Cours. Je suis comme le grand méchant loup, en pire. • Pv Zakuro

Si quelqu'un la voyait, toute seule, en pleine nuit, à marcher seule dans la banlieue résidentielle, là où habitent toutes les personnes importantes et riches, il se poserait sûrement des questions. C'est vrai, qu'est-ce qu'une gamine de seize ans fait seule dehors alors que le couvre-feu est déjà passé depuis presque une heure. On pourrait croire qu'elle rentrerait simplement chez elle, en retard, ce qui était possible vu qu'elle marchait vite. Sans courir, mais on voyait sans problème qu'elle était pressée. Mais il n'y avait personne pour la voir. Personne pour se demander ce que faisait une européenne ici. Et personne pour se demander qui elle était vraiment. Bien sûr, physiquement, elle ressemblait à toute adolescente de seize ans, vivant dans la capitale nippone après avoir suivi ses parents, mais la vérité était extrêmement éloignée de cette vision. Elle repoussa ses cheveux en arrière tout en se demandant où allait. Alors, elle choisit une maison au hasard et s'y dirigea d'un pas décidé.

Noa n'était pas une gentille fille sans défense. Déjà, elle n'était pas gentille tout court. Bien au contraire. Elle faisait partie de cette racaille que le soit-disant nouveau dieu de ce monde essayait de supprimer. Oui c'était possible malgré son jeune âge qui était d'ailleurs son plus grand atout. Elle avait l'air adorable, il ne fallait pas se mentir. Bon, elle était juste en fuite, mais à part ça, rien qui ne pourrait gâcher cette impression qu'elle donnait habituellement aux gens. En fuite. Mais de qui ? De la police de Kira, rien que ça. Certains de ces simples employés de bureau qui ne servaient à rien l'avaient surpris à taguer sur un banc une phrase du style « Mort à cette ordure de Kira ! » Oui rien que ça. Autant dire un acte qui mérite la mort, sans compter le nombre de morts dont elle était responsable. En fait, c'était sûrement plus que la mort qu'elle méritait. Du moins, si on l'attrapait ce qui risquait de ne pas être le cas.

Mais alors, pourquoi n'était-elle pas en train de courir dans les bas-fonds ? C'était juste que cette fois, c'était trop juste. Ils étaient trop prêts et même si elle avait réussi à les semer, elle ne voulait pas prendre le risque d'amener ces ignorants dans ce quartier. Elle pensait avant tout au risque pour les autres qui habitaient là-bas et qui comme elle résistait à cette dictature. Elle avait donc décidé d'aller dans la banlieue résidentielle pour se cacher. Elle avait un plan tout trouvé, un plan presque infaillible. Elle s'approcha de la porte en regardant derrière elle. Personne. C'était simplement parfait. Elle regarda rapidement ses vêtements. Aucune trace de sang, aucun couteau qui ne dépassait. Elle prit un air de petite fille apeurée. Depuis toujours, elle avait appris à jouer la comédie pour des moments comme ceux-ci. C'était important si on voulait survivre, et encore plus quand on est né dans un univers comme celui-ci. Il faut apprendre à mentir, à se faire passer pour un autre. Elle sonna à la porte et attendit qu'on vienne lui ouvrir. Elle espérait juste que ça ne prenne pas trop de temps. Il y avait toujours le risque que la police la trouve ici, sur la porte. Mais quand elle serait rentrée, il n'y aurait plus de risque. Ce quartier était peuplé de partisans de Kira. Aucune chance que l'un d'eux n'accueille une criminelle en fuite.

« Excusez-moi de vous déranger sir. Il fait nuit et je suis incapable de retrouver ma maison... Je suis ici depuis pas longtemps. »

Elle fit semblant de frisonner. Il fallait qu'elle montre qu'elle avait froid. Et peur. Les rues étaient encore dangereuses la nuit, il y avait des criminels partout. La preuve, il y en avait même une juste ici. Mais ça, c'était un secret.

