. Mais elle ignorait tout de son ravisseur et elle n'avait réellement rien à perdre à tenter de le dissuader. Péniblement, elle se remémorait les propos de son instructeur qui, une bonne dizaine d'années auparavant, lui avait appris à répondre à ce genre de situation. Il ne fallait montrer aucun signe de faiblesse et constamment chercher à en savoir plus pour espérer trouver une issue.

Mais il ne semblait pas vouloir lui accorder ne serait-ce qu'une once de son attention. Il avait préféré rassurer sa collègue dont il avait sans doute ressenti la panique. Ainsi donc il venait confirmer son propos : Ai avait été emmené par hasard – sans doute parce qu'il lui avait paru essentiel de ne pas laisser de témoin. Fate poussa un long soupir et adressa un léger sourire qui se voulait rassurant à sa collègue. Pourtant, elle ne savait trop quoi en penser. Fallait-il être soulagée de savoir que son amie échapperait sans doute aux ennuis ou paniquée à l'idée de s'imaginer bientôt seule face à une bande de rebelles qui avaient certainement des raisons de la retenir captive ? Si elle avait fini par retrouver son calme, Fate s'était soudainement senti envahie par une nouvelle vague de panique.

« Qu'est-ce que vous voulez ? Une rançon, des informations ? Je n'ai rien à vous dire et sachez que le gouvernement ne dépensera pas à un kilar pour financer indirectement vos activités criminelles. »

Devant le mutisme et l'indifférence de son geôlier, Fate haussa le ton. Elle tentait tant bien que mal de contrôler sa voix tremblante et ses états d'âme qui lui faisaient perdre toute crédibilité. Ses dernières paroles la firent frisonner. « Je ne viole pas ». Elle eut presque envie de rire tant la phrase tombait comme un cheveu sur la soupe. Mais étrangement, elle préféra s'abstenir. Elle ignorait si le ton était plus ironique que rassurant – ce type semblait si peu affecté par la situation après tout, et elle n'avait pas tellement envie mieux connaître son sens de l'humour.

Lui, préférait lire et la laisser s'enliser dans ses doutes et ses craintes. La jeune femme se mordait la lèvre avec inquiétude. Mon Dieu, à un instant pareil, elle aurait tuer père et mère pour une cigarette. Fermer les yeux lui aurait alors peut-être permis de s'échapper quelques instants de cette maudite pièce.

« Vous comptez nous ignorer encore longtemps ? Je veux savoir ce qu'il se passe. Je veux savoir ce que l'on attend de moi. Mieux, je veux rencontrer l'homme qui vous a payé. Contactez le. »
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MessageSujet: Re: [Event n°3] Les enlevées   [Event n°3] Les enlevées EmptyJeu 4 Sep - 19:59

L’homme prit tout son temps pour répondre. Il s’assit, posa précautionneusement les baillons qu’il venait d’ôter devant lui, appuya le menton sur ses mains et détailla chacune de ses victimes, l’une après l’autre. Ai avait l’habitude d’être jaugée et évaluée : dans son métier, elle était fréquemment en contact avec des responsables du gouvernement et poussée devant le feu des caméras journalistes.  Elle savait y faire face : le trac n’était plus, pour elle, qu’un petit pincement à l’estomac la minute précédent l’action. Mais ici, sous ce regard bleu et glacé, elle était scannée impitoyablement. Pendant les quelques secondes que prit cet examen, elle eut soudain brusquement conscience de ce à quoi elle ressemblait, là, devant un kidnappeur professionnel. Une fragile jeune femme, une gamine même, une écervelée aux cheveux roses et aux yeux de biche effarouchée. Probablement nommée à son poste en raison de son physique plutôt que de son intelligence – si intelligence il y avait. Une fille stupide qui ferait partie des dégâts collatéraux. A ce stade, elle ne suscitait même pas du mépris : simplement une vague pitié. Cette réalisation l’a cueillie comme un poing dans l’estomac et un sentiment de honte cuisante l’envahit. Evidemment, comment pouvait-elle donner le change à côté du capitaine Harlaown ?

Lentement, l’homme se désintéressa d’elle pour répondre à la deuxième victime :

- Je ne connais aucun Hadès, Mademoiselle.

