Mission impossible...ou suicidaire? [Mello][Terminé]

Mission périlleuse...Trés périlleuse. Ce matin, Axelle avait décidé de sortir le grand jeu pour empêcher Ishtar de commettre une grosse erreur: vouloir infiltrer le QG de Mello pour récupérer des affaires chéres à ses yeux. Pourquoi faire un acte aussi suicidaire? Tout bonnement car certaines affaires étaient importantes pour elle, comme le médaillon de sa mère, malencontreusement laissé la bas, ainsi que pas mal d'armes, de vêtements, et autres objets plus ou moins sentimentales que sa fierté l'empêchait de laisser à la portée du blondinet. L'idée même de le voir s'acharner sur ses possessions, les vendre, les détériorer ou les donner à quelqu'un lui donnait la nausée. Alors ce matin, Axelle avait tout essayé: retenir son attention, le chantage affectif, les pleurs, le raisonnement, bref, rien n'avait marché. Aranel était entêtée...Elle se pamait de pouvoir s'infiltrer sans se faire attraper. Peut être avait elle un peu trop confiance en elle. Elle en était à moitié consciente et elle semblait tout de même inquiète, même si elle voulait afficher le contraire.

*Il est hors de question que je laisse mes affaires là bas..*

Cependant il demeurait un problème épineux, et non des moindres. Comment allait elle mener son infiltration? Allait elle se déguiser? Surement. Allait elle se faire passer pour une prostituée? L'idée lui déplaisait. Si jamais l'un de ces rustres la tripotait, elle aurait du mal à ne pas le frapper, et sa couverture serait détruite. Se faire passer pour une livreuse de chocolat? Non, Mello savait qui le fournissait régulièrement. C'était trop risqué...Mais en même temps, elle était à court d'idée. Il fallait dire qu'Axelle ne la laissait pas réfléchir correctement en la harcelant sans cesse pour qu'elle ne fasse pas cette mission. Le temps passa, et Ishtar a finalement opté pour de l'infiltration pur. Elle ne pouvait pas se faire passer pour un élément extérieur, vu le contexte, c'était impossible. Elle prit donc la décision de s'atteler à la tâche de nuit. Désespérée, Axelle décida de l'accompagné, afin d'intervenir en cas de bavure.
C'est alors en pleine nuit qu'Ishtar et Axelle se garèrent dans une ruelle, assez loin du QG. Ishtar se demandait si elle ne faisait pas une grosse connerie. Il fallait dire que c'était osé. Alors qu'elle se faisait porter disparue, elle revenait dans ce lieu "maudit" à ses yeux pour récuperer du matériel. C'est pour ça qu'elle s'était entièrement vêtue de noire, et qu'elle avait attaché ses longs cheveux noirs, et qu'elle avait tout fait pour se fondre le plus aisément dans l'ombre. Elle n'avait pas voulut prendre sa perruque blonde, trop encombrante pour elle, selon ses dires. Axelle était nerveuse. La jeune indienne décida de lui donner l'ordre de rester près de la voiture.
S'ensuivit alors la manoeuvre la plus compliqué. Son coeur battait à cent a l'heure et elle crut qu'elle allait faire un malaise. Reprenant son souffle, elle se mit a étudier la situation à toute vitesse. Tout en prenant une petite ruelle, elle se souvenait que le QG était remplie de caméras de surveillance. L'avantage, c'était qu'elle connaissait les locaux quasiment par coeur. Elle pouvait donc les localiser. Seulement, les désactiver, risquerait de donner l'alerte. Il lui fallait donc un plan. Tout en marchant, elle vit un des gros loubards de Mello trainer dans le coin. Il était en train de racoler une jeune femme, largement éméchée. Que foutaient t'ils là a cette heure? Bon sang, ils avaient oublier à quel point c'était dangereux?! Certes il n'était pas loin du QG, mais quand même...Soudain, elle eut une idée. Ce mec pouvait peut être la faire entrer. Seulement, il risquait de la reconnaître...Ou pas vu comme il était bourré. Elle pouvait le chauffer et lui dire qu'elle voulait le combler.. Oui, pourquoi pas. Au final, elle n'avait pas d'autres idées en tête, et c'était à tenter.

"Regarde mon loup, ya quelqu'un.."

L'armoire à glace se retourna sur Ishtar. Il la voyait à peine, si ce n'est à travers la lueur de son briquet allumé...

"Je peux vous rejoindre?"

Elle craignait que l'homme ne la reconnaisse. Mais elle se disait qu'il avait l'air bien ivre et que la pénombre de la nuit sans lune dissimulait ses traits. L'homme aquiecssa de la tête, legèrement titubant, attrapa la main de la jeune femme enivrée et d'Ishtar, et les emmena, en riant. A croire que l'alcool avait enlever toute la méfiance qu'il aurait dut avoir.

"Allez les cocottes, on y va"

Ish priait intérieurement tous les dieux hindoues pour que l'homme ne se soit pas rendu compte de qui elle était. Elle aurait sans doute due se déguiser, finalement. L'homme les entrainait, les amener petit à petit vers le QG. Ils passèrent devant deux gardes, complètement barraqués, et Ishtar se mit à baliser.

"Bordel, Snog! Qu'est ce que tu foutais! Le chef va te tuer si il apprend que tu batifole au lieu de faire ton taff!!"

"T'inquiète gars! Je me détends un peu, je fais pas du bon boulot si je me détend pas..."

"C'est qui ça?!"

"Elle, c'est Anna,tu la reconnais pas? Une des putes qui bosse pour nous..."

"Pas elle du con! L'autre la.."

Le sang de l'indienne tambourinait dans ses tempes. Elle baissait la tête, honteuse de ne pas avoir écouter les conseils de sa chère Axelle.

"Une nouvelle..."

Le garde fronça les sourcils, mais il n'eut pas le temps de répondre car le dit "Snog" l'embarqua violemment.

"Je te la "prêterai" Marco! Comme Anna!"

"Ouai, c'est ça..."

L'homme les firent entrer par une porte de derriere, qu'elle connaissait bien. Sans doute faisait il ça pour ne pas se faire choper. Elle soupira intérieurement, se rendant compte que ces crétins étaient en réalité encore plus inutile qu'elle ne le pensait. Maintenant, les vrais problèmes allaient commencer.

23h34. Les 5 écrans faisant face à Mello projetaient les images des caméras de sécurité du bâtiment, bien qu'il savait ses gardes du corps à leur poste et qu'il n'y prêtait presque aucune attention. Il avait juste pris l'habitude de prendre congé des autres dans la « salle de contrôle », avec pour seule compagnie le bruit des ordinateurs... Et de la musique à fond. Environnement peu propice pour réfléchir, je vous l'accorde. Mais Mello restait quelqu'un d'excentrique sur les bords... Il avait ses habitudes, et son caractère de sang-chaud, toujours prêt à démarrer au quart de tour, il dormait peu et usait de bon vieux morceaux de rock pour le garder actif. Il aimait avoir ces moments de solitude, où il n'était en compagnie que de sa conscience. Il n'avait rien à prétexter, aucun mensonge à inventer pour avoir la paix, il lui suffisait de dire à ses subordonnés de sortir et ceux-ci s'exécutaient sans même broncher, tous trop effrayés par le blond pour oser demander des explications (de toute façon, ils savaient pertinemment qu'ils n'en auraient pas.) Avec un album des Scorpions à plein volume depuis 10 minutes, Mello se délectait d'une tablette de chocolat assis sur sa chaise roulante de manière nonchalante, les pieds sur le bureau. La conversation qu'il avait entendu entre deux des demoiselles que se tapaient ses ''collègues'' il y a une semaine continuait de tourner en boucle dans son esprit.

