Another Bloody Encounter [PV Sicarius]

Awh.

"Vous vous foutez de moi?" hurla t-elle, plaquant la photo placé sur le dessus d'une pile de note sur le comptoir du bar. "Ce mec bosse ici depuis trois mois à votre compte et vous osez prétendre ne jamais l'avoir vu?!"

Le patron du bar, un vieux barbu d'une soixantaine d'année à la dégaine assez ridicule, lève les mains en l'air et recule dans un signe de pacifisme montrant qu'il n'avait pas vraiment envie d'en venir aux mains.

"Woh woh! Calmez vous mam'zelle! J'vois pas pourquoi je vous mentirai! Moi j'le soutiens not' Dieu! Et puis on a bien eu un serveur qui est parti y a pas longtemps mais l'avait pas du toute cette tête là le Kenichi! Asseyez vous que je vous paye un verre ça vous détendra!"

Elle sentait toujours ces regards derrière elle, ceux des personnes présentes au bar, qui la dévisageaient. Une Pro-Kira dans les bas-fonds... Cela n'était jamais bon signe... Ces gens là étaient pour la plupart hostiles à Kira et à sa loi, même s'ils le manifestaient plus ou moins. Dans l'ensemble, ils étaient plutôt du genre à critiquer lors de débats en grande attablée et ne participaient "activement" que lorsqu'il fallait couvrir les rares personnes ayant le cran de résister autrement que passivement. Ici, personne n'aimait les Pro-Kiras mais pourtant, beaucoup les craignait et préférait fermer leur clapet et obéir le temps d'un passage plutôt que de risquer leur vie.

Ces regards étaient donc ceux de gens qui n'avaient sûrement qu'une envie : lui botter le cul et la sortir d'ici rapidement avec pour menace une mort certaine si elle revenait. Mais ils ne le feraient pas ces gens-là. Parce qu'ils ont une famille, une femme, des enfants, des amis. Et surtout qu'ils n'ont pas le cran d'assumer haut et fort leurs convictions politiques.

"Kenichi vous dites? Je veux son nom complet. Vous auriez une photographie?..." continua t-elle, sans se préoccuper de la proposition du vieil homme, prenant note sur un carnet.

Pas la même apparence... Se maquillait-il jusque dans les bas-fonds?... Ou cette personne essayait-elle de couvrir ainsi un ami?... Rien ne me permettrait de le savoir pour le moment.

"Kenichi Himeka qu'y s'appelait. Un petit gamin tout frêle, y f'rait pas d'mal à une mouche! Ce s'rait la mouche qui le bouff'rait c'pauv' gosse!"

Elle nota le nom complet, déchira la feuille contenant ces quelques informations pourtant bien maigres, il faut dire qu'elle avait espéré pouvoir engranger plus et surtout de meilleur qualité, la plia soigneusement et le rangea dans la poche de son uniforme. Le sabre et l'arme à feu à sa ceinture semblaient refléter ces regards amers à l'affut du moindre geste violent. La jeune femme griffonna de suite une seconde feuille :

"Merci. Je repasserai demain. Bonne soirée à tous. Mais n'oubliez pas! Toute aide sera être largement remerciée par notre Dieu!"

Elle déchira à nouveau ce feuillet frais de son écriture et le posa sur la table. La blonde se leva alors et, alors qu'elle franchissait le seuil du petit bar, se retourna annonçant :

"Deux milles kilars à celui qui peut nous apporter le moindre détail au sujet de ce Kenichi Himeka..."

Une récompense? Ou juste un cadeau empoisonné... Elle savait les gens des bas-fonds fidèles, mais elle avait également connaissance de leurs conditions de vie et donc de leurs faibles revenus... Une somme pareille ici, c'était une fortune! Sortant du petit bar, elle avait conscience de la zizanie qu'elle venait de semer. Dieu sait ce qui arriverait à celui ou celle qui craquerait. Combien de temps allaient-ils passer à regarder ce papier qu'elle avait laissé en attente de celui qui se lèverait et le prendrait?... Cela pourrait durer longtemps. Mais elle était confiante. Par cette technique comme par une autre, elle finirait par le trouver... Cet homme aux milles identités...

Vous vous demandez peut-être ce qu'une pro-Kira haut-gradée peut faire ici? Et bien c'est une bien longue histoire que nous allons tâchés de résumer en quelques mots. Tout d'abord qui était cette jeune femme?... Fate. Fate Testarossa. Capitaine de division dans la Sphère Divine malgré son jeune âge. Et aujourd'hui, elle venait de s'atteler à la réalisation d'une tâche plutôt difficile qui, jusque là, énervait au plus au point son Dieu : le démantèlement des réseaux de trafics de faux-papiers. Face à la fréquence des sabotages et autres organisations résistantes, ce problème pouvait paraître minime. Et pourtant, il avait sa place dans ce gigantesque bazar qu'était devenu Tokyo... Pourquoi? Tout simplement parce que les opposants aux régimes se cachaient derrière de fausses identités depuis un certain temps et que retrouver qui ils étaient réellement était devenu particulièrement difficile. Il devenait donc essentiel d'arrêter cela pour permettre une meilleur traque.

Les informations qui m'avait mené ici, dans les bas quartiers, à la recherche d'un homme que le résistant que nous avions torturé et qui avait fini par vendre son camarade avait dit s'appeler Hitoshi Fujima et travailler dans ce même bar où elle venait de passer. Elle ignorait si on lui avait menti ou s'il ne s'agissait là que d'un stratagème mis en place par ces habitants... Peu importait. C'en était fini pour ce soir, vingt-trois heures trente, il était temps de rentrer. Avoir ainsi tourner pendant des heures dans les rues à la recherche de renseignements avait fini par l'ennuyer au plus haut point et Fate ne se voyait pas repartir pour une série d'interrogation dans le bar suivant... Elle préférait s'imaginer chez elle, seule pour ce soir, mais tranquille.

C'est ainsi qu'elle reprit le chemin des quartiers plus aisés de la capitale japonaise, d'un pas rapide et décidé, tandis qu'elle consultait ses quelques notes en soupirant. La pêche n'avait pas été particulièrement bonne ce soir... Peut-être aurait-elle plus de chance demain?...

Cependant, elle ne se doutait sans doute pas de sur quoi elle allait tomber au détour de cette ruelle sombre, encastrée entre deux immeubles délabrés. Les bas-fonds n'avaient rien de rassurant, mais elle en avait vu d'autres... Même si dans ce coin à cette heure, les rues restaient désertes, elle se savait armée et entrainée. Pourtant ces pas rythmés sur le sol et ces bruits qu'elle ne sut identifier comme humains s'approchaient bien d'elle au fur et à mesure qu'une ombre se dessinait sur le mur, éclairée par l'unique lampadaire à la lumière fade qui ne laissait sortir qu'un halo jaunâtre à travers lequel on ne voyait au final pas mieux que si aucun éclairage n'eut été présent. Fate fit un pas en arrière, main à la ceinture, prête à dégainer vers n'importe qui et n'importe quand.

Cependant l'ombre ne semblait au final pas décidé à la rejoindre. Elle soupira. Elle aurait pu faire un détour, mais ne représentait-elle pas l'autorité?... Si. Ici, elle était celle qui dictait la loi et si elle commençait à s'abaisser à chaque fois qu'un personnage inquiétant se faisait sentir, elle serait sans doute bonne à changer de profession d'ici peu. Redressant la mèche tombée sur sa joue, elle s'avança, la tête haute et l'air hautain en direction de l'origine de ces bruits et déclara d'une voix forte ces mots qui avaient fait souffrir tant de personnes :

"Police de Kira! Vos papiers s'il vous plaît..."

La nuit tombait enfin. Les ruelles perdaient de leur luminosité laissant place à l'obscurité. Il y avait ça et là quelques réverbères, mais ils n'éclairaient pas tant que ça. Une ambiance lugubre régnait dans les bas fonds comme chaque soir. C'était le moment de la journée que l'écossais préférait ! Toute une entreprise se mettait en marche. Des dealers échangeaient de la poudre blanche contre une liasse de billets, des résistants se rencontraient pour planifier un moyen de renverser Kira. Il se déroulait en ces lieux d'autres choses bien plus glauques. Au détour d'une ruelle, on pouvait discerner une jeune femme en train de crier tandis que des voix masculines riaient et faisaient monter les paris. Une scène de viol sûrement. Non, il n'était pas bon de traîner dans ce coin de Tokyo le soir.

L'écossais s'en contrefichait pas mal de ce qui pouvait se passer dans ces ruelles. Il n'était pas un justicier, ni un homme possédant des valeurs dites humaines. Il pouvait passer à côté d'une maison cambriolée, il n'allait pas pincer les voleurs. Si Sicarius voyait une femme se faire torturer sexuellement par une bande de pervers, il n'allait pas la secourir. Ou si il restait sur les lieux, il attendrait que cette dernière soit achevée, à bout de force, que les gigolos soient partis pour venir s'occuper de son cas. En l'occurrence, la déchiqueter. Une proie facile n'était pas de refus de temps en temps. Ce qui était pratique dans cette situation, c'était les hurlements de douleurs produit par le viol. En effet, ils lui donnaient un aperçu des cris que la pauvre femme serait susceptible de lui offrir alors qu'elle se ferait dépecer vivante. Oui, la voix était vraiment un critère important. Les cris excitaient plus ou moins ses pulsions meurtrières. Autant prendre du plaisir !

Cependant, dans son malheur, la femme dont il a été fait mention pouvait se réjouir. Ce soir là, elle n'aurait pas à faire à Sicarius. Ce dernier avait envie de tuer comme d'habitude, mais il voulait avoir un peu d'action. Une proie qui lui donnerait un peu de fil à retordre, homme ou femme, peu lui importait. Juste une future victime ayant assez de cran pour se défendre jusqu'au bout. Le brun y songeait en se mordillant les lèvres. Oh que oui il en avait envie ! Il imaginait la scène et ricanait d'avance. Ce serait si beau si il pouvait tomber sur ce genre de personnes dans les minutes qui suivaient.

Le bel âtre marchait d'un pas lent, marquant bien chaque pas qu'il faisait. Il aimait mettre du rythme dans ces instants de silence. Il balayait divers lieux du regard, à la recherche d'un être avec lequel il pourrait jouer un peu. Il parcourait une ruelle de cette manière et se retrouva dans un cul de sac. A terre se trouvait un homme endormi, une bouteille de saké à la main. L'odeur d'alcool avait largement parfumé l'air et Sicarius tira une grimace de dégoût. Il détestait ce genre de scène, la manière dont certains se réfugiaient dans la boisson pour oublier leurs problèmes, ou même avoir des sensations fortes. C'était petit. C'était la manifestation d'une profonde faiblesse. L'écossais porta sa manche à son nez, reniflant l'odeur de son vêtement.

- Pitoyable. Et quelle odeur pestilentielle !

Il aurait bien tué ce type pour avoir un comportement aussi dépravé mais il ressentirait un profond sentiment d'insatisfaction. de ce fait, le meurtrier renonça à toucher à ce mec bourré et tourna les talons. Sa carrière et son savoir faire méritaient d'avoir une proie digne de ce nom. Sicarius ne tuait pas n'importe qui et de toute façon, il devait faire le tri. Étant donné que les criminels n'étaient pas béni par Kira, multiplier plusieurs crimes par jour était risqué. L'écossais était fou oui, mais n'était pas idiot, il savait faire la part des choses. Sa quête continua donc.

