Parce que le temps passe aussi vite que la surprise... [PV Hadès]

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Combien de temps cela faisait-il ? Un mois ? Deux mois ? Quelque chose dans ce goût là en tout cas. Yumi avait décidé de laisser passer les dates au dessus d'elle et ne s'occupait plus de grand chose à l'exeption de Mordred... qui s'occupait d'ailleurs plus d'elle qu'elle de lui au final. Elle réussissait à se tenir au courant de ce qui se passait dehors grâce à Ryo qui la tenait informée et qui lui avait installé un logiciel sur son ordinateur qui lui permettait d'écouter tout ce qu'elle lisait avant, mais il manquait les images, elle ne répondait pratiquement plus sur les forums parce que taper une phrase lui prenait un temps monstre (elle avait décidément énormément de mal à s'habituer à son nouveau clavier en braille), elle ne répondait au téléphone que quand Ryo l'appelait, où Mordred évidemment, mais il habitait avec elle alors il n'avait pas franchement besoin de lui téléphoner... enfin bref, Alpha était devenue invisible depuis l'explosion du camp militaire qui avait coûté la vie à Bob.

Au début elle se disait que c'était le temps de se remettre physiquement, après ça, elle s'était persuadée qu'il fallait qu'elle se remette aussi psychologiquement, et puis qu'elle devait se remettre en question... bref, une quantité de rémissions impressionnantes qui au final n'avaient été que des excuses, ou presque. Ses blessures étaient pratiquement guéries, même si elle avait encore mal au niveau des côtes et que certains mouvements mettaient son épaule à rude épreuve, le traumatisme causé par la mort de Bob était toujours là mais il allait mieux, ses yeux... ben ils ne servaient toujours à rien mais elle gardait espoir d'en retrouver l'usage un jour...

Elle continuait à se persuader qu'elle avait de très bonnes excuses pour ne pas recommencer à faire tout ce qu'elle faisait avant, mais finalement c'est un geek qui lui balança une grosse claque dans la gueule un soir sur un forum qu'elle écoutait distraitement.

"Et Alpha ? Il est mort ? On en parle plus et il ne fait plus rien... il s'est fait choper ?"

ET BIM !!! Dans ta gueule... "Il est mort ?" Ces quelques mots firent à la jeune femme l'effet d'une douche glacée un jour de grand vent en pleine sibérie, son coeur rata même un battement et elle resta bouche bée devant son ordinateur pendant plusieurs secondes avant de se secouer. Elle toucha l'heure (oui, merci la technologie) et se redressa.

Non, elle n'était pas morte. Elle faisait comme si, histoire de se morfondre sans sa déprime aux sujets multiples, parce que "dehors" lui faisait peur et que re"voir" les gens l'effrayait tout autant... mais elle était toujours en vie. Rester ici à ne rien faire était ridicule.

Elle passa dans la salle de bain, se doucha rapidement, sécha ses cheveux tout en les démélant et en se maudissant pour ne pas l'avoir fait convenablement depuis plusieurs semaines, s'habilla grâce aux petites étiquettes en braille que John avait installées sur toutes les étagères et sur tous les cintres de sa penderie (Ouais enfin basique hein, personne de réveillé ou de présent pour l'aider à choisir et c'était vraiment tout con : débardeur blanc, jean, pieds nus... voilà.) et sorti tout en envoyant un message automatique à John avec son téléphone. Ce dernier apparu quelques instants plus tard au volant d'une voiture dans laquelle elle s'engouffra. Elle ne prit pas la peine de verrouiller correctement la porte de son "garage-appartement" étant donné que Mordred dormait comme un loir à l'intérieur, et ils partirent.

Environ quarante cinq minutes plus tard, Yumi était debout près du lit d'Hadès, comme elle l'avait déjà fait plusieurs fois, sauf que là elle se sentait gênée, timide et ridicule. Poussant un soupir consterné, elle tatônna un moment avant de réussir à lui saisir l'épaule et le secoua doucement en chuchottant :

- "Hum euh... Ha... Hadès ? Hadès tu dors ?"

Elle n'avait pas prit le bandeau avec lequel elle se recouvrait les yeux histoire d'avoir l'air normale et avait apprit à poser son regard presque normalement sur les gens quand elle entendait le son de leur voix quand elle pétait la forme... là elle était crevée. Mais bon, Hadès ignorait tout de sa cessité, il ne la remarquerait peut-être pas tout de suite... peut-être... Là elle fixait un point un peu au dessus du lit, sur le mur.

Le confort était sommaire, ici, mais il avait eu l'impression de ne pas avoir dormi depuis des mois : Hadès y repensait tout le temps, à ce moment, où il avait trahi la résistance toute entière en avouant leurs noms et leurs subordonnés à son frère et ses acolytes. Il avait trahi la résistance et n'avait plus jamais osé revenir dans leurs locaux. En y pensant, cela faisant plus de trois mois qu'il n'avait plus vu la moindre figure amie, quelques petites semaines qu'il était ici, avec Ella, en train de récupérer. Il distinguait la frêle silhouette de la jeune fille, endormie. Elle ne savait pas comment il avait fait pour les sortir d'ici, et Hadès souhaitait qu'elle ne le sache jamais. En attendant qu'elle se rétablisse, ils logeaient dans cette chambre d'hôtel un peu moisie payée par le ministre – son tortionnaire – avant de prendre une décision : était-ce le moment pour lui de quitter le pays ?

Akira Darkwood était en train de réfléchir très sérieusement au fait de quitter le Japon pour la Chine, par exemple, ou même la Russie. Un pays où les agents pro-Kiras ne l'attendraient pas si facilement – contrairement à l'Irlande, d'où était originaire sa grand-mère maternelle, et où avaient déjà dû être envoyé une bonne dizaine d'émissaire. Akira Darkwood savait qu'avec son talent pour le déguisement, il pourrait se cacher pour une autre dizaine d'années, mais il savait aussi que c'était plein de conséquences : il avait vu le regard d'Ella, celui avec lequel elle l'avait fixé, férocement, pendant un de ses courts réveils. Elliana était l'une des seules à savoir qu'il avait trahi, la seule qui avait de bonnes raisons pour lui en vouloir et garder le silence. Il avait mal, en secret : il considérait Elliana comme sa propre fille et rien que garder le secret sur la non-mort de son frère lui faisait mal...il le savait, un jour, qu'il craquerait, mais parallèlement, il savait également que ce jour-là, il perdrait sa pupille. Qu'elle lui échapperait pour aller voler dans les jambes de Mayu...Et franchement, il en était jaloux.