« J'ai froid et faim... Je ne sais pas où aller... Vous me laisserez rentrer en attendant demain ? S'il vous plaît. »

Un autre détail qu'elle adorait et qui l'aidait toujours depuis qu'elle était arrivée au Japon. Son accent anglais. Bien sûr, elle avait appris le japonais depuis assez longtemps pour le parler. Mais elle gardait toujours son accent anglais et plaçait parfois des mots de sa langue maternelle. C'était pratique. Ça rappelait qu'elle n'était qu'une adolescente loin de son pays natal. Une dépaysée. Quelqu'un qui avait peur dans cette inconnue. Bien sûr, tout était faux, mais personne ne pourrait s'en douter. Elle avait appris avec son frère à jouer la comédie à la perfection. Et ce rôle était de loin celui qu'elle réussissait le mieux, même à l'époque où elle n'avait pas tous ses problèmes et qu'elle n'était pas recherchée par la loi.

Elle prit alors le temps de détailler le plus discrètement possible le propriétaire de la maison. Il avait l'air gentil. En tout cas, elle avait eu de la chance de ne pas avoir affaire à un vieux rabat-joie. D'expérience, elle savait que c'était les plus dangereux. Les plus susceptibles de la laisser seule à la rue en fait. Mais lui, il paraissait gentil. Bon, un peu trop bleu à son goût. Oui bleu. Parce que c'était la chose qui sautait aux yeux de Noa quand elle le vit. Yeux bleus, cheveux bleus. C'était bizarre, trop bizarre. Habillé en bleu en plus. Mais elle fit en sorte de ne pas paraître étonné de ce goût vestimentaire. Elle n'allait quand même pas critiquer celui qui allait peut-être la recevoir. Bien sûr, en temps normal, dans une autre situation, elle n'aurait pas hésité. Mais là, c'était différent, très différent. Il y avait toujours la menace que la police de Kira la trouve, et même si elle aimait se battre et les tuer, elle n'était pas capable de faire le poids face à plusieurs d'entre eux armés d'armes à feu.

C'était hallucinant de voir tout ce qu'on peut réussir avec l'apparence d'une petite fille apeurée. Vraiment hallucinant. La preuve, elle était maintenant au chaud, dans un endroit où la police de Kira ne viendrait jamais la chercher. Elle n'avait vraiment pas à se plaindre. Ensuite, ce qu'elle allait faire de son soi-disant sauveur, elle ne le savait pas encore. S'il vivait ici, elle doutait largement qu'il fasse partie des résistants du régime puisqu'ils étaient obligés de se terrer dans des endroits peu recommandables. Mais Noa ne leur faisait jamais de mal, du moins, tant qu'elle pouvait. Elle n'était pas bête, le but n'était pas pour elle de réduire le nombre de personnes qui voulaient aussi la chute de Kira. Mais lui, qui était-il ? Et si c'était un partisan du dictateur, ce qui est finalement assez probable pour vivre ici, elle se devait de le tuer. C'était une obligation, même s'il n'avait pas l'air méchant. Enfin, peut-être qu'elle pourrait d'abord se contenter de le torturer, pour avoir des informations, ou pour essayer de comprendre ce qui motivait les foules à se rallier à la cause de ce monstre.

En tout cas, cet homme en bleu l'intriguait un minimum. Du moins, sa réponse l'avait intriguée. Dans la société dans laquelle il vivait, comment pouvait-on dire un truc aussi humain ? Parce qu'elle avait beau avoir assez tué pour perdre toute part de son humanité ce n'était pas le cas. Et elle reconnaissait toujours lorsque quelqu'un l'est trop. Parce que de nos jours, trop ce n'est pas normal. Parce que l'être peut amener de graves problèmes, de très grave même. Enfin, il le comprendrait bientôt, quand Noa s'occuperait de lui. Elle se retint de rire en entendant comment il la qualifia. Une fille aussi jeune. C'était forcément une blague. Il devait avoir, quoi. Une petite dizaine d'années de plus qu'elle, rien que ça. Bon d'accord, dix ans de différence ce n'est pas rien, mais quand il disait ça, elle avait l'impression qu'il la traitait simplement de faible. Et elle détestait ça, tout simplement. Elle était quand même loin d'être faible, même s'il ne le savait pas encore.

