Winter is coming, asshole [Pv Near]

Billie était là, il a vu Billie, sa sœur, la femme à qui il a volé une vie...plus que tout, il lui a enfin révélé le secret qui lui tenait à cœur, c'est à dire que ses enfants, il ne les a pas tués. B est essoufflé, crampé. Il était terriblement ému par tout ce qu'il venait de se passer et avait envie de ne jamais s'être trouvé là. Il maudissait mentalement Illness pour l'avoir trouvé, au fond de ce cachot poussiéreux et l'avoir amené au milieu de ce groupe de résistants qu'il n'avait aucune envie de connaître. Oui, Kira s'était joué de lui, oui bien sûr. Kira l'avait amené à tuer la famille de sa propre sœur, sous-entendant qu'il ferait la même chose pour elle si il lui désobéissait, s'il commettait un faux pas.

Maintenant, Beyond Birthday, il faut que tu te calmes. Un Beyond Birthday en colère ne peut rien faire de bon, et seule Illness aime les Beyond Birthday en colère. Il faut que tu arrives à te convaincre que tu peux sortir d'ici et pour cela...que sais Kira de toi ? Bon...Il pense peut-être que tu as un lien avec Brave. Billie Brave. Des initiales BB, mais cela ne prouve en rien que vous avez des liens de sang. T'a-t-il pris du sang ? A priori non, mais on ne peut être sûr de rien avec ce connard de Yagami, il cache souvent si habilement une carte de son jeu. Donc considère qu'il sait que Billie est ta sœur... cela signifie qu'il connaît aussi ton véritable nom de famille, Brave. Que lui reste-t-il ? Le prénom ? Le temps qu'il trouve ton prénom, il pourra tout de même réfléchir assez longtemps. Ton père était peut-être un gros connard, mais il t'a doté d'un prénom assez peu courant pour qu'on n'y pense aussitôt....Qui appellerait son enfant comme ça, ça part un connard, hein ?

BB eut une respiration un peu haletante. L'action lui avait fait perdre l'habitude de penser, et pourtant, lui aussi était un petit génie, tout comme Mello, Matt, Near ou...comme L. Dire qu'il se trouvait toujours dans le quartier général de Mihael, cela lui faisait hérisser tous ces poils un par un. Il se souvenait comment était ce gamin, alors qu'il n'avait pas de poils là où il le pensait...un sale petit morveux qu'il aimait bien claquer. Et puis il était parti, allant affronter L là où était son terrain.

Une semaine. Cela faisait une semaine de plus, depuis que Matt lui avait parlé, qu'il était enfermé dans cette cellule. Grâce au geek, il avait la lumière, et miracle, quelques repas ces derniers jours. Mais toujours aucun pot de confiture à la fraise, sa chère fraise, la fraise qu'il aimait tant. B croyait bien devenir fou, certaines nuits, alors qu'il se trémoussait dans son lit de fortune, les menottes reliant ses poignets derrière son dos, ceux-ci striés de cicatrices, marques de ses efforts pour les enlever. Il avait appris à manger avec les dents, buvant en se baissant par terre. BB était devenu une bête sauvage, un homme à la tête barbouillé de bouffe, à défaut de pouvoir se laver et se voir dans un miroir pour l'enlever. Il sentait la sueur, et bien averti l'homme qui aurait pu dire que son haut était jadis blanc.

Dans cet état, aurait-il pu tuer quelqu'un ? Oh...oui, certainement...Mille et une idées de haine lui étaient passées dans sa tête, dans lesquelles, tour à tour, il tuait Mello...le torturait de mille et une façons peu enviable. Ensuite, il s'attaquait à Oz, ce connard de Oz qui avait osé le narguer...Matt aussi aurait le droit à quelques supplices, mais puisqu'il lui avait laissé la lumière, il ne le tuerait pas...non, il tuerait juste Mihael devant ses yeux parce que oui, c'était comme ça, il était fou, fou, fou, fou et personne d'autre que lui ne l'était autant. Alors B descendit lentement du lit de fortune pour tenter, une fois de plus de trouver une issue de secours. Tout en haut, il avait pu remarquer hier – mais était-ce seulement hier ? - une bouche d'aération. Il avait essayé de grimper, mais une fois de plus, à moins de se démettre l'épaule, il n'y avait pas moyen de faire quelque chose sans ses mains.

