Look what's happening out in the streets, got a revolution ▬ Nagawika

Au départ, l'idée lui a paru folle. La première fois qu'il lui avait proposé une rencontre, via le forum des hackeurs, le roux avait clairement refusé. À ses yeux, sa correspondance avec Nagawika était largement suffisante. Il n'avait pas besoin de plus. Ils étaient tous les deux protégés par cette barrière fictive qu'est leur connexion internet. Lui, il aimait ça. Il ne risquait rien, se sentait tout_puissant. Malgré tout, il avait appris avec le temps à faire confiance à cette personne qu'il avait recrutée à la base par hasard, juste parce qu'il était une taupe infiltrée dans la police de Kira. Mais avec les récents événements, sa vision des choses a fini par changer. Il s'est rendu compte que rencontrer la personne a des avantages de taille. Il en a eu la preuve avec Billie. La rousse est quelqu'un de confiance, un peu comme Nagawika, mais à la différence de celui-ci, il l'a recruté en personne, et pas uniquement par mail et il se rend compte à quel point ça change entièrement leurs relations. La rousse est peut-être celle en qui il a le plus confiance par rapport à ça, il n'hésite pas à l'appeler s'il y a des problèmes ne concernant pas uniquement le forum des hackeurs. En rencontrant Nagawika, il a espoir que leur relation uniquement professionnelle évolue en quelque sorte de cette façon. Bien sûr, il sait que ça ne sera pas aussi simple car le policier ne doit pas trahir sa couverture. Mais il a envie de pouvoir plus se reposer sur lui. Ça lui facilitera la vie.

Alors, il est sorti de chez lui. Pour l'occasion, il s'est réellement couvert. Il a fait l'effort de cacher ses cheveux trop reconnaissables avec un bonnet noir, a mis un manteau pour masquer un de ses habituels sweats à rayure mais a tout de même gardé sa paire de lunettes. Il ne faut pas abuser quand même. Qu'est-ce qu'il peut détester le ministre de la censure pour ça. Mais il préfère rester prudent. Il n'a aucune envie de revivre la même situation que la dernière fois où il avait terminé dans les appartements privés de Will en allant acheter du chocolat. Il est méfiant maintenant. Ça fait assez longtemps qu'il n'est pas sorti, à la fois pour se faire oublier mais aussi tout simplement qu'il n'aime pas spécialement sortir. Il doit avouer que Nathan lui a donné une bonne excuse pour échapper aux probables missions un peu sur le terrain que Mello aurait pu vouloir lui donner sous le coup de la colère.

Il a pris du temps pour se rendre à l'endroit qu'ils avaient convenu la veille par mail. Le chemin est particulièrement étudié. Il faut choisir des rues par trop importantes pour pas que la surveillance soit trop importante, mais il faut également éviter les rues trop glauques et suspectes qui ont parfois l'effet inverse pour quelqu'un essayant de passer inaperçu. Il y est allé à pied, faisant parfois des pauses, et regardant son téléphone de temps à autre pour lire ses mails. Il tente difficilement de se fondre dans la masse, ce qui n'est pas évident. Il n'a aucune idée de comment vivent les gens normaux actuellement. Il aurait peut-être dû écouter les speechs de Nathan sur la normalité, le ministre aurait presque réussi à servir à quelque chose pour une fois.

Il arrive dans la périphérie de la ville, en bus. Bien sûr, il sait que c'était risqué de prendre les transports en commun, mais il a tenté le coup. Il s'est dit que personne ne s'y attendrait. Qui pourrait croire que les rebelles se mélangent aux autres de cette façon pour passer inaperçu ? Et ça fait moins bizarre qu'un mec qui marche plusieurs kilomètres, avec un ordinateur, pour aller à l'autre bout assez isoler de la ville. Non, là pour le coup, c'est extrêmement suspect, surtout qu'il fait froid. La température extérieure a beau ne pas le déranger, il sait qu'il y a des limites à ce qui est bizarre ou qui ne l'est pas.

