[Port de Tokyô] Chasse à l'homme { quête

Le marché battait son plein à proximité du porc de Tokyô.

Il avait lieu en plein air et se voulait spécialisé dans le poisson. Les odeurs étaient particulièrement forte et les marchands criaient, bradant leur poisson au plus offrant.

Les troupes de Kira, elles, poursuivaient un résistant suspecté de faire partie du forum des hackeurs – dit Wonderland – depuis la matinée. Ils pensaient qu'il pouvait s'agir du chat du Cheshire lui-même, le résistant en question portant un masque pour camoufler son visage, mais n'avaient en réalité aucune preuve.

Tout cela pour dire que la paisible vie qui se répétait toute les semaines sur cette jetée fut interrompue par une course poursuite digne des plus grands films d'action. La silhouette du résistant, à un moment nette, renversa quelques stands puis disparut de la vue de ses poursuivants.

Caché sous un étalage, l'homme reprenait son souffle tandis que les policiers commençaient à quadriller le coin et interroger les passants présents sur le marché.

« Soyez coopératif et tout se passera bien. Sortez vos papiers et aidez-nous à interpeller cet individu dangereux. »

Il faisait beau dans ce marché et Maksim profitait de ses premiers jours à Tokyô pour flâner entre les étalages. Il n'était pas trop poisson, mais ce genre d'endroits était toujours propice pour amorcer de nouvelles rencontres et choper des informations intéressantes.

Jusqu'à présent, il travaillait toujours pour Will Wonka, cette milliardaire connue pour ses ventes exceptionnelles de chocolat. Le premier contact avait été un peu douloureux, mais il avait obtenu le boulot et s'y accrochait.

Alors présent depuis une vingtaine de minutes, il entendit le fracas causé par cette course-poursuite sur le marché. Il vit le fuyard se cacher sous une bâche à côté de lui, mais ne fit aucune remarque – après tout, Kozlov n'avait jamais été du style à parler, sauf avec de l'argent. Maksim détourna les yeux pour ne pas attirer les autres vautours vers cet endroit...Depuis qu'il était ici, il avait constaté que les agents de Kira – comme ceux-ci semblaient se nommer – étaient assez étranges et que leur relation avec la population, comme s'ils craignaient que tout le monde ne fasse exploser une bombe, était assez malsaine.

Maksim sourit. En temps normal, il aurait demandé de l'argent pour protéger cet homme, mais cette fois-ci, il avait envie de faire un peu de zèle.

Tranquillement, il s'avança vers les flics, sortant ses papiers par réflexe – il ne comptait plus le nombre de contrôles qu'il avait subis depuis qu'il était arrivé.

« Il est parti par là ! », fit-il en montrant la direction opposée du doigt.

Perdu de vue.

"Putain de marché..."

Jisoo avait finalement perdu le résistant de vue, disparu dans une marée humaine empestant le poisson.
C'est dans un soupir qu'elle désactiva sa géolocalisation. Cela indiquait aux policiers qu'elle avait finalement perdu sa trace à cet endroit, après l'avoir poursuivi discrètement, cachée dans l'ombre des immeubles.
Ombre de laquelle elle devait sortir d'ailleurs, devant s'adonner à un joyeux bain de foule -malheureusement totalement exposé au soleil -.
Mais qu'importe. Habillée en civil, personne ne pouvait savoir que la semi-shinigami épaulait  les policiers. Aussi, aux yeux de la population, Jisoo n'est et ne sera jamais le Seishin. C'est une simple étudiante, qui compte bien garder sa couverture en parfait état.

Jisoo avançait à une allure moyenne, faisant mine de scruter chaque poisson, quand un homme pointa du doigt en sa direction.

« Il est parti par là ! »

Après un bref coup d’œil vers les policiers, elle s'avança devant un stand pour y stagner deux-trois minutes, le temps de réfléchir.  
Elle avait bien tout ratissé pourtant, il était très peu probable qu'elle l'ai raté. A moins qu'il suive les mouvements de la foule pour qu'ELLE ne le voit pas, mais ça, c'était encore moins probable...

Bref, elle n'avait pas tout son temps non plus, il fallait vite se remettre à l'oeuvre. Après quelques excuses à l'attention du marchand dont elle avait monopolisé le stand pour rien, Jisoo décida de continuer sa tâche dans sa direction initiale.
Peut-être même qu'elle pourrait recroiser celui qui -volontairement ou non-, donnait des informations qu'elle considérait comme fausses.

Tout le monde semblait être à l’affût de l'homme qui était en fuite, sans pour autant arriver à le trouver. Les policiers étaient au moins sûrs qu'il ne se trouvait pas dans la direction d'où ils venaient, c'était au moins ça et une force considérable avait été déployée.

L'agent qui avait l'air de diriger les opérations écouta les témoins donner les indications : ils ne seraient sûrement pas les seuls qu'il allait interroger, le passé avait montré que les rebelles se glissaient partout et qu'ils n'hésitaient pas à se soutenir les uns les autres.

