Let's spend the night together { Hadès

La nouvelle l'a empêché de dormir toute la nuit. Il a passé plusieurs heures à se retourner, réfléchissant à l'idée qui n'arrive pas à quitter sa tête. C'est gros, il risque énormément. Pas uniquement de se faire virer du gouvernement, il pourrait mourir. Et tout le monde sait que le ministre de la santé n'est pas du genre à risquer sa vie pour n'importe quoi. Mais là, c'est différent. C'est Hadès, Akira Darkwood, le frère jumeau d'Arashi. Et Arashi, c'est son fantasme depuis son entrée au ministère. Personne ne se douterait que le jeune Anglais ferait tout et n'importe quoi pour passer une nuit avec lui, ce qui n'arrivera évidemment jamais. Non, il le cache bien. On lui a appris. Ses parents l'ont éduqué de façon à faire naître ce besoin de cacher son homosexualité. Alors vouloir se taper un de ses collègues, c'est la chose qu'il n'avouera jamais. Alors oui, depuis qu'il a appris que Hadès a encore une fois été capturé, il n'a pas pu s'empêcher de penser à ce qu'il pourrait faire.

Le marché qu'il a en tête est l'idée la plus folle au monde. La plus stupide également. Il compte bien proposer à Hadès de l'aider à se libérer. Oui, il ne va pas spécialement bien pour vouloir remettre en liberté un criminel qui devrait être exécuté directement s'il ne pouvait pas être utile. Mais il ne compte pas le libérer contre rien. Il compte bien lui demander son corps – ou plutôt une certaine partie de celui-ci – en échange. Et c'est là que l'idée est encore plus malsaine. Il trahit son gouvernement pour du sexe avec le sosie de ministre de la justice. Si Arashi l'apprend, il ne donne vraiment pas cher de sa peau. Mais plus la journée avançait, plus il se disait qu'il ne pourrait plus jamais avoir une occasion pareil. Il fallait saisir cette chance avant que quelqu'un d'autre fasse libérer le résistant, ou qu'on décide enfin de le condamner à mort. Bien sûr, il faudra négocier mais vu la réputation du rebelle, il ne doute pas que s'il parvient à ses fins, celui-ci n'ira pas raconter à tout le monde qu'il a couché avec un homme.

Il a commandé le masque immédiatement. Anonymement bien sûr. Il ne peut pas se permettre de se faire repérer quand il descendra dans la prison pour aller parler avec le prisonnier. Il a eu du mal à choisir pour finir par prendre ce qu'il lui a semblé le plus logique dans ce cas-là. Un masque d'Arashi. Personne ne trouvera bizarre que le ministre aille dans les prisons du quartier général, et encore moins pour aller à son frère. S'il s’agissait d'une autre personne, cela aurait pu poser problème mais il se doute que le rouquin doit souvent rendre visite à son jumeau. Quelques jours plus tard, la situation n'a pas réellement changé. Il se démotive, il se dit que c'est de la folie et qu'il devrait tout arrêter. Bien sûr, quand le masque arrive enfin dans sa boîte aux lettres, il n'hésite plus. Il va au travail, l'emportant dans sa mallette. Il ira aux prisons le soir même, quand il n'y aura plus grand monde dans les bureaux. Seul Nathan pourrait trouver ça bizarre de le voir faire des heures supplémentaires mais après tout, il est ministre. C'est théoriquement des choses qui arrivent régulièrement.

Il n'est pas fier quand il marche dans les couloirs un peu gris des prisons, le masque sur son visage. Il n'aime pas cet endroit, il l'a toujours trouvé presque inhumain. En tant que ministre de la santé, il aimerait pouvoir le changer un peu, le rendre plus convenable vis-à-vis du traitement des prisonniers en particulier. Mais il abandonne cette idée au fil des jours. Et il n'est pas là pour ça. S'il est venue ici, c'est pour faire ce qu'il sait faire de mieux, ne penser qu'à sa petite personne et ne pas prendre en compte les besoins des autres. Il se montre d'un égoïsme assez extraordinaire, surtout quand il s'agit de coucher avec un homme qui l'intéresse réellement. Il s'approche de la cellule qui l'intéresse. Celle d'Hadès.

« Bonsoir Hadès. – Il essaye de garder une certaine maîtrise de sa voix, ce qui n'est pas véritable réussite. Quelqu'un qui le connaît vraiment voit qu'il n'est pas totalement fier ou sûr de lui. Il tremble légèrement, lance des regards à droite et à gauche pour voir si personne n'arrive. Pourtant il continue, sa voix légèrement plus basse. – J'ai un marché à te proposer. Je pourrais te faire sortir de prison, à une condition bien sûr. »

Il a peur qu'il refuse. Bien sûr, il a préparé plusieurs arguments pour le convaincre mais il est incapable de dire si ça va être suffisant. Il n'a jamais eu à faire avec le rebelle, ce n'est pas quelque chose qui concerne son ministère. Il est donc incapable de deviner sa réaction. C'est pour ça qu'il se triture les mains, stressé par la suite des événements.