Hadès était sorti, plusieurs fois, ces derniers temps, car il fallait bien manger. Le ministre lui avait laissé de l'argent, alors, avec l'apparence d'un pouilleux, d'un mendiant, il était allé dans une pharmacie acheter des médicaments, dans une petite surface pour acheter de la nourriture. Il ne sortait jamais trop longtemps, ni souvent. Il faisait attention aux moindres caméras et aux patrouilles de la police : pour la première fois de sa vie, Hadès faisait scrupuleusement attention au couvre-feu et, complètement paranoïaque, sitôt après avoir acheté les vêtements nécessaires pour se fondre dans la foule, avait développé un espèce de talent pour se repérer dans les égouts du coin.

Elliana dormait encore, cette nuit-là, lorsque Yumi arriva et, dans le même lit qu'elle, Hadès lui caressait les cheveux, doucement. Elle lui parlait tout de même, mais ses phrases n'étaient pas ce qu'elles avaient pu être : elles étaient impersonnelles et Akira comprenait sa douleur. Ils n'étaient pourtant plus en cage, mais il n'arrêtait pas d'imaginer ces types qui avaient franchi sa porte : il se jurait qu'il la vengerait, qu'il leur ferait payer. Ella était une enfant, pour qui se prenaient-ils, ces mercenaires, ces vauriens ? Ella avait un pyjama neuf, Elliana, un pyjama qui trahissait le goût d'Hadès pour les choses mignonnes à motif floral. L'obscurité était dense, et lui-même était sur le point de plonger dans les affres de Morphée.

Ce bruit le fit cependant sursauter : soudain, il entendit une série de pas vers lui, et serra le manche du poignard qu'il avait sous son oreiller, prêt à sauter sur la cible si besoin...Il faisait semblant de dormir et...dès qu'elle le touchait, il lui sauta dessus et lui mit le poignard contre la gorge. C'est seulement là qu'il s'aperçut que cette voix, que ces formes lui étaient franchement familières : Yumi ? Alpha ? L'obscurité était trop dense pour y voir quoique soit d'autre.

« … Je ne dors pas. Comment m'as-tu trouvé ? », il éclata d'un rire sans âme. « ...Alors, tu viens me tuer ? J'imaginais la fin de ma vie autrement...dans une cascade d'action, tu sais, me sacrifiant pour mon frère, sans doute. Ç'aurait été classe. Bref. Si tu es ici, je suppose que c'est que tu sais. Mais si tu es la seule à savoir, je peux aussi te tuer, ça ira plus vite...je ne veux pas mourir ici. Pas avant d'avoir capturé Fate. »

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Yumi sursauta et laissa échapper un petit cri de surprise quand elle se retrouva renversée en arrière, un couteau plaqué contre sa gorge. Elle aurait sans doutes dû s'y attendre, mais elle était un peu rouillée. En fait elle s'attendait presque à ce qu'il soit content de la voir... heureusement, la surprise fut si forte qu'elle n'eut pas le temps d'être déçue. Elle mit d'ailleurs une bonne seconde avant de comprendre que c'était bien Hadès, et non un type sordide, qui venait de lui sauter au visage et, même si la lame glacée lui faisait un peu mal, elle se senti soulagée.

- Euh...

C'est tout de suite vachement plus difficile de retrouver le fil de ses pensées quand on vous menace et qu'on vous plaque à demi contre un lit sans la moindre intention agréable...

- Je t'ai retrouvé parce que je suis Yumi... tu devrais savoir que je fais ça souvent quand même, et que je ne donne pas mes petites astuces. Le pire c'est que ça n'était pas si compliqué que ça, tu devrais faire un peu plus attention. Ton frère n'est pas franchement quelqu'un de discrêt hein...

Elle grimaça légèrement, sa migraine la reprennait. Chaque fois qu'un certain stress se faisait ressentir, l'île et la tortue essayaient de reprendre forme dans sa tête, de lui faire lâcher prise et de perdre le peu de contrôle sur elle-même qu'elle avait pourtant réussi à récupérer depuis son accident. Elle se concentra quelques instants pour éviter de se mettre à entendre la voix menaçante de Bob l'accusant de l'avoir tué. Elle voulu porter ses doigts à ses tempes pour les masser, mais elle avait peur qu'Hadès prenne ça pour un acte menaçant et ne finisse par lui trancher la gorge... ce qui serait très impoli de sa part soit dit en passant.

- Pour la cascade d'action, je suis désolée mais je ne suis pas du tout en mesure de te donner ce que tu veux. Franchement je crois que la seule "action" à laquelle je pourrais me consacrer serait sexuelle, et encore... j'suis crevée.

Elle se racla la gorge.

- Euh... ça veut pas dire que je te propose quoi que se soit hein, c'est juste une façon de parler... pas que je veuille... hum... enfin bref tu m'as comprise...

Étrange comme quand on est affaiblit physiquement et psychologiquement, le carractère peut changer... Yumi se sentait timide. C'était déconcertant et dérangeant de se sentir rougir juste parce qu'elle avait parlé de sexe... ridicule. Elle espérait qu'il faisait assez sombre pour qu'Akira ne se soit rendu compte de rien. Elle avait les yeux grand ouverts mais ils devaient être fixés un peu sur la droite du jeune homme... sur le mur sans doutes.

- Sinon je suis assez d'accord avec toi...

Changer de sujet, vite...

- Se sacrifier pour un membre de sa famille c'est assez classe... mais tu pourrais choisir quelqu'un d'autre non ? Ton frère n'est pas franchement la personne la plus gentille du monde... et je sais de quoi je parle... enfin tant pis. Ne le dis à personne, et surtout pas à lui, mais au fond je l'aime bien alors je m'en fiche...

Classe... une résistante, médiatrice etc... en train de dire qu'elle appréciait peut-être bien un peu un membre du gouvernement de Kira... franchement pathétique... mais même si les idée du ministre roux la débectaient, la façon qu'il avait eut d'être avec elle quand ils se voyaient l'avait charmée... un peu.