Au détour d'un autre coin de rue, il tomba sur deux filles de joie qui se baladaient. Les deux l'avaient repéré et se trémoussaient d'avance, espérant que le bel homme s'arrêterait pour les aborder. Sicarius soupira d'avance en les voyant. Il n'aimait pas les femmes pour son bon plaisir sexuel, aussi jolies soit elles. Il les préféraient dans leur dernier instant. C'était bien plus excitant. Certains se demanderaient sûrement si Sicarius se faisait plaisir de temps en temps malgré tout...c'est une question qui restera sans réponse. Il ne valait mieux pas chercher à trop connaître la vie privé de l'écossais...ça devait pas être très joyeux à entendre. Bref, les deux filles se rapprochaient de lui, lui proposant leurs services pour pas cher. Le meurtrier afficha une mine clairement agacée.

- Foutez moi la paix, je n'ai pas de temps à perdre avec de sales chiennes en chaleur !

Clair, net, injurieux, c'était Sicarius tout craché. Devant leur insistance il empoigna la chevelure de l'une d'elle et la lança contre un mur. La collision fut violente et le bruit suggéra un bruit de craquement. Sûrement les cervicales. En tout cas, la fille s'écroula au sol, une belle mare de sang se répandant au niveau de sa chevelure. La deuxième criait de terreur en serrant le corps de sa camarade contre elle. Elle était sûrement morte mais Sicarius avait déjà continué son chemin. Il entendait au loin des injures, des menaces de la fille encore en vie. Des menaces ? Cela le fit rire sordidement. Sa soirée devenait plus intéressante, il était petit à petit de bonne humeur.

L'écossais marchait encore et encore lorsqu'une silhouette se dessina à nouveau dans la pénombre. Une silhouette féminine. Sicarius soupira. Décidément, il ne tombait que sur des femmes ce soir là. Il s'approcha un peu de celle ci, elle ne fuyait pas mais ne semblait pas pour autant rassurée. Le brun allait à nouveau continuer son chemin lorsque la jolie blonde lui réclama ses papiers. Un grand sourire se dessine sur les lèvres du meurtrier. Alors comme ça cette fille relevait les papiers ! Elle faisait partie de la police de Kira ! Elle devait être entrainée et sûre d'elle. Une femme pas comme les autres. Un ricanement sordide se fit entendre de la part du brun. Là ! C'était vraiment intéressant ! Malheureusement pour elle, Sicarius la prit pour cible et décida de jouer un peu avec elle. Une aussi belle proie, il n'en voyait pas tout les jours.

Pour en revenir aux papiers, Sicarius en avait. Il venait d'une famille assez aisée et il était normal pour lui d'avoir une carte d'identité. Cependant, comme beaucoup, il avait fait appel à un faussaire pour revêtir une identité toute autre au cas où il se ferait contrôler...dans les bas fonds. Situation bien cocasse. L'écossais se rapprocha alors de la femme, un léger sourire aux lèvres, d'une démarche assez gracieuse. Oui, il avait une approche d'abord légèrement séductrice. Il s'amusait en jouant le rôle d'un beau brun ténébreux. Il enfonça ses mains dans les poches de son manteau noir. A noter qu'il était propre ce soir là vu qu'il n'avait pas encore disséqué quelqu'un. Le brun s'était avancé encore et encore jusqu'à se tenir face à la policière de Kira.

- Bien le bonsoir. Vous bossez jusqu'à une heure aussi tardive vous ? Vous devez savoir que c'est mal fréquenté par ici. Vous pourriez tomber sur un malade.

Il étouffa un léger ricanement et donna à la jeune femme ses faux papiers. Il était fort probable que cette dernière s'apercevrait de la supercherie mais il ne s'en inquiétait pas plus que cela. Il savait que, dans le cas présent, ça allait mettre un peu de piment et donc de l'action.

- Vous recherchez quelqu'un en particulier ici ?

Il la regardait attentivement, il fallait dire qu'elle était plutôt agréable à voir.

Awh².

Voilà que le possesseur de cette fameuse silhouette se révélait au grand jour! Le grand jour... C'était peut-être un bien grand mot, en effet, pour parler de cette nuit noire... La jeune femme nageait dans ce qui semblait être un brouillard et n'était en capacité de deviner ce qui se dessinait devant elle que grâce à la lumière fraîchement sortie de l'unique néon qui éclairait cette allée. "Néon qui éclairait cette allée"... Ces termes n'étaient sans doute pas très adaptés non plus pour désigner le crépitement lumineux que dégageait cette éclairage fait de bric et de broc... Mais au jeu de l'euphémisme, Fate était bien capable de continuer un moment vu la multitude de choses dont la médiocrité était indescriptible à l'oral que contenait cet endroit. De plus, je pense que vous préfèreriez sans doute que je vous évite les erreurs de langages -ou plutôt de pensées car aucun mot n'est jusque là sortit de sa bouche- de notre charmante blonde.

Là où chez elle, dans les quartiers d'affaires et autres résidences de luxes, la qualité primait sur tout et paraissait évidente, les choses étaient toutes autres ici. L'écart né de cette creuse entre les classes sociales tokyoïtes rendait la capitale bipolaire. D'un côté la crasse et les activités scabreuses des bas-fonds, de l'autre le luxe et les activités politiques des quartiers d'affaires auxquels se rajoutaient les grandes banlieues résidentielles chics. Tokyo était coupé un deux. Et Dieu savait bien justement, qu'un gouffre séparait ces deux univers... C'était une transition brusque qui s'opérait quand, au détour d'un building, apparaissaient immeubles délabrés et bidonvilles... La tare et la gangrène du peuple de Kira était refoulée ici au profit de l'élite que formait ses partisans... Un monde cruel sans doute n'était-il pas! Mais un monde qui convenait parfaitement à ceux qu'il privilégiait! Et justement, Fate faisait partie de ceux-là.

Mais nous nous écartons du sujet, revenons en à cette ombre menaçante qui avait su la faire tressaillir et qui se dévoilait enfin comme étant...

Un homme. Bien que rien ne l'attestait complètement tout à l'heure, elle s'en doutait. Un jeune homme. Un beau jeune homme même! Peut-être légèrement plus vieux qu'elle, les cheveux bruns, les yeux assortis. Une démarche féline et envoutante. Un homme charmant en soit... Mais étrangement moins charmant dans son expression physique... Il possédait un charisme assez troublant car personne, du moins aucun pro-Kira ou habitués des quartiers "dominants", ne s'attendait à rencontrer quelqu'un de charismatique en ces bas lieux. Mais rien chez lui n'inspirait de bon à Fate... En lui demandant ses papiers, elle avait suivi la procédure de base. Mais elle ignorait cependant s'il y avait de quoi avoir un doute concernant cette personne bien que son apparence puisse lui donner tout, sauf l'innocence.

Il ne broncha pas contrairement à ce qu'elle aurait pu imaginer et se dirigea avec lenteur et grâce, d'un pas léger mais sûr, en sa direction, un sourire aux lèvres. Il respirait la malhonnêteté... A plein poumons! Le pire dans l'histoire, c'était qu'elle n'avait jamais vu sourire aussi hypocrite devant une représentante de Kira. Elle n'avait pas l'habitude qu'on lui tienne tête et n'avait jamais supporté ce fait d'ailleurs. Il s'était arrêté très proche d'elle, se révélant à nouveau pus grand, ce qui avait le don d'énerver la jeune femme, toujours complexée malgré ses talons et sa plutôt grande taille pour une personne féminine de sa petitesse face aux hommes. Elle l'examina. Plutôt bien habillé, tout à fait charmant se confirma t-elle. Quelqu'un dont elle aurait bien pu faire son casse-croûte s'il eut été moins moqueur et rabaissant envers elle.

Les paroles qu'il avait proféré confirmait son entêtement et son manque de respect. Il lui tendit finalement ses papiers en étouffant un petit rire qui se voulait sans doute moqueusement insouciant. Fate haussa le sourcil, signe qu'elle trouvait déplacées de telles questions envers une personne de sa position, se saisit de la carte d'identité à laquelle elle jeta un rapide coup d'oeil tout en répondant d'un ton taciturne sans lui adresser de regard, concentré sur sa vérification :

"Les malades font partis du quotidien quand on bosse dans mon milieu, vous devriez le savoir vous qui semblez vivre ici. Je ne suis sans doute pas la seule pro-Kira à avoir croiser votre chemin..."

Elle fronça les sourcils. Habituée au contrôle d'identité, elle avait commencé à identifier les quelques erreurs de faussaires faites sur les papiers. Elle saisit alors le scanneur à sa ceinture et le passa sur les papiers. Le bruit émis par l'appareil lui laissa décocher un sourire de satisfaction. Elle le rangea au côté de son sabre et de son arme à feu et lui adressa un charmant sourire :

"Quant à celui que je recherche vous le connaissez peut-être... Vous et vos faux papiers..."

Un blanc lui échappa tandis qu'elle se saisissait des menottes :

"Je vous arrête, vous allez devoir me suivre au commissariat, vos papiers ne sont pas en règle..."

On pouvait affirmer une chose de la jolie blonde. Elle faisait honneur à Kira. Par son professionnalisme, son sérieux, on pouvait voir sa dévotion au demi-dieu de l'archipel. Qui disait femme dans les rangs de la police disait aussi femme de caractère. Et du caractère elle en avait vu la manière dont elle lui répondait, sans broncher. Cela ne dérangeait nullement Sicarius, au contraire. Les filles niaises, aux grands yeux brillants qui se mettent à couiner pour un rien, il en avait horreur. C'était notamment la raison pour laquelle il se faisait un plaisir de les éventrer. Les seuls pleurs qu'il appréciait étaient ceux provoqué par une douleur intense. Mais la policière ne faisait pas partie de cette catégorie du sexe faible. Heureusement pour elle, sinon le meurtrier se serait déjà jeté dessus pour avoir osé lui parler avec autant d'autorité. Non, il aimait découvrir un peu le caractère de sa future proie, et si celle ci se montrait assez sûre d'elle, tant mieux. Elle allait se démener contre lui, ce qu'il appréciait déjà à l'avance. Cependant, le problème des policiers, c'était qu'ils étaient souvent trop confiant. Et cet aspect pouvait jouer parfois en leur défaveur.

Sicarius ricanait un peu pendant que Fate lui parlait. Mais ce coup ci, son ricanement n'était pas involontaire. Il l'utilisait parfois pour capter l'attention de la personne sur un détail et agir subitement. Oui, c'était une ruse pour pouvoir mieux surprendre. Du coup, il se mit à ricaner encore et encore. L'écossais avait bien remarqué les armes que possédait le joli bout de femme. Un sabre ainsi qu'une arme à feu. Ces objets confirmèrent la réflexion de l'homme quant à la formation qu'elle avait reçu. Un moment d'inattention de sa part et il se ferait tirer dessus ou embrocher. L'idée d'être blessé par une femme le fit sourire. Il aimait bien en fait. La douleur et l'odeur de son sang réveilleraient encore plus ses pulsions meurtrières. Pendant qu'il imaginait encore, Fate commença à sortir les menottes. Quoi ? Au commissariat ? Sans blague ! Il en était hors de question bien évidemment. C'était trop risqué pour lui d'aller dans ce genre d'endroits remplit de policiers.

L'écossais décida ainsi d'agir rapidement après un dernier éclat de rire.

- Moi au commissariat ? Huhu ! Elle est bien bonne celle là !

