And the sun will set for you [Thirteen, Mello]

L’ambiance était à la nouveauté. Faith le sentait, et même si elle savait bien que cela était surtout vrai pour la personne avec qui elle était, il lui semblait que quelque chose de tout à fait inédit commençait, et que les événements pourraient bien ne pas tarder à évoluer d’une manière ou d’une autre après cette soirée-là. Peu importait dans quel sens cela serait, tant que quelque chose bougeait dans ce monde bien trop inerte à son goût. Plus elle pourrait le faire changer, mieux elle se porterait –pour peu qu’elle puisse un jour bien se porter.

Elle jeta un regard à la créature à côté d’elle ; elle avait du mal à assimiler son prénom, bien que ce fût elle-même qui le lui ait donné. Lénaïs était beau, mais bien trop proche d’un peu trop de souvenirs pour qu’il soit sans conséquence pour elle de l’employer. La question de savoir comment elle allait la présenter aux membres de son clan lui effleura l’esprit un instant, mais rapidement elle cessa de se focaliser sur ces petits détails pour en revenir au plus important : quelque chose de crucial était en train de se dérouler.

Lénaïs (puisque c’était ainsi qu’elle se nommait à présent) n’était pas humaine, cela du moins était certain, et il semblait évident à Faith qu’il était important stratégiquement parlant qu’une telle découverte ne tombe pas entre de mauvaises mains. Elle avait résolu d’aller voir Mello avant quiconque, même si cela l’agaçait plus qu’autre chose d’avoir ce genre de formalité à accomplir. Elle aurait eu envie de parler avec cette nouvelle rencontre, de savoir comment quelqu’un qui n’avait encore jamais vu le soleil pouvait appréhender la vie, de lui demander ce qu’elle pensait, elle, de la vaine agitation humaine, avec tout le recul qu’elle pouvait avoir puisqu’elle n’en faisait pas même complètement partie, elle aurait voulu lui demander si elle aussi trouvait le noir aussi réconfortant qu’elle, et peut-être à deux réussir enfin à mettre des mots sur ce réconfort… Au lieu de quoi, elle devait aller parler avec un blondinet chocovore qui sans aucun doute ne s’intéressait à la couleur noire que lorsqu’il qualifiait une tablette de cacao.

Le QG de la mafia n’était pas un endroit très accueillant, mais Faith était persuadée que, comme elle, la semi-shinigami avait déjà vu pire ; elle ne s’inquiéta donc pas trop et se contenta de la prévenir à mi-voix.

« Je vais te faire rencontrer quelqu’un d’un peu surprenant ; cela dit, je doute que quoique ce soit te surprenne vraiment, mais je préférais t’avertir qu’il peut rapidement être mis sur les nerfs. »

Puis, comme sur un ton d’excuse :

« Je suppose qu’on finira par trouver un peu de temps, j’aimerais beaucoup parler avec toi. »

Puis son visage se ferma à nouveau. Quand elle reprendrait la parole, ce ne serait que pour s’adresser à Mello, sans gaspiller de paroles inutiles. Parler pour ne rien dire est un des plus grands défauts de l’humanité –et pourtant dieu sait s’il y en a.

Après une grande inspiration, elle ouvrit la porte derrière laquelle se trouvait Mello.

« Bonsoir. On peut parler un peu ? J’ai quelqu’un à te présenter, et je pense que tu pourras la qualifier d’intéressantes, pour le moins. Elle est un peu désinhibée, ce serait bien que tu sois gentil avec elle.  »

Elle s’écarta un peu du chemin pour laisser passer la nouvelle venue.

« Elle s’appelle Lénaïs. »

Elle avait hésité à rajouter « depuis peu », mais cela lui avait semblé déplacé ; on ne porte pas un prénom depuis une certaine durée de temps, on découvre juste un jour qu’on a toujours porté un prénom qu’on ne connaissait pas encore.

Spoiler:

C'était un garçon blond au visage déformé. Une grande cicatrice due au feu s'étendait sur sa partie droite jusqu'au cou et l'épaule. À sa main, il tenait une tablette de chocolat, déjà bien entamée, et dans laquelle il croquait régulièrement. Il semblait regarder le mur devant lui avec une insistance particulière, comme s'il était parti dans on ne sait quel monde de plans interminables et de projets d'explosion. Que faire. Voilà déjà dix ans qu'il était en cavale, à voyager de quartier général en quartier général, orchestrer des explosions dont il ne se serait cru humainement capable, des années auparavant. On n'aurait pas dit, mais Mihael Keehl commençait à prendre de l'âge, et cela le fatiguait : bien sûr, il ne l'avait dit à personne, et il continuait toujours à faire fonctionner son génie pour le bien-être de la mafia, mais la résistance était mal partie. Hadès qu'il ne pouvait toujours pas supporter et qui, il en était sûr, allait un jour les trahir, Near qui...Near qui ne lui servait pas à grand chose et qui trifouillait tout seul dans son coin, comme d'habitude. Le seul utile, dans l'histoire, c'était son cher ami Matt. Ne parlons même pas de Beyond Birthday ou des autres, car il sentait qu'il allait s'énerver, et ciel comme ses nerfs étaient fragiles, en ce moment.