- Oui, je suis la seule à savoir que tu es ici. Enfin presque, y'a bien la personne qui m'a amenée ici étant donnée que je ne pouvais pas... bref... la personne qui m'a amenée... Mais je doute qu'il divulgue l'information. Après, si tu me tue il est possible que ça l'énerve un peu et qu'il t'arrache les membres un par un avant de les enfoncer dans tous tes trous... mais je ne lui ai rien demandé, promis... il a juste un peu tendance à exagérer quand il est énervé...

Elle frémit en repensant à l'humeur massacrante de John qu'elle avait déclenchée quelques jours plus tôt en brûlant la manche de son costume sans le vouloir... flippant...

- Si tu voulais capturer Fate tu aurais pu m'en parler quand même... c'est vraiment trop con... je l'avais attrapée et enfermée... et finalement je l'ai laissée partir, en désobéissant aux ordres évidemment, parce que je ne me voyais pas te regarder en face après l'avoir butée alors que tu l'aimais... 'tain j'aurais dû la garder... t'es pire qu'une fille, mec, tu changes tout le temps d'avis !

Vraiment con comme histoire... et dire qu'elle s'était retourné le cerveaux pendant des jours avant de se décider à la laisser partir... IL n'avait vraiment pas été content en plus... mais vu qu'elle était devenue aveugle et traumatisée juste après, il n'avait pas été furieux très longtemps...

- Euh... Akira...

Elle cherchait ses mots.

- Si ça ne t'ennuie pas... et vu que je n'ai clairement ni l'envie, ni la force de te tuer... est ce que tu pourrais retirer cette lame de contre ma gorge s'il te plais ? C'est vraiment très inconfortable...

Yumi avait vraiment changé. Elle avait l'air beaucoup moins sure d'elle, ses gestes n'étaient pas assurés, elle avait maigris et, même si ses cheveux étaient propres, ils étaient plutôt mal coiffés. Et elle n'arrivait pas à fixer son regard sur Hadès... il ne parlait pas assez.

Yumi.

Dès qu'elle saurait, elle le tirait probablement du lit pour le tuer. Elle ne chercherait même pas à trouver une explication à sa trahison et se vengerait comme elle était en droit de le faire...sauf si elle ne le savait pas encore. Dans ce cas-là, Hadès ne lui dirait pas, et tairait toute information sur sa sortie de prison et sur ce qu'il avait pu leur révéler. Ce serait bizarre, mais il dirait qu'une taupe indépendante l'avait sorti de là : laquelle ? Il ne préférait pas révéler son identité, pour son bien. Voilà ce que pensait Hadès. Il avait encore bien mal, plus psychologiquement que physiquement, d'ailleurs, et à chaque fois qu'il voyait le petit corps blessé d'Elliana, il ne pouvait pas s'empêcher de s'en vouloir.

Le couteau toujours contre sa gorge, Hadès écouta Yumi : elle n'avait pas l'air de vouloir le tuer, et il apprit tout de même pas mal de choses, notamment sur Arashi. Elle connaissait son frère, et à son bref avis, il s'agissait plus que du simple espionnage. Malheureusement, elle n'était pas la seule à la connaître et d'avis expert, Hadès savait qu'Arashi avait beaucoup de haine envers la résistance. Que lors de leurs confrontations à eux, il se vengeait habilement, pour lui faire regretter de l'avoir fait souffrir. D'une certaine manière, Akira Darkwood le lui pardonnait : il savait qu'Arashi était un homme fragile, un peu trop sérieux sur les bords. Lorsqu'il s'attachait à une personne, il attendait à ce que celle-ci lui soit fidèle et ne le trahisse pas et Akira avait fait tout le contraire. Il avait trahi son frère jumeau : il l'avait poignardé dans le dos pour lui donner ensuite de gros ennuis au niveau professionnel, à cause de ses agissements. Alors Yumi ? Si jamais elle avait des relations avec son rouquin de frère, elle avait intérêt de fuir, et vite. Si lui, il subissait sa juste colère, il n'hésiterait pas à tuer son amante. Elle n'était pas de la famille, elle.

Akira enleva la lame comme elle le lui demanda. Après tout, lui-aussi avait changé. Elliana était en train de dormir à ses côtés et il n'avait pas envie de faire couler le sang aussi près d'elle. Il n'avait pas envie qu'elle puisse être salie une fois de plus. Il n'y voyait rien et était incapable de dire ce qui n'allait pas, chez elle, mais il sentait qu'il y avait quelque chose : son corps tout entier, sa voix, son être le lui criait. Il y avait quelque chose qui n'était pas logique dans le comportement d'Alpha.

« Yumi...Parle moins fort, tu ne... », vois pas que Ella dort ? C'est alors qu'il regarda ses yeux. Ou plutôt son regard. Comment avait-il pu ne pas le voir, lui qui côtoyait des gens qui était comme elle, parfois ? Elle ne le regardait pas et avait complètement ignoré Elliana. Or, il était impossible d'ignorer la petite forme qui était dans son lit. Alpha n'aurait tout de même pas parlé de sexe alors qu'elle était là. Le regard de Yumi fixait un point au dessus de sa tête qui n'était pas lui. Il se surprit même à se retourner pour vérifier s'il n'y avait personne : c'était bien le cas. Il devint tout blanc, pensant qu'il l'avait menacé avant et qu'elle ne pouvait rien faire. Akira posa la main sur les cheveux d'Elliana, les caressant comme pour se rassurer. « Elliana dort. Je suis désolé, je n'avais rien remarqué. Elle est à côté de moi. »

Il chuchotait presque, cette fois-ci. Il ignorait comment Alpha s'était faite cette conséquente blessure, mais pour lui, soit elle avait été mêlée à un combat trop violent, soit elle avait été le témoin d'une explosion qui était d'ailleurs peut-être (sans doute) de sa faute. À quatre pattes sur le lit, il lui prit la main et la guida sur une place qui était libre, sur le matelas, de telle manière à ce qu'elle puisse être bien assise. Si il avait deux ou trois problèmes avec Alpha, il était gêné par la manière dont il venait de se comporter avec elle, surtout qu'elle-aussi avait été blessée.

