« T'es qui toi ? » || Pv Yuri.

Day avançait d'un pas calme vers le bar le plus proche qui était également son préféré. Il n'était pas encore trop tard dans l'après-midi et elle était quasiment sûre d'avoir le droit à une remarque du patron qui lui rappellerait qu'elle était sensée travailler à une heure pareille. Ce qui n'était pas faux, même si elle savait que cette remarque allait forcément être amicale et qu'il ne lui reprochait rien car il savait que si elle était là, ce n'est parce qu'elle glander. Enfin, presque. Day se remémora les différents événements de sa journée. Elle s'était levée, comme chaque matin, avait passé du temps dans les bas-fonds à essayer d'amasser des renseignements sur Kira qui pourrait être diffuser dans le Cavalier Noir et avait finalement appris en faisant un tour dans le quartier commercial qu'un échange était sensé avoir lieu un peu plus tard dans l'après-midi. Il était donc seize heures quand la jeune journaliste ouvrit la porte du bar en faisant un grand sourire au patron, qui comme à son habitude, regardait qui entrait dans son établissement.

Elle s'assit au bar, près de la machine à pression où il était posé. Il la regarda, lui demandant la raison de sa présence ici à une heure pareille. Comme quoi, elle ne s'était pas trompée. Elle répondit à sa remarque en lui rappelant qu'il n'y avait pas de routine dans son métier. Et tout cela sans prononcer le moindre terme apparenté au journal. Elle regarda les habitués du bar, des hommes qu'elle côtoyait souvent vu le nombre d'heures qu'elle passait dans cet établissement. Tout le monde ici savait qui elle était, bien sûr. Du coup, elle ne voyait pas l'intérêt de le rappeler. Son regard se dirigea vers une personne qu'elle n'avait encore jamais vu alors que la patron lui demandait ce qu'elle voulait boire.

« Une bière. »

Elle dit ça en s'allumant une cigarette. Quand on lui donna sa bière, elle regarda avec étonnement le patron, et fit dévier son regard vers l'homme assis, qu'elle ne connaissait pas. Il haussa les épaules histoire de lui faire comprendre qu'il n'en savait pas plus qu'elle. Day attrapa sa bière, oui elle n'allait pas boire quelque chose de plus fort, elle était encore dans ses heures de travail et elle allait peut-être assister à une rencontre super importante dans pas longtemps qui allait lui permettre d'écrire un scoop pour le journal. Ou elle allait perdre son temps, mais bon, il fallait aller voir pour le savoir.

Elle s'approcha de l'homme bizarre. Trop grand. Il ne fallait pas oublier qu'elle est japonaise et qu'elle n'a pas l'habitude de voir des gens de cette taille, même si avec la Rébellion anti-Kira, elle avait maintenant l'habitude de voir des étrangers dans la capitale japonaise. Mais celui là ne lui disait vraiment rien, dans les deux sens. Elle était persuadée qu'elle ne l'avait jamais aperçu dans les bas-fonds, et en plus elle s'en méfiait. Juste intuition, peut-être qu'elle se trompait complètement, surtout qu'il n'avait pas vraiment le look pro-kira. Alors pourquoi ? Elle s'assit à côté de lui et le regarda rapidement pour le détailler avant de commencer à lui poser des questions. Sale habitude qu'elle tenait de son métier.

« T'es qui toi ? J't'ai jamais vu toi. Tu viens d'arriver ? »

C'était plus une affirmation qu'une question. Elle jeta un coup d'oeil à sa montre. Elle ne devait surtout pas être en retard, et posa son verre sur la table, cherchant un cendrier des yeux pour écraser sa cigarette qu'elle venait de finir.

Mais c'était quoi ce mec qui ne savait même pas parler japonais correctement ?