Il était donc en train de penser au futur, au passé et au présent de la mafia, des outils dont il pourrait se servir et des actions qu'ils pouvaient entreprendre lorsqu'une de ses membres, une de celles qu'il pouvait le plus supporter entra dans la pièce. Faith Reed. Il se souvenait de son nom, il se souvenait de tous les noms, même de ceux des morts en vain, ceux des bas-gradés et même ceux des gorilles. Il lui fit signe d'entrer, se levant tout en rajustant le flingue qu'il avait glissé dans son pantalon, la sécurité bien entendu pas activée, de tel manière à ne pas se faire castrer. Faith Reed. Cette fille était une médiatrice entre son camp et celui d'Ishtar. Il devrait lui demander si il avait des nouvelles de l'indienne, mais son absence avait tendance à le mettre de vraiment mauvaise humeur. Le dernier à en faire les frais était un mafieux désagréable qui était maintenant six pieds sous terres. Il avait honte de s'être fait dupé ainsi par une...fille, sûre qu'elle était retournée avec quelqu'un comme Hadès maintenant qu'elle avait assez profité de lui.

« Tu peux entrer...Quelqu'un ? »

Dès qu'il entendit le mot « intéressant », Mello sut que Faith venait de mettre le doigt sur quelque chose d'épineux qui pourrait servir à la Mafia, lui servir. Il se demanda aussi dans la même seconde s'il ne valait pas mieux isoler ce « quelqu'un » et la mettre dans une pièce d'où elle ne pourrait pas le voir. Oui, Mello était très prudent à propos de la sécurité et depuis qu'il savait que Kira possédait son nom et disposait d'un portrait-robot dessiné par cette sotte de Linda de lui, il devait faire attention. Il ne se présentait jamais en personne aux prisonniers officiels, hormis pour quelques cas qui ne devaient passer la nuit ou qui l'avaient déjà vu, il ne sortait pas, ou peu.

La fille qui s'appelait « Lénaïs » avait des vêtements normaux, mais plus curieux étaient ses doigts. D'étranges droits pointus, longs. Et aussitôt, Mihael Keehl comprit à qui il avait à faire, comprit la limite qu'avaient franchie les pro-Kiras.

« ...Donc les rumeurs sont vraies..étant donné que je n'ai pas dû toucher de cahier pour te voir, tu dois être un de ces semi-shinigamis, Lénaïs...Tu es folle, Faith. Tu es folle ou idiote de l'avoir faite rentrer dans cette pièce. Et que ferons-nous, si elle est une envoyée de Kira ? Il manipule leur cerveau, il fait ce qu'il veut d'eux...alors, que veux-tu...créature ? Peux-tu voir les noms, les morts ? »

Il croqua de nouveau dans le chocolat. La fusilla du regard et se demanda si les semi-shinigamis étaient fait de chair et de sang. Si ils pouvaient mourir d'une balle dans la tête.

« Comment t'es-tu introduite dans les laboratoires ? Et plus tard, j'aurais autre chose à te demander...quand elle sera partie. »

Thirteen...ou plutôt Lénaïs ne comprenait pas trop où elle se trouvait. L'adrénaline et l'excitation émoustillant ses sens lors de son évasion, elle n'avait aucunement pris soin de mémoriser les passages qu'elles avaient pris pour en arriver ici. De plus, elle n'avait point non plus envie de retourner dans cet endroit trop blanc pour y rester sain d'esprit. Cependant, elle était quelque dépassée malgré cette absence totale de contraintes au niveau de l'espace, des paroles et des personnes. C'est ainsi qu'elle pouvait se permettre de regarder pour pouvoir mémoriser tout les visages qu'elle pouvait sans que personne ne lui dise que cela met mal à l'aise ou bien que cela ne se fait pas... Au contraire, certains appuyaient même ce regard.

C'est en cet instant même qu'elle se permettait de fixer un jeune homme, blond, mangeant une étrange forme rectangulaire foncée. Lùa l'avait présentée, il la fixait, elle faisait de même. Il n'avait pas de haine dans les yeux comme tout ces scientifiques, ni même de peur comme d’autres...peut-être d'une curiosité cachée, mais ce n'est pas de la passion comme chez Juni. Un regard impossible à décrire. De taille, elle le dépassait d'une bonne tête mais l'expérience remarqua que celle de son ego pouvait facilement la dépasser. Il l'avait désignée par un terme qui l'aurait rebutée si elle était capable d'émettre un rictus de dégoût; ''créature''...
Lénaïs détestait ce personnage en face duquel elle se trouvait. Dans l'instant, elle n'avait rien répondu et attendit qu'il pose des questions à Lùa avant de prendre la parole de la seule façon qu'elle le pouvait face à des étrangers; froid et presque lugubre.

-Homo sapiens... vous n'osez me désigner par mon nom qu'à cause de ma différence ou parce que vous auriez peur d'avouer ma supériorité spécifique?

Malgré qu'elle voyait bien son nom au dessus de sa tête blonde, l'expérience ne pouvait se résoudre à le nommer par son nom tant qu'il continuerait à la nommer de la façon avec laquelle il avait commencé. Elle fixait de nouveau cet humain qui ne pouvait se rassurer probablement que par son complexe de supériorité. Elle n'avait qu'un but et il ne concernait nullement cet homme; elle ne voulait que voir le soleil et apprendre à voler. Voler...n'était-ce pas l'un des premiers rêves des Hommes? Si la vie n'est qu'un éternel recommencement, Lénaïs se persuadait qu'elle n'en était pas moins à moitié humaine.