« Il paraît qu'Ishtar a eu un accident de voiture... »

« Oh mon dieu ! Quand ? »

« Je n'en sais rien... Elle serait morte sur le coup... »

« Quelle horreur... »

« Une œuvre de Kira... ? »

« Qui sait... »

Il frappa du poing sur la table. La nouvelle l'avait choqué, bien qu'il n'en laissait rien paraître. Elle n'avait pas le droit de décéder ! Pas tant qu'il ne s'était pas vengé d'elle ! Comment pouvait-elle s'en sortir à si bon compte après l'avoir trahi, lui, Mihael Keehl ? Il ne savait plus s'il était enragé, humilié, ou simplement... Attristé. Il secoua vivement la tête comme pour chasser tout ça de son esprit. Lui ? Triste ? Elle était bien bonne. Quand bien même ce foutu Near se bornait à lui répéter qu'il se laissait guider par ses sentiments à la manière d'une furie, jamais il n'accepterait que quelqu'un puisse avoir une quelconque influence sur sa personne. Il valait mieux que ça, et il avait autre chose à faire que de s'appitoyer sur son sort. Des milliers de gens mourraient chaque jour à cause de Kira, et ça, c'était bien plus important que la tornade dans son esprit.

Il essayait désesperement de se convaincre que l'avenir du monde était le plus important, mais sa fierté en avait pris un coup après avoir appris que cette garce l'avait trompé. Pourquoi des types barraqués comme des ours avec la carrure d'une armoire se tiendraient à carreau, auraient peur de le froisser et de s'en prendre plein la gueule, mais qu'une femme toute frêle OSE lui faire CA, en connaissant pourtant son caractère colérique et sa tendance à descendre les gens qui l'offensent ?
Crac.Il croque rageusement sa tablette. Et pourquoi faut-il que la phrase « le chocolat est un substitut à l'amour » lui revienne à l'esprit à ce moment là ? N'importe quoi. Le chocolat c'était son substitut pour tout. Et il ne tombait pas amoureux.Trop contraignant. Trop... Risqué.

Décidement, s'isoler n'était pas une si bonne idée ce soir, il devrait aller se changer les idées et aller draguer lui aussi, comme Margo et Snog. Ces deux abrutis, pour ne pas se faire taper sur les doigts, se démerdaient pour ramener des « femmes de joie » au QG pour continuer de surveiller les lieux d'un œil en prenant du bon temps... Il croyaient échapper à la surveillance de Mello en les faisant entrer par le coté sud du QG, comme si cette partie là était exemptée de caméras. Mais quels idiots. Parfois, Mello se disait qu'il n'aurait pas du naître avec son intelligence au dessus de la moyenne... C'était une plaie parfois, comme si son cerveau ne voulait pas lui foutre la paix et se contenter des endorphines du bonheur dégagées par le chocolat. Les gens naïfs avaient de la chance quelque part... Pouvoir passer à autre chose facilement, oublier à une vitesse étonnante leurs erreurs et les refaire encore et encore. Et en plus, maintenant il trouvait qu'une des gonzesses accompagnant les deux molosses à l'entrée sud ressemblait à Ishtar. C'était le comble. Peu importe ses efforts, son esprit avait l'air emprunt à la nostalgie ce soir, et bien décidé à le torturer encore un peu. Ca devait être l'éclairage trop sombre et la qualité pourrave des caméras de sécurité qu'il avait récupéré qui donnaient cet effet là... Qu'est ce qu'elle viendrait foutre là si elle était encore vivante, franchement... ?

… Le médaillon.
Celui qu'il portait autour du cou depuis son départ, comme si ça pouvait la faire revenir, comme si en le portant ça pouvait lui permettre de la faire enrager ; celui pour lequel elle avait tant d'affection. Il retint un rire. Franchement, ce qu'il se faisait pitié à lui même ! Il fallait qu'il se fasse à l'idée qu'elle était morte et qu'il ne pourrait donc pas se venger. Il releva les yeux vers les écrans de contrôle : les deux balourds armoire à glace entraient dans le QG en compagnie des demoiselles. Mello fixa la derniere à entrer avec interêt, tout de noir vétue, avec une démarche qui lui était familière...

* … Bordel, j'ai besoin d'une clope. Mais où est Matt quand j'me fais chier ? *

Snog était en train de se marrer. Il avalait gouluement sa bouteille et en donnait à la dite Anna, qui la prit dans un râle. Ishtar était en train de réfléchir à toute vitesse, pour trouver une solution. Elle devait se barrer, et vite. Anna regardait d'un oeil noir Ishtar. Elle n'avait sans doute pas envie de partager son balourd. Elle se demandait pourquoi, car elle le trouvait vraiment moche. Ishtar se rapprocha de la jeune femme et lui murmura quelque chose à l'oreille

"Ecoute, je veux pas te prendre ton mec, je veux juste recuperer des affaires qui m'appartiennent, aide moi à m'eloigner et j'y toucherai pas"

Anna esquissa un sourire. Elle aurait put se poser des questions, mais son état d'ivresse l'en empêchait. La seule chose qu'elle voulait, c'était ouvrir ses cuisses. L'indienne soupira intérieurement, ayant de la pitié pour cette femme qui s'était laissé emporté par le système. C'était exactement à ça qu'elle ne voulait pas ressembler: une prostituée blasée qui a apprit a aimer sa condition misérable. Elle lui murmura qu'elle attirera son attention vers elle, pour qu'elle puisse s'éloigner. En espérant qu'elle le fasse...
Elle recula d'un pas et vit Anna susurrer des cochoneries à Snog tout en l'enivrant de Vodka. Elle le poussa en direction d'une chambre. Snog ne faisait même plus attention a Ishtar, tellement il était dans tous ses états. Anna fit un signe à la jeune femme qui en profita pour filer. Elle se mit à courir, se plongeant dans la pénombre du couloir qui se présentait à elle. Elle jetta un regard à la caméra de surveillance de ses yeux d'azur mi clos, dissimulés dans l'ombre. Elle espérait que Mello ne la regardait pas du haut de sa station de surveillance. Puis elle se remit à courir, fonçant en direction de sa chambre. Elle en était encore loin, mais connaissait assez les lieux pour y parvenir rapidement.
Elle priait pour ne pas tomber sur un des hommes de main de Mello, ou encore pire, Matt..Quoi que celui ci risquait d'être cloitré devant ses jeux videos. Elle entendit du bruit, et elle se cacha dans un angle de mur, plongée dans le noir. Deux gorilles passèrent à côté d'elle, en riant et en parlant de sa "mort"

"Tu crois qu'elle a été écrasée comme une crépe la Ishtar?"

"Je sais pas, peut être qu'elle a été transformé en purée..."

"Ah! Le chef doit pas être content..il l'aimait bien..."

"Il en était amoureux tu veux dire! Tu aurais vu les crises qu'il faisait lorsqu'il apprenait qu'elle trainait avec le roux des civils la.."

"Tais toi pauvre andouille, si le chef t'entend!!"

Ish soupirait. Comment pouvait il croire que Mello l'aimait? Elle même était perdue de ce côté la. Elle attendait qu'ils se soient éloignés pour reprendre sa route. Cette fois, elle ne courait plus, mais avançait avec un pas feutré, le long du mur. Elle se faufilait, lançant des regards a la caméra de surveillance. Elle aurait put les détruire, ou les éteindre si elle avait du temps à perdre (ce qu'elle n'avait pas, évidemment), mais elle savait que cela sonnerait l'alerte. Elle décida donc de passer outre. De toute façon, si Mello l'avait repérer, c'était dejà fichu. Elle n'avait donc pas de temps à perdre. Après avoir accélérer le pas tout en veillant à rester la plus discrète possible, elle arriva devant la porte de sa chambre. Une vague de souvenir lui revint en tête. Elle se souvenait du blond, la poussant sauvagement à l'intérieur, dévorant chaque parcelle de sa peau. Frissonnant à cette image, elle secoua sa tête et revint à ses moutons. Elle appuya sur la poignée...fermée. Le bougre avait bien fait les choses. Il avait fermé à clé sa chambre! Grinçant des dents, elle prit son sac. Elle avait tout prévu: grand sac en toile pliable pour prendre le plus d'affaires possibles, matériel de cambriolage...Elle prit de quoi forcer la serrure, priant Shiva que Mello debarque pas derrière elle. Au bout de 20 minutes, elle reussit à ouvrir la porte. Elle avait quelque peu malmener la serrure. C'était une chance qu'elle connaissait bien le système..Cela aurait put durer plus longtemps.