Il avait une façon de parler très travaillée. Sa grammaire était si irréprochable qu’elle en paraissait vaguement artificielle. En tant que chargée de communication, familière des différentes élocutions de chacun selon sa classe sociale, Ai était capable de repérer ce genre de détails parfaitement inutiles. L’abattement l’a gagna. Elle ne savait même pas si elle devait se réjouir ou non de cette affirmation. Hadès était un terroriste, son organisation était responsable de la mort d’une dizaine de citoyens, et Ai espérait qu’elle n’aurait jamais affaire à lui. S’il était mêlé à cet enlèvement, cela ne pouvait pas être d’un bon augure pour les deux jeunes femmes. D’un autre côté, c’était la protection qu’avait invoqué Harlaown, quoi qu’elle puisse valoir. Le seul joker dont elle semblait pouvoir jouer. Sans lui, que leur restaient-ils ?

- Vous connaissez forcément Hadès, rétorqua Fate. Je suppose que vous n'agissez pas seul et que vous n'êtes sûrement pas le commanditaire d'une telle action. C'est la résistance qui vous envoie et Hadès en sera forcément tenu au courant.

De nouveau, la voix était calme, mais elle trahissait la nervosité qui habitait sa compagne. Elle avait raison : le kidnapping d’un officier n’était sûrement pas l’œuvre d’un seul individu. Ce n’était pas une histoire personnelle : la présence de Fate indiquait que cet enlèvement était un acte politique. Mais de qui ? Pour le peu qu’elle savait de ces choses-là, Ai ne connaissait que la Résistance.  Y avait-il d’autres groupes terroristes pour s’élever contre Kira, que le gouvernement avait caché à la population ? C’était probable, mais Ai se trouvait justement au ministère qui gérait ce genre d’informations. Comment pouvait-elle ne pas être au courant ?

Elle rencontra le regard du ravisseur, qui avait reporté son attention sur elle. De nouveau, cette vague expression de dédain et de pitié. Oh, pas au sens où l’homme était désolé pour elle. Elle était persuadée que si cela se révélait nécessaire, il n‘hésiterait pas à lui coller une balle dans la tête, commisération ou pas. Mais on voyait bien qu’il la tenait pour quantité négligeable, qu’elle n’était qu’une erreur.  Le mélange de honte, de peur et d’abattement qu’Ai ressentait lui tordit de nouveau le ventre, comme si les prunelles bleues jouaient le rôle d’un déclencheur. Elle se fit toute petite.  


- Je sais que vous êtes ici par hasard. Je ne veux rien vous concernant. C'est la hiérarchie qui veut. Ne paniquez pas, c'est tout ce que je vous demande. Tout se passera bien.

Il se sentait même obligé de la rassurer.  Elle en conçu un vague sentiment de révolte. Même Fate, malgré sa propre angoisse, lui adressa un pâle sourire - Ne t’inquiète pas, tu ne risques rien – avant de repartir à l’attaque :

- Qu'est-ce que vous voulez ? Une rançon, des informations ? Je n'ai rien à vous dire et sachez que le gouvernement ne dépensera pas à un kilar pour financer indirectement vos activités criminelles.

Il semblait donc qu’Ai était coincée, dépendante du sort de Fate pour pouvoir s’en sortir. Si elle était là pour une rançon et que le gouvernement, effectivement, n’était pas prêt à payer, ce n’était guère rassurant pour les deux. La jeune fille avait la sensation qu’elle ne partirait pas sans sa collègue. Or, si Harlaown n’était pas libérée, qu’adviendrait-il ? Seraient-elles jetées dans une cave pour les dix prochaines années, otages prêtes à être ressorties à d’autres occasions ? Utiliserait-on Ai pour faire un exemple et pour montrer qu’on ne plaisantait pas ? Que le précieux officier de Kira serait le suivant ?

Comme tous les professionnels, l’homme n’était pas du genre bavard. Il ne leur donna qu’une seule indication sur leur potentiel sort:

- Pour information, je ne viole pas.

Cette déclaration sordide qui se voulait probablement tranquillisante mais dont on ne pouvait ignorer la dimension ironique glaça le sang d’Ai.  Visiblement, l’homme tenait à ce que tout se passe de façon civilisée. Propre, du moins. Il avait ses instructions et il les tiendrait : ce n’était pas un psychopathe, mais un criminel de sang-froid – ce qui était peut-être bien pire. C’était de ce bois là que l’on faisait des exécuteurs. Il avait repris son livre, ce qui déclencha le courroux d’Harlaown au bout de quelques secondes.  

