I promise, you will never fall anymore. You're mine, that's all. So come back to me and close the door.[PV Ishtar]

En vie. Saine et sauve.
Plus qu'un soulagement, c'était une véritable renaissance pour Mello.
Si elle savait...si elle pouvait...mais elle ne pouvait pas se rendre compte de l'ampleur qu'avait pris sa disparition dans la vie, déjà impossible à cerner, du chef de la mafia.
Et ce n'était pas la première fois qu'il avait attendu qu'elle se manifeste, ne serait-ce pour lui donner signe de vie, montrer qu'elle est toujours là, Ishtar, Pârvati.
Il ne voyait ni le jour, ni la nuit. Juste des nuages, sombres et mystérieux, devenus étouffants. Nuages bleus et profonds, comme ses yeux, comme les yeux de celle qu'il avait voulu posséder et qu'il ne lâcherait jamais. Non, jamais. Mello aimait trop, mais il n'écoutait rien. Pas même Dieu, pas même la raison, encore moins les volontés de l'indienne et ses besoins d'indépendances et de liberté. La seule voix qu'il était capable d'écouter lui disait de ne jamais lâcher.
Depuis la banlieue résidentielle, Ishtar n'avait pas décrochée un seul regard. Pas un seul mot. Une envie croissante de briser le silence s'était emparée de Mello. Il l'avait, devant lui, elle était belle et bien en vie, consciente et il voulait qu'elle soit confiante.
En clair, cette situation n'avait pas eu lieu depuis beaucoup trop longtemps.


" Ishtar."

Le simple fait de prononcer son nom provoquait en lui une émotion terrible, mélangeant l'amour, la colère, l'excitation, la peur... émotions étant pour certaines logiquement incompatibles, et qui plongèrent Mihael dans un désarroi presque apocalyptique. Sa main se crispait sur le levier de vitesse. Tenir plus longtemps était inimaginable, ça relevait de la torture.

"Tu es... folle..."

Directement la mépriser alors qu'elle venait d'être victime d'un enlèvement sordide ? Il ne valait mieux pas allumer la poudre alors qu'Ishtar était à peine remise de ses émotions. Il ne voulait pas qu'elle souffre plus. En outre, Mello souhaitait lui faire savoir ce que sa disparition avait détruit en lui : la confiance...aussi, le peu de self-contrôle que les années et la maturité lui avaient apporté.

"Pardonne-moi, non, fais-ce que tu veux, enfin... je ne veux plus jamais revivre t.. ta disparition, ton absence, le doute, tu... t'as faillit y rester encore une fois, je ne veux plus te faire confiance... Qu'est ce que tu t'imagines ? Qu'on vit dans un monde de saints ? Tu n'es pas conne, putain ! Alors pourquoi ?"

Il freina si brusquement que son engin dérapa sur l'accotement. Les routes étaient désertes, et puis franchement, il se fichait royalement de stationner au beau milieu du trafic. Dans sa vie de conducteur, il n'avait jamais respecté le code de la route, quel intérêt d'y remédier désormais ? C'était bien le dernier de ses soucis.


"POURQUOI ? Tu fais vraiment tout pour mal finir, et c'est bibi qui doit endurer ta perte ! Mais blesser, c'est pas un problème... Non, ça t'es égale, avoue-le ! Et mourir ? Tu veux crever ? Tu es libre, tu peux respirer, je t'ai donné cette liberté... je t'ai laissé le choix, tu as choisi de partir, j'ai choisi de te faire confiance... mais quel con j'ai été... je... je suis pitoyable. Autant que toi. J'aurais dû te laisser te démerder. C'est tout ce que tu mérites. Mais je..."

Stop. Allait-il vraiment lui déclarer sa flamme, quand bien même tout ce qu'il venait de dire était probablement vrai à 85% ?