Bon d'accord, elle abusait un peu en pensant ça et le savait puisque ce n'était pas vraiment une langue facile. Mais c'était plus fort qu'elle, elle aimait embêter les étrangers là-dessus. Sûrement pour leurs rappeler justement qu'ils étaient étrangers, et que même si le Japon n'en avait sûrement jamais connu autant qui s'installaient, et que leur présence, à part celle des partisans de Kira, ne gênait pas Day. Non, elle était plutôt heureuse de voir que des gens de presque toute la planète se mobilisait pour lutter contre le dictature qui régnait. Mais c'était juste extrêmement marrant de tous les voir galérer avec sa langue natale. Et d'ailleurs, c'est pour ça qu'elle abordait tout le monde avec cette langue, au lieu parfois de l'anglais, ce qui arrangerait pas mal de gens.

Mais il se prenait pour qui celui-là ?

Non sérieusement, c'est pas parce qu'il devait avoir trente, ou quarante, bons centimètres de plus qu'elle qu'il avait le droit de lui parler aussi mal. Et il ne fallait essayer de lui faire croire que croire que c'était juste son problème de syntaxe qui mettait autant d'arrogance et de culot dans sa phrase. Elle n'en croirait pas un mot. De quel droit il se permettait de lui faire la morale. Day avait beau être gentille, adorable et tout ce qui avec, là, elle était presque vexée, ce qui l'énervait énormément.

Et puis, pourquoi elle se présenterait ? Elle ne savait rien de lui. Si ça se trouve c'était juste un de ces idiots de partisans de Kira, qui espionnait les bas-fonds pour le compte du futur dictateur emprisonné. Bon, le côté logique de Day lui disait que ce n'était sûrement pas le cas, surtout s'il ne mentait pas et qu'il était vraiment arrivé il y a deux jours. Mais elle continuait à se méfier, surtout qu'elle savait que tous les habitués du bar pensaient plus ou moins comme elle. Elle écrasa son mégot de cigarette dans le cendrier le plus proche, bu une gorgée de sa bière et sortit un paquet de tabac, pour se rouler une nouvelle cigarette, vu le peu qu'il lui restait toute faite dans son paquet.

« Alors monsieur... Yuri c'est ça ? Pourquoi je te donnerais mon identité ? C'est vrai, qui me dit que je peux te faire confiance ? »

Elle désigna d'un geste rapide tous les hommes dans le bar qui suivait discrètement leur conversation. Ils étaient habitués eux aussi à voir des habitués, mais s'en méfiaient, surtout s'ils étaient comme lui. C'est-à-dire, pas des plus sympathiques, qui ne se présentent même pas, et qui reste dans son coin sans rien dire.

« Personne, n'es-ce pas ?  Alors dis-moi, d'où viens-tu? Et que fais-tu au Japon ? Et peut-être qu'après je te dirais qui je suis. Sinon, tant pis. »

Elle alluma son tabac avec un petit sourire.

« De toute façon, je suppose que ça ne changera pas ta vie de ne pas savoir qui je suis. Comme pour moi, ton identité n'est égale, tant que tu n'es pas là pour espionner les gens qui vivent tranquillement dans les bas-fonds. Alors ?»

Elle s'adossa contre sa chaise, remettant son briquet dans une des poches extérieures de sa veste en jean. Elle rigolait intérieurement. Elle savait très bien qu'il n'avait sûrement pas aimé ce qu'elle lui avait dit. Il serait peut-être même vexé ou énervé dans le pire des cas, même si elle s'en doutait. A moins qu'il n'est aucune retenu dans ses émotions mais dans ce cas-là, ce n'était pas son problème. Cest vrai, il faut savoir retenir ses émotions. Et celui qui ne sait pas le faire n'a vraiment rien compris au monde actuel.