-Si j'étais manipulée, vous ne seriez probablement déjà plus de ce monde. Ils ne m'ont élevée que vous réaliser un vieux rêve de votre espèce...

...voler. Ces ailes qu'elle avait plaqué contre son dos et pouvant se dévoiler tel des tatouages quand elle les incrustait dans sa peau était la source première de l'attention des scientifiques. Ils devaient lui injecter une triple dose de calmant pour qu’elle puisse les laisser les toucher. Malgré cela, les scientifiques ne pouvaient s’empêcher de faire parfois plus de trois inspections par jour de ses toiles complexes. Mais elle ne voulait nullement se dévoiler à cet humain, elle ne pouvait le supporter plus longtemps que nécessaire. Lùa disait qu’il pouvait être vite porté sur les nerfs, c’est ce qu’elle allait voir et peut importe si elle plaisait ou non à cet humain.
En attendant sa réaction, guettant le moindre de ses rictus, elle espérait que Lùa lui dise de sortir, ou de quitter le bâtiment. Le soleil devait bientôt se lever, elle devait voir cela, la première fois, cela doit être particulier à vivre...
Elle ne voulait que voir le soleil...


Elle était intriguée. Intriguée non pas par cet humain, mais par cette forme qu'il mordait, créant un bruit sec, attirant... Elle ne savait pas ce qu'était le chocolat, pas encore. Un carré composé de plusieurs petits carrés, comme les carrés de la salle blanche dans laquelle elle était. Une salle qui était blanche, mais voilà qu'elle a des dalles noires sous les yeux... qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire?

Spoiler:

Mello était d’humeur irritable. Faith avait appris à ne pas se formaliser de trop des phrases un peu vives qu’il pouvait parfois laisser échapper, ce qui ne gênait pas trop tant qu’ils ne s’agissait que d’eux deux, ou même si une tierce personne étant aussi habitué qu’elle à ce personnage se trouvait dans l’échange ; cependant, là, Thirteen n’était pas censée connaitre les manières humaines, et celles de Mihael Keehl pouvaient se montrer particulièrement déroutantes. La semi-shinigami ne se laissa pas déstabiliser pour autant, et Faith ne put durant un instant que les observer, tous les deux, se tenir tête et découvrir chacun une espèce qu’ils ne connaissaient pas et craignaient à la fois, avec en plus un soupçon de curiosité intéressée pour Mello, et lassée pour Lénaïs. Au demeurant, ce que chacun d’eux disait semblait censé, et d’une logique imparable, et elle se sentait confusément mise à l’écart de cette logique dont elle n’était pas capable de faire preuve.

Elle ne voulait pas rentrer dans un débat, elle se savait incapable de tenir tête à Mello ce soir-là. Elle lui décocha un regard noir.

« Suis pas folle, je dois être idiote alors. Qu’est-ce qu’il aurait fallu que je fasse, que je la laisse enfermée dans sa petite cage pour que les scientifiques fassent encore joujou avec elle ? Tu aurais râlé aussi si j’avais raté l’occasion. J’ai eu une chance assez folle de pouvoir rentrer et sortir de ce labo sans me faire remarquer, mais je ne l’aurais pas eu deux fois. Et puis elle est à moitié humaine. »

Faith se sentait gênée de parler de Lénaïs, devant elle, à la troisième personne ; elle avait presque l’impression de l’avoir en quelques sortes prise sous sa protection dès l’instant où elle l’avait tirée de sa prison blanche. Peut-être cela se sentait-il dans les intonations qu’elle employait quand elle parlait d’elle. Elle aurait aimé, il y a longtemps, que quelqu’un fasse cela pour elle, mais aujourd’hui elle savait que cela l’insupporterait qu’une tierce personne s’arroge sur elle des droits qu’elle estimerait déplacés. Ce sentiment était involontaire cependant, et elle se refuserait à présent à trahir la confiance que Lénaïs lui avait déjà accordée en se laissant guider hors du laboratoire.

L’ambiance était tendue ; elle était censée avoir un rôle de médiatrice, et non de monter les personnes qui pourraient servir la Résistance encore plus les uns contre les autres. Elle avait bien vu que Mello se demandait déjà froidement ce qu’il conviendrait de faire de la semi-shinigami, sans une arrière-pensée pour sa condition à moitié humaine. Elle reprit alors, d’une voix plus apaisée et conciliante, mais au travers de laquelle transparaissait toujours sa lassitude :

« Mello, elle a raison. Elle n’a aucune raison d’en vouloir à la Résistance et pourrait au contraire être une alliée précieuse. Les motifs de haine qu’elle pourrait avoir envers Kira sont certainement plus nombreux qu’on ne l’imagine. Laisse-lui l’occasion de montrer qu’elle peut faire quelque chose pour nous. Et puis, garde en mémoire qu’elle sort tout juste d’un laboratoire et qu’elle n’a même jamais vu le soleil, elle n’est pas habituée aux manières des humains. »

Disant ces mots, elle lui lança un regard lourd de reproches ; mais depuis quand Mihael Keehl suivait-il donc les conseils ou les demandes qu’on lui adressait ? C’est le contraire qui eût été étonnant… Pour autant elle trouva agaçant qu’une fois de plus il ne l’ait pas écoutée.