Misérable. Elle se sentait misérable. Elle était de nouveau auprès de Mello, celui dont elle craignait le plus la réaction. Souvent dans ses affres et ses escapades périlleuses, elle pensait à lui, à comment il réagirait si il apprenait dans quel état elle se mettait. Pourtant son état de femme indépendante lui disait d'avancer, de se battre contre Kira. Elle n'avait qu'un rêve, celui de retrouver un monde libre, de trouver un travail, un vrai travail, pas celui de mettre sa vie en danger pour sauver une existence déchirée. Elle s'imaginait parfois, dans une belle maison, avec Mello qui bosserait en tant que détective, elle qui gérerait une entreprise de création artistique. Elle n'avait jamais vraiment pensé à ce qu'elle ferait comme métier. A vrai dire, elle n'en n'avait jamais eut le temps, mais elle savait que cela serait dans le domaine de l'art et de la culture, quelque chose de beau, et de serein. Elle n'avait pas décroché un seul mot mais elle pouvait sentir la tension palpable dans la voiture. Mello était nerveux, Mello allait explosé. Boum, il explosa. Il l'avait traité de folle. Contrairement à ce que l'on pourrait pensé, cela ne l'affecta pas. La folie faisait partie de ses adages, elle considérait qu'elle vivait dans un monde de fou, de toute façon. Plus il parlait, plus il s'énervait. Il dérapa violemment et elle sursauta, son corps gardant en mémoire les traumatismes récents, c'était comme si cette secousse était une réminiscence de torture.

"Je me bats contre Kira."

Sa voix était neutre, presque robotique. Elle aimait Mello, surement même un peu trop. Tous les jours elle se disait que cet amour entravait sa liberté, entravait son devoir envers la liberté. Il avait peur pour elle chaque jour, mais la peur faisait partie de leur quotidien. Au final, son viol, sa séquestration, les coups qu'elle a prit ci et là, ce n'est que le quotidien de ce monde en décrépitude. Rien de plus, rien de moins. Qui peut se targuer parmi les rebelles de n'avoir vécue aucun traumatisme? A part ceux qui se cachent et ne sortent jamais de leur tour, personne ne peut réellement le faire. C'était la guerre, une guerre sourde, une guerre que menait une poignée d'être humains face a une cohue de zombie.

"Je suis désolé...Je veux juste faire mon possible pour me rendre utile à la rébellion."

Une pointe de larme dansait dans sa voix. Elle essayait de rester calme. Elle tortillait une mèche de ses cheveux et fixait celle ci de manière vide, comme pour éviter de voir Mello dans les yeux...Mais elle savait qu'il détestait cela. Il aimait le contact avec elle, et qu'elle évite de le regarder, elle savait qu'il n'aimerait pas ça. Elle se mit à trembler de froid, dans ce grand 4x4 electrique. Parfois elle se disait que la vie serait plus aisé sans elle, mais elle chassa de son esprit cette pensée interdite. Depuis sa tentative de suicide, il était hors de question pour elle de flancher à nouveau vers la mort.

Kira. Guerre. Rébellion.
Si seulement ces trois derniers n'existaient pas, si ils n'étaient que fictions, que cauchemars... si c'était le cas, Ishtar et Mello ne se serait jamais rencontré.
Mello aurait grandit à la Wammy's house, il aurait peut être étranglé Near avant sa majorité. Son génie au service de l'humanité, il vivrait, travaillerait sous son identité internationale, son initiale, M.
Et Ishtar ? Ishtar serait toujours prisonnière de sa condition antérieure. Penser au passé de son indienne l'affectait atrocement. Il n'en savait pas les détails, mais rien que d'imaginer un autre toucher cette dernière lui donnait des envies meurtrières. Ainsi, malgré qu'il fut tenté de mieux la connaitre et la comprendre, il fuyait la vérité. Vérité ayant amenée Ishtar jusqu'à lui.

"Mais... tu penses à ce qu'il en sera pour moi si Kira te fait la peau ?"