Elle entra dans la pièce baignée par la nuit profonde. Elle alluma une lampe torche, refusant d'allumer la lumière. Elle se rapprocha de la fenêtre.

*Je vais peut être pouvoir filer par la, je dois avoir une corde dans mon sac..*

Puis, elle se dirigea vers son armoire. Elle prit le plus d'affaire possible, remplissant furieusement son sac de vêtements et d'affaires en tous genres. Mais elle désirait retrouver en priorité un objet...Le médaillon de sa mère. Elle fouillait dans ses quelques bijoux rester la, mais elle ne trouvait rien. Elle commençait à s'inquieter sérieusement...

Après avoir trouvé un paquet de Malboro de Matt qui trainait sur une table et avoir piqué une cigarette pour répondre à son besoin de nicotine, Mello se réinstalla à son poste clope au bec. Il suivait du regard Snog accompagné de ses donzelles pour la soirée, s'enivrant joyeusement à la vodka le long des couloirs. Mais quel crétin... C'est sur que bourré comme il devait l'être, il ne devait pas se rappeler pour QUI il bossait exactement. Ca allait barder demain matin, quand bien même c'était plutôt calme ces temps-ci, ce n'était pas une raison pour laisser un seul type garder une entrée... Le blond pris une bouffée de nicotine et manqua de s'étouffer en voyant la brunette qui l'intriguait tant prendre à tout allure une direction opposée à celle de Snogg et de l'autre femme, se collant au mur à la première intersection qu'elle rencontra et se comportant comme une voleuse. Il plissa les yeux, se concentrant sur les images des caméras, sur les détails du visage de la jeune fille. Elle ressemblait décidemment beaucoup trop à Ishtar pour que tout ceci soit une coïncidence. Alors ces rumeurs sur sa prétendue mort seraient éronnées... ? Rien d'étonnant... Elle voulait sûrement avoir la paix et le champ libre pour.. Pour...

*Elle ne serait quand même pas bête à ce point là...*

Première à droite. Deuxième à gauche. Tout droit jusqu'au fond du couloir... Cinquième porte à droite. Bah tiens, depuis quand les morts reviennent-ils récupérer leurs effets personnels pour meubler leur tombe, hein ? Nul doute, son cerveau ne lui jouait pas des tours... Il s'agissait d'Ishtar.
… A moins que la bouteille de vodka qu'il s'était enfilé à lui tout seul tout à l'heure ne lui provoque des hallucinations. Ce qui serait vraiment un comble, lui qui tenait l'alcool. Peut être était-ce la fatigue. Ou le stress. Ou un mix improbable de tout ce qui fichait le bordel dans sa tête en ce moment. Il porta sa main au médaillon qu'il portait autour du cou, médaillon qui remplaçait son chapelet depuis le départ de la jeune femme, et le serra rageusement dans sa main, comme il avait l'habitude de le faire avec la croix auparavant. Tic se manifestant quand il était sujet au doute, inutile mais rassurant pour lui. Il savait que le porter le conduirait inévitablement à affronter Ishtar une ultime fois, la jeune femme y tenant trop pour le lui laisser. Au final, elle aussi, pouvait être prévisible... Mello se leva soudainement pour courir à sa rencontre, puis se stoppa net.

Il avait attendu ce moment depuis des lustres, échafaudé des scénarios tous plus sadiques les uns que les autres pour prendre sa revanche, lui faire regretter de l'avoir fait souffrir... Mais savait-elle seulement ce qu'elle avait provoqué chez lui... ? Toute cette haine, cette jalousie... Il ne se souvenait pas s'être enflammé autant auparavant dans sa vie. Mais pourquoi diable avait elle fait ça ? Et cette histoire d'accident de voiture, comme s'il ne se torturait pas assez l'esprit à son sujet ! Il avait prié pour recroiser sa route, désireux de lui faire payer ses actes, il avait passé des jours entiers à la maudir, la hair ; pour tout avouer il avait même souhaité sa mort de toutes ses forces. Et il avait pourtant complètement perdu son sang froid le jour où il avait appris son « décès », envoyant en l'air tout ce qui se trouvait sur la table de réunion autour de laquelle étaient attroupés ses camarades lors d'un rapide briefing sur la situation et sur leur dernière action. Bien sur, ils n'étaient pas dupes et avaient tous fait le rapport entre sa soudaine humeur massacrante (il avait descendu plus de types parmis eux qu'à la normale en à peine quelques jours) et le départ (forcé, rappellons le) d'Ishtar, pour laquelle il nourrissait une affection particulière que personne n'ignorait dans ses rangs. Et bien sur, personne n'osait lui dire qu'il fallait passer à autre chose, ou même essayer de le consoler : tout geste aurait été pris pour de la pitié, et Mello exècrait ça. Mieux valait l'éviter, une simple tasse de café renversée pouvant actionner la gachette de son flingue.

Oui, il avait attendu ce foutu moment pendant ce qui lui avait semblé être une éternité, et maintenant qu'il se présentait enfin... Il ne savait même pas comment réagir. Qu'est ce qu'il allait bien pouvoir lui dire ? Tiens salut, ça faisait longtemps, ça te branche si je t'étrangle avec ton propre médaillon ? Oh bien sur je demande ton consentement mais je n'en ai que faire. Puis tiens, avant que tu repartes on a qu'à copuler, en souvenir du bon vieux temps, mais tu comprendras que je ne suis pas d'humeur à faire dans la tendresse.
Il se repassait la liste des plans qu'il avait élaboré pour son retour, mais ils mettaient fin au « problème » bien trop tôt (dû à l'impatience de récupérer sa fierté.) et ne lui donnaient aucune réponse à toutes les questions qui le taraudaient. Il savait bien qu'il ne pourrait pas avoir des réponses à toutes ses interrogations, et de toute façon il ne souhaitait pas savoir certaines choses, comme par exemple les détails de sa relation avec le roux, rien que d'y penser il avait la nausée ; et une envie de meurtre qui se pointait aussi soudainement qu'une envie de cigarette. Il n'empêche qu'il se demandait comment elle se comportait avec lui... Bref, il allait falloir qu'il se fasse violence pour ne pas la descendre tout de suite, qu'il garde son sang froid pour discuter, allez... Disons au moins dix minutes, et encore, ça relevait déjà de l'impossible pour lui, Mello étant plus une personne d'action que de parole.

Il se retourna, jetant un dernier coup d'oeil aux caméras de sécurté, la brune essayait de crocheter la serrure de son ancienne chambre. Il inspira profondémment afin de se calmer, se disant que de toute façon, il était peut être en train de rêver, laissa le cran de sécurité sur son flingue (c'est dire, même lui ne se faisait pas confiance..) puis partit à la rencontre de la jeune femme.