L'instant de vérité. Il est tranquillement installé, dans un entrepôt que Mello lui a trouvé quand il est venue lui parler de son idée. Il est presque inquiet, attend de voir ce qui va se passer. Si ça se trouve, dans une dizaine de secondes, des policiers vont débarquer pour l'arrêter, parce qu'il est le bras droit du chef de la mafia. Nagawika est peut-être un traître. Si ça se trouve, c'est un fidèle de Kira, se moquant d'eux depuis le début. Tout est possible. Pourtant, il est plus serein qu'il ne l'aurait pensé. S'il est ici, c'est qu'il a suffisamment eu confiance en lui pour venir. Alors, il aime penser qu'il ne s'est pas trompé. Ça fait un bien fou à son ego. La porte s'ouvre, une personne seule la passe. Le roux lève les yeux de son ordi où est affichée une multitude de choses, comme le forum des hackeurs. Il n'est pas fou. Il sait très bien que s'il y a le moindre risque, il n'a juste qu'à taper une courte suite de chiffres – la date de naissance de Mello – pour briller le disque dur et toutes les données présentes sur la machine. Vu toutes les informations qu'il s'y trouve, il ne faudrait pas pour la Rébellion que le gouvernement y ait accès.

— Nagawika ? Je suis le Chat, mais tu peux m'appeler Matt.

Il est respectueux envers cette personne en face de lui pour une raison assez logique. S'il y a une personne qui leur fournit un nombre important d'informations auxquels ils galéreraient à avoir accès – ou qu'ils ne penseraient pas forcément chercher – c'est bien lui. C'est peut-être aussi celui qui prend le plus de risque dans tous les hackeurs qu'il a recrutés, car c'est celui qui vit le plus près des pro-kira. Il a donc plus de chances que n'importe qui se faire repérer, arrêter et tuer. Donc pour ces raisons qui ne valent pas rien, il le respecte assez. Et de la part du rouquin, ce n'est pas rien.

— On se rencontre enfin. Assieds-toi, n'hésite pas. C'est pas très confortable, mais on risque rien. Enfin, à moins que l'un de nous n'ait dénoncé l'autre.

Il n'y croit pas mais il le dit quand même. Derrière ses lunettes, il regarde la réaction que va avoir le policier. Il aime bien analyser les réactions des autres, c'est quelque chose qu'il trouve à la fois facile et drôle, surtout que ça peut parfois se montrer très utile.

Avec les derniers événements, il avait semblé urgent pour Flynn de fédérer la Résistance et de pouvoir accorder sa confiance à Cheshire. Il avait donc une nouvelle fois proposé au chef des hackeurs de le rencontrer. S'attendant à un nouveau refus, il fut plutôt étonné de recevoir par mail les instructions du chat pour orchestrer leur rencontre qui se révélait des plus délicates. Prenant soin de vérifier si tout ceci n'était pas une vaste blague ou un quelconque piège du gouvernement pour le confondre, il avait mené des recherches un peu partout et sur le forum des hackeurs où Cheshire avait confirmé via MP sa demande. Tout était donc en règle de ce point de vue là. Maintenant, il restait à fixer une chose, était-ce un traquenard ou pas ? Et pour cela, il n'avait qu'un seul moyen de le savoir, c'était de se rendre à ce fameux rendez-vous et voir ça de ses propres yeux. Heureusement grâce à Suzaku, il savait à quoi pouvait ressembler Cheshire, il ne pourrait pas se tromper de personne. Le ministre de la censure avait fini par faire quelque chose de bien... Même si cela était plutôt préjudiciable pour le hackeur en définitive.

Pour ne pas paraître suspect, il avait pris une semaine de congés, prétextant qu'il avait besoin de vacances. Etant un agent travailleur et apprécié, cela ne posa aucun problème et certains de ses collègues lui avaient proposés une ou deux sorties après leur boulot. Mais ce jour-là, il n'avait rien de prévu, afin de pouvoir rencontrer son supérieur dans les meilleures conditions. Pour sortir, il avait pris une veste noire à capuche et un jean. Le rendez-vous avait été planifié en périphérie de la ville pour éviter de trop éveiller les soupçons. Il prit alors le train pour se rendre sur place. Il salua deux trois personnes et fit un petit numéro de drague à une jeune femme plutôt mignonne. En sortant, il alluma une cigarette et se dirigea alors vers l'entrepôt où devait se dérouler la rencontre. Il ouvrit doucement la porte, en regardant autour de lui pour voir si quelqu'un le suivait. Personne... En entrant, il enleva sa capuche et laissa apparaître ses cheveux blonds. Il écrasa alors sa cigarette au sol et se dirigea vers le rouquin qui se trouvait au centre de la pièce. Nul doute, il s'agissait bien de Cheshire !
Il se présenta sous le nom de Matt, surement un pseudo pensa le policier.