Mine de rien, les conditions d'incarcération d'Hadès, depuis la venue de Fate, s'étaient arrangées. Il avait parlé, il avait trahi ses amis et ce qu'il considérait comme sa patrie et, donc, la porte s'ouvrait bien moins souvent pour qu'il fasse face à des geôliers patibulaires et irrespectueux. Non, pour la première fois depuis le début de ces longs mois, Akira Darkwood avait pu se reposer. Dormir, penser au reste, à Mello, à Ishtar et à tout cela. Il songeait aussi longuement à son frère, et à tout ce qu'il pourrait faire pour le contrer dans le futur, si jamais il réussissait à sortir d'ici, mais ils n'y étaient pas encore. Pour la première fois de sa longue incarcération, l'homme roux commençait à reprendre espoir : il lavait sa figure dans la bassine d'eau qu'on lui remettait, tentait de communiquer avec Elliana, cette chère Ella, par morse en tapant sur le mur voisin et fermait les yeux.

Plus que cela, Hadès s'était remis progressivement au sport. Oh, ce n'était pas un sport qui lui demandait beaucoup d'espace ou beaucoup d'énergie, mais les débuts furent tout de même difficiles. Il lui rendit ses poumons et la volonté de vivre. De cinq abdominaux par jour, il passa progressivement à beaucoup plus, peut-être une cinquantaine, peut-être plus...Après tout, il avait besoin de se rééduquer, maintenant que les gardes semblaient avoir été calmés. Il n'y avait de miroir nulle part et lui-même avait du mal à y voir clair, mais il sentait ses muscles, son tonus revenir. Pour la première fois, Hadès redevenait lui-même...en silence. Il se prenait même envie à vouloir des femmes, peut-être Fate, mais également cette chère Cliodna qui lui avait gentiment fait du pied par email, et avec qui il avait joyeusement saccagé le bureau de son frère, lorsqu'il se faisait passer pour lui.

La seule chose qui lui manquait, assurément, c'était sa famille et le fait de l'avoir trahie. Les informations révélées à Arashi n'étaient pas d'une importance primordiale, dans le sens qu'elles ne lui permettraient pas de localiser les rebelles concernés, mais elles lui donnaient tout de même accès à des informations qu'il n'était censé avoir. Il avait vu le regard dégoûté d'Elliana, cet air déçu et, plus que jamais, avait des doutes sur le fait d'être toujours le bienvenue dans les bas-fonds. Mello?Tous les deux avaient été prêts à s’entre-tuer dès le début, mais cela n'avait rien à voir ; alors Ishtar ? Pourquoi pas Ishtar. Il savait qu'elle évoluait au milieu de filles d'un genre plutôt spécial. Dernièrement, certaines d'entre elles avaient été capturées par les pro-Kiras et ils n'en avaient toujours aucune nouvelle. Akira ne voulait pas le lui souffler, mais il craignait que leur sort ne soit guère enviable à celui d'Akis Akihiro.

« Qui ? »

Le système de fermeture de sa porte se déclencha alors qu'il était en train de faire le poirier sur un bras. Surpris, Hadès retomba aussitôt, puis se rattrapa agilement grâce à un saut avant de s'asseoir sur le lit. Ils semblaient tous l'avoir oublié et voilà que quelqu'un venait...Les yeux d'Akira, choqués par la luminosité, eurent du mal à s'habituer à ce nouveau visage...Celui de son frère ?

Un léger rire s'échappa de la bouche du cadet. Un peu de folie mélangée à une éventuelle joie de voir ce personnage. Ce n'est que lorsqu'il le scruta avec plus d'attention qu'il constata que quelque chose ne collait pas...quelque chose de parfait, mais qui semblait un peu plastique...un peu trop plastique. C'était difficile à expliquer, parce que n'importe qui se serait fait avoir par ces légers détails, mais à lui, c'était son frère jumeau et son reflet. Il l'aurait reconnu n'importe où, et si quelqu'un avait pris son apparence, il aurait reconnu un faux à cent mètres. Les cheveux roux de l'intrus étaient détachés, ses yeux bleus le fixaient comme s'il était un morceau de viande.

« Toi. Tu sais, tu peux peut-être tromper les Bozos le clown, mais Arashi fait dix centimètres de moins que toi. Ses cheveux sont moins crépus, et surtout, il n'a pas ta voix. Tout cela ne me dit pas qui tu es, mais je ne suis pas assez idiot pour ne pas penser qu'il ne s'agit pas d'une aubaine divine. Quel marché ? », dit Hadès, presque en rigolant, le fixant avec assurance.

« Si tu as un marché, j'ai également une condition : la prisonnière d'à côté, elle a à peine 17 ans. Je veux que tu la sortes d'ici...C'est tout. Je suis prêt à tout accepter, je crois que je n'ai plus rien à perdre. »

Il le fixait avec un sérieux qu'il n'avait jamais eu avant.

