Tout est dans le surnom, chers amis. De Measly ne se dégage pas grand-chose, si ce n’est une impression de misère extrême. Cet homme aura beau être propre sur lui, tiré à quatre épingles, les cheveux peignés impeccablement, il n’en a pas l’air moins affaissé, comme s’il portait sur ses frêles épaules toute la misère du monde. Il marche toujours la tête basse, traîne des pieds, s’excuse d’une voix faible si il bouscule quelqu’un par mégarde. Quand il lève les yeux, on ne peut qu’être frappé par leur éclat bleu électrique, et par ce regard chargé d’une lassitude qui le ferait passer pour le premier dépressif venu.
Measly, c’est un univers de gris. Même ses cheveux pourtant blonds ont perdu tout éclat et ont constamment l’air défraichis, comme s’il ne s’agissait que d’une perruque posée là pour cacher le crâne chauve d’un être malade. Son teint même est crayeux, et de gros cernes lui mangent le visage. Ses lèvres son pâles, bien que trop pulpeuses pour son visage fin. Il n’y a pas que son visage qui soit fin, il est svelte, ou même, maigre. Et petit, pour un homme de son âge. Il ne dépasse pas le mètre soixante-dix, avec des chaussures.
De longs doigts osseux, terminés par des ongles très abîmés, viennent souvent tripoter ses cheveux, son col, sa manche, lui donnant un aspect d’être stressé. Somme toute, Measly ne ressemble pas à un homme, mais à un adolescent qui aurait trop vite grandit, qui serait coincé dans un corps qu’il ne maîtrise pas encore. Il a l’air d’avoir perdu toute joie de vivre, et de traîner ses émotions en boulet derrière lui. D’aucun se demanderait pourquoi il a même mit le nez dehors.
Sa voix claque, résonne, sèche, cassante, le ton est pédant, méprisant, les paroles sont crachées, comme de la bile, acide. Tranchant avec l’aspect de grand enfant apeuré, il vous parle comme si vous n’étiez qu’un sale insecte incapable de le comprendre. Et tout sentiment de pitié qu’il aurait pu inspirer disparaît. Son regard se fait dur, très vite, il vous considère un instant comme un déchet qu’il doit éliminer, avant que cette flamme de colère ne disparaisse, laissant de nouveau place à une lassitude déconcertante. Une pastille colorée disparaît entre ses lèvres, et il se détourne, mâchant avec application.