Enchanté Matt, je suis Nagawika mais appelle-moi Jeff !

Il lui tendit la main pour serrer celle de Matt puis s'installa comme le lui suggéra le rouquin. En même temps, qui serait assez stupide pour rester debout dans un entrepôt ? Il attrapa alors une caisse et s'assit dessus. Matt suggéra que l'un des deux ait pu vendre l'autre au camp adverse. En effet, cela aurait pu être une perspective intéressante si Nagawika était le petit policier modèle qu'il faisait semblant d'être.

Ouais, j'avais que ça à faire, appelez mes petits camarades pour te faire enfermer, je suis pas trop fan des roux ! D'ailleurs, le ministre ne t'aime pas beaucoup non plus. Ca doit être plutôt problématique de se balader en ville avec toutes ses affiches ! Enfin, vu comme ça, tu es pas tellement du genre à beaucoup sortir, je me trompe ?

Un sourire se forma sur les lèvres du policier qui s'amusait bien. Pour une fois qu'il pouvait dire tout haut ce qu'il pensait tout bas. Puis s'il y avait des rebelles, tant pis, il ne faisait que montrer qu'il ne faisait pas partie des pro-Kiras. Il croisa ses jambes et observa Matt devant son ordinateur.

Du nouveau sur le forum ? J'ai pas trop le temps d'y aller ces derniers temps... Normalement avec le dernier recensement, j'ai du faire le ménage parmi les boulets... J'ai encore du mal à comprendre comment des gens aussi stupides arrivent à trouver notre forum alors que le gouvernement passe toujours à côté... Tu t'es pas déjà dit qu'ils sont déjà au courant ?

Et le voilà lancé, à parler avec Matt comme s'ils étaient de vieux amis... Il faut dire que Flynn était plutôt sociable et qu'il n'avait aucun mal à se faire des amis. Matt se montrerait surement plus réservé et moins enjoué que son interlocuteur, cela ne faisait aucun doute. Mais au moins, cela ne donnait pas lieu à une discussion morne et sans intérêt...

Il est venue. Seul. Sur le coup, il se sent rassuré. On ne sait jamais à qui on peut faire confiance dans ce monde. Nagawika est déjà une taupe, servant la cause des hackeurs au sein même de la police de Kira. Il est donc plus qu'un autre un traitre potentiel au service de Nathan. Il sait très bien que le ministre de la censure cherche à avoir accès à ce forum. Il sait qu'il est acharné au travail et prêt à tout pour ça. Nagawika est humain, même s'il est de leur côté depuis longtemps, on ne sait jamais. Il pourrait mentir depuis le début, ou il pourrait subir depuis peu un chantage l'obligeant à changer ses principes. C'est le risque actuellement. On ne peut jamais être sûr des personnes à qui on se fie, il faut être prudent. Et il ne l'a pas été aujourd'hui. Il n'a pas cherché à savoir s'il s'agissait d'un piège. Mais il en a marre de toujours faire attention. Même si Nathan ne lui simplifie pas la vie, il a besoin de vivre. Rester enfermé dans sa chambre ne l'a jamais gêné, il adore ça. Mais il a besoin de pouvoir sortir quand c'est nécessaire, quand il en a envie, quand personne ne le force.

Il regarde sa main tendu à travers ses lunettes. Il n'aime pas spécialement ça, les contacts mais il la serre. Il faut faire la part des choses dans ce genre de rencontres. Nagawika n'est pas quelqu'un qu'il aimerait froissé ou se mettre à dos et pas uniquement parce qu'il fait partie de la police. C'est une personne en qui il a suffisamment confiance pour modérer le forum des hackeurs. C'est énorme. La seule autre qui a réussi à avoir ce droit est Billie, et leurs relations sont beaucoup moins superficielles, pas uniquement virtuelles. Il lui a quand même confié Sayu quand il ne savait pas quoi en faire, c'est énorme. Un sourire apparaît sur le visage du roux lorsqu'il entend le blond parlé. Il le prend vraiment pour quelqu'un de stupide ou alors il veut pouvoir le juger ? Savoir si c'est vraiment lui ? Non, il a déjà vu son portrait-robot sur les magnifiques affiches que Nathan a mises un peu partout en ville.