« Fusses-tu Faust, j'ai passé trop de temps dans cet endroit sordide. Aide-moi. »

Il regarde presque étonné le rebelle qu'il ne s'attendait pas à le voir dans cet état. Il ne ressemble pas totalement à un cadavre, il semble avoir quelques forces. À croire que les conditions de détention des prisonniers politiques se sont un minimum améliorées. Au fond de lui, il n'y croit pas réellement. Ce serait trop bien. Il suspecte que la raison de ce soudain changement soit liée au fait qu'il est le jumeau d'Arashi. C'est pour cette raison qu'il aura quand même une petite conversation, tout ce qu'il y a de plus professionnelle, avec le ministre de la justice. Pour une fois, Nathan pourrait être fier de lui, il fera au moins son rôle de ministre de la santé. Et puis, il est question de la protection du gouvernement. Si les journalistes du Cavalier Noir s'emparent de ça, le travail qu'il y aura à faire pour taire les foules mécontentes risque d'être énorme.

Il ne paraît pas choqué quand Hadès lui affirme qu'il n'est pas son frère. Se faire passer pour son jumeau était osé, mais ça suffit pour ne pas être ennuyé au niveau des caméras de surveillance. Et puis, qui irait croire que le ministre qui passe le moins de temps au QG reviendrait en douce la nuit pour se balader dans les prisons ? Il fait quelques pas pour s'asseoir à côté du rebelle sur le lit. Pas très propre tout ça. Enfin bon, déjà il y a un lit, il ne faut pas se plaindre.

« La petite Ella c'est ça ? J'allais justement te le proposer. – Il comptait en faire son moyen de pression. Ce n'est pas très beau, ça le met immédiatement dans la catégorie des monstres, des gens qui profitent du malheur des autres pour parvenir à leurs fins. Mais Arthur n'a jamais nié qu'il était comme ça, c'est son éducation qui le veut. – Horrible n'est-ce pas ? Elle est si jeune en plus. Je dois d'ailleurs aller engueuler ton frère pour ça. »

Engueuler Arashi, façon de parler. Il tient à sa vie quand même. Mais bon, il faut parfois qu'il se bouge. Il ne peut pas toujours envoyer Scotty faire les sales besognes. Il le regarde attentivement pour voir si ça en vaut vraiment la peine. Il n'est pas encore trop tard pour partir. Il peut se contenter de faire libérer Ella parce que la présence d'une rebelle de dix-sept ans ne doit pas avoir beaucoup d'intérêt. Il n'a qu'à laisser Hadès en prison. Le jumeau du ministre n'aura qu'à attendre que son frère décide quoi faire de lui.

« Alors c'est simple. Tu sors, elle sort. Et en échange, la seule chose que tu as à faire, c'est coucher avec moi. »

Il s'est toujours préservé. Il a fait en sorte de donner une image de lui qui n'était pas ressemblante à celle des autres ministres. Nathan est un malade bon pour l'asile, Arashi et Iwa ont une réputation qui leur donne une place dans le Top 10 des criminels que publie le Cavalier Noir. Lui était le ministre normal, glandeur certes, mais qui n'avait pas de lubie malsaine. Maintenant c'est trop tard.

« Marché conclu ? »

Il lui tend la main, afin de pouvoir serré celle d'Hadès. Geste ridicule qu'il a toujours vu son père faire lors des repas à moitié protocolaires qui suivaient la signature d'un contrat. C'est encré dans son éducation, il évite d'y penser. Il ne sait même pas si le prisonnier va accepter. Il s'est renseigné. Il n'a pas du tout la réputation d'un homme attiré par les personnes de son sexe. On dit qu'il se vautre dans le lit des demoiselles, et qu'il tente de séduire depuis plusieurs mois Harlaow, la blonde au service d'Arashi. Il ne s'attend pourtant pas à un refus. Les enjeux sont trop grands, resté trop longtemps dans cette prison est mauvais.

Hadès s'était adossé au mur et encaissait avec plus ou moins de difficultés les nouvelles. Il n'avait guère eu besoin de Illness pour savoir qu'il devait sortir d'ici par n'importe quel moyen que ce soit.

« Coucher avec toi. »

Alors que ça aurait dû être complètement tragique, un rire sortit de la gorge du chef de la rébellion comme si ce que venait de dire Arthur était particulièrement absurde. Coucher avec lui, comme lui couchait avec ces centaines de filles rencontrées lors de soirées...le coup de l'arroseur arrosé quoi. Et le pire, ce n'était pas qu'il ne voulait pas, mais plutôt qu'il n'avait pas vraiment le choix : il savait que tôt ou tard, s'il restait ici, il y aurait un procès et qu'il ne s'en sortirait pas indemne. Il avait tué des dizaines et des dizaines d'hommes et même si Arashi le protégeait, il connaissait la loi et savait qu'il était un tueur. Akira Darkwood, ayant parlé, il ne servait plus vraiment à rien et l'écarter du chemin serait difficile. Kira devait se douter malheureusement qu'il n'avait pas dit le tiers de ce qu'il savait...Et pour cause, tout ce qu'il avait énoncé, ce n'était que des banalités que tout rebelle de second ordre savait. À part les informations sur Alpha, Hadès n'avait pas vraiment trahi la résistance.

