Pro Kira et Anti-Kira sont-ils vraiment si différents ? (PV Lucrèce)

Marchant d'un pas rapide, la tête baissée, les poings crispés, Aiko Akihiro alias Angie essayait de retenir ses larmes. Pourquoi est-ce qu'elle pleurait ? Elle-même ne le savait pas... Peut-être en avait-elle marre de sa vie, certes elle avait une vie heureuse, elle n'avait pas à se plaindre, mais elle n'arrivait plus à s'en satisfaire. Elle voulait rencontrer des Pro-Kira qui pensaient comme elle, voir rencontrer Dieu en personne ! Elle en avait marre de vivre que de prières, de se contenter d'imaginer son Dieu, elle voulait le rencontrer, lui parler, être touchée par ses doigts divins. La jeune fille s'arrêta en plein milieu de la vieille rue et esquissa un sourire amer, mais à quoi pensait-elle au juste ? Elle aurait dû avoir honte...

S'approchant d'une maison décrépite elle tapa son poing dessus avec rage et désespoir sous les regards désapprobateurs, surpris ou amusés des habitants avant de repartir. Quelques minutes plus tard, les larmes commencèrent à couler et elle les chassa d'un revers de main rageur, en vain. Elle se laissa alors tomber sur un banc et enfouit son visage dans ses bras éclatant en sanglots incontrôlables. Pourquoi diable réagissait-elle ainsi ? C'était si futile, elle avait quand même vingt ans et puis elle n'avait aucune raison de pleurer, c'était tellement ridicule. Elle lança un regard noir avec ses yeux rougis et toujours larmoyants aux passants qui marchaient devant elle et essaya de se calmer. Soudain un frisson la parcourut et elle tourna la tête se sentant observée elle cligna des yeux, stupéfaite par ce qu'elle voyait.

Une véritable déesse de beauté se tenait non loin de là, la jeune femme avait de longs cheveux blonds et des yeux bleus magnifiques, Aiko s'essuya les yeux et détourna la tête, gênée, elle détestait qu'on la voit pleurer. Elle se leva ou du moins essaya de se lever, elle chancela et se retint au banc en se rappelant qu'elle n'avait rien manger ce matin n'ayant pas faim... Quelle idiote ! Elle savait pourtant qu'elle devait manger le matin car sinon elle risquait de faire un malaise, elle fut forcée de se rasseoir et essaya d'ignorer la beauté fatale qu'elle ne pouvait s'empêcher d'observer de temps en temps, les mains crispées sur sa jupe elle fixait le sol le visage fermé.

Le soleil avait été remplacé par d'épais nuages qui rendaient l'endroit obscur et glacial, des ombres se dessinaient un peu partout rendant l'endroit franchement lugubre et sinistre, avec un rire nerveux elle se dit que c'était le temps idéal pour que des résistants sortent faire un tour, pour elle le soleil était associé aux proches de Dieu et au contraire l'obscurité était associée aux résistants et à ceux qui voulaient voir Dieu disparaître. Aiko n'avait jamais compris ces derniers, Dieu était une chance pour ce monde, il l'avait sauvé non ?

Aiko renifla de façon peu élégante et observa l'inconnue qui s'était assise à côté d'elle, elle fronça les sourcils en la voyant lui tendre un mouchoir et en écoutant ses paroles. Elle se trompait... Si Aiko pleurait ce n'était pas à cause d'un garçon... Enfin... Est-ce que Dieu était un garçon ? Difficile à dire. Si c'était le cas il devait être vraiment beau gosse. Mais pas stupide, impossible.
La jeune femme n'apprécia pas qu'on traite son Dieu de stupide, même involontairement. Elle lança donc un regard de reproche à l'inconnue avant de prendre son mouchoir, après tout elle ne pouvait pas savoir et était très gentille de s'intéresser à elle alors que personne ne le faisait. Elle bredouilla un remerciement et répondit aux questions d'une voix tremblante.

- Aiko, je m'appelle Aiko. Et si je pleure c'est parce que... J'en ai marre d'être aussi faible et inutile... Je ne le mérite pas !

Sans réfléchir, plus par réflexe de survie, elle se jeta sur la femme pour pleurer contre elle le corps secoué de sanglots. Ses paroles seraient sans doute mal interprétées, mais impossible de savoir si l'autre femme était une pro ou une anti Kira, donc elle était prudente. Même si elle n'était pas la meilleure en terme de survie, elle avait un minimum de cette dernière.
Dans le monde d'aujourd'hui on devait être prudent et ne pas faire confiance à n'importe qui, le monde était divisé en deux camps pour Aiko. Les pros Kira dont elle faisait partie et les anti Kira. Le bien et le mal. Les pro Kira soutenaient ce dernier qui était le Dieu de l'humanité et les anti Kira voulaient la mort de ce dernier et donc la mort de l'humanité. Car sans Dieu le monde serait mort aujourd'hui, il avait sauvé les Hommes, il était Dieu, Aiko voyait donc les résistants et autres anti Kira d'un très mauvais oeil, comment pouvait-on vouloir tuer quelqu'un d'aussi bon ? Elle était peut-être complètement naïve et innocente, mais avoir confiance en une personne de façon aussi forte ce n'était pas une mauvaise chose. Elle admirait et vénérait profondément Kira et en était fière. Même si cela l'avait conduite à avoir des différents avec sa famille et certains de ses amis, après tout elle ne pouvait pas fréquenter des anti Kira pas vrai ? Seul son frère aîné lui manquait... Elle avait appris récemment qu'il était de la résistance, elle avait failli s'évanouir sous le choc de la nouvelle annoncée par sa mère via un coup de fil. Quel crétin ! Il risquait tellement gros... Et puis c'était absurde de se dresser contre Dieu... Il faudrait qu'elle lui rende visite et vite. Il habitait dans les bas-fonds avec les autres résistants de son groupe, elle devait le trouver et vite, mais... Une nouvelle série de sanglots l'empêchèrent de continuer son discours intérieur, elle se redressa légèrement et essuya ses larmes avant de s'excuser se sentant coupable d'avoir inondé autant sa sauveuse.

- Pardon, je vous ai trempée... Merci c'était très gentil de venir m'aider, Lucrèce. Et vous êtes bien plus jolie que moi vous savez.