Elle voulait aider les rebelles ? Elle en avait eu l'occasion, avec Mello aux commandes, tout était sous contrôle ! Et puis, sa fierté féminine, son amour inconditionnel pour ses Furies lui avait ôté toute forme de conscience. Elle était forte, combattante, et Mello ne pouvait certainement pas le nier. Mais quoi qu'il en soit, elle allait trop loin. La prochaine mission qu'elle entreprendrait avait des chances d'être la dernière, étant données ses aptitudes à perdre le contrôle de ses actes. Il était hors de question qu'elle y laisse la vie. Hors de question qu'elle s'envole à nouveau !
Elle n'avait pas le droit !
Pas le droit d'abandonner Mello !
Comme lui, lui qui ne la lâcherait pas, elle devait l'aider, le suivre, le rendre fou, l'aimer, et surtout, faire tout ce qui était possible pour se préserver du danger !
Mais quelle femme... quelle être magique.
Une furie, une vraie : une fois libre, plus incontrôlable et imprévisible qu'un Mello privé de chocolat. Elle était là, aujourd'hui, crispée sur le siège passager, l'air plus chétive qu'elle n'avait pu l'être autrefois.
Monde insensé.
Monde de violence, monde qu'elle avait du connaitre bien avant l'âge de raison... ce monde l'avait rongé. Que faire face à ses motivations ? Mello savait qu'il était impossible de la dissuader, du moins par les mots. Même par le chantage. Sa détermination n'avait d'égale que celle d'une tornade : trop forte pour que quiconque ne puisse la stopper. A présent, il n'y avait pas trente-six solutions pour éviter la récidive : c'était décidé, Mello ne la quitterait plus des yeux. Il ne la lâcherait plus d'une semelle.
Fini, fini le temps des "Je t'aime, moi non plus" et des promesses non tenues. Qu'elle le veuille ou non, Mello s'opposerait, par la force si il le faut, à ce qu'elle "fasse son possible pour se rendre utile à la rébellion" au péril de sa vie.

"Ishtar...je t'en pris !"

Des frissons parcourait le corps de sa rescapée, elle ne le regardait même pas, lui qui était prêt à tout pour elle. Depuis cinq minutes, elle avait adopté la manie la plus insupportable qu'il soit : tortillant une mèche de ses longs cheveux noirs, elle lui rappelait quelqu'un d'encore plus méprisable que la manie elle-même. Et en plus, cerise sur le gâteau (au chocolat), elle fuyait son regard.
C'était trop lourd, cette ambiance. Ne pas pouvoir l'étreindre au point de l'écraser entre ses bras était déjà une infâme restriction. Malgré la colère qu'il éprouvait à son égard, sa poupée étant blessée, il se retenait depuis le début de lui sauter dessus.  
Fermement mais calmement, il pris le menton d'Ishtar et orienta son visage face au sien. Il ne pu se retenir de s'en approcher, pour sentir son souffle, son odeur. Ce parfum à la fois doux et épicé qui lui manquait tant...

"Regarde-moi, c'est la moindre des choses."

Il s'était un peu calmé, en quelque sorte. Sa présence l'excitait, elle réveillait en lui une rage positive, endormie depuis sa désertion.
Aimer. Cela promettait de devenir sa plus grande faiblesse...
L'embrasser. Maintenant. Parce qu'il y a des envies qui se manifestent si spontanément qu'on ne peut pas les raisonner, ni même les interpréter.

"J'ai essayé de te détester, de me soustraire à mes sentiments. Je pensais que tu me reviendrais toujours car tu m'étais redevable, c'est moi qui t'es libéré, mais tel un serpent tu m'as empoisonné, puis tu m'as filé entre les doigts..."

Il s'approcha encore, voulu mêler ses lèvres aux siennes, mais ils ne s'exécuta pas. Rares étaient les instants où il était capable de se confesser calmement. La patience n'était pas son fort, mais résister à la tentation était envisageable à présent : le visage d'Ishtar maintenu entre ses mains, il pouvait allonger son discours sans craindre qu'elle ne s'échappe.
En tout cas, pas avant de lui avoir donné au moins un baiser... et elle allait devoir courir très vite. Elle n'avait pas le droit de le quitter. Surtout, elle n'avait aucune raison valable de le faire dans l'immédiat.    

