Il était vide, complètement vide. Il y avait peut-être des carcasses d'ordinateur qui traînaient, par ci par là, mais rien d'autre. Mello pouvait apercevoir ce qui avait pu être un bureau, sous l'épaisse couche de poussière qui le forçait à se trimbaler avec un mouchoir sur le nez. Ce qui était sûr, c'était que si Near avait jadis été ici, si un jour, il s'était déplacé et l'avait même trouvé à jouer au milieu de cette pièce avec ce train vraiment ridicule, Mihael Keehl ignorait où il pouvait être à présent. Il lui envoyait des mails, c'était au moins la preuve qu'il était toujours en vie...qui voulait que ce nain soit en vie, qui l'appréciait ? Il se demandait qui couvrait Near, mais au moment où il se posait la question, il avait en même temps la réponse : lui-même. Near était assez fort pour cacher une adresse IP, peut-être même plus fort que Matt – même s'il ne fallait pas pousser – et le passé lui avait prouvé qu'il ne fallait pas le sous-estimer.
Near était un psychopathe tout habillé de blanc. Il savait prendre le recul qu'il n'avait pas pour résoudre une affaire, il prenait en compte d'autres paramètres et avait une capacité de concentration de loin supérieure à la sienne. Alors qu'il passait ses nuits, ses journées à travailler, lorsque tous les deux étaient à l'orphelinat, il avait l'impression que tout était déjà acquis, pour Near. C'était un génie, plus que lui, plus que tous qui étaient déjà aidés par la nature.
Sous la poussière, il pouvait distinguer, s'il dégageait cette chose du sol, les traces des rails, le contour d'une voie de rail qui avait sans doute dû être posée là un bon moment. Near avait grandi, mais il était toujours aussi con, et cette manie d'être ainsi absorbé par les jeux presque répugnante. Mello croqua dans une tablette de chocolat : ainsi, il était habillé de cuir, comme il l'était à son quartier général. Il n'était pas venu ici depuis longtemps, mais lorsqu'un de ses agents lui avait rapporté que Near avait déserté, Mihael avait rappliqué ici en moins de temps pour dire « ouf ». Il était vrai qu'il n'avait pas pris beaucoup des nouvelles de Near, ces derniers temps, qu'hormis quelques mails qui le mettaient dans un état de rage intense, il n'avait pas pensé à le surveiller, ses actions et sa présence ici.
Maintenant qu'il s'en apercevait, en fait, Near avait fui. Il avait dégagé comme le lâche, le connard qu'il était. Le pire, c'était qu'il n'avait même pas été capable de lui dire, et que cela faisait environ six mois. Où était-il, maintenant ? Il ne pensait pas possible que les pro-Kiras lui aient enfin mis la main dessus : c'était à proprement dire illogique, et Keehl connaissait assez son camarade, son rival de toujours, plutôt, pour savoir qu'il ne se laisserait pas attraper. Near était comme L, sans être comme lui. Il avait sa capacité de déduction et son sens des affaires, mais si L avait risqué sa peau pendant l'affaire Kira, ce qui avait également causé sa perte, Near ne s'y était jamais resté. Il était à jamais resté un masque anonyme, pour un Light Yagami qui ne connaîtrait les formes de son visage que grâce à cette connasse de Linda. L était mort, alors voilà. Near avait pris sa suite et la lettre, le côté officiel. Lui, finalement, avait abandonné pour prendre ce qui lui revenait de droit : les bas-fonds et la mafia, trop illégaux pour revenir à son camarades.
Ses doigts pianotèrent pendant un moment sur un des claviers d'ordinateur, mais il dut se rendre compte à juste titre que Nate avait effacé toutes les données qui auraient pu le mettre sur une piste. De rage, Mello shoota sur une chaise, se faisant plus de mal qu'autre chose.
« BORDEL !!! »
Réfléchis, Mihael Keehl ! Il n'a pas pu se tirer comme ça, il a au moins laissé un message. Un message qui devait se trouver dans cette pièce, mais où ? Mello s'assit là où passait le train, au milieu de ce rond caractérisé par l'absence du jouet, essayant de se concentrer. Que ferait Near pour s'adresser à lui ? Le tableau ? Un message crypté caché quelque part dans la salle ? Un code dans un des ordinateurs, un petit papier caché dans un disque dur, il ne sait pas. Merde, où ? Et puis son attention se focalisa sur un placard qu'il avait oublié. L'ouvrit, après avoir un peu tiré sur les jointures.
Dedans, il y avait une dizaine de plaquettes de chocolat, amical message de Near à son égard.
« Petit fils de pute... », dit-il, en ouvrant le papier de la première. Il ne comprenait pas ce que Near avait pu laisser comme message, alors, pour la première fois de sa vie, Mihael Keehl lança une tablette de chocolat contre un mur.
Elle se cassa en deux, et l'instant d'après, il entendit un bruit de pas, derrière lui. Mello dégaina son arme.
« Near ? »
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