Son interlocuteur était peut-être canon, Hadès n'avait strictement aucune attirance pour les hommes. C'était comme ça, mais ils le rendaient froid et complètement impuissant...rien ne valait mieux que les poitrines voluptueuses et les hanches larges, de préférence bronzées. Oh, que Hadès aimait les embrasser, passer sa langue dans les coins les plus obscurs de ce corps et...Reprenant conscience qu'il était encore en cellule, l'homme releva les yeux vers Arthur, lui sourit d'une de ces mimiques qui signifient « non mais t'es complètement taré, toi ? ».

« ...Ok. Pas un mot devant Ella. Et pas ici, dans un hôtel. Tu nous fais sortir, j'sais pas comment...tu la caches et on y va, je te lâcherai pas. »

Ils ne pouvaient rien faire ici : il y avait des caméras et pire que cela, même si l'inconsciente Fate paraissait l'ignorer, des micros très puissants. C'était sans doute plus pour cela qu'à cause de lui qu'il cachait son visage, car il avait l'air d'être un personnage assez important, suffisamment pour se payer un matériel qui, pour un débutant comme lui en déguisement, coûtait assez cher. Sur le coup, il avait failli s'esclaffer de rire et avait pensé que tout ceci lui serait revenu assurément moins cher s'il avait su vers quel revendeur s'orienter. Alors qui ? Cliodna lui aurait paru probable, mais un rapide examen de la situation avait suffi à lui faire comprendre qu'il n'avait pas de seins. Un garçon..sérieux, Arashi avait des collègues ou des subordonnés intéressés par les hommes ? Galère quoi.

...Alors, finalement, Akira Darkwood serre la main tendue devant lui. Il se dit qu'il pourrait toujours retourner la situation et puis après tout...pourquoi pas, c'était moins galère et il n'avait jamais tenté ce genre de choses. Peut-être que ça lui plairait, en fait de compte...même si il se faisait un plaisir d'insulter Arthur de pédale dans sa tête.

« ...Elle va peut-être un peu m'en vouloir un peu, Ella. Et elle sera en moins bon état que moi, je pense...Je t'aiderai à la porter...on part par où, tu sais ? »

Il n'aurait jamais imaginé que ça serait si facile. Lui qui pensait qu'il en avait pour une heure à tenter de convaincre Hadès, il s'est clairement trompée. Vraiment, le chef de la Rébellion qui accepte sans parlementer pendant des jours, il ne l'a même pas imaginé dans ses meilleurs scénarios. Mais c'est logique, il a dû comprendre qu'il n'avait pas le choix. Même si Arthur est gentil au niveau des négociations. Bon là, il aurait difficilement pu changer vu qu'il voulait concerner l'objectif final et gênant – avoir Hadès dans son lit – mais en temps normal, il aurait laissé le prisonnier modifier plus aisément les conditions. Du coup, il est heureux, il  se sent doué. Il pense à Nathan qui le traite à longueur de journée de bon à rien. C'est la preuve qu'il a tort, quand il s'y met vraiment, il est très bon. Durant un instant, il se dit même que c'est lui qu'on devrait envoyer pour les négociations, avant de se rappeler qu'il est le flemmard de ministre de la santé, corrompu, qui cherche à coucher avec les prisonniers.

« Je suis content de voir que tu as le sens des priorités. – Hadès lui serre la main. Il se sent si puissant à ce moment-là. – C'est sûr que rester en prison aurait été fatale pour toi. »

Il ouvre la porte à Hadès et fait signe de le suivre. Bon, c'est la première fois qu'il fait quelque chose comme ça. En même temps, faire évader quelqu'un de prison est un crime puni par la mise à mort et normalement, le ministre de la santé est bien trop égoïste pour risquer sa vie pour quelqu'un d'autre. Donc forcément, il n'est pas très organisé. Il réfléchit à toutes les possibilités, les hôtels minables qu'il connaît et qu'il côtoie souvent. Lesquels ont les patrons les plus avides d'argent et qui seront donc mués comme des tombes. Dans le pire des cas, il peut toujours faire fermer leur établissement. Il faut qu'il vérifie mais il est presque certain que l'insalubrité touche son ministère vu le potentiel nocif de ce genre de bâtisse. Alors il fait signe à Hadès de rester discret quand il entre dans la cellule d'Ella.

La petite fille est dans un état déplorable qui lui donne presque envie de vomir. Il n'aime pas voir les gens comme ça, il ne supporte pas ça. Alors une enfant. Cette vision est inacceptable à ses yeux. Il sait depuis longtemps qu'il doit faire quelque chose à ce sujet, mais ça empire. Nathan n'est qu'un idiot. Quand il s'agit de Lady Illness, il serait capable de faire tout et n'importe quoi, jusqu'à tuer tout le gouvernement, mais il ne dirait sûrement rien en voyant l'état de cette gamine. Il réfléchit à où il peut l'amener. Il se doute que Hadès n'acceptera pas qu'elle soit dans le même hôtel qu'eux. Ce serait trop bizarre pour lui. Il n'a qu'à la laisser dans un autre.

