I Need to Romp [PV Noa]

Son bras se leva péniblement à la verticale et elle jeta un coup d’œil furtif à la montre attachée à son poignet gauche.

Trois heures vingt-sept.

Fate se demandait réellement ce qui l'avait amené ici, dans les rues reculées de la vieille ville, à une heure pareille. A y réfléchir, il était évident qu'elle était l'unique responsable d'une telle sortie, mais son esprit embrouillé peinait déjà à se rappeler de ce qui l'avait poussé à quitter son appartement aussi tardivement. Alcool, clope. Alcool, clope. Elle avait encore dû enchainer avant de se décider à partir. Enchainer ce mélange dont elle connaissait pourtant la grande malignité... Comme si depuis des années les campagnes ne suffisaient pas, il avait fallu qu'elle ait aussi droit aux mises en garde de son médecin, ce vieux con qu'elle n'allait voir qu'en extrême nécessité et à qui elle se gardait bien de personnellement rendre visite. Son addiction à l'alcool et sa nymphomanie ne suffisaient vraisemblablement pas pour qu'on la remette sans cesse en garde contre ces cancers qui guettaient. Quitte à se faire malade, autant y aller jusqu'au bout. Elle n'allait pas s'écrier ce fameux "Kira veille sur moi" que les fidèles commençaient à adopter, même si le fond était là. En tant qu'élue, elle estimait être en droit de faire ce qu'il lui plaisait. Dans la limite du raisonnable bien sûr. Enfin. La MEF qui trainait au fond d'un de ses tiroirs, il n'était pas nécessaire que Kira en soit averti non ?

Pas de sexe ce soir pour regrouper cet héroïque quatuor que formait l'alcool, le tabac et la drogue. Plus qu'un manque d'envie, cela n'avait été qu'un manque de possibilité. Elle avait passé sa journée au bureau, comme d'habitude, penchée sur ces piles de dossiers qu'envoyaient par dizaine les services d'embrigadement. Un sabotage par-ci, un attentat par-là, des faux papiers là-bas... Elle rechignait d'avoir à s'occuper de tout cela. D'ailleurs, ça n'était pas ce dont elle était responsable à la base. La vérité c'est qu'elle cherchait désespérément des informations. Hadès... Darkwood...Hadès... Darkwood... Elle ne pouvait laisser échapper le visage de cet homme qui l'avait volontairement aiguillé vers quelque chose qui lui semblait tout à fait digne d'intérêt avant de prendre la poudre d'escampette. C'était quelqu'un qu'elle pensait pouvoir utiliser à bon escient. Après lui avoir tirer les vers du nez, elle aurit pu se trouver en possession d'informations capitales. Mais il était désormais dehors, sans doute à cause d'un de ces vermines de résistants dissimulées parmi les membres de son propre camp. Elle avait à la suite de cet incident était convoqué par son supérieur le Général Suprême. Et Dieu sait que la soufflante qu'elle avait reçu lui avait donné une rage telle qu'elle se sentait prête à tout, même à éplucher ces ennuyeux dossiers réservés aux administratifs des étages inférieurs, pour remettre la main sur celui qui lui avait valu une telle humiliation.

Bref.

Cette journée fatigante ne lui avait rien apporté de nouveau. Elle ne trouvait rien. Rien qui n'était, à ses yeux, digne d'intérêt. Elle avait quitté son bureau tard, à vingt-deux heures passées et était directement rentrée chez elle sans se poser de question. Sa vie se limitait à son travail alors vivre en suivant ce train-train de métro-boulot-dodo qu'adoptait tant de tokyoïtes ne la dérangeait pas. Elle aurait l'occasion de se faire quelques extras. Mais plus tard. Un maigre repas et une douche avaient suffi : elle avait de suite rejoint son lit où elle avait entamé un sommeil profond et sans doute bien mérité. Les complications étaient venues plus tard avec l'arrivée de ce cauchemar, encore et toujours le même, celui qui depuis sa rencontre avec ce criminel au détour d'une ruelle ne cessait de la tourmenter. Elle s'était réveillée en surtout, des frissons plein le dos et n'avait pu retrouver le sommeil. Fatiguée et énervée, elle avait décidée de faire ce qui semblait être son occupation favorite quand elle avait besoin de se défouler : arpenter les ruelles au nom de Kira. Faire flipper les jeunots qui dépassaient le couvre-feu, faire taire ceux qui hurlaient leurs soifs de liberté dans les bars, faire preuve d'autorité. Ca avait quelque chose de jouissif en somme. Enfin... Peut-être était-elle seulement étrange ?