- Vous comptez nous ignorer encore longtemps ? Je veux savoir ce qu'il se passe. Je veux savoir ce que l'on attend de moi. Mieux, je veux rencontrer l'homme qui vous a payé. Contactez-le.

Elle était à bout. Trop tendue. Elle en devenait sèche, autoritaire : joueur le caporal-chef n’était peut-être pas l’idée du siècle actuellement. Ai intervint malgré elle, timidement :

- S’il vous plait, monsieur…  Nous voudrions juste savoir ce qui va se passer… et ce que l’on attend de l’enlèvement du capitaine Harlaown… Nous ne ferons pas d'histoire.
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MessageSujet: Re: [Event n°3] Les enlevées   [Event n°3] Les enlevées EmptyDim 14 Sep - 17:53

"Je veux", "je veux", "je veux" ... Czar retint un soupir. C'était bien beau de faire des efforts sur sa grammaire, de formuler de jolies phrases, quand la personne d'en face ne se donnait même pas la peine d'être polie.

"Pas de ministre", avait dit Machiavel. "La cible doit être inférieure de peu. Plus de temps pour la retrouver, avec malgré tout des informations importantes." Czar avait suivi. Ce n'était pas une idée idiote. Mais ce n'était pas une sinécure non plus. Les ministres, au moins, pouvaient paraître crédibles dans leurs menaces. Les capitaines ... ce n'étaient jamais que des petits chefs. Il savait que c'était bas comme raisonnement. Qu'il y avait des capitaines très nobles. Mais il ne pouvait pas étouffer ses préjugés. Il était humain.

Il ne répondit donc pas à la capitaine. Il ne leva même pas les yeux de son livre. L'attitude vindicative de la blonde commençait déjà à le lasser. Il n'avait pas engagé tout ce cirque pour se faire traiter comme un standardiste.

Ce fut autre chose qui l'obligea à renouer le dialogue : la voix chevrotante de la gamine aux cheveux roses.

Elle le peinait. Pas seulement parce qu'elle n'avait rien à faire là. Des gens qui n'avaient rien à faire là, il en avait vu des tonnes (et la plupart occupaient des postes à responsabilités). En vérité, ce qui le peinait, ce n'était pas tant la fille aux cheveux roses. C'était l'idée qu'elle avait quelqu'un. Et que ce quelqu'un l'attendait, seul dans leur petit appartement, rivé à la télé pour avoir des nouvelles de sa chère et tendre. A moins qu'il n'ait pété les plombs et soit parti la chercher. Ces deux éventualités plongeaient le kidnappeur dans une étrange mélancolie.

Czar reposa à nouveau le livre. Il se leva lentement, comme si ce simple geste signifiait beaucoup.

- Un instant, je vous prie.

Toujours un japonais élégant, gâté par cet accent innommable. Il revint effectivement un instant plus tard et se rassit. Quelques objets rejoignirent le Pouchkine sur la table basse : un dictaphone, un calepin et un stylo plume.

Czar regarda sa montre. Dans quelques secondes ...

L'écran de son smartphone s'illumina. Ah, la ponctualité de son employeur. Et une écriture appréciable - pas d'ignoble langage SMS. Un coup d'œil au message lui suffit. Le barman avait parlé ; ils avaient la référence de la voiture. Il fallait accélérer la cadence.

D'une main fine, il prit le stylo. C'était un vénérable Parker en argent. Une femme le lui avait offert, au temps où il savait encore sourire.

Aujourd'hui, son sourire clochait forcément. Certains y voyaient de la tristesse, d'autres une politesse forcée. Or Czar se sentait rarement triste, et la politesse était dans sa nature. Il aurait bien aimé que cela soit plus visible.

Mais en voyant la tête de l'attachée de presse lorsqu'il sourit, il comprit que son changement d'image attendrait. C'était peut-être un problème de zygomatiques.

- Mademoiselle la ... chargée de communication, c'est ça ? Je vous prierais de garder le silence. Ne paniquez pas et tout se passera pour le mieux. Je vais interroger votre supérieure et uniquement elle.

Et de l'autre main, Czar mit en marche le dictaphone. Il s'éclaircit la gorge.

- Mademoiselle Harlaown. Je ne contacterai pas mon employeur, et vous savez que votre demande est ridicule. Maintenant, écoutez attentivement.