Alors il était chtarbé ? Très bien, il devait y avoir des hommes de main de l'autre con blond, derrière la porte, non ? Essayons la politesse.

B se dirigea lentement et simplement vers la porte ; sa démarche était celle d'un homme fatigué, un peu courbé mais patient, pour une fois. Pas de précipitation dans ses gestes, lorsqu'il eut atteint son objectif, il toqua juste. Trois fois.

Oui, avec sa tête.

« Puis-je ? »

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HRP:

Avoir capturé BB était en soi un exploit assez conséquent, il fallait bien le reconnaître, et comment dire, ça écorchait pas mal la tronche de notre simili-albinos préféré d’admettre que Mello savait y faire en matière de gardiennage de timbré du ciboulot. C’était comme admettre que les playmobils c’était plus marrant que les legos, total faux, le mieux, c’est d’avoir les deux, on le sait tous très bien. Mais bon, c’était pas vraiment dans le genre de Near que de tarir d’éloges le blondin pour ses bons coups de poker. C’est donc sans une once de considération qu’il se rendit à l’entrevue qu’ils avaient prévue ce jour-là, sans arrière-pensée autre que de chiper des infos pour son propre compte, de lui bouffer jusqu’à la dernière goutte de savoir sans rien laisser paraître. Il se devait d’agir en parfait petit con, comme il l’avait toujours fait, et de toujours avoir l’air d’être au courant de tout.

Sauf que ce n’était pas vraiment le cas en ce moment, et ça l’agaçait au plus haut point. Tous des incapables, ça commençait à bien faire. Donc, un peu de pêche, ça lui ferait pas de mal. Et surtout, on n’est jamais mieux servi que par soi-même, malheureusement. Near n’aimait pas se servir lui-même, il aimait à tout avoir en puzzle sur un plateau, se démerder pour tout remettre en ordre, ça c’était marrant, aller chiner les pièces, ça c’était proprement chiant. Et en plus, lui, fallait qu’il vienne discrètement. Non parce que pour pas se faire repérer avec une tignasse et une dégaine comme la sienne, en plein milieu d’un pays constitué presque exclusivement d’asiatiques aux cheveux noirs, c’était pas de la tarte. Chapeau sur la gueule et coucou monsieur qui t’amène au repaire sans que tu puisses en discerner le chemin. Tu peux pas voir dehors, interdit ça monsieur. Même si t’es tenté d’enlever ce qui entrave ta vue. Jouons fairplay chéri, tu veux ?

La discussion entre les deux génies promettait surtout d’être riche en piques et en silences d’un côté. Near avait pris la peine d’embarquer son petit avion en kit qu’il avait monté à l’aveugle dans la voiture. Qu’elle était intéressante cette hélice- pardon, BB au sous-sol tu dis ? Moyen d’aller observer ça dis-tu ? Ça devient plus marrant d’un coup. Et puis, ça ferait du bien à son ego au Near, d’être de l’autre côté des barreaux –enfin, de la porte, mais vous pigez l’idée. Deux ou trois mots échangés, par contre, le s’il te plaît tu te le carres au cul, comme d’habitude, faut pas déconner. Mais ouais, ça pouvait être marrant à voir pour les deux, et qui sait, ça pourrait servir. Pas qu’il doute de tout ce que Mello pouvait déblatérer comme conneries, mais quand même. Puis Near devait avouer que sa curiosité était piquée au maximum. C’était pas peu dire.

Les sous-sols, il avait toujours trouvé ça proprement dégueulasse, surtout pour ses petits petons de chaussettes blanches vêtus. Ouais enfin depuis le temps il avait pigé que quand on allait dehors, on faisait l’effort incommensurable de mettre des chaussures. Mais même, c’était sale. Debout devant la porte qui semblait trop lourde pour lui et ses petits bras maigrelets de gars qui a grandi trop vite, il se demandait s’il devrait se donner la peine d’ouvrir, ou si une conversation face à une porte serait suffisante. D’un autre côté, il était bien curieux de voir l’état dans lequel se trouvait BB, juste pour jubiler, un peu. Enfin, ses réflexions furent bientôt coupées par les coups sur la porte, alors qu’il faisait tourner pour une énième fois l’hélice gauche de son petit avion.

