Comprendre... Vous n'avez que ce mot-là dans la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. { Antigone

Apollo se dépêcha de retourner chez elle. Son appartement avait de plus en plus l'air d'un dépotoir et c'était pour cela qu'elle y mettait de moins en moins les pieds. Les cartons étaient presque pleins et elle avait discuté en ligne, en canal crypté, avec Billie Brave pour envisager un possible déménagement chez elle. À ce qu'elle avait compris, Billie travaillait plus ou moins, et surtout, elle hébergeait une jeune fille dans sa maison, qui était Noriko sur le forum. Apollo n'avait aucune idée de sa réelle identité, et elle n'aurait pu en avoir aucune, étant donné qu'elle était certaine, de son point de vue, que Sayu Yagami était morte. Elle avait donc accepté le fait de ne pas être seule avec Billie, et lui avait laissé également certaines informations sur elle, comme son réel nom et le fait qu'elle était une femme, contrairement à tout ce qu'elle laissait sous-entendre sur le forum des hackers, en ne laissant trace d'aucune marque de genre.

« Salut, Yamashiro-san. Tu pourras t'occuper de mon appartement, quand je partirai, s'il te plaît ? Il doit rapidement être re-louer. », dit-elle au gardien de la résidence lorsqu'elle arriva à proximité de celle-ci. La jeune femme partit et ouvrit la porte – celle-ci n'avait même plus besoin d'un code ou d'un objet pour la déverrouiller tellement l'immeuble et le comité était en manque d'argent. La peinture tombait des murs, les poubelles étaient pleines à ras bord car les éboueurs n'osaient pas toujours passer dans ce quartier des plus sensible, les murs étaient tagués de vives couleurs.

Contrairement à ce que vous auriez pu penser, Apollo aimait tout cela : elle se sentait chez elle, dans un petit appartement, même s'il fermait mal et qu'il était mal isolé. C'était tout de même mieux que tous les abris sans toit dans lesquels elle avait pu vivre en Grèce, même si un type richissime aurait certainement qualifié la résidence de poubelle ambulante. Elle trouvait un certain charme aux échanges de drogue et aux bagarres de clans pour les filles. Elle regardait les gamins d'un œil indulgent, et si elle-même venait à avoir des problèmes, avec ses compétences en bagarre, elle finissait toujours par s'en sortir. Dafne tenait un énorme paquet dans ses bras, probablement un bout d'ordinateur qu'elle avait trouvé dans une décharge ou au bord de la rue et qu'elle avait l'intention de nettoyer et réparer, pièce par pièce. Les citoyens de Tokyô jetaient tous et n'importe quoi, ils ne se rendaient pas compte de la rareté des pièces et de leur importance.

Apollo grimpa courageusement les six étages qui la séparaient de son appartement. Sous ses pas, les marches grinçaient et les mille-pattes fuyaient. Elle croisa quelques gamins qui s'amusaient dans les couloirs et finit par atteindre l'appartement. À sa grande surprise, la porte était entre-ouverte ; Dafne aurait pu se méfier, aurait pu courir directement vers la sortie, mais la seule chose à laquelle elle pensa, ce fut qu'il y avait tellement de situations pour que sa porte soit ouverte, et pas ces histoires de pro-Kiras, et sa paranoïa depuis sa dernière intervention sur le forum des hackeurs...

Il y avait une petite fille sur son lit. Elle avait l'air d'être de type caucasien et elle lisait un manga, assise, tranquillement. De surprise, Apollo posa doucement le carton sur le sol, la regardant en se demandant pourquoi elle était là...Pouvait-elle être la gamine d'un de ses voisins divorcés ? Elle les connaissait à peu près tous, mais on ne savait jamais...ou alors, plus crédible...Hadès avait pu lui donner un nouveau gosse à garder le temps de régler une ou deux histoires. Elle en doutait également puisqu'elle n'avait jamais donné sa véritable adresse au chef de la résistance, et qu'elle doutait du niveau de celui-ci en informatique, pour parvenir à cette tâche ardue, surtout qu'elle se cachait sous de nombreux pare-feux.