Sicarius se jeta alors sur elle, saisissant ses mains dans un geste vif et les plaqua au mur, au dessus de la tête de la jolie blonde. Les mains de Fate bloquées par celle de Sicarius (oui parce qu'il a de grandes mains donc il en utilise qu'une), il lui donna un coup de genou dans l'estomac pour l'empêcher de se débattre. Ceci chose faite, il lui confisqua ses armes dans un ricanement sordide et la lâcha, s'écartant d'elle. Il la regarda quelques instants et s'éloigna un peu pour se fondre dans la masse sombre que lui fournissait la ruelle. Cependant, l'écossais fit en sorte que Fate puisse le suivre. Oui...un cache cache dans les bas fonds. Elle devait sûrement tenir à ses armes la policière. Sicarius lui, riait. Il riait encore et encore vraiment amusé et son côté fou se faisait entendre. Sa voix résonnait dans les bas fonds, ce qui pouvait faire froid dans le dos à plus d'un.

- AHAHAH ! Suivez moi ! Rattrapez moi !! Huhu... Venez !! AHAHAHAH !!

Ce jeu de cache-cache, il l'avait déjà testé. Plusieurs fois même. Pas forcément avec des policiers mais aussi avec des hommes un peu trop sûr d'eux. Sicarius courait vite mais son point fort était de se fondre dans l'ombre. Il était doué pour ça et sa victime se retrouvait rapidement dans un cul de sac, prise au piège. Il en profitait alors pour apparaitre l'air de rien. S'en suivait alors à peu près le même schéma : la victime apeurée recule petit à petit jusqu'à se retrouver collée au mur. L'écossais s'avance doucement, le regard grand ouvert, plongé dans celui de la pauvre personne. Entre chaque pas il ricane doucement. Au bout d'un certain moment, il montre le futur cadavre du doigt, les yeux encore plus grands ouverts et Sicarius chante. Il chante d'une jolie voix. La personne se met à crier, la chanson s'achève, un sourire se forme. Les cris s'amplifient accompagnés de bruits inhabituels puis plus rien.

Tout ça pour dire que Sicarius espérait bien que ce schéma se reproduise avec la policière, surtout qu'elle avait l'air d'avoir une jolie voix. Fate bien sûr l'avait suivi, sans relâche, déterminée à récupérer ses affaires et à mettre cet individu derrière les barreaux par la même occasion. La ruelle était assez étroite et un autre réverbère peu lumineux était placé non loin de là. L'écossais quant à lui s'était caché en utilisant seulement sa voix pour guider la jeune femme jusqu'à lui. L'ambiance était lugubre oui.

- Allez vous me trouvez ? Huhu...

Bonne question oui, mais de la part d'un membre de la police de Kira, il n'en attendait pas moins. En tout cas lui, il savait parfaitement où elle se tenait et la voyait venir vers lui. Plus Fate était proche, plus le sourire de Sicarius se faisait grand.

Jolie vision d'horreur.

Hrp :

Spoiler:

Plus le temps passait et moins ce type lui inspirait confiance... Des gens qui se foutaient de sa gueule, Fate en avait vu... Mais alors lui, il atteignait des sommets! Il riait. Comme si se faire contrôler par une membre haut-gradée de la police de Kira qui plus est avec de faux papiers était synonyme d'amusement. N'importe qui d'un peu plus normal se serait inquiéter pour la suite, surtout lorsque le mot "commissariat" avait été énoncé. Lui semblait plus amusé qu'autre chose... Un homme déroutant que voilà! Si sa morale était égal à son physique, cette soirée s'annonçait plus compliquée que prévu... C'est vrai que rien qu'en apparence, cet homme dégageait une aura si dérangeante qu'elle en était indescriptible et avait su de suite mettre la jeune femme mal à l'aise. A croire qu'était marqué sur son front en grands caractères d'imprimerie "dérangé"... C'est ça... Un dérangé profond! C'était exactement ce qu'il lui inspirait! Elle espérait se tromper. Aussi froide et entrainée qu'elle était, Fate ne pouvait nier la réalité. Ce type faisait froid dans le dos...

Déterminée à régler ce problème de papiers et à, par la même occasion et si c'était possible, prouver la malhonnêteté de ce type pour finalement le mettre derrière les paroles, la jeune blonde ne semblait pas vraiment apte à l'idée de s'enfuir par peur. Elle avait toujours réussi même si sa vie avait été par quelques fois mises en péril. Ce ne serait jamais qu'une fois de plus se rassurait-elle! Elle en avait vu des plus flippants!

En tout cas, elle ne l'avait pas vu venir... Cette grande silhouette qui s'était littéralement jeté sur elle, c'était la sienne! Il disposait d'une sacrée force grâce à laquelle il l'avait projeté contre le mur, empêchant toute fuite, les bras écrasés au dessus de sa tête par une seule de ses mains. Fate se débattit. Insupportant l'idée de s'être ainsi faite avoir et de se retrouver soumise, elle s'apprêtait à porter un coup pour se dégager quand elle sentit l'homme lui porter un violent coup de pied au ventre. La jeune femme plia les genoux sous la douleur et étouffa un léger gémissement. Elle venait de se faire avoir comme une bleue, surprise par son manque d'attention. Incapable de lancer un mot ou une seule des répliques comme elle savait les faire qui clouaient le bec, elle se sentait impuissante dans cette situation, elle n'avait pu l'empêcher de s'emparer de ses deux armes alors qu'il s'écartait et fuyait dans les ruelles éparts des bas-fonds.

La jeune femme glissa le long du mur et posa un genou à terre. Une grimace se dessinait sur son visage tandis qu'elle tentait de se relever, main au ventre. Cet acte, il le lui payerait cher. Ses doutes commençaient à se confirmer. Ce type était louche et n'en avait pas que l'air. Fate commençait à se demander ce qui allait bien pouvoir se passer. Voilà qu'il lui demandait de le suivre. Prenait-il vraiment cela pour un jeu?... Un jeu où elle jouerait le rôle de la souris pourchassant son propre chat... Que de paradoxes! Comme si se sentir ainsi considérer comme un simple jouet alors qu'elle exécutait une opération sérieuse pouvait l'amuser! Mauvaise perdante et surtout forte tête, elle n'avait plus qu'une idée en tête : se venger de ce type qui avait porté atteinte à son égo personnel. Désarmée, elle se retrouvait en position de faiblesse. Fate avait toujours été quelqu'un de précautionnée, c'est pourquoi elle portait toujours avec elle, une lame, cachée sous ses vêtements. Elle se savait donc un minimum en sécurité. Son premier réflexe fut de s'assurer de la présence de ce moyen de défense de secours.

La voix de ce dingue résonnait entre les murs. Elle commençait à avoir peur. Très peur. A l'idée de se savoir eu et prise au piège si dans un détour, elle se retrouvait bloquée au fond d'un cul de sac, un frisson la parcourut. Vu l'aperçu qu'elle venait d'avoir, l'idée de finir entre les mains de ce type n'était pas des plus positives. D'un geste sûr, elle rabattit sa longue chevelure blonde sur son épaule droite et dégagea son visage. Son premier pas se fit quelque peu hésitant mais fut très vite suivi par une démarche plus sûre et forcée. Ses talons claquaient bruyamment le sol dallé et elle regrettait d'avoir opté pour ce genre de chaussures car bien qu'elle ait toujours eu l'habitude de travailler avec, ce n'était pas matériel des plus silencieux et discrets. Ses yeux scrutaient avidement l'obscurité tandis qu'elle s'enfonçait dans ces chemins sinueux encastrés entre les immeubles. Qui sait où pouvez se cacher ce taré?...

Elle chercha. Longtemps! Évitant les culs de sac, marchant avec un maximum de discrétion et d'un pas lent et sûr, scrutant chaque détail qui lui paraissait suspect, réagissant à chaque bruit louche, c'était une vraie paranoïa qui s'emparait d'elle. Après plusieurs minutes qui lui semblèrent éternelles, elle se planta debout au milieu de ce qui ressemblait à un croisement entre plusieurs ruelles et hurla :

"Quelques seront votre excuse et qui que vous soyez, je vous jure que si j'en viens à vous attraper, ce n'est pas avec clémence que je me chargerai de vous! Sortez maintenant! Il en est assez de ce jeu sans fin et sans raison!"

Elle soupira. La patience n'avait jamais été son fort et encore moins lorsque c'était pour une chose aussi futile. L'adrénaline commençait cependant à monter. Aussi ridicule puisse lui paraître ce jeu et ce défi qu'il lui avait lancé, elle semblait au final se sentir excitée à l'idée de pouvoir attraper ainsi sa proie et d'obtenir toutes les fiertés personnelles qui suivraient. Elle tourna finalement à sa droite, ces ruelles étaient de véritables labyrinthes et elle ne savait si elle était déjà passée devant ce lampadaire une vingtaine de fois ou s'il ressemblait juste aux autres... Elle avança dans cette rue jusqu'à ce qu'une seconde s'offre sur sa droite. Elle l'emprunta, quelque peu stressée et entama la descente de ce qui, elle ne s'en rendit compte que trop tard, ressemblant fortement à une impasse.

La jeune femme ne se sentait pas bien. C'était le cas de le dire. Cette ambiance lugubre la pesait et un mauvais sentiment s'empara d'elle lorsque, appelée par son instinct, elle tourna la tête vers ce renfoncement dans lequel elle devina une silhouette... Trop tard comme l'annonçait l'effroi emprunt sur son visage.

"Merde..."

Quel jeu ! Quelle excitation ! Quel stress pour la jolie blonde ! Oui parce que Sicarius avait beau ne pas être visible, il remarquait bien les réactions de la policière. Il voyait bien ses expressions de doutes et de craintes. Cela l'encourageait d'ailleurs à continuer de s'amuser avec sa proie. Il voulait en savoir plus à son sujet. Là encore, elle était un minimum sûre d'elle pour le poursuivre au travers des ruelles sombres des bas fonds de Tokyo. Le meurtrier voulait la faire hurler de terreur, voir son visage se décomposer sous la peur. C'était vraiment amusant oui. De plus, il pouvait la féliciter. ses talons faisaient de jolis bruits. Cela aidait beaucoup l'écossais qui pouvait ainsi mieux la repérer. En plus, les claquements couvraient les potentielles bruits que produisaient ses propres chaussures. Quoi de plus beau en cet instant ? Que demander de plus ? Rien, absolument rien. Tout était parfait. Sicarius continuait ainsi la partie de cache-cache.

Là en l’occurrence, il s'était posé dans un coin et Fate l'avait repéré. Elle l'avait sûrement vu grâce à la lumière du lampadaire d'à côté. certes il ne produisait pas forcément beaucoup de luminosité mais c'était suffisant pour faire deviner la silhouette du dangereux brun. Sicarius laissa son regard parcourir la ruelle pour se poser sur le réverbère. Il se fit la réflexion que le jeu devait prendre une autre tournure. oui, il avait l'envie soudaine de passer à un niveau supérieur. Pour se faire, il se saisit de l'arme à feu de la policière qu'il lui avait confisqué, visa soigneusement et tira sur la source de lumière qui disparut aussi tôt. La ruelle devint brusquement sombre, plongeant l'écossais et la blonde dans l'obscurité totale, le temps que ceux ci s'habituent à l'éclairage prodiguée par la lune. Pendant ce temps d'adaptation qui dura quelques secondes, Sicarius en profita pour changer de position. De ce fait, il étira un grand sourire quand Fate se rendit compte que la silhouette avait disparu.

