L'endroit était désert. On pourrait lire sur certains de ses murs quelques tags adressés contre la police dans diverses couleurs. Chacun de ses pas faisait se soulever la poussière, chacune des portes semblait être sur le point de s'écrouler.
Il était difficile de comprendre, ou même d'admettre, qu'un important réseau résistant avait jadis pu se situer ici, et pourtant...Se représenter ce lieu comme fourmillant de vie alors qu'il ne dégageait désormais qu'une atmosphère malsaine, où s'échangeaient sans doute quelque drogue que ce soit entre trafiquants, était impossible. Le grenier était étonnamment grand et apprendre que des ennemis de l'Etat y avaient été hébergés pendant des mois ne l'aurait guère étonné.
C'était vide. Il n'y avait plus que la poussière et les fantômes de ceux qui avaient jadis habité là. C'était lugubre, silencieux et en même temps très bruyant. Les secrets couraient sur les planches de parquais. Takeshi savait qu'il n'était pas le premier officiel à se trouver ici à la recherche d'un vaint trésor. Tous les murs n'avaient pas été scannés, ni les sols fouillés, ils n'avaient pas non plus que cela à faire, mais il s'agissait tout de même d'un lieu qui suscitait une forte curiosité. La marque la plus représentative de cet endroit était un imposant tag dans ce qui avait dû être le salon.
« Hadès, tu reposeras toujours dans le panthéon de nos morts. », répéta-t-il à haute voix comme pour conjurer le mauvais sort. « Glauque. »
Ça l'était, comme l'était tout cet endroit. Il connaissait la triste légende de ce chef résistant et plaignait honnêtement Arashi Darkwood qui avait dû supporter comme si de rien n'était cette honte. L'endroit lui fichait une impression bizarre : le genre à vous faire hausser le poil au-dessus de la peau, du genre à s'enfuir la queue entre les jambes sans demander son reste.
Takeshi fit deux pas et se dirigea vers un petit bar qui avait sans doute accueilli en son temps diverses bouteilles pour sceller moultes accords entre chefs de la résistance. Sa main, caressant le bois, lui confirma que celui-ci était à l'abandon depuis des mois, si ce n'était des années, déjà. Il soupira : cette baraque était vide, pourquoi le mettait-elle aussi mal à l'aise ?
Et puis soudain, un bruit.
Ce genre de bruit, vous savez, qui vous fait vous redresser sur vos deux jambes, les sens bien en alerte. Il ne sortit pas son arme de service, de toute façon, il était prêt bien avant à se servir de ses pouvoirs de semi-shinigami. Il préférait tout de même éviter de tuer un simple rat qui aurait eu le malheur de se retrouver sur son chemin ou, pire, un SDF qui n'avait pas d'endroit où loger.
« Qui est là ? »