« Puis-je ? »

Cette voix. Near fronça le nez. Rien que le timbre de voix lui donnait la nausée, ça commençait bien. Enfin, le timing était plutôt pas mal, il fallait le reconnaître. Un nouveau petit coup dans l’hélice pour la faire tourner, et c’est d’une voix trainante, nasillarde et tout à fait détestable que Near répondit, les yeux rivés sur son jouet à l’air tellement plus intéressant que cette porte à la con.

« Tiens, monsieur aurait-il des doléances en plus ? Ce serait très malvenu de ta part, je suppose. »

Une once de compassion ? Que dalle. B n’était qu’un faible, s’il s’était fait chopper, enfin, c’est comme ça que ça marchait dans l’esprit du simili-albinos le plus chiant du monde. Oh, devait y avoir pire, mais laissons l’ego de Near tranquille au moins pour ce point. C’est un glorieux titre quand même, mh ?

Merde...ça fait mal, mal...et mal. Il aurait ses mains de libres qu'il se serait frappé la tête avec une grimace. Là, il ne pouvait faire que la grimace, et regarder si la porte était devenue grasse – ses cheveux l'étaient tellement qu'il aurait pu faire une marque sur n'importe quoi, à vrai dire.

À la suite de son coup, une voix retentit derrière...mettant quelques secondes pour comprendre qui parlait, BB prit le coup en pleine poire. Réalisa que cette petite voix nasillarde n'était autre que celle des Nate River...un des orphelins qu'il avait sans doute le plus sous-estimé de tous les temps. Jamais, oh non jamais B ne s'était intéressé à Near. Il avait déjà dit qu'il était un bébé, avec ses jouets, ses fichues manies, mais jamais, jamais il n'avait essayé de rechercher son quartier général, jamais il ne l'avait menacé personnellement, obsédé comme il l'était par Kira et par L. Kira parce qu'il avait découvert sa véritable identité et qu'il lui avait fait tuer sa famille, L...parce qu'il était sûr qu'il était revenu à la vie. Ressusciter ? Tu te crois dans la bible, pauvre fou ? Mais pour quelqu'un qui avait des yeux comme ceux de Beyond Birthday, la moindre histoire bizarre pouvait devenir crédible.

« Nate...River... »

B se rapprocha de la porte, suffisamment près pour pouvoir entendre ce qu'il se passait à l'extérieur si Near venait à baisser le ton. Que devenait le successeur de L ? lorsqu'il était à l'air libre, on en entendait moins parler...préparait-il un mauvais coup ? Tout cela était fortement probable, il ne savait même pas pourquoi il se trouvait dans le repère de Mello alors que celui-ci n'avait qu'une seule envie : lui démonter la gueule.

« Que fais-tu là, Near ? Je suppose que tu ne vas pas entrer...tu es trop pleutre...Tu as quelque chose à me dire, sinon, tu ne serais pas allé jusqu'ici...Oh...Near, Near, Near...Veux-tu m'utiliser comme a voulu le faire Kira ? »

Les grands de ce monde s'imaginaient, bizarrement, que s'ils parvenaient à utiliser B, le combat serait gagné. Kira voulait les noms des différents successeurs et des meurtres gratuits. Il lui avait donné la seconde chose et l'avait...cruellement regretté. Quant aux noms de Near, Mello ou encore de Matt, ils ne les avaient même pas crachés. Ce qui était à la Wammy's House restait à la Wammy's House, et B ne laisserait sûrement pas quelqu'un qui lui était extérieur se mêler de leurs affaires. Après tout, c'était à lui de les tuer...tuer...il ne pouvait pas se permettre de menacer Near pour le moment. Il était peut-être fou, mais la prison l'avait fait réfléchir...il fallait trouver un moyen de sortir où bien il ne serait plus que la moitié de lui-même, sans discussion, sans activité, ici, dans cet enfer lumineux.

B se concentra alors sur la voix de Near : c'était mieux que rien. Il se demanda aussi à quel point il avait grandi, et si le cafard qu'il connaissait avait évolué en maturité.