L'écossais décida de retenir ses ricanements à partir de cet instant précis. il ne donnerait que de légers indices de sa présence. Le meurtrier débuta une ronde autour de sa proie, faisant attention à toujours se fondre dans le noir. La jolie blonde avait bien l'air paniquée. Elle ne cessait de tourner sur elle même, cherchant vainement du regard la présence de son adversaire. mais celui ci était vachement discret. Elle pouvait juste être sûre d'une chose, c'était qu'il était bien là, à tourner autour d'elle. Elle pouvait être assurée qu'il ne la quittait pas des yeux. Sicarius se mordillait les lèvres, concentré, les yeux effectivement rivés sur la femme en détresse. Allez, il décida de donner un premier indice sur sa position en faisant glisser ses ongles noirs, couverts de vernis, sur le mur en crépit. Cela produisait un bruit qui glaçait le sang. S'en suivit un ricanement, mais pas les mêmes que ceux d'avant. C'était plutôt le genre de ricanement d'où ne sortait pratiquement aucun son. Juste un bruit de gorge étrange. Puis le silence.

L'écossais continuait d'avancer puis fit demi tour pour ne pas suivre un parcours logique autour de la policière. Celui ci était maintenant derrière elle, à environ deux mètres et ne bougeait plus, laissant sa proie paniquer, du moins, intérieurement, parce que Fate ne montrait pas aussi facilement son ressentit. Sicarius se rapprocha rapidement de cette dernière et souffla dans son cou avant de s'écarter et de disparaitre à nouveau dans la pénombre. Il s'amusait vraiment comme un fou. Le bel âtre sanguinaire avait du mal à ne pas rire. Trop de sérieux le faisait toujours ricaner nerveusement. cependant, il faisait des efforts, tournant encore et toujours. Cette fois ci, il prit le sabre pour frotter la pointe à même le sol avant de cesser. Un jeu qui semblait incessant, qui ne parviendrait jamais à son terme. Sicarius l'utilisait pour faire monter la pression et cela avait l'air de fonctionner.

Au bout d'un moment, il jeta le sabre sur le toit d'une des maisons qui composaient la ruelle. Le toit n'était pas ni trop haut ni trop bas. La taille parfaite. Suffisamment pour mettre en difficulté quelqu'un qui tenterait d'y grimper, mais assez bas pour pouvoir y jeter un objet. De ce fait, il ne restait plus que l'arme à feu entre les mains de Sicarius. Si il l'avait jeté ainsi, c'était pour diriger Fate dans la direction opposée pour mieux l'approcher ensuite. Et puis il n'avait pas forcément besoin d'armes pour tuer, il aimait utiliser ses mains. On pouvait même affirmer que ses mains étaient des armes en elle même. Elles étaient grandes et puissantes. L'écossais pouvait arracher des membres avec une certaine facilité, ainsi que briser des os sans encombres. Bref. Même si il n'avait plus d'arme à feu par la suite, il ne s'en inquiéterait pas. La policière fit l'erreur de se tourner à nouveau et Sicarius se glissa derrière elle, murmurant à son oreille, un grand sourire accroché à ses lèvres.

- Je suis là...huhu...

Ces trois mots à peine prononcés, il se saisit brusquement de Fate et la plaqua au mur en ricanant fortement, fier de lui. Il le tenait d'une main comme il avait déjà eu l'occasion de le faire quelques minutes plus tôt et fit parcourir sa main libre sur le corps de la jeune femme, la dévorant du regard. Non pas qu'il était pervers, loin de là, mais il fallait avouer que Fate était un joli bout de femme. C'était un vrai plaisir de s'attaquer à des beautés de ce genre. Sicarius commença à caresser la joue de la blonde avec le dos de sa main, son regard planté dans le sien.

- Vous êtes bien courageuse pour une femme. J'en croise pas souvent des comme vous HAHA ! Les autres couineraient déjà depuis une heure à votre place. Huhu...

Son identité de criminelle était maintenant claire, si Fate ne l'avait pas comprit avant. Quoi qu'il en soit, l'écossais rapprocha son visage de celui de la policière. Il ramassa sa main qui était posée sur la joue doucereuse de la femme. Il se mit à la montrer du doigt en souriant.

- Vous aimez les chansons ? Huhu...je chante bien vous savez !

Dingue ? Sicarius ? Complètement ! La policière avait eu le mérite de réveiller des pulsions meurtrières très puissantes et pousser la chansonnette était évidemment de très mauvaise augure.

Oh mon bon Dieu Kira ! La jeune femme avait bien cru y passer à ce moment précis ! N'ayant découvert la présence de cette silhouette si proche de celle de celui qu'elle recherchait que trop tard, elle n'avait pas préparé de quoi effectuer une éventuelle riposte. Ah ! Elle se maudissait de se trouver si faible d'un coup ! A cette instant, démunie de ses armes, alors qu'elle apercevait cette fameuse silhouette se saisir de la sienne et l'armer rapidement, Fate avait vraiment cru que le tir qui en sortirait lui serait destiné... Et pourtant ! La détonation avait bien eu lieu, tandis qu'elle, préparée à la douleur qui suivrait et qu'elle était sûre de subir, avait esquissé un pas en arrière, respiration coupée. Mais elle ne reçut rien, pour la simple et unique raison qu'il semblait avoir voulu faire continuer ce petit jeu... C'était le petit réverbère qui éclairait la ruelle d'un halo jaunâtre assez glauque qu'il avait visé et qui, éteint, nous avait plongé dans un noir total.

Fate ne bougeait pas. Elle savait que si elle ne voyait plus rien, il devait être dans le même cas de figure et préférait ne rien faire pour lui faciliter sa localisation... Elle attendit ainsi, plusieurs longues minutes, le souffle coupé que ses yeux s'habituent à la pénombre lunaire. Une fois cela fait, elle remarqua cependant avec effroi qu'il n'était plus là et que de position égale, elle venait de passer en faiblesse. Lui la voyait sûrement, mais elle, ne le voyait plus... Et làétait bien sa principale crainte. Restait maintenant à poursuivre son chemin jusqu'à le repérer... Elle allait devoir faire preuve de discrétion et de méfiance, il pouvait être partout... Partout...

La jeune femme reprit alors sa marche avec une attention double et désormais réellement paranoïaque. Scrutant le moindre détail suspect, s'arrêtant à chaque bruit extérieur, elle craignait deux choses. Tout d'abord, la mort, bien qu'elle ne l'ai jamais craint plus qu'autre chose, elle aurait préféré profiter de cette vie qui lui laissait encore un peu de marge à son âge. Mais surtout, de tout ce qu'elle pouvait redouter, il y avait quelque chose que son orgueil se refusait à accepter : l'idée de la défaite, celle de savoir que l'on avait échoué et que l'on avait été plus fort qu'elle lui était insupportable. C'était échouer devant ses supérieurs, échouer devant Dieu et échouer devant sa propre personne. C'était évidemment hors de question. Et pourtant, plus forte que l'envie de fuir ou celle de hurler déjà omniprésentes, Fate ne rêvait que d'une chose : en découdre avec ce criminel insolent qui ne méritait pas mieux que les autres.

Le sentiment qui s'emparait d'elle était indescriptible. Elle avait peur et en même temps, elle restait déterminée. Cependant, lui ne semblait pas vouloir abandonner ce jeu qui lui donnait tant de mal... Chaque fois qu'un bruit s'échappait, Fate se retournait avec précipitation sans rien découvrir. C'était à croire qu'il faisait tout pour la perdre dans ce dédale urbain, tout pour qu'elle panique... Un bruit effroyable se fit entendre, un de ces bruits qui laisser des frissons vous parcourir le dos... Et une fois de plus, il n'y avait rien... Rien d'autre qu'un vide autrefois habité... Puis, c'est un souffle chaud qu'elle sent se poser sur sa nuque, et écarquillant, les yeux, elle fait violemment demi-tour et s'écarte pour deviner... Un autre vide. Et encore ! Voilà que du côté opposé apparaissait un autre son qui lui était d'autant plus familier, celui d'un sabre traîné au sol, le sien sûrement, et elle n'arrive même plus à en deviner la provenance.

La jeune femme avait l'impression de devenir folle, c'était cela ! Une folie inexplicable qui la faisait trembler de tous ses membres. Elle tournait encore et toujours sur elle même sans jamais rien rencontrer de ses yeux. Il se jouait d'elle. Il se jouait de sa faiblesse actuelle...Elle n'était plus qu'une bête de compagnie enfermée dans une cage que l'on voyait évolué sans qu'elle ne puisse jamais rien faire. Dans la panique, ses doigts se resserraient contre sa paume, enfonçant ses longs ongles dans sa peau jusqu'à l'en faire saigner. Elle se mordait la lèvre avec le même air inquiet sans se rendre compte de la même pression qu'elle y exerçait. Il fallait qu'elle le retrouve et vite ! Elle ne devait pas céder... Pas dans ce jeu où si elle explosait en larme c'en serait aussitôt fini... Fate prit une grande inspiration et de sa voix rauque et suave démarra un appel qu'elle savait d'avance sans grande chance de réponse :

"Vous ne croyez pas avoir assez jouer ?! Sortez de votre cachette ! Ah vous jouez ainsi d'un membre de la Sphère Divine vous risquez gros et j'espère que vous en êtes conscients ! Soyez intelligent et montrez vous !"

Autant parler à un mur, elle en avait conscience. Mais cette phrase était avant tout un moyen d'illusionner un calme légendaire qu'elle était pourtant en incapacité de garder. Elle posa la main contre sa cuisse, s'assurant de la bonne présence de sous arme de secours -aussi rudimentaire soit-elle- entre ses bras. C'était peu. Mais c'était se rassurer de se savoir un minimum protégée. Car bien que surentraînée de par son parcours militaire, Fate restait une femme et ne faisait pas toujours le poids face aux représentants de la gente masculine... Et elle doutait du fait qu'elle puisse le faire face à lui... Il avait su lui faire démonstration quelques minutes auparavant...

La jeune femme continua son chemin jusqu'à ce qu'un énième bruit vienne la perturber. Elle commençait à comprendre. Depuis tout à l'heure, il l'entourait et tout ces bruits n'étaient là que pour l'attirer dans de fausses directions afin de lui donner l'impression qu'il était partout. C'était réussi. A croire qu'il n'y avait pas un homme mais une trentaine de double avec ! A droite, puis à gauche, puis dix mètres plus loin puis trente en arrière... Impossible de le repérer tant qu'il continuait. Elle était prise au piège... Du moins elle le serait jusqu'à ce qu'elle l'aperçoive. Mais parlons donc de cet énième bruit venu l'attirer : un bruit plus sourd, celui du métal qui percute le sol. Aurait-il laisser tomber son sabre par erreur ? C'était une chance si c'était bien le cas ! Le voilà donc désarmé de sa lame... Mais rien ne lui dit que ce n'est pas un pénultième stratagème... Cependant, elle se laisse aller à l'espoir. Une erreur?... Peut-être... Sûrement...

Elle se dirige donc vers l'origine du bruit qu'elle croit être à sa gauche. Pourtant, voilà son premier pas à peine fait qu'elle s'arrête, comme figée sur place. Cette présence... Ce souffle... Cette voix... Ces mots... Derrière elle... Il est là. Il est là et elle ne peut pas réagir... La jeune femme s'apprêtait pourtant à se retourner dans l'espoir de pouvoir lui échapper... Mais il est déjà trop tard ! Et cela, elle ne s'en rend compte qu'une fois plaquée au mur par cette unique main qui retient les siennes au dessus de sa tête. Voilà que la situation se reproduit et qu'elle ne peut, une nouvelle fois, se dégager de cette force masculine.