— Oui oui, ravie aussi de te rencontrer, Flynn. – Il ne fait pas de commentaires supplémentaires sur son prénom. Il ne trouve pas ça réellement nécessaire. Après tout, ce n'est qu'une appellation comme une autre mais il trouve ça ridicule de ne pas le dire dans un lieu où ils sont parfaitement en sécurité. La mafia s'est chargé de trouver cet entrepôt quand il en a parlé à Mello. Il ne faut pas abuser.

Foutu policier trop chiant qui se moque délibérément de lui. En même temps, c'est normal. Il ne sait rien de lui de ce qu'il sait. Il n'a sûrement pas été capable de faire le rapport entre lui, gérant le forum des hackeurs, et lui, bras droit du chef de la mafia. Enfin, à moins qu'il soit très doué parce que le roux s'est assuré que ces informations ne soient pas accessibles, que personne ne puisse faire le moindre lien. Bien sûr, des gens sont au courant. Plein de gens. Hadès, Billie, Near. Sayu aussi. Mais il préfère que des gens comme Nagawika ne soient pas totalement au courant. Il ne s'en cache pas, mais de cette manière, il les implique moins. Beaucoup moins. Malgré sa réputation de geek sans sentiment, il ne voudrait pas mettre la vie de toutes ces personnes trop en danger. Parce qu'en danger, tout le monde qui essaye de faire quelque chose l'est.

— Non, Nathan m'aime pas... Je comprends pas pourquoi d'ailleurs. Je trouve que j'ai été gentil avec lui, on aurait pu faire pire. Largement pire. – Il s'allume une cigarette en reportant son attention sur son ordinateur quelques instants. Il est content du travail fait dans le cadre de ce projet. Il a quand même dû insister fortement auprès de Mello pour pouvoir créer ce forum et ce groupe. Il n'aurait pas cru que son idée pourrait prendre autant d'importance. Et puis, pour une fois, il se sent utile. – Parce qu'ils sont nuls. Nathan est entouré d'une bande de bons à rien. Les boulets peuvent le trouver mais il y a des permissions spéciales pour la partie qui nous intéresse. Ils sont pas gênants, ils discréditent même le forum je dirais. C'est plus utile qu'on pourrait le penser.

Sa voix n'a pas grande conviction dans le fond. Les gens qui ne le connaissent pas le prennent souvent pour un blasé de la vie. Ce n'est pas loin de la vérité après tout. Mais il est capable de s'investir. La preuve est là, sa présence dans cet entrepôt alors qu'il pourrait être à l'abri dans sa chambre. Il n'est pas fan des sorties à l'extérieur, mais il doit avouer que parfois il préfère prendre ses responsabilités de cette façon. S'il n'est pas capable d'apporter une preuve de confiance à ceux sur qui il se repose, les choses vont forcément mal se passer.

— Enfin, c'est bien que tu sois là. Fallait qu'on règle des choses, et puis ça me fait plaisir de voir que je peux te faire confiance. – Plaisir. Il n'est pas sûr que le mot convienne parfaitement mais c'est l'idée générale qui s'est imposée dans son cerveau. Il est rassuré, content de voir qu'il a réussi à trouver des personnes intéressantes. Bien sûr qu'il y a des boulets. Il y en a toujours. Même dans ceux qu'il a recrutés, il y a des incapables qui à première vue pouvaient être utile. Mais pas Nagawika, le petit indien. Donc c'est une bonne chose.

Les informations défilent sur son écran. Il soupire. Il a du mal avec les règles de politesse Matt. On lui a répété des centaines de fois qu'il faut regarder son interlocuteur quand on parle. Mello a tenté de lui faire comprendre de façons plus différentes et violentes les unes que les autres. Une de ses consoles a fini explosé contre un mur pour cette raison. Mais le roux est têtu, presque autant que son meilleur ami. C'est peut-être une raison qui fait qu'ils s'entendent énormément. Avec les années, ils ont tous les deux appris à faire la part des choses pour ne pas tuer petit à petit leur relation. Alors qu'il est devant Flynn, il y repense à tout ça. Comme quoi, toutes les leçons de morale qu'on lui a faites n'ont pas servi à rien. Il a fini par comprendre, ce qui ne veut pas dire qu'il les applique. Il se retient de soupirer, il regarde le blond en face de lui. Il a beau savoir qu'il est venue ici uniquement pour le voir, il a du mal à décrocher son regard de l'écran en face de lui. Alors, il cale sa cigarette entre ses lèvres avant d'appuyer sur une à deux touches de son ordinateur pour éteindre l'écran.