« Tu te doutes que si je suis ici, c'est à cause de Irma...non, Illness, je crois...ce n'est pas très confortable. Les toilettes sont cheap, mes mains sont attachées derrière le dos, ça saigne, alors c'est toujours un défi pour aller chier. Mello est cruel, tu ne trouves pas ? Hahaha...mes victimes doivent rire, là-haut...Near...entre et je te confie un secret...quelque chose que tu ne connais pas, sur quelqu'un de ton groupe.... »

Sa voix était devenue sifflante, tandis qu'il évoquait Billie et ce qu'elle cachait. Dire, avouer quelque chose comme cela à Near ne le gênait aucunement, même s'il savait que sa sœur lui en voudrait probablement...Oh...B avait juste besoin d'un appât, car il voulait Voir Near. Voir combien de temps il lui restait. Voir, l'observer, voir à quel point il avait changé. S'il était digne d'abattre Kira.

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HRP:

Cette porte était quand même frustrante pour Near, qui ne pouvait dès lors pas jubiler de l’état de Beyond Birthday, qui ne devait certainement pas être au meilleur de sa forme, dommage. Mais pour l’instant, le petit blanc-bec se trouvait bien de ce côté-là. Il préférait la compagnie de son avion. Mais l’autre tapait pile là où ça faisait mal à l’ego. L’ego de Near. La grosse faiblesse du petit génie à tête de guimauve.

« Que fais-tu là, Near ? Je suppose que tu ne vas pas entrer...tu es trop pleutre...Tu as quelque chose à me dire, sinon, tu ne serais pas allé jusqu'ici...Oh...Near, Near, Near...Veux-tu m'utiliser comme a voulu le faire Kira ? »

Ses dents grincèrent, ses doigts se resserrèrent sur l’aile gauche de l’avion en plastique bien trop coloré. Pleutre. J’t’en ficherai des pleutres. Le pire, c’est qu’il avait raison le con. Et c’est ça qui énervait Near. Qui respira une grande goulée d’air, et fit tourner son hélice. Il ne répliqua rien, laissant loisir à l’autre de partir dans une nouvelle envolée lyrique, ou pas, mais on s’en fiche. Near tendait l’oreille, écoutait attentivement. C’était sûrement la bonne solution, que de laisser l’autre parler tout seul, dans le vide plus ou moins, même si ça ne tombait pas dans l’oreille d’un sourd. Il arrêta de faire tourner l’hélice un instant, reportant son regard sur la porte.

« Joli. »

Dit-il d’un ton condescendant. Il reprit son avion par le nez, et gratta un bout de la peinture qui s’écaillait déjà. Belle camelote. Dur de savoir s’il complimentait le discours de B ou la pérennité de la peinture à jouet. Il laissa un silence s’installer, s’étirer, prenant le temps de peser le pour et le contre. Mais il n’avait plus envie de jouer les gamins capricieux. Et l’idée de voir Beyond Birthday dans un sale état suffit à peser lourd dans la balance. Il fit un signe à l’énergumène qui avait la clé. Il lui jeta à la figure. Ces manières avaient le don de l’agacer, un soupire frustré s’échappa de ses lèvres. Near ramassa les clés tombées au sol et les observa un instant avant d’insérer la bonne dans la serrure.

« Ecarte-toi. » ordonna-t-il, plus ou moins, avant d’ouvrir la porte

Near laissa les clés de l’autre côté de la porte et la referma derrière lui, l’autre gus avait donc tout loisir de surveiller le trousseau qui pendouillait de la serrure. Il jeta alors un œil qui se voulait désintéressé au criminel. Les mains occupées avec l’avion qu’il tripotait encore et toujours, il le détaillait de haut en bas, et fronçait le nez, gêné par l’odeur ambiante de la pièce. Peu lui en fallait pour être dégoûté, alors là on pouvait facilement imaginer la nausée qui lui serrait la gorge.

Near avait fait ce qu'il voulait : il avait gagné son pari, le pari initial. Il se recula, suivant ses ordres tandis qu'il voyait la porte s'ouvrir et la petite silhouette blanche entrer dans la pièce. Il n'était pas vraiment dans ses objectives de tuer Nate River : au contraire. Il désirait plutôt passer un contrat avec lui, comme il avait pu en passer un avec Kira. Ensuite, il le tuerait, comme il tuerait tout rejeton de L qui se dressait en travers de son chemin, mais cela allait de soit, il trouvait. B s'assit finalement dans le lit, lui laissant pour s'asseoir la chaise qu'avait laissée là Mail Jeevas. Il tenta également de compter le temps qu'il lui faudrait pour, très exactement, courir jusqu'à la porte, voler le trousseau de clés et s'enfuir, mais B, malgré sa folie continuait de rester quelqu'un de très censé. Il savait qu'il avait les mains menottées – il ne le savait même que trop – et il connaissait les risques à sortir de cette pièce, le principal d'entre eux n'étant pas Near, mais les gardes qui devaient possiblement se tenir non loin de cet endroit. S'il était en bonne santé physique actuellement – mais tout est relatif – il pourrait vite se retrouver dans un état fort lamentable.

