C'est à moi ! [PV]

Avec Cliodna Mc Loyd

Le centre commercial, l'endroit idéal pour une jeune fille superficielle comme Misa Amane. Il n'y en avait pas une qui rivalisait avec son attitude enfantine lorsqu'elle croisait le regard d'une belle robe ou d'un soulier classe. Les magasins qui se composaient d'innombrables rangées de vêtements, étaient d'ailleurs ses préférés. Elle s'amusait beaucoup à longer les substrats métalliques ou faits en bois, pour effleurer des doigts les tissus colorés qui passaient ensuite une évaluation d'une demi-seconde par son regard doré. Rares étaient les élus qui pouvaient s'octroyer le loisir d'être caressés de fond en comble par les petites mains de la déesse. Misa flashait plutôt sur les habits originaux, d'un style gothique et aux teints sombres. Elle pouvait s'émerveiller d'une pièce pendant près d'une minute, la bouche entrouverte en une expression de profonde surprise. On aurait dit qu'elle n'avait jamais vu de vêtement de toute sa vie, et pourtant. Sa mine d'égarée faisait sourire tous les passants. Au moins, y'avait ça de bon ! Misa était comique dans sa façon d'agir.

Cela faisait une bonne heure qu'elle marchait sur divers étages du centre, passant vitrine après vitrine sans s'arrêter ; la perle rare tardait à se montrer, aujourd'hui. Habituellement, elle ne pouvait passer quinze minutes sans acheter un article. Voilà un record qu'il fallait absolument inscrire au calendrier ! Même si l'heure du dîner était passée depuis belle lurette, Misa ne voulait pas quitter le lieu les mains vides. Quatre sacs pendaient déjà à ses bras, mais il manquait de stock pour avoir les mains pleines. La blondinette lorgnait tablette après tablette en ne regardant pas devant elle. Ses pieds se prirent dans le carrelage et elle tomba tête première sur le sol glacial. Elle avait eu le réflexe de mettre ses bras devant elle, mais le choc fut tout de même violent pour sa pauvre personne. Décidément, les témoins avaient de bonnes raisons pour rigoler. De sa tronche, de sa tête-en-l'air, de sa jupe à froufou qui avait perdu quelques pièces... mais encore plus du truc qu'elle fixait avec grande attention. Une paire de chaussures, plus précisément de magnifiques bottes rouges posées sur une trépied en verre translucide. Elle avait trouvé ce qu'elle cherchait ! Oubliant ses courses à l'entrée, dont seule une partie était sortie des sacs, elle trottina jusqu'à l'intérieur du magasin. Si elle mettait la main sur ces bottes, Light ne pourrait que la trouver jolie ! Et plus encore, il la trouverait splendide, sublime, atrocément belle ! Avec sa robe noire enroulée de dentelle et son collier en croix, oui, Misa s'imaginait bien porter ces bottes avec style. Peut-être approchait-elle de la trentaine, rien ne l'empêchait de se croire aussi adolescente qu'à ses quinze ans. Sa beauté avait gagné en maturité, mais son tempérament avait conservé un peu des caractéristiques de son enfance.

Alors que Misa allait toucher l'objet de ses désirs, une crinière flamboyante l'aveugla quelques instants. Son regard ne put que suivre le mouvement de la chevelure, laquelle appartenait à une dame fort distinguée. Derrière ses lunettes fumées - car elle ne voulait pas être reconnue du public, sinon ça allait gruger son temps de magasinage -, la déesse de Kira eut l'air surprise. Ses yeux s'agrandirent et elle dut abaisser ses lunettes pour contempler l'ensemble en vraies couleurs. L'allure de l'inconnue lui disait vaguement quelque chose, car pour le peu qu'elle connaissait en politique, ces escarpins ne pouvaient représenter qu'une seule personne : la Ministre des Affaires étrangères. Cette femme qui prétendait faire partie de l'entourage de Kira... Avait-elle réellement eu le privilège de rencontrer Light ? SON Light ? La surprise et l'admiration passées, un sentiment de dédain envahit le coeur de Misa. À l'intérieur de celui-ci, un bulldozer détruisit toute chose positive pour ne laisser qu'une profonde aversion envers Mademoiselle Mc Loyd. Il fallait qu'elles règlent quelques trucs.