Ninomiya était en train de ranger deux ou trois feuilles sur son bureau. Celui-ci n'était pas en bazar comme celui de la majorité de ses agents : au contraire, il était rigoureusement ordonné et chacune des piles de feuilles trouvaient leur place. On ne trouvait pas un élément mal rangé dessus, ni une feuille qui dépassait d'une pile. Parfait, sans un grain de poussière ou un seul secret du gouvernement apparent, même caché au fond d'un tiroir.
Si le bureau était aussi propre aujourd'hui, c'était sûrement parce qu'il recevait du personnel de bureau. Il avait mis du temps, mais il avait tenu personnellement à se soucier du recrutement de sa prochaine secrétaire. Évidemment, le recrutement avait été fait en bonne et due forme, il n'avait même pas eu à s'en mêler et la personne paraissant la plus compétence avait été convoquée ici à cette heure.
Ninomiya avait eu son CV devant ses yeux pendant quelques secondes puis avait vaqué à d'autres occupations. Il fallait dire que sa vie était si remplie qu'il avait besoin de plusieurs postes autre que le sien pour gérer son emploi du temps démentiel qui, non content de s'occuper de la survie du Japon et de la victoire de Kira, devait prendre en charge les semi-shinigamis et leur évaluation personnelle à chacun d'entre eux. Il était évident que les secrétaires n'avaient pas accès à ce dossier épineux et pensaient que ces agents qui franchissaient régulièrement le seuil de sa porte n'étaient que des humains normaux, mais ils n'auraient pas plus s'en éloigner.
Il avait viré la dernière après une crise de colère qui lui était passée depuis. Quelques maladresses suivit d'un retard de quelques minutes n'étaient pas pardonnables dans son monde. Il n'était guère un dentiste ou un quelconque personnel de centre médical, le retard était quelque chose d'impossible par ici.
Évidemment, tous les antécédents de cette personne avaient été fouillés avant de l'embaucher. Le passé avait toutefois montré qu'il ne fallait jamais faire entièrement confiance à ce genre d'enquête mais, celle poussée qu'il avait menée personnellement ne lui avait rien révélé de particulier. Elle n'avait jamais bravé le couvre-feu ou n'avait été vue en train de comploter avec des terroristes murmurant à la population un discours anti-Kira.
Les bras de Ninomiya se détendirent soudainement : il semblait qu'il l'avait fait assez attendre. Un peu d'attente, c'était bien, surtout pour stresser les futurs employés. Il appela le type qui était censé ouvrir la porte et faire entrer la candidate. Lorsque cela fut fait, il ne se gêna pas pour la détailler bien longuement du regard, puis...
« Et bien, mademoiselle...Pouvez-vous me narrer pourquoi vous vous intéressez à cet emploi ? Et je vous en prie, ne me servez pas le baratin habituel comme quoi remplir de la paperasse est passionnant : nous savons tous les deux que c'est absolument rébarbatif ! »