« Je crois qu’on peut essayer de lui faire confiance. Je peux me charger de son… éducation, s’il n’y a que ça qui t’effraie. Simplement il faudra trouver un coin où on pourra être logées sans déranger personne. »

Elle n’avait pas envie de parler du squat dans lequel elle vivait en ce moment. Il était peut-être simplement temps de passer à autre chose, de ce point de vue là également. Après tout, elle avait beaucoup fait déjà pour la Résistance et la mafia, peut-être cette dernière pourrait-elle lui manifester un peu de gratitude au travers d’un lieu pour vivre un peu plus décent que ce qu’elle avait connu jusqu’alors…  

« Ça t’irait, Lénaïs ? »

Mello était une tempête de sable, un désert furieux. Les grains arides qu'il lançait sur son passage piquaient, faisaient mal. Le chef de la mafia était semblable à un ouragan furieux. Déchaîné, il n'avait plus de limite...Il avait déjà tué, de ses propres mains et le sang ne semblait plus vraiment l'effrayer. Alors le blond regarda Lenaïs dans les moindres détails, observant les réactions qu'avait son visage quand elle lui parlait, les mouvements de ses bras, de ses mains. Il était particulièrement doué pour détecter ce qu'un corps pensait vraiment alors que le propriétaire disait l'inverse...que voulez-vous, il n'était pas Mihael Keehl pour rien.

Mais plus que tout, Mello était actuellement furieux. Il n'aurait jamais pensé...mais vraiment, jamais...que l'un de ses membres qu'il avait si soigneusement choisis aurait eu le culot de ramener une créature de Kira ici, alors même que tout ce qu'il leur manquait était son visage. Il fit un drôle de geste, une mimique non identifiée lorsqu'il entendit la façon dont Lenaïs l'appelait...Homo-sapiens. Une grimace commença à se former sur son visage, bien un rire amer sortit de sa bouche. Qu'on ne lui fasse pas croire que Kira avait réalisé ce projet uniquement pour réaliser un vieux rêve. Depuis des années, Mello avait appris à le connaître, et il savait que le meurtrier de L était tout sauf un rêveur. Un meurtrier, un manipulateur, quelqu'un qui jouait aux échecs et qui avait plusieurs coups d'avance, ça oui, mais un rêveur, jamais.

Mello croqua de nouveau dans la tablette de chocolat, amère. Il faudrait qu'il demande à Matt de sortir pour aller lui en charger chez cette peste de Will, lui refusait de le faire, c'était bien trop risqué, et il refusait de côtoyer cette peste aux cheveux roses. Entendant Faith prendre la parole, il tourna un peu trop soudainement la tête vers elle pour qu'elle pense qu'il était de bonne humeur. Ses doigts le chatouillaient, et même le chocolat amer qu'il croquait en ce moment ne parvenait à le soulager. Ainsi, Faith se prenait pour l'avocat du diable ? Le prenait-elle pour un con, ou...Pensait-elle qu'il ne comprenait pas l'intérêt d'une telle créature, lui, Mello, ou n'était-elle pas capable de voir plus loin que le bout de son nez ? Il lui en aurait foutu, des motifs de haine envers Kira, mais, fixant la jeune fille génétiquement modifiée, il se dit qu'elle n'avait pas la figure de quelqu'un qui haïssait. Avait-elle vu Kira, avait-elle vu Light Yagami ? Et cette fois-ci, même si elle l'avait vu, même si elle était de Son côté, elle allait peut-être leur être utile, cette Lénaïs...mais bien sûr, à condition qu'elle ne sorte plus jamais de là, Mello n'était pas fou, non plus, et il tenait à la vie.

« Tu n'as aucune idée de ce à quoi Kira est près pour arriver à ses fins, tout ce qu'il pourrait sacrifier, Faith, et ton manque d'intelligence me fait honte... » Le blond se leva, se dirigea vers Faith, se collant presque à elle. Maintenant, il allait l'air menaçant, il semblait vraiment être le chef de quelque chose, et non on ne savait quel taré qui mangeait trop de chocolat. « Je ne veux pas qu'elle sorte...je ne veux pas qu'elle sorte de ce bâtiment. De toute façon, elle m'a vu, c'est trop tard. Mais je vais tout de même te récapituler ce qu'il se passe pour que TON petit cerveau handicapé comprenne tout de même ! »

Il fit une pause, parlant assez fort pour que Lenaïs vienne également à l'entendre, puis, mimant un « un » avec son pouce.