"...et ce poison... ce poison n'a pas de remède. Je ne réussis pas à oublié qui je suis, Mello, Mihael Keehl, mais peu importe mon nom, peu importe ce que l'on voit derrière mon nom. Celui qui le porte est le seul à voir la vérité. La vérité tu la connais Ishtar... Tu m'as empoisonné avec ton amour, et c'est clair, je l'ai cherché... mais... je t'aime, et à force de lutter contre cette idée, j'ai fini par comprendre que ma vie sans toi était passée, et que je suis condamné à vivre avec ce poison dans le sang, ton visage dans mon esprit et ton esprit dans mon coeur...indéfiniment."


Sans reprendre son souffle, il avala la dernière syllabe de sa tirade et céda à ses ardeurs. Au contact de ses lèvres, tous ses sens s'exaltèrent.
Il se sentait bien, mais perdu, comme si il découvrait ces lèvres pour la toute première fois.

Il y avait de la tension dans l'air, ce genre de tension dévoratrice qui exalte tout votre corps, le rendant brûlant, incendiaire. Mello semblait totalement désespéré. Il avait prit son visage entre ses mains, il avait rapproché ses lèvres des siennes. Elle savait ce qu'il désirait ardemment. Son coeur battait la chamade. Elle avait l'impression de partir une dizaine d'années en arrière, lorsque Mello l'avait libéré. Jamais il n'avait voulu connaître les détails de son existence en tant que prostituée. Sans doute par pudeur, par crainte, par rage. Elle ne lui posait pas tant de question sur sa vie à la Wammy's House. C'est comme si tout cela n'existait plus, et qu'il n'y avait qu'eux, la rébellion, et Kira. Sans lui elle serait sans doute morte, ou détruite à vie. Maintenant il fallait le faire chuter, faire tomber ce faux dieu de son piédestal. Elle humait le parfum de Mello au creux de son cou, elle plongeait ses yeux dans son regard azur qui lui avait tant manqué. Il encerclait son corps pour l'empêcher de s'enfuir. Elle n'avait pas envie de s'enfuir.
Puis il lui dit ces mots.

Lui, Mello, la forte tête, l'homme fort et impulsif, celui qui était capable de tuer dix gardes à la seconde, lui révélait ses sentiments, de manière claire et limpide. S'il lui avait sous entendu une fois dans leur vie, jamais il ne lui avait dit "je t'aime" durant toutes ces années. Elle sentie les larmes perler sur ses joues, comme une cascade d'émotions enfouies depuis des millénaires, qui pour la première fois éclatait au grand jour. Elle eut envie de chanter, danser, de se rouler par terre, mais elle n'en fit rien. Elle était figée dans son étreinte, qui se transforma en baiser brûlant et salé.

"Mell..."

Elle ne put dire grande chose tant leurs lèvres se croisaient avec passion. Elle ne put que l'enlacer, rapprochant son corps du sien, sa peau ardente touchant pleinement la sienne, sans retenue. Toutes ces années ou elle avait cru que son amour était à sens unique. Ces années à se dire qu'elle n'était qu'un pion parmi tant d'autres, ou un objet, une poupée. Elle se sentait vivre réellement à ce contact. Elle avait presque envie de laisser parler l'Eros qui sommeillait en elle, la Vénus maudite en ce lieu confiné, mais la douleur de sa plaie la ramena à la raison. Cela ne serait pas raisonnable, Yumi ayant prit soin de la recoudre avec attention. Mais elle aimerait le garder dans ses bras pendant une éternité, sans bouger, juste lui, serré contre elle, dans un espace temps lointain. A la fin du baiser, elle le regarda, timide. Ses joues étaient écarlates, tellement elle avait peur de lui sortir ces mots presque honnis. Alors elle approcha ses lèvres de ses oreilles et lui susurra

"Je...Je t'aime moi aussi"

Jamais il ne s'était senti aussi libre que durant ce baiser passionnel.
Les jours précédents, la déchéance de ce monde occupait son esprit sans relâche. Funeste monde de haine, de violence, de faiblesse, avec sur le devant de la scène un semblant d'harmonie et dans les coulisses, le crime errant.
Mello ne vivait plus pour respirer, ce monde puait tellement... et lorsqu'il parvenait à trouver du souffle, il respirait pour se battre. La vie était une guerre quotidienne, , sans progrès et sans avenir.
On s'enrôlait dans une guerre d'anéantissement où capitulation signifiait cession du pouvoir à Kira, don de la justice humaine à un seul anti-héros indigne, cupide, un monstre qui se voyait Dieu. En conséquence, poser les armes était loin d'être envisageable.

