Acte I: God and Alone.Partie I.Soir d'été. Le crépuscule étendait son ombre farouche sur le paysage américain, faisant sombrer celui-ci dans le mélancolie des vieux jours. La lune projetait ses rayons de clarté sur les bâtiments lugubres, essayant de redonner un semblant de vie à ce lieu désert. Enfin, pas exactement désert. Car les pleurs que l'on entendait depuis quelques minutes n'appartenaient pas à un fantôme. Pas encore en tout cas.
Un bambin emmitouflé dans une misérable couverture écarlate fut déposé sur le pavillon de cette sinistre église. Les tours gothiques se dressaient de chaque côté du bâtiment principal, donnant la forte impression glacée d'un manoir hanté. Pourtant, l'enfant ne le remarque pas, lui qui crie, hurle à s'en arracher les cordes vocales, essayant d'attirer une quelconque bonne âme en ces lieux de désespoir. La mort gourmande est présente, tapie dans les ténèbres, attendant patiemment que sa proie lâche prise du fil de la vie. Que lentement que l'enfant agonise, privé de source de chaleur. Mais pourtant l'enfant tient bon, sous l'œil dépité de la cruauté. Le temps passe, le temps s'écoule comme le sable entre les doigts. L'aube ne tarderait plus. Mais le gamin ne le verra pas. Inconscience.
†††
Le matin se fit plus en douceur pour le jeune garçon. Quand l'aube pointa le bout de son nez, il était au chaud à l'intérieur de l'église. La lumière des chandelles lançait des reflets d'or dans ses cheveux aussi blancs que neige. Ses grand yeux éveillés fixèrent la bonne sœur assise sur une chaise, à attendre qu'elle le remarque, ce qu'elle ne tarda pas à faire. Mais pourtant elle ne dit rien, se contentant d'observer cet enfant si étrange. C'était un miracle qu'il soit encore en vie. Mais il avait été déposé devant la maison de Dieu, et Dieu l'avait sauvé. Alors, il vivrait certainement pour accomplir un grand destin. C'était ce que pensait la vieille femme. L'albinos remua un peu dans le baptistère où elle l'avait mis. La couverture se déroula sous ce geste, dévoilant une lettre qu'elle n'avait pas remarquée. Elle l'attrapa et la déposa sur la table, recouvrant le gamin. Celui-ci la regardait maintenant avec un léger air intrigué, quoique la vieille femme pouvait aussi se faire des idées, ce n'était qu'un bébé après tout. Un frêle enfant. Il ne pouvait pas montrer une émotion pareille... Si ? Et pourtant, d'une certaine manière, ils se comprenaient dans ce silence absolu. Muets remerciements.
La vieille femme soupira ; elle ne pouvait s’occuper de cet enfant. Pas le temps… et, elle risquait d’éprouver de l’affection pour ce gamin paumé. Alors qu’elle allait bientôt quitter ce monde, un certain déclin se faisant sentir sur sa peau ridée. Non, il était impossible qu’elle s’occupe de lui. Un sourire triste s'afficha doucement sur son visage. L'enfant s'était endormi. Elle regarda la lettre posée plus tôt à ses côtés. Elle ne l'ouvrirait pas, par pur respect de la vie privée.
“For Nate” était-il écrit d'une manière soigneuse. Elle la déposa entre les menottes du garçon. Il lui sembla qu'il souriait en son rêve.
Nate, cadeau de la
Nature.
Décidément, ce prénom lui allait comme un gant.
Partie IIIl avait peur, il tremblotait. La douce tendresse maternelle s'effaçait dans les ténèbres. Jeté dans l'obscur abîme. Abandon.
Encore et toujours ce même rêve. Celui qui laissait des traces humides sur les joues du jeune Nate. Cela faisait maintenant un mois qu'il avait pris connaissance du contenu de cette mystérieuse lettre, un mois que ses rêves n'étaient que cauchemars.
Un mois auparavant...
†††
C'était un jour pluvieux, il s'en souvient. Le tonnerre grondait au dehors, lançant parfois des éclairs qui affolaient les stagiaires de l'équipe ; que feraient-ils sans lumière ? Comment occuper les gamins déterminés à leur faire la misère ?
Mais l'albinos était bien loin de toutes ces préoccupations. À vrai dire, il n'avait d'yeux que pour ce papier posé en hauteur, sur l'étagère, hors de portée. On ne voulait pas qu'il lise cette lettre ; on l'en empêchait, alors que c'était son seul bien ! Il avait tenté tous les moyens, allant jusqu'à même faire embuer ses yeux pour faire craquer un membre de l'équipe. Mais pourtant, ce fut toujours non, avec cette même phrase
"Tu n'es pas assez grand, Nate." Agaçant.