« Un : tu débarques dans les labos la bouche en cœur ! Personne n'est averti : le travail en collaboration tu connais ? Jusque là, personne ne savait où étaient les labos, alors t'as intérêt à t'expliquer ! Idem, c'est truffé de caméras, là-bas, donc t'as intérêt de te déguiser, maintenant, desfois que la fête foraine t'ait pas suffi ! Deux : Tu délivres...ce truc...et, comme il était emprisonné, tu te dis forcément, « ramenons-le chez Mello, il va aimer ! » ! Mello aurait aimé si tu ne l'avais pas amené dans la même pièce que lui, tu n'es pas au courant qu'il ne leur manque que mon visage pour me tuer, petite conne ? Trois... »

Cette fois-ci, il se tourna vers Lenaïs, décida à laisser pour le moment Faith tranquille...pour le moment...

« Trois...Tu as vu Kira, Lenaïs ? Kira est venu te voir ? Ou du moins...as-tu vu un homme qui portait le nom de Light Yagami ? »

Il secoue la tête, furieux contre lui-même et contre tout le reste de l'équipage. C'était en partie parce qu'il n'avait pas donné d'explications assez clair que quelque chose comme cela avait pu se produire.

« Supériorité ? Moi l'intelligence, vous les ailes...nous sommes à égalité, cela s'équilibre. Mais, Lenaïs...Kira n'est pas un rêveur. Il manipule, il tue. Il s'agit d'un criminel et nous sommes ici pour l'arrêter. Ce n'est pas un vieux rêve de l'humanité, Kira veut juste faire de vous des soldats. 90 %. »

Il croqua de nouveau dans la tablette de chocolat, ignorant le regard insistant de la jeune femme si sa merveille noire.

L’expérience n’aimait pas l’individu qui se tenait devant elle. C’était la première fois qu’elle ressentait ce genre d’aversion. Il la haïssait, ce que font (en pratique) tout les humains quand ils ne la craignent pas. Cette tendance avait le don de décevoir la semi-shinigami et on pouvait dire que Homo Sapiens l'avait on ne peut plus déçu.
Encore une personne qui refuse de la voir comme égale. Elle a essayé de s'imposer, mais malgré cela, la peur n'a pas su l'envahir. Son ton froid, qu'elle ne savait modeler selon ses sentiments, avait pourtant emplit la salle.
Homo Sapiens se tourna donc vers Lùa avant de lui crier dessus, littéralement. Un Homme ne sachant garder son sang froid ne peut être en état de réfléchir de manière objective.
Lùa devait faire ce que elle pensait juste, elle l'a fait. L'expérience lui doit la vie...

Quand Homo Sapiens eut fini avec la demoiselle en noir, il se tourna vers Lénaïs et lui demanda une chose qui aurait pu la surprendre si seulement elle savait ce que c'était. Si elle connaissait Light Yagami? Les souvenirs remontèrent et elle revit cet Homme qui s'était introduit dans les laboratoires, maquillé, et qui lui avait promis qu'elle sortirait d'ici...et qu'elle aurait des vêtements...ce qu'elle n'a jamais eu.

-Ce cher Yagami...est loin d'être un Homme de parole.

Elle ne se redit pas compte qu'elle était en train de se mettre en colère. Une boule de chaleur qui lui montait du ventre revenait vers ses poumons qui lui semblèrent brûlants. Ses mains s'allongèrent lentement avant de s'étaler sur le sol autour d'elle, milliers de petits fils foncés se déplaçant tels autant de serpents. Le périmètre de ce qu'elle faisait ne dépassait pas le demi-mètre mais cela pouvait se présenter comme une menace pour qui n'est pas habitué à ce genre de spectacle.

Quand il annonça que Kira était un tueur, un Homme qui ne rêvait pas, elle l'avait déjà en partie deviné. Mais quand elle se fit désigner comme étant un soldat, à 90%, elle avait refocalisé son attention sur Homo Sapiens.
Elle ? Une arme ? Pourquoi lui avait-on inculqué tout ce savoir ? Pourquoi lui avait-on enseigné l’Histoire, la littérature, les mathématiques ? Bien sûr, Lénaïs pouvait penser  par elle-même et émettre son opinion sans être entièrement influencée. Selon les scientifiques, elle était une de leurs premières réussites. Pensait-on que un minimum de connaissances pouvait favoriser à avoir une puissante armée comme l’affirmait monsieur Kheel.

-Une…erreur ?

Serait-elle ce qu’elle craignait depuis le début ? Etait-ce pour cela qu’elle n’était plus nourrie depuis plusieurs jours dans les laboratoires ?
Les questions se bousculent dans la tête de la semi-shinigami. Devait-elle être condamnée à cause de son refus d'obéir? Son cas jugé instable? Le fait qu'elle ne pouvait plus revoir Juni?
Elle réfléchit un court instant avant de hocher sa tête de droite à gauche.

-Non...je fais partie des 10% restants...
Yagami a pour projet de faire passer les plus ''humains'' d'entre nous pour des civils...dans une école spécialisée.
Une école pour des civils ayant une foi incontestable envers un Dieu qui leur a fait cadeau d'ailes. Voler est un des plus grands rêves de l'Humanité, n'est-ce pas? Voilà que Kira pourra leur vendre du rêve et en profiter pour s'approvisionner d'autant de cobayes vivants qu'il le voudra... Cependant, je doute qu'il s'agisse entièrement de sa propre initiative...

