Utopie et Kira, par H.

Le XIX^e siècle est marqué – du moins en Europe – par d'importantes révolutions, changements dans les habitudes des gens. Le grandes théories du travail, l'organisation de celui-ci même qui a rigoureusement changé entraîne des changements dans les comportement, de manières de voir le quotidien. L'homme rural qui avait l'habitude de se déplacer tous les jours pour cultiver son champ est réveillé par le bruit des tracteurs : l'automatisation a commencé, le personnel est réduit. Il se rend alors à l'usine et travaille en boucle pendant huit heures. Huit heures, huit heures, huit heures. Vous connaissez le principe non ?

C'est justement au cours de ce siècle que les grandes théories de Marx, Proudhon sortent ou ressortent. Jonathan Swift publie la première des dystopies en 1726 : il s'agit Des voyages de Gulliver qui, loin d'être – comme nous le croyions – un livre pour enfant, évoque les maux de monde trop parfaits...égarons-nous sur le cas de l'île de Laputa. Sur cette île, toutes les formes sont géométriques...les habitants de l'îles sont obsédés par leur obsession de droit, parfait. En réalité, tout va de travers : les maisons sont en ruines, les cultures asséchées, la population ne vit plus : elle survit. Dans son dernier voyage, Gulliver découvre également une île gouvernée par des chevaux intelligent régnant sur des humains abrutis – et pourtant désirant acquérir le pouvoir. Que conclure de la lecture de ces nouvelles ? L'utopie se trouve partout où il y a des humains. Le pouvoir...le pouvoir est un grand mot, chaque humain rêve d'acquérir du pouvoir ; trop de raison nuit, la volonté de vouloir faire une chose trop parfaite nuit également, car on en néglige les autres. Telles seraient les idées de Swift, en 1726, alors que l'époque tendait de plus en plus aux progrès industriels.
Depuis, Fritz Lang ou même Chaplin ont pu nous donner des exemples de ce qu'est une société où les humains sont manipulés par cette automatisation abordée il y a deux paragraphes. L'un dans Metropolis, l'autre dans Les Temps modernes. Et ce avant la première guerre mondiale. Si les principaux questionnements concernent l'être humain et ce qu'il va devenir – de part l'avènement de la Machine et le règne de l'humain sur l'autre humain, avec la seconde guerre mondiale ou les dérives totalitarismes russes, une autre sorte de contre-utopie va naître. Les représentants en seront Huxley, avec Le Meilleur des Mondes, mais également Orwell (1984), parut en 1949, Fahrenheit 451 de Bradbury. Si les histoires dégagées sont fondamentalement différentes, elles ont malgré tout un point commun : un monde oppressé par un régime, des obligations dans le but de le rendre meilleur. Dans 1984, la figure transcendante de Big Brother apparaît constamment pour le bien des citoyens, dans Le Meilleur des Mondes, les naissances sont soigneusement contrôlées pour ne plus d'avoir d'enfants faibles...et avec le moins de risque possible. Plus aucune naissance naturelle est tolérée. Autre exemple, dans Fahrenheit 451, les livres sont déclarés dangereux, et le sens du mot pompier change : ils ne servent plus à éteindre les incendies, mais à les allumer pour brûler les connaissances jugées inutiles, dangereuses.
Alors quoi ? Quel était le rapport avec Kira ? Pourquoi vous a-t-on écrit un article sur les contre-utopies alors qu'a priori, nous sommes au XXIe siècle et que Kira règne sur toutes les productions, réalisations tel le Big Brother de cette époque ? Cette article n'est certainement pas censé faire l'éloge de Kira, il ne ferait pas non plus l'éloge de la rébellion. Chacun son camp, mais il faut bien le choisir...bien des morts pourraient être épargnés. Alors pourquoi avons-nous abordé toute cette littérature des dystopies ? ...éventuellement pour poser une seule question : sans gâcher chacune de ces œuvres, une dystopie peut-elle être rompue ? Si l'Empire de Kira est une de ces utopies – un monde plein de paix, sans criminel – pour les anti-Kira, il devient une dystopie, une abomination à vaincre à tout prix. Cela nous ramène à 1984 et à son protagoniste...se réveillant de son quotidien harassant et répétitif, celui-ci s'engage au fur et à mesure dans la rébellion. Prenant contact avec de plus en plus de gens, son aventure s'achève à sa capture : là, il sera torturé, perdra espoir. Il retournera chez lui, persuadé que l'utopie de Big Brother durera encore longtemps...tout comme nous, lecteurs. Kira, tout comme Big Brother ou la Mort-même est une allégorie. Si l'un de ceux-ci meurt, il sera remplacé...car une idée est pratique à remplacer. Il n'est même pas sûr que le gouvernement connaisse la réelle identité de Kira, alors voyez...connaître son identité le jour de sa mort ?...vous rêvez !
Les similitudes entre le gouvernement de Kira, son fonctionnement actuel et les contre-utopies, dans la littérature sont grande car elles s'appuient également sur le point commun des régimes totalitaristes. Rappelons tout de même la définition de celui-ci : « Le totalitarisme désigne un mode de gouvernement, un régime politique dans lequel un parti unique détient la totalité des pouvoirs et ne tolère aucune opposition (monopartisme), exigeant le rassemblement de tous les citoyens en un bloc unique derrière l'Etat. » Et pourtant...le régime d'Hitler, Staline, Mussolini a été renversé ? Alors...utopistes, ces rebelles ?

Citation :

Source : BnF, http://expositions.bnf.fr/utopie/zooms/z12.htm