La jeune femme avait alors renfilée son uniforme, prit ses habituelles armes et était sorti. Peu importait le fait que c'était dans une situation comme celle-ci qu'elle s'était fait agressée, elle s'obstinait à se dire qu'un tel incident ne se produirait pas deux fois. Peu importait que ce genre de travail ne soit pas compté dans son salaire, il était déjà suffisamment élevé pour qu'elle se permette ce genre de chose. Elle avait choisi d'arpenter un quartier proche du sien, celui de la vieille ville, l'estimant peut-être plus rassurant que les bas-fonds. Restait juste à trouver une victime, quelqu'un sur qui passer sa colère et ses remords actuels...

Invité

Trois heures du matin passé. Un mélange entre très tôt et très tard, selon l'activité des gens. Pour Noa, c'était simplement une heure normale. Elle ne dormait jamais de la nuit, et dormait peu le jour. C'était un mode de vie particulier qu'elle avait adopté depuis son arrivée dans la capitale nippone. Le soir, elle bossait, remplissait des contrats qu'elle réussissait à trouver le jour en faisant plus ou moins la tournée des bars, vu que pour ça il n'y avait pas mieux. Et après, vers une ou deux heures du matin, le travail accompli, elle allait chercher sa paye, sa récompense. Ça lui permettait de se faire respecter un peu plus en étant extrêmement active, même si certains continuaient à douter un peu de ses capacités. Comme quoi, ce n'est pas simple tous les jours d'être une criminelle d'à peine seize ans. Être considérée comme plus qu'une enfant était beaucoup plus dure que tuer quelqu'un. Vraiment plus dur.

Elle était donc sorti du bar où elle avait passé le reste de sa nuit, et malgré la dose importante d'alcool et de substances illicites qui se trouvait dans ses veines, elle était toujours assez clean pour entendre les chuchotements derrière son dos. Qu'est-ce qu'elle les détestait juste pour ça. Noa décida alors de s'éloigner et opta pour une petite balade dans la ville. Ça aurait le mérite de lui changer les idées, parce que sinon, elle serait capable d'essayer de les tuer, ce qui n'était pas forcément une bonne idée. Même si cette bande d'idiots n'est pas capable d'accomplir seuls les petites tâches ingrates qu'elle se coltinait, elle préférait éviter de les provoquer. Elle avait besoin de cet argent pour boire, et puis pour acheter des cigarettes, et autres choses du genre.

Elle alluma une cigarette en arrivant dans la vieille ville. Le trajet assez long l'avait rendu encore plus lucide qu'elle l'était au départ. Lucide, elle n'aimait pas ça. Être lucide, ça fait souffrir, ça ramène trop à la réalité. Et Noa n'aimait pas la réalité. Trop de souvenirs, trop de choses qu'on veut oublier. Non, décidément, il ne fallait pas. Elle plongea la main dans sa poche, pour en ressortir un paquet rempli de cachets. Amphétamine. La chose à laquelle elle carburait la plupart du temps, pour pas dire tout le temps. Un cachet, deux, trois. Et c'était reparti. Elle avait à nouveau de la volonté, presque de la joie de vivre. Elle était presque heureuse.

Elle marchait sans chercher à savoir où elle allait. Elle était un peu dans son monde et errait dans la vieille ville était mieux qu'errait dans les bas-fonds. Cet endroit lui rappelait trop pourquoi elle était là, dans ce pays totalement différent de son lieu de naissance. Venger son frère, tuer Kira. Toutes ses idées étaient un peu confuses en temps normal, mais ça s'arrangeait avec les cachets. Tout s'arrangeait toujours grâce à eux.

Elle se retrouva alors face à une femme, blonde, comme ça, sans comprendre ce qui lui arrivait. Elle s'était allumée une cigarette et lorsqu'elle avait relevé la tête, elle était là. Enfin, elle croyait que c'était ce qui s'était passé. Elle n'était plus très sûre de rien en fait, mais c'était un détail. Un simple détail sans importance. Elle regarda la femme, la dévisagea. C'était qui elle. Et puis pourquoi elle se baladait dans la rue à une heure pareille ? D'habitude, elle ne croissait personne à une heure pareille. Sur le coup, elle ne remarqua pas son uniforme. C'est vrai, il faisait nuit, pourquoi elle regarderait les habits de cette inconnue. Mais bon, on ne pouvait pas dire que la tenue du parfait partisan de Kira, ça ne passe pas inaperçu. Surtout pour Noa, qui a quasiment envie de vomir dès qu'elle en voit une.