Prenant en compte les indications du russe et de la femme, il fit signe à ses hommes d'avancer vers la direction qu'ils montraient, restant avec eux pour le moment, le temps de faire une photographie de leurs papiers respectifs : il en aurait besoin pour le prochain rapport et le procès que ce type aurait bien mérité.

Il se tourna soudainement sur Maksim, passablement ennuyé de devoir faire faire un boulot qui n'était pas le sien alors qu'un criminel était en liberté, quelque part sur le marché.

« ...Titre de séjour validé par votre ambassade, Monsieur. Donnez-moi des détails sur notre fugitif, tous les deux. »

Billie ? On parlait bien de la fille qu'il avait rencontrée en Angleterre avant de passer une soirée fort intéressante avec elle ? Celle-là même qui était partie alors qu'il ronflait encore, alors qu'il pensait faire de même le premier. La voyant en face de lui, aussi simplement, Maksim toussota comme s'il était gêné de constater sa présence sur ces lieux.

Il préférait cependant ne pas la saluer, voyant que Billie avait fait de même pour qu'il n'existe pas une certaine ambiguïté par rapport à leur témoignage, aussi souffla-t-il légèrement, l'air emmerdé d'être interrogé par des flics alors qu'il avait manifestement autre chose à faire.

Il fronça les sourcils lorsque celui qui devait être leur chef resta vers eux en indiquant à ses hommes de chercher dans la direction qu'ils leur avaient indiquée : ça, ce n'était pas du tout dans le plan initial !

« Titre de séjour ? »

Maksim chercha dans ses poches, insultant mentalement ce fonctionnaire un peu trop zélé. Évidemment qu'il avait un titre de séjour, obtenu avec une menace ou deux de la part de son patron, mais c'était autre chose. Il sortit le bout de papier froncé en le montrant au type avec un grand sourire.

« Vous feriez mieux de lui courir après vous aussi, c'est pas en me demandant tous mes papiers que vous l'attraperez...Oh, que dis-je...vous voulez aussi ma dernière feuille d'impôts ? », fit-il avec un petit rire.

C'était tout Maksim, ça : provocateur, chiant, mais agile. Digne du mec qui avait un jour enfoncé un poignard dans le torse de Light Yagami.

Jisoo semblait ennuyée de voir partir les policiers partir dans la mauvaise direction. Ça lui donnait l’impression que l’on vérifie son travail de fouille. Si jamais il était vraiment là-bas, on lui remonterait certainement les bretelles bien comme il faut. Et elle se sentirait bête.
La Semi-Shinigami secoua la tête pour se remettre les idées en place. Comment pouvait-elle se laisser influencer à ce point par un simple citoyen? Elle était censée être sûre d’elle.

Elle aurait aimé dire à l’agent qu’il n’avait pas à envoyer ses hommes dans cette direction, puisqu’elle venait de la ratisser. Mais elle ne pouvait pas aller lui dire cash “Bonjour, je suis un Semi-Shinigami, vous pouvez me faire confiance. J’ai déjà fouillé là-bas, y’a rien.”. Jisoo a une couverture à garder.

Deux idées traversèrent son esprit. Soit aller témoigner en tant que simple citoyenne, soit attirer l’attention dans la bonne direction, et aller narguer les deux personnes qui donnaient de fausses indications.
La deuxième option lui semblait plus amusante, évidemment. Cela pourrait les forcer à s’expliquer sur ce qu’ils ont vraiment vu aussi.


Profitant du peu d’ombre qu’offraient les quelques magasins encadrant le marché, elle s’y réfugia pour se rendre invisible quelques secondes.
Puis hurler un énorme “Là-bas !”. Pousser quelques personnes ayant fuis le soleil. Renverser un étal de crevettes qui se voulait maintenu au frais par de la glace pilée et d'une série de parasols. Le tout à l’abri des regards.
La petite perturbation créée agita ainsi la foule dans la direction voulue, par effet de groupe.

Discrètement, elle se faufila de nouveau dans la foule, redevenant visible pour rejoindre le policier et ses deux citoyens, situés à quelques petits mètres de là.

“Hum, excusez-moi, mais il semblerait que l’action soit plutôt dans la direction opposée…”

Billie ne put s'empêcher de sourire d'amusement lorsque Maksim provoqua un peu le chef de la police. En effet, celui-ci avait exigé que Maksim lui montre son titre de séjour et cela l'avait beaucoup agacé et il lui avait répondu qu'il ferait mieux d'aller aider ses subalternes sauf s'il souhaitait avant voir aussi sa dernière feuille d'impôt.

Lorsqu'elle entendit une voix hurler « Là-bas ! », Billie tourna automatiquement la tête vers la voix mais ne vit rien. Elle fronça les sourcils en se demandant si quelqu'un aurait retrouvé le rebelle. Soudain, une femme se dirigea vers eux et annonça au policier la bonne direction qu'avait emprunté le fugitif.

Merde ! Pesta intérieurement la jeune femme.

Elle sentait qu'elle allait encore avoir des ennuis. À croire qu'elle est née pour avoir – intentionnellement ou non – des ennuis.