« Je n'ai pas vraiment compris ce que tu as dit par rapport à Fate. Peu importe. Je ne t'en ferai pas conséquence. Tu sais ce que je ressens pour elle, et il serait dommage que je me mette en danger en te tuant...par amour. Ce serait complètement stupide et niaiseux. », Hadès rattacha ses cheveux en une queue de cheval. Comme cela, il ressemblait un peu moins à Arashi, et il le savait. « Mon frère...est quelqu'un de fier. Mes menaces de mort ne sont rien à côté des siennes. S'il apprend que tu es Alpha, il te tuera, tout simplement. Tu dois déjà le savoir, c'est pour cela que tu ne lui as rien dit. Lorsqu'il a appris que j'étais résistant, il a failli me tuer. Au final, il m'a fait cette cicatrice, et à chaque fois qu'il me voit, il se déchaîne à sa manière. Je ne lui en veux pas, parce que je sais que je lui ai fait du mal. Mais toi, tu n'es pas la famille. Et ne parle pas de sexe devant Ella. C'est encore une enfant. Enfin bref. Yumi...C'est moi qui suis désolé. Je me suis mal comporté, et à cause de moi, les patrouilles sont de plus en plus efficaces. Je suis...confus. En fait, je voulais te confier une responsabilité. Tu pourrais trouver un nouveau chef au camp des civils ? Je ne les ai que trop mis en danger. »

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Yumi porta sa main à sa gorge quand il retira son couteau de contre sa peau. Pas de sensation d'humidité : pas de sang. Juste une impression désagréable qui allait finir par disparaitre toute seule au bout de quelques minutes. Beaucoup d'impressions et de sensations ces dernières semaines... pas grand choses d'autre. Heureusement qu'elle pouvait encore toucher, sentir, ressentir et entendre, sinon elle se serait probablement suicidée. Ne rien voir était l'épreuve physique la plus difficile qu'elle ait eu à supporter depuis sa naissance. Chaque bruit la faisait sursauter, les douleurs qui lui déchiraient la tête étaient toujours aussi fréquentes, son esprit avait encore pas mal tendance à aller voir ailleurs si elle y était et surtout, par dessus tout, elle se sentait ridicule, inutile et pathétique. Elle se secoua légèrement, prit une grande inspiration et se redressa. Elle n'avait pratiquement aucune raison d'avoir peur, Hadès ne lui ferait pas de mal, sa petite protégée non plus, Arashi n'allait pas débarquer sans prévenir... John l'engueulerait plus tard mais ça de toute façon c'était acquis depuis longtemps. Il allait se rendre compte qu'elle avait encore oublié de manger. Tant pis. Pas faim. Yumi avait toujours adoré manger, mais elle préférait VOIR sa bouffe.

Elle sursauta quand il lui prit la main, ne s'y attendant pas du tout, mais se laissa guider tranquillement, se posant là où il l'avait entrainée avec gratitude : c'était nettement plus confortable que d'être à demi allongée sur le lit avec le poids d'Hadès sur elle et une lame contre la gorge... nettement plus. En plus, bouger trop brusquement comme ça lui avait déclenché des douleurs dans la nuque, dans le dos, la jambe et un bras. Ses blessures étaient guéries mais encore bien sensibles. Elle était déjà en train d'oublier ces petites souffrances, mais impossible d'oublier la migraine qui vrillait son crâne. Elle se massa les tempes tout en écoutant parler Akira, appréciant le fait qu'il parlait tout doucement, c'était terriblement reposant. Yumi avait presque l'impression d'être détendue... presque.

- Tant mieux. Si tu n'avais rien remarqué c'est que ça se voit peu... à moins que tes lumières ne soient éteintes et dans ce cas ben... ben tu dois pas voir grand chose non plus de toute façon.

Elle avait répondu sèchement. Sa voix qui chuchotait était presque glaciale, sans raison... peut-être que parler de ses yeux avec quelqu'un d'autre que Mordred où "Ryo" était encore trop difficile... toujours est-il que quand elle s'entendit parler elle poussa un soupir et grimaça légèrement.

- Désolée... j'suis un peu tendue, c'est pas contre toi... enfin pas uniquement on va dire. J'ai mal à la tête et y'a Bob qui... qui... euh...

Bob ? Mais non pas Bob, Bob était mort et la tortue était sur son île. Reviens Yumi, reviens !!!

Elle se frotta les yeux et respira calmement avant de sourire.

- Je suis un peu à la ramasse en ce moment, c'est con hein. C'pour ça que même chez les hackers on m'a crue morte... ça veut dire qu'il faut que je me remette au boulot ça.

Elle se racla la gorge et recommença à fixer un point au dessus de l'oreille d'Hadès.

- Pour Fate oublie ça. On m'avait ordonné de la tuer, j'en ai eu l'occasion et j'ai pas pu... je suis pas faite pour tuer des gens de sang-froid... et puis t'es amoureux d'elle, et puis... enfin bref c'est compliqué. Je l'ai laissée partir... je me suis pas faite engueulée longtemps de toute façon vu que j'ai trente fois plus merdé juste après et que ça m'a couté... les yeux de la tête... haha...

Elle laissa échapper un petit gloussement amusé. Aucun intérêt à être aveugle si on ne peut pas en jouer, aussi bien avec les mots que pour les vannes hein, c'est le seul avantage alors autant en profiter...

- Ne t'inquiète pas pour moi Akira, je saurais gérer ton frère si un jour il apprend qui je suis. Et j'ai dis que je l'aime bien, c'est vrai... ça ne veut pas dire que je vais tout quitter pour lui hein... ses idées me débectent, son travail me rebute... lui et moi pour de vrai, ça ne sera jamais possible. C'est juste que, quand il ne doit pas être l'homme que tout le monde voit, quand il est seul avec moi... j'en sais rien, ce qu'il montre est nettement plus beau, même s'il reste lui même. Je dirais que dans ces moments là oui, je l'aime... mais ils sont brefs et je les ai rendus artificiels de toute façon.

Brusquement, elle tendit le bras et s'empara de la main qui l'avait guidée un peu plus tôt. Elle la serra, trop fort pour que se soit juste un geste amical et elle fronça les sourcils.

- Akira... tu n'as pas le droit d'être désolé pour ce que tu as fais. Tu l'as fais c'est tout. Personnellement je t'ai déjà pardonné, je m'en fous, tant pis. Je trouverais bien un moyen de rattraper ça de toute façon, je trouve toujours un truc. J'ai pas l'intention de te buter où de t'en vouloir à vie, je ne vois pas l'interet. Tu peux être tellement utile à la cause, pas en tant qu'Hadès, en tant qu'Akira. Trouve un autre pseudo si tu veux, peu importe... tu déteste Kira, tu déteste ce régime de merde... tu veux la même chose que moi, peu importe la manière que tu choisiras pour y parvenir, on est quand même sur la même longueur d'ondes. Je trouverais quelqu'un pour te remplacer si tu veux... mais n'efface pas mon numéro, si tu as besoin de quelque chose je t'aiderais. Si j'ai besoin de quelque chose je te le demanderais...

Elle le lâcha et s'appuya contre le bord du lit. Parler autant l'avait épuisée, elle n'avait plus l'habitude. Ryo se contentait du silence, Mordred n'était pas très bavard et John... John fermait sa gueule la plupart du temps. La tête lui tournait, elle avait l'impression d'avoir couru un marathon et sa tête lui semblait être sur le point d'imploser.

- T'aurais... t'aurais pas une aspirine où un truc du genre ?

Elle porta sa main à la blessure, jusqu'alors cachée par ses cheveux, encore en court de guérison qu'elle avait à la tête. Ça pulsait, cognait et grésillait... décidément c'était long de se remettre de ce genre de conneries. Laissant retomber sa main, elle soupira une nouvelle fois et sourit timidement.

- Euh... à la base c'est ça que j'étais venue te dire. Ne t'excuse pas, t'as fais plus ou moins ce que tu devais faire pour survivre. N'importe qui aurait fait la même chose dans ta situation, voir pire... et... et je voulais m'excuser. J'avais promis de sauver les enfants de la résistance, tous sans exception... à cause de moi il y en a qui sont morts, toi tu as souffert sans que je ne fasse rien et maintenant... ben je peux encore moins aider qui que se soit.

Elle lui sourit à nouveau.

- Mais même si je dois le faire en rampant je continuerais à vous casser les couilles à tous de toute façon. On doit poursuivre le mouvement... un jour ça fonctionnera.

Bob, la tortue, l'île et le reste recommençaient à flotter doucement dans sa tête. Elle les voyait plus distinctement que n'importe quoi depuis son accident (forcément). Elle leva à nouveau la main pour essayer de les toucher... mais se ravisa et fit semblant de repousser une mèche de ses cheveux qui la gênait. Personne d'autre ne les voyait jamais... il fallait qu'elle se souvienne que c'était dans sa tête qu'ils existaient, uniquement dans sa tête, que c'était les fantômes de ses erreurs et qu'ils ne la laisseraient sans doutes jamais tranquille... mais que les vivants étaient plus importants. Comme Bob... non... pas Bob... justement... comme les autres, Hadès, Mordred, Ryo... et même Fate et Arashi. Ils étaient plus importants que les fantômes. Si on pouvait sauver tout le monde... ça serait reposant. Vraiment reposant.

Il n'était pas amoureux de Fate : non, c'était beaucoup plus compliqué que cela. Un simple sentiment d'amour, et il se serait probablement jeté sur elle sans réfléchir, et il lui aurait dit tout ce qui le préoccupait, tous les aléas de la résistance et le reste. Beaucoup plus compliqué que cela : il ressentait envers Fate de la haine, et puis un fort attachement qu'il n'aurait pas su expliquer, assez pour risquer sa vie pour la voir, changer d'avis soudainement, la menacer et, l'instant d'après, la défendre contre Alpha. Il ne se reconnaissait plus, lorsqu'il parlait à Fate : elle lui donnait l'impression d'être complètement bipolaire, et à ces moments, Hadès ne comprenait pas vraiment comment elle faisait pour l'apprécier. Il soupçonnait même son propre frère de l'avoir lancée sur lui, lui qui savait qu'il ne résistait pas longtemps à la vue d'une forte poitrine...mais Fate l'avait parfois défendu, et son comportement alors qu'il était si faible, en prison, l'avait incité à croire qu'elle n'était plus comme cela. Si elle faisait peut-être semblant au début, la comédie avait sans doute cessé d'être.

La pièce n'était pas totalement sombre. Grise serait le meilleur mot pour en parler, et la Lune venait filtrer entre les volets fermés. C'était comme cela qu'il avait pu avoir assez de visibilité pour voir que Alpha était blessé, en plus de ses mouvements hésitants, du fait qu'elle n'avait vu le petit bout qui logeait dans son lit. Hadès ne cautionnait pas ses actions, et il avait été emprisonné assez longtemps pour ne pas savoir comment elle avait pu se faire cela. Si il avait appris qu'elle avait fait sauté un camp, tué de milliers de gens, peut-être même des jeunes innocents qui avaient juste été capturés pour être embrigadés, il l'aurait frappée. Peut-être pas devant Elliana, car il avait trop de ressenti par rapport à elle, parce qu'il ne savait surtout pas si, réellement, elle dormait ou non. C'était pour cela qu'il ne pouvait pas parler d'Arthur ni des conditions qu'il avait dû remplir pour pouvoir sortir de prison.

Sa trahison, franchement, il était heureux qu'elle l'ait pardonnée. Il pensait qu'elle aurait fait de même si l'être le plus important à son cœur avait été emprisonné, mais c'était une autre histoire. Hadès savait très bien que Mello ne lui en voudrait qu'encore plus par rapport à cela, qu'il trouverait même que c'était une occasion sacrément bonne pour le tuer, cette fois. Il ne pensait pas que si Cheshire avait été capturé, il se serait sûrement rendu ou sacrifié pour le délivrer. Mello avait beau être intelligent, il n'était pas très humain, ce qui faisait toute leur différence.

« Je ne veux pas te blesser, Yumi, mais...Arashi, je ne pense pas qu'il ressente quelque chose pour toi. Je le connais, mon frère. Je sais voir, quand il est amoureux. Il est grave, je te dis. Il commence d'abord par stalker cette personne...alors je te garantis qu'il aurait découvert ton identité, s'il l'avait fait. Ne le prends pas pour un bleu. Change de cible. Je ne veux pas qu'il te blesse, nous n'avons pas besoin de cela. »

Arashi l'avait torturé, mais il lui avait aussi parlé, et l'avait protégé. Son frère était impossible à saisir, mais Akira était le seul qui y parvenait. Il savait qu'il n'avait pas le choix, que c'était dur pour lui. Akira se leva en clopinant, se dirigeant vers leur salle de bain de fortune, et sortit un aspirine de la trousse de toilettes, puis remplit un verre d'eau. Il lui mit dans les mains, faisant attention à ce qu'elle ne fasse rien tomber ni n'avale rien de travers. Lorsqu'il fallait s'occuper de quelqu'un, Akira était le champion : en même temps, lui-même avait eu des blessures assez graves, ce qui lui avait donné le temps d'apprendre à s'occuper des autres et de lui-même.

« T'excuses pas, Alpha. On en est au même point, toi et moi. Tu sais quand c'est, la première fois où j'ai rencontré Fate ? Accroche-toi, parce que cette histoire est terrible...imagine-toi un Hadès excité et désireux de vengeance. Je m'étais fait passer pour mon frère un peu par hasard, car le premier ministre m'avait reconnu, et elle m'avait avoué la date et le lieu d'une rafle. Alors, moi, j'ai réuni les plus bagarreurs de mon clan. J'ai...non...j'ai...fait une contre-rafle. Nous sommes intervenus alors qu'ils allaient tous les tuer, mais le premier ministre...c'est une cinglé, Alpha. Elle a tué presque tout le monde, et a fait reprendre le dessus aux siens. Là, je suis arrivé, et j'ai failli l'abattre, avec mon sabre...mais Fate m'a vu, et m'a tiré une balle dans l'épaule. Elles m'ont laissé vivant, Alpha, et ils ont continué à tuer tout le monde devant moi...Je...alors je ne peux pas en être amoureux. Surtout pas à cause de cette nuit-là. Ils ne me le pardonneraient pas. Je me trouverais un autre pseudo, mais je veux protéger Elliana. Je ferai tout, pour elle, tu comprends. Je l'ai promis à son frère. »

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La jeune femme avala l'aspirine et le verre d'eau d'un trait et soupira, soulagée à l'idée que sa migraine allait commencer à s'apaiser quelques minutes plus tard. Elle écouta attentivement tout ce que lui racontait Hadès, en partie pour l'écouter, tout simplement, et aussi parce que se concentrer sur sa voix et sur ce qu'il disait lui permettait de revenir doucement vers la réalité. Elle avait l'impression que même si son esprit allait mieux et qu'elle était plus souvent dans le réel que dans les chimères désormais, ça stagnait depuis quelques semaines. Quand elle était fatiguée, elle ne se rendait même plus compte de ce qui l'entourait... Mordred avait même de plus en plus de mal à la faire revenir ces derniers temps... enfin... ça finirait sans doutes par passer, par s'améliorer au moins... il le fallait en tout cas.

- Je suis pas amoureuse de ton frère A... euh...

Merde... c'était quoi son nom déjà ? Tant pis... ça reviendrait. Elle reprit comme si rien ne s'était passé, comme si elle n'avait pas subitement zappé le prénom de son interlocuteur.

- Hum... et le but n'a jamais, au grand jamais, été de le faire tomber amoureux de moi. C'est ce qu'on surnomme un plan...

Petite fille dans le lit. Woups !

- Enfin tu m'as comprise. Je l'aime bien, je serais sans doutes triste s'il venait à mourir demain par exemple... mais c'est tout. Je crois que tu ne saisis pas bien la différence. Je n'ai pas vraiment beaucoup d'affinités avec toi, on a jamais... euh... bref... mais je serais bien plus triste si toi tu mourrais... tu comprends ? C'est un peu compliqué... Disons qu'officiellement c'était juste une manière d'obtenir quelques résonances d'oreiller si je peux dire ça comme ça. Ça m'a même été utile quelques fois. Bref... tout ça pour dire que oui, je l'aime bien parfois... mais que je m'en fous.

Elle se frotta les yeux quelques secondes et se racla la gorge. Vivement que l'aspirine fasse effet, elle sentait déjà son esprit s'embrumer doucement, comme si un nuage sombre descendait lentement dans sa tête, brouillant tout.

- Le surnom... oui il te faut un nouveau surnom, c'est plus important que ton frère et son coussin maintenant.

Un flash la secoua intérieurement pendant une seconde. Les explosions, les coups de feu tirés presque au hasard, la douleur, les cris, la peur, le bordel tout autour, les gens qui couraient, qui mourraient... contrairement à ce que pensait Hadès, il n'y avait pas eu des « milliers » de morts lors de l'Opération foireuse du camp militaire. Une vingtaine d'officiers avaient perdu la vie, ainsi que les quelques résistants que Bob avait amené. Les seuls survivants avaient été Yumi, que Bob avait enchaînée plus loin avant d'aller faire exploser les bombes, et Mordred, qui s' était envolé. L'explosion passait en boucle dans sa mémoire. Le bruit, horrible, les grésillements et les hurlements qui s'arrêtent net dans l'écouteur, la chaleur, l'onde de choc... et puis le noir. L'obscurité complète qui semble s'étirer à l'infini, comme un mouvement qui tourne en rond et jamais ne s'arrête, un mouvement perpétuel, une noirceur totale. Et puis le silence.

Le cœur de Yumi rata un battement, elle sursauta et senti dans sa main un bout de tissus qu'elle serrait comme si sa vie en dépendait. Un drap... Hadès... retour à la réalité.

- Je peux vous trouver un logement, pour toi et... euh... la petite fille... un truc que personne ne pourra jamais trouver si tu reste assez discret. Sinon je peux la prendre chez moi quand t'as des trucs à faire et que tu veux qu'elle reste en sécurité. Chez moi c'est hyper sécurisé, Bob a fait... ah non... John... c'est John qui s'occupe de ça. Et puis j'ai Mordred qui habite avec moi aussi maintenant.

Silence.