Il était marrant. Très marrant. Trop marrant même. Mais d'un côté il n'avait pas tord, c'est vrai que parler à quelqu'un sans pouvoir le nommer, ce n'est pas forcément facile puisque tu ne peux pas l'interpeller ou accentuer certaines phrases. Day aurait même presque pitié de lui. Enfin, presque. Parce que dans l'histoire, elle le trouvait vraiment louche à boire sa bouteille de vodka en plein milieu d'un bar alors que tout le monde le regardait. Après, c'est sûr que certaines personnes ne sont pas gênées par cela, mais même.Day sourit. C'est vrai qu'un pseudonyme facilite la conversation, mais elle évitait quand même de donner le sien à des personnes louches. C'est pas tout ça mais « Day » c'est quand même le pseudonyme dont elle se servait pour écrire ses articles au Cavalier Noir. C'est comme ça que tout le monde la connaissait donc ça ne la gênait pas vraiment qu'il le sache, mais ça la faisait surtout bien marrer de discuter avec quelqu'un qui ne connaissait pas son identité. C'était rare quand elle franchissait la porte de ce bar.

Elle le regarda se servir un verre, ce qui confirma la première impression qu'elle avait eu de lui. Il comptait finir la bouteille, donc c'était soit un alcoolique, soit un dépressif de la vie qui noyait ses chagrins dans l'alcool. Seulement, vu à quoi il ressemblait et le sourire qu'il abordait, elle pencha plutôt pour la première solution. L'alcool. Bientôt même en boire sera interdit par Kira. On nous contrôlera dans la rue sur la présence ou non d'alcool dans notre sang, et on sera punis si on en trouve le moindre milligramme. Bien sûr, là, Day imaginait. Elle n'avait aucune preuve de tout ça, mais ça lui paraissait tellement logique que s'en était inquiétant.

Day tiqua. Son explication sur sa présence ici était bizarre. Comment ça défiait le plus grand champions japonais ? Déjà, le champion de quoi ? Et puis regarder internet alors que tout ce qu'on y faisait, à part si on faisait parti d'un groupe de personnes s'y connaissant énormément, était surveillé par Kira ? Non merci. Day évitait tout contact avec ce moyen de communication à cause de cela. Pourtant, elle se rappelait très bien qu'elle l'utilisait quand elle était plus jeune, mais bon, il faut apprendre à faire des sacrifices dans la vie. Et puis son petit passage sur les rencontres qui changeaient les vies des autres étaient totalement ridicules. Tellement, qu'elle se mis à rigoler.

« Tu délires là ? »

Elle essaya de se calmer un peu en finissant son verre.

« Donc, reprenons. Tu sais, pour certaines d'entre nous, même leur pseudo sont importants. Enfin, je doute que tu puisse comprendre ça puisque tu m'as donné ton nom. Sérieusement, ne le refais plus jamais. »

Elle marqua une pause, fit tomber dans le cendrier la cendre qui s'était accumulée au bout de son tabac et reprit. Bon, elle se retient de rire, même si la situation était assez comique. Day n'avait jamais refuser de son pseudonyme puisqu'elle assumait totalement ce qu'elle faisait. Elle avait juste eu envie de voir la réaction de ce Yuri si elle refusait de lui donner et d'un côté, elle regrettait un peu qu'il ne se soit pas énervé. Ça aurait été tellement marrant.

« Alors mon p'tit, je vais être gentille. Moi c'est Day et j'te conseille de le retenir. Compris Yuyu ? »

Elle refusait de dire le vrai prénom de cet homme parce qu'elle savait très bien que même si elle s'en fichait de son existence, ce n'était pas quelque chose à faire. Elle regarda rapidement sa montre. Il lui restait encore un peu avant l'heure de la rencontre pour essayer de tirer quelques informations à celui-là.

« Alors dis-moi maintenant. Plus grand champion japonais de quoi ? »

Elle avait dit ça d'un ton qui voulait dire « Qu'es-ce que tu veux aux champions de mon pays ? » Non sérieusement, s'il voulait se battre avec eux, c'était complètement ridicule. Vu l'époque actuelle, il y avait quand même beaucoup mieux à faire que de se taper dessus pour un titre de champion.