Fate avait toujours eu cette profonde peur de la soumission à laquelle on la forçait, elle se refusait à être sans cesse dominée et pourtant, voilà que c'était bien ce qu'il se passait. Elle acceptait encore moins la sensation de la main libre du jeune homme qui se baladait avec insistance sur le reste de son corps. Aussi beau garçon soit-il, elle avait toujours préféré les approches plus charmantes digne de gentlemen.Pas les attaques de psychopathe. Elle se gardait de ne perdre la face en sa présence et ne se défaisait pas de son air en colère et déterminé. Sa remarque eut le mérite de lui laisser échapper un petit rire rauque :

"Ah bon ? En même temps si vous vous montrez si agréable avec elle que comme vous l'êtes avec moi, il ne faut pas vous étonnez de la fuite des femmes ! Je vous ordonne maintenant de me lâcher ! Vous avez à faire à une haut-gradée et je vous assure qu'une violence quelque peu accrue sur une personne de mon grade saurait rapidement vous attirer les foudres de notre Dieu Kira !"

Cette main continuait de caresser sa joue et pourtant si Fate avait pu l'envoyer voir ailleurs, Dieu sait qu'elle l'aurait fait ! Elle comprenait petit à petit qu'il était inutile de marchander ou de tenter quoi que ce soit par la parole avec lui. Ce type n'était pas raisonné. Il était complètement dingue. Pas débile, fou. C'était bien pire ! Lui restait la solution de la force qui la laissait cependant désavantagée... Mais que faire d'autres ? Se laisse frapper jusqu'à la mort ? Qui savait ce qu'il lui réservait ?...

Une chanson... Il lui parlait d'une chanson, un doigt planté sur son visage. La folie de ce type était confirmée. Fate ne serait rassurée qu'une fois l'avoir su derrière les barreaux... Il ne fallait pas qu'il s'échappe celui là !

"Les chansons ?... Je vais être franche ! Le seul chant qui me serait agréable à la sortie de votre bouche serait celui de votre agonie sous la torture que je vous infligerai une fois enfermé au QG des forces militaires !"

C'était clair, précis et elle affichait par là sa profonde aversion envers ce personnage et surtout son attitude envers elle. Suite à ces mots, dans un élan de courage, elle leva la jambe et lui décocha un sympathique coup de pied chaussé de talons bien placé entre ses deux jambes. Ce geste lui permit de l'écarter quelque peu d'elle et d'ainsi dégager une de ses mains avec laquelle elle glissa rapidement entre ses bas, se saisissant de sa lame de secours. Avec toute la force qu'elle pouvait, elle envoya l'arme en direction du jeune homme et en profita desuite pour le fuir de quelques mètres sans pour autant le quitter des yeux prête à riposter une nouvelle fois. Bien évidemment, elle espérait l'avoir toucher suffisamment méchamment pour l'empêcher de continuer. Mais n'était-ce pas utopique d'imaginer un tel psychopathe si facilement vaincu ?...

Il y avait plusieurs choses qui s'avéraient inutiles face à un homme, ou plutôt, un fou tel que Sicarius. Tout d'abord, les injures. Ces mots censés blesser la personne à qui ils sont adressés, ces quelques syllabes qui avaient le pouvoir de démoraliser une personne en temps normal. A une chose près, et Fate avait bien dû le remarquer, c'était que l'écossais était loin, très très loin d'être normal. Pour lui, les injures faisaient partie de son quotidien. Lui même les utilisaient régulièrement alors il en était insensible. On pourrait même affirmer que les grossièretés prononcées à son égard avaient un effet inverse. Le meurtrier les considéraient plutôt comme une douce mélodie harmonieuse qui lui chatouillait les oreilles. Pourquoi les prendre sous cet angle ? En règle générale, les injures étaient proférées par certaines personnes, en l'occurrence ses victimes. Ces dernières les utilisaient comme une arme mais cela retranscrivait plutôt leur panique extrême. Les insultes étaient égales à des cris de désespoir, un réflexe humain qui signaient leur impuissance et par la suite, leur arrêt de mort.

Une autre chose inutile, chose que Fate avait utilisé, le raisonnement, ou plutôt les tentatives de raisonnement. Franchement, il fallait regarder Sicarius ! Certes, il avait un physique digne du commun des mortels, bien que un peu trop sombre. Il n'avait pas de caractéristiques particulières apparentes. Cependant, en y regardant de plus près, son comportement avait tout pour être bizarre. La manière dont il se mordillait les lèvres, ses ricanements à répétition, son regard exorbité...ses sorties tardives, ses réflexions faisant plus que froid dans le dos...un fou. Un homme qui était complètement atteint. Or, comment raisonner un malade mental hm ? Comment oser faire des leçons de morale à un être qui n'en avait pas ? Tout ce qu'il aimait faire, c'était tuer de sang froid, répandre le flux sanguin tout autour de lui, redécorer les ruelles avec des membres humains. De la morale ? Sottise ! Absurde ! Toutes ces niaiseries lui provoquaient de bonnes crises de fou rire, et Sicarius ne s'en était pas privé face à Fate.

Lorsque cette dernière, aussi courageuse fut elle, lui parla des femmes et revendiqua son titre de haut gradée chez Kira, la réponse de l'écossais fut un sordide fou rire. Les femmes ? Ces chiennes qui ne savaient que réclamer leurs droits et chialer dès qui leur arrivaient quelque chose ? Ces sexes faibles ? Pff ! Elles ne devraient pas exister celles là ! Ou alors juste être destinées à une mort prématurée dans d'atroces souffrances ! C'était d'ailleurs la noble cause que servait Sicarius, au détail près qu'il voulait éradiquer la majorité de la population humaine mais ça c'était une autre histoire.

Haut gradée de la police de Kira ? Haha ! C'était bien long à prononcer tout ça et très pétant pour ce que c'était au final. La belle pouvait bien essayer de mettre en valeur grâce à ce titre mais cela ne touchait en rien l'être sanguinaire qu'elle avait en face de lui. Nan mais franchement, il fallait se souvenir du but que s'était fixé l'écossais, la raison qui l'avait fait quitter ses terres natales pour aller au japon, un pays qu'il ne connaissait pas plus que cela. Kira ! Cette tafiole divine qui osait prétendre pouvoir gouverner le monde et éradiquer la criminalité. Si il y avait une chose que le meurtrier voulait, c'était le buter tout simplement. Si il avait entreprit toute cette démarche, c'était que ce dieu ne l'impressionnait guère, alors se présenter comme l'un de ses subordonnés était de mauvais goût. Cela attisait chez lui des envies de tueries barbares, non de la crainte.

- Huhu ! Attirer ses foudres ? Attirer Kira ? Hahaha ! Tant mieux, bonne raison pour vous torturer.

La réponse de la jolie blonde quant à la proposition de chant avait le mérite de le faire rire à nouveau. Cependant son rire fut coupé par un bon coup entre les jambes suivit d'une lame pénétrant sa chaire. Sicarius fit un pas en arrière, posant sa main à l'endroit précis où le petit couteau l'avait transpercé, en l'occurrence du côté de la taille. Un long filet de sang s'en échappait lentement, teintant la blancheur de sa chemise d'un rouge écarlate. Le meurtrier observa attentivement ses doigts tachés et un sourire se fit tandis que l'odeur de sang se faisait de plus en plus présente. Un frisson de délice lui parcourut le dos et l'écossais retira la lame d'une lenteur effroyable. N'importe qui aurait ressentit une douleur atroce en effectuant ce mouvement, mais pas Sicarius. Il aimait ça à vrai dire.

Au fait, il y avait une autre chose parfaitement inutile à faire contre le bel âtre...la violence ou l'attaque. La violence, c'était lui qui la pratiquait, qui la maitrisait et personne d'autre. Le reste lui était parfaitement futile. Toutes les tentatives désespérées de ses victimes ne lui prodiguaient (malheureusement pour elles) que du plaisir et des pulsions violentes. Tout cela pour dire que Fate, ayant évidemment agit par pure défense s'était mise dans une situation bien lugubre. Elle avait éveillé complètement le Sicarius sanguinaire et il n'était pas prêt de se rendormir aussi tôt.

L'écossais avait achevé de retirer la lame de sa plaie et avait léché le sang présent sur l'arme. Un sourire s'était étiré sur ses lèvres et son regard était atrocement noir à son égard. Il avait redressé sa main et pointait de nouveau Fate du doigt. Mais cette fois ci, c'était encore plus angoissant. La policière pouvait sentir que quelque chose avait changé. Sicarius, lame en main fit un pas, puis deux, puis trois en direction de la jolie blonde. Il ouvrit la bouche, prit une inspiration, ouvrit grand les yeux et chantonna, bloquant Fate dans le cul de sac.

- Un, deux, trois, quatre...my god Kira est passé...

Soudainement, la main libre de Sicarius forma un poing et fit une belle collision sous le menton de Fate, la déstabilisant certainement. Alors que cette dernière s'était affaissée, l'écossais lui agrippa une main et lui cassa quatre doigts les uns après les autres au rythme du décompte mélodieux.

- ...Cinq, six, sept, huit...Il a tué ceux que j'aimais...

Il se mit à saisir alors la chevelure de Fate et tira dessus, à lui en décoller le cuir chevelu. Le visage de la blonde se rapprochant, Sicarius utilisa la lame présente dans son autre main et lui lacéra à plusieurs reprises la figure, laissant des filets de sang s'échapper et ignorant les cris de la jeune femme. Il se fit même la réflexion qu'elle avait une voix magnifique.

- ...Neuf, je sens la haine monter...

Il plaça sa main sur la gorge de Fate et la griffa profondément avec ses longs ongles acérés. Un ricanement s'échappa de la bouche de l'écossais. Il s'amusait drôlement. Au "neuf", ses doigts se positionnèrent bien et se serrèrent violemment autour du cou de la femme, lui coupant peu à peu la respiration.

- ...Dix, je vais tous les venger !

Au dix, Sicarius leva la lame et s'apprêta à frapper le crâne de la policière. C'est alors que son manteau dévoila l'arme à feu de Fate, placé au niveau de la ceinture du meurtrier.

Un rire... Il avait ri... C'était un rire qui lui était naturellement venu face à ses mots qui se voulaient pourtant menaçants. L'issue d'une séance de torture entre les mains des autorités était-elle si enchanteresse ? La drôlerie de la chose lui paraissait impossible à percevoir. Ce type était fou. Ou juste débile. Quoi que plutôt fou vu la finesse de son jeu et l'intelligence avec laquelle il l'avait trompé puis bloqué dans cette ruelle sombre. Chacun de ses mouvements avaient été calculé pour l'envoyer dans telles ou telles directions, l'éloigner de lui, la faire venir à un endroit propice et enfin la piéger. Il avaitété plus malin et plus fort que lui. Elle se retrouvait à ce moment précis soumise au moindre de ces gestes. Elle avait espéré un instant pouvoir le faire battre en retrait et se détacher de son emprise. Cette lame avait été pour elle une chance inespérée de s'en sortir. Mais il l'avait littéralement attrapé au vol...

