Wouldn't it be nice if...all the world was yellow! [pv Matt]

Matt avait du mal à assimiler la nouvelle qu'on était venu lui apprendre. Nathan était là, quelque part dans le quartier général de la mafia, amené de force par une mission presque ratée. Enfin, voir toutes les furies d'Ishtar en prison n'était pas vraiment une mauvaise nouvelle pour le rouquin. Au moins, ça donnerait un peu de répit à la mafia, dont certains membres en avaient marre de voir traîner ces sales prostituées qui avaient laissées tomber Mello comme s'il n'était qu'un simple pion sans importance. Donc cette fois les pertes engendrées pour cet enlèvement le gênaient encore moins que d'habitude. En temps normal, il apprenait la nouvelle en haussant les épaules. Les hommes de main du blond n'avaient pas vraiment d'importance à ses yeux, ce n'était que des personnes utiles pour des missions qui nécessitaient de se salir les mains, rien d'autre. Là, il avait appris la nouvelle avec un petit sourire assez mal dissimulé mais tant pis. Il s'en fichait que les autres le pensent sans cœur ou quelque chose dans le genre. Ce n'était pas de sa faute si ces filles étaient aussi mal organisé. Il avait félicité Faith quand il avait appris la réussite de sa mission. Il avait été rassuré aussi. Elle était jeune, ça l'aurait gêné de la voir en prison entouré de pros-Kira qui auraient pu abuser d'elle ou quelque chose dans le genre. Elle est utile la petite en plus, c'est bien. Il allume une cigarette en pensant à Ishtar. Il n'avait pas vraiment de nouvelles sur ce qu'elle était devenue. Avec un peu de chance, elle était aussi en prison et ils auraient la paix un certain temps. Sinon, ils allaient encore entendre parler d'elle, ce qui n'allait en rien améliorer l'humeur de Mello. Il soupire. Non, le plus important à ce moment-là, c'était Nathan.

Matt se dirigeait d'un pas lent vers la cellule où était enfermé le ministre de la censure, un ordinateur portable tranquillement dans une de ses mains. On lui avait dit que Nathan n'était pas sur le devant de la scène, il n'avait donc pas pu voir le magnifique diaporama qu'il lui avait concocté. Et ce serait dommage qu'il rate ça. Bien sûr, il pourrait toujours le revoir si un jour il sortait de cette prison sur internet. La vidéo s'y trouvait déjà, et il avait fait en sorte que le gouvernement ne puisse pas la retirer facilement. En plus, le ministre de la censure était un peu dans l'incapacité de donner le moindre ordre d'où il se trouvait. Autrement dit, cette vidéo allait avoir un nombre de vue assez impressionnant. Avec un peu de chance, on allait en parler dans les journaux. Il se doutait qu'avec la chute de Lady Illness, ça n'allait pas être facile mais si le Cavalier Noir réussissait à survivre à cette perte, il ne doutait pas qu'un article lui soit concerné. Cette simple pensée le fait sourire alors qu'il arrive devant la porte de celui avec qui il a longtemps correspondu. Ça allait être drôle. D'abord, il avait hésité à y aller. C'est vrai, bien caché derrière le Chat de Cheshire, il se sentait bien. Il ne risquait rien, Nathan ignorait son identité au point de penser qu'il aurait pu être une femme. C'était drôle, mais là ça prenait un côté beaucoup plus sérieux.

Matt rentre dans la pièce, tranquillement en fumant une cigarette qu'il vient d'allumer. Ses yeux sont cachés derrières ses lunettes orange. Il ne sait pas trop pourquoi mais elles ont un côté rassurant. Il regarde avec une légère touche de dégoût le ministre en train d'écrire sur les murs. S'il avait le moindre petit doute sur le fait que Nathan soit atteint ou non, il venait s'évaporer devant une montagne de calcul ridicule. Sérieusement, on n'a pas idée de travailler à ce point, il fallait être complètement cinglé, ou sexuellement frustré. Vu son obsession pas du tout sainte pour Illness, Matt pencherait plutôt pour la deuxième option quoi que la première soit également vrai vu qu'il s'agissait d'un ministre de Kira. Il installe sur son ordinateur sur la chaise. Nathan allait le tuer, ou plutôt aller mourir d'envie de le tuer parce que vu son état pitoyable, il doutait que le ministre ait assez de force pour faire du mal à chaton. Et puis, il ne faut pas se mentir, Matt n'est pas si faible que ça, il gagnerait sûrement sans problème face à un bureaucrate.

« Nathan Seito Suzaku, 37 ans, né quelque part perdu dans la campagne, ministre de la propagande et de la censure, fou obsédé par son travail et par la grande Lady Illness même si les spécialistes n'arrivent toujours pas à se décider laquelle de cette obsession est la plus marquée, mais surtout ancien organisateur de rafles dans le passé. Et même aujourd'hui à ce qu'il paraît. »

Il allume l'ordinateur et lance le diapositif. Bien sûr, il a coupé le son parce que même lui, grand habitué aux chansons ridicules en boucles, avaient parfois envie de faire un meurtre avec Popipo passé en boucle. Il se retient de rire face à l'allure ridicule du ministre qui a l'air dans un piteux état. On ne se moque pas des malades, d'ailleurs, il faudra qu'il pense à lui donner les médicaments qu'il a dans sa poche pour lui. On avait insisté pour qu'il les prenne, parce que l'otage ne doit pas mourir, doit être en bon état, sinon ils auraient vraiment trop de problèmes. Enfin, plus que d'habitude quoi. Alors, il avait accepté, mais il avait plutôt envie de s'amuser un peu avant.

« T'as vu Natou, je suis hyper bien renseigné. Maintenant, regarde-moi ça. Tu le sais peut-être pas, mais ce magnifique chef-d'œuvre a été diffusé à l'inauguration. Oui, sur le très grand écran, ne me remercie pas. »

Matt, plus gros chieur de la Rébellion.