« Alors, on laisse Ella dans un hôtel que je connais. Et puis il y a un deuxième juste à côté, et on va dans celui-là. Ça te va ? »

Il n'attend pas la réponse, il attrape délicatement Ella dans ses bras. C'est dans ce genre de moment qu'il se félicite d'avoir une bonne forme physique. C'est enfin utile en quelque sorte. Il voit une porte, il sait très bien qu'il y a des gardes justes derrière. Il sort une paire de menotte de sa poche, et sans un mot il menotte Hadès à lui. C'est plus logique pour la superbe excuse qu'il a réussi à trouver en cherchant bien. Il fait un signe de la tête au rebelle pour lui expliquer que c'est normal, celui-ci est pas con, il doit comprendre. Il ouvre la porte pour se retrouver face à des gardes surpris. Ce n'est pas le moment de se démonter, Arashi serait sûr de lui.

« Je le fais sortir pour l'amener aux labos, ordre d'Iwa. – L'un d'eux demandent si c'est normal, quel idiot. – Bien sûr que ça l'est, on allait pas en faire toute une histoire pour que ses compagnons apprennent la nouvelle et nous tendent un piège. »

L'argument semble avoir convaincu le garde qui n'a pas l'air d'avoir envie de se mettre Arashi à dos. Brave homme, il a l'instinct de survie. Il sort onc des prisons, en évitant tout de même de trop montrer son visage aux caméras, sans pour autant se cacher. Il a un masque, mais quand même, il ne faut pas abuser. Il faut qu'il atteigne la sortie. Il y a garé une voiture, pas la sienne forcément, une qu'il a louée l'avant-veille sous un nom bidon.

Elliana n'était plus ce qu'elle avait été : elle, si mignonne, si adorable, qu'est-ce que son frère en avait fait ? Pendant un instant, Akira se surprit à souhaiter la mort soudaine d'Arashi. Ella était dans les bras de ce type, mais elle n'était qu'inconsciente, trop sonnée par ces durs journées en prison pour faire quoique ce soit. Akira avait envie de crier : de la venger, de s'écrouler et d'aller voir les gardes pour leur demander pourquoi ils avaient fait du mal à une fille aussi jolie et mignonne. Elle était couverte de bleus, de blessures diverses et Hadès, bien que proche de sa cellule, ne savait même pas quelle était l'étendue des blessures qu'on lui avait infligées...et qui auraient pu être pires si il n'avait pas parlé.

Dans quelques minutes, sans doute quelques secondes, une alarme allait retentir : et là, sans doute, des gardes allaient arriver de tous les côtés, à moins que celui qui n'était pas Arashi ait prévu une excuse, quelque chose de suffisamment puissant pour les tenir tous en retrait.

Il sent le froid métal des menottes revenir sur ses poignets encore abîmés et soupire : encore ? Il n'en a pas fini, ou...les couloirs ne semblent pas avoir de fin, mais il comprend pourquoi il est de nouveau captif, plus que reprendre espoir pour le décevoir immédiatement après, une évasion ne peut passer que si l'on pense qu'elle n'en est pas une : et Hadès est trop surveillé, de loin, de près, par des caméras et des micros de toutes sortes, pour qu'il puisse s'échapper soudainement. Il a d'ailleurs longtemps haï Mayu Rokudo, qu'il sait traîner dans le secteur, cette espèce de petite taupe qui ne sert à rien, mais a sauvé ses fesses auprès d'Arashi en ne le dénonçant point.

Les pas lui semblaient interminables, longs. Les couloirs n'avaient pas de fins, et les raccourcis prétendus qu'il lui faisait prendre n'était que fatiguants. Lorsqu'enfin, il se retrouva à l'air libre, par il ne savait trop quelle sortie, Hadès inspira un bon coup. C'était donc à cela, que ça ressemblait, la nuit, la lune et la ville ? Il pensait avoir oublié la beauté qu'elles dégageaient et, impressionné, fixa l'astre lunaire pendant quelques secondes, avant de se rappeler sa situation et du fait qu'il devait se dépêcher. Pourquoi, déjà, résistait-il ? Ne pouvait-il pas émigrer loin, très loin ? Tout d'un coup, il fit pris d'un désir d'étranger, de pays qu'il ne connaissait pas, aux côtés d'une femme. Lui, sur une plage et un transat, en train de bronzer, pas stressé, ni inquiété ni menacé. Juste paisible.

La banquette arrière était confortable et la voiture démarra silencieusement, pour, après une demie heure de silence embarrassant, s'arrêter en face d'un hôtel. Arthur y déposa Elliana, et ils repartirent, pas loin de là, tout les deux.

