Il avait des habits qui n'étaient pas en cuir, pour une fois, un jean bleu usé qu'il devait avoir piqué à Matt, quelque part dans son armoire, et un tee-shirt des Sex Pistols. Mello n'était pas assez idiot pour pour s'habiller de cuir alors qu'il sortait : si sa cicatrice était toujours largement visible, il cachait sa tête avec une casquette, même avec un bonnet. Comme l'hiver approchait, il avait opté pour un magnifique couvre-chef de laine, s'était attaché les cheveux. De toute façon, la seule photographie que possédaient les autorités à son sujet était un dessin esquissé par cette idiote de Linda et la seule personne qui l'avait jamais vu était le chef Yagami, et sa fille, Sayu. Si cette dernière, contre toute attente, était bel et bien vivante, Yagami était décédé depuis des années, assez pour ne pas pleurer devant le sort réservé au Japon depuis que son fils en avait pris les rênes. Mihael Keehl ne ressemblait plus à un gamin de quinze ans : ses traits avaient suffisamment évolué pour ne plus être reconnu par le système de reconnaissance facial ou tout autre connerie de ce genre-là.
Il faisait nuit, mais il tenait dans sa main gantée un drôle de prospectus, indiquant une adresse et criant un drôle de message : « Il faut résister contre Kira ! Venez écouter le grand Houdini vous dire ce que vous pouvez faire à votre échelle, venez nombreux ! » Il y en avait beaucoup, des mouvements rebelles qui cherchaient à recruter, ou même qui n'était ni liés à la mafia, à sa mafia. Il ne les comptait plus, tout ce qu'il savait, c'était qu'ils étaient bien moins protégés et qu'ils risquaient plus, sans aucune alliance. Ce qu'il avait retenu, en voyant l'adresse mentionnée très clairement sur ce bout de papier, c'était que si les pro-Kiras décidaient de venir, ils n'auraient franchement aucun souci. En fait, si c'était aussi simple que cela, Mello aurait sûrement laissé tombé, mais les dessins sur le papier, ces types en blanc qui avaient l'air de prier...cela l'interloqua. Son sourcil gauche se souleva et : « Bande de malades. », fit-il croquant dans une tablette de chocolat extra-noire pour se ressourcer.
C'était un quartier bourgeois comme il en existait beaucoup dans Tokyô : en périphérie de la ville, et c'était dans cette banlieue résidentielle que le chef Yagami devait habiter avec ses deux enfants et sa femme. Il ignorait ce qu'était devenu la veuve, et à vrai dire, ce n'était pas vraiment son problème. Elle avait dû être brisée à la mort de Yagami-san, encore plus si elle avait appris l'identité de son fils, Light Yagami. Mello trouva facilement la porte d'entrée, toqua et se fit ouvrir par un grand type à la tête pas très saine. Il le toisa avec son air habituel, lui dit qu'il était ici pour la « réunion » et rentra.
Ils étaient tous habillés en blanc. Cette couleur, flagrante avec le fond noir de la nuit, les faisaient ressembler à des cibles mouvantes. Il y avait la foule de gens qui, tout comme lui, étaient habillés en civil et se tenaient debout, un peu perdus, et celle, juste devant la scène, de types en blanc. Mello supposa alors que le mouvement de datant pas d'hier, pour qu'ils aient pu rencontrer des personnes et les ramener dans leurs camps. Le chef de la mafia ne craignait rien, même s'il savait bien que beaucoup de résistants se déplaçaient d'un camp à un autre : ses lunettes de soleil étaient fixées sur son visage et son bonnet cachait pas mal ses cheveux. Les entendant applaudir le début de la séance, Mello vit une table vers le fond de la salle et se permit de s'asseoir dessus.
D'après ce que comprit Mello, leur intention première était d'enlever Kira de son trône de despote. Ils mentionnaient également qu'il n'était pas légitime, que le Japon ancestral des shogun et des empereurs devait revenir...tout en oubliant que l'empereur du Japon n'avait jamais été enlevé de sa place. À première vue, le chef de ce petit groupe voulait être un résistant, mais ses propos sonnaient comme un extrémiste et un futur dictateur. Il avait tous les arguments qui auraient pu faire de lui un extrémiste religieux en puissance : l'admiration des fidèles, le même uniforme, le bouc-émissaire en la personne des personnes qui admiraient Kira qui, disait-il, devaient tous mourir par la pendaison, et bien sûr la violence latente.
« Quels cons... »
Il mordit une nouvelle fois dans sa tablette et laissa le cacao lui donner l'énergie dont il avait besoin. Ses ongles entrèrent dans la table, il se sentait immortel.
C'était bon.
Il avait envie de le défoncer.
De le défoncer très violemment, alors même que ce type venait de dire qu'ils avaient une grosse réserve d'armes. Sa respiration se fit de plus en plus profonde et maladroite.
Il allait éclater. Il allait éclater et ce n'était vraiment pas le bon endroit.
Accueil 