Elle se tût. Elle ne voulait pas expliquer à cet individu ce qu'elle avait vécu. Constamment étudiée, observée, immobilisée pour que l'on ''prélève quelques échantillons''... le tout en restant constamment nue. Yagami lui ayant affirmé qu'on lui donnerait des vêtements...qui ne sont jamais arrivés.
L'humiliation, le mal-être,... raisons qui lui ont fait faire ce cocon noir qui avait dissuadé les scientifiques de l'approcher.
Le fait qu'elle ai développé un esprit critique et un ego n'ont pas tout à fait plu aux scientifiques. Elle ne faisait partie que du début d'un plan sans le savoir.
Quand elle avait fini de prononcer les sons formant une phrase, elle remarqua que monsieur Kheel ne la regardait jamais dans les yeux? Etait-ce seulement une impression? Probablement, probablement pas...

"-Ce cher Yagami...est loin d'être un Homme de parole."

La dénommée Lénaïs prit une drôle de posture, se repliant sur elle-même. Puis elle posa ses mains crochus sur le sol comme pour s'y accrocher, et fit apparaître autour d'elle un amas de fils noirs mobiles. De plus en plus inquiétant. Ce phénomène rappela à Mello sa première manipulation du cahier de la Mort, lorsque ce shinigami nommé Sidoh lui avait pris des mains alors qu'il ignorait l'existence de la créature et ne pouvait pas la voir.

- Supériorité ? Moi l'intelligence, vous les ailes...nous sommes à égalité, cela s'équilibre. Mais, Lenaïs...Kira n'est pas un rêveur. Il manipule, il tue. Il s'agit d'un criminel et nous sommes ici pour l'arrêter. Ce n'est pas un vieux rêve de l'humanité, Kira veut juste faire de vous des soldats. 90 %. 

Il croqua de nouveau dans la tablette de chocolat, ignorant le regard insistant de la jeune femme sur sa merveille noire. Si ce qu'elle affirmait était sincère, alors il n'avait rien à craindre : elle ne voulait pas de mal aux résistants, ce qui entre autre, la rendait intéressante et facilement manipulable. Le chef savait bien que même si elle n'avait prévenu personne de son acte et par conséquent, avait pris le risque d'être facilement capturée et interrogée sur la résistance, Faith venait d'apporter un élément considérable dans l'enceinte rebelle.

"-Une...erreur ?"

Elle prononça ces propos avec toujours autant de neutralité. Ses paroles étaient loin d'être une éloge de Kira et de ses semblables, mais il n'empêche que sa façon de s'exprimer n'avait rien de celle d'un être humain. Fixant le mur face à elle, le regard vide et la mine indifférente, une chose sans sentiment. Puis très vite, elle se mit à fixer de nouveau le mafieux. Les paroles qu'il tenait à l'égare de Kira et d'elle même semblait ne lui faire ni chaud ni froid. Sa présence ici en était probablement une, d'erreur. C'était un risque, certes, mais un risque à prendre. Et puis cette façon de parler de son créateur, cette remarque à son propos qui sous-entendait le fait qu'elle n'avait pas confiance en lui ...
Le danger n'était pas aussi immédiat qu'il le pensait au début. Elle baissa la tête, et de droite à gauche, balança celle-ci.

"-Non...je fais partie des 10% restants...
Yagami a pour projet de faire passer les plus ''humains'' d'entre nous pour des civils...dans une école spécialisée.
Une école pour des civils ayant une foi incontestable envers un Dieu qui leur a fait cadeau d'ailes. Voler est un des plus grands rêves de l'Humanité, n'est-ce pas? Voilà que Kira pourra leur vendre du rêve et en profiter pour s'approvisionner d'autant de cobayes vivants qu'il le voudra... Cependant, je doute qu'il s'agisse entièrement de sa propre initiative..."

Mihael compris qu'il avait face à lui une mutation ignorant la réalité sur son infâme créateur. Un oiseau à qui on a promis la lune, un oiseau à qui l'on a sorti la tête le l'oeuf et qui découvre le monde . Cependant, cet oiseau noir avait l'air moins abruti que certains hommes : ces propos semblaient réfléchis et surtout, ils étaient enrichissants. Très enrichissants.  

-Voler ? Haha, mais oui, tu as vu juste, c'est en effet un des rêves de l'Humanité. Mais rentre moi ça dans ton cerveau vu qu'il a l'air de pas trop mal fonctionner : Yagami, cet assassin qui t'a conçu, n'a qu'une ambition, celle de contrôler les masses en appliquant sa justice contre nature ! D'ailleurs, toi même et ceux de ton espèce êtes contre-nature ! Ecoute moi, je ne le répeterai qu'une fois ! Kira veut faire de vous des soldats ! Que vous soyez destinés à mimer des civils ou à traquer les opposants, vous restez de misérables moutons privés de penser et d'agir en toute conscience! Alors maintenant... 

Il réfléchit une seconde. Etait-il encore nécessaire de la menacer ? Après tout, les propos qu'elle tenait la rangeait plus dans la catégorie des résistants que dans celle de ces idiots de moutons à la merci d'un barge...