Noa entra dans l’appartement de celui qui s'était écarté pour la laisser passer. Il faisait bon à l'intérieur, ça s'était sûr. Il avait beau faire chaud toute la journée, il continuait à faire froid la nuit quand on vit dans la rue, sans endroit fixe, ça elle ne pouvait pas le nier. Par contre, ce monsieur avait réussi à l'énerver au bout de moins d'une minute où ils étaient ensemble. Elle avait enlevé sa veste pour pouvoir s'habituer à la nouvelle température et il lui avait pris. Sa veste. Enfin, celle de son frère. Une des choses auxquelles elle tenait le plus. Autant dire que si elle n'avait pas dû rester calme pour ne pas se trahir, elle n'aurait pas manqué de le tuer. Juste pour l'avoir touché. Elle ne supportait pas d'être loin du seul objet qui lui rappelait son jumeau. Mais elle ne dit rien, et le suivit vers une table où il proposait de manger. Et là, que faire. Elle n'allait pas manger à la même table de quelqu'un qui était son ennemi quand même. Mais d'un autre côté, elle ne se rappelait pas depuis combien de temps elle n'avait pas fait un vrai repas. Et encore, elle se disait qu'il valait mieux qu'elle ne cherche pas à savoir. Alors elle accepta. Ça lui permettrait sûrement de reprendre des forces, alors elle n'allait quand même pas se plaindre.

Elle garda cette image de petite fille timide en s'asseyant. C'est vrai que quand elle y repensait, elle avait vraiment faim. Alors, autant en profiter. Et puis, cet homme était gentil. Ça le ferait donc encore plus souffrir quand elle le torturerait. Parce qu'il se rendrait compte qu'elle faisait partie des personnes peu recommandables dont il venait de parler. Mais d'un côté, son discours était ridicule, on ne croise pas des criminels dans la banlieue résidentielle. Bon, là, c'était différent. Mais en temps normal, ils ne s'aventuraient pas vraiment par ici. Il y avait trop de maisons, et cherchait les victimes, c'est fatiguant. Elle le regarda. Ses yeux bleus avaient quelque chose de malsain, mais elle ne savait pas encore quoi. Peut-être parce qu'ils lui rappelaient ceux de son frère, où que c'était une couleur pure. Maintenant, elle avait peur de la pureté, elle qui ne l'était plus du tout.

« Du tea, s'il vous plaît... »

Elle ne rajouta rien sur les personnes qu'elle avait soi-disant eu de la chance ce ne pas croiser. Ça servait à rien, elle risquerait de se trahir plus qu'autre chose. Elle avait quand même du mal avec les mensonges du style « C'est parce que Kira fait un bon boulot. » Elle savait très bien que venant d'elle, ça sonnait totalement faux, sûrement parce que c'était un peu contre nature. Alors elle se mit à manger rapidement. Bien sûr, elle était contente d'avoir réussi à trouver quelque chose pour reprendre des forces, mais comme ça, elle avait l'impression d'être à la merci de du propriétaire de la maison. Et elle n'aimait pas ça du tout. Elle fit quand même l'effort de paraître le plus normal possible. Mais dans le pire des cas, il se dirait simplement que ce n'était qu'une petite fille affamée, ce qui avait ses avantages finalement. En même temps, elle réfléchissait à ce qu'elle avait sur elle. Bien sûr, il y avait les couteaux dans l'intérieur de ses bottes. Mais le reste était quand même dans sa veste, ce qui était finalement gênant. Heureusement, il n'avait pas l'air armé. Elle n'avait sûrement rien à craindre ici.

« C'est très gentil monsieur de m'accueillir. J'ai peur dehors, avec tous ces criminels... »

Cette phrase était pire que fausse. Bon, bien sûr, elle lui était un minimum reconnaissante parce qu'il lui avait ouvert sa porte. Mais s'il ne l'avait pas fait, elle serait quand même passée. Elle l'aurait peut-être pu sur le pas de sa porte pour ensuite aller à l'intérieur avec son cadavre. Par contre, sa phrase était une blague à elle toute seule. Mais elle avait une raison de dire une chose pareille. Elle voulait le tester, voir qui il était, ce qu'elle pensait. Parler avant de tuer, ça pouvait être marrant. Elle n'en avait pas l'habitude, c'est sûr, et ne la prendrait pas. Mais c'était quand même l'occasion rêvée. Surtout qu'il ne se doutait vraiment de rien.

