[Event 2] 101ème étage: le calme avant la tempête.

Spoiler:

Le jour, la nuit...quelle différence? Le seul néon de la pièce dans laquelle l'expérience 13.2 était enfermée luisait vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Heureusement qu'elle n'avait jamais eu de notion de temps sinon, elle serait déjà devenue complètement folle.

Dans le sous-sol du building dans lequel des centaines de pro-kiras travaillent, la semi-shinigami se contente de fixer le plafond blanc de cette salle blanche, assise dans un coin. Ses deux ailes plaquées contre le mur froid l'aide à ne pas mourir de chaud. En effet, il fait plus de trente degrés dans la pièce. Température à laquelle elle n'a jamais été confrontée.
Encore un test oui. Elle a toujours eu ce parfait ''quinze degrés Celsius'' qui lui donnait à la fois une sensation de fraîcheur et de chaleur. Cependant, quelque chose clochait dans tout cela.
Elle a été transférée depuis qu'elle a agressé une des scientifiques gérant ses apprentissages sous les yeux du premier ministre de Kira: celui qu'elle appelle ''Juni'' parce que il voulait qu'elle l'appelle comme cela. Comment devait-elle expliquer ce qu'elle venait de faire? L'expérience ignore si la scientifique est encore en vie et elle s'en moque. Tout ce qu'elle voulait, c'était apprendre à se servir de ses ailes pour s'envoler comme elle l'a déjà vu dans tout ces beaux livres qu'elle a parcourus. Les oiseaux, les anges, les dinosaures...pourquoi pas elle?
Mais ce qui clochait n'était pas là. Il était dans ces coupures de courant qui devenaient de plus en plus répétitives. Durant celles-ci, Thirteen se contentait de fermer les yeux sans bouger.
Puis, son oreille droite frétilla à cause de très légers bruits qu'elle pouvait entendre malgré la porte blindée qui la sépare des scientifiques. Soudain, la porte s'ouvrir devant les yeux interrogateurs de l'expérience. Deux personnes entrèrent dans la salle. L'un était un scientifique vu la chemise d'un blanc éclatant qu'il arborait et l'autre, un policier au vu de l'uniforme qu'il portait.

-Nous n'avons pas le choix! C'est la plus apte de toute vos bestioles!
-Vous vous rendez compte si les informations filtrent dehors la catastrophe que cela peut mener?
-Ils n'auront pas le temps de le dire...vous le savez bien...

Un lourd silence, un regard vers l'expérience qui se releva doucement à l'aide de ses ailes toujours collées aux murs. Ne comprenant pas la situation, elle se contentait de les observer en attendant des informations. Le scientifique qui lui arrivait aux épaules se tourna vers elle avant de lui parler calmement.

-Votre ami, Junichiro Iwa, risque d'être menacé par des ennemis...vous comprenez?

Le scientifique parlait lentement comme si un être primitif se tenait en face de lui. Thirteen n'apprécia pas ce point de vue mais rien ne paru sur son visage. Sans attendre, elle posa des questions sur ceux qui en voudraient à son seul ''ami''.

-Qui lui en voudrait?

Le scientifique émit un rictus assez content avant de se renfrogner à la vue du regard du policier le réprimant presque. Il la regarda à nouveau par la suite avant de tendre sa main vers elle.

-Là n'est pas la question. Je vous propose quelque chose de capital. Seriez-vous capable d'étrangler des personnes comme vous l'avez fait pour Sabura Hojo, la scientifique qui s'occupait autrefois de vous?

Là, la réponse ne se fit pas attendre de l'expérience qui regrettait son acte. Cependant, inca-
pable de donner de l'intonation dans ses phrases, elle ne paraissait pas crédible.

-Non, jamais.

Le scientifique soupira avant de lancer un regard navré vers le policier. Celui ne sembla pas l'entendre de cette oreille et poussa le scientifique pour faire face à l'expérience.

-Là non plus n'est pas la question enfin!!! Votre ami est probablement en danger tout comme ces amis et vous êtes une des uniques défenses qu'il peut avoir! Serez-vous capable de laisser de côté vos regrets cinq minutes pour protéger votre ''ami''?!

Secouée par cette réplique, Thirteen sortit de la salle en courant, bousculant tout les scientifiques qui lui barraient le passage. Arrivée à une intersection de trois couloir, elle se rendit compte de sa bêtise: elle ignorait le lieu où se trouvait son unique ''ami''. Elle entendit quelques secondes quand le policier la rattrapa et lui agrippa le poignet pour la tirer vers une porte métallique juste en face d'elle. La porte s'ouvrant dans une petite pièce, ils entrèrent dedans.
L'ascenseur montait maintenant vers le 101ème étage.

-C'est une pièce qui monte pour que nous rejoignons plus vite les étages de l'immeuble.
-Juni est en haut?
-Oui. Il peut risquer la mort à tout instant face à ces ennemis, ils sont dangereux et possèdent de quoi te tuer aussi.

Horrifiée par la fait que la seule personne n'ayant pas peur d'elle puisse être tuée, ses mains prirent la forme de pics aussi pointu que peut l'être une aiguille à tricoter. Le policier, bien que au courant de cette capacité à transformer ses mains mais aussi ses ailes en tout et n'importe quoi, regarda la semi-shinigami d'un autre oeil, plus effrayé qu'émerveillé comme pouvait l'être ''Juni''.

Arrivé au bon étage. L'expérience ne vit rien d'anormal dans ce bureau du 101ème. Le policier se demanda si elle va vraiment être efficace. Mais la nervosité de Thirteen montait tellement en elle qu'elle ne fit même pas attention à l'hélicoptère que l'on pouvait voir à la fenêtre.

-JUNI! TU ES LA???

Spoiler:

La situation devenait de plus en plus compliquée, là, et Hadès ne savait pas ce qu'il devait exactement faire. Les pro-Kiras de secours étaient arrivés très tôt, trop pour qu'ils arrivent à trouver Iwa du premier coup, à vrai dire. Son bras droit, Akis Akihiro se retrouvait pleinement entre deux feux, menacé par l'homme qui venait d'arriver et, pire que tout, Hadès venait d'apercevoir Fate pointer le bout de son nez. Ouille...il était parvenu à s'échapper la dernière fois, mais rien ne garantissait qu'il y parviendrait une nouvelle fois. Conclusion : il valait mieux éviter de tomber entre les mains de cette démone et s'en aller le plus vite possible.

Et ça tombait bien, un homme de Mello, Shakespeare, de son pseudonyme, s'était justement interposé entre lui et le reste des pro-Kiras et grâce à lui, Hadès pouvait réfléchir un peu plus à tout ce qu'il allait se passer. Ce qui était certains, c'était qu'il allait devoir profiter du chaos général pour diviser le groupe – et par la même occasion, la pro-Kira. Il était un peu près sûr qu'ils ne tireraient pas car ils risquaient de toucher certains de leurs camarades blessés, mais encore une fois, ce n'était vraiment pas une certitude. Shakespeare resterait à le couvrir quoiqu'il arrivait, c'était le genre de type qui n'obéissait qu'à un seul homme – en l'occurrence Mello, qui devait certainement avoir comme projet de l'étriper de ses propres mains, et non laisser une meute de pro-Kira le faire eux-mêmes. Bref, Hadès était sûr que Shakespeare le suivrait, mais Akis devait rester ici pour attirer le reste de la marmaille pro-Kira. Il avait confiance en son bras-droit, il savait qu'il ferait du bon boulot.

« Gauche, escalier ! Akis...reste ici. », chuchota-t-il doucement à Shakespeare tandis qu'il préparait son sabre pour se battre contre n'importe quoi qui viendrait se mettre sur leur route.

Hadès s'élança tout d'un coup vers la sortie et se mit à courir comme un dératé...Car c'était le mot. Il courut comme un dératé, poussa une meute de pro-Kira. Oh, Shakespeare le défendant fut sans doute la raison de pourquoi il ne fut pas blessé, et puis tout se passa tellement vite, sans qu'il y n'eut le moindre temps dédié à la réflexion.

« Vite ! »

Finalement, ils y parvint, à cet escalier. Il montait, aussi, à toute vitesse, Hadès monta à l'étage supérieur. Là-bas, c'était beaucoup plus calme...il pouvait même voir une étrange..chose arrêtée au beau milieu de tout cela. Hadès arrêta de bouger, se demandant ce qu'elle venait faire ici.