Quand il eu traversé les longs couloirs du repaire pour arriver à destination, Ishtar avait réussi à ouvrir la porte, et continuait de chercher activement quelque chose, malgré que son sac soit déjà plein. Mello s'adossa contre l'encolure de la porte, l'intruse ne l'ayant toujours pas remarqué, et l'observa quelques instants, assailli par une multitude de souvenirs. Il tira sur sa cigarette et expira, exagérant un peu son geste pour que l'nfiltrée le remarque enfin, histoire de changer du banal éclaircissement de voix pour informer de sa présence ; gardant un air d'indifférence totale. Ishtar se retourna lentement, et le blond la fixa d'un air de défi. Croiser ses pupilles bleu perçantes réveillèrent un peu plus les pulsions meurtrières du blond mais il ne bougea pas. Des réponses. Il avait besoin de réponses. Il pris finalement la parole, ayant du mal à contenir sa colère grandissante dans son ton :

« J'imagine que je devais m'attendre à te revoir. Ca ne te ressemble pas, une infiltration aussi foireuse et mal préparée. A croire que tu tenais à me revoir... »

Oups, pépin à l'horizon. Mello était là, presque comme dans un film, se tenant à l'encolure de la porte. C'est vrai qu'elle aurait pu faire mieux, en matière d'infiltration...Mais elle se rendait compte qu'infiltrer ce QG comportait une seule et unique difficulté: Mello. Car si elle avait réussit à berner ses gorilles avec une grande facilité, elle n'avait pas put échapper à l'oeil vif du blondinet surdoué. En même temps ce n'était pas rassurant, car cela voulait presque dire que n'importe qui pouvait entrer si Mello n'était pas attablé devant les vidéos surveillances...Secouant la tête, elle essaya de trouver une solution. Il la regardait d'un air de défi, et la colère transparaissait dans sa voix. Aie, elle allait passer un sale quart d'heure. Axelle avait raison, c'était du suicide. Mais quelque part, ne l'avait elle pas cherché? N'était ce pas de la provocation? Seulement, elle s'était faite avoir. Elle ne pensait pas que Mello passerait son temps devant les caméras, vraiment. Retenant un soupir, elle fixa un instant le blondinet. Il avait changer de collier...Tiens donc...Cela ressemblait à...

*Mon médaillon!! Raaah le...*

Mais pourquoi portait il ce médaillon? Par vengeance? Pour la mettre en colère? Ou par souvenir? Quelques part elle avait vraiment l'impression qu'il ne pouvait pas se passer d'elle. Et elle, pouvait elle se passer de lui? Parfois Axelle boudait, sans raison, car elle était persuadée qu'elle aimait le blond. Elle désespérait de voir Axelle penser de telles choses. Mais elle même, savais elle au fond ce qu'elle ressentait? Elle serra son poing sur son sac, refusant de penser à des idioties aussi niaises. Au fond, elle l'aimait. Elle avait passé huit ans a vivre auprès de lui. Même Matt elle l'appréciait, dans le fond... Mais elle refusait de l'admettre. Et elle revenait sans cesse ici, comme quelqu'un qui revient dans son foyer.
Ce qu'elle savait, pour le coup, c'est qu'elle ne savait pas quoi dire. Elle n'allait pas lui sortir une phrase ironique, non? Ni une déclaration, elle ne se sentait vraiment pas d'humeur. Et si elle tentait de s'échapper?

"En effet, tu n'as pas tort, j'aurais pu faire mieux, en même temps j'ai facilement pu rentrer sans qu'aucun de tes hommes ne m'interpelle, heureusement que tu étais la..."

Elle recula progressivement, rapprochant son corps de la fenêtre. Elle ne savait pas pourquoi elle dévorait le blondinet du regard. Peut être pour l'enquiquiner...Comment pouvait elle encore vouloir l'enquiquiner alors qu'elle n'était absolument pas dans une bonne posture? Pourtant c'était du Parvati tout craché: une femme qui aime garder le contrôle, qui aime garder ce sourire sarcastique, même dans la pire des situations. Et cela était encore pire face a Mello. Ses doigts glissèrent dans son dos, tandis que sa jambe droite se posait contre le mur. Tenant fermement son sac et fixant le médaillon au cou du chef de la mafia, elle se résolut à le laisser là. Cela lui pinçait le coeur et elle détourna son regard d'amazone. Ce collier contenait le seule souvenir qu'elle avait de sa mère: sa photo. Sur cette photo elle posait simplement, avec un saree en soie bleue. Elle était magnifique, jeune, et ressemblait à sa fille. Elle se demandait si Mello l'avait regardé. Elle se demandait si Mello avait remarqué cette ressemblance. Elle se demandait ce que pensait Mello, si il s'était consolé dans les bras d'une autres, si il n'en n'avait rien a foutre. Rien qu'a la simple présence de son médaillon autour du cou...

"Sur ce il faut que je m'exerce tu vois, je ne peux rester avec cette infiltration foireuse sur la conscience, je dois corriger ça..."

Elle attrapa la poignée et commença a la tournée. Mais elle se méfiait de Mello. Allait il dégainer son flingue? A coup sur...Et puis, elle ne pouvait pas sauter comme ça, béatement dans le vide. La, ça serait vraiment idiot. Elle jeta un rapide coup d'oeil. Il allait falloir faire attention. Il y avait une rampe, mais elle n'était certainement pas assez grande pour s'y jeter allégrement dessus sans se fracasser en bas. Ils n'étaient pas au rez de chaussé...Dommage. Elle commençait à baliser quelque peu. Mello allait il vraiment la tuer? Serait il capable de le faire? En théorie, oui. Mais le fera t'il? Elle n'avait pas vraiment envie d'attendre qu'il le fasse, vraiment pas. Elle commença a ouvrir la fenêtre, son autre main se plongeant dans son sac pour attraper la corde. Elle tentait le tout pour le tout, mais si intérieurement elle craignait de connaître la suite.

Mello...Elle se souvenait des instants "paisibles", ou malgré leurs caractères respectifs, leur impulsivité, et leur personnalité, ils couchaient ensemble, passaient du temps ensemble, dormaient ensemble...Regrettait elle tout cela?

Coup d'oeil rapide sur le médaillon qu'il avait autour du cou de la part d'Ishtar. Bingo, c'était bien la cause de son infiltration au sein de ses quartiers. Elle resta un instant figée, ne sachant que dire, pendant que Mello réflechissait à cent à l'heure. Et maintenant ? C'est vrai, même s'il avait un peu forcé le destin, le moment qu'il avait tant attendu était enfin arrivé. Et malgré le temps de ''préparation'' qu'il avait eu, et les heures passées à réfléchir au meilleur moyen de la torturer -les morts lentes et douloureuses, quoi de mieux ?- il était comme paralysé. Tiraillé entre la crainte de la voir lui filer entre les doigts sans avoir eu le temps de lui parler, et sa fierté monstrueuse qui refusait d'avouer qu'il tenait à elle, ne serait-ce qu'un peu.

"En effet, tu n'as pas tort, j'aurais pu faire mieux, en même temps j'ai facilement pu rentrer sans qu'aucun de tes hommes ne m'interpelle, heureusement que tu étais la..."

Il roula des yeux. Deux de ses meilleurs gardes avaient récemment étés tués par Kira, ce qui faisait qu'il n'y avait plus que des imbéciles sous ses ordres... Du matin au soir il était entouré d'une bande d'incapables, et Matt restait enfermé dans sa chambre cloué à sa console ; autant dire qu'il se sentait affreusement seul depuis quelques temps, l'infiltration d'Ishtar lui procurait une distraction plutôt plaisante pour le coup... Entendre à nouveau sa voix lui fit un drôle d'effet, c'est pas comme si ça faisait des siècles qu'il ne l'avait pas entendue, mais de nombreuses années passées en sa compagnie l'avait accoutumé à entendre son léger accent tous les jours, et à vrai dire... Bordel, ce que ça lui avait manqué. Peut être qu'il allait les tenir finalement, ces dix minutes de conversation. Juste pour imprégner un peu plus sa voix dans son cerveau, histoire de ne pas l'oublier.

"Sur ce il faut que je m'exerce tu vois, je ne peux rester avec cette infiltration foireuse sur la conscience, je dois corriger ça..."