Noa semblait avoir réussi son coup. Enfin, du moins une partie. Pour le moment, elle était sûre de pouvoir rester ici, en sécurité loin de la police de Kira. C'était hallucinant de voir à quel point cet homme ne semblait pas vouloir se méfier d'elle. C'était le bon côté de son apparence. Bien sûr, d'habitude elle ne l'aimait pas autant. À cause de son air de petite fille mignonne et inoffensive, ce n'était pas rare que des personnes de son milieu ne la prennent pas sérieux. Bien sûr, ça c'était dommage pour eux, et dans ces cas-là, elle n'était pas responsable de ce qui allait leur arriver. C'était eux qui l'avaient provoqué à passer ses nerfs sur leurs corps beaucoup plus intimidants que le sien. Mais pour celui-ci, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle devrait lui faire. Ce n'était pas comme s'il l'avait insulté en la rabaissant, puisque c'était elle qui avait fait en sorte qu'il croit à tout ça. Mais bon, il fallait avouer que tout ça, c'était actuellement le dernier des soucis de Noa. Enfin, presque.

Elle mangeait. Combien de temps ça faisait qu'elle n'avait pas fait un vrai repas. Un bon repas en plus. Il fallait avouer que même si ce bonhomme avait une drôle façon de s'habiller, il cuisinait très bien. Bon, c'était un repas de base, assez facile à réaliser, mais quand on vit dans la rue et qu'on pense plus à avoir quelque chose à boire et à fumer qu'à manger, c'était un véritable délice. Lorsqu'elle eut fini, elle se remit à observer le propriétaire de la maison. Il lui affirmait qu'elle était en sécurité dans cet endroit, ce qui ne faisait aucun doute. Par contre, lui, il ferait mieux de se méfier. Noa était un monstre, à ce qu'il paraît.

Elle cherchait quelque chose à répondre, à faire lorsqu'elle le vit feuilletait un journal. Elle attrapa son verre et but une gorgée pour ne pas soupirer. Les journaux étaient tous du grand n'importe quoi maintenant. Tous au service de cette ordure de Kira, ce qu'il voulait sûrement dire que la personne qui l'avait accueilli en était un. Puis, elle fit l'effort de regarder plus précisément le nom du papier qu'il tenait dans les mains. Et là, elle fut totalement surprise. Le Cavalier Noir. Elle connaissait assez ce journal pour le lire à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Combien de fois en avait-elle acheté un à un garçon plus jeune qu'elle depuis qu'elle était arrivée ici ? Elle ne le savait pas puisque la plupart du temps elle le lisait avant de le laisser traîner dans un bar, là où tout le monde pouvait le lire. Du moins, ceux qui savaient lire.

Enfin bref. Cet homme en bleu lisait le Cavalier Noir. Est-ce que ça voulait dire qu'ils faisaient partie du même camp ? Dans ce cas-là, Noa n'avait pas le droit de lui faire de mal, ça faisait partie de ses principes. Du moins, du nombre très limité qui lui restait.

« Pourquoi lisez-vous ce journal sir ? J'ai entendu dire des méchants dire que c'était le leur... »

Encore une fois, elle avait utilisé cette voix de gamine apeurée. Elle avait toujours préféré ne pas trop s'en servir mais pour ce qu'elle voyait, sur lui, c'était assez efficace, alors autant s'en servir jusqu'au bout. Elle déposa calmement ses couverts dans son assiette, ayant fini son repas. Elle se permit donc de regarder, ou plutôt de détailler, l'appartement. Il ressemblait à l'impression que donner son propriétaire. Le calme. Son regard passa au frigidaire. Ça faisait depuis qu'elle avait quitté Londres qu'elle n'avait pas vu une maison qui en était occupée. Elle regarda la boîte de cachets posés dessus. Qu'est-ce que ça pouvait être ? Sûrement des médicaments, elle devrait penser à les voler avant de partir. On n'a jamais trop de cachets, qu'il s'agisse de produits pharmaceutiques ou de drogues. Alors autant en profiter. Mais pour ça, il allait falloir qu'elle puisse les atteindre, ce qui n'allait sûrement pas être si dur.