Peut-être qu'il n'aurait pas dû. Si c'est pour entendre parler des soi-disant talentueux hackeurs de Kira, il aurait mieux fait de rester tranquillement dans sa chambre à jouer à Mario. Il a suffisamment le droit à ce sujet sans devoir aller à la rencontre d'un des membres de son groupe. Déjà, il y a Nathan qui l'a légèrement gavé à ce sujet lors d'un de leurs échanges de mails – qui était d'ailleurs tout ce qu'il y a de plus cordial. Il y a aussi certains mafieux, Mello, des gens au courant que c'est lui qui gère ce forum. En gros, on peut dire qu'il les déteste particulièrement. À vrai dire, il n'a pendant longtemps pas trop su ce qu'ils valaient. Il a fini par se renseigner, plus par besoin que par envie. Il faudrait être fou pour ne pas vouloir connaître ses adversaires. Les informations qu'il a pu obtenir l'ont plutôt rassuré. Nathan a de très bons hackeurs à son service, certes. Il s'est mis à ne plus pouvoir le nier. Mais il n'y a rien d'extrêmement inquiétant. Il en a tout autant, et ceux du gouvernement ne sont que des pions qui ont des règles à respecter. Quand on travaille au ministère de la censure, il n'est pas sûr que les initiatives soient appréciées.

— Tu sais Flynn, j'apprécie beaucoup ta pseudo-inquiétude concernant le forum. Vraiment. C'est la preuve que tu te sens concerné. Mais, sérieusement... – Il soupire en faisant tomber son mégot par terre. Il l'écrase avec son pied, on ne sait jamais. – Bien sûr qu'il y a des risques mais bon, c'est le jeu quoi. Je passe des heures à réfléchir à toutes les stratégies qu'ils pourraient mettre en œuvre, des trucs comme ça. Je pense même avoir fait plus ou moins le tour, pour te dire.

Il le regarde presque méchamment en étendant le téléphone vibrait. Il sait qu'il n'est pas parfait, que lui aussi a une sérieuse addiction avec tout ce qui possède un écran, mais il y a une limite. Il n'est pas du genre à se dire que puisque Flynn est théoriquement en partie sous ses ordres, il a le droit de se permettre des choses que le blond n'a pas le droit de faire. Ce n'est pas sa façon de penser, trop de privilèges, trop de règles à se rappeler. Le problème n'est donc pas là. C'est juste qu'il est persuadé que ce message n'est pas important. Déjà parce qu'il avait rapidement rangé le téléphone et qu'il n'avait pas l'air étonné, mais surtout parce que si quelque chose d'important s'était déroulé, il serait sûrement déjà en partie au courant.

Pourquoi il avait accepté de venir. Pourquoi maintenant. Bien sûr, il sait que c'est les événements récents concernant Sayu qui l'ont décidé. La proximité qu'il a avec Billie suite à leurs rencontres lui a permis d'avoir une confiance quasiment totale en elle, ce qui lui a été très utile. Il s'est rendu compte que tout ça n'était pas si désagréable que ça de se retrouver devant quelqu'un. Alors oui, il a choisi de le rencontrer. Mais tout ça, il peut difficilement l'expliquer avec cohérence sans parler de Sayu et de Billie. Il préfère quand même garder ces détails secrets. Ce sont des informations trop importantes pour que quiconque soit au courant. La sœur de Light est censée être morte après tout.

— Une envie de sortir, manger une glace, voir des gens. Sortir de la routine quoi ! – Si Mello pouvait l'entendre parler, il ne doute pas qu'il aurait déjà pris une coup pour arrêter de dire des conneries. Mais il n'y peut rien, après tout, ça le fait rire. – Non plus sérieusement, j'ai récemment compris que ça pouvait être utile de vous voir irl, que c'est plus simple pour l'avenir. On sait jamais. Tu sais, les choses pourraient bouger prochainement.

Ou pas. Parfois, il arrête d'y croire, puis il recommence. Après tout, personne ne peut savoir en ce moment.