Bien sûr, un affrontement avec cette femme n'était peut-être pas la meilleure chose à faire dans son état, et surtout vu l'heure. Mais c'est connu que la drogue rend totalement fou et idiot. Complètement illogique. Complètement suicidaire. Surtout ce dernier adjectif en fait. Sion, elle n'aurait aucune raison de lui parler, elle serait partie, même si de toute façon, ça n'aurait servi à rien. Elle n'avait pas le droit d'être ici, il y a un couvre-feu. Et puis, elle ne devrait même pas être sur le continent, alors à quoi bon se cacher.

« Hello miss. Tu cherches quelque chose ? »

Fate commençait à douter de la pertinence de son idée. C'était à peine si elle tenait debout : exténuée, à bout de force mais aussi hors d'elle, il était clair qu'elle n'était pas en condition de prendre son service. N'importe qui de censé le lui aurait d'ailleurs fait remarquer. Mais il n'y avait jamais personne à ses côtés . Et peu importait d'ailleurs ; car Fate n'écoutait jamais personne. Elle errait dans les ruelles résidentielles, entre deux maisons à l'ancienne, à la recherche de quelque chose qui aurait, elle l'espérait du moins, la gentillesse, quoi que le terme n'était peut-être pas très adapté, disons donc l'extrême obligation de lui servir de défouloir ou autre souffre-douleur. Juste quelqu'un... Quelqu'un à qui reprocher quelque chose ! Le moindre détail, aussi insignifiant soit-il suffirait ! Quelqu'un sur qui déverser son venin et sa haine. Elle ne voyait pas de meilleur endroit que les rues qu'arpentaient sans cesse la vermine tokyoïte. Et elle avait raison. Il n'y en avait sans doute pas.

La jeune femme ignorait depuis combien de temps déjà elle arpentait ainsi les ruelles. Impossible de définir si le temps lui paraissait long ou rapide, la vue de ses grands yeux bleu ciel embués suffisaient amplement à comprendre que l'abus d'alcool et la fatigue la laissaient dans un état second. Elle était encore loin d'être ivre, l'ivresse, après tant d'années à boire, il lui fallait souvent bien des verres avant de la sentir. Non. Elle était juste ailleurs. Perdue dans ses pensées et dans ses cauchemars... Comment réagirait-elle si cette même scène qui hantait ses rêves depuis des jours se reproduisait ? Serait-elle en mesure de riposter à nouveau ? Aurait-elle la même chance que ce jour-là ? Elle n'y avait pas réfléchi. De toute façon, elle avait gardé la face, du début à la fin, devant ses collègues : depuis le jour de l'accident où Light était venu à sa rescousse, à cette journée de travail qu'elle avait achevé la veille. Ne rien laisser ressortir : de la force, de la dignité. Son orgueil la poussait à fermer sa gueule et à garder tout ce qui la tracassait pour elle. Car même si elle n'était pas de ceux qui étaient agressés pour la première fois, on ne sortait indemne de ce genre d'événement.

Elle soupira et s'alluma nonchalamment une nouvelle cigarette, écrasant l'ancienne du pied. Et soudainement, entre deux petits pavillons anciens, se dessina une silhouette. Loin de là l'idée d'un profil menaçant qui se rapprochait, non, cette personne n'avait rien d'effrayante. Quand enfin Fate put l’apercevoir, elle fut surprise de découvrir à cette heure la présence de cette jeune fille, sûrement à peine majeure, dans les ruelles. Le couvre-feu interdisait toute sortie et elle se demandait vraiment ce qu'elle pouvait faire là. Pour une fois, à première vue, elle hésita quant à ce qu'elle devait faire. Elle avait vraiment l'air jeune. Ce n'était peut-être même qu'une gamine de quinze ans... Peut-être fallait-il faire preuve d'un minimum de tact ? Non. Non après tout. Elle désobéit. Elle prendra, comme les autres. Pas de traitement de faveur.