Day n'arrivait pas à l'énerver et il ne montrait pas non plus l'impression d'être vexé. Décidément, les japonais n'étaient pas les seuls à réussir à contrôler leurs émotions. Et même si elle ne l'aurait jamais montré, ça l'énervait légèrement. En fait, pour être plus proche de la vérité, il faudrait dire qu'elle trouvait ça frustrant puisqu'elle était volontairement distante et arrogante. De toute façon, elle ne voyait aucune raison de sympathiser avec quelqu'un comme lui. Juste son physique montrait qu'il ne fallait pas être vu avec lui. Trop grand, trop fort, trop cassé. Sérieusement, rien de mieux pour attirer Kira.

Elle se leva, et alla chercher une deuxième bière au comptoir en regardant sa montre. Elle ne devait surtout pas oublier la rencontre hyper importante où elle devait aller d'ici une petite heure. Bon, il lui restait un peu de temps pour parler avec la chose bizarre assise à la table. Autrement dit, elle n'avait pas vraiment à se plaindre. Elle pourrait essayer d'obtenir quelques informations de plus. Elle se rassit à la table en écrasant son mégot de cigarette alors qu'il commençait sa réponse.

Connu sur internet.

Day explosa de rire en entendant cela. Sérieusement, il n'y avait rien de bien à être connu sur internet d'après elle. En tout cas, c'était marrant de l'entendre dire quelque chose comme cela. Encore plus que quand il parlait des champions d'art martiaux japonais. Il n'avait donc rien mieux à faire de sa vie que se battre contre des gens pour une réputation qui ne servait à rien dans le monde actuel ? Décidément, elle le trouvait complètement idiot, voire gamin. Et puis, même si son nom était trouvable sur internet, il n'avait pas besoin de le dire à tout le monde. Ca ne regardait que lui et les idiots qui lui servaient sûrement de fans.

Intriguée par lui. Mais il rêvait ou quoi là ? Elle but un peu de sa bière pour se calmer, même si l'envie de sortir son couteau pour lui rappeler où il était la tentait trop. Bon, Day n'était pas bête, et avait conscience que c'était une très mauvaise idée. Si elle faisait ça, ça risquait d'être trop dangereux, il semblait savoir se battre et elle ne pourrait pas aller enquêter. Et puis le patron du bar ne serait pas content. Il n'aimait pas voir les gens se battre dans son établissement.

Ce qui la gênait encore plus, c'est que d'un côté, il n'avait pas tord. Les autres personnes présentes dans le bar s'étaient contentés de le regarder de loin en se posant des questions, en attendant que quelqu'un aille réellement lui poser. Et évidement, quand Day était arrivée, ils se doutaient tous qu'elle allait le faire. Elle détestait ignorer des choses sur ce qui se passait dans la ville, et encore plus quand il s'agissait des bas-fonds. C'était là où elle vivait et où la Résistance était menée. Il ne fallait pas plaisanter avec ça.

« Intriguée ? Rêve pas trop tu veux. »

Day regarda rapidement sa montre pour voir combien de temps il lui restait, tout en se demandant s'il n'allait pas avoir de problèmes lors de la rencontre. De toute façon, elle serait là pour tout notifier.

« Je fais que mon métier, tu sais. Et tu vois ces gens, je les informe. Ils ont besoin de savoir qui tu es, et s'ils ont peur, faut bien que je le fasse. C'est pour ça que je suis là. »

L'arrogance. Voilà ce qu'on pouvait trouver dans sa phrase, ses yeux et son sourire. Et encore, elle aurait pu s'arrêter là, sauf qu'elle décida de rajouter une phrase qui en disait long sur ce qu'elle pensait.

« Tu vois, moi j'ai choisi une façon de vivre utile au lieu de me contenter de taper bêtement sur les gens qui passent. »