Son pouls s'accélera : pas le temps de réfléchir beaucoup plus longtemps à l'attitude à adopter ; s'il continuait à peser le pour et le contre, elle allait filer sans qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit. Ishtar s'était rapprochée de la fenêtre en douceur, espérant pouvoir se sauver et fuir leur affrontement imminent. Décidemment elle n'avait pas changé, toujours prête à foutre sa vie en danger, se souvenait-elle seulement que sa chambre était au quatrième étage ? Mais quelle inconsciente... Enfin, peut être qu'il n'aurait pas à se salir les mains finalement, la loi de la gravité se chargerait du sale boulot pour lui. N'avait elle réellement pas prévu l'éventualité de le croiser ? Comme si entrer et sortir de ce bâtiment se faisait comme dans un moulin ! Pourtant, pour y avoir passé des années elle-même, elle devrait le savoir... Alors pourquoi aurait-elle pris tant de risques ? Le médaillon était important à ses yeux, d'accord, mais de là à revenir ici en touriste genre « Salut je ne fais que passer », il fallait vraiment être idiot. Peut être qu'elle aussi, avait laissé une chance au destin de les faire se rencontrer à nouveau... Même si c'était suicidaire. Mello soupira, il était rare qu'il soit victime d'hésitation. La situation virait au ridicule tant on pouvait croire que tout ceci était fait exprès. Il s'approcha lentement de la jeune femme, glissa tendrement sa main sur celle d'Ishtar... Et tourna la poignée de la fenêtre dans l'autre sens ; avant de pousser l'indoue contre le mur opposé à celle-ci avec violence, tenant toujours fermement sa main. Il saisit le sac qu'elle tenait de sa main libre, et le jeta brusquement à l'autre bout de la pièce.

« Tu ne me feras pas croire que tu as pris tant de risques pour trois robes et des broutilles... »

Il laissa sa tête se poser sur l'épaule d'Ishtar, effleurant volontairement la peau de son cou du bout de ses lèvres. Elle sentait divinement bon, comme toujours... Il reconsidéra son envie de la tuer : ce serait du gachis, non.. ? De toute façon, décédée ou non, il l'avait perdue pour de bon. Il releva la tête, et plongea son regard dans celui d'Ish, décidé à lui crâcher tout ce qu'il avait à lui dire, qui sait ça le soulagerait peut être un peu...

« Tu n'es qu'une s**** de m'avoir laissé tomber et de revenir comme une fleur. Tu veux prendre la poudre d'escampette et te jeter de 4 étages ? Vas-y, je m'en fous que tu y perdes la vie. Je m'en fous aussi que tu sois partie avec... lui ; tes histoires de cul ne me regardent plus, tu as décidé de m'oublier, très bien. J'en ai strictement rien à foutre de ce qu'il t'arrivera à partir de maintenant. »

Il relâcha son emprise sur elle et recula d'un pas avant de continuer.

« Je te laisse la voie libre, je continuerai à te maudir et à prier Satan et Belzebuth pour qu'ils te donnent ce que tu mérites. Tu sais ce qui est le plus stupide dans tout ça ? C'est que je me sois finalement habitué à ta présence après toutes ces années. Je te voyais comme un acquis, comme ma chose, j'étais persuadé avec le temps que quoi que je puisse faire tu reviendrais toujours. J'y croyais vraiment, et c'est là que tu débarques pour reprendre tes affaires, comme pour me dire que non, tu ne reviendras plus ; et par pure lâcheté tu comptais t'éclipser et pensais que la disparition de tes affaires me suffirait comme adieu. Tu sais pourtant que j'suis exigeant, merde ! »

Mello enleva rageusement le médaillon d'autour de son cou, pris la main d'Ishtar et l'y déposa d'un geste brusque. Il avait atteint sa limite, ignorait s'il avait réussit son objectif de « 10 minutes en compagnie de mon ex », et avait le cerveau complètement embué, en stand by, veuillez réitérer votre requête ultérieurement. Il fallait qu'elle parte, qu'elle disparaisse de sa vue, avant que les connections dans son cerveaux ne soient victimes de bugs et qu'il finisse par l'embrasser parce que sa mémoire aurait zappé le fait qu'ils n'avaient plus rien à partager aujourd'hui... Il jeta son mégot, et se ralluma illico une autre cigarette. 1, 2, 3. Du calme. Vas y fini ton misérable speech et casse toi la tête haute...

« Dorénavant je ne te connais plus... Dégage, sayonnara, arividerci, bye bye, que tes foutus dieux te préservent de mon courroux et tâche de te souvenir de la miséricorde dont j'ai fait preuve aujourd'hui, j'espère ainsi avoir pourri ton moral et ta fin de journée. »

Il esperait surtout qu'elle n'avait pas remarqué que son discours n'avait aucune structure, ouais.
Il se retourna, clope au bec, décidé à planter la jeune femme une bonne fois pour toutes, et avec elle les souvenirs qu'ils avaient en communs ; pour les trois quarts contenus dans cette chambre...

Choquée. Ishtar était sous le choc. Non pas due aux jurons ou à la violence dont Mello faisait preuve, mais bien justement par ce qui transparaissait dans ses mots. Mello semblait blessé, vraiment blessé. Elle avait l'impression de vivre une scène de rupture, alors qu'elle cherchait a éviter un Mello tueur. Se serait elle trompé sur son compte? Elle avait passé son temps à voir les choses à travers le prisme de la rébellion. Pour elle, elle était persuadée qu'il n'aimait personne à part Matt et son chocolat. Elle croyait qu'elle n'était qu'un jouet, pendant toutes ces années. Elle tenait entre ses doigts le médaillon. Ses mains se mirent à trembler et son cœur battait la chamade. Elle sentit ses veines tambouriner sous sa chair. Elle baissa la tête, se rendant compte qu'elle avait été bien stupide de coller une étiquette et de croire Mello aussi insensible. Pourtant il l'avait insulté, il s'était énervé, mais il venait de lui faire comprendre qu'il avait de l'affection pour elle.
Une chose était certaine, elle ne contrôlait plus rien. Elle sentit une chaleur étouffante s'insinuait dans son corps. Sa tête bourdonnait affreusement et elle crut qu'elle allait défaillir. Elle le vit s'éloigner petit à petit. Sa conscience lui disait de fuir, de se barrer. Elle pensait notamment a Axelle qui devait s'inquiéter pour elle. Mais quelque chose l'empêcher de l'écouter. Elle se voulait forte, fière, indépendante de tout sentiments amoureux avilissant, mais pourtant...

« Bordel, attend ! »

Elle s'élança vers lui. Son regard embué de larme était fixé sur lui. Elle faillit glisser sur un sous vêtement laissé sur le sol. Elle se rattrapa de justesse, mais elle se retrouva blottie contre lui, l'enlaçant par derrière, sa tête contre son cou. Il pouvait sentir ses larmes, qui se mêlaient à son parfum charnel. Elle restait là, complètement sous le choc. Elle ne savait pas si elle devait se hair, le hair, ou hair le monde qui l'avait conçue. Pourquoi est ce qu'il était aussi compliqué à comprendre ? Pourquoi était elle aussi butée et bornée ? Pourquoi pleurait t'elle ? Déchirée en sa raison et son sarcasme permanent, refusant toute note de naïveté et d'amour dans sa vie, et son cœur qui lui criait de rester près de lui, elle ne savait pas quoi dire. Elle avait juste envie de mourir, juste à cet instant. Qu'il l'achève, d'être aussi niaise.

*JE HAIS CE GENRE DE FAIBLESSE !! *

Sa conscience hurlait, mais sa faiblesse prenait le dessus. Elle aurait voulut taper du pied, des poings, mordre violemment dans quelque chose. Pour elle, se laisser aller à ce genre de sentiment c'était accepter son amour et donc sa potentielle soumission à un homme. Être soumise lui faisait peur, et le nombre d'histoire de cœur qu'elle avait vu autour d'elle lui confirmer son schéma. Quand on est une femme, surtout dans ces temps troublés, l'on a une mauvaise place. Souvent elle avait vu des femmes esseulées, considérées comme inutiles, bonnes à rien. Elle refusait d'être bonne à rien. Cette obsession avait rendue Ishtar aveugle en ce qui concerne les sentiments des gens à son égard. Sans doute parce que la jeune femme se détestait, mais elle se considérait assez pour vouloir avancer et changer les choses. Elle avait été cruelle au final, cruelle avec Mello, même avec Hadès. Tout ça car elle voulait être une femme forte. Se mordant les lèvres avec fureur, elle n'arrivait plus à contenir ses larmes qui perlaient à grosse goutte sur sa joue. Elle avait honte, elle avait envie de se cacher, d'être aussi ridicule. Au final, était elle vraiment partie uniquement pour son médaillon. Elle l'avait laissé tombé sur le sol, en s'élançant sur le blondinet.