Le sang avait séché autour de ses poignets, il avait envie de se gratter mais ne le pouvait pas. Oh, cette sensation était énervante, tellement énervante qu'il s'en mordait les lèvres, la pensée d'agresser Near revenant au fur et à mesure. L'avoir devant lui, c'était unique, il n'aurait pensé que pour rien au monde, le nain blanc lui aurait obéi. Finalement, Nate était devenu un parfait petit psychopathe : un type de taille plutôt normale, mais ses cernes ainsi que ses cheveux qui volaient un peu partout au dessus de sa tête savait peur. Beyond Birthday ne savait absolument pas comment il était entré ici sans que Mello ne l'ait immédiatement descendu. Le blondin ne voulait-il pas l'interroger en personne ? Il n'avait encore révélé à quiconque l'odieux contrat passé avec Kira...et ne le révélerait sans doute pas : ils n'avaient pas à le savoir.

« Ha...on dirait que je vais devoir tenir ma parole, palsambleu. »

Il n'aimait pas Nate. Il le détestait. Peut-être parce qu'il avait l'impression d'être un incorrigible bavard lorsqu'il lui parlait. Sans doute parce que le « génie » se foutait ouvertement de sa gueule. Un de ces jours, il ne pourrait se retenir de lui sauter dessus ; pour le moment, il se retenait avec difficulté, lui faisant un sourire tordu comme il en avait l'habitude. Penser à Billie, penser à n'importe qui mais pas à ce type qui...ne valait rien. Pendant une seconde, il essaya de se mettre à la place de Near et d'imaginer ce qu'il devait ressentir en le voyant, lui, ce grand échalas tout pâle, les cheveux mal coiffés et puants. Tous les prisonniers de Mello avaient-ils cette allure ? Une seconde plus tard, il cessa d'imaginer quoique ce soit, se disant que cela valait mieux pour sa santé mentale déjà vacillante.

« Tes cheveux...ta peau. J'avais oublié à quel point tu étais laid, Nate River. Et alors, tu fais quoi, en ces temps de crise ? Parce que moi, j'ai entendu que tu ne servais pas à grand chose. Au contraire même... »

Son sourire se creusa pour devenir de plus en plus tordu. Il regarda le jouet de Near avec envie, se rappelant la douceur au toucher de la confiture de fraises, de son goût caractéristique, des gros morceaux, des petits morceaux.

« Il paraît que tu es le nouveau L. Pardonne-moi, mais je ne pense pas pouvoir devenir ton sosie...Blanc...si blanc. Tu me débectes. Tu prends des repas normaux, parfois ? Avec Billie, peut-être ? Oh oui, Billie...je devais te parler de Billie...Billie Brave...tu la connais, hein...Tu lui fais confiance, hein ? J'aime ses initiales, tu sais ? »

Il laissa le mystère planer là, insondable. Near n'était pas trop idiot, il comprendrait donc rapidement qu'il y avait un rapport entre lui et Billie. B n'avait rien à perdre dans cette affaire, Billie aurait sûrement été fâchée, par contre.

« Un, deux, trois...trois p'tits chats...Hahahaa !!! »

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Near se reprocha un instant d’avoir refermé si promptement la porte. L’atmosphère pesante de la cellule lui collait des sueurs froides, le genre désagréable qui donne envie de se tortiller pour se frotter le dos dans ses endroits durs à atteindre, et donc d’avoir l’air passablement con en plus de se tordre les bras. Mais Near pouvait aisément résister à ce genre d’envies, c’était quelque chose dont il se félicitait volontiers. Et l’envie pressante de passer B au karcher aussi le titillait. Mais il n’avait pas de karcher, ça aidait. Il ne lui fit pas le plaisir de se boucher le nez et de montrer son inconfort. Il préférait le fixer droit dans les yeux, les mains s’affairant toujours sur l’avion. Il se mordillait l’intérieur de la joue en réfléchissant à toute allure. Les mots de B résonnèrent comme lointains dans son cerveau tournant à plein régime. Si c’était physiquement possible, une fumée blanche s’échapperait de l’usine à gaz de son crâne par les oreilles, mais il fallait se contenter de son air de débile qui fixerait un nouveau jouet.