Alors là, elle avait vraiment une chance de malade. Un mec qui travaille pour la police à mi-temps. Elle ne pouvait pas espérer mieux pour s'amuser tout en étant coincé dans cet endroit pour échapper aux représentants de l'ordre. Le pauvre, il n'imaginait sûrement pas qu'en la faisant entrer dans son appartement, il empêchait ses collègues de faire son travail. Bien sûr, ce n'était pas un problème, il l'apprendrait bien assez tôt. Noa ne pouvait pas rester tranquille en face d'un traite pareil très longtemps. Et puis, il y avait dans son travail quelque chose qui la gênait. Ces idiots fous amoureux du dictateur se servaient du seul journal qui restait vraiment pour avoir des informations. C'était honteux, c'était quand même eux qui les avaient tous censurés. Franchement, juste pour ça, ils mériteraient tous la torture. Et c'était sans compter tous les morts qu'ils avaient fait à côté.

D'ailleurs, il lui prouva encore une fois qu'il n'était qu'un sale partisan de Kira quand il lui donna son prénom. Il n'y avait que ces gens-là pour le faire dans cette période bizarre de paranoïa. Sérieusement, il fallait vraiment être fou. Il ne pensait vraiment pas au futur. À croire que pour lui, il allait toujours rester au service de ce meurtrier, même quand celui-ci serait mort, ce qui, elle l'espérait, n'allait pas trop tarder.

« Noa. »

Réponse courte, instinctive, le temps de trouver quelque chose à faire. Elle n'arrivait pas à deviner la force que pouvait avoir cet homme et se voyait mal l'attaquer à mains nues. Elle avait besoin de ses armes qui était trop loin d'elle à son goût. Bien sûr, elle pouvait toujours trouver un prétexte pour aller chercher son manteau. Ça pouvait marcher, surtout qu'il ne faisait pas extrêmement chaud ici. C'était toujours mieux que dehors, d'où elle venait, donc cette excuse n'était peut-être pas la bonne. Elle avait du temps de toute façon, vu qu'il ne se doutait de rien. Mais l'envie de se jeter sur lui pour le faire souffrir était plus fort qu'elle. À chaque fois qu'elle rencontrait comme ça un Pro-Kira, elle revoyait l'image de la mort de son frère, qui révélait ses instincts légèrement meurtriers.

Décidément, soit elle avait une chance folle, soit cet homme était totalement fou et sans conscience. Il venait de lui donner l'occasion rêvée d'aller chercher ses couteaux. Elle se leva en même temps que lui et alors qu'il se dirigeait vers une autre pièce de la maison, elle eut une idée. Elle se dirigea vers l'endroit où elle avait vu la boîte à cachets quelques minutes plus tôt. Tiens, des somnifères, quelle chance. Elle mit plusieurs de ces cachets dans le verre avant d'aller chercher sa veste où elle glissa la boîte.

Quand elle revint dans la cuisine, elle le vit assis en train de boire son verre. Merveilleux cachets. Bien sûr, elle ne savait pas s'ils étaient puissants. Sûrement pas. Qui laisserait des somnifères puissants à porter de mains ? Il faudrait vraiment avoir un problème mental. En tout cas, elle se sentait mieux, maintenant qu'elle avait ses armes avec elle. Elle était en totale confiance, et ne voyait plus le besoin de se faire passer pour une enfant sans défense. Elle n'en était plus une, si jamais elle l'avait été quelques minutes auparavant. Elle s'adossa au mur et regarda Zakuro. Tiens, elle n'y avait pas pensé avant, mais c'était quand même un nom bizarre, très bizarre. Enfin, finalement c'était peut-être un pseudo. Et si c'était le cas, il arrêterait de lui paraître totalement innocent.

« Alors comme ça, tu travailles pour cette bande d'incapables de policiers ? »

Son regard avait alors totalement changé. Son expression de petite fille apeurée avait laissé place à un regard plein de haine et de colère. Quelque chose très loin de l'enfance. Normal, elle n'était plus une enfant. Plus depuis très longtemps. Alors pourquoi devrait-elle s'afficher comme telle ? Le vrai enfant, c'était plutôt lui finalement. Et pourtant, il devait avoir quoi, une dizaine d'années de plus qu'elle ? Bizarre comme histoire.