« Je préfère que tu m'achève, vraiment.. »

Elle avait sortit cette phrase avec une rage refoulée, une rage qui se retournait contre elle même. Au final Ishtar n'était pas qu'une femme de poigne, c'était également une jeune demoiselle traumatisée, qui cherchaient ses repères pour paraître plus forte qu'elle ne l'était. Elle n'avait même pas la force de défaire du contact de son corps. Même pas la force de relever la tête, même pas la force de dire ce qu'elle avait sur le cœur. Elle tremblait de froid, prise d'un début de crise d'angoisse...Elle détestait ça, vraiment.

« Je..je ne sais même pas quoi te répondre, je n'ai même pas envie de t'insulter, je veux juste... »

Réussir à sortir cette phrase relevait du miracle. Elle releva sa tête, et recula légèrement, essuyant ses larmes traîtresse. Elle n'avait jamais aimé Hadès comme elle aimait Mello. Hadès était un confident, un repère, Mello c'était indéfinissable, et assez violent pour la mettre dans cet état.

Le mafieux failli s'étouffer avec sa cigarette quand Ishtar l'interpella, la voix tremblante. Il s'immobilisa instantanement. Depuis quand ses mots avaient un tel impact sur elle... ? D'habitude, accoutumée au débit d'insulte par seconde du mafieux, elle laissait passer l'orage, ou lui répondait avec un discours de même envergure ; la dispute, c'est ce qu'ils connaissaient de mieux. Mais non, là, Ishtar paraissait peu sûre d'elle, et il craignait de se retourner et croiser ces orbes bleues qu'il connaissait par cœur et d'y lire quelque chose qu'il préférait ignorer. Il n'en eu de toute façon pas le temps, sentant la jeune fille tomber sur lui et l'enlacer. Il sentit son cœur se serrer. Non ça ne devait pas se passer comme ça... De toutes les possibilités qu'il s'était imaginé quant à leurs retrouvailles, il n'en avait prévu aucune où il flancherait, aucune où Ishtar pourrait l'atteindre ; il était au dessus de toutes ces faiblesses pitoyables propres à l'être humain. Pas qu'il soit question d'amour... Enfin peut être, mais Mello ignorait ce que c'était au sens large. Faire l'amour, c'était dans ses cordes. Faire preuve d'amour... C'était comme demander à un aveugle la couleur de votre pull. Disons que son corps lui manquait, que ses gestes lui manquaient ; son odeur aussi... Le contact de leurs mains qui se cherchent, ses fines lèvres qui se collaient aux siennes souvent pour le faire taire, ses longs cheveux qui le chatouillaient quand elle se penchait sur lui, toutes ces choses lui manquaient.. Et merde, son sang froid lui faisait faux bond dans un moment crucial ! Sa philosophie c'était l'indépendance ; Mihael n'avait besoin de personne, comme il n'avait besoin d'aucun sentiment, ces derniers ne faisaient qu'entraver ses capacités mentales. Il vomissait sur la facilité des sentiments, peu importe à quel point il les refoulait, ces traîtres l'enquiquinaient au quotidien. Ils étaient trop complexes. Il les confondait tous, pour lui ils n'étaient que négatifs ! C'était plus facile de tout envoyer balader, et de bouffer du chocolat pour oublier un peu le bordel émotionnel qu'il retenait en permanence. Il haissait tellement Ishtar, il la détestait si fort ; ça ne laissait pas de place pour autre chose.

Mello sentit les larmes d'Ishtar ruisseler dans son cou. Il tilta qu'il n'avait jamais vu Ishtar céder sous l'émotion en sa présence, ce qui le troubla encore plus -si c'était possible- et le pétrifia sur place. Et maintenant la voilà qui disait qu'elle préfererait qu'il l'achève... En général, après une tirade bien cassante dans laquelle il avait craché sa haine, il adorait avoir ce genre de réponse, qui confirmait que son message était bien passé et qu'il avait bien rabaissé son interlocuteur plus bas que terre. C'était une jubilation de tenir les gens par un simple discours, d'utiliser les mots comme des armes. Mais là, pour la première fois, il en vint à se demander s'il n'était pas allé un peu trop loin. Il aurait p'tet du enlever un « au revoir » en langue étrangère, genre le arividerci. Oui c'est ça, ça serait passé crème comme ça, c'était le détail de trop...

La jeune femme se recula, repris la parole mais ne finit pas sa phrase. Le blond se retourna et se retrouva face à une Ishtar désemparée, tremblante, montrant une des rares facettes qu'il ne lui connaissait pas. Des années à se supporter l'un l'autre, et voilà qu'ils connaissaient par cœur le rôle que jouait l'autre, mais ignoraient les choses enfouies au fin fond de leur tête ; parce qu'eux même n'en avaient pas connaissance... ''Il'' & ''Elle'' n'avaient pas vraiment existé, et leur ''Nous'' était foutrement foireux. Leur relation était autrefois basée sur un mélange de violence et de tendresse, un mélange improbable, explosif, quelque chose d'impossible à caser ensemble, et pourtant...
Elle essuya ses larmes, et la situation en était revenue au point mort. Et maintenant, qu'est ce qu'on fait... ? On était pas dans ces films à l'eau de rose où parce que c'est dans le scénario, l'un des personnages se met à genoux et implore le pardon -qui bien sûr, lui serait accordé-, pleurant la fatalité de la vie ; puis finissait par avouer ses tords et embrassait l'autre comme si on avait parlé d'un truc sans importance comme le nombre de fois où Amy Whinehouse était allée en cure de désintox. Bah oui, c'était la magie du cinéma, cette facilité à passer l'éponge sur les problèmes épineux. Et puis, Mello était doté d'une fierté immense bien qu'elle n'était rien à coté de son égo ; hors de question de faire comme si de rien.

« La mort, c'est trop facile. Je préfère te laisser vivre avec ça sur la conscience... »

Il savait qu'il l'avait blessée, et pourtant il en rajoutait une couche. C'était plus fort que lui, c'était dans sa nature, sa colère transparaissait dans sa voix. Peu importe à quel point elle lui manquait, il ne pouvait pas se résoudre à répondre à ses pulsions et la serrer dans ses bras pour la consoler, même s'il le souhaitait fortement. Il se contenta de baisser le regard, ramassa le médaillon qui avait échappé des mains de la jeune femme et le lui passa autour du cou d'un geste lent, presque tendre. Et si... ? Après tout, il n'avait rien à perdre... Il parcouru la joue d'Ishtar du bout des doigts, descendant jusqu'à son menton, et posa ses lèvres sur les siennes. Parce qu'il en avait envie, parce que Mello faisait toujours ce qui lui plaisait et se fichait des conséquences. Parce qu'il était loin d'être rationnel et qu'il était un paradoxe à lui tout seul. Avec lui on passait du blanc au noir en une fraction de secondes, on ne savait jamais sur quel pied danser, de quoi péter les plombs. Il se demandait pourquoi personne encore ne l'avait buté avec le culot qu'il avait... Sa gueule d'ange, sûrement. Même s'il était loin d'en être un.