- …Faith. Si tu crois raisonnable de lui faire confiance, alors je ne m'y oppose pas. C'est toi qui nous l'a amenée, donc c'est toi qui t'en occupe. Tu vas lui apprendre à se comporter comme il faut, et tous les jours tu te débrouilleras pour l'amener dans un lieu désert, une forêt, c'que tu veux, et tu étudieras son aptitude à voler. Bien sûr, il est hors de question de la laisser libre de mouvement à l'extérieur...tu seras en permanence liée à elle par des menottes, et tu porteras en plus un flingue sur toi si jamais des problèmes se présentent. Auquel cas, tu chercheras pas à comprendre. Je t'expliquerai les formalités plus en détail quand on sera seuls, mais saches le, Faith, que si tu te pointes au QG sans elle, tu seras responsable de notre mort. Et tu pourras me faire confiance pour t'achever avant que Kira s'en occupe. 

Il tourna le dos aux deux, s'éloigna de quelques mètres. Du chocolat. Ce long discours l'avait creusé, vraiment ! Il s'arrêta net, renifla les effluves délicieuses de son met sucré qui s'était fendu en deux dans sa main lorsqu'il parlait. Innocente tablette, victime de la nervosité de son consommateur... Puis, ayant repris haleine :

 - Alors Lénaïs, maintenant qu'on se fait confiance toi et moi, on va discuter de ton passé. Ok ? Ouais, et puis faut dire que tu as pas l'allure de quelqu'un sortant de thalasso. Tu n'as personne d'autre sur qui compter, je me trompe ?  Et Yagami, il t'a fait du mal. On sait tous ici que c'est pas pour remplir les zoo qu'il vous a crée. Hein ?! Dis-le, dis que c'est un monstre ! Tu peux le dire ici, personne ne te tortureras pour ça ! Toi, moi, tes semblables et les miens, mais aussi les civils qui sont sans cesse exposés à sa propagande faussement utopique, on est tous victime !!! Ensembles on peut rendre la liberté à ce pauvre monde, à condition qu'on partage tout, donc, tu vas tout déballer, et grâce à toi, Light Yagami va aller croupir en prison. On trouve tous notre compte dans cette histoire, pas vrai ?

Mello regarda son chocolat, maintenant en train de fondre sous la pression incontrôlée de sa main.  Un cruel manque de compétences de la part de Will ! Qui aurait pensé que chocolat qui ne fond jamais n'était pas une invention à sa portée ?  La première chose à faire après cette confrontation inhabituelle était de contacter Matt, car le chocolat est vital pour le blond, et quand on est à la tête d'un groupe de résistants, il faut assurer sans relâche...

D'un coup, Homo sapiens s'était arrêté de menacer. C'était presque si il avait une idée derrière la tête. Que voulait-il? L'expérience ne saurait le deviner. Peut-être qu'un autre être humain le saurait...mais la seule le sachant réellement est monsieur Kheel.
Lénaïs voyait l'objet noirâtre devenir liquide et couler sur la main de l'humain. De plus en plus intriguée, elle se mit inconsciemment à fixer cette étrange matière.
Cependant, elle ne perdait pas son attention concernant les mots de monsieur Kheel. Comme quoi elle serait incapable d'agir et de penser. C'est faux... et il se savait. Sinon elle ne serait pas ici et Lùa ne serait probablement plus de ce monde.

Puis, quand il changeait de ton, demandant de raconter tout les détails de sa captivité, elle aurait ri aux éclats si elle en était capable. Il vaut détenir des informations à partir d'une personne...ou plutôt un être vivant différent qu'il n'avait fait que menacer pendant les cinq premières minutes qu'il lui était donné de la voir.
Il n'est pas comme Juni, personne ne l'est. Il était le seul à avoir de l'admiration et non de la peur ou de la haine envers elle...
Monsieur Kheel la fixait maintenant avant de jeter un oeil à son objet noir fondu sur sa main.

-Vous permettez?

Sans même attendre une réponse quelconque, un filament de son index droit se dirigea vers cette matière qui l'intriguait tant. Elle saisit le pouce enduit de ce liquide visqueux noir et le racla. Le filament revint vers elle, pourtant la substance à ses lèvres. Ce qu'elle découvrit la surpris.
Elle eu même les sourcils qui se levèrent légèrement, les pupilles qui se dilatèrent et ses trait qui semblaient légèrement se tendre. Un rictus d'étonnement. Le premier de sa vie.
Elle ressent...c'est léger, mais cela existe.

-Moi qui ne suit qu'une créature sans volonté et sans capacité d'agir de ma propre initiative... Comment expliqueriez-vous tout cela? Je suis ici alors que je devais rester dans ma chambre. Je sais détester, je sais admirer bien que je sois pas démonstrative...

Elle laissa un temps de flottement, étudiant les trait de cet être humain facilement hors de ses limites de calme.

-Lors de ma captivité, on m'a enseigné les politesses et la bonne tenue en public. Monsieur Iwa a insisté pour que je connaisse les arts et la littérature ainsi que l'ancienne histoire de l'Asie. Cependant, peut d'informations actuelles n'arrivaient jusqu'à moi. Juste quelques racolages de certaines femmes de ménage passant dans les couloirs dans temps à autres.

Lénaïs savait que ce qu'il attendait, c'était des drames et du sang. Peut-être qu'il n'allait pas être servi comme il le voulait.