Il avait l'impression de ne jamais avoir vu quelqu'un d'aussi pathétique que le ministre à ce moment précis, et le pire c'est que ce n'était même pas drôle. Il s'était attendu à mieux, beaucoup mieux, pour sa rencontre avec Nathan. En même temps, les conversations qu'ils avaient eues par mail étaient tellement amusante pour lui que ça lui paraissait logique. Il s'attendait à trouver le Nathan coincé, énervé par ses conneries et réactif qu'il adorait taquiner. Ce n'était pas le cas. Celui-là était beaucoup plus ennuyant. S'il avait su, il ne serait même pas venu pour l'interroger. Il aurait laissé n'importe qui d'autre s'en charger – Mello par exemple, il n'y avait pas de raison qu'il ne se tape pas le sale boulot – et aurait continué sa partie tranquillement dans sa chambre, affalé sur son canapé à fumer comme un pompier. Oui, maintenant qu'il y pensait, cette situation avait des airs paradisiaques. Mais bien sûr, ce n'était pas possible. Il était coincé là, avec un malade, tout simplement parce qu'il n'avait pas autoritairement dit non. Il aurait pu convaincre Mello que c'était une mauvaise idée de l'envoyer s'en charger, mais il ne l'avait pas fait. Il s'attendait à de l'action qui le changerait de la monotonie de ses jeux qu'il connaissait par cœur, par manque d'en avoir de nouveau aussi bien.

Il se crispa à l'évocation du nom d'Illness. Bon, il avait enfin l'explication que tout le monde cherchait désespérément depuis l'inauguration, c'est-à-dire pour quelle raison la rédactrice en chef du Cavalier Noir s'était retrouvée aux mains d'Arashi. Ça l'avait choqué quand il avait entendu la nouvelle. Pas qu'il avait pitié pour elle – il aurait plutôt tendance à avoir pitié pour les gardes de l'endroit où elle était détenue – mais ça lui avait semblé inconcevable. Nathan était ministre de la censure, le Cavalier Noir était un dossier sous ses ordres. Et il connaissait l'obsession du brun pour elle. Il avait été dans l'incompréhension. Mais si c'était une erreur, tout s'expliquait. Tout était tout de suite beaucoup plus logique. Bon, mis à part le détail sans importance de comment peut-on écrire un nom comme celui de Lady Illness par erreur. Encore, un nom japonais, il aurait compris. On croit parler du mec qui s'occupe du café mais finalement c'est celui qui passe la serpillière, les deux se ressemblent, sont sûrement des cousins très éloignés vu que leurs noms semblent avoir décidé d'être chiants et quasiment identiques. Mais Illness quoi. Non, le roux ne pouvait pas comprendre comment on pouvait écrire son nom par erreur. À moins d'être fou, stupide ou complètement attardé. Il regarda Nathan. Finalement, ça se tenait.

« Tu crois vraiment qu'on va te laisser sortir ? Comme ça ? Pour aller sauver Illness ? Vraiment Nathou, je te pensais moins bête que ça... – Oui, moins bête. Pas plus intelligent, le ministre ne l'était définitivement pas. – Et puis, si tu essayais, j'aurais vraiment peur pour elle. La pauvre Illness, tu crois pas que tu l'as assez fait souffrir ? Déjà, tu harcèles, tu essayes de l'embrasser, tu la mets en prison parce qu'elle refuse tes avances et ensuite, tu veux aller la délivrer pour la kidnapper et abuser d'elle... Vraiment, il est beau le gouvernement de Kira. »

Il faisait vraiment pitié, sûrement à cause de la maladie. Oui, Matt ne s'était pas contenté de chercher uniquement des photos de lui enfant pour se moquer de lui. Il avait eu l'idée de chercher des photos plus récentes, actuelles et il devait avouer qu'il n'en avait trouvé aucune risible. Le ministre était toujours parfait, prêt à montrer une image correcte des fonctionnaires au service de Kira. Non, vraiment, ça lui fendrait presque le cœur. Presque. Il soupire, lâche son mégot de cigarette avant de l'écraser avec sa botte. Il s'en fiche, ce n'est pas lui qui nettoie les locaux. Il s'avance vers Nathan. Il ne voulait pas lui donner les médicaments maintenant, mais il devait avouer que là, c'était trop. Mello lui en voudrait sûrement beaucoup si son otage mourait, surtout que ça voudrait dire un nombre incalculable de problèmes avec les pros-Kira qui décideraient évidemment qu'ils sont responsables, ce qui est bien sûr en partie faux. Nathan était malade avant de se faire kidnapper, ils avaient juste décidé d'attendre un peu trop longtemps avant de penser à le soigner. Il sort la boîte de médicaments et la pochette de compresse de sa poche. Il rigole en l'entendant prononcer sa demande d'aide. C'était trop bien. Normalement, il n'est pas du genre à rigoler de la misère des autres, mais là on parlait de la personne qui fourrait un peu trop son nez dans ses affaires, et dans celles de la Wammy's House. Donc, il avait le droit. Il mouille la compresse avec l'eau d'une bouteille avant de lui tendre. Il refuse de le toucher, ça le contaminerait. Il manquerait plus que ça, tiens. Il lui tend les cachets contre la fièvre et s'installe sur la chaise après avoir fermé son ordinateur.

« Alors. Nathan. Tu dis ne plus organiser de rafles alors qu'Illness a été arrêté parce que tu as écrit son nom par erreur. Tu te fous de moi là ? – Et oui, à force de trop traîner avec Mello, il lui arrivait de plus être vraiment poli. De toute façon, il ne s'adressait qu'à un ministre ridicule, pas de quoi faire l'effort de rendre ses propos corrects. – Oh oui. Les photos sont très belles sur le diaporama. Ne t'inquiète surtout pas, tu pourras le voir autant que tu veux sur internet. Enfin, si tu sors un jour d'ici. »

Là, il exagérait. Il ne savait pas vraiment ce que Mello avait prévu pour Nathan, parce qu'il s'en fichait et qu'il n'avait pas écouté le blond quand le sujet avait été évoqué. En tout cas, il connaissait assez son ami pour savoir qu'il n'était pas du genre à garder un otage pendant des mois sans rien en faire. En plus, ça serait risqué. Ce n'était pas n'importe qui Nathan malgré son anonymat. Le gouvernement aurait sûrement du mal à remplacer un ministre aussi investi dans son boulot. Il allait vouloir le récupérer c'est certain. Quel dommage. Il le regarde d'un air blasé. Bon, il n'y avait plus qu'à espérer que les médicaments agissent pour qu'il se rétablisse. Et là, peut-être, Matt pourrait apprécier de devoir se taper cette corvée qui pour le moment était tout sauf marrante. Enfin, c'est ce qu'il pensait quelques secondes avant de voir que Nathan était soudainement mouillé, à un endroit totalement sec quelques secondes à l'avance. Non, ce n'était pas possible, il ne pouvait pas avoir fait ça. C'était ridicule. Le roux éclate de rire.

« Putain, mais Nathan, tu t'es pissé dessus ? J'te préviens, moi je ramasse pas, tu crains ! »

Il manquerait plus que ça quoi, qu'on l'oblige à faire femme de ménage pour le mec qui était responsable de la censure de ses précieux jeux vidéos.

Il ne sait pas au bout de combien de minutes d'attente, il s'est félicité d'être venu lui-même interroger Nathan. Sur le coup, il n'a pas osé imaginer ce qu'il serait arrivé si Mello s'en était occupé. La fin du monde sûrement, ou plutôt la fin de la vie de Nathan en quelques secondes pour rester proche de la vérité. Le blond n'est pas patient, il ne supporte pas qu'on ne réponde pas à une de ses questions dans les vingt secondes qui suivent. Oui, le ministre serait mort ce qui n'aurait pas été une bonne chose pour la mafia et la Rébellion en général. Évidemment, son ami aurait ensuite regretté son geste un quart de seconde et s'en serait pris à toutes les personnes qui croiseraient son chemin à cause de sa mauvaise humeur. Même lui n'aurait pas pu y échapper, sauf peut-être s'il restait terré dans sa chambre sans bruit en priant pour que Mello ne vienne pas y mettre les pieds. En gros, ça aurait été une situation compliquée, fatigante et horriblement chiante à gérer. Donc vraiment, il avait fait une bonne action. Il n'est pas comme son ami. Il est patient lui. Très très patient. Il ne l'a pas toujours autant été mais disons qu'attendre parfois des mises à jour qui durent presque une heure avant de pouvoir reprendre sa partie si passionnante, ça forgeait largement ce trait de caractère. Alors, jouer tranquillement à la psp en attendant que Nathan daigne aller un peu mieux pour considérer sa présence, c'était un jeu d'enfant digne de la première vitesse de Tetris.

Le petit bruit soi-disant agaçant de son jeu fut à un moment couvert par une voix beaucoup moins mélodieuse du ministre. Oh mais s'il vous plaît, si le gouvernement a un minimum de moyens, qu'on leur mette une voix entièrement informatisée beaucoup moins sérieuse et énervante que ça. Il met son jeu en pause – le travail avant tout, il l'avait promis à Mello – et écrase sa onzième cigarette. Ou quelque chose comme ça même si c'est le chiffre qui revient s'il compte rapidement les mégots au sol. Il se doutait que personne d'autre n'était passé voir Nathan durant sa captivité, ou du moins personne qui n'allait rester assez longtemps pour fumer et prendre la pièce pour un cendrier. Et puis, Matt avait un droit exclusif là-dessus. Il fallait bien qu'il donne du boulot à celui qui nettoyait, sûrement un gosse, un petit dernier de la pyramide des pions de Mello. Il soupire encore en écoutant les conneries qui sortent de la bouche de Nathan. Sérieusement, on ne pouvait pas retenir des articles comme ça, avec les chiffres, les mots-clefs, tout. Enfin si, on pouvait. Matt était très bien placé pour le savoir vu le nombre de choses qu'il avait retenu en rapport avec l'informatique et qui était aussi une suite non logique de chiffres et parfois lettres. Mais lui, il n'était pas n'importe qui. C'était un génie. Il avait les moyens mentaux de le faire. Nathan n'était qu'un foutu autiste qui pensait vraiment qu'il allait s'amuser à le kidnapper pour le rencontrer. Déjà que ça l'emmerdait de dévoiler sa magnifique couleur de cheveux à ce psychopathe, il ne fallait pas abuser.  

« Rêve pas Nathan, j'ai jamais demandé à ce qu'on te kidnappe. Si on m'avait demandé mon avis, j'aurais demandé à ce qu'on te laisse tranquille, loin d'ici, loin de moi. – Il allume une cigarette, encore. Qu'est-ce qu'il détestait tous ces boulots d'interrogation à la noix. – Tu as déjà entendu parler des Furies ? Une bande de prostituées qui je te le précise, c'est très important, n'a rien à voir avec la mafia ? C'est elles qui ont organisé ça mais on t'a récupéré. Tu devrais presque me remercier pour ça. »

Discréditer les Furies : fait. Objectif suivant ? Avoir des informations sur telles ou telles choses qui pourraient être intéressantes. Le problème quand on se retrouve avec un représentant qu'un ministère aussi peu connu, c'est qu'on ne sait par où commençait. Si ça avait été l'armée ou quelque chose dans le genre, il y aurait eu des questions types. Si ça avait été un scientifique, il aurait exactement su sur quel domaine la conversation devait s'orienter. Là, c'était différent. Il ne se voyait mal parler de la censure avec le ministre. Enfin, il pouvait toujours s'arranger pour essayer de négocier un ou deux jeux vidéos mais il n'était pas sûr que Mello apprécie. Non, pas du tout. Il grimace. Non. Il n'a pas osé faire une réflexion sur Mello en sa présence. Déjà que par mal, c'était limite, là c'était trop. On ne critique pas le chef de la mafia dans son propre quartier général à moins d'être totalement masochiste. On le critique encore moins devant son bras droit qui a déjà officiellement une dent contre vous. Ou alors, c'est qu'on veut mourir, qu'on ne tient plus à la vie, ou qu'on a un amour assez prononcé pour la torture physique.

« Je crois que t'as mal compris la situation espèce d'autiste. Tu es chez la mafia-là, un des endroits les plus dangereux pour ton espérance de vie. Bien sûr, on est pas fou, on va pas te tuer. Oui, tu es utile, et oui, on serait dans une merde pas possible si on le faisait. Mais je te conseille d'arrêter sérieusement toute remarque sur Mello. Spécialement devant moi. Alors maintenant, je te conseille de parler. – Il marque une petite pause. – Pourquoi c'est toi qui te chargeais de la liste de personnes à arrêter, ce qui a conduit à l'emprisonnement de cette chère Lady Illness ? »

Attendre pendant une demi-heure que la personne à interroger se sente mieux pour le faire, ça ne le gênait pas. Mais alors interroger, c'était toute une autre histoire. Là, il avait envie de se lever et de se barrer de la pièce. S'il avait autant aimé apprécier embêter Nathan par mail, c'est parce que ce côté accro au travail, fou furieux prêt à tout pour faire ce qu'il doit faire et respecter les lois l'avait fait rire. Là, ça le fatiguait plus qu'autre chose. À la base, c'était un jeu, c'était marrant, ça n'avait pas la moindre importance mais maintenant qu'il devait en obtenir autre chose, il aurait largement préféré que ce soit un autre ministre qui soit capturé. Un beaucoup moins fidèle, avec qui il était toujours un minimum possible de négocier. Tout le monde sauf Nathan quoi.

« Tu n'as pas de femmes, ça sert à rien de mentir je suis assez renseigné sur toi pour connaître ce genre de détails inutiles. – Il soupire, sort son téléphone de sa poche pour envoyer un message à quelqu'un. Oui, il ne pouvait pas laisser le ministre dans cet état. Même si c'était son ennemi à la base, il y avait un minimum. Voir un ministre dans un état suffisamment lamentable qu'il annihilerait toute la dignité qui existe chez un homme était marrant, il fallait l'avouer, mais c'était un spectacle qui lassait assez vite. – Quelqu'un va venir avec de nouvelles fringues, nouveaux draps pour que tu fasses ton lit... Et je t'apporterais pas le thé ! Tu m'as pris pour quoi, pour ta bonne? »

Poli ? Et puis quoi encore. Il était assez gentil d'accepter de lui amener des draps propres. Si ça avait été Mello, il aurait sûrement pu passer un mois dans sa pisse avant que le blond considère sa demande. D'ailleurs, il était marrant Nathan, mais c'est lui qui aurait le droit aux remarques de son ami plus tard dans la soirée, comme quoi il était beaucoup trop gentil avec cet idiot de prisonnier. Et tout ça pour quoi ? Un autiste obsédé par une folle. Si on lui avait un jour dit ça, il aurait sûrement imaginé que ce genre de scénario n'existerait que dans une série télé un peu pourrie.

Il soupire en repensant à leurs échanges de mails. Il se souvient avoir pensé que ce n'était pas possible d'être aussi chiant que ça. À ses yeux, Nathan faisait exprès d'être idiot au possible, de passer pour un gros nul de service pour des raisons assez obscures. En tout cas, il n'avait pas imaginé la possibilité que le ministre soit réellement comme ça, qu'il ne fasse pas exprès de donner des envies de meurtre à chaque ligne. Nouveau soupir. Mello n'aurait sûrement pas supporté un interrogatoire de ce genre. En théorie, il était plus patient que son ami, ce jour-là, il commençait à avoir des doutes sur la question. Nathan pourrait tenter de le faire tourner en rond pendant des heures que ça l'énerverait moins. Il pourrait nier en bloc, refusait de répondre jusqu'à la semaine suivante qu'il s'en foutrait. Un ordinateur, une console, le tout relié à internet et le rouquin pouvait tenir encore plus longtemps que lui. Mais pitié, qu'il arrête de parler de Mello. Il était clairement trop protecteur envers le blond, alors que ce n'était pas nécessaire. Sérieusement, le chef de la mafia pouvait très bien se défendre tout seul ? Et puis, c'était Nathan, son avis ne valait rien pour lui normalement. Seulement là, ça l'énervait. Même s'il ne gardait pas de liens aussi fort que certains anciens orphelins avec la Wammy's House, il ne pouvait s'empêcher d'être un peu hostile dès qu'une personne commençait à trop s'y intéresser. Il repense à un des derniers mails qu'il a reçus du ministre. Il le déteste. La Wammy's. Mello. Alice Madness Returns. Non, vraiment il fallait que Nathan arrête de toucher à ce qu'il aimait. Il ne sait plus à quel moment il s'est levé, à quel moment il avait lâché son mégot de cigarette pour se rapprocher du ministre. Il se voit le taper, son poing cogne sa figure ridicule. Oui, ça fait du bien mais il devrait quand même faire attention. Personne ne lui pardonnerait d'avoir abîmé le ministre.

« Putain, ta gueule. – Il soupire, allume une nouvelle cigarette parce qu'il en a besoin. Et puis, il n'a pas à se justifier auprès de personnes sur sa consommation plus qu'excessive. Il fait ce qu'il veut, il est grand. C'est la seule chose à laquelle il peut encore se raccrocher à ce moment-là. Il doit se calmer, et c'est loin d'être facile en compagnie d'un homme aussi con et répugnant par son attachement au gouvernement. – Et sois pas choqué, je t'avais prévenu. Maintenant, j'aimerais que tu me dises pourquoi tu as travaillé avec Arashi dans cette rafle. Tu es ministre de la censure, en quoi ça te concerne ? »

Et cette fois, il me mentionne pas Illness. Il n'est pas si bête, il a compris que cet idiot est beaucoup trop attaché à elle, et qu'il n'arrivera à rien pour ça. Bien sûr, c'est lui qui gère les relations avec le Cavalier Noir, donc forcément, ça pourrait avoir un rapport avec la liste. Seulement, il hésite. Cet homme est tellement accro qu'il aurait pu avoir écrit le prénom d'I sans le moindre rapport avec le reste, avec la mission, avec rien. Arashi ne s'en serait peut-être pas rendu compte. Il faut dire que l'autre ministre est un vrai bourrin, il ne réfléchit peut-être pas au pourquoi de la présence de tel individu sur la fameuse liste. Enfin bref, il aura sa réponse à un moment, il en est sûr, même si pour cela il doit passer des heures avec cette chose informe qu'est Nathan.

Il ne peut pas retenir son rire en l'attendant expliquer pourquoi il n'a pas de femmes. Ce mec est vrai phénomène, il devrait même avec le premier rôle en tant que clown dans un cirque. Là peut-être qu'il servirait à quelque chose. D'ailleurs, il proposera sûrement l'idée à Mello, si un jour, ils réussissent à changer les choses. Comme beaucoup, il y croit de moins en moins. Les deux premières années de leurs combats contre le nouveau gouvernement de Kira, c'était facile de garder espoir. Très facile même. Maintenant, après une dizaine d'années, ce n'était plus pareil. Quand quelque chose réussit à rester autant de temps, ça a plus de chances de durer, parce que les gens dehors s'y sont habitués, beaucoup n'espèrent plus voir les choses changeaient, en partie grâce au travail très efficace de la chose assise en train de faire le lit en face de lui.

« T'es marrant Nathan, vraiment. – Il s'était rassis. Il sourit moqueur apparaît sur son visage. – Non sérieusement, on t'a jamais dit à quoi ça sert une femme ? Le sexe Nathan ! Tu sais ce que c'est toi, le sexe ? Parce que si tu veux, j'peux te donner des cours d'éducation sexuelle, tu sais ? J'peux même appeler une pute rien que pour toi. Enfin, à moins que tu préfères les mecs, la sodomie et tout ? »

Il s'étire. Qu'est-ce qu'il peut être doué dans le rôle du gros connard de services des fois. En même temps, il a eu l'entraînement pour ça aux côtés de Mello à la Wammy's. Il ne pouvait pas être le garçon calme et gentil derrière ce monstre blond. Enfin si, il aurait pu mais ça n'aurait pas vraiment été crédible auprès des autres, et ce n'était pas une façon de s'en sortir de toute façon. Déjà qu'en lui répondant, en se comportant de cette façon, il était clairement son gentil petit chien, s'il avait été gentil et sans répondant, il n'imaginait même pas. Il était persuadé que Mello aurait été encore pire au niveau de ses manières en tant que chef. Cette simple possibilité était traumatisante. C'était suffisamment flippant en ce moment même.

« Arrête de te plaindre. T'aurais préféré rester dans ta pisse ? Non, alors tais-toi. – Pourquoi lui ? Il y avait plein d'autres personnes qui auraient pu s'occuper de l'interrogatoire de Nathan. Pas Mello, c'était sûr mais disons... Quelqu'un d'autre. C'était injuste. Pourquoi il fallait toujours que les mauvais trucs lui retombent dessus. Il n'avait rien demandé lui. Oh, ça le faisait rire quand même. Quel autiste. – Me retourner ? Pour que tu tentes de me tuer et de t'enfuir comme un con alors que t'as pas la moindre de chance de sortir vivant de cette galère si je suis mort ? Rêve. »

Bon, il abusait peut-être un peu. Mais si Nathan le tuait, est-ce que Nathan serait à un moment rendu au gouvernement, conservant son rôle temporaire d'otage, ou est-ce qu'on le tuerait pour avoir débarrassé le monde de sa personne ? Il était utile quand même, enfin, presque. Il avait plus ou moins réussi à réunir de très bons hackeurs qui étaient jusqu'alors complètement dispersés et non organisés. Juste pour ça, on devrait le remercier, vraiment.

Il n'aurait pas dû le frapper, il n'y avait pas besoin d'être un génie pour le comprendre. Il s'agissait d'un ministre, une personne importante que le gouvernement aurait sûrement envie de récupérer en un seul morceau. Surtout celui-ci d'ailleurs. Il suffisait de se renseigner juste un peu pour comprendre Nathan, pas besoin de chercher bien loin. C'était une personne des plus faciles à cerner. Un accro au travail qui ne semblait pas vouloir trahir ses convictions politiques, le mec parfait pour un monde comme celui de Kira. Il était sûrement plus précieux que la ministre des affaires étrangères qui aurait tout aussi bien pu être actrice porno. S'il y avait une personne qui méritait une récompense dans toute cette hiérarchie stupide, c'était bien lui. Même malade, il continuait à travailler, c'était assez fort ça. Voilà l'exemple même d'une personne qui finirait par se tuer à la tâche. Peut-être qu'il méritait de ce fait un peu de respect de la part du geek qui était capable d'oublier tout ce que Mello lui demandait si c'était pour finir un nouveau jeu quand il réussissait à en obtenir. Seulement, il n'y avait aucune chance qu'il le fasse. Respecter Nathan, c'était un peu comme accepter de danser avec un éléphant rose, complètement impossible, irréaliste, et impensable. Et puis, il avait de la dignité lui – ce que le ministre avait définitivement perdu en étant recouvert de pisse – et ça l'empêchait d'avoir le moindre élan de compassion ou tout sentiment différent de la haine envers le ministre.

Putain, c'était tout simplement pas possible. Sur tous les ministres à la con qui composaient le gouvernement de Kira, il avait fallu qu'Ishtar et ses bonnes à rien décident de kidnapper Nathan. Oui, il avait fallu qu'elles se démerdent pour lui ramener le seul ministre qui risquait de ne vraiment jamais parler. Il n'était stupide, il ne se faisait pas d'illusion. Si Nathan lui affirmait qu'il ne parlerait pas, il ne le ferait pas. Bon, il y avait peut-être une chose, minime, qu'il le fasse sous la torture. Dans ce cas, ce n'était pas lui qui aurait dû mener l'interrogatoire mais un mafieux sans scrupules, ou même Mello. Sauf que Matt n'aurait pas laissé le blond rentrait dans cette pièce vu que la rencontre aurait été trop dangereuse pour son ami mais aussi pour l'otage, et il était hors de question de laisser un simple pion s'occuper seul d'un ministre. Il n'avait pas spécialement confiance en tous ces mecs qui avaient soi-disant jurer d'obéir au blond jusqu'à la mort. Ce n'était pas sa faute s'il était sceptique. En fait, il avait du mal à croire qu'une autre personne dans ce monde puisse être aussi dévoué que lui à son ami. Il fallait avouer que c'était hautement improbable, et puis il n'y avait pas de Nathan version mafieux, une personne qui serait prête à se tuer à la tâche pour obtenir la plus petite information. En réalité, il avait un jeu qui était en train de se télécharger dans sa chambre et il avait bien l'intention d'aller y jouer le plus rapidement possible. Il soupire. Non vraiment, Mello allait péter les plombs s'il n'arrivait pas à obtenir la moindre petite information de ce foutu ministre.

« Je suis pas violent, je t'avais prévenu mais tu te crois supérieur à tout. J'pensais que même un attardé comme toi arrivait à comprendre à quel moment il fallait s'arrêter. – Il tire une longue bouffée de fumer, parce que la cigarette, c'est magique, ça le dépend. C'est en partie ce qui l'empêche de sortir un flingue là maintenant pour tirer une balle dans la tête d'autiste malade du ministre en face de lui. Enfin, ça et le fait qu'il pense aux retombées que ce petit geste stupide et incontrôlé pourrait avoir sur toute la Rébellion. Si Nathan était un fou du travail, Arashi était réputé pour être un fou des arrestations en tous genres et il se doutait qu'attaquer le quartier général ne faisait pas peur au ministre de la justice. – Enfin bref, je suppose que ça sert à rien d'insister. Le fait est là, tu es responsable des rafles, c'est pas mal pour un simple ministre de la censure. Je suppose qu'on a vraiment mal cerné toutes les capacités de ton secteur. »

Matt éclata de rire. Simplement. Il ne savait pas s'il avait bien compris ce que Nathan voulait dire ou s'il transformait encore une fois les propos du ministre mais c'était vraiment énorme. Bien sûr, peut-être que son interlocuteur ne se rendait pas compte, à cause de la maladie, des propos qu'il était en train de tenir. Enfin, il venait clairement de lui annoncer qu'il avait eu des rapports homosexuels, c'était quand même pas mal. Bon, les préférences sexuelles de Nathan ne le gênaient pas, loin de là. Vouloir coucher avec un autre homme lui semblait beaucoup plus normal et plus sain qu'être fou amoureux et totalement obsédé par Illness.

« Tu... Tu connais ses choses-là ? – Comment est-ce qu'il pourrait garder son sérieux face à une situation aussi drôle que celle-ci. Non, vraiment, l'idée que le ministre de la censure ait pu tester ce genre de pratique à l'université comme tout le monde était totalement inconcevable. Il tente de se reprendre, il n'est pas là pour parler de la vie sexuelle sûrement falsifiée du ministre. – Bon, écoute, tes histoires de sodomie, j'm'en fiche pas mal en fait. »

S'il avait pensé que le passage sur la vie privée de Nathan était la chose la plus drôle de cette conversation, il se trompait royalement. Il ne savait pas à quel moment la conversation était devenue ridicule à l'extrême. Les fonds pour la libération des otages passait encore. Ce n'était pas la première fois qu'il en entendait parler et ça paraissait logique que le gouvernement soit prévoyant pour ce genre de situation. Par contre, le passage où il mentionnait que les résistants bousillaient des civils était ridicule. Bien sûr, il y avait forcément des gens qui n'avaient rien demandé qui se retrouver à mourir dans ces combats. C'était des foutus dommages collatéraux comme certains aimaient bien les appeler. Lui n'aimait pas ce terme. Il avait eu un peu de mal au début avec le fait que certaines personnes devaient payer pour une cause qu'ils ne soutenaient même pas, mais au bout de plus de dix ans à tenter de renverser un gouvernement bien ancré dans le cerveau des gens, on s'habitue à tout. Et Mello ne lui a pas forcément laissé le choix. Son ami peut être un véritable monstre quand il le faut, c'est limite flippant. Enfin, pas limite, totalement flippant.

Puis, le ministre mentionna le fait qu'il était désormais l'ennemi numéro 1, le mec à exterminer le plus rapidement possible ou un truc dans le genre. Sérieusement, c'était quoi cette blague ? Nathan avait vraiment pensé un seul instant qu'il avait la moindre chance de faire croire une chose pareille à Matt ? Franchement, il n'y avait aucune que le fait qu'il ait mené cet interrogatoire stupide le fasse passer devant Mello. Near, il pouvait comprendre. Il était forcément rattaché à la mafia et pour cette raison, il avait parfois à se salir les mains – ce qu'il faisait quand même le moindre souvent possible – alors forcément, il était moins blanc que l'autre chef de la Rébellion. Sans mauvais jeu de mots, bien sûr. Par contre, pour Hadès, il y a quelque chose sans sa phrase qui le gênait vraiment. Ils auraient pu tuer un des chefs depuis longtemps et ils ne l'auraient pas fait ? D'accord, il y avait décidément quelque chose qui clochait actuellement. La Résistance civile était une vraie plaie pour le gouvernement, ça paraissait tellement bizarre, et il savait très bien que ce n'était sûrement pas Arashi qui s'était mis en tête de protéger son frère.

« Arrête de dire n'importe quoi. Tu sais ce qu'il y a de bien à être ami avec Mello ? Quoi qu'on fasse, on passera toujours après lui. Magique non ? – Il écrase sa cigarette avec un petit air rêveur sur le visage qu'il aurait préféré dissimuler alors qu'il prononçait ses paroles. D'accord, dis comme ça, c'était un peur bizarre mais il s'agissait de son ami, de la personne pour qui il avait le plus de respect sur cette terre, donc théoriquement, ça se justifiait largement. – Par contre, pour Hadès... C'est suspect, c'est pas trop votre genre de laisser du sursis à un terroriste, comme tu aimes autant nous appeler. Vous avez trouvé le moyen de vous servir de lui, c'est ça ? »

Et voilà, il savait ce qu'il lui restait à faire quand il rentrerait dans sa chambre ce soir, se renseigner sur les derniers mouvements d'Hadès, les personnes qu'il avait côtoyées, contactées. Ce qu'il avait fait quoi. Mello n'avait pas confiance en lui, et il y avait une raison à cela. Matt prenait forcément parti dans cette dispute ridicule, et bien sûr il soutenait son ami. Une dispute qui avait commencé à cause d'une femme encore plus conne d'ailleurs. Oui, Hadès était prêt à tout pour une femme, c'était la conclusion qui était apparu au fil des années et pour cela, il était quelqu'un dont il valait mieux se méfier. Il préfère ne pas faire attention à ses remarques stupides. Il faut bien que l'un des deux soit mature à un moment, et ça n'allait sûrement pas être le ministre de 37 ans.

« En fait Nathan, j'ai reçu des menaces y'a pas longtemps. On m'a dit qu'un certain Upsilon me chercherait pour ton compte. C'est quoi ce délire, tu lances tes toutous sur moi ? »

Il hausse les épaules en souriant. Cet interrogatoire le fatigue de plus en plus. Il a conscience que Nathan est définitivement trop professionnel pour donner des informations sur le gouvernement, sur son boulot. Peut-être qu'avec quelqu'un d'autre, il aurait parlé. Matt n'est pas la personne la plus persuasive de la mafia. Il n'est ici seulement parce que Mello lui a demandé après tout. Sans le blond, il ne serait peut-être même pas engagé dans le Rébellion. Il serait dans un pays éloigné le plus possible du Japon, enfermé dans une chambre aux allures de fumeurs à jouer à tout ce qu'il lui passait sous la main et à manger des pizzas surgelées. Parfois, lorsqu'il y penserait c'est-à-dire quand la faim le rappellerait à lui. Donc non, interroger un ministre ne faisait pas partie de ce plan si intéressant et reposant. On fait avec dira-t-il d'une voix blasée. Il est décidément prêt à tout pour son ami.

Entendre Nathan devenir grossier et déblatérer un nombre impression de conneries, ça n'a pas de prix. C'est ce qu'il se dit pour se réconforter. Il est stupide, il aurait dû amener une caméra, il y a des choses qui se perdent. Il aurait pu poster tout ça sur youtube à son retour dans sa chambre. Ça aurait fait le buzz, un peu comme son magnifique diaporama. Il allume une cigarette en se disant que le ministre n'était qu'un ingrat. C'est grâce à lui qu'il était apparu au grand jour, que la masse connaissait son existence et celle de son ministère. Enfin, grâce à lui et à Day aussi qui avait donné une place assez importante à son œuvre dans l'article qu'elle avait écrit sur l'inauguration. Il faudrait les féliciter, pas se mettre à les détester et vouloir leurs morts sans raison. C'est vrai, ils sont innocents, victimes d'un monde qui demande malgré tout plus d'informations réelles chaque jour.

Il n'a pas eu le temps de réagir, de faire quoi que ce soit qu'il se retrouve avec un ministre affaibli en train de le frapper comme s'il n'était qu'un gosse qui avait mis un cousin péteur sous le coussin du patron de son père venue manger à la maison pour parler d'une promotion. C'est l'impression qu'il a, même s'il ne serait pas capable de parler de cette situation en terme d'expérience. En tout cas, ça le ferait sûrement rire avec le recul mais sur le coup, ce n'est pas forcément à ça qu'il pense. Parce que bon, même si Nathan est totalement pathétique à ce moment-là, il parvient quand même à lui faire du mal. Les baffes passent encore, ça se supporte. C'est surtout au moment où il lui tire ses lunettes que le geek réagit. Qu'est-ce qu'ont les gens à toujours vouloir le taper ? Devoir parfois subir les colères de Mello, ce n'est pas suffisant peut-être ?

« Putain de ministre à la con ! »

Il arrive à Matt de s'énerver, parfois. Ça n'arrive pas si souvent que ça, parce que la colère est un sentiment dans l'excès, et que l'excès – hors cigarette et jeu vidéo – ce n'est pas son truc. Mais là, c'est différent. Il en a même lâché sa cigarette sur le coup, c'est tout dire. Il réajuste un geste rapide ses lunettes sur ses yeux avant de donner un coup de pied à Nathan dans les genoux. Avec ses bottes, il espère que le ministre aura mal, qu'il aura un bleu énorme pour se rappeler que ce n'est pas parce qu'il semble être toujours inactif que c'est une raison pour l'embêter. Il ramasse sa cigarette. Son sourire a disparu, un air un peu énervé est apparu sur son visage. Nathan, le seul mec qui aura réussi à énerver Matt. On ne touche pas à ses lunettes, elles sont sacrées.