Alors qu'elle se dirigeait d'un pas décidé vers la jeune fille dont elle commençait à douter de l'innocence vu la clope qui dépassait de ses lèvres, elle fut interpellée par cette même gamine qui s'était lancé dans une simple phrase familière avec un tutoiement presque amical. Son uniforme était tout de même facilement remarquable et Fate se demandait réellement si cette jeune fille prouvait par cette marque d'irrespect sa grande candeur ou son désir de provocation. Autant rentrer dans son jeu après tout ? Nous verrons bien. D'un geste fluide, elle dégagea le manteau et découvrit son arme : preuve définitive de son appartenance à l'armée et d'un ton qui se voulait condescendant, s'adressa à la fille :

"Ce serait plutôt à moi de te poser la question non ? Tu dois être à peine majeure et je te trouve dans des ruelles à trainer à minuit passer ?... Le mot couvre-feu te serait-il inconnu ? Dans tout les cas, tu vas vite recouvrer la mémoire car je me retrouve donc dans l'obligation de t'emmener au poste Mademoiselle... Comment d'ailleurs ?"

Elle profita de ce moment pour avancer sa main et se saisir de la cigarette que fumait tranquillement son interlocutrice. D'un geste doux, elle la défit de ses lettres et l'écrasa à Terre :

"Quant à ça, je suppose que tu sais tout de même que tu n'es pas censée en consommer ?"

Invité

Pour Noa, il n'y avait pas de questions à se poser sur l'identité de la femme. Du moins, il n'y avait plus de questions à partir du moment où elle remarqua sa tenue. Quand elle pensait que c'était elle qu'on traitait de criminelle, alors que la seule personne bonne pour la prison, et à la limite pour la peine de mort, était en réalité devant elle. C'était déprimant de voir à quel point la société avait mal évolué mais surtout à quel point les définitions de certains mots avaient changé de sens. Quelqu'un qui tue n'est plus un criminel mais une personne qui fait le bien, au service d'un dictateur considéré comme un dieu. Drôle de monde quand même. Elle écrasa le mégot de sa cigarette en regardant cette femme qu'elle ne connaissait pas presque l'agresser. Quelle méchante. On ne lui a jamais appris qu'il faut être gentil et prendre son temps avec les enfants, et encore plus avec les adolescents. C'est ce principe, ou du moins un dérivé, qu'on appelle la pédagogie. Le seul problème, c'est que ce mot, au lieu d'avoir évolué, a disparu depuis l'apparition de ce monstre.

Elle sortit une autre cigarette de son paquet avant d'essayer de comprendre ce que cette femme disait. Parce que c'était la véritable difficulté de la chose. Elle arrivait à entendre, mais ses paroles ne la percutaient pas totalement. C'était un inconvénient des amphétamines qu'elle avait pris, mais à la base, elle n'avait pas prévu d'avoir une conversation avec qui que ce soit. Donc, que disait-elle ? Noa se doutait que ses propos n'étaient pas géniaux pour elle. C'était à chaque fois la même chose, mais elle n'était jamais assez clean pour s'en rappeler réellement. C'était peut-être la preuve qu'elle devrait faire plus attention à ce qui se passait autour d'elle, arrêter la drogue à la limite, mais non. Elle souffrait trop quotidiennement pour ça.

Alors couvre-feu. Mais oui, bien sûr, elle en avait déjà entendu parler de ça. Dans ses souvenirs, il s'agissait d'une loi créée par Kira qui interdisait à la population de se balader dans les rues à partir d'une certaine heure. Ensuite, elle n'avait jamais su laquelle avait été choisi, peut-être qu'on lui avait un jour dit, mais elle ne l'avait pas retenu. De toute façon, elle n'en avait pas besoin. Elle vivait la nuit, donc pendant les heures où il était interdit de vivre.

« Couvre-feu ? Non. »

Assembler des mots, créer des phrases. C'était à ce moment-là difficile pour la jeune anglaise. Pourtant elle aimerait bien lui répondre, lui expliquer pourquoi elle est ici. Bien sûr, c'est un acte totalement suicidaire et irréfléchi, mais elle n'était pas non plus dans un état de réfléchir. Elle se sentait forte, elle pouvait tout réussir à ce moment de toute façon. Alors pourquoi cette blonde pensait qu'elle allait réussir à l'amener dans leur commissariat tout pourri. Elle devait rêver, il faudrait que Noa la prévienne, parce que c'est mauvais de vivre dans un monde irréel. Suite à cette réflexion totalement ironique, la brune se concentra un minimum pour essayer de répondre à la première question de son interlocutrice.