Et cette lettre, qui n'était au début qu'une affaire à récupérer, commençait à l'obséder. Il l'aurait. Il la lirait. Mais il cherchait toujours un moyen de la prendre. Il n'avait qu'une chance, il fallait que ce soit le bon moment. Et l'occasion se présenta ce jour pluvieux. Profitant d'une coupure momentanée du courant, il sauta sur un tabouret, se mit sur la pointe des pieds pour attraper son trésor, avant de glisser, emportant l'étagère avec lui dans un bruit fracassant. Boulet.
Tant pis, il n'avait pas le temps de ranger. Il courut vers le dortoir, enferma la lettre dans le tiroir de la commode, avant de rapidement revenir dans la salle de jeu. Quand le courant revint, il était tranquillement assis par terre avec les autres enfants, avec de grands yeux innocents, tandis que la patronne hurlait devant le désastre. Petit ange. Elle n'avait pas remarqué la disparition du papier, trop occupée à s'énerver contre, je cite, cette équipe incompétente !
Le soir, pendant que les autres dormaient -ou discutaient, il n'y avait prêté grande attention- il décacheta l'objet pour lequel il avait déclenché une catastrophe, avant de la lire.
“Dear Nate,”... Cela commençait déjà mal.
“I'm Sorry...” Oui, elle pouvait s'excuser.
“I will not be able to nurture you. I am not the example of the ideal mother. I wanted you have a better life than mine..” À ce passage, l'enfant grand de ses quatres années avait failli déchirer la lettre en mille morceaux, quitte à devoir tout rassembler, tel un puzzle. Mais c'était las de cette ignoble mascarade qu'il avait continué sa lecture, non sans hurler des jurons contre cette absurdité. Lui vouloir une meilleure vie en l'abandonnant, au risque qu'il ne meure ? Non, ce ne pouvait être qu'un mensonge.
Et le reste de la lettre était bien pire, parlant de bonheur, de malheur et d'autres détails du même type. La seule chose qui avait retenu son attention, c'était la signature.
H. River. Et donc, lui,
Nate River.
Nate River, Nate River... Il se repassait ce nom en boucle. Il n'arrivait pas à s'y faire. C'était trop bizarre, trop nouveau. Lui qui pensait rester à jamais sans nom de famille...
Ouais, sauf qu'il était coincé à l'orphelinat. La bonne sœur avait décidé de le placer là, en espérant qu'il puisse trouver une bonne famille. Au début, il passait du temps avec les autres bambins, mais à chaque fois, ces derniers s'en allaient, partaient, le laissant seul, avec sa personnalité incroyablement compliquée. Et sa chevelure n'arrangeait rien, au contraire, elle empirait la situation. Il préférait être asocial, pour ne pas hurler quand ils voyaient les autres se précipiter dans les bras de leur nouvelle famille. Ce fut comme cela qu'il développa cette introversion si caractéristique aujourd'hui.
Puis, à force de ne rien faire, il commença à utiliser la tonne de jouets environnants. Pas que cela l'amusait réellement... Mais tous les moyens étaient bons pour passer le temps. Et puis, plus ce dernier passait, plus il commençait à y prendre goût, jusqu'à ne plus pouvoir se détacher de cette manie.
Un vie assez banale. Enfin pas vraiment, mais la suite ne serait que plus intéressante....
Acte II : Investigation and Wammy's HousePartie I.Un beau jour -ces jours où le soleil a enfin décidé de se montrer- les surveillants décidèrent de faire une petite excursion au parc le plus proche, histoire de faire un peu sortir les gamins. Nate n'en avait aucune envie ; il n'aimait pas sortir, car sortir signifiait pour lui devoir s'habiller. Perte de temps inutile, trouvait-il.
Ce fut donc de très mauvaise grâce qu'il enfila un T-shirt à manches longues, et un jean qui lui collait à la peau, tout en maugréant et pestant. Il alla même jusqu'à imaginer un plan tordu pour s'échapper, avant de renoncer. Il ne fallait pas exagérer tout de même. Mais les enfants ont le droit de rêver, non ?
Et la mauvaise troupe s'élança dans les rues matinales. Cacophonie serait le mot juste pour définir le rythme de leurs pas. Entre ceux qui couraient dans tous les sens, et les autres à la traîne... Les organisateurs se demandaient si, au final, ce n'était pas une mauvaise idée...
Quand une cloche lointaine sonna ses douze fois, on alla chercher les sandwichs. Quand je dis "on", cela comprenait une des organisatrices, et Nate, qui voulut l'accompagner, au contraire des autres enfants dissipés qui se chamaillaient. La pionne fourra quelques dollars dans la main du garçonnet, ayant remarqué que celui-ci s'ennuyait ferme depuis le matin.