« Et bien...tu fais quoi, là ? Tu sais que tu t'es trompée d'appartement ? Ici, c'est chez moi...La serrure ne ferme pas très bien. Enfin...tu peux rester un peu, si tu veux. Mais je n'ai rien à manger et c'est un peu le bazar, ici. »

Il y avait tellement de réponses au problème posé. Une petite fille était actuellement assise sur son lit, seule, avec un sa main nulle autre chose qu'un manga. C'est en écoutant ses informations qu'elle comprit qu'elle avait probablement dû entrer dans le seul appartement ouvert du secteur, étant donné que son père devait péter un câble. Dafne n'avait jamais eu de père, ni de personne qui aurait pu jouer ce rôle, mais elle n'était pas assez bête pour ignorer la réalité, juste en face de chez elle. Sur le pallier, dans les appartements à côté, il y avait toutes sortes de personnes, du gentil collectionneur de plantes pour faire rêver au prototype d'abruti qui devait être le père de cette fille. Souvent un alcoolique notoire, incapable d'être gentil avec ses gosses et de les éduquer correctement.

Ce n'était pas grave, elle pouvait rester ici. Elle rigola un peu quand Antigone lui répara la porte, se disant qu'il serait peut-être bon de la rouvrir, mais...ce serait fait en temps et en heure. Ils avaient tous le temps qu'il fallait pour discuter, et peut-être même se faire un thé. Dafne commençait à pousser un peu toutes les affaires qui avaient pu s'accumuler et commença à les ranger, sous le nez de la petite fille, dans les cartons près du placard. Comme nous l'avons dit un peu auparavant, Dafne préparait un déménagement. Il était donc normal qu'elle ait mis toutes ses affaires sans dessus dessous, pour savoir que garder et que mettre à la poubelle. Par exemple, le bout de câble qui traînait, elle le mit dans un gros sac poubelle, de même pour la bonne dizaine de choses qui n'avait rien à faire dans son appartement mais qu'elle avait récupéré en pensant que, peut-être, cela pouvait lui être utile.

« Désolée miss...mon appartement était vraiment mal rangé. Je ne dors pas beaucoup en ce moment, alors je n'ai pas vraiment le temps. Tu tombes mal...Tu as l'air rigolote. Tu as quel âge ? »

Les choses qui prenaient toutes la place avaient disparues de moitié, il faudrait qu'elle les mette en bas, dans le bac à ordure. Elle verrait cela quand elle descendrait, mais pour le moment, elle bougea pour ouvrir la fenêtre – l'appartement avait tendance à un peu sentir le renfermer comme tous ses petits appartements d'immeuble lorsqu'ils restent trop longtemps fermés – et s'asseoir près d'Antigone. Elle avait des cheveux bruns et un joli teint, ce qui ferait probablement d'elle une jolie fille, en grandissant. Lorsqu'elle serait chez Billie, sa chambre ferait probablement le double de ce petit appartement. Et elle pourrait faire du bricolage autant qu'elle le voulait, car c'était sa spécialité. Apollo avait vraiment hâte.

« J'ai 32 ans, et toi ? Moi, je m'appelle Dafne. C'est un prénom grec. Tu connais la Grèce ? C'est de l'autre côté de l'océan ! Je viens de là-bas. Et toi, tu es de cette ville ? ...Je suis désolée que tu sois entrée dans le bazar de mon appartement...en fait, j'étais en train de tout trier pour jeter des trucs. J'ai plein de matériel qui ne sert plus à rien et...ben...je voulais le jeter. », elle soupira, jetant un coup d'œil à la serrure. « Tu sais, c'est malin...on ne va plus pouvoir sortir, maintenant. Tu sais comment la déverrouiller maintenant, j'espère ? »

Elle tira d'un coin son ordinateur et le tendit à Antigone. De nos jours, les gamins savaient se servir de ses bécanes, alors elle n'avait pas vraiment besoin de dire à Antigone comment appuyer sur le bouton « on », surtout qu'il possédait un déverrouillage vocal et qu'elle venait de lui ordonner d'exécuter les programmes. C'était un peu poussif, mais du fait main. Le système d'exploitation était un peu bancal, aussi, un truc libre que plus grand monde n'utilisait et qu'elle avait recodé à sa sauce. Tous les fichiers étaient bien sûr effacés, ainsi que les historiques de ses connexions internet. Apollo n'était pas assez bête pour laisser sur son bureau un tutoriel pour mener ses invités au forum des hackeurs. Elle se leva, prit deux minutes pour faire un thé à son invité, la laissant jouer à sa guise sur son ordinateur et une fois que celui-ci fut près, lui emmena.

« Tiens. Tu arrives à trouver ce que tu cherchais ? »