Hadès était gêné. Il avait honte, surtout. Il sentait sur sa personne le regard pervers du ministre, malsain et gênant. Il appréhendait les caresses, les baisers et tout ce qu'il pouvait y avoir dans ce genre. Plus que tout, il le honnissait, le haïssait.

« Williams. Arthur James Williams. Je connais votre voix. », sans qu'il ne s'en rende compte, vivant ce rêve étrange, ils étaient arrivés dans une chambre d'un hôtel de luxe. « Avez-vous d'autres motivations pour la résistance que celle de me sauter ? »

Le tuer, lui faire sortir ses yeux des orbites, pleurer, fuir d'ici. Était-ce seulement possible ? Akira Darkwood ne bougeait pas : il fixait Arthur comme il fixait ses geôliers, quelques semaines auparavant. Le regardait avec le moins d'émotions possible dans ses yeux, comme si tout lui passait au dessus de la tête, comme s'il se foutait de tout ce qu'il pouvait y arriver.

Hadès ne savait pas ce qui était pire ou ce qui était tolérable, mais à ce moment-là, Arthur se mit à bouger. Ce qui lui fit, comment il le toucha, il souhaita juste oublier, tout d'un coup, tout, l'homme, les gestes et le reste. Pourquoi ? Pourquoi ? Le lit, les draps en bordel, le sale. Sa respiration saccadée pendant que ses mains se crispaient. Lui qui s'endormait soudainement, trois heures plus tard.

Le matin fut horrible. Il se réveilla en sursaut mais eut l'impression d'avoir perdu l'habitude de respirer : comme un poisson sans eau, il haleta pendant quelques secondes, tentant de reprendre son souffle, avant de s'habituer de nouveau à l'air libre. Lui était à côté de lui...et Hadès le fixait de ce regard vide, ne mesurant plus ses actions ou ses souvenirs.

Alors, ce fut peut-être pour cela que Hadès prit l'oreiller qui était sous sa tête. Qu'il le plaqua contre la tête d'Arthur Williams et qu'il appuya un bon coup, pour faire étouffer ce connard.

Qu'il meure.

Et après ?

Le réveil aurait pu être parfait. Il a toujours aimé se réveiller doucement après une nuit passée avec un inconnu. Sauf que là, c'est différent. Ce n'est pas un mec qu'il a croisé par hasard dans un bar et qui a fini dans son lit. Non, c'est le frère d'Arashi qu'il vient de faire évader. Alors forcément, les choses ne sont pas si simples. Bien sûr, tout aurait pu être mieux. Tout aurait pu être simple aussi. Il se serait levé, habillé et aurait accompagné Hadès à l'hôtel d'à côté pour aller chercher Ella. Il aurait même trouvé un moyen de les déposer à un endroit pratique. Ou il lui aurait donné un téléphone pour que quelqu'un vienne le chercher. Oui, tout aurait pu être beaucoup plus simple. Mais non, il a fallu que le rebelle décide de l'étouffer avec son coussin. Il faut avouer que ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable comme réveil. Rien de mieux pour mettre le ministre de la santé de très mauvaise humeur dès le matin. C'est Scotty qui risque de ne pas être content quand son patron lui gueulera dessus et ça malgré les tasses de café qu'il lui aura amené.

Sérieusement, un coussin ?

Dans le genre arme, on fait clairement mieux. Il peut comprendre que son compagnon de lit a improvisé avec ce qu'il avait sous la main, mais quand même. Trouver mieux n'était pas compliqué. Déjà, il y avait une paire de menottes. Il aurait pu commencer par l'attacher avant de trouver mieux. Pour raison de sûreté, et parce qu'il est très intelligent, Arthur a laissé son arme de fonction dans son appartement. On ne sait jamais, il préfère ne pas risquer de finir la cervelle explosé contre le mur. Ça ferait désordre. Même s'il est mort, il n'a aucune envie que sa famille vive à jamais dans la honte de ces actes. C'est sa plus grande peur. La lignée Williams se doit d'avoir une conduite exemplaire, digne. D'accord, pour le coup il a un peu foiré. Mais il fait en sorte que ça se sache pas trop. On peut le féliciter, dire qu'au final il fait quand même des efforts.

Enfin bref. Il trouve la force d'attraper les poignets d'Hadès. Heureusement que celui-là sort tout juste de prison. Sinon, il n'aurait même pas espéré avec la moindre chance. Il ne fait pas vraiment de sport Arthur, juste la limite. Alors bon, rivaliser avec un Darkwood, c'est mission impossible en temps normal. Mais là, ça va le faire. Il réussit à le pousser et reprend une grande bouffée d'air assez bruyamment. Qu'est-ce que ça fait du bien de respirer quand même. On peut pas dire, c'est un véritable plaisir. Il regarde d'un air méchant Hadès.