-Va t'acheter un petit jeu, mon chéri. dit-elle pour toute explication.
Le concerné ne se fit pas prier, se précipitant aussi vite que le pouvait ses petites jambes vers le magasin de jouets artisanaux, sous le regard attendri de la jeune femme.
Mais pourtant, cette scène fut gâchée par le son d'une sirène de police qui retentit comme un coup de fouet. Un haut-parleur diffusa allègrement un
"Écartez-vous !" tonitruant, qui eut pourtant l'effet strictement inverse, rameutant la foule. Nate y compris.
Un ruban jaune délimitait l'espace interdit, et un linceul blanc recouvrait une masse inerte sur le sol, masse qui semblait, en toute logique, être un corps. Un scientifique était agenouillé à ses côtés, soulevant légèrement le drap de son côté pour pouvoir effectuer ses analyses. Des flics débordés essayaient de retenir la foule excitée, difficilement. Nate, mu par une malsaine curiosité, réussit à se glisser à l'intérieur du périmètre, sans être remarqué, grâce à sa petite taille. Il se posta derrière le scientifique qui réfléchissait à voix haute, en observant la peau si blanche du cadavre, l'angle impossible que formait son cou, et le sang déjà coagulé qui s'extirpait de sa plaie béante. L'homme en service sursauta en entendant une voix grave derrière lui, pris par ses pensées.
-Ce n'est pas un suicide.Il se retourna, empêcha à temps qu'un flacon tombe de ses mains, faisant face au jeune garçon étrange. Il allait le réprimander, mais les mots prononcés par le gamin le coupèrent dans son élan.
-Je te demande pardon ?Nate prit l'air qu'ont les adultes devant un enfant qui ne comprend rien de ce qu'on lui explique.
-Ce n'est pas un suicide. Il s'approcha, et désigna les lunettes fracturées.
-Il a toujours sa paire. Or, le suicide est l'acte égoïste de grade le plus élevé. C'est aussi le plus lâche. Et un lâche n'aurait pas le courage d'affronter la mort en face. Donc, si cela avait été un suicide, il n'aurait pas gardé ses lunettes avant de sauter, pour ne pas voir la mort arriver.L'homme tourna de grands yeux ahuris devant cet enfant, qui ne devait même pas avoir huit ans, à la déduction si innée.
-...oui, c'est possible.-C'est même certain. Je suis sûr de ce que j'avance. Cette fois, ce fut un froncement de sourcil qui se matérialisa sur le visage du scientifique. Déjà, ce gamin n'éprouvait aucun dégoût, alors qu'il était face à un cadavre, et il se permettait de conclure à sa place !
Ledit gamin pencha un peu la tête, tortilla une de ses mèches avant d'annoncer :
-Je pencherais pour le crime passionnel. Il a une alliance, et une marque de baiser sur la joue. Peut-être une amante ?Le garçonnet était de plus en plus étonnant.
-Il semble qu'il soit tombé du troisième étage, vu l'angle de sa nuque...Un cri le fit soudainement sursauter. Un des policiers qui gérait la circulation l'avait vu.
-Eh toi ! Tu n'es pas censé être ici !Le gaillard l'attrapa par la manche, pour le traîner hors de la zone.
Un sourire gentillet tordit les lèvres du scientifique : il avait remarqué le petit badge accroché au col du gamin, un petit badge au signe de l'orphelinat. Il ne tarderait sûrement pas d'en parler à un certain ami...
***
-Tu en as mis du temps ! Asséna la jeune stagiaire au garçon.
Silence coupable de ce dernier.
-Allons, tu n'arrivais pas à te décider entre tous ces jeux ? Elle éclata de rire, avant de reprendre son sérieux.
-Ne traînons pas, les autres doivent avoir faim.Elle n'avait pas dû remarquer l'incident qui s'était pourtant produit peu loin.
Nate acquiesça, serrant sa peluche nouvellement acquise contre lui. Il n'allait pas démentir ces propos.
Surtout que sa vie allait devenir un poil plus intéressante deux jours plus tard, avec l'arrivée d'un vieil homme qui l'arracha à l'orphelinat, après une longue discussion confidentielle avec la directrice.
Partie IINovembre. Un duo complètement désassorti arpentaient les rues anglaises sous le regard intrigué des passants et autres touristes. Un vieil homme, cheveux grisonnants, long manteau et chapeau à l'appui, marchant d'une démarche souple et rapide, la posture droite. Tout le contraire de l'enfant qu'il tenait à la main. Un petit garçon, avec des cheveux de même couleur que sa peau retombant en une soyeuse cascade emmêlée, encadrant de fines et hautes pommettes rosies, un regard sombre dénué d'émotivité, avec cette attitude bien étrange... Et ces longs habits traînant sur le sol.