« Que venez-vous faites ici, bon sang ? Il y a des personnes armées, vous devez fuir ! Qui êtes-vous...pourquoi ce...cet accoutrement aussi étrange...que nous ont donc caché les membres du gouvernement et Kira...à moins que vous ne soyez Kira ? »

Tout s'était passé bien vite... ! Si vite que Fate ne comprenait pas bien la situation dans laquelle elle se trouvait actuellement. Ce qu'il s'était passé ? Elle avait surgi, armée, et n'avait pas hésité une seconde à pointer de son revolver cet homme aux cheveux rouges, sabre à la ceinture, qu'elle imaginait être le chef de la résistance. Sur le moment, elle avait assez peu réfléchi aux conséquences de son acte. Elle n'avait pas songé aux éventuels rebelles qui auraient pu débarquer dans la salle d'où elle était sortie et ainsi commettre un massacre avant de la prendre sournoisement par derrière. Elle n'avait pas songé aux compétences de ces nombreux hommes armés qu'elle avait choisi de tenir en joug seule. Mais peu importait ! Il avait fallu agir vite et son instinct lui avait dicté de se jeter ainsi dans ce qui ressemblait plus à la gueule du loup qu'à un plan de qualité. Et pourtant les choses semblaient plutôt bien fonctionner...

En effet, soudainement, un corps avait traversé son champ de vision. C'était un homme, un officier à la vue de son uniforme, qui s'était littéralement jeté sur celui qu'elle menaçait quelques minutes auparavant. Il en avait de suite profité pour le maîtriser à terre à l'aide de sa matraque de service et semblait d'ailleurs s'en sortir particulièrement bien. Il lui avait alors hurlé quelques ordres dans l'empressement auxquels elle ne porta aucun jugement, se savant plus haut-gradé, Fate avait tendance à se braquer au moindre ordre donné par quelqu'un qui lui était hiérarchiquement inférieur, mais la situation était telle qu'elle n'y avait prêté aucune importance. Ce type lui venait en aide, c'était l'essentiel. Elle avait donc immédiatement déplacé son arme en direction du second homme, sobrement vêtu de noir.

Son regard s'attarda d'ailleurs longuement sur ce personnage... Des vêtements simples, sobres, qui avaient sans doute été choisis pour leur souplesse de mouvement, des cheveux qu'elle imaginait brun foncé ou juste... Roux, que cet homme avait pris soin d'attacher en chignon. Roux... Des roux au Japon, il n'y en avait pas tant que cela. Et Dieu sait que celui dont elle se souvenait risquait bien de regretter leurs retrouvailles. Son visage se ferma, ses sourcils se froncèrent et pourtant c'était un sourire qui se dessinait déjà sur son visage. Un sourire de victoire.

"Darkwood..." susurre t-elle avec un air plus passionné qu'énervé.

Mais soudainement, un troisième homme était venu faire barrage entre son collègue et ce personnage en noir qu'elle avait immédiatement imaginer comme étant le frère d'Arashi Darkwood : ce résistant qui lui avait échappé récemment et pour lequel elle vouait depuis, une haine sans limite. Il s'était joué d'elle et lui était passé sous le nez, il allait payer pour ce geste. Elle avait essayer de se montrer indulgente, il avait abusé de cette chance qu'il lui laissait.

Et alors qu'elle s'apprêtait à lui prouver son mécontentement et à s'emparer de lui, voilà que lui et son nouveau garde du corps prenaient la poudre d'escampette. Dans un réflexe, Fate arma rapidement son revolver et tira quatre coups de feu dans leur direction. Quatre balles qui ne firent que percuter le mur sans rencontrer le moindre de ces deux corps. Et alors qu'ils s'enfoncent dans les couloirs, la jeune femme entame leur poursuite en hurlant :

"Arrêtez vous ! Ceci est un ordre !"

Elle traversa rapidement les couloirs, faisant claquer ses talons au passage, son arme à la main. Elle grimaçait à l'idée d'imaginer cet homme dont elle espérait beaucoup et sur qui elle devait exercer sa vengeance morale. Il était hors de question qu'il lui échappe une seconde fois ! Aujourd'hui, elle aurai la peau du frère Darkwood et la livrerait sur un plateau d'argent à son frère ! Elle poussait les gens qui passaient son chemin sans le moindre remord, pro-Kira comme résistant. Et finalement, ce fut au bout des escaliers que la course se termina. C'était ici, au 101ème étage, qu'elle se retrouvait enfin en face de cet homme qui avait hanté son esprit depuis plusieurs semaines. Il avait ruiné sa réputation, elle s'était pris un beau savon d'ailleurs. Avoir ainsi laisser échapper un prisonnier d'importance, ridicule, elle paraissait ridicule. Le sourire réapparut sur ses lèvres tandis qu'elle pointait à nouveau son arme dans le dos du rouquin :

"DARKWOOD ! Tu ne m'échapperas pas une seconde fois ! Pose ton arme et suis moi sans faire d'histoire !" avait-elle hurlé, sans prendre gare à cette ombre féminine ailée qu'elle avait à peine remarquer, plongée dans son désir d'enfin pouvoir refaire cet homme prisonnier.

Sans trop avoir attendu qui que ce soit arriver vers elle, l'expérience treize-deux fut assez déçue en voyant un homme aux cheveux roux et non son ami aux cheveux noirs s'arrêter dans son champ de vision, à sa droite. Il avait l'air aussi jeune que lui mais une intuition venue de nulle part la poussait à croire qu'elle ne pourrait lui faire confiance. D'une seule tirade, l'homme annonça que des gens armés se trouvaient à l'étage du dessous et qu'elle devait fuir. Non, il n'en était pas question! Elle devait protéger cette personne qui n'a pas peur d'elle, c'est bien plus important que le probable désordre qui devait régner quelques mètres plus bas. Thirteen se souvint exactement de l'air enfantin qui s'était dessiné sur son visage quand il l'avait vue pour la toute première fois en face de lui. Un enfant face à un nouveau jouet, c'est ce qu'elle avait vue. Bien qu'avoir le rôle de jouet ne lui déplaise pas, une sorte de pensée lui avait rappelé quelque chose...une sensation qu'elle avait autrefois connue...avant même sa naissance en semi-shinigami. Mais cette pensée fut de suite balayée par les pommes qui se trouvaient en face d'elle à ce moment là. D'habitude, on pouvait lire la répulsion, la peur ou encore la haine dans le regard des personnes qui venaient la voir en personne. C'était l'une des raisons qui l'avait poussée à croire en cet enfant qui avait une taille et une voix adulte.

Cependant, cet homme qui se tenait maintenant en face d'elle n'avait pas l'air très choqué...jusqu'après un moment où il demanda ce qu'étaient ces vêtements et si elle était Kira. Une idée la traversa. Elle n'avait été mise que très récemment au courant de qui était Kira: un Dieu qui tuait ceux qui osaient faire du mal à leur prochain et qui préférait garder son identité secrète pour éviter toute commercialisation de son visage comme il y eu avait le christianisme. Cependant, certains des sujets de la population refusaient de croire à cette suprématie et comptaient mettre fin à son début de règne avant même qu'il ne commence. L'expérience s'était demandée pourquoi étouffer un système qui n'a même pas été testé et qui pouvait porter ses fruits...comme une expérimentation.
Puis, une autre voix hurlant à un certain ''Darkwood'' de ne plus bouger et de la suivre sans lutter. Elle avait une arme dans la main. ''Ils possèdent de quoi te tuer'' avait dit le policier avant de la laisser entrer à cet étage. Ferait-elle partie de ses résistants? Thirteen ne sait trop quoi penser. Dans sa confusion, ses ailes frissonnèrent avant de laisser sa main droite se déformer et faire partir deux filaments tels des serpents se lançant sur leurs proies.
Les filaments atteignirent rapidement les mains armées de la jeune femme brune et les serrèrent aussi fort qu'elles pouvaient l'être jusqu'à ce qu'elle lâche ce qui ressemblait à un pistolet.

Sans dire un mot, deux autres filaments de la même main partirent à toute vitesse vers l'homme aux cheveux roux avant de tourner plusieurs fois autour de ses chevilles. Elle ignore qui est son ennemi et qui est son allié dans cette histoire mais elle compte bien retrouver Juni quoi qu'il arrive.
Elle regardait les yeux de ses deux proies scrupuleusement, cherchant un indice. Qui était son allié? Qui était son ennemi? La jeune femme brune semblait être étonnée...ou en colère, l'expérience a encore du mal à voir la différence entre les émotions des êtres humains. Que penser? Elle espérait ne pas voir d'autre personnes venir la déranger sinon elle risquait de perdre ses moyens face à plus de trois individus...sauf si il s'agit de Juni en personne, il saurait quoi lui dire, quoi faire pour la calmer. Seulement, il demeurait introuvable et la confusion de l'expérience semblait se calmer bien qu'elle n'était pas parue sur le visage toujours impassible de la semi-shinigami.

Sans relâcher son étreinte, elle s'approcha de la personne la plus proche d'elle, c'est à dire le chef de la rébellion dont elle voyait le nom et l'étranges chiffres s'inscrire au dessus de sa tête. Malheureusement, elle n'a pas encore compris ce que voulaient signifier ces chiffres. Certains scientifiques lui avaient annoncé qu'il s'agissait du temps qui leur restait à vivre mais les chiffres qu'elle avait appris ne ressemblaient en rien à ceux qui s'affichaient au dessus des têtes des humains encore vivants. Elle tendit sa main gauche qui avait regagné sa forme initiale...mais pas comme on s'y attendrait. En effet, cette main n'avait rien d'humain: un duvet bleu marine recouvrait cette main dont les doigts était aussi longs que la moitié de l'avant bras de l'homme lui faisant face. Si leur Dieu ne voulait pas voir son identité s'égrener, elle pouvait toujours semer la confusion à son tour dans les lignes rebelles...si il fait toutefois partie de la rébellion. Elle finit toutefois par dire quelques mots d'une voix toute aussi impassible que son visage.

-Ma foi, si vous désirez m'appeler Kira, faites comme bon vous semble. Enchantée, monsieur Akira Darkwood.

Bien que cette main monstrueuse lui était tendue, elle se demanda si il allait la serrer comme la politesse lui avait été enseignée ou bien si il n'était pas son allié. Il s'agissait d'un maigre plan mais d'un plan tout de même.

Obéir. Shakespeare avait été habitué à cela. Mais, il devait avouer que laisser en mauvaise position un résistant lui poser quelques remords, cependant, il fallait protéger Hadès et poursuivre la mission. Il suivit donc le chef de résistance, courant vers les escaliers, dégageant le chemin à coup de tir d'anesthésiant. A ce rythme là, il allait vite finir à court de munition. Alors que derrière lui, ils n'hésitaient pas à tirer à balles réelles. A croire que son coup de bluff n'avait pas si bien marché que cela. N'empêche, quelle idée ces armes de pacotille ! Il fallait qu'ils soient plus discrets, qu'ils soient moins repérable. La diversion avait été faite, maintenant, il fallait devenir furtif.

Aussi, dès que le coréen arriva à l'étage, il chercha à se planquer, pour pouvoir les couvrir si on les poursuivait, ce qui était fortement prévisible. Et il devait recharger ce foutu pistolet, il s'accroupit rapidement derrière un bureau, espérant qu'Hadès en fasse de même. Mais, bien sûr, non... Il fallut que ce guignol aille faire le mariole face à une inconnue, alors que l'autre fanatique arrivait et... Bon sang, c'était la merde ! Comment avaient-ils fait pour se retrouver dans un aussi gros nid d'embrouilles ? Comment la situation avait-elle pu à se point dégénérer ? Enfin, le point positif, c'était que la pro-Kira était autant maîtrisé que son supérieur. Le gros point négatif, c'était qu'il n'avait jamais envisagé de se retrouver face.... face à cette chose. Qui en savait beaucoup trop sur son supérieur. Bon sang, que devait-il faire ?!

Et cette chose acceptait qu'on l'appelle Kira... C'était la chose la plus abjecte qu'on aurait pu accepter. Néanmoins, Casey se dit qu'il n'était pas en position de force, ni même en position pour négocier. Et rester caché n'était sans doute pas la solution. Il préféra donc rengainer ses armes, et se lever calmement. Silencieusement, et laissait faire Hadès. C'était lui le chef, lui le spécialiste de la négociation et de la non-violence.

Il se contenta donc de surveiller la situation. Son regard naviguant entre la jeune femme et ce qu'il nommerait un monstre. Franchement, il avait déjà de l'expérience, mais une situation pareille, c'était le première fois qu'il y était confronté. Sans doute aurait-il fallu qu'il tire sur cette chose. Mais, comment savoir si les balles ou les coups pouvaient l’atteindre ? Cette chose n'était pas humaine.

*Qu'est-ce que c'est que ce bordel.... * rumina intérieurement l'homme de main.

Il commençait à douter de ses capacités à maintenir le rouquin en vie. En fait, ses supérieurs ne devaient pas se foutre de lui en lui donnant cette mission, ils devaient au contraire avoir trop cru en ses capacités. Protéger un suicidaire, c'était clairement impossible.

Les ordres de Fate résonnaient à ses oreilles, et pourtant, Hadès n'y faisait pas du tout attention ; à la limite, le chef de la résistance était beaucoup plus concentré sur la présence de Shakespeare quelque part derrière lui. Ce n'était pas qu'il n'avait pas vraiment confiance dans les hommes de Mello, mais...c'était un peu prématuré que faire confiance à l'un de ses soldats...ce qui revenait au même. Hadès savait trop bien que le blondin accro aux tablettes de chocolats le considérait comme un traître, et il était le premier à l'affirme, sachant très bien ce qui liait sa Princesse indienne à lui-même. Pourquoi donc se battre pour une femme, surtout que le roux n'en était pas amoureux – et Mello sans doute non plus, ce qui les liait était un féroce lien de propriété.

Arrêté juste devant la porte de l'étage, il observait la créature étrange qui n'était...pas vraiment humaine. À moitié nue, elle...n'était pas moche. Ses yeux étaient tels que, mystérieuse reine Mab, elle semblait vouloir l'attirer dans un monde qui n'était pas le sien et où, faible humain qu'il était malgré son pseudonyme, il se serait noyé, pitoyablement, paisiblement, comme le ferait tout être humain ayant trouvé sa raison de vivre. Hadès avançait la main pour la toucher, vérifier que ce qu'il voyait était réel lorsqu'il s'aperçut qu'un élément changeait toute la donne. Quelque chose collé à sa tête, un truc froid, mortel, et quelques paroles incisives. Encore une fois, il s'était tellement donné qu'il n'avait pas vraiment fait attention aux petits détails. Tentant de se concentrer encore plus sur la créature, il détailla de ses yeux ses ailes, les moindres petits détails de son corps...était-ce donc ce que cachaient les pro-Kira ? S'il y en avait une, combien il y avait-il donc ? Il ne pouvait pas croire que cette demoiselle était la seule de son espèce, alors ?

« En...enchanté. Je... »

Enchanté Kira ? Elle lui tendait la main, mais devait-il la serrer ? Hadès était beaucoup trop éberlué pour réagir au fait qu'elle venait tout bonnement de lire son nom au dessus de sa tête, et d'ailleurs, il ne s'y attendait pas vraiment. Kira ? Le pistolet collé à sa tête, lui, avait fait un bruit mat en tombant, Hadès restait toujours aussi immobile, trop ébahi de voir soudain se manifester quelque chose d'aussi...d'aussi surnaturel, même si les morts causées par Kira, il y avait longtemps qu'il savait qu'elles ne l'étaient pas.

Presque instinctivement, il vint faire quelques pas vers « l'animal », la chose trouvée ici. Kira. Comment Kira pouvait-il être une fille ? Il avait toujours cru que Kira était un humain plus intelligent que la moyenne, de préférence du sexe masculin, et voilà qu'il...avait la solution sous le nez. Kira pouvait-il être un être d'une autre espèce, avaient-ils vraiment des raisons d'avoir peur ? Pouvaient-ils le capturer, comment cet être se débattait-il ou se battait-il, carrément ? À ce moment, dix-mille questions traversèrent l'esprit de Hadès et soudain, il se retourna lentement, conscient de la triste réalité de la situation : ils étaient dans le building du gouvernement et pire encore, l'Être avait prononcé son nom. Complet. Et Fate Harloawn, celle qui n'avait pas peur à l'idée de le chasser, était derrière lui. Shakespeare aussi, s'aperçut-il. Désarmée, la pro-Kira était désormais prise en sandwich entre lui et l'homme qui devait le défendre. Et puis il restait le pion Kira, qu'allait-il faire ?

« Fate...demoiselle Fate ? Shakespeare, ne lâche pas ton arme, elle est dangereuse. », Hadès se rapprocha un peu plus proche de la demoiselle, venant presque lui effleurer les lèvres, « Sauf que vous pensez avoir entendu quelque chose d'important, ici. Non. Vous allez rapidement vous endormir, et puis quand vous vous réveillerez, nos visages seront flous pour vous, tout comme vos souvenirs. »

Petit sourire charmant, ou charmeur. Hadès profita à nouveau du fait qu'elle avait laissé tomber son arme pour la pousser contre le mur. Il attrapa ensuite sa main, celle bandée, évidemment, faisant se promener ses doigts sur celle-ci, enlevant tour à tour ce qui la protégeait. Hadès n'était pas quelqu'un de cruel, mais la dernière fois, il fallait bien avoué que Fate lui avait bien fait mal. Enfin bon, ce n'était pas pour autant qu'il lui fracassa brusquement la main.

« Mec...tiens-la en joue. Au moindre mouvement, tu lui tires dessus, qu'elle s'endorme et oublie. Alors...Fate...Qui t'a fait toutes ces marques ? Tu es allée jouer avec les résistants d'un peu trop près sans ton mentor ? Où est-il, tiens ? »

Hadès avait totalement tourné le dos à l'étrange créature, mais pendant qu'il y pensait...

« Et...qui est-elle ? Kira ? »

Bordel... Mais qu'est-ce que c'était que... Cette chose ?...

C'était la question qui revenait sans cesse à l'esprit de Fate. Avoir croiser son ancien prisonnier avait été tellement inespéré qu'elle n'avait pas hésité une seule seconde à le suivre ! Le capturer à nouveau : c'était là son seul objectif. Elle était tellement énervée, stressée à l'idée d'échouer à nouveau, tellement plongée dans son but actuelle, tellement heureuse de se sentir proche du but, que dans l'empressement, pensant pouvoir faire de Darkwood ce qu'elle voulait, elle n'avait pas pensé une seconde à jeter un oeil à ce qui les entourait. Peu importait cet homme armé qui le protégeait ! Peu importait cette femme au fond du couloir ! Seul dans ses yeux se reflétait le visage de celui qui lui avait fait affront...

Pourtant, elle fut vite ramenée à la triste réalité de la situation. Soudainement, elle sentit quelques choses de froid glisser entre ses poignets. Elle s'apprêta à se débattre mais n'en eut ni le temps, ni l'occasion. Voilà déjà que les liens la serraient si fort qu'elle se retrouva dans l'obligation de lâcher l'arme grâce à laquelle elle tenait Darkwood. Son revolver tomba à quelques mètres d'elle et elle poussa un gémissement sous la pression provoquée sur sa peau. Son regard suivit instinctivement l'origine de ces filaments dont elle ignorait tout simplement la consistance. Elle s'imaginait peut-être des rebelles, armés de matériels comme ce genre de cordage. Elle était bien loin de la réalité... Ses yeux croisèrent le corps de la femme... Mais pouvait-on appelé cela une femme ?...

Elle en avait bien l'allure, bien qu'à moitié uniquement. Presque évêtue, de jolies formes féminines cachées derrière quelques bouts de tissus, de longs cheveux bruns... Rien d'anormal jusque là... Et pourtant, en suivant la courbe de son dos, ce furent des ailes qu'elle aperçut... Des ailes... ? Aussi vraies que nature ! Accrochée derrière elle comme au flanc d'un oiseau ! La bouche de Fate s'entrouvrit. Qu'était-ce que cette chose ?! Les filaments quant à eux provenaient... De ses doigts... Dont les ongles semblaient l'avoir attacher. Elle ne put esquisser la moindre remarque. Elle ignorait qui était cette... Créature... On avait depuis longtemps déjà des échos selon lesquels les laboratoires se livreraient à d'étranges expériences. Mais... Que faisait-elle ici ? Était-elle le fruit d'une de ces expérimentations ?... Fate secoua la tête, comme pour tenter de faire partir ce cauchemar de sa vision. Elle décida de laisser cette chose de côté... Aussi curieuse soit-elle, aussi effrayante et inconnue soit-elle, il fallait passer à côté. Sa mission était d'arrêter Darkwood, il ne fallait pas que cela sorte de son esprit. Iwa et Arashi ne supporteraient sans doute pas une seconde erreur.

Pour le moment, cette femme la tenait prisonnière de ses doigts étranges. Elle tenta de se dégager mais n'y parvint pas : ne lui restait alors que la solution de la communication. Peut-être cette créature avait-elle aussi peur d'elle que la jeune femme ne l'était à sa vue ?... Mais alors pourquoi ne pas maîtriser les deux résistants comme elle venait de le faire ?... Mieux valait ne pas l'énerver... Dieu sait de quoi était capable cette chose.... Se montrer diplomate... C'est cela. Elle tenta de cacher son énervement et commença d'une voix claire et forte pour se faire entendre :

"Mademoiselle ! Qui que vous soyez ! Je vous demande de bien vouloir me libérer ! Le bâtiment a été attaqué par ces hommes et notre devoir en tant que sujets de Kira est de les en empêcher ! C'est empêcher leur arrestation que de me tenir ainsi prisonnière !" avait-elle dit, désignant les deux hommes du regard.

Pourtant rien ne semblait y faire... Et les choses restaient comme elles l'étaient. Et pourtant ce dont elle aurait douté arriva. Darkwood s'était dirigé vers elle sans le moindre gêne. La vue de son visage presque amusé de la situation lui inspira un profond dégoût et s'il avait pu le réduire en pièce à ce moment précis, elle se serait jeté dessus. Mais seulement, ses poignets emprisonnés empêchaient toute tentative... Le dénommé Akira eut tout de même la précaution d'ordonner à ce qui ressemblait à son garde du corps de ne surtout pas la quitter du regard et de tirer à tout moment. C'est un regard calme, fier bien que profondément méchant qu'elle lui adressait. Il avait le beau rôle dans l'histoire ! Celui du libéré, de celui qui pouvait tout se permettre ! Et il en usait bien... Elle n'apprécia pas du tout cette approche si intime qu'il se permettait, ce n'était sûrement que de la provocation histoire de la pousser à bout, mais la proximité de ces lèvres que les siennes effleuraient presque lui était insupportable. Ses paroles se voulaient sarcastiques. Si elle avait entendu quelque chose... Quelque chose était un bien petit mot pour exprimer la teneur de l'information qu'elle détenait ! Un nom ! Un nom complet ! Un prénom suivi d'un nom ! Si familier dans la vie de tous les jours, si insignifiants pour beaucoup ! Et pourtant, c'était ce nom qui conduirait sûrement à l'exécution de cet imbécile et à la destruction de son clan... Elle n'aurait qu'à le faire parvenir aux ministres et hop ! Le tour serait vite joué ! Il était trop tard maintenant, pour tenter de l'en dissuader, au jeu malsain de la manipulation, elle se montrerait la plus efficace.

Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme qui, ne bougeant bouger, se contenta d'émettre un léger rire :

"Tu n'es qu'un salopard Darkwood. Oublier ? Mais comment oublier quelque chose d'une telle valeur ? Je ne ferais plus preuve de pitié à ton égard ! Tu as bien dû rire à l'idée de me savoir à ta recherche ! Tu aurais mieux de rester dans tes geôles car tu ne tarderas à y retourner mon petit Darkwood ! Ou devrais-je dire... Akira ?..."

Ce prénom, elle l'avait prononcé avec un tel soin qu'on aurait presque pensé qu'il puisse appartenir à un saint. Avec lenteur, douceur, intonation et accent : ce nom sonnait comme la victoire à ses oreilles et elle ne pouvait s'empêcher de l'énoncer avec un plaisir peu ordinaire. Akira. C'était simple, courant, ce n'était sans doute pas ce dont à quoi elle s'attendait mais peu importait... Elle l'avait ! Elle ignorait encore comment cette femme étrange le connaissait mais ce n'était que de l'ordre du détail !

Il vint casser ses paroles avec violence, profitant de son incapacité à se défendre pour la pousser contre le mur. Il s'était saisi de sa main blessé et, après en avoir défait les protections, l'avait subitement fracassé contre le mur. Fate tenta de dissimuler un hurlement de douleur mais ne put le retenir. Elle avait bien entendu le bruit des os qui craquent : ceux de cette pauvre main déjà bien amochée qui ne se remettait de son agression que depuis peu et qui, déjà, était bonne à recommencer. Elle siffla une insulte en l'envers de l'homme entre ses dents après avoir jeter un oeil à ses doigts tordus. Ce n'était qu'une vengeance. Une simple vengeance. Elle l'avait, lors de la dernière interview, violenté malgré ses blessures et avait fait le choix de se moquer ouvertement de lui. Il lui rendait la pareille à ce moment précis. Un retournement complet de la situation : elle se retrouvait soumise à celui dont elle était, quelques semaines auparavant le bourreau.

"Comme si l'un des vôtres pouvaient faire ce genre de chose... Dois-je rappeler l'incapacité de ton camp ?" répondit-elle avec mépris à sa remarque. "Je n'aurais pas donné cher de ta peau si tu avais rencontré celui qui a croisé ma route ce soir-là. Je n'aurais sans doute pas eu l'occasion de te reparler aujourd'hui !"

Inutile de chercher à se débattre, elle n'en était pas capable. Elle rejeta un oeil sur la femme qui ne semblait toujours pas décidé à la libérer. Akira lui posa d'ailleurs une question qu'elle trouva particulièrement ridicule. Si elle était Kira ?... N'était-ce pas une évidence ?!

"Si cette chose est Kira ?" s'écria t-elle, à mi-rire. "Sans le connaître personnellement, je peux te dire que ses propos sont faux. Kira est malin et ne se montrerait jamais en public ainsi. Kira est quelqu'un de réfléchi mais c'est sans doute quelque chose qui doit échapper à vos esprits écervelés..."

Elle marqua une pause et profita de sa proximité pour se coller à lui et susurrer à son oreille :

"Et qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? Me tuer ?... Me menacer ? Me prendre pour otage peut-être ?... Me faire parler peut-être ? Votre opération ne mènera à rien, comme toutes les autres. C'est une impasse dans laquelle vous vous dirigez. Torture moi maintenant si c'est ce dont tu as envie ! A moins que tu n'en ais même pas le courage ?..."

C'était bien de la provocation mais qu'avait-elle à perdre ? Elle devait gagné du temps. Parler, parler, le retenir. Pour éviter qu'il ne lui tire dessus, la laissant s'endormir en effaçant sa mémoire par la même occasion... Et celle de son nom ! Il allait falloir attendre des renforts aussi longue l'attente soit-elle...

La situation créait en l'expérience une étrange boule dans l'estomac. Les capacités descriptives de cette dernière étant remarquablement limitées, elle ne fit pas attention à cette étrange sensation bien que elle fut victime de quelques secondes d'inattention. Cependant, le regard toujours vide et neutre sur son visage fit passer cet instant comme inexistant.
Elle? Kira? Si elle savait ce qu'était l'humour, elle laisserait ses ailes frétiller tellement elle en rigolerait. Les scientifiques ont affirmés qu'elle n'avait même pas un quart des capacités d'une telle personne! Ce serait impensable de la voir comme étant supérieur à lui!

L'homme roux qui lui faisait face écorcha un maigre enchanté avec un air ahuri. En effet, seul Juni pouvait avoir un tel air innocent et enfantin sur le visage. Comment a-t-elle pu oser penser qu'elle verrait quelqu'un d'autre qui l'accepterait comme il l'a fait? Non, ce n'est tout simplement pas possible. Puis, ignorant les liens qu'elle avait discrètement noué à ses chevilles, il se dirigea vers la jeune femme avant de lui parler avant que cette dernière ne lui lance qu'elle fait partie des troupes de Kira et que ce qu'elle faisait était un préjudice à sa cause. Thirteen eut un déclic quand l'homme lui fracassa le poignet contre le mur. La violence est une des vertus de leur cause, un tel homme ne devait même pas avoir le droit de penser à un tel acte. La jeune femme du nom de Fate Testarossa von Hückebein, un bien long nom en perspective, lui répondit qu'elle ne pouvait être Kira. Qu'il n'oserait se montrer en public et que, sinon, je ne serais pas intelligente.

-Et qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? Me tuer ?... Me menacer ? Me prendre pour otage peut-être ?... Me faire parler peut-être ? Votre opération ne mènera à rien, comme toutes les autres. C'est une impasse dans laquelle vous vous dirigez. Torture moi maintenant si c'est ce dont tu as envie ! A moins que tu n'en ais même pas le courage ?...

L'expérience ne laissa pas le temps à cette discution de s'étaler en longueur, il lui fallait être convaincante et ne pas laisser de doute quand à ce mensonge. D'un mouvement rapide du poignet, elle tira sur le filament tenant la cheville du prénommé Akira ce qui le fit tomber au sol à une vitesse fulgurante. Cependant, elle ne désirait pas lésiner sur les moyens et fini par le soulever tout en maintenant sa tête en bas. L'expérience lâcha sa présumée alliée avant de tourner vers elle.

-Navrée de couper votre conversation de manière aussi brutale...miss Testarossa. Je savais que vous étiez dans mes rangs mais j'ai malencontreusement oublié votre visage. Que vous croyez que je sois Kira ou non m'importe peu tant que je suis certaine que je suis votre alliée.

Elle avait parlé tout en dirigeant un autre filament pour encercler le cou de sa victime. Cependant, contrairement à la fois où elle a rencontré Juni, elle ne serra pas tout de suite le lien mais le tenant solidement. Elle est consciente que Akira peut se débattre mais sa force est supérieure à celle d'une machine de réanimation cardiaque. En effet, elle sait rester consciente face aux ondes électriques...mais quand il s'agit de substances chimiques.
L'expérience finit par tourner sa tête vers un bureau derrière lequel elle cru voir un nom s'afficher l'espace d'un instant.

-Et vous, là derrière, si vous ne désirez pas voir votre ami mourir aussi lentement que je peux le faire, sortez de là. Fate, je vous demanderais bien de ramasser votre arme et de me suivre dans ma recherche du ministre Juni mais le malheureux quiproquo de tout à l'heure ne ferais plutôt dire de me pardonner et de vous occuper de notre nouvel invité...

Elle venait de prendre de l'assurance dans sa voix. Pour une raison qu'elle ne parvenait à s'expliquer, elle se sentait bien. Elle était surtout heureuse de voir que les femmes ne sont pas que des scientifiques méfiantes ou des femmes de ménages paniquées à sa vue...

Allaient-ils y croire, pas y croire, y croire, pas y croire...sa poigne qui se resserrait sur le cou de Fate ne tarda pas à se retirer de là. Oh, non de son plein gré, bien sûr. Hadès n'aurait jamais baissé sa garde devant une pro-Kira, il n'était pas ce genre de personne. Comme le disait si bien la demoiselle Fate, oui, il était un salopard. Elle ne pouvait même pas imaginer à quel point et sur combien de degrés il l'était vraiment. Il était indéniable qu'il avait un sacré succès avec la gente féminine et se plaisait à briser des cœurs mais aussi...l'on disait que les personnages les plus dangereux étaient ceux qui prônaient l'utopie. C'était le cas de Hadès, et malgré son obstination de tout à l'heure à propos de...pas de morts et de vraies balles, il était vraiment capable de tout pour mener son révolution à terme. En ce sens, il était peut-être même plus effrayant que Machiavel, qui, lui, depuis le début, assumait ses choix et faisait exploser toute sorte de bâtiments. Donc...un salaud, Hadès l'était pleinement dans le sens où il ne faisait pas que tromper les femmes qu'il fréquentait – assidûment – mais aussi ses hommes, en leur cachant consciemment ses idées personnelles.

« Si tu savais à quel point j'ai envie de te torturer...tu me dégoûtes, toi...toi et ta bouche voluptueuse...Si tu savais à quel point je te méprise, à quel point j'ai envie de te violer, te tordre contre un mur, là, tout de suite. Ça te donnerait envie ? Je suppose qu'à ce moment-là, tu dirais que je suis pire que mon frère, mais tu aurais raison : quand on me cherche, on me trouve et j'ai toujours été plus mauvais élève que A...Ahhhhh ! »

Il allait prononcer le nom de son détesté frère et réellement commencer à exécuter les prétendues menaces sur Fate lorsque quelque chose enleva toute sa concentration ; il quitta soudainement le sol. Prendre l'avion, l'hélicoptère ou même pratiquer des sports se servant des courants d'air lui avait toujours été aisé, mais là...cette fois-ci, il quitta littéralement le sol, sans moteur ni rien, et les pieds en l'air. Ses yeux firent rapidement le tour de la scène pour identifier la menace potentielle, et, si possible, comme régler le problème lorsqu'il s'aperçut que le problème n'était pas humain et que Shakespeare, tout Shakespeare qu'il était allait sans doute devoir raisonnablement préférer la fuite pour appeler du renfort armé...c'était justement à ce moment-là que Akira Darkwood regrettait de les avoir tous munis de vulgaires anesthésiants. Et dire qu'ils pensaient pouvoir faire évoluer les mentalités !

Le sang commençait à lui descendre à la tête et respirer devenait moins aisé qu'avant. S'il était d'une plus faible constitution physique, il aurait probablement pu avoir des vertiges, nausées ou autres choses de ce genre, mais...cela n'arriva pas. Il n'était pas non plus assez fort pour relever son torse et s'appuyer uniquement sur son pied – et même pour quelqu'un d'entraîné, cela ne semblait possible et réalisable que dans les films de kung-fu. Arashi aurait certainement trouvé un truc comme se sortir d'affaire : tout, n'importe quoi. Souvent, pour se sortir d'affaire, Hadès pensait fortement à Arashi : ce qu'il aurait fait, comment il aurait fait. Parfois, il avait à trouver une solution au problème donné, d'autres, il séchait complètement, la mentalité d'Arashi lui échappant plus de fois que nécessaire.

Qu'aurait donc fait Arashi dans ce cas ? ...Ha, il savait peut-être. La chose, la créature inhumaine qui le maintenait dans cette position fort inconfortable, elle n'était sans doute pas Kira, mais elle avait l'air très attachée à Junichiro Iwa. Elle semblait même avoir un fort désir de le protéger. Le plan semblait être de la faire retourner de son côté...et comment, après tout ce qu'il avait dit à Fate, les menaces qu'il avait pu proférer ? Il se tut cinq secondes afin de mieux réfléchir, sachant que son temps était chronométré et que s'il ne voulait pas se retrouver entouré par les pro-Kiras, il devrait faire vite, très vite. Comment...raisonner...le monstre ?

« Votre nom...quel est votre nom ? Vous êtes entre les deux camps, n'est-ce pas ? Tout le monde vous utilise, que ce soit cette femme que Kira lui-même ? Nous, nous laissons au moins le choix à nos trompes de savoir ce qu'ils veulent être. Personne n'a été forcé ni été éduqué dans nos rangs, aucun enfant n'a eu la cervelle formatée par nos tracts...ceux qui le veulent peuvent nous rejoindre mais...nous désirons le moins de morts possibles, vous savez...la population des bas-fonds est malheureuse. Joignez-vous à nous. Êtes-vous un de ces antiques dieux que l'on décrit dans les livres ? Vous retiennent-ils prisonnière ici ? »

Hadès se tut. Il aurait aimé vivre pendant la période de l'antiquité car il aurait pu faire de somptueux discours pour introduire de sanglantes batailles. Il aurait aimé séduire la Gorgone en personne et embrasser Démeter. Ce n'était pas pour rien qu'il avait choisi le pseudonyme du Dieu des morts. Il représentait tous ceux qui n'étaient pas représentés, des anonymes mais aussi toute la cruauté du monde derrière un innocent masque de chair.

« Chef, je te conseille de fuir tout de suite. Ma chérie, pourrais-tu me gratter sous le bras ? Je sens comme une légère démangeaison ! »

Okay. Shakespeare n'aurait vraiment jamais cru se retrouver dans une telle situation en suivant l'apôtre de la non-violence. Franchement, c'était fou. Pourquoi n'était-il pas avec les autres à juste casser du pro-Kira ? Pourquoi se retrouvait-il face à cette chose bizarre ? Face à ce... Monstre ? Mais merde, les monstres, c'est un truc qu'on utilise pour faire peur aux gamins ! Et là.... Merde, merde, et merde ! Il avait juste envie de hurler. Envie de tirer une balle dans la tête des gens présents dans cette pièce. Dans la tête de cette flic qui n'arrêtait pas d'échauffer ses nerfs. Dans la tête de cette chose hideuse. Et surtout, dans la tête de cet abruti qu'il devait protéger mais qui était juste foutu de ne suivre aucun des précepte qu'il imposait aux autres ! Elle était où sa non-violence quand il pète le poignet d'une femme maîtrisée ? Et elle servait à quoi sa non violence quand il se retrouvait fait comme une merde ! Bon sang, c'était lui le chef, et encore une fois, c'était au pauvre sous-fifre de merde qu'il était de les sortir de là ! Alors oui, il était énervé, et oui, il avait envie d'être franchement vulgaire, mais il était obligé de sauver les couilles de cette petite tapette ! Et galère !

Il réfléchit posément à la situation -critique- dans laquelle ils étaient. On lui demandait de se lever. Et Hadès se délestait gentiment de lui offrir une idée de solution. Il se demandait vraiment comment il était devenu chef celui-là ? Il avait trouvé son grade dans une pochette surprise ? S'il réussissait à les sortir de là, il se promettait de foutre dans le minois de jeune premier du chef une droite qu'il ne serait pas près d'oublier !

Shakespeare attrapa son paquet de clopes. Putain, il n'en avait plus que deux. Ce serait dur de tenir la journée. Après cette mission, il lui faudra aller dans un bureau de tabac. Ok, mais c'était pas la première priorité. Il tira sans bruit la corbeille à papier qui se trouvait sous le bureau qui le protégeait. Puis rangea ses armes, attrapant un paquet d'allumettes. Il se leva doucement, et craqua son allumette, d'un geste précis, sans tremblement. Sa cigarette fut rapidement allumée. Il préférait quand même crever la clope aux lèvres que la peur au cul. Puis, la petite allumette tomba délicatement dans la masse de papier. Sans faire presque de bruit. Le plan était en marche. Il ne faudrait pas deux minutes pour que des trombes d'eau et une alarme stridente ne réagissent. C'était court pour finir une clope, mais il y arriverait.

Il s'avança donc. Et lança un regard moqueur aux individus présents, s'approchant de son cher chef. Et lui gratta le bras.

« Pardonnez les manière de ma doublure. Je l'ai choisi pour ça. Plus quelqu'un semble présomptueux et orgueilleux, mieux il passe pour un chef. Mais vous savez comme moi que ce petit Akira est inoffensif n'est-ce pas ? Nul besoin de le laisser ainsi suspendu. Sinon, je serai obligé, moi, chef et apôtre du pacifisme de mettre mes mains dans le sang pour le sortir de là. Cela me chagrinerait beaucoup mesdames, d'autant plus que je suis gentleman. »déclara-t-il d'un ton ironique et assuré, un ton de chef.

Qui a dit qu'il n'était pas bon acteur ? Il faut bien duper les forces de l'ordre de temps à autre.

« Ceci dit, mon cher et tendre n'a pas tort en vous expliquant que nous ne forçons personne à rejoindre nos rangs. Et si vous n'avez jamais pu mettre les pieds hors de cette tour, vous ne pouvez vus rendre compte que c'est vous, chère déesse que l'on manipule. Et vous aussi chère madame, j'espère que votre poignet n'a pas trop souffert, je vous autoriserai autrement à rendre là pareil à ce goujat ici suspendu. »

Il finit cette phrase, son regard se porta en direction de la corbeille, c'était l'heure.

« Sur ce, excusez nous mesdames, nous avons à faire ! »cria-t-il en sortant son pistolet anesthésiant, et son couteau, au moment où l'alarme se déclenchait et l'eau déferlait sur eux.

Deux flèches partirent vers le monstre. Il n'avait aucun état d'âme. Il devait libérer son homme. Son autre main attrapa un couteau, et il tenta de briser les liens du prisonnier, sa lame allant appliquer son tranchant sur la matière inconnue.

« Akira, un chef n'abandonne jamais ses hommes. »dit-il à sa destination.

Il n'avait même pas pu finir sa clope... Vie de merde.

« Si tu savais à quel point j'ai envie de te torturer...tu me dégoûtes, toi...toi et ta bouche voluptueuse...Si tu savais à quel point je te méprise, à quel point j'ai envie de te violer,te tordre contre un mur, là, tout de suite. Ça te donnerait envie ? Je suppose qu'à ce moment-là, tu dirais que je suis pire que mon frère, mais tu aurais raison : quand on me cherche, on me trouve et j'ai toujours été plus mauvais élève que A...Ahhhhh ! »

Tant de violence en si peu de mots... Tant de haine en ces quelques phrases...

Fate le voyait bien... Elle voyait bien que ce visage, déformé par la colère, prononçait des menaces qui risquaient d'être très vite mises à exécution... Elle avait bien vu cette haine qu'il avait projeté à travers ces paroles... Elle l'avait tant cherché depuis leur rencontre inopinée lors de sa première descente avec le Premier Ministre ! Il y avait eu ce coup de feu grâce auquel elle était parvenue à le blesser, puis cet interrogatoire durant lequel ils avaient pu « faire plus ample connaissance », ces informations capitales qu'elle avait récupéré et enfin, cette fuite qu'elle avait vécu comme une terrible défaite. Mais pendant tout ce temps, elle n'avait fait que le provoquer encore et encore, sans jamais se méfier de ce qu'elle pouvait engendrer. Elle l'avait toujours vu comme quelqu'un de ridiculement utopiste. Armer ses hommes lors d'une attaque d'anesthésiants, n'était-ce pas un signe de non violence ? Elle l'imaginait bien plus intelligent qu'il ne lui avait paru – car oui, à la vue des capacités de son frère, on ne pouvait voir en lui qu'un bon stratège et quelqu'un qui savait manier ses troupes. Mais elle n'aurait jamais imaginé une seconde celui qu'elle qualifiait de physiquement inoffensif car elle s'était toujours mis en tête qu'il n'oserait jamais lui faire du mal. Et pourtant, c'était bien le cas... Non, ça ne ressemblait en rien à du bluff. Non, ça, c'était des menaces dignes d'un homme violent...