-Je présume que la partie qui vous intéresse concerne l'expérimentation sur ma personne. C'était une toute autre équipe qui s'occupait de cela. Des scientifiques assez peu amicaux qui ne se préoccupait pas de ma coopération à leurs expériences. Ils m'assommaient systématiquement de médicaments par intraveineuse de façon à ce que je reste consciente pour démontrer si la douleur était présente ou non...et...

Soudain, elle eut envie de reprendre une goutte de la mixture noire. Elle commençait à tendre un filament vers la main de monsieur Kheel.

-Je n'ai eu droit qu'à des pommes pendant toutes ces années...quel est le nom de ce délice?

[PS: Désolée du retard, j'ai complètement oublié ce rp T^T]

Mello était en colère contre cette fille, et c'était pour cela qu'il s'était empressé de la virer dès que possible. Il prendrait ses dispositions après, mais pour l'instant, il était de très méchante humeur. Et maintenant, en face de lui, il ne restait que cette créature. Elle avait divulgué le fait qu'il était Mello et la trouvait encore plus imprudente de l'avoir fait : ils pouvaient avoir des doutes sur la loyauté que Thirteen pouvait rendre à Kira, mais il n'était pas sûr à 100 % qu'elle le honnissait et ferait tout pour lui nuire. Ce qu'elle fit devant lui le fit hausser un sourcil, mais ne l'étonna pas plus que cela : s'il y avait des shinigamis qui étaient capables de faire des actions surhumaines, de voler, de distribuer la mort et de se rendre invisibles.

Voir quelque chose d'aussi impossible se dérouler juste en face de lui était avant tout le signe que ceux d'en face avant les moyens technologiques, surtout qu'ils ne reculaient devant rien, même devant les moyens les plus crades. Si Matt voyait ça, que diraient-ils ? Avec son flegme naturel, il hausserait sans doute les épaules avant de se remettre à jouer à un énième jeu, où il y avait des effets spéciaux encore plus impressionnants que ceux de Thirteen. Penser comme Matt pouvait le faire l'aidait, en quelque sorte, à envisager la situation avec plus de flegme...de mieux contrôler ses nerfs, ce qui pouvait être très utile, face à cette chose monstrueuse. Elle manipulait une espèce d'ombre étrange qui devait grandir ou s'amplifier au gré de ses pensées : quel pouvoir monstrueux, se mit à penser le chef de la mafia.

Elle avait donc subi un minimum d'éducation, mais également un lavage de cerveau, pensait-il : il n'ignorait pas le pouvoir de la censure, présente dans les manuels de littérature, et même si Thirteen avait eu la chance d'avoir droit à des cours particuliers, il ne doutait pas que leurs ennemis communs avaient soigneusement manipulé les informations auxquelles elle avait accès. C'était la même histoire répétée, et encore racontée dans des milliers de lieux différents : un même cycle, et pourtant, ils rencontraient actuellement tellement de difficulté pour s'en dépêtrer. Pourquoi L les avait quitté ? Que faisait Near, bien qu'il le détestait, ce con était le côté blanc de leur jeu d'échec. Sans lui, même s'il avait du mal à l'admettre, Mello pouvait difficilement gagner.

Lorsqu'elle voulut lui faire toucher le filament, Mello recula brusquement : rien ne lui garantissait qu'il n'y avait aucun danger pour un être humain...et ce danger, il ne pouvait pas se permettre de le prendre. Pas pour le moment, il aurait été con de mourir à cause d'une simple réaction allergène.

« Ne me touche pas. Très bien. Tu t'autorises momentanément à te balader dans le bâtiment. De toute façon, je ne pense pas que les murs t'arrêteraient si je t'enfermais...Je te déconseille de sortir, mais tu dois déjà le savoir : si Iwa a pris le temps d'éduquer une de ses créatures, ce n'était certainement pas pour rigoler. Elle doit avoir des projets pour toi, et je pense à 80 % qu'elle te fait activement rechercher. Il ne serait pas étonnant que Faith soit déjà morte, puisqu'elle a été vue par les caméras de surveillance. 50 %. Evite de sortir et présente-toi à chaque fois que je t'appelle. Mets des vêtements normaux, cache tes attributs anormaux...enfin, essaie. Je soupçonne la présence de taupes, ici, et ça m'emmerderait d'avoir à subir une attaque des pro-Kiras par ta faute. Tu as compris ? »

Il la regarda d'un de ces regards défiant tout « non », fusse-t-il parce qu'elle n'avait pas franchement compris l'intérêt de se cacher, qu'elle pouvait à son gré se rendre transparente. Mello croqua dans le chocolat, savourant l'arôme du chocolat : que ferait-il, s'il n'avait pas cette drogue ? Serait-il condamné à ce servir d'un truc tout juste digne de Near pour parvenir à penser ? Pfff, ridicule.

« C'est du chocolat. Tu pourras récupérer toutes les tablettes de chocolat au lait. Ici, on a un espèce de dépôt légal de chez Wonka...mais je ne mange que les noires, les autres ne sont pas assez fortes. Visite bien. Ha. Et n'emmerde pas un rouquin avec des lunettes ridicules. Il n'aime pas les gens. »

Une bonne action de la journée : Matt pourrait le remercier...Mello se tira, la laissant toute seule : il aurait d'autres choses à foutre.

Spoiler: