Le chat et l'enfant de la justice

A partir du moment où elle braque une arme sur le front de son petit ami, c'est que la paranoïa va trop loin. Le fait qu'il ait débarqué à l'improviste, justifie-t-il réellement son geste ? Sans doute que non. L'informaticienne constate une fois de plus qu'elle est incapable de mener une vie sans conflits. Pas étonnant qu'il soit parti.

Pourtant, ici, elle a pu bénéficier d'un nouveau départ. Personne ne connait le nom de Megumi Takeru et encore moins celui de sa réelle identité : Sayu Yagami. Si elle avait cessé de regarder sans cesse au dessus de son épaule, peut-être qu'elle aurait pu saisir cette vie qui lui tendait les bras.

Ces deux années se sont déroulées dans une triste routine. Un visage se formait parfois au milieu de cette illusion, attirant un sourire nostalgique à Sayu. A plusieurs reprises elle a faillit allumer son ordinateur pour retourner dans le feu de l'action. Mais elle n'a fait que se rétracter. Qu'est-ce qui l'en empêche ? La peur ou la culpabilité ? Sans doute les deux. Cette fois là n'est pas coutume.

Il est bientôt 4h du matin. Assise à son bureau, elle tapote des doigts contre le bois, fixant l'écran allumé de son ordinateur. Il ne suffirait que de quelques clics. Pourquoi se retenir encore ? A un moment donné, il faut cesser de se leurrer. Cette vie n'est pas pour elle.

Sayu laisse échapper un soupire de frustration. Cesser de se leurrer oui, mais surtout assumer ses choix et prendre ses responsabilités. Envers quelqu'un. Envers lui.

Alors enfin, elle se connecte. Sayu retrouve sa trace via le forum des hackeurs et hésite à lui envoyer un message. Pour quoi faire ? Pourquoi dire ? C'est si gonflé ... Mais elle doute que dans cette situation, il y ait une manière convenable de revenir. Elle reçoit plusieurs messages de rares personnes connectés sur le forum, surprit de voir le pseudo Noriko apparaître. Mais Sayu ne peut pas répondre sans avoir parlé à une certaine personne. Peut-être que lui aussi a vu ce pseudo apparaître.

Sayu pose les yeux sur l'arme toujours sur son bureau. Oui, il est temps de revenir. Alors elle envoi ce simple message, ne sachant pas quoi dire d'autres.

@Noriko a écrit:

"Je suis désolée"