Les plus anciens de la région dissimulèrent un sourire ; un petit nouveau arrivait donc à ce drôle d'institut pour surdoués. Ils lui adressèrent de silencieux encouragements : ce petit en allait-bien en avoir besoin pour ne pas se faire éjecter du classement. Le croyaient-ils...
Car, malgré son apparence de déficient mental, le petit Near, comme il fut surnommé dès son arrivée, était bel et bien savant. Trop au goût d'un blondinet dont il n'apprit le faux nom que par la suite. Mello. Toujours premier, toujours deuxième. Tel fut le classement. Mais Near ne faisait pas cela pour la compétition du "Qui va succéder à L ?" -ça sonne presque comme une émission de télévision- mais parce qu'il voulait réellement cette place. Il n'était pas venu jusqu'en Angleterre pour fainéanter une fois arrivé à ce nouvel orphelinat, mais bien pour pouvoir tester ses capacités, et donner le meilleur de lui-même. Du moins, le disait-il.
Il bossait dur, et il n'était pas rare de le voir s'alimenter en anecdotes historiques à la bibliothèque bien fournie de l'orphelinat, quand il n'était pas en train de résoudre un casse-tête amusant. On l'invitait parfois à sortir jouer dehors avec les autres gamins, mais il déclinait toujours. Ce n'était pas une chose qu'il appréciait de faire. Ah, les manies...
Et puis, au fil des jours, Near prêta une certaine attention à la rivalité croissante de "l'accro du chocolat". Cela, comment dire, rajoutait du piment à la morne litanie de jours répétitifs. Et puis, bien qu'il ne le montrait aucunement, cela l'amusait, cette petite compétition. Ce jeu entre eux. Qui gagnera, qui perdra ?
La réponse tant convoitée arriva quelques années après, avec une douloureuse nouvelle. L était mort. Cela n'ébranla pas une seconde le blondinet. C'était purement et bonnement impossible. Le détective à la renommée plus qu'internationale ne pouvait pas disparaître. Mais les yeux graves de Roger prouvaient que ce n'était pas une mauvaise plaisanterie. Un cri hystérique éclata à ses côtés. Mello. Mais tais-toi donc. Ne comprends-tu donc pas que L, le grand L, ne pouvait être tué par cette ordure de Kira ? Cela, Near ne pouvait le croire. Mais, quel serait l'identité du nouveau L ? On s'y attendait, ce fut le blond qui posa cette question à Roger. Froncement de sourcils de la part de ce dernier. L n'avait pas choisi. Ne sachant pas vraiment quoi faire dans cette situation, Roger leur proposa une alliance. Eux deux. Deux génies au si grand potentiel. Near fut d'accord. Pas Mello, qui céda la place au décoloré, avant de partir de l'institut sur un coup de tête. Ou de rage, allez savoir. L'affaire fut donc conclue.
Near prendrait la suite de L.
Et maintenant ?Trois ans. Trois longues années s’étaient écoulées, à bosser, travailler, réunir les informations et autres rapports laissés par L. Trois années à trimer comme le grand malade qu’il était, pour enfin arriver à cette satanée conclusion qui paraissait irréelle : le Death Note.
Il rencontra le président des Etats-Unis, accompagné du directeur du FBI, et demanda qu’un nouveau groupe d’élite soit créé, composé de membres du FBI et de la CIA. Un groupe nommé SPK.
Special Provision for Kira –qui, comme son nom l’indique, cherche à arrêter Kira. Near prit d’ailleurs la tête de cette ligue anti-Kira, et ce fut lui qui choisit ses membres, notamment Rester, de son faux nom, personne à qui il donna toute sa confiance.
Il découvrit la véritable identité du nouveau L, et ses soupçons se renforcèrent sur ce Light Yagami, cet enquêteur bien trop passif… à l’en rendre suspect. Mais l’enquête piétina toujours, Near n’ayant aucune preuve pour démontrer sa conviction. Il pouvait tuer Kira… Mais ce n’était pas comme cela qu’il voulait lui infliger sa monumentale défaite. Oui, défaite. Son but était de lui faire comprendre qu’il n’était aucunement la justice. Juste une saleté de tueur.
Malheureusement, Kira prit de l’ampleur. Near fut contraint d’abandonner l’enquête et de dissoudre le SPK. Mais, officieusement et seul, il mena toujours l’investigation sous un faux nom –
Andrew McCoy- et de l’intérieur.. Comment cela ? Il est chef du MI6, cette organisation sous le joug de Kira. Mais ne vous y méprenez pas, Near, alias Nate, Near, Andrew… l’arrêtera.
Tôt ou tard.