« Bien essayé, la provocation, tout ça. Dommage que je ne sois pas Mello, je me serais emporté et me serais mis à t’exposer tout ce que je faisais pour te prouver que tu as tort. Hors, je vais me taire et accepter le compliment quant à ma laideur, c’est très travaillé comme image. » dit-il d’une voix morne

Il gratta avec plus d’ardeur le rouge de son avion, essayant fébrilement et inconsciemment de rendre au plastique son gris-blanc fade d’avant l’étape de décoration du jouet. Il ne goûtait pas tellement les propos de B, il lui semblait qu’il tournait autour du pot, comme une de ces cartes au trésor à la con où on doit passer par 5755545 étapes différentes alors qu’une ligne droite tracée aurait été plus simple. Near avait la patience de passer par ces 5755545 étapes, mais pas quand on tentait de le mener par le bout du nez. Mais, sachant le potentiel de dangerosité de B, et l’effroi qu’il lui inspirait, lui et sa fascination morbide pour le rouge, cette couleur maudite, Near préférait se laisser mener jusqu’au point qu’il estimerait suffisant.

« Je préférerais en effet que tu t’abstienne de me ressembler, c’est ennuyeux comme schéma. Enfin, je suppose que mes repas sont plus riches que les tiens. » susurra-t-il, un sourire hypocrite et exécrable se dessinant sur son visage

Là, il se foutait ouvertement de sa gueule. Ce n’était que justice ? Peut-être. A vrai dire, ses ongles souillés de peinture rouge, il risqua un pas en avant, dédaignant la chaise, il était déjà suffisamment petit debout. Il faisait bien sûr le lien que B faisait entre lui et Billie. A vrai dire, la coïncidence l’avait frappé à l’évocation même du nom. Il n’avait jamais accordée plus d’une pensée à Billie, la reléguant, comme toutes les autres femmes qu’il avait connues de près ou de loin, au second plan, ou même au troisième. Mais l’intérêt était éveillé, et la lueur avide au fond de son œil était le seul indice du soudain regain d’entrain du simili-albinos, qui prêtait plus d’attention que jamais à l’autre en face. S’il écoutait son instinct primaire, il partirait sur-le-champ, mais la soif d’informations avait toujours été plus forte.

« Billie Brave. Jolies initiales en effet, linéaires. Courantes, peut-être. Ça me rappelle quelqu’un, tiens. Y serait-elle liée plus que de raison ? »

Question rhétorique. Bien sûr qu’elle y était liée. Sinon B ne l’aurait pas évoquée. Il n’était pas aussi idiot qu’il en avait l’air. Enfin, il n’avait pas l’air idiot, il avait l’air fou, les fous n’étaient-ils pas souvent des génies ? Near était bien placé pour le savoir. Et c’est en regardant ses ongles qu’il entonna à la suite, presque dans un murmure.

« Trois vilains petits fripons. »

B était là, complètement immobile, ne respirant presque pas. Il en avait volontairement trop dit et il savait comment Billie Brave allait répondre à cette trahison. C'en était une, en effet. Belzebuth avait dit à un être vivant – qu'il honnissait – un secret familial. À partir de ce stade, il pouvait être sûr que ledit secret n'en serait plus vraiment un, mais cela, il l'avait prévu. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fait cela, Beyond Birthday ? Avait-il envisagé qu'un jour, il ne serait plus vraiment humain et serait une sorte de loque humaine, pas vraiment bonne à être traînée dehors, à être présentée au public et surtout à aimer. Billie aimait-elle toujours son frère ? Espérait-elle toujours qu'un jour, Beyond Birthday redeviendrait aussi candide que le petit garçon qu'il avait été dans son enfance ? Que sa haine de L cesserait et qu'il cesserait d'avoir un comportement complètement bestial, si bipolaire. Ainsi était B. Froid, splendide. Intelligent, certainement, un de ces criminels entraînés dans un régime de détectives. Qui connaissait tout de leur manière de penser et d'évoluer.