« Je m'en fous. Franchement, j'en ai rien à faire du nombre d'heures que tu fais au bureau. C'est le dernier de mes problèmes. – Les civils qui meurent, un peu moins. Mais voilà, au bout d'une douzaine d'années, on s'y fait. Ce sont des pertes qui ne le méritent pas forcément, mais c'est le prix à payer. Il y en a toujours, dans la vie réelle, dans les jeux vidéos. On n'approuve jamais entièrement mais il n'y a pas le choix. – Maintenant, je vais pas me répéter. Qu'est-ce qui se passe avec Hadès ? Réponds et tu auras à manger... Ou mieux, des feuilles et un stylo. »

Il a l'impression de négocier avec un gamin mais tant pis. Nathan semble avoir des informations sur Hadès, ce qui intéressera forcément Mello. Et puis, ça n'a aucun rapport direct avec le gouvernement, donc il acceptera peut-être de parler.

Parfois, il en a marre qu'on le prenne pour un moins que rien. Il sait très bien que c'est ce que Nathan pense de lui. En même temps, il n'est que le bras droit de Mello. Rien d'autre. Il n'a pas réellement d'importance. On pense aussi qu'il est faible, parce que tant qu'à faire,  ça passe bien dans la continuation. Un geek qui passe la majorité de son temps cloîtré dans sa chambre, ça ne doit pas savoir se battre. Ça doit être ridiculement faible aussi. Dans le fond, ça l'énerve. C'est pour ça qu'il a frappé Nathan, en partie. Il n'a pas envie de le laisser croire des choses qui sont fausses, par exemple qu'on peut s'en prendre physiquement à lui sans qu'il ne réagisse. Ce serait n'importe quoi, vraiment.

Il est quand même un minimum content de lui. Il a finalement réussi à obtenir des informations de la part de cet idiot de ministre qui ne sert pas à grand-chose. Qu'est-ce qu'il peut être heureux à ce moment-là. Il ne s'est pas déplacé pour rien, il n'a pas supporté cette vision catastrophique pour rien. Mello allait être content, fier de lui, surtout vu l'information en question. Hadès traître. Il ne peut pas dire depuis combien d'années son ami attend d'avoir la preuve de cela. Le blond déteste le chef de la Rébellion civile, ce n'est une nouveauté pour personne. Lui est bien placé pour connaître les crises du mafieux. Il l'a souvent entendu crier contre Hadès, dire qu'il finirait par trahir ce mouvement et qu'il serait là pour débarrasser la terre de ce pervers au moment venu. Voilà une bonne nouvelle, enfin ! Un chef de la Rébellion en moins dans les jours à venir. Bien sûr, le roux sait que ça ne va pas du tout se passer comme ça. C'est fini l'époque où on pouvait agir sans penser aux conséquences. Il faut toujours réfléchir à ce qu'il va se passer après ensuite. C'est également la raison qui le pousse à être ici. S'ils pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient, Nathan serait sûrement déjà mort.

Il finit par sourire et s'allumer une nouvelle cigarette. Il ne pense clairement pas pouvoir obtenir une autre information du ministre. Il n'est pas du genre à trahir son gouvernement et à moins d'insister sur un détail dont on sait déjà quelque chose, il n'avait pas la moindre chance. Et puis, il n'allait pas être le seul à l'interroger. Les autres ont peut-être des techniques plus persuasives. Enfin, c'est ce qu'il pense. Après tout, il s'en fiche. Il trouve cette situation ridicule. Il se demande pourquoi Ishtar et sa bande ont décidé de le capturer. Ils ne comprennent donc pas qu'il réussit plus facilement à obtenir des informations du ministre en l'harcelant de mails ? Ce n'est pas très compliqué pour ça.

« Très bien Nathan. Merci de ta collaboration c'est très gentil. –  Il sort un papier de sa poche et note deux trois choses au crayon dessus. Une liste de choses à apporter. Il déteste Nathan, mais il n'est pas non plus inhumain. – J'vais donner ça à un mec, et il a intérêt à tout t'apporter. J'ai mis quatre stylos bic, un bloc de papier parce qu'on en a marre que tu pourrisses les murs, de l'eau et de la soupe. Pas sûr que ça te nourrisse, mais j'ai pas envie que tu claques ici, tu vois ? »

Il se lève et regarde avec dégoût les vêtements posés, le lit, et Nathan lui-même. Un ministre de Kira. Non mais sérieusement. Des fois, il se demande ce qui se passe dans la tête des autres. Si ça tenait qu'à lui, on trouverait d'autre moyen de faire avancer les choses. Des moyens qui ne nécessiteraient pas de le déranger dans une partie de Mario Kart. Bien sûr, si ça ne tenait qu'à lui, les choses n'avanceraient pas énormément. Il ignore sa question sur la Wammy's House. Il est tellement ridicule. Beyond Birthday, une simple rumeur ? Il a rêvé. Si le geek devait mettre un visage sur la folie, ce serait sans hésiter celui de BB. Alors, pouvoir penser qu'une telle personne n'existe pas, c'était un peu comme croire aux contes de fées, dans un beau monde où personne ne tue personne et où on finit tous par se retrouver à danser autour d'un feu de joie à la fin de l'été. Oui, c'est ridicule comme comparaison. Totalement irréel, mais ça montre bien à quel point une telle information le choque. B existe, clairement.

« Je n'ai jamais été pour te capturer. Si on m'avait demandé mon avis, tu serais pas là. Tu vas nous rapporter de l'argent, d'accord, mais aussi des problèmes. Alors si tu veux vraiment savoir qui t'a enlevé, retiens qu'elle se fait appeler Aranel et qu'elle est à la tête d'une bande de bonnes à rien, les Furies. – Il se dirige vers la porte. Ça ne sert plus à rien de rester après tout. – Tu recevras la visite de quelqu'un d'autre pour les négociations. Je peux pas t'en dire plus. »

Il sort, ferme la porte à clef et donne la liste d'objet à la première personne qu'il croise en insistant bien sur l'importance de celle-ci. Après tout, c'est quand même un ministre qu'il y a dans cette pièce. Il ne va pas aller jusqu'à dire qu'il faut bien le traiter, mais un minimum quand même. Et puis, un échange est un échange.