« Et tu comptais sortir d'ici, aller chercher Ella et rentrer en sécurité tout seul ? – Il se lève du lit et lance un sac à Hadès. – Habilles-toi avec ça. Tant que vous ne serez pas en liberté totale, je n'aurais pas rempli ma part du contrat. »

Il a des valeurs Arthur près tout. On ne croirait pas ça de la part d'un mec qui vient de libérer un terroriste recherché juste pour passer la nuit avec, mais pourtant c'est le cas. Il respecte toujours ses marchés jusqu'au bout. Peut-être parce que ça fait partie de son éducation. Enfin bon, son éducation lui a quand même appris à ne pas trahir son gouvernement. Mais bon, vu qu'il n'approuve pas spécialement les actions des autres ministres, il se permet de prendre quelques libertés. En réalité, il a imaginé à un moment pouvoir libérer Hadès sans rien lui demander. Mais ça n'a duré qu'un instant. Son côté opportuniste a repris le dessus et il n'a pas pu s'empêcher de se demander pourquoi il risquerait sa vie s'il n'avait rien en échange. Dommage Hadès.

« Et pour répondre à ta question d'hier, oui. J'ai d'autres motivations pour la résistance que celle de te sauter. Je pouvais très bien m'en passer tu vois. – Bah oui, un peu quand même. Ce n'est pas un obsédé qui pense qu'avec ses parties génitales Arthur. Il est distingué, enfin un peu. – D'ailleurs, il paraît que tu vas finir par trahir pour cette fille. Fate. Tout le monde en parle. J'espère que c'est faux. Enfin, je dis ça... T'es sûrement le rebelle qui a passé le plus de temps en prison et qui s'est évadé le plus de fois. Je vois mal comment tu pourrais avoir envie de les, enfin de nous rejoindre. »

Il enfile son pantalon et jette un coup à sa montre. Bon, il est encore tôt, c'est parfait pour ce qu'ils ont à faire.

Il n'est pas dégoûtant : il est dégueulasse. Ses dents blanches et ses cheveux européens lui donnent à eux-seuls envie de vomir. Hadès se fait plaquer sans le moindre mal sur le lit : il n'a plus aucune force, plus du tout, du moins, depuis hier soir. Il est juste dégoûté, complètement dégoûté. Lui qui se pensait supérieur, lui qui pensait pouvoir avoir un avis sur tout et sur les autres, pouvoir emmener des filles dans son lit quand il le voulait, il avait tort. Et se sentent-elles aussi mal, une fois qu'elles ne sont plus saoules, et qu'elles le voient, lui, rouquin, penché par-dessus elles ? Qu'elles pensent à tout ce qu'il a pu leur faire pendant la nuit et qu'elles s'en vont dignement, à peine une larme aux yeux et la dignité sur leurs visages. Sont-elles comme ça, les femmes ? Le coussin est mollement relâché, tandis que Hadès redevient Akira. Reprendra-t-il un jour son rôle ? Rien de moins sûr. Hadès était ce qu'il devait être, pour devenir plus fort. Maintenant qu'il a trahi tout le monde, que ce soit la mafia ou Mello, il n'a plus vraiment sa place nulle part.

Le ministre de la santé a un air de petit goret. Il avoue avoir un peu satisfait de savoir qu'il était à quelques doigts de le faire étouffer, mais dans son échec, il a ressenti comme une grande noyade, une perte d'oxygène, quelque chose de pas commun. Akira Darkwood s'est senti faible, et ça ne fait pas du bien, d'échouer à une chose de plus. Il aurait bien voulu écorcher le corps de cet homme jusqu'à ce qu'il oublie ce qu'il lui avait fait subir, qu'il le tue, de différentes manières. Il savait bien que ce n'était pas possible, et que la seule manière de résister était de profiter de sa liberté, durement acquise. Alors, Hadès, il se lève difficilement : il a mal en bas du dos, et il ne peut retenir une sale grimace. Il doit même avouer qu'il est terrifié à l'idée que ce type profite de ce moment de faiblesse pour lui bondir dessus et recommencer.

Mais Akira Darkwood se rhabilla avec des vêtements corrects, en parfait civil. Il trouva même dans le sac une perruque qui permit de le faire ressembler à un homme qu'il n'était pas. Il avait un peu perdu la main en matière de déguisement, mais une fois qu'il eût fini ses manœuvres, il ne ressemblait plus à l'homme qui s'était échappé de prison sale, l'uniforme complètement déchiré et les cheveux en bataille.

« Que ce soit clair : je te hais. Je ne fais ça que pour Kira, mais si j'entends que tu as laissé échapper à quelqu'un comme mon frère ou un autre ce que tu m'as fait, hier soir, je te tue. Et cette fois-là, je ne te louperais pas. », il était tellement proche de lui qu'il pouvait sentir son haleine abominable. « Ce que je fais ne te regarde pas. Et si tu étais mieux informé, tu saurais que je me suis déjà compromis, et ce n'est pas pour cette femme, mais pour Ella. Mon frère peut avoir de bons arguments...meilleurs que ton petit sexe...J'ai trahi la rébellion et j'ai dénoncé mes confrères. Alors...pour protéger mes fesses, je pourrais avoir envie d'aider mon frère, tu ne penses pas ? Lui livrer le nom du type qui m'a fait m'échapper...Je pense que tu joues très gros, connard. Tu permets que je t'appelle « connard » ? Parce que toi, la nuit dernière, c'est « Arashi » que tu m'as appelé...Connard. Si tu poses une de tes sales pattes sur mon frère jumeau...tu ne vivras pas longtemps. »