A cet instant, Mello n'en avait plus rien à foutre, vraiment, de cet enfer interminable. Il avait eu ce qu'il voulait.
Là, à cet instant si précieux, il aurait appuyé sur pause, si seulement ce monde bordélique grouillant de parasites tous plus incultes et inutiles les uns que les autres avait su découvrir et légaliser cette possibilité.
A cet instant de bien être incomparable, une idée se forgeait, amorcée par cette question dont il n'avait qu'une envie, ignorer la réponse : pourquoi aurait-il risquer à nouveau de s'éloigner de cette plénitude ?

" Alors...très bien... Je refuse d'avoir à craindre qu'on se perde. J'ai conscience de ne pas avoir été clément avec toi, depuis notre rencontre, depuis toujours. Ishtar, à vrai dire...je n'ai plus envie de te regarder prendre des risques, d'attendre... de te faire confiance. Il est probable que je ne sois plus assez fort pour rester passif face à tout ce qui te concerne. Mais pour autant, tu l'as bien compris, je n'ai pas envie de te contraindre à me suivre et à m'écouter. Enfin... si tu joues avec le feu, je ne me priverai pas d'intervenir. J'aimerais tellement..."


Allumer son 4x4 et rouler, rouler, fuir les enfers, se construire un paradis, juste toi et moi, juste Ishtar et Mello. Juste pour oublier que ce monde nous a détruit tous les deux et qu'il considérera son oeuvre achevée, son crime accomplit, seulement après que nos coeurs se soient tus.

Partir maintenant. Il n'y avait rien qui puisse l'en empêcher, sauf Matt. Même si caché derrière son PC, ce dernier risquait moins gros que son boss tout en accomplissant des actes de grande envergure, Mello ne l'aurait pas abandonné. Mello n'abandonnerait pas son fidèle ami, meilleur coéquipier et frère de coeur, il en était clairement incapable.

"...tellement que tu m'appartiennes, que tu veuilles m'appartenir, que tu saches te raisonner et aussi... je voudrais que tu arrêtes les conneries, tout simplement."

Sur ces paroles, il esquissa un sourire faussement insouciant. Allait-elle adhérer ? Si c'était le cas, il ne se faisait pas d'illusions : loin d'être une femme facile à soumettre et à convaincre, son engagement ne ferait pas long feu... peut être qu'elle ne tiendrait même pas une nuit, et cette rage de descendre Kira par tous les moyens possibles ne s'éteindrait pas.
Disant cela, il savait parfaitement qu'elle ne lui appartiendrait pas, du moins jamais entièrement. Car dans son sang coulait un poison autre que celui qui enivrait Mello; un poison mortel par son influence sur le comportement, et que le blond connaissait bien aussi. Un poison qui, absorbant toutes les limites de la conscience humaine, poussait la furie à danser avec la foudre, à oublier qu'elle n'était qu'une âme pure face à une masse d'âmes sombres.

"On va rentrer au QG. Crois-moi, j'ai un besoin immédiat de t'embarquer sur une île déserte et d'oublier cette putain de société cauchemardesque. Mais là, tout de suite, je ne peux pas. Et puis, avec seulement une demi-tablette de chocolat, il y a des chances pour que je devienne insupportable, et toi...tes furies, tu ne les abandonnerais pas, pour rien au monde, même pas pour disparaître avec moi. C'est vrai, hmm? Je ne suis pas si naïf que ça, tu vois..."