Le stylo se mit à tourner entre les doigts habiles. Nul doute qu'ils étaient habitués à appuyer sur une gâchette. Mais pour le moment, ce n'était pas une arme physique que l'homme devait manier.

On l'avait engagé parce qu'il savait convaincre. Parce que quand Czar regardait quelqu'un dans les yeux, quand il mettait en oeuvre ses merveilleux iris de bombardier, sa parole était forcément vraie. Quand il s'exprimait avec la lenteur appliquée d'un écolier, il était impossible de penser qu'il mentait.

-  Sachez que nous détenons des dizaines de citoyens innocents. Ils sont visés par des snipers sans le savoir. Et là-haut, il suffirait d'un claquement de doigts pour que vous ayez la mort d'un quartier sur la conscience. L'opinion n'apprécierait pas de savoir que l'origine du massacre a été votre refus de coopérer. Voici notre moyen de pression.

Présentation académique, voix posée. Un peu plus, et l'homme en noir aurait sorti un Powerpoint.

- Maintenant, voici nos revendications. Nous désirons connaître des dates. Les dates et lieux des prochains raids contre les rebelles. Ils sont dans votre tête. Nous souhaiterions les obtenir tous. Il va sans dire que si vous mentez, nous le saurons. Et les conséquences pour les civils seront celles que je vous ai décrites.

Un dernier objet se posa sur la table basse : le Tokarev, lustré et discret. Chargé, surtout.

Czar s'installa confortablement, comme un journaliste entamant l'interview d'un quelconque homme politique.

- Une dernière chose : nous nous moquons assez de votre comportement après votre libération. Vous pouvez avouer au gouvernement que vous avez parlé, ou vous taire. Dans tous les cas, ce sera à notre avantage.

La pointe du stylo étincela en touchant le papier.

- Nous avons tout notre temps.  Dates, lieux et si possible, effectifs. Je vous écoute.

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MessageSujet: Re: [Event n°3] Les enlevées   [Event n°3] Les enlevées EmptyDim 14 Sep - 22:09

Ce silence permanent la pesait très lourdement. Quand sa voix s'était tue, elle s'était soudainement sentie entourée de ce vide caractéristique qui ne cessait de faire monter en elle l'angoisse et la peur. Combien de temps ce petit jeu allait-il durer ? C'était à se demander si l'ignorer aussi royalement ne faisait pas partie de sa stratégie. Fate n'avait même pas eu droit à un regard : ce type faisait preuve d'une telle froideur et d'une telle indifférence que c'en était désarçonnant. Si seulement elle avait l'occasion de parler, de le provoquer un peu... Peut-être aurait-il lâché quelque chose d'utile... ? Quoi que. Elle ignorait si elle souhaitait réellement avoir à recroiser ses yeux azurs qui, d'un regard, lui avaient glacé le sang. Seule l'éclat de voix de sa collègue semblait l'intéresser un tant soit peu. Ai se contentait de faire écho à ses propos, comme pour rappeler qu'elle n'avait rien à voir avec tout cela. Ses paroles tremblantes et apeurées avaient au moins eu le mérite de lui faire lever les yeux de son livre. C'était comme s'il s'était sentie obligé de lui apporter un peu de réconfort – en ce qui la concernait, personne ne viendrait la rassurer sur son sort.

L'homme disparaissait déjà derrière un pan de mur qu'elle ne pouvait qu'entrapercevoir. Ses gestes semblaient si calculés, si froids, si professionnels, qu'à cet instant précis, Fate se demanda si l'imaginer revenir arme à la main pour l'abattre froidement semblait si irréaliste. Par chance, ce n'était pas une arme qu'il tenait en main, mais des outils qui parlaient d'eux même quand à ce qui l'attendait. Les yeux de Fate se posèrent une première fois sur le petit calepin qui traînait désormais sur la table basse. Puis, elle se sentit obligée de l'affronter une nouvelle fois, relevant la tête avec une attitude qui se voulait noble, et lui lança un regard qui parlait de lui-même : elle ne parlerait pas. Fate était restée là, immobile. Drôle d'image que celle de cette créature frêle et soumise qui tentait de braver le rapport de force imposé par son geôlier. Elle ne cessait de battre bêtement des styles pour ne pas laisser deviner les larmes qui emplissaient ses yeux bleus. Elle ne parlerait pas : c'était ce qu'elle s'était toujours promis quand, face à un résistant, elle s'interrogeait sur l'attitude qu'elle adopterait dans une telle situation. Ca ne pouvait être plus simple : elle ne parlerait pas.