« Si je suis là, c'est parce que je cherche celui qui l'a tué. Donc je peux pas vous accompagnez au poste désolée. »

Quelle logique. Franchement, si cette femme ne la comprenait pas, il fallait vraiment qu'elle aille consulter un médecin, ou quelque chose dans le même genre. C'est comme, pourquoi elle lui demandait son nom ? Elle n'allait pas lui donner, c'était quelque chose de sûr. Elle se voyait très mal lui dire « En fait, je m'appelle Rebacca Daniels. » Ce serait comme aller piquer un des pistolets des machos qui traînent dans les bars pour se tirer directement une balle dans la tête. Autant dire qu'elle était plus intelligente que ça. Enfin, elle croyait. Mais ce qui était sûr, c'est qu'elle l'était plus que cette blonde-là. De toute façon, la couleur de cheveux expliquait tout. Parce que vraiment, lui écrasait sa précieuse cigarette, c'était un crime. Pire que de tuer quelqu'un, mais pas son frère, lui c'était autre chose. Moment infime de lucidité le temps de dire une phrase presque correcte. Elle allait la tuer.

« Mais t'es pas bien dans ta tête ou quoi ? »

[D'soulée >_< J'ai vraiment pas pris le temps de répondre ! Encore pardon >_<]

Complètement « out »... Cette fille était vraiment complément « out » !

Ce fut la conclusion à laquelle arriva finalement Fate. Elle avait suffisamment eu d'expériences avec la drogue pour identifier les signes d'une consommation trop fréquente et en trop fortes doses. Il était clair que cette fille était shootée. Elle ignorait à quoi mais la drogue semblait lui avoir fait un effet tel qu'elle ne parvenait à aligner trois mots en japonais correct. Quel âge pouvait-elle bien avoir ? Seize ? Dix-sept ans ? Si ce n'était moins d'ailleurs. Il était impossible d'associer un âge au visage fatigué et blafard de cette jeune femme pour ne pas dire de cette gamine. C'était affligeant. Fate tenta avec difficulté de se souvenir. De se souvenir de ses dix-sept ans, de ce qu'elle avait bien pu faire à son âge. Cela lui était difficile d'ainsi retourner sa mémoire à travers les méandres de son passé après tout ce temps. Douze ans déjà. Elle se souvenait juste avoir été une jeune fille comme les autres : sans histoire, sans problèmes. Juste une lycéenne banale avec les hauts et les bas de toute adolescence. A l'époque, jamais elle n'aurait pu s'imaginer ce qu'allait devenir sa vie par la suite. Kira avait été pour elle un être qu'elle jugeait orgueilleux et profondément cruel, quelqu'un qu'elle aurait souhaité pouvoir renverser. Pourtant, il était maintenant devenu le Dieu qu'elle adulait et servait avec le plus grand des respects. Son entrée dans l'armée lui aurait sans doute également parue impossible étant donné les études d'économie qu'elle planifiait depuis quelques années déjà. Bref. En tout cas, à cet âge là, jamais elle ne se serait retrouvé ainsi, complètement défoncée et éméchée, seule dans les rues d'une ville comme Tokyo. Peut-être était elle restée à la « vieille école », bloquée dans ses traditions, mais il lui paraissait anormale de trouver ainsi une gamine dans cet état. Et une éternelle question lui revenait toujours « Mais que foutaient ses parents au juste ? ».

Même le couvre-feu semblait lui être inconnu. Elle commençait sérieusement à se demander si cette fille était bien shootée ou juste tout simplement conne et dénuée d'intelligence. Le mélange des deux étaient possibles après tout, non ? L'insolence avec laquelle elle se permettait de lui répondre énervait d'ailleurs Fate au plus haut point. Elle aurait pu faire usage de moyens plus persuasifs d'emblée mais après tout, pourquoi se montrer cruelle avec cette gamine qui semblait plus perdue qu'autre chose ?... Un peu d'humanité bon sang ! C'était si peu fréquent dans les actes qu'elle menait ! Et pourtant cette fille ne semblait pas décidé à faire preuve d'un peu plus d'obéissance... La patience était loin d'être le point fort de la jeune blonde et si les choses continuaient d'évoluer dans ce sens, elle se montrerait sans doute moins sympathique qu'elle ne l'était jusque là... Finalement, son interlocutrice se décidait enfin à s'exprimer à nouveau, mais les mots qui sortirent de sa bouche furent d'une telle incohérence qu'au final, Fate aurait sans doute préféré son silence...