C'était totalement marrant pour Noa qui avait profité de la gentillesse de cet homme de le voir à la limite de s'endormir, complètement inoffensif, et tout ça grâce à elle. Enfin presque. Elle n'était pas narcissique, loin de là, et savait très bien que tout le mérite ne lui revenait pas entièrement. En fait, le comateux assit sur la chaise de sa cuisine avait énormément joué dans son état actuel. Franchement, il fallait manquer de cervelles pour laisser un tel médicament sans surveillance avec une invitée sortie de nulle part dans la même pièce. Alors pourquoi l'avait-il fait ? Bonne question. Il était peut-être un peu suicidaire, il n'y avait pas d'autre solution. Enfin si, une. Totalement inconscient, mais la jeune criminelle doutait que dans le monde actuel de telles personnes existent encore.

Alors comme ça, il faisait vraiment partie de ces monstres au service de Kira. D'un côté, c'était presque logique. On trouve difficilement des rebelles dans ce quartier. Ou alors, il faut vraiment bien chercher, puisque, entourés d'adorateurs de Kira, ils n'osent pas vraiment révéler qui ils sont. En même temps, c'était compréhensible. La plupart du temps, il s'agit de personnes qui ont peur d'abandonner leur petit confort personnel, même pour lutter pour la fin du dictateur. Des gens que finalement, Noa n'appréciait pas forcément. Ils menaient une vie un peu trop tranquille à son goût. Mais bon, chacun menait son propre style de vie dans le monde actuel.

« Eh bien, tu devrais avoir honte ! »

Elle regarda sa tentative pitoyable pour se lever, s'en sortir vivant. C'était marrant, il avait vraiment de l'espoir celui-là. Mais à ce qui paraît l'espoir fait vivre. Bien sûr, Noa allait tout faire pour couper court à cette rumeur urbaine. Elle allait lui montrer ce que c'est de perdre tout espoir de revoir un jour la lumière du jour. Ou le bonheur, dans son cas. Elle passa derrière lui pour lui donner un coup de genou dans la tête et en profita pour lui prendre le couteau de cuisine de mains. Moins affûtés que les siens, mais coupant quand même. Elle regarda l'entaille qu'elle avait sur la main pour avoir accompli ce geste, même malgré le coup porté.

Elle sortit un couteau de l'intérieur de son blouson et s'approcha lentement de l'homme aux cheveux bleu. Elle allait bien s'amuser, surtout que rien ne pressait et qu'elle avait la nuit pour le tuer. Toute en douceur, pour qu'ils souffrent plus longtemps. C'est vrai, combien de personnes avait-il tuées depuis qu'il était au service de cet homme ? Et combien de familles avait-il détruites ? À chaque fois qu'elle tuait un partisan de Kira, Noa vengeait un peu son frère, à chaque fois plus dans son cœur. Elle ne savait pas si c'est ce qu'il aurait voulu, sûrement pas, mais elle ne s'était jamais posée la question. Le temps des doutes viendrait lorsque la guerre serait finie, c'est bien connu.

« Qui je suis ? Une pauvre petite fille qui a perdu son jumeau à cause de Kira. Et pourquoi ? Pour un simple vol qui avait mal tourné. Alors maintenant, permets-moi de me venger. »

Elle enfonça lentement son couteau au niveau de son épaule et admira le sang qui coulait petit à petit. N'empêche, un détail la gênait. Vu la dose de somnifère qu'il avait pris et leur puissance, il était censé dormir à une heure pareille. Pas que ça la gêne non, elle ne se serait pas amusé à torturer une victime endormie, ça n'avait aucun intérêt, mais elle le trouvait un peu trop résistant comparé aux personnes normales. Encore, elle aurait pu le comprendre qu'il avait s'agit d'un drogué, mais là, cet homme lui paraissait totalement sein excepté cette boîte de comprimés. Bizarre, vraiment bizarre. Elle marqua une pause et se pencha juste devant lui, pour être sûre que malgré les médicaments, il réussirait à la voir.