Une nouvelle fois, l'homme adressa quelques mots rassurants à Ai. Fate avala sa salive. Ce coup d'oeil à son smartphone voulait tout dire : le commanditaire avait parlé. Elle comprit rapidement qu'il n'était pas question de les mettre en contact, encore moi de tenter une quelconque négociation. Le mouvement circulaire perpétuel du stylo entre ses doigts captivait son intention, elle se força à s'en détourner pour revenir à la triste réalité. Déjà, elle songeait à ce qu'on pourrait lui demander et aux mensonges qu'elle pourrait inventer pour y répondre. Elle était au courant de bien des choses – là était tout le problème. Quand la voix de l'homme s'éleva, elle s'attendait à entendre fuser les questions, mais il lui sembla bon de lui rappeler tout ce que sa petite personne devait assurer, seule, dans une situation aussi critique.

Il y avait bien trop de vies qui pesaient sur ses petites épaules frêles, c'était un bien triste constat.

Ces résistants là n'étaient pas des enfants de cœur. Il n'était plus question d'Hadès, ni de cette femme qui s'était contentée de la questionner avant de la remettre dehors. Cette fois-ci, elle se retrouvait face à ce camp fanatique et meurtrier si méconnu des pro-Kira : celui des terroristes, des assassins et des saboteurs qui prenaient régulièrement la vie de milliers de civils. L'air lui manquait et elle sentit son gosier sec lui chatouiller la gorge. A la moindre bourde, elle signait l'arrêt de mort de parfaits inconnus qui n'avaient sans doute aucun lien avec le combat qu'elle menait. Habituellement, elle aurait sans doute craché son venin, rappelant combien il était immoral et injuste de s'en prendre à des civils quand les pro-Kira ne s'attaquaient qu'aux individus foncièrement engagés dans la lutte contre le gouvernement. Mais à la place, Fate se contenta de baisser les yeux et d'attendre patiemment les questions qu'on lui poserait.

Dates et lieux des raids. Elle se mordit la lèvre. Bien sûr qu'elle savait quelque chose. La lutte contre la résistance, c'était son domaine. Les raids, elle les menait souvent elle-même. Quant aux décisions prises à ce sujet, elle avait lieu au sein du Ministère de la Justice où, conjointement avec les capitaines d'autres divisions et le ministre en personne Arashi Darkwood, elle décidait des groupuscules à éliminer au plus vite. Tout y était défini. Quand, où et avec quelles méthodes. C'était souvent brutal. En quelques minutes, les combattants étaient mis hors d'état de nuire. Puis, on procédait à une fouille : on découvrait des papiers, des ordres de missions, des armes et parfois même des familles entières de sympathisants. Quand cela paraissait nécessaire, on emmenait quelques otages pour interrogatoire puis on mettait le feu au bâtiment. Quand suite à un attentat des représailles étaient nécessaires, on le laissait s'embraser, habitants compris. Il n'y avait que peu de traces, si bien que les civils n'avaient sans doute jamais entendu parler de méthodes aussi cruelles. Mais les résistants en savaient suffisamment pour comprendre que ces raids étaient dangereux et qu'ils les affaiblissaient de jour en jour.

« Les raids... Cette décision ne me revient pas uniquement. Nous décidons des dates et lieux de ces arrestations à plusieurs, conjointement avec Monsieur Darkwood et les autres capitaines du ministère de la Justice. Bien évidemment, je dispose d'une prérogative à ce sujet : je connais la résistance mieux que quiconque au gouvernement. Mais la décision finale revient au Ministre en personne. »

Ce n'était qu'un moyen de gagner du temps. Gagner du temps et encore du temps pour proposer une réponse valable qui lui permettrait de s'en sortir dans les meilleures conditions. Il y avait cette arme qu'elle devinait chargée, posée sur la table. Et elle ne cessait de la fixer en parlant. Il suffisait de parler pour sauver des vies. Mais n'était-ce pas au détriment de cette justice qu'elle défendait ? C'était des mois de travail qui partiraient en fumée quand elle ouvrirait la bouche. Mais le travail, ça se rattrape. Quelque chose la tracassait un peu plus : parler faisait-il d'elle une traîtresse dans une situation pareille ?