Elle sentait de la douceur, de l'impulsion également dans ce baiser. Elle avait l'impression de faire un bond dans le temps. De la violence et de la douceur. Voilà comment résumer leur relation. Se connaissaient ils vraiment ? Elle même ne savait pas ce qu'elle était. Une furie ? Une femme forte ? Un être déchiré...Comme cela sonnait romanesque, un être déchiré ! Elle était dans un roman ou quoi ? Parfois elle se demandait si toutes ces histoires n'étaient pas une fable et si elle n'était pas un des personnages d'une trame aussi tortueuse que l'esprit de Lovecraft. Elle hésitait. Ce gars était aussi instable et aussi électrique que la foudre. Elle ne savait pas à quoi s'attendre. Alors qu'il était partit à la base pour l'envoyer balader, il venait de l'embrasser. Elle lui manquait, et il ne s'imaginait pas à quel point il lui manquait aussi. Elle avait pourtant refoulé ce sentiment au fin fond de son esprit. Elle criait sur tous les toits qu'elle n'était amoureuse de personne. Elle était Indépendante et fière. Au final ces deux là se ressemblaient beaucoup. Ils avaient leur fierté, leur sale caractère, mais ne pouvaient se passer de l'autre. Suivant ses impulsions, elle entoura son cou de ses bras, jurant intérieurement contre sa faiblesse qui prenait de l'ampleur.

Dans sa tête, toutes les pensaient s'entrechoquaient. Elle avait l'impression d'être dans un aquarium, tellement elle avait mal au crâne. Son pouls demeurait rapide et elle se demandait ce qu'elle foutait. Axelle devait s'impatienter. Elle se mit presque à divaguer dans son esprit. Elle était juste en train d'embrasser Mello, mais à croire que cela suffisait à faire ressortir des tas d'émotions en elle. Elle avait pourtant des responsabilités, un groupe à mener. Elle se demandait pourquoi elle se laissait aller aussi facilement. Pourtant elle se sentait purement incapable de le repousser. Elle avait presque envie d'aller plus loin, pour ne pas dire carrément. Mais elle tentait de se contenir. Elle recula un instant, plongeant ses pupilles dans les siennes. Comment avait elle vécut tout ce temps sans lui ? A la fois elle se sentait libre et forte, mais elle sentait également un manque. Elle repoussait tous ses désirs et ses envies dans son subconscient. Elle recula d'un pas, son visage exprimant tout le désarroi dans lequel elle se trouvait. Elle serra ses poings, tentant d'accumuler de la rage en elle pour dire quelque chose, l'insulter, ou s'en aller. Mais elle n'y arrivait pas. Elle se trouvait complètement désarmée, et désappointée face à lui.


« Je... »

C'était un miracle qu'elle ait réussit à articuler un son. Grinçant des dents, elle finit par se lâcher, attrapant à nouveau ses lèvres avec plus de fougue. Comme si sa colère, son désespoir, ses émotions ne pouvaient s'exprimer que par cette façon. Elle ne put empêcher ses doigts de se glisser dans son dos. Elle se put s’empêcher de se coller à lui. Elle était perdue, de toute façon. Dehors, Axelle devait sans doute se demandait si elle entrait à son tour ou si elle appelait du renfort. Mais elle lui avait donné l'ordre de ne rien faire sans un signal de sa part. Que lui dirait elle ? « Oh, Axelle, je me tape Mello, une minute et j'arrive... »
Elle connaissait l'aversion de la jeune femme pour Mello. Elle disait qu'il était trop impulsif et violent pour l'aimer et veiller sur elle. Au fond, elle n'avait pas tort, sur certains points. Elle venait de se rendre compte ce soir là qu'il y avait en lui bien des choses qu'elle ne soupçonnait pas. Ils avaient pourtant vécus huit ans ensemble, et elle commençait à peine à le connaître uniquement maintenant. Qu'allait il faire ? Allait il la repousser ? Ou renchérir et la pousser sur le lit ?


*Mais pourquoi je pense à ça, bordel de …*

Progressivement elle sentait son corps se réchauffer et ses sens s'en aller dans tous les sens. Elle avait besoin d'une bonne douche froide, c'était certain. Elle fut envahit de souvenirs plus anciens. Elle se souvenait, qu'après avoir quitté sa vie misérable de prostituée, elle avait décidé que son corps lui appartiendrait, et que sa sexualité, c'était elle qui l'a décidait. Coucher avec Mello était délibéré, à l’époque, contrairement à ce que certains pensaient. Il ne l'avait jamais vraiment forcé, car leur attirance était réciproque. Pourtant, cela n'empêchait pas certains de toujours la considérait comme une chaudière. Pourtant elle ne couchait pas à tout va. Les seuls hommes qu'elle avait côtoyé étaient Mello et Hadès. Pourquoi de tels jugements sur sa personne ? Parce qu'elle assumait son corps, ou peut être que les gens se seraient attendus à ce qu'elle devienne introvertie, après son traumatisme. Seulement ce n'était pas le cas. Et qui plus est, elle ne supportait pas la pitié des autres. Surtout des autres prostituées. Elle se demandaient comment ces pintades supportaient leur condition. Et le pire c'était que c'était elles qui faisaient le plus circuler les rumeurs sur elle et la jugeaient. Elle se retenait souvent de les baffer, mais le simple fait qu'elles étaient pitoyables à ses yeux l'en empêchait. Au final, c'était elle qui avait pitié d'elles. Elles n'avaient plus de vie si ce n'est leurs jambes grands ouvertes.

C'était comme embrasser ses souvenirs, toucher du bout de la langue tout ce qui l'avait tant fait vibré par le passé. Une piqûre de rappel sur tout ce qui l'avait lié à Ishtar, que ce soit les bons comme les mauvais moments... Ses sentiments lui revenaient en mémoire comme un coup de poing sur la gueule, un mélange de passion, de dépendance enivrante et d'entraves sur ses gestes, ses principes ; à cette époque il se trouvait ridicule, dans tout ce qu'il faisait il y avait du changement , la jeune femme avait une influence indépendement d'elle sur le caractère du mafieux, bien que cela était minime et qu'il fallait bien connaître le blond pour s'en rendre compte... Il avait arreté de prendre trop de risques inconsidérés, c'était comme s'il avait enfin réalisé la valeur de sa propre vie. Il ne ressentait plus le besoin de faire des missions explosives, de se faire remarquer dans ses actes de rebellion anti-kira par sa façon d'agir peu orthodoxe. Il avait arrêté d'être une bombe à retardement, de vouloir être sur tous les fronts à la fois et de vouloir prouver au monde qu'il lui était indispensable...

Ses mains frêles vinrent frôler sa colonne vertébrale, et il ne put réprimer un frisson. Son corps si fragile se collait à celui de Mello, qui la pressa un peu plus contre lui, laissant sa main glisser le long du bras d'Ishtar, effleurant sa peau du bout des doigts comme s'il avait peur de se brûler là où avaient étés déposés des baisers autres que les siens ; avant de lier sa main à la sienne et de la serrer avec force, pour se raccrocher à quelque chose, de peur de se faire emporter par les archives du passé... Ce baiser exprimait tellement plus clairement tout ce qu'ils n'auraient pu se dire à haute voix, c'est comme s'ils n'étaient pas capables de communiquer autrement depuis toutes ces années. La parole, c'était pas leur truc, et tant mieux ; Mello haissait perdre du temps dans des blabla inutiles. Il jeta sa cigarette au sol pour avoir son autre main de libre et venir emmeler ses doigts dans la chevelure d'Ishtar, s'amusant à enrouler puis dérouler quelques mèches couleur ébène... Il rompit le baiser pour plonger sa tête dans le cou de l'indoue et le couvrir de suçons, avant de venir mordiller le lobe de son oreille, griffant légèrement son dos...

- T'as pas entendu du bruit ? Ca v'nait d'la chambre à la Ishtar...
- Mais l'patron l'avait pas fermée à clé ? Regarde c'est ouvert...