Par cela, Mello sous-entendait qu'il n'y aurait plus de secrets entre eux-deux : certes, elle ne l'avait pas berné parce qu'elle le haïssait; elle l'avait fait pour jouir d'une liberté totale, mais cette liberté était sujette à un danger beaucoup trop élevé au goût de Mello.
Sur ces mots, il mit son véhicule en marche, sans se presser, hésitant à suivre son plan délirant mais pourtant si idyllique...

Lui appartenir. Elle avait du mal avec ce mot. Elle n'était pas un objet. Mais elle savait que pour Mello, cela voulait dire "être avec lui". Sa possessivité n'était plus à prouver, elle pensait sérieusement qu'il battait tous les records dans ce domaine. Sa Ishtar, Son Matt, Sa tablette de chocolat, Son QG. C'était presque comme si il allait lui appliqué un sceau sur l'épaule, à son initial. Elle voulait être avec lui, mais il devait comprendre qu'elle ne pouvait devenir du jour au lendemain une jeune femme soumise et passive. D'ailleurs lui même ne le voudrait pas, si il l'aime, c'est bien pour sa force de caractère et son tempérament libre. Elle comprenait au fond son mal être. Pendant deux ans, elle n'a cessé de mettre sa vie en péril, tout cela pour contrecarré les plans de Kira. Elle avait même essayé de mettre fin à ses jours. Elle aussi, elle aspirait à la tranquillité, mais l'indienne savait que trop bien que ce mot n'était pas compatible avec leur condition. Ils étaient les seuls remparts face à Kira. La population ne pouvait pas faire grande chose, une partie étant soumise béatement à ce dieu, l'autre partie attendant patiemment que cela change. Les gens étaient murés dans la crainte ou dans la vénération. Certains même s'en contre fichaient et trouvaient des avantages à la dictature, sans pour autant prendre partie pour l'un ou l'autre camps.

"Je resterai avec toi, Mell. Je vais essayer...de ne plus me mettre en danger. Mais ce n'est pas facile..."

Elle ne se voyait pas enfermée dans un QG, à lambiner dans les bras du blondinet en regardant les autres élaborer des plans d'attaque, comme les prostituées du QG qui la toisaient d'un air méprisant, elle qui s'était libérée du joug de ses proxénètes grâce à Mello. Elle ne comprenaient pas pourquoi ces filles là s'obstinaient dans leur captivité et leur passivité. Les furies étaient souvent en "guerre" contre elles, surement étaient-elles jalouses de leur conditions de femmes libres...Non, elle voulait être un élément actif et faire changer les choses.

"Une île déserte? Cela serait intéressant, j'irai bien à Bora Bora... Mais en effet, j'emmènerai bien les filles, et Maelys aussi..."

Maelys, sa chère petite. Elle se sentit mal en pensant à elle. Peut être croyait elle sa mère adoptive morte? Elle imaginait la joie de la prendre dans ses bras à nouveau. Maelys était pour elle le rayon de soleil dans ce monde sombre. La petite représentait à ses yeux l'avenir, et peut être qu'un jour ils auront une maison, Mello, Maelys et elle. Peut être qu'un jour le blondinet la considérera comme sa fille, qui sait. Il démarra à nouveau le 4x4. Aranel se demandait parfois comment il trouvait de tels engins aussi facilement. Il était vrai qu'il était le chef de la mafia, mais avec Kira qui contrôlait absolument tout, cela devait être plus périlleux. Ils se dirigeaient au QG, ou elle imaginait les furies en train de l'attendre, peut être prévenues par Mello, Maelys en train de courir dans les couloirs, impatiente. Mais elle avait un pressentiment. Mello était capable de tout, qu'allait il trouver pour la garder près de lui?

"Je resterai avec toi, Mell. Je vais essayer...de ne plus me mettre en danger. Mais ce n'est pas facile..."

Je te l'accorde, ce n'est pas facile. Rien n'est facile. C'est la merde. Moi qui aie l'habitude de tout prévoir et d'avoir 2 trains d'avance minimum sur le monde entier, et bien actuellement, je subis un amas de difficultés toutes plus tenaces et incalculables les unes que les autres. Comme par exemple...