« Ce ne sont que des prévisions. Prenez note. »

Elle avait craqué.

« On sait que vous abritez des blessés et des fuyards dans un appartement au dessus d'une petite boutique de mangas à Akihabara : perquisition prévu le 20 octobre. On a repéré une cachette d'arme dans un vieil entrepôt désaffecté d'Ikebukuro, elle sera perquisitionnée début novembre. Le QG résistant non-loin des résidences universitaires à Kichijouji sera la cible d'une attaque vers Noël... »

Elle énonça une dizaine d'interventions, d'une voix froide et monotone. Fate s'était contentée de fournir des informations aussi floues que possible, omettant les détails qui pouvaient faire la différence. Son discours dura quelques minutes, puis elle se tut quelques instants, observant la satisfaction de son inquisiteur d'un soir.

« C'est ce dont je me souviens. Sachez cependant que ces informations sont encore imprécises et prévisionnelles. Elles changeront certainement par la suite. »

Fate retenait un léger sourire. Au fond, cette question n'avait pas de sens. A quoi bon demander une telle chose ? Dès sa libération – si libération il y avait, le gouvernement s'empresserait d'annuler ces dates et de précipiter les raids pour éviter que les QGs en question ne soient prévenus et n'aient le temps d'évacuer. Dans le pire des cas, les résistants se déplaceraient vers d'autres lieux que le gouvernement finirait par retrouver. Tout ça n'avait décidément pas de sens.

« Satisfait... ? Maintenant, je vous conseille de nous libérer au plus vite. Vu les conditions dans lesquelles nous avons été enlevées, ce n'est plus qu'une question de temps avant que la police ne vous retrouve. »
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MessageSujet: Re: [Event n°3] Les enlevées   [Event n°3] Les enlevées EmptyJeu 18 Sep - 15:21

Il y avait le bruit des sirènes de police, bruyantes, celui des renforts et des lourds pas qui couraient dans le couloir. Ils avaient mis des heures et des heures à remonter la piste, grâce à la collaboration efficace de leurs confrères, mais ils y étaient arrivés : chaque minute de vidéo-surveillance prouvait, à sa manière, que le coupable de l'enlèvement était passé dans le coin, et, à la manière du petit Poucet, laissait une trace du passage des deux femmes.

Lorsque les policiers arrivèrent dans la pièce, le coupable avait déjà fui : il y avait une trappe, quelque part, et la moitié de l'effectif était déjà parti à sa recherche, accélérant le rythme et munit de traceurs. Les deux femmes étaient en vie : c'était sûr. Elles ne semblaient pas avoir été blessée, et à ce stade-ci de l'enquête, il aurait été impropre de dire si l'une ou l'autre avait divulgué des informations confidentielles sur le gouvernement. Les personnes chargées de l'infirmerie les prirent d'ailleurs vite en main, Harlaown et Nakano : elles semblaient, malgré tout, un peu choquée, par cette capture, ce qui était un peu normal.

Elles ressemblaient à des personnes traumatisées, et on s'était dépêché de mettre sur leurs épaules ces couvertures en aluminium que l'on trouve un peu partout. « Vous n'êtes plus en danger, mesdames. » Elles pourraient bientôt retourner au chaud chez elle, avec leur compagnon pour les rassurer, un bol de tisane chaude entre les mains, mais elles seraient certainement interrogées au préalable par une personne de leur division. D'après les enquêteurs, il était probable que le terroriste qui s'était tenu juste là en ait voulu au Capitaine Harlaown, étant donné qu'elle possédait un bon nombre d'informations. Ai Nakano, simple préposée au ministère de la censure l'aurait été qu'un dommage collatéral...

Toutes deux furent emmenées dans une voiture confortable aux vitres teintées, car, partout, on pouvait voir le flash de ces indiscrets journalistes. Elles furent menées au quartier général et après un entretien avec leurs responsables réunis, purent retourner chez elles, munies d'un bippeur pour prévenir si jamais elles voyaient de nouveau l'homme qui leur avait fait passé de si mauvaises heures. Un portrait robot fut édité à la suite de cette affaire, et placardé sur les murs de la ville...Et, enfin, les ministres purent se relâcher : ils avaient encore évité un désastre ; c'était un soulagement.



HJ : le rp event est clos. Si vous avez des réactions, vous pouvez les faire à la suite de ce poste, mais en tout cas, il n'y aura plus de conséquences sur les enlevées.
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