Il sait très bien que les paroles du chef de la Rébellion ont comme unique but de le déstabiliser. Mais lui, il s'en fiche. Il s'est préparé à toute éventualité, à tout discours possible. C'est de cette façon qu'il a été élevé au sein de la famille Williams. Toujours avoir une longueur d'avance sur ses adversaires. À ce moment précis, il serait incapable de dire si c'est le cas. En réalité, il se doute qu'il est mal, que cette nuit passée avec Hadès ne sera pas sans conséquence mais il s'en fiche. Il a eu la partie de sexe dont il rêvait depuis des années, depuis qu'il a rencontré Arashi. Alors à quoi bon s'inquiéter dans l'immédiat pour le reste. Dans le pire des cas, il quittera le pays. Ou il mourra. La deuxième solution est beaucoup plus probable. Parce que malgré son comportement de connard de service, il a des valeurs Arthur, celle de sa famille. Et personne au sein de la haute aristocratie anglaise ne lui pardonnera jamais d'avoir bafoué le nom de ses ancêtres.

Alors oui, son choix d'avenir est fait. Mais pas tout de suite, plus tard. Quand tout ça sera nécessaire. Parce que là, malgré les propos pleins de haine et de menaces d'Hadès, il se doute que la vie va continuer son cours normal durant encore quelque temps. C'est facile de vivre en étant un ministre respecté de tous, Nathan n'étant pas pris en compte au moment du sondage. Et puis, il ne considère pas son acte comme gravissime. Pour ce qu'il en sait, le gouvernement fait bien pire dans ces laboratoires cachés de tous. Enfin, il faut qu'il analyse le sang que lui a rapporté Nathan, et pour ça il va devoir faire jouer ses contacts les plus fidèles. Il n'a clairement pas intérêt à se tromper.

Il finit de s'habiller en regardant à peine Hadès. Il a toujours été doué pour snober les gens Arthur, ça doit être inscrit quelque part dans ses gênes, il tient ça de son père. Il l'a vu faire un nombre incalculable de fois au repas de familles, et dans ce genre de moment, il l'a toujours trouvé impressionnant. Être suffisamment important pour pouvoir se permettre de ne pas adresser un mot aux personnes venues spécialement pour vous voir, c'est quand même vachement classe. Alors oui, c'est un peu son but dans la vie. Bien sûr, Hadès ne fait pas partie de la catégorie des gens ayant de la valeur. Ce n'est qu'un insecte en quelques sorte. Ce n'est pas en étant chef de la Rébellion qu'on réussit sa vie. Il faut être ministre pour ça.

« Merci pour ton petit speech. Comme je te l'ai déjà dit, je ne compte pas parler de ça à qui que ce soit, ni te revoir. – Il lui lance une paire de clefs. – C'est celle de la chambre où se trouve Ella. Un conseil, va la chercher rapidement, et ramène-la en lieu sûr. Elle a besoin de soin. »

Il ne propose même pas son aide. Il sait très bien que s'il avait dit à Hadès qu'il allait lui donner des médicaments contre la douleur, ou pour faciliter la guérison, celui-ci ne l'aurait pas cru et aurait crié à la drogue. En même temps, vu tous les lots expérimentaux qu'il fournit à Nathan, cette peur serait justifié. Mais il n'est pas si horrible que ça Arthur. Il ne va quand même pas droguer une enfant. Il est pour le respect de leurs droits, c'est la moindre des choses. Et puis, il ne peut pas s'empêcher de repenser à l'état de cette gamine qu'il a porté. Elle a tellement souffert dans les prisons. Pauvre enfant, aucun ne devrait subir ça.

« Je te laisse. – Nouveau regard à sa montre. Il devrait arrêter de tout prendre à la légère, de faire comme si ce mec dans la chambre d'hôtel n'était qu'une pute qu'il aurait payé pour passer du bon temps. C'est beaucoup plus grave, d'où son besoin de supprimer le peu de sérieux que cette situation pourrait engendrer. – C'est pas tout ça, mais du boulot m'attend. Surtout que je vais devoir me taper des réunions d'urgence. Tu te rends compte, quelqu'un a laissé échapper un de nos plus importants prisonniers, ça craint. »

Il rigole en claquant la porte derrière lui. Ce n'est pas utile de préciser qu'il a une multitude de mauvais pressentiments. Il ne s'attend plus maintenant qu'il a aidé un criminel aussi important à s'échapper à avoir une vie longue et prospère. Tant pis, il trouverait toujours un moyen. Bon, direction bureau. C'est l'heure d'aller mater les fesses de Scotty quand celui-ci apportera le café. Il sourit. Qu'est-ce qu'il aime son boulot.