"... J'ai plus confiance. Ishtar, on vit dans un monde où les individus changent sans cesse, soumis à la fatalité et à l'influence des autres, mauvaise influence bien trop souvent, et toi... toi tu es dans ce monde, une ombre... un corps parmi d'autre..."

Il n'avait pas fini, mais les mots ne venaient plus. Tout se mélangeait, un tout sans signification, un tout abrutissant de pensées bien trop désinvoltes.  

Si tu n'es pas Kira, qui que tu sois, tu restes insignifiant et sous contrôle. Même les ministres, même tout ceux qui approuvent la dictature, ils peuvent changer... mais je veux dire en clair que ce qui ne change jamais, pour qui que ce soit, c'est la possibilité imminente de mourir. Parce qu'on ne connait pas Kira, on sait juste qu'il est une ombre comme nous tous, et de ce fait, personne ne doit lui faire confiance. Mais si les convictions absurdes et faciles de certains, de ceux qui suivent ce monstres les amènent à croire que leur soit disant dieu les protège, et bien ils se trompent. Nul n'est plus dangereux que l'inconnu. Et le connu, le reconnu, celui qu'on croit connaître par coeur peut subitement trouver des raisons de nous faire faut bon. Tu vois pourquoi il m'est impossible de valider tes paroles ?

En venir au plus simple.
Evidemment, ce n'était pas son style. Pourquoi fallait-il qu'il se censure, en s'adressant à Ishtar en plus ?
Etant donné l'état de cette dernière, c'était simplement faire preuve de bienveillance - certes improbable lorsqu'il s'agit de Mello, mais cela lui arrivait tout de même d'agir sans une arrière pensée, sans sa tendance manipulatrice habituelle - en voulant dispenser sa Ishtar d'un discours compliqué et sans doute infernal. Et qui plus est, discours outrancier, sans structure, et presque aussi long que le règne de Kira ! - qu'il fallait bien sûr écourter au plus vite, sans recourir au moindre scrupule. -
Mello soupira. Il n'était vraiment pas d'humeur à se battre aujourd'hui. Par se battre, bien sûr, il faut entendre : "rabaisser son prochain".

"...Tu pourrais mentir, t'enfuir à nouveau, je le pense sincèrement, j'en ai conscience !... Mais ma conscience, elle chante aussi, elle braille : je veux bien croire un instant que ces mots sont vrais, et qu'ils symbolisent notre alliance, basée sur une confiance réciproque, et blablabla, et autant de niaiseries propres aux contes de fées."
 
Bla, bla bla. Il n'était même pas sûr d'avoir déjà lu un conte de fée en entier. Et puis à la Wammy, ça n'existait pas les livres destinés à la gente démesurément naïve. Une île déserte... et voilà que lui, Mihael Keehl, modèle d'intelligence et de réactivité, LUI, se mettait à rêver d'un monde meilleur.
Un monde parfait. Perdre du temps à rêver alors que cette société avait tourné au cauchemar. Action ! Réaction ! Non.
Non, lui aussi il changeait. Il était une ombre comme les autres, dans ce monde immense. Non !
Ce n'était pas lui, pas ça, pas cette passivité, cette futilité qui l'égalait à tous ces moutons, à tous ces faibles, ces maudits !

Maudit soit la faiblesse ! Je suis plus fort qu'une chiée de sentiments et d'illusions. C'est d'un pathétique...

"Je ne sais plus quoi penser de toi, si bien que pour le moment, ce qu'il en ressort c'est ... c'est fatiguant, c'est tout. C'est usant, tu es sourde ou alors, tu es bornée, incapable du moindre effort pour te plier à certaines règles, je ne suis pas sûr de connaître ce que tu es en vérité... quoi qu'il en soit, si tu veux rester, tu es la bienvenue...et tu m'en vois ravi."

Il parlait d'un ton mystérieusement neutre...
A vrai dire, il avait une envie atroce de gueuler, de gueuler de toutes ses forces à sa destinataire : ISHTAAR, BORDEL ! Si on rentre au QG, tu n'en ressors plus jamais sans moi, OK ?