- Bob est mort. Il a fini le travail, m'a attachée pour m'obliger à survivre, et il est parti mourir à ma place. Il est mort et il m'a assigné John avant. Du coup maintenant j'ai John. Mais c'est pas Bob. C'est trop compliqué et trop brumeux, j'y comprends plus rien, c'est dommage non ? Et dire que je pouvais faire tellement de choses et que j'ai perdu mon temps à écouter Bob avant... peut-être que tu devrais lui parler un jour, à Bob je veux dire, il a toujours de très bons conseils. Surtout pour la vie en général. Il aime bien la vie... surtout la mienne on dirait.

Elle secoua légèrement la tête en « regardant » autour d'elle sans rien voir et poussa un soupir. La réalité était revenue mais la brume persistait. Encore une absence, toujours ces foutues absences et ces mélanges dangereux. Parler de Bob comme s'il était vivant elle le faisait souvent, mais normalement elle ne parlait qu'avec John ou Mordred... où Ryo. Pas avec quelqu'un qui ignorait tout de son état actuel. Elle était sortie trop tôt. Gênée, elle se donna une contenant en faisant bouffer ses cheveux.

- Bref... euh... et sinon ? Quoi de neuf ?

Elle grimaça légèrement en repensant à quelque chose.

- J'ai aussi besoin que tu me raconte ce que tu as dis, exactement... Tout...

Que pouvait-il ressentir, à ce moment-là ? Il avait trahi cette femme et, pire que tout, il l'avait repoussée et reniée alors même qu'il tentait de l'aider. Inutile de dire que Hadès avait un grand poids dans le cœur lorsqu'il pensait à tout ce qu'il avait pu avouer sous la contrainte, et aux informations qu'il avait soigneusement pu cibler pour faire plaisir à Arashi, mais également pour ne pas trop faire s'embourber son propre camp. Il avait été ignoble, pensant juste protéger Ella. Il savait d'ailleurs que sa fille adoptive lui en voudrait sûrement encore longtemps, mais n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'elle pourrait se comporter durement avec lui pendant quelques temps encore. Alors, Hadès se voilait la face.

Comment remonter la pente lorsqu'on est au bord du gouffre ? Il y avait ses blessures, aussi bien physiques que psychologiques, le brûlant comme un bout de fer porté à chaud ; la douleur causé par ce qu'il avait vécu pour sortir de prison, l'indifférence d'Ella, alors même qu'il avait fait ses sacrifices pour elle, et bien sûr, Arashi. Toujours Arashi, encore Arashi. Ce frère duquel il rêvait parfois, les nuits, et, lorsqu'il le voyait, dans des conditions qui n'étaient pas souvent très positives pour lui, il observait à quel point ses yeux étaient colériques, à quel point il lui en voulait encore. Si, ce jour-là, sa mère n'avait pas été là, il ne doutait pas qu'Arashi l'aurait tué, purement et froidement. Pour son propre frère, et cela était ignoble de penser ça, le ministre de la justice était un monstre de froideur, et s'il était sûr qu'il était encore attaché à lui, il devait maintenant penser que ce n'était que pour mieux se venger.

L'histoire du nouveau surnom, il n'arrêtait pas d'y pensait. Ça lui trottait dans la tête pour ne jamais s'effacer. Comment ne pas se faire remarquer par Mello et compagnie ? Parce que c'était sa peau, qui était en jeu, et s'il était un prestidigitateur du déguisement, Akira Darkwood. Quand à ce qu'il avait pu dire ? Tout ? Cette fois-ci, Hadès eut un petit rictus de méfiance. Il se recula imperceptiblement, sans doute assez pour réveiller Ella, et c'est d'ailleurs pour ça qu'il lui jeta un regard inquiet. Pour lui, il avait déjà payé depuis longtemps pour ce qu'il avait fait, mais ça...elle n'avait franchement aucun moyen de le savoir.

« Je suis désolé pour Bob. Je comprends ce que tu ressens, j'ai aussi perdu beaucoup d'hommes. Et c'est la raison pour laquelle j'évite de m'attaquer à des centres armés... », lui dit-il, un gros sous-entendu dans la voix sur son avis, concernant l'explosion de cette base qui avait coûté la vie de Bob ainsi que ses yeux. « Tu es médiatrice, pas terroriste. Je suis peut-être un traître, mais je te déconseille de sortir de ton rôle, Machiavel pourrait apprécier...mais pas nous. Enfin nous...Mello m'a sûrement déjà rayé des chefs, comme ça l'arrange. »

Il avait mal à la cage thoracique, et c'est d'ailleurs pour ça qu'il s'arrêta un peu de parler, juste pour pouvoir reprendre son souffle, sentant une douleur sourde lui appuyer sur le torse. En fait, Arthur n'en étant pas vraiment le responsable, Darkwood devait avoir une ou deux côtes cassées provenant de son séjour dans sa cellule, et diverses blessures qui avaient plus ou moins du mal à se cicatriser, surtout dans la durée. Le plus dur était surtout d'éviter l'infection, ce qui était actuellement sa principale préoccupation.

« J'ai dit ce que je savais. La vie d'Ella était en jeu, tu sais. Tu vas certainement me frapper, voire me tuer, et franchement, je te comprends, j'aurais probablement fait pareil. », articula-t-il avec difficulté. « Je lui ai donné tes caractéristiques physiques, de quand je t'avais croisé, je lui ai raconté l'épisode avec Fate, tes mensurations...oui, ok, j'avais calculé ton tour de nibards...C'est un peu ma spécialité...et puis surtout, que je connais ton pseudo', Yumi...j'étais dans les vapes mais tu me l'as dit, la dernière fois. Il est pas con, mon frère. Il a fait réaliser un portrait robot...et peu importe le déguisement...il sait reconnaître une personne...J'étais défonc', ça avait l'air d'un rêve, mais le lendemain, j'ai tout noté, que tu me disais que tu allais voir Fate, mais aussi 'Rashi. Et quand il a foutu un coup de pied dans Ella, j'ai craqué. Je ne pouvais plus me taire, c'était trop important, tu vois ? Et là, je lui ai envoyé un mail, et il dit qu'il veut que je me tire, avec Ella. Mais Ella...Ella ne me parle plus. Je vais craquer, tu sais. Je crois qu'à ce stade, ce n'est même plus la peine que je prenne un pseudo', surtout si mon espérance de survie est courte à ce point. »

Invité

Ah le con ! La jeune femme se mordit vivement la lèvre pour ne pas se mettre à lui hurler au visage. Quel con ! Mais quel con !!! Il y aurait probablement eu d'autres choses qu'il aurait pu balancer sans risquer d'en dévoiler autant, Arashi n'en aurait jamais rien su ! Merde ! Elle serra les poings en s'enfonçant les ongles dans les paumes pour se calmer et se contenta de lui retourner un sourire sur son visage toujours aussi impassible. Ne rien montrer. Jamais. Quoi que... Elle palpa doucement le lit autour d'elle et retrouva la main d'Hadès. Elle la saisit délicatement, se rapprocha de lui sans faire trop bouger le lit histoire de ne pas réveiller la fille qui dormait, fit remonter doucement sa main le long de son bras et lui attrapa fermement l'épaule. Bouger lui faisait mal... tant pis.