Un moment, elle eut peur. Peur. Oui, peur, ça lui arrivait souvent mais rares étaient les fois où elle le montrait. A cet instant précis, c'était pourtant flagrant. Peur. Peur de lui, oui, rien de plus logique ! Mais aussi peur d'elle même, de ce que son comportement provocateur avait engendré... Etait-ce elle, elle et ses paroles haineuses, ses incitations à la violence, ses critiques nombreuses, son venin autant physique que parolier, elle qui l'avait poussé à réagir ainsi ? Était-elle venimeuse au point de changer un homme ? Elle avait toujours cherché à blesser, à atteindre moralement. Voilà pourquoi elle se montrait toujours aussi désagréable. Mais les événements la dépassaient. Non, pas à ce point. Pas aux points de faire des hommes des monstres... Non, il suffisait de se dire qu'il ne faisait que montrer son vrai visage. Oui, c'est cela. Quelqu'un qui se cacherait derrière un masque d'innocence, après tout, c'était peut-être le cas ? Elle se surprit à trembler devant lui. Elle eut honte, honte de sa faiblesse et pourtant, ces menaces ne purent l'empêcher de se souvenir des événements passés... Non, ça aussi, elle devait le chasser de son esprit.

Elle le vit s'approcher. Mon Dieu ! S'enfuir ! Elle n'avait que ce mot à l'esprit. Mais aucune issue de secours ne s'offrait à elle. Par chance, il y avait ce monstre, pas si monstrueux que ça sur le coup d'ailleurs, qui, utilisant ses capacités surnaturelles, avait emprisonné les pieds du jeune homme et l'avait violemment soulevé dans les airs. Fate laissa échapper un soupir de soulagement. Cette créature, elle lui serait redevable ! Quelque peu secouée par ce qu'il venait de se passer, elle s'appuya contre le mur et ferma les yeux. Ce n'était pas le moment de flancher, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser, encore et encore. Penser... Penser à ce qu'il se serait passé si la créature n'avait pas été là ou n'aurait pas été de son côté... Aurait-il mis ses menaces à exécution ? Se serait-elle retrouver prise comme un animal contre ce mur froid ? Revivrait-elle les événements passés avec la même terreur ? Elle secoua la tête, chassant cette image de son esprit. Mieux valait ne pas y penser.

Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas saisi la conversation entre Akira et la créature. Elle se réveillait juste à temps pour voir le second homme qu'elle avait presque oublié durant un moment se diriger vers son chef et entamer son monologue. D'ailleurs, ses paroles eurent le mérite d'embrouiller correctement Fate. Elle ne comprenait plus grand chose. Akira était-il le chef ? Ou n'était-il qu'une doublure comme le laissait dire le second homme ?... Vérité ou mensonge ?... Peu importait. Elle les aurait tous les deux et les rendrait pieds et poings liés devant le général. Elle ramassa son arme, tombée à terre et la glissa à sa ceinture, attendant le bon moment pour intervenir. Elle n'en eut malheureusement pas le temps. Soudainement, la pluie se mit à tomber... A l'intérieur ?... Elle leva les yeux et comprit que c'était le système anti-incident du bâtiment qui venait de se déclencher. Elle s'interrogea sur ce qui avait bien pu provoquer son déclenchement et repensa à la cigarette que fumait discrètement le second homme tout à l'heure. Malin. Il s'était montré très malin. Les deux résistants avaient donc profité du désordre provoqué pour tirer sur la créature une série de fléchettes anesthésiantes et pour fuir dans le couloir. Fate ignorait pourquoi, mais elle n'avait pas été visée. Quelle aubaine ! Cela lui laissait une chance !

Dans un élan d'espoir, elle se précipita dans le couloir. Elle n'avait pas pris le temps d'aller voir la créature mais imaginait que son étrange composition la laisserait s'en sortir très vite. Elle courut, comme une dératée, après les deux hommes à travers l'étage. Elle peinait à gagner du terrain et la configuration des salles ne lui permettaient pas pour le moment de tirer. Que cherchait-il ? Encore et toujours Iwa alors que même elle ignorait s'il était ici ?... Si tel était le cas, il ne quitterait pas l'étage et ça, c'était un point positif. Elle tenta de faire fonctionner son téléphone dans sa course pour appeler des renforts, mais toujours pas de réseau, c'est pourquoi lors d'un détour près des escaliers, elle se contenta d'hurler à l'étage inférieur de ramener des renforts espérant que quelqu'un l'ait entendu. L'eau coulait toujours. Elle se débarrassa de la veste de son uniforme, alourdie par l'humidité, qui couvrait sa chemise et la jeta avec précipitation dans un coin. L'étage était immense : la course allait pouvoir durer longtemps... C'est pourquoi Fate se décida, alors qu'elle les poursuivait dans un couloir long dans lequel elle pouvait les voir malgré la distance, d'intervenir. Elle s'arrêta, saisit son arme rapidement et tira trois coups dans leur direction. Il y avait de grandes chances qu'elle ne les ait pas atteint, mais au moins, elle les forcerait sûrement à s'arrêter car ce que contenait son arme à elle, ce n'était pas de l'anesthésiant mais des balles, bien réelles.

Elle n'était pas belle à voir, trempée de la tête aux pieds, les cheveux mouillés, les vêtements à moitié transparents, son maquillage dont le noir avait commencé à couler et son air décidé, décidé à ne pas perdre.

« Retournez vous immédiatement ! C'est un ordre ! J'en vois un qui bouge, je l'allume et sachez que ce n'est pas l'idée de vous blesser qui me dérange ! Vous avez assez joué avec nous bande de salopards ! Alors vous allez vous rendre sagement et ordonner à votre troupeau de bête d'arrêter leurs conneries ! »

Une situation telle que celle ci aurait été bien plus gérable pour l'expérience 13.2 si elle avait été préparée à la diplomatie ou encore aux situations de crises. Cependant, le dernier essai des scientifiques avait échoué et valut une place dans les quartiers les mieux surveillés des pro-kira. Quel était le résultat que désirait le policier qui avait eu vent de ces expériences? Dans le fond, cela lui importait peu. Elle leur devait la vie en quelques sortes et son sort est entre les mains de Kira. Peut être que le passage de Juni avait changé la donne. Peut-être avait-elle évité la terrible sentence grâce à lui. Une possibilité qui, malgré le sens neutre de la semi-shinigami, lui semblait être une évidence. Elle doit la vie aux scientifiques, elle doit la vie à Kira, elle doit la vie à Juni. La vie semble être une chose si simple pour l'expérience qui n'a connu que les néons pour unique soleil.

Le gré du hasard a fallut qu'elle soit là, sans le moindre scientifique dans les parages et entourée de ces gens qui ne peuvent que la regarder qu'avec peur ou avec dégoût. Thirteen avait compris depuis bien longtemps que elle ne rencontrerais pas deux fois une personne comme Juni. Non pas qu'elle soit possédée par l'envie de le revoir mais parce qu'il est en danger pour une raison qui lui est encore obscure.

L'homme qui avait la tête en bas essaya de lui parler normalement malgré la pesanteur qui lui faisait rougir le visage. Il lui demanda son nom...un nom? Mais que pouvait-elle bien dire? Elle n'allait pas dire qu'elle se nommait par un chiffre tout de même. Cela risquerait de dissiper les doutes quand au fait qu'elle serait Kira ou non. Un nom...
Elle n'eut pas le temps de réfléchir à un nom, un pseudonyme que déjà une seconde question tomba: si elle était ''un dieu antique'' dont parle les livres. Bien que sa mémoire soit d'un très bon niveau, elle ne se souvint d'aucun livre qui ne parlait de Dieu mis à part Kira. Il existerait d'autres dieux? La question ne lui fit pourtant pas détourner les yeux de l'individu malgré cette tendance qu'on les humains quand ils sont pensifs.

Soudain, un nom lui vint en tête, sans raison mais qui ne lui semblait pas être un mensonge. Elle relâcha quelque peu l'étreinte qu'elle faisait autour de son cou avant de secouer légèrement ses ailes et de mes rétracter à l'arrière de son dos.

-Mes noms sont multiples: Thirteen, Kira...Izanami... tout dépend des moeurs des peuples. Peut m'importe celui que vous emploierez. Vous venez d'employer la violence dans des bâtiments consacrés à ceux qui établissent l'ordre dans la ville et ce que vous nommez ''bas-fond'' n'est que les résidus de cet ordre. Pour quoi agissez-vous de cette manière? Quelle est la valeur qui peut vous pousser à maltraiter les autres humains de votre espèce de la sorte?