*Putain...*

Pour une fois Mello était heureux d'avoir un cerveau réactif. A contrecoeur, il s'écarta d'Ishtar, enleva sa veste et lui cacha le visage avec, le tenant au dessus de sa tête, avant de l'entraîner dans les couloirs du QG en courant sans lâcher sa main, bousculant les deux gardes du corps au passage, qui ne bronchèrent même pas -saouls comme ils l'étaient, ils devaient être complètement à la ramasse...-Le blond tourna à la première intersection du couloir, déclenchant l'alarme à incendie au passage pour faire diversion. Si la brune s'était fait passée pour morte, on repassera niveau crédibilité vu la discrétion dont elle faisait preuve... Les systèmes des extincteurs automatiques se mirent en marche, provoquant une espèce d'averse à l'intérieur du QG.

- Hé mec ! Il pleut à l'intérieur....
- C'est p'tet Matt qui a encore déclenché l'alarme avec ses cigarettes...

Ses vêtements et ses cheveux s'imbibèrent d'eau durant la traversée du QG ; et il manqua de glisser à plusieurs reprises avant d'arriver à une lourde porte en métal donnant sur le toit qu'il ouvrit et referma derrière eux. Il se retourna pour se trouver face à une Ishtar trempée ressemblant à un petit chiot abandonné, le fixant bizarrement, sûrement surprise de toute la mise en scène et de son comportement... Douteux. Ses cheveux lui collaient au visage, faisant ressortir ses yeux en amande. Il ne put se retenir et partit dans un fou rire incontrôlable. Là, elle devait le prendre pour un taré. Ou un putain de psychopathe. Enfin c'était un peu ce qu'il était, non... ? De toute façon il n'était pas à ça près, il n'arrivait même plus à suivre les montagnes russes émotionnelles qu'il traversait depuis tout à l'heure. Il riait mais au fond il avait envie de tout foutre en l'air, de rentrer dans le QG et de tout casser. Et plus il pensait à ses envies de bordel, plus il riait. Ishtar arrivait à le froisser, aussi facilement qu'une simple feuille de papier... Et ça le rendait fou.

Il faisait nuit noire, et les deux anciens amants n'étaient éclairés que par quelques lampadaires au loin, quelques étages plus bas dans les rues sombres de la vieille ville. Le bruit de l'alarme à incendie s'arrêta. Les deux armoires à glace ont du trouver comment l'arrêter durant un bref instant où ils avaient les yeux en face des trous. Le silence retomba, seulement entrecoupé par la respiration saccadée du mafieux qui se remettait de sa crise de rire soudaine. Il passa une main dans ses cheveux blonds pour dégager son front, et planta son regard dans celui d'Ishtar. Il ouvrit la bouche, et la referma aussitôt. Non. Réflechis avant de dire quoi que ce soit. Il avança d'un pas, enleva sa veste en cuir de la tête de la jeune femme pour la poser sur ses petites épaules, avant de la prendre dans ses bras.

« Ecoute bien, parce que je ne le dirais qu'une fois... »

Il savait que la demoiselle avait une connaissance assez accrue en littérature pour comprendre à quoi il allait faire référence. Il colla presque ses lèvres à l'oreille d'Ishtar pour finir sa phrase dans un souffle, dans un murmure presque inaudible...

« Va, je ne te haie point. »

"le monde à soif d'amour, tu viendras l'apaiser"

A réplique littéraire, réplique littéraire. Elle avait sourit dans l'obscurité, goûtant sa peau une dernière fois du bout de ses lèvres. Ses mots voulaient tout bonnement dire qu'elle désirait le revoir. Elle se sentait en transe, toute tremblante sous l'effet de l'humidité. La sensation qu'elle éprouvait était puissante. La douceur de sa veste de cuir sur ses épaules l'apaisait, et être dans ses bras était pour elle un pur moment de bonheur. Elle avait l'impression de se prendre une baffe monumentale. Son cœur battait la chamade et ses mains tremblaient presque, tellement la foule de sentiment était importante. Elle savait qu'Axelle l'attendait, mais elle avait du mal à se détacher de lui. Elle regarda derrière elle, apercevant l'escalier de secours. C'était par la qu'elle allait descendre. Elle soupira alors, plissant son regard. La jeune femme serra ses doigts fins sur le cuir de la veste de Mello. Elle lui jeta un regard à la fois triste et passionnel.

*Si il veut me retrouver...*

Fouillant soudainement dans sa sacoche, elle recula de son étreinte, et sortit un feutre fin. Elle prit la main du blondinet et écrivit à l'intérieur de celle ci son nouveau numéro de téléphone. Lorsqu'elle eut finit, elle la referma, rangeant son stylo. Elle l'aurait bien écrit sur un bout de papier mais elle n'en n'avait pas. Et elle n'avait pas envie de fouiller pendant trente minute son sac pour retrouver son calepin. Elle l'embrassa à nouveau, mêlant ses lèvres aux siennes de manière langoureuse. Elle rompit le baiser, reculant doucement son visage, croisant une dernière fois son regard. Sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi, les autres vers de "Soleil et Chair" résonnaient dans sa tête, comme une mélodie tortueuse et délicieuse.

*Misère ! Maintenant il dit : Je sais les choses,
Et va, les yeux fermés et les oreilles closes.
Et pourtant, plus de dieux ! plus de dieux ! l'Homme est Roi,
L'Homme est Dieu ! Mais l'Amour, voilà la grande Foi ! *

Elle sourit de manière énigmatique, influencée par cet air qui anime ses pensées. Arthur Rimbaud était un visionnaire à ses yeux. Ishtar se retourna alors vivement, agrippant la veste contre elle, et se mit à courir vers l'escalier. Ses pas dévalèrent les marches de fer à vive allure. Elle se retrouva rapidement en bas, dans les méandres des Bas fonds. Les lampadaires éclairaient la nuit sans lune, et son âme était en proie au déluge. Elle plongea alors dans l'ombre, parcourant les ruelles sans se faire remarquer. Axelle était au loin. Elle accourut vers elle. Elle avait l'air pale et quelque peu paniquée.

"Bon sang! Tu m'as fais peur! Tu as pris un de ces temps!"

La brune la prit dans ses bras, afin de l'apaiser quelque peu. Axelle enfouit sa tête dans son épaule. Puis elle recula et la regarda avec un air interrogateur.

"Mais, tu n'as pris que ton médaillon?"

"Je..."

Il était vrai que dans la précipitation, elle n'avait guère pu récupérer son sac, auparavant balancé par Mello. Elle espérait que celui ci lui ramène ses fringues quand il viendra la voir. Mais ce qui mit la puce à l'oreille, c'était les grosses plaques rouges placées sur la peau de son cou. La faible lumière permettait à la jeune létonne de voir quelques tâches brunes. Ainsi elle chercha sa lampe torche dans son sac et la brandit d'un seul coup sur la peau d'Ishtar.

"Ish..."

La jeune hindoue baissa la tête, mal à l'aise. Axelle quand a elle ne savait pas si elle devait en rire ou en pleurer. Elle le savait au fond d'elle même, et c'était une des raisons pour laquelle elle n'avait pas cautionné cette mission. Elle était jalouse de Mello. Mais au fond d'elle même, elle savait qu'elle ne pouvait pas faire grand chose. Elle espérait au final qu'il la traite bien et qu'il la rende heureuse. Soupirant profondément, Axelle caressa son visage, l'air attristé.

"Je le savais...Allez, on rentre."

"Je suis désolé..."

"Pas la peine de t’excuser, l'amour ne s’excuse pas."

La blonde attrapa sa main et l'embarqua dans la voiture. Ish était encore dans la lune, à la fois honteuse et exaltée par ce qu'elle venait de vivre.

"J'imagine qu'on va avoir de la visite prochainement..."

"Oui"

Elle démarra la voiture, s'éloignant du périmètre, afin de rentrer à la planque. Ishtar le savait, elle aura de la visite, très prochainement.


[RP Terminé]