- Si je fais pas ça maintenant, je vais finir par te crier dessus et ça va réveiller tout le quartier.

Elle prit son visage entre ses mains, sembla réfléchir une seconde pendant qu'elle se calmait un peu... et le gifla brutalement. Deux fois. Elle leva la main pour lui en coller une troisième... mais la laissa retomber mollement. La colère, elle, ne retomba pas... mais le frapper ne servait à rien, ça n'effacerait rien. Il fallait qu'elle réfléchisse. Elle se laissa glisser hors du lit en grimaçant légèrement et arpenta la pièce de long en large après avoir repéré où se trouvaient les meubles histoire de ne pas se faire mal. Elle marcha comme ça sans rien dire pendant plusieurs minutes avant de revenir s'installer près de lui, contre lui même pour ne pas avoir à parler trop fort. Elle appuya sa tête contre l'épaule du rouquin et se mit à murmurer.

- De toute façon c'est fait... je peux pas remonter le temps pour de fermer la bouche à coup de pieds alors ça ne sert à rien de s'énerver. Tant pis. De toute façon maintenant c'est mon problème, c'est à moi de m'occuper de ça. Après tout ça ne concerne que moi... Bref.

La colère lui avait fait comme une montée subite d'adrénaline, du coup les images de l'ile, de Bob et de la tortue commençaient à devenir vraiment beaucoup trop envahissantes... Elle ferma les yeux le plus fort possible pour essayer de les faire partir... elles diminuèrent un peu d'intensité, mais rien de bien probant.

- Tu vas changer de pseudonyme, on en trouvera un qui ne peut pas ramener à toi. Je te fournirais un e-mail changeant et un nouveau téléphone. Je peux aussi te fournir un endroit où vivre avec ta petite protégée où, si tu sais rester discret et que tu suis mes conseils, personne ne pourra te retrouver. Pas même ton frère. Il ne faut pas que les autres sachent que tu es dans le coin... je peux leur faire croire que tu es mort si tu veux, que je t'ai tué même, ça pourrait arranger quelques détails, où que tu as décidé de migrer dans un autre pays.

Elle leva les yeux vers lui sans le voir, une expression indéchiffrable sur le visage.

- Il est hors de question que commence à penser à arrêter et à fuir, pas maintenant, pas avec ce que tu as fais. Je peux pardonner parce que je t'aime bien, mais le mouvement en lui même va en chier à cause de ça, tu dois te rattraper, c'est la moindre des choses Akira. Rattraper ce que tu as dis est impossible, mais tu peux très bien continuer à contribuer au bon fonctionnement de la résistance, et il faut que tu le fasse, même si tu ne peux plus faire ce que tu faisais avant.

Surtout maintenant. Ce qu'il avait révélé à son frère à propos d'elle était une chose, elle allait avoir beaucoup de mal à s'en tirer vivante après ces conneries, mais sa vie à elle n'était rien comparée au mouvement. Elle pouvait très bien mourir, on la remplacerait sans trop de soucis, mais le mouvement devait continuer, la résistance devait poursuivre ses actions ! C'était la seule chose qui comptait, la seule chose qui en valait la peine.

Elle allait devoir gérer Arashi... cette idée lui faisait peur, vraiment peur... Elle le connaissait assez pour savoir qu'il allait beaucoup lui en vouloir, assez pour avoir envie de la tuer. Mais elle ne pouvait pas se contenter de se cacher bêtement... il fallait qu'elle le voit. Tant pis... Yumi poussa un long soupir tremblotant et se massa nerveusement l'épaule. Arashi savait être gentil... mais il savait tout aussi bien être un monstre, un vrai. Elle se racla la gorge pour essayer de retrouver une certaine contenance, pour ne pas montrer cette peur qui lui nouait l'estomac et augmentait ses hallucinations.

- Pour ta gamine je sais pas. J'imagine qu'elle t'en veut à la fois pour les coups et pour la trahison... j'en sais rien. Ça passera sûrement. Tu peux me la laisser quelques temps aussi si tu veux, John s'occupera bien d'elle et elle ne sera jamais toute seule étant donné que Mordred habite avec moi. On trouvera sans doutes quelque chose à lui faire faire... mais je pense que tu devrais plutôt te démerder avec elle... ça lui passera quand elle aura fini par comprendre... enfin je pense, j'ai pas de gamins moi du coup j'ai juste des théories.

Des gamins... elle n'en aurait sans doutes jamais du coup. Elle savait que sa vie serait dangereuse quand elle avait commencé à bosser pour la résistance, mais elle ne prenait conscience que maintenant que cela impliquait qu'elle n'aurait jamais l'occasion de trouver quelqu'un avec qui rester pour de vrai, avec qui fonder une famille...

- Merde... j'tomberais jamais amoureuse...

Elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle avait prononcé cette phrase à voix haute. Yumi s'était contentée, depuis très jeune, de ne coucher qu'avec les hommes qui pouvaient lui servie dans le cadre de la résistance. Des ennemis en général d'ailleurs, histoire d'obtenir des informations. Elle n'avait jamais été avec un homme qu'elle avait réellement aimée, où qui l'avait aimée d'ailleurs... Cette idée ne l'avait même jamais vraiment effleurée, elle n'avait pas le temps de se préoccuper de ça. Même quand elle avait frôlé la mort, l'idée n'était pas venue. Maintenant si... elle ne tomberait pas amoureuse...Elle n'en aurait pas le temps, Arashi allait la tuer. Merde...

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