« Alors Zaku. Prêt à souffrir ? »

Elle rigolait de la situation. Comment pouvait-elle faire autrement de toute façon ? Elle était coincée dans le salon d'un partisan de Kira, alors qu'elle essayait d'échapper à la police du même parti. Loin de chez elle, loin des bas-fonds. Il ne fallait pas se mentir, la scène avait quelque chose de comique, encore plus si on précisait que c'était maintenant elle qui tenait à sa merci son hôte, chose qui n'avait pas été très difficile. Personne n'avait appris à cet homme entièrement vêtu de bleu à se méfier des enfants. C'était normal. Qui irait penser que ces chers petits seraient capables d'une telle cruauté. Un meurtre. Oh non, jamais. Ce n'était pas possible, avez- vous vu ces joues roses et ce petit sourire angélique ? Quelle débilité. Pour cela, elle haïssait les adultes.

Zakuro était là, impuissant.

Une personne autre que Noa aurait sûrement trouvé cela magnifique et aurait pris énormément de plaisir à lui regretter sa gentillesse. Mais aussi impensable que cela puisse paraître à son entourage, malgré l'image qu'elle donnait, l'Anglaise n'était pas cruel à ce point. Bien sûr, elle aimait voir souffrir ses adversaires, mais le sadisme physique n'était pas dans ses passe-temps. Il y avait pourtant des exceptions, et elle avait prouvé plusieurs fois qu'elle pouvait se montrer très forte dans ce domaine, et en particulier quand elle avait consommé certaines drogues, ou bu trop d'alcool au choix. Mais là, elle était totalement clean, et en plus avait bien mangé, ce qui la rendait lucide. Trop lucide.

Elle s'écarta un peu, pour s'assoir sur la chaise qui se trouvait à côté, laissant sa victime à terre. Elle regardait le sang coulé. C'était presque apaisant. Presque. Ça aurait pu la calmer, stopper le trop-plein d'émotions qu'elle avait accumulé depuis le début de la soirée. Ça aurait pu, oui, mais ça ne l'a pas fait. Il a fallu que cet homme parle. Pourquoi ? Il aurait tout simplement pu se taire, et attendre la mort tranquillement. Mais il fallait rester réaliste, ce n'était pas le genre de personne à le faire. Personne n'attendait réellement la mort sereinement, quand il s'agissait d'être torturé.

Ces paroles étaient dures. En fait, peut-être pas, mais la façon dont la jeune Anglaise les percevait l'énervait. Bien sûr, elle était ingrate, mais c'est normal. Elle n'avait que seize ans, une pauvre adolescente n'est jamais réellement redevable à celui qui manigance avec son bourreau. Tous les partisans de Kira, passifs ou actifs méritaient de souffrir. Il en faisait partie alors pourquoi empirait-il son cas ? Sous ses airs de gentil monsieur bien élevé, il devait être masochiste, c'était la seule solution qui avait un minimum de logique. Pourtant, en le voyant, on le ne dirait pas.

Kira a eu raison de tuer ton frère.

Cette phrase ne passait pas, et heureusement pour cet homme qu'elle n'avait consommé aucune substance illicite, sinon, il aurait déjà reçu un couteau dans les côtes, ou peut-être plus bas. Il fallait qu'il souffre. Et il y avait cette sorte de menace où elle serait la prochaine à mourir. Très drôle, la phrase réussit même à la faire sourire, ce qui n'avait rien de rassurant.

« Tu n'es rien. Tu es prêt à donner ta vie pour un homme tu ne connais rien. Qui est-il et pourquoi fait-il ça ? Vous répondez toujours la justice. »

Une larme coula le long de sa joue, une seule.

« Tell me, Zakuro. Tu penses vraiment que c'est juste de priver une enfant de son unique famille parce qu'il voulait gagner assez d'argent pour vivre ? Kira a tué mes parents, c'était peut-être justifié. Mais pas lui. It's hard to live in London. »

Sa réponse, elle la connaissait. C'était juste, Kira ne faisait que des choses justes. Ces meurtres étaient justifiés. Mais elle voulait l'entendre dire, puis elle le tuerait.