Son lancer avait été parfaitement calculé ! En plein flan ! Une belle blessure qui laisserait avec elle une belle hémorragie. Il aurait dû en arrêter plus d'un et ce pour un moment. Mais ce qu'elle semblait avoir oublier, c'était que cet homme n'était pas tout le monde et qu'en effet, il était loin d'être commun. C'était vrai qu'avec cette lame enfoncée dans sa chair, il s'était stoppé dans ses mouvements et avait esquivé quelques pas en arrière tandis qu'elle s'écartait de quelques mètres de son côté. La curiosité de savoir si, oui ou non, elle l'avait blessé la poussa à jeter un oeil à sa cible... Et ce fut sans doute quelque chose qu'elle regrettera...

Fate s'était arrêtée. Ce qu'elle avait vu l'avait étonné à un tel point qu'elle avait abandonné sa course effrénée pour laisser son visage s'empreindre d'une expression profondément terrifiée... Sa chemise avait perdue toute sa blancheur, tâchée d'un rouge provoqué par le sang qui filait le long de ses vêtements. Mais lui... Lui ne quittait pas ce sourire amusé qui prenait des allures carnassières. Heureux... L'était-il de souffrir ? C'était pourtant ce qu'il laissait penser avec son air enjoué. Un plaisir dans la souffrance... Etait-il de ceux qui déliraient dans des pseudos histoires masochistes ?... Ou juste un insensible à la douleur ?... Peut-être même un homme tellement déterminé à la mettre en pièce qu'il semblait être autant atteint de cette lame que d'une balle en mousse ! Dans les trois cas, elle se retrouvait dans de beaux draps... En position de faiblesse face à un type contre lequel elle ne pouvait rien...

Il avait pris le temps de bien retirer l'arme de sa chair fraiche ouverte et avait léché avec délicatesse le sang qui la recouvrait. Un rictus de dégoût se dessina sur le visage de la jeune femme qui esquiva quelques pas en arrière. Qu'avait-il en tête ? Une telle blessure aurait déjà dû le mettre à terre... Et lui semblait plus efficace et dangereux qu'avant ! Une blessure qui le rendait plus fort... Quel comble ! Elle comprenait bien que quelque chose avait changé. Bien que ce ne soit pas un changement physique flagrant qu'elle puisse remarqué, il était évident que quelque chose s'était passé dans sa tête... Monsieur n'avait pas l'air d'avoir apprécier de la voir tenter de lui faire faux bond et allait sans doute pour cela, redoubler d'efforts. Battre un fou qui devenait de plus en plus coriace à la suite des coups semblait difficile... Quoi que la détermination n'était pas mot adapté... Lui semblait plutôt habité par une haine et une envie quasi-psychopathe d'en finir et de la réduire en miettes, c'était du moins ce qu'elle ressentait à voir son visage souriant :

"Monstre... Pose cette arme de suite !" s'était-elle écrié dans un tutoiement stressé qui se voulait être un ordre.

Lui ne répondait pas et redressait à nouveau son doigt en sa direction. Il entretenait sans doute l'angoisse qui la prenait, enfonçant toujours ses longs ongles dans la chair de sa main, lèvres rougies à force d'être mordillées. Il fit un pas... Puis un deuxième... Puis un troisième... Tandis qu'elle reculait à chacune de ces marches... Elle espérait pouvoir s'en écarter, fuir était devenu impossible... Elle n'avait plus d'armes pour dégager le passage et regrettait sérieusement de ne pas avoir fuit la scène quand l'occasion se présentait. Sa tentative de fuite perdit toute chance de réussir lorsque ses épaules rencontrèrent le mur de béton. Elle leva les yeux : un immeuble, inutile d'essayer de l'escalader. Il allait falloir faire face ! Elle soupira et tenta d'arborer un air déterminée et sans peur qui manquait cruellement de crédibilité. Fate n'était pas femme à être effrayée facilement mais il fallait avouer que des fous pareils, elle n'en avait croisé que peu...

La jeune femme n'eut pas le temps de réagir que le poing du criminel avait percuté son visage, la forçant à se tenir de profil. Elle n'avait jamais supporté qu'on la frappe et s'apprêtait avec force à lui répondre. Elle n'en eut pas l'occasion. Son coup n'avait servi que de prélude à un enchainement... S'affaissant, elle avait senti sa main se saisir de la sienne et les os se briser sous la force de ses doigts. La douleur ne vint qu'après et Fate esquissa un gémissement tandis qu'elle jetait un oeil à sa main - la gauche, par chance, Madame est droitière - couverte de sang dont les doigts ne semblaient pas vouloir se secouer. Inutile d'essayer, le moindre mouvement la laissait dans le martyre complet. Plus énervée que jamais, elle avait formé un poing de sa main droite qu'elle espérait lui envoyer au visage. Mais lui restait imperturbable, tandis qu'il chantait une comptine aux allures enfantines et aux paroles pourtant bien glauques... Ce poing n'atteignit pas son visage : il avait saisi sa longue chevelure blonde - elle maudissait sa longueur dans ses moments là - avec une force et avec la même arme qu'elle lui avait lancé, s'était permis quelques lacérations sur son visage. La douleur était insoutenable. Fate poussa plusieurs cris, lui hélant d'arrêter et espérant en même temps faire venir quelqu'un. Mais personne ne viendrait en aide à une pro-Kira au fin fond des bas-fonds, elle le savait. Elle pourrait crever la bouche ouverte que personne ne lèverait le petit doigt... Comme si cela n'avait pas suffi, il avait saisi sa gorge entre ses doigts et l'avait griffé avec haine jusqu'au sang l'empêchant alors de respirer.

Celle qui pour tant d'hommes paraissait être un beau parti ne ressemblait vraiment plus à celle qu'elle était avant ! La peau blanche de son visage angélique avait perdu beaucoup de sa beauté ornée de ces trois cicatrices sur ses joues. Ses lèvres ne semblaient pas avoir apprécié la pression qu'elle exerçait depuis un moment de ses lèvres et une goutte de sang qui perlait traçait derrière elle une trainée qui descendait jusqu'à sa gorge. Cette même gorge en sang, lacérée, qui rendait difficile sa respiration et et cette main, elle aussi ensanglantée, aux doigts qui ne réagissaient même plus au moindre mouvement demandé. Elle tenait à peine sur ses jambes, apeurée, terrifiée et ainsi soumise. Ses membres tremblants ne l'attendrissaient pas... Pourtant elle s'efforçait de vouloir rester forte en lui tenant tête. Comme si tout cela n'avait pas suffi, il avait relevé la lame qu'il s'apprêtait à abattre sur le crâne maintenu de par cette main dans ses cheveux et ainsi l'achever. Fate hurla dans un dernier espoir :

"POSE CETTE ARME !"

Inutile, la voilà déjà qui s'abattait... Et pourtant... Un miracle innatendu arriva... Dans un geste maladroit, le criminel avait soulevé son manteau au niveau de sa ceinture, endroit même où comme par hasard, s'était dévoilé aux yeux de la policière une arme à feu... La sienne... Ici, à portée de main... Elle se jeta dessus, la saisit de sa main droite encore valide et avec a rapidité professionnelle qui lui venait de son travail, tira un coup unique, très proche, en plein flanc du criminel... L'objectif était réussi... L'arme ne s'était pas abattue sur elle et lui reculait de quelques pas. Avait-elle réussi à s'en débarrasser ?... La jeune femme, à bout de souffle, se releva et pointa son arme sur son ennemi, prête à charger à nouveau et à retirer si cela devenait nécessaire. Elle cracha avec une certaine masculinité le sang sorti de sa bouche sous les coups et essuya d'un revers de main le sang de ses blessures.

"Je te jure que ce sont des actes qui te mèneront droit à l'exécution publique... C'est un affront que tu fais à Kira et avant tout un affront que ru me fais. Je me chargerai personnellement de toi et je saurais me retenir de faire preuve de tendresse ! Reste bien sagement ici... Si tu bouges, je tire et je doute du fait que, malgré ton insensibilité, tu survives à une seconde balle..." avait-elle lâché avec son professionnalisme habituel.

Taciturne, elle tâchait de le rester bien que ce soit difficile. Elle avait peur, elle avait mal, elle avait honte. Mais elle avait la haine... Et c'était sans doute chez elle du moins le sentiment qui l'emportait sur tous les autres... Il lui avait fait affront et elle saurait le faire payer. Si elle avait pu le massacrer là tout de suite, elle l'aurait fait. Mais ce serait sortir du protocole de travail et mettre sa vie en danger... En effet, elle allait devoir ravaler sa fierté et demander de l'aide car c'était clair, elle ne le maitriserait pas toute seule. Sa main blessée glissa dans sa poche pour se saisir d'un téléphone portable. Elle avait bien du mal et le moindre contact avec ses doigts lui faisaient souffrir le martyre mais elle ne pouvait défaire cette arme de son adversaire. Ce fut long et laborieux mais elle s'en saisit enfin, tapant du pouce, son seul doigt valide, le numéro du commissariat, elle obtint vite quelqu'un et demanda du renfort. Suite à cela, elle raccrocha le téléphone qu'elle reglissa à sa place et s'adressa à celui qui quelques minutes auparavant était son bourreau :

"Pourquoi ne vous pliez vous pas à la loi de Kira ? Vous êtes intelligents, vous auriez de quoi réussir, alors pourquoi gâcher ainsi ses chances ?..."

[Désoulée T_T J'ai été bien longue à répondre et c'est pas génial, l'inspi n'était pas là]

Spoiler:

Si on devait faire un rapport sur le criminel qu'était Sicarius, on retrouverait beaucoup de compliments du genre : efficace, rapide, discret, habile, précis, sans pitié et plein d'autres encore. Tout les aspects requis pour faire un bon meurtrier. Mais Sicarius était aussi un être humain, et un être humain c'est imparfait. Il avait donc quelques défauts et cette fois là, sa faiblesse lui avait joué un sacré tour. Ce qu'il fallait savoir, c'était que l'écossais, une fois dans l'action, ne faisait pas forcément attention aux détails qui l'entouraient. Il avait en général les yeux rivés sur sa proie, en pleine crise de fou rire, un sourire étire jusqu'aux oreilles, et rien ne pouvait l'empêcher d'agir. Sauf que Fate avait eu un bon réflexe. Le détail que le meurtrier avait oublié dans sa folie n'était autre que l'arme qu'il avait confisqué à la policière quelques instants plut tôt, et quelle ne fut pas sa surprise quand il entendit un bruit sourd alors qu'il allait frapper avec la lame !

Il n'avait rien sentit au début. Ce n'était donc pas la douleur qui l'avait fait reculer mais le violent bruit qu'avait provoquée la balle. Il ne s'attendait vraiment pas à cela ce qui l'avait un peu déstabilisé. Il s'était d'ailleurs interrogé quelques instants en se posant des questions du genre : Mais d'où venait ce bruit ? Comment avait elle fait pour récupéré l'arme ? Puis au final, Pourquoi n'y avait il pas prêté plus d'attention ? Tout ce monologue s'était déroulé à une vitesse phénoménale et c'était limite si Sicarius n'avait pas honte de lui. Comment un criminel de son niveau avait il pu se faire avoir ainsi ? C'était vraiment une humiliation pour lui de se faire tirer dessus dans ce genre de conditions, alors qu'il menait la danse et s'apprêtait à mettre un terme à la vie de la jolie blonde.

Après cet instant de mûre réflexion, la douleur se fit sentir. Une douleur si intense qu'elle arracha un gémissement chez l'écossais. Rares étaient les fois où il manifestait ses émotions et Fate pouvait se venter d'avoir vu le criminel lors de l'un de ses instants de faiblesse. Il s'était donc effectivement reculer de quelques pas et affaissé un peu, les mains appuyant sur la plaie fraichement provoquée. Sa concentration était pleinement centrée sur la douleur et il regardait à nouveau le sang couler à flots. Cette fois là, la plaie n'avait pas réveillé d'autres pulsions meurtrières mais plutôt un moment d'absence de la part de Sicarius. Il était vraiment déstabilisé et son souffle se faisait plus bruyant le temps qu'il se remettait de ses émotions.