Near n'avait pas grandi. Mello, lui, l'aurait explosé, le blanc avait raison. À propos de Mello, il était étonné que celui-ci ne se soit pas montré devant lui. Sans doute voulait-il préserver l'intégralité de ses nerfs, et c'était donc pour cela qu'il ne s'était pas pointé. B rit, tout seul. Near n'avait pas grandi, donc. Il était l'archétype de l'enfant autiste qui ne bougeait pas tellement. Oh, B ne doutait pas qu'il était devenu plus intelligent : il avait forcément lu, étudié, pendant l'avènement de Kira. Quelqu'un comme Near ne reste pas dans un coin sans rien faire, c'était purement et simplement impossible. Il avait dû devenir encore plus névrosé qu'il ne l'était auparavant, l'exemple le plus stéréotypé d'enfant déformé pour en faire un simili de L...s'il avait les mains détachées, là, il le tuerait.

« Je croyais que tu ne mangeais que des légos. Honte à moi de m'être trompé mais...sur ce point, tu as raison. Les animaux refuseraient la nourriture que je subis. »

B avait conscience de la provocation de Near, mais il n'était pas assez bête pour faire fuir le seul être humain – à part lui-même – qui lui adressait la parole depuis quelques semaines. Le seul être humain intelligent, précisons, car ceux qui lui apportaient son repas ne pouvaient pas vraiment être classés dans cette catégorie. Il était drôle de voir à quel point la prison et la quasi-absence de lumière peuvent faire changer un homme. Des études montrent que l'être humain ne peut survivre plus de quelques journées dans une obscurité des plus parfaites. Ici, un homme normal serait devenu fou, si B ne l'était pas déjà, le changement aurait sans doute était beaucoup plus radical.

« Bien sûr, tu le sais. Je n'aurais pas précisé son nom, sinon. Qu'il est agréable de discuter avec un autre cerveau...tu n'as pas à t'abaisser à expliquer ça, ou si. Billie est ma sœur, et seul Matt le sait, en plus de toi, maintenant. Tu comprendras que je n'ai pas envie que cette rumeur se répande...mais je me venge un peu puisque j'ai récemment appris qu'elle faisait partie de ton groupe. »

Il était là, assis sur ce lit de fortune. La cellule était désespérément petite, et vu l'irrégularité des repas, il se demandait si, parfois, on ne l'oubliait pas un peu ici. De son réveil lors de cette réunion des chefs à ici, il n'avait que des vagues souvenirs, à part d'avoir essayé, sans succès, de craquer ses os pour passer à travers les menottes. Il se rappelait des têtes présentes, ce jour-là : de Near, dans un coin, de Mello et Matt, de Illness, bien sûr, il avait d'ailleurs réprimé un violent vomissement à la vue de cette personne, puis de cet étrange homme auquel il était sûr de s'être confronté lors de son emprisonnement chez les pro-Kiras.

Il n'était pas censé savoir qui était Hadès : après tout, il avait grandi dans le même lieu que les actuels chefs de la résistance, mais n'était pas censé savoir que l'un d'entre eux n'était pas de la Wammy's House.

« Le rouquin....là-bas, je veux dire. Qui est-il ? Selon mes déductions, 90 % que ce soit Hadès, mais son nom...c'était le même, il me semble, que celui du ministre de la justice. Alors 60 % de chances pour que vous soyez en train de vous faire couillonner, tu ne penses pas ? »

B restait là, à lui sourire, si la chose qui était ancrée sur son visage pouvait seulement s'appeler un sourire. Sa tête penchait sur le côté, parfois, il était en train de penser : il pensait, pensait à cette partie d'échec qu'il avait en ce moment en commun avec Near. La vie, la vie en était une, et il venait de lui sacrifier son cavalier. Billie garderait-elle sa place auprès de lui après ce qu'il lui avait dit ?

« Mais je sais aussi que tu n'es pas que venu pour cela, Nate...Parlons un peu de ce que tu veux vraiment. Parlons de Kira. Alors, tu as des preuves ? Ou tu viens me voir car ma figure te rappelle un fantôme du passé ? »

» Inside the winter storm { Mello ♥