Toute ces incompréhensions citées n'auront pourtant jamais de réponse car l'intrus qui les observait depuis un moment déjà se leva et se présenta comme être le vrai meneur de la rébellion qui envahissait actuellement les bureaux de l'immeuble de police. Le visage neutre de l'expérience ne semblait refléter un mauvais pressentiment. A son tour, il l'appela ''déesse''. Il faut croire que la peur pousse les individus à louer la source de leur crainte. Puis, une cigarette au coin des lèvres, il affirma qu'il était inutile d'en vouloir à celui qui était suspendu au bout de ses filaments étendus. Elle finit par relâcher le filament qui serrait la nuque dudit Akira Darkwood et dirigea les filaments qui usaient cette fonction vers la policière aux cheveux blonds. Appuyée contre le mur, elle semblait sous le choc. Le filament se posa doucement sur son épaule, Thirteen avait vu que cela réconfortait les gens par moments.

-Sur ce, excusez nous mesdames, nous avons à faire !

Puis, ce fut le changement de situation. L'eau sortit des plafonds par trombes. Quelle était donc cette diablerie? Il n'y avait jamais de telles choses dans les laboratoires de la zone deux sinon elle l'aurait vu. La tête relevée vers ces étranges robinets au plafond, une douleur aigüe...puis deux lui firent montrer les dents. Elle regarda son bras droit et sa jambe droite, des fléchettes de couleur verte s'y étaient plantées. Puis, elle sentit quelque chose de froid sur le filament qui soutenait le pied puis une douleur bien plus intense. Elle hurla. Jamais elle n'avait osé hurler de la sorte mais cette étrange réaction réveilla en elle comme une sorte de chaleur au ventre, ses nerfs se tendirent, ses muscles se contractaient. D'un coup, elle laissa ses filament devenir des pics hérissés d'autres innombrables pics. Si elle blessait qui que ce soit? Elle sait qu'elle a eu le temps de ôter le filament qui aidait la policière blonde.

Ensuite, ce fut le noir total. Le corps de l'expérience chancela, en proie à un vertige dont elle n'ignorait pas l'origine. Elle vit un liquide couler et ses filaments se rétracter en une seule fois. Un doigt lui avait été sectionné. La douleur ne cessait pas pour autant. Et c'est avec horreur que Thirteen constata que ce liquide noir venait d'elle même, ou plus précisément de cette partie sectionnée. Dans un dernier moment de conscience, elle put attirer son attention vers la tête de celui qui se prétendait être le chef de l'assaut...

-...Mister Park Casey... vous ne comprenez décidément rien...

Par la suite, elle ne vit pas la poursuite ni même les coups de feu qui l'auraient paniquée...
Le noir absolu comme elle ne le vit jamais...

[Désolée vraiment pour le retard, j'ai eu un dur, très dur semestre. Je clos l'évènement, Fate, si tu veux rep à la suite, comme tu veux !]

Hadès tomba, par terre. Sa chute, tout ça finit de le calmer. Alors qu'il avait dit des propos aussi violents à l'égard de Fate, il se calma un peu et ses yeux s'adoucirent, comme s'il montrait enfin qu'il pouvait être capable de faire preuve de clémence – et c'était dur. Derrière lui, le collègue de Mello venait de se sacrifier à sa place, disant qu'il était le chef de la rébellion : si ça en avait été le moment, Akira Darkwood aurait sûrement ri à la manière de son frère, l'imperturbable Arashi, disant qu'un laquais ne pourrait jamais ressembler à son maître...et c'était vrai, pour lui, Shakespeare n'avait pas le charisme que devait dégager un chef, ni la mentalité. La situation l'énervait sans doute car il voyait Hadès incapable de gérer l'évènement mais en fait...n'importe qui se serait ramassé face au mur de contradictions internes auquel faisait face le jeune homme. Savait-il seulement toutes les conditions qu'il fallait réunir pour faire un bon chef de la résistance, tous les sacrifices qu'il fallait accomplir ? Akira n'était pas comme Mello – ou plutôt il parvenait moins à cacher ses émotions. Il en avait marre de perdre des camarades chers, d'embaucher de nouveaux adhérents en leur promettant systématiquement un nouveau monde alors qu'en fait...il savait pertinemment qu'ils étaient tous perdus. Rien que cette mission de diversion échouait ridiculement, alors penser à s'emparer du pouvoir... ? Haha ! Et puis même temps, s'il détestait autant que ça Shakespeare dans ses pensées, c'était que oui, il était crédible.

Et puis, alors qu'il allait se relever et fuir, la situation lui échappa complètement. Jusqu'à là, c'était intellectuellement correct – même la présence de ce « fil » que la créature qui leur avait fait face réussissait à manipuler...mais cette fois-ci, de l'eau se mit à sortir du plafond. Hadès mit d'ailleurs quelques secondes à comprendre qu'il s'agissait d'une action de Shakespeare, et que celui-ci avait allumé le dispositif d'alarme. Mais tout de même, cette nana ? Cette question était récurrente dans son petit cerveau. Pour Hadès, il devenait nécessaire de la capturer, si besoin était. Elle pourrait leur fournir de très bonnes informations sur tout ce qui était ambition des pro-Kira – et pourquoi, pourquoi bordel se trouvait-elle à cet étage en particulier, si ce n'était pas qu'elle était alliée avec eux !? À la dernière phrase de Shakespeare, il grinça des dents, se releva péniblement et courut. Le plus vite possible, en compagnie de Shakespeare. Leurs vêtements lourds et humides ralentissaient leurs pas mais ils couraient pour leurs vies, leurs souffles ne faisant plus qu'un, les cheveux dans les yeux et dans la bouche quelques fois, pour Hadès.

Le répit leur sembla court, mais plus il mettait de distance entre le monstre et lui, plus il avait l'impression de se sentir en sécurité. Fate se mit rapidement à leur poursuite, et rien qu'à cette idée, il eut un petit rire, imaginant sa poitrine se soulever tandis qu'elle courait...oh, il avait belle allure dans leurs vêtements mouillés, les empêchant d'avancer aussi vite qu'ils l'auraient voulu. Hadès évita par un miracle un coup tiré et ignora royalement ce qu'elle avait à dire...il savait qu'elle ne les tuerait pas : ils avaient bien trop d'informations avec eux, ses patrons n'auraient pas été contents, surtout que le petit malin était maintenant suspecté d'avoir son rôle.

« Viens...par...là ! »

Si vous vous moquiez de sa manière de parler, essayer de parler, vous, pendant que vous courrez ! Il avait pris la main de Shakespeare et l'avait entraîné dans une salle, ressemblant à peu près à celle où ils se trouvaient auparavant et bloqua aussitôt la porte. D'abord avec une chaise en équilibre contre la serrure, puis en y calant un bureau.

« On n'est pas à l’abri ici, on va devoir se barrer, je vais donner l'ordre. Tu es prêt, au niveau du timing, ça a dû leur suffire, là-bas. »

Il sortit un talkie-walkie de sa poche et murmura un mot :

« Sautez ! »

Enfin, il prit un scanner et le balança contre la vitre-fenêtre intégrale. Puis un ordinateur qui subit environ le même sort...C'était qu'elles étaient solides, ces saloperies de vitres ! Finalement, ils parvinrent à en venir à bout grâce à un des couteaux dont ils étaient équipés...comme quoi, il n'avait pas fait le plan trop à l'aveuglette, contrairement à ce que certains avaient l'air de dire ! Il balança ensuite le scanner – ouais, enfoirés de partiel sur les scanners !– sur la vitre rendu plus faible, faisant s'engouffrer le vent de leur côté...

« Mince...je suis con, en fait, il y avait la poignée... »

Ce que le narrateur n'avait pas précisé auparavant, c'était que ces braves guerriers, en prévision du combat qui allait se dérouler en altitude, étaient tous équipes de parachutes qui, en prime, pouvaient orienter au choix la direction où atterrir. Ils seraient sûrement un peu poursuivi, mais quand est-ce que les forces de la police pourraient suivre 20 parachutes aux couleurs différentes ? Hadès enleva sa veste, le sac à dos du parachute était dessous. Ces petits bidules n'étaient pas bien gros, mais plutôt lourds, il espérait que l'humidité de tout à l'heure n'allait pas affecter leur sécurité.

Il s'élança ensuite dans le vide, un sourire aux lèvres.

Deux secondes plus tard, l'on put voir quelques parachutes se balader dans le secteur, s'éloignant rapidement. Aujourd'hui était un jour où il ventait.