Nouveau discours de la policière concernant l'affront qu'il avait commit et les risques liés à Kira. Décidément, même lacérée et les doigts de traviole elle continuait à le sermonner. Sicarius se faisait la réflexion qu'il aurait dû lui arracher la langue en premier, comme ça il aurait été tranquille à ce niveau là, et puis elle se serait retrouvée incapable de donner la moindre information à ses collègues pour de l'aide. Mais bon, tout ne s'était pas passé de la sorte et l'assassin devait assumer la situation, notamment la blessure qui lui faisait un mal de chien. Il écoutait encore la jolie blonde lui parler qu'il commençait de nouveau à ricaner. Sicarius sans un ricanement, ce n'était pas Sicarius. Son rire se faisait même assez bruyant. Il riait encore plus fort à l'idée de servir sous l'ordre de Kira.

- AHAHAHAHAH ! Huhuhu...servir Kira ? AHAHAH...cet enfoiré...il a buté ceux qui mettait du piment dans l'histoire de ce monde lassant...MES IDOLES ! Huhuhu...Normal de vouloir faire disparaitre celui qui enlève ce que tu chéris le plus.

Il se redressa doucement en grimaçant, les mains toujours collées à sa plaie qui ne cessait de saigner. Il avait conscience que si il ne faisait rien, il se viderait comme un porc et risquait de mourir. Sauf que ce n'était pas dans ses plans de disparaitre, pas avant d'avoir mit la main sur cette taffiole et de l'avoir étranglé gentiment de ses deux mains puissantes. Bref, ce n'était pas la fin de Sicarius ! (Et de toute façon, sa joueuse ne comptait pas accepter la mort de ce dernier aussi tôt).

Après son explication assez effrayante, entrecoupée par des ricanements et des haussements de voix, un silence se fit. Sicarius avait planté son regard dans celui de la policière comme pour la défier. Il savait qu'elle était aussi déterminée que lui et ne comptait pas lâcher l'affaire. Mais si il continuait d'attendre, les collègues de la jolie blonde allaient se ramener et tout mettre en œuvre pour l'enfermer derrière les barreaux. Hors de question. Il fallait qu'il s'échappe et vite. Petit à petit, son attention cessa de se fixer sur sa douleur et il se rappela qu'il n'avait pas lâcher la lame avec laquelle il comptait frapper la policière. Bonne nouvelle. Voilà son échappatoire et il allait en profiter à l'instant même.

L'écossais se mit à tousser, tousser, encore et encore, comme si il s'étranglait et s'affaissa un peu en grimaçant. Il prit une grande inspiration, puis une deuxième où il leva les yeux vers Fate, puis une troisième où un bref sourire se forma sur ses lèvres, signe clair qu'il tramait quelque chose. Là dessus, juste après ce sourire, il lança la lame d'un geste vif en direction de la blonde ou plutôt de sa main qui tenait l'arme et se redressa tout aussi rapidement. Il fit demi tour et fit de grandes enjambées, prenant de la vitesse et regagnant l'obscurité tandis que des bruits de moteurs se faisaient entendre non loin de là. Sicarius n'avait pas eu l'intention de tuer Fate en jetant la lame, mais juste de la surprendre pour mieux s'échapper. Et puis, en agissant ainsi, il allait lui foutre la haine parce qu'elle ne l'aurait pas arrêter, cela réjouissait l'écossais d'avance. Enfin, la fuite lui donnait l'occasion de la retrouver...plus tard...lorsqu'il se serra remit de ses blessures.

- AHAHAH ON SE REVERRA CROIS MOI ! Huhuhuhu !

Cette dernière phrase avait résonné dans les ruelles avant de laisser place au silence. Une chose était sûre, c'était que le bel assassin allait se faire discret pendant un moment, avant de réapparaitre soudainement et laisser plus de cadavres derrière lui.

Spoiler:

Les bruits de moteur, c'était Light qui en était la cause. Il était arrivé sur les lieux en toute hâte, sautant dans une voiture et appuyant sur le champignon pour voler au secours de la belle. Quelle ne fut pas sa surprise quand il avait reçu cet appel de Fate ! Elle qui en général, même dans les pires situations savait se gérer et s'en sortir comme une grande. Par cette manière de faire, elle avait gagné le respect de Light. Peu de femmes osaient faire partie de la police de Kira ou du moins, peu en étaient à la hauteur et Kira estimait que la jolie blonde méritait amplement son rang. Il avait une certaine confiance en elle et avait déjà eu l'honneur de collaborer avec elle. c'était donc tout naturellement qu'il était parti avec une vitesse grand v au secours de la princesse.

Pendant qu'il faisait le trajet jusque dans les bas fonds, Light s'interrogeait. Il avait sentit la détresse dans la voix de sa collègue, et même la peur. Il se demandait alors, comment une femme de son niveau pouvait être effrayée. Elle en avait vu des vertes et des pas mûres, alors l'être sur lequel elle était tombé devait être un sacré numéro. Mais de qui pouvait il s'agir ? Bonne question que voilà. Le policier espérait juste une chose, c'était qu'il n'arrivait pas trop tard. Il s'en voudrait vraiment si le criminel qui faisait face à Fate l'achevait avant son arrivée. Si c'était le cas, il se jurerait de lui faire connaitre une mort abominable au moyen du Death note. L'idée de perdre sa jolie collègue le fit accélérer.

Une fois arrivé à l'entrée des bas fonds, il descendit du véhicule, vérifiant qu'il avait bien de quoi se protéger. Il devait s'enfoncer maintenant dans les ruelles après avoir localisé Fate grâce à son téléphone. GPS en main, il accéléra le pas puis se mit finalement à courir entre les ruelles, faisant de son mieux pour éviter tout obstacle cachés par la pénombre qui régnait dans les quartiers. Le point présent sur le GPS bougeait et se rapprochait de l'autre. il atteignait son but.

Soudain, un rire sordide se fit entendre. Un rire à faire frissonner plus d'un. Ce n'était pas bon signe pour le Light et il serra les dents, priant pour que ce taré ne soit pas passé à l'acte. Il accéléra le pas, ruminant tout seul des phrases incompréhensibles. Il avait peur pour sa collègue. Un moment, un type bourré se jeta dans ses bras et le policier, pressé, répliqua en lui donnant un bon coup de matraque dans la mâchoire. il n'avait pas le temps pour ça et s'éloigna.

Il arriva finalement à l'endroit où était Fate. Light avait son arme à la main et regardait tout d'abord si le meurtrier était toujours présent. Apparemment non et il s'approcha de la jolie blonde. Il posa son regard sur elle et avait mal, rien qu'en voyant toutes ses blessures, de belles incisions sur son visage. Le pire était certainement ses doigts complètement de travers. Elle avait vraiment dû souffrir mais malgré tout avait gardé son courage jusqu'au bout.

- Fate ! Vous allez bien ? Vous avez d'autres blessures ? Je suis venu aussi vite que j'ai pu !

Et c'était vrai ! La policière pouvait le constater au souffle court de Light qui avait couru longtemps. Il fallait agir vite. Light jugea utile de ne pas appeler les secours pour venir chercher Fate. Il ne savait pas où était rendu le taré et il ne voulait pas attirer du monde dans ce trou à rats. Si il était dans le périmètre, ce serait un vrai carnage. Il avait une voiture alors autant l'emmener de lui même. Light regarda une dernière fois autour d'eux et entreprit de porter Fate dans ses bras.

- Je te tiens pour te caler. Si tu marches tu risques de te faire mal à cause des mouvements.

Il avança petit à petit et la ramena à la voiture, la déposant délicatement sur le siège. Il s'installa ensuite et commença à conduire, direction hôpital.

- Je vous demanderais bien des détails mais votre santé est prioritaire. Vous donnerez des explications une fois que vous irez mieux. Je vous emmène à l’hôpital.

Oui Light la vouvoyait parce qu'il avait du respect pour elle. Le policier se retourna quelques secondes vers elle, lui sourit puis se remit en place.

- Je vous fais la promesse de vous aider à retrouver la personne qui vous a fait ça.

Il était sérieux. Aider Fate, c'était naturel et par la même occasion, ça l'aiderait à coincer un criminel de plus.

Elle n'avait pas eu le temps... Elle n'avait rien vu venir... Dans son état physique second, malgré le fait que son moral semblait toujours déterminé à en découdre, il était inutile de chercher à l'arrêter. Il était et serait sans doute encore longtemps plus fort qu'elle et cela, elle allait devoir s'y résoudre. La jeune femme avait espéré un instant que la présence d'une arme à feu pointé sur ce criminel et qu'une blessure à bout portnt saurait le calmer quelque peu, elle avait eu tort. Mon Dieu qu'elle regrettait de ne pas avoir tiré sur la gâchette dès qu'elle en avait eu l'occasion... Elle aurait ainsi pu faire d'une pierre deux coups, elle évitait la mort de justesse et abattait un criminel dangereux. Mais voilà... Son incompétence en matière de tir venait encore de modifier cet éventuel final triomphant en une fin beaucoup moins réussie...

Bien évidemment, il n'avait pas abattu la lame sur son crâne, lui laissant ainsi la vie sauve, c'était peut-être l'unique point positif... Mais elle ne l'avait pas eu longtemps en joug... La balle l'avait bien transpercé, mais pas de manière mortelle même s'il semblait fortement affaibli. Il continuait toujours ses délires, la respiration sifflante, mains sur la plaie. Fate avait peur... Peur qu'à nouveau, malgré sa faiblesse, il ne cherche à l'achever... Pourquoi ne tirait-elle pas ?... Elle espérait sans doute pouvoir le trainer au poste pour l'interroger... Mais elle n'en était pas capable ! Persuadée de bien faire en se croyant capable de pareil challenge, elle s'était faite avoir. La lame avait fendu l'air. Elle n'avait eu le temps que de se décaler et de tirer quelques coups de feu tandis qu'il prenait la fuite. La lame avait continué son chemin, son esquive n'avait pas été des plus efficaces, et c'était sans doute la raison pour laquelle le petit objet de métal tranchant avait violemment entamé la peau de sa taille, arrachant au passage, sa chemise autrefois blanche et depuis un moment déjà couverte du rouge sanguin et de la poussière ambiante. Lui était déjà loin, riant dans les ruelles, tandis qu'elle étouffait un énième gémissement endolori dû à cette nouvelle blessure.

On se reverra... Etait-ce une issue si jouissive pour lui ?... Pour Fate, c'était quelque chose dont elle se passerait bien... Car malgré sa volonté de l'attraper et ses ambitions qui la forçaient à se dire qu'un jour ou l'autre, elle le recroiserait mais pour le mettre derrière les barreaux cette fois, elle aurait bien évité une seconde rencontre... Elle tremblait, tremblait de tous ses membres. Appuyée contre le mur, elle tentait tant bien que mal de créer un point de pression de sa seule main valide contre sa blessure, ralentissant sa respiration déjà martelé par cette adrénaline qui était montée. Sa seconde main pendait lamentablement dans le vide, elle n'en sentait même plus les doigts tant la douleur de leur brisure était forte. Inutile de chercher à défaire la lame de sa chair, chaque pression qu'elle y faisait était accompagnée d'une violente brûlure. Elle craignait à chaque seconde qu'il ne revienne, la croyant trop faible pour se défendre contre une nouvelle attaque mortelle... Fate commençait à se demandait si elle n'allait pas crever ici, dans cette pauvre ruelle, des mains d'un criminel fou à lier...

Des pas... Mon Dieu des pas ! Qui se dirige vers elle... Elle cesse de respirer et ravale sa salive tandis que ses yeux se dirigent vers leur origine, attendant avec patience et sérénité une sentence symbolisé par le retour de ce fou furieux...

Et quelle surprise est-ce pour elle de découvrir au détour de cette ruelle une personne toute autre qui se dirige vers elle... Elle lâche un soupir de soulagement si profond qu'on aurait cru qu'elle avait renvoyé des années de secrets en ce seul souffle. Light... Light Yagami qui était venu à sa rescousse. Le jeune homme s'était empressé de la rejoindre après son appel et prenait désormais de ses nouvelles. Fate laissa apparaître un sourire difficile et quelque peu ironique quant à la situation :

"Yagami... Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse de vous voir !... Comme vous le voyez, j'ai vu meilleur jour mais je m'en sors avec bien peu compte tenu de ce qui m'attendait..." avait-elle dit, entre deux souffles difficiles.

Fate avait soudainement senti deux bras se saisir d'elle et son corps se soulever. La jeune femme comprit alors qu'elle avait été saisi entre les deux bras du jeune homme qui semblait désormais décidé à l'emmener loin de cette scène de crime. Elle aurait bien dit qu'elle était capable de marcher, mais il était inutile de mentir, un pas était pour elle un effort surhumain en ce moment précis. Elle qui avait déjà du mal à ne pas laisser sa tête tomber en arrière n'était certainement pas en état de tenir debout. Elle posa un regard sur le visage du jeune Light. Light Yagami... C'était un de ses collègues de travail. Bien qu'elle ne travaille pas directement avec quotidiennement, elle avait eu par quelques fois l'occasion de collaborer avec lui sur plusieurs enquêtes. Ce qu'elle en avait retenu, c'était qu'il était un jeune homme des plus charmants qui prenait très à coeur son travail et pour qui rendre la justice semblait être quelque chose de naturel. Bien évidemment, la vue de la gueule d'ange de ce beau garçon qu'elle estimait un petit peu plus âgé qu'elle ne l'avait pas laissé indifférente. Nous connaissons tous les penchants nymphomanes de la jeune femme, c'est pourquoi nous ne nous étonnerons pas de savoir que lorsqu'elle l'avait rencontré, sa première idée avait alors été de tenter de l'ajouter à son tableau de chasse. Elle avait longtemps réfléchi à la manière dont elle allait s'y prendre mais avec le temps passé avec lui, Fate avait fini par comprendre qu'il n'était pas un homme comme les autres. Elle lui avait toujours voué un grand respect autant professionnellement que quant à sa personnalité en elle même. Light Yagami était un garçon des plus respectables. Charmant, sympathique, agréable, efficace, professionnel, déterminé. En somme, il paraissait tellement parfait sous toutes les coutures qu'on l'imaginait de suite inaccessible. C'était cela, le citoyen parfait de cette nouvelle société. A croire qu'il avait été formaté par Kira lui-même pour la symboliser.

Leur vouvoiement avait toujours été un signe de respect mutuel. Elle fut donc étonnée de le voir la tutoyer ainsi tandis qu'il la déposait dans ce qui semblait être sa voiture. Quelques paroles échappées à la va-vite, peut-être simplement pour la rassurer. Il avait ensuite rejoint sa place et était parti vitesse grand V lui annonçant leur destination : l'hôpital. A ces mots, Fate esquissa une grimace. Elle poussa un soupir et agita la main en signe de désapprobation.

"Non non... Yagami, s'il vous plaît. Pas d'hôpital ni de commissariat pour le moment... Ils vont m'ordonner un arrêt de travail."

Sa réflexion pouvait paraître dénuée de tous sens. Elle avait besoin de soin et refusait de rejoindre un hôpital tout ça à cause d'un éventuel arrêt de travail. Pourtant à ses yeux, la chose avait de la valeur. Fate avait toujours construit tout depuis son entrée dans l'armée sur son travail. Elle n'avait qu'une vie. Et elle était professionnelle. Pas d'amour, pas d'enfants, pas d'amis. Rien d'autre qu'elle même. Elle seule. Ses journées se résumaient à cela. Elle se levait tôt pour partir travailler, rentrait tard pour une douche, un repas et une nuit de sommeil. Et le lendemain le cycle recommençait. Jamais de vacances, peu de sortie en dehors de ses rondes. Métro boulot dodo... Façon Fate. Les quelques moments d'intimité qu'elle s'accordait étaient accordés à des soirées arrosées où elle finissait toujours couchée dans le lit d'un amant d'un soir. En bref, pour elle vacances rimaient avec ennui total et l'idée de devoir arrêter son boulot plusieurs semaines à cause de quelques blessures était toute rejetée.

Lui continuait de lui parler, comme pour la soulager, lui promettant de mettre la main sur celui qui l'avait attaqué ainsi. C'était agréable de sa part, mais là n'était pas le problème. Le problème était qu'elle se voyait s'approcher dangereusement de l'hôpital... Dans une ultime tentative de persuasion, Fate se redressa avec difficulté et s'approcha du fauteuil du conducteur. Avec douceur, elle posa délicatement sa main valide sur l'épaule du jeune homme tandis qu'elle laissait ses ongles noirs griffer sans violence ses vêtements dans une sorte de tic. Elle murmura d'une voix qu'elle espérait avoir rendu des plus mielleuses malgré ses difficultés respiratoires, laissant son souffle chaud se poser le long de sa nuque :

"Light..." avait-elle pris soin de dire, elle qui s'était toujours abstenu de l'appeler par son prénom, jugeant cela trop familier quand à l'estime qu'elle lui vouait "Soyez un ange... Posez moi juste chez moi. Je ne demande rien de plus. Je veux juste retrouver mes appartements... Une nuit à l'hôpital serait longue et rude et je n'ai pas besoin de tant... Je ne veux pas vous dérangez, cela raccourcira votre chemin. Déposez moi juste sur mon seuil..."

C'était peut-être user de ses charmes. Mais après-tout, n'était-ce pas par là qu'elle obtenait ce qu'elle désirait ? Loin de là l'idée qu'elle espérait quelque chose. Tout ce qu'elle voulait, c'était échapper à l'hôpital qui, très sûrement, lui ordonnerait plusieurs semaines de repos sans travail. Elle soupira. Du peu qu'elle connaissait de Light, elle doutait qu'il lui laisserait la paix sur ce point. De toute façon, peu importait, se dit-elle, elle avait besoin de soin : c'était clair, et même si elle s'imaginait pouvoir se les donner elle-même, rien n'était plus spécialisé que l'hôpital pour cela. Oh et puis après tout... Un arrêt de travail, elle n'était pas obligé de le respecter ?...

Bien évidemment, la policière ne voulait pas se rendre à l’hôpital et cette réaction n'avait surpris en rien son collègue qui conduisait. En fait il s'en doutait largement et il s'était retenu de sourire face à la réflexion de Fate. Toujours aussi professionnelle, toujours aussi sûre d'elle, ne voulant jamais montrer le moindre instant de faiblesse. Malgré la douleur qui devait la tirailler durement, elle faisait son possible pour rester efficace au service de Kira, et l'estime que Light lui portait s'en trouvait grandit. Cependant, cette estime ne lui permettait justement pas de se contenter de la déposer en bas de chez elle. En restant dans cet état, ses blessures risquaient fortement de s'aggraver, et au final, Fate ne serait plus bonne à rien. Son collègue ne voulait pas la voir finir ainsi, expulsée de son statut de policière à cause d'un handicap trop prononcé dû à son professionnalisme. Et puis, elle aurait beau l'appeler par son prénom, lui susurrer des paroles d'une voix douce, ou encore papillonner des yeux, rien ne changerait l'avis de Light. Il conduirait la jolie blonde meurtrie à l’hôpital que ça lui plaise ou non.

Ainsi, il continuait de rouler, les mains fermement accrochées au volant, les yeux rivés sur la route. Il voulait montrer à sa collègue qu'il ne renonçait pas à son idée et qu'elle n'avait pas son mot à dire là dessus. Il fit un léger mouvement d'épaule pour ôter la main de la belle qui était restée à cet endroit, peut être pour encore accentuer sa détermination. Il pensait en même temps à ce dingue qui l'avait massacrée. Celui là courait toujours dans les ruelles des bas fonds de Tokyo et ce n'était pas une bonne nouvelle. Il comptait faire un tour après avoir déposé Fate pour tenter de le retrouver mais rien n'était moins sûr. Ne connaissant pas vraiment le profil du type, il avait besoin de l'aide de la policière. Raison de plus pour amener la belle à l'hôpital et lui prodiguer les soins ne serait ce que de premier recours.

Au fur et à mesure, le bâtiment arrivait à leur niveau et Light arrêta la voiture, mettant le frein d'un coup sec et coupa le contact. Il se tourna alors vers la blonde et la regarda dans les yeux. Il lisait parfaitement dans le regard de sa collègue que cette dernière voulait rentrer. Il sentait les dernières supplications de cette dernière mais rien à faire. Il ne rebrousserait pas chemin. Le policier descendit ainsi de la voiture et alla ouvrir la portière arrière pour reprendre sa collègue dans ses bras.

- J'ai conscience que vous ne voulez pas y aller mais je suis obligé de le faire. Plus vite vous irez, plus vite vous partirez d'ici. Je vais m'assurer de vous ramener chez vous une fois les soins prodigués. Je reste à vos côtés.

Light avait souvent tendance à parler beaucoup de cette manière mais il donnait ainsi des instructions précises. Sûrement son travail de policier qui l'influençait dans ce domaine. Bref. Là dessus, il se remit à porter Fate, faisant toujours attention de ne pas lui blesser davantage la main. il pénétra dans l'hôpital, réclamant qu'on vienne prendre en charge la policière, donnant quelques informations sur ce qui s'était passé. Bien sûr, il n'avait pas donné toutes les détails. Cela n'était pas nécessaire et dû à son statut de policier, on insista pas. C'est ainsi que Light attendit sa collègue, le temps que ses plaies soient désinfectées, recousues et sa main bandée. Ceci chose faite, il s'empressa de la ramener jusqu'à chez elle. Le voyage du retour se fit silencieux et la parole de Light rompit ce silence.

- Lorsque vous irez mieux, nous aurons une discussion pour que vous me donniez plus de détails sur cette affaire. Je vais bientôt être charger d'enquêter sur un meurtrier sanguinaire. Je pense qu'il peut y avoir un lien avec votre homme.

Il fit une pause, le temps de faire le tour du rond point et de prendre la rue principale où se situait l'appartement de Fate.

- J'aurais aussi des observations à vous faire part concernant un certain Jonathan Murakami qui s'est échappé à cause d'une taupe dans nos services.

Il stationna devant l'appartement de Fate et lui ouvrit la portière.

- Reposez vous cette nuit. Je suppose que l'on se voit très prochainement.

Light disait cela car il se doutait que Fate n'allait pas rester chez elle les bras croisés. il espérait juste qu'elle resterait calme ne serait qu'un ou deux jours. Il lui fit signe et remonta dans la voiture avant de redémarrer et de s'éloigner, sûrement pour faire une brève inspection des bas fonds. Ensuite il rentrerait chez lui.