« Si je suis là, c'est parce que je cherche celui qui l'a tué. Donc je peux pas vous accompagnez au poste désolée. »

Elle avait beau tourner, re-tourner et rata-retourner cette phrase et les mots qui la composaient, aucun sens cohérent ne semblait vouloir se dégager. Elle était là... Car elle cherchait la personne qui « l »'avait tué ? De qui pouvait-il bien être question ? Meurtrier comme victime, le flou était complet et de toute façon, la vérité ne sortirait de nul part d'autre que de la bouche de cette fille dont elle ignorait même le prénom. En tout cas, il était hors de question de se plier à ses exigences. Fate émit un petit rire amusé : lorsqu'il était question de venir avec elle au poste, cela tenait plus de l'ordre que de la demande. Autant dire qu'elle la suivrait sans rechigner, du moins si elle ne voulait pas d'ennui. De toute façon, il était inutile d'essayer de lui faire cracher quoi que ce soit ici. Dans cet état, elle était tout simplement inexploitable.

Enfin, elle semblait se réveiller. La fille ne semblait pas avoir apprécié de voir sa précieuse cigarette s'écraser entre des doigts étrangers. Elle réagissait seulement ! Avec insolence et insouciance à nouveau d'ailleurs mais après tout, cela semblait être sa spécialité...

« Oh... ! Je crois qu'on s'est mal comprise toi et moi. Ici, c'est moi qui donne les ordres alors quelle que soit ton excuse, tu vas me suivre gentiment si tu ne veux pas te retrouver pieds et poings liés direction le QG ! Pour être clair, je n'ai que foutre de tes histoires de meurtre mais tout ce que je peux te dire, c'est que cela te rend d'autant plus suspecte. »

D'un geste rapide, elle repoussa le long manteau noir qui couvrait ses hanches et découvrit son sabre avant de se saisir de ses menottes. Elle s'approcha d'elle tranquillement et se saisit de son poignet, prête à les attacher :

« Et je pense être mieux dans ma tête que toi dans la tienne. Du moins, c'est ce que m'inspire la vue de la connerie que déclenche chez toi les substances illicites... Maintenant tiens toi tranquille si tu ne veux pas d'histoires... »

Invité

Elle connaissait trop bien cette révolte liée au sentiment de toute-puissance qui la parcourrait à ce moment-là. Cela faisait maintenant longtemps, trop peut-être, qu'elle prenait ces petits cachets, quel que soit leur fournisseur ou leur origine. Elle s'en fichait totalement. Ce qui lui importait, c'était cette impression de pouvoir tout réussir, que ce soit venger son frère, tuer Kira ou même faire pleurer la grosse brute qui passait ses soirées comme pilier de bar. Et dans ce genre de cas, quand elle était sous l'emprise de la drogue, elle souriait comme une idiote. Comme maintenant, alors qu'elle avait à faire avec cette blonde qui ne paraissait pas totalement inoffensive. Mais là encore, Noa s'en fichait. Qu'est-ce qu'était une simple femme contre elle, alors qu'elle était imbattable. Rien, rien et rien. Alors elle rigolait. Un rire fort, sans la moindre trace de lucidité. Un rire fou peut-être. Mais elle n'était pas folle, juste triste. Très triste, trop triste.

Elle regarda cette femme dans les yeux. Cette blonde la jugeait, elle n'aimait pas ça. Elle devait la prendre pour une idiote délinquante. C'était tellement loin de la vérité. Un délinquant se contente de racketter une personne qui a la bêtise de se balader seul dans un coin un peu sombre. Un délinquant va commettre un ou deux casses mineurs, qui n'auront pas de répercussions. Dans le pire des cas, un délinquant enverra une victime à l’hôpital avec un membre cassé et l'arcade sourcilière en sang. Elle ne faisait pas partie de ce monde-là. Elle était une criminelle. Elle l'assumait totalement, ce n'était pas de sa faute. Elle n'avait pas choisi cette vie. Alors pourquoi cette femme qui ne souffrait pas de tout ça se permettait de la juger. La paranoïa était un des effets indirects des cachets qu'elle prenait. Elle le savait, mais ne pouvait assimiler l'information qu'en étant clean. Ce n'était pas juste une bouteille d'alcool où on pouvait se contrôler, c'était plus que ça. Bien plus.

Les mots prononcés la blessaient beaucoup plus qu'elle ne pourrait l'avouer. Du moins, dans son état. En temps normal, quiconque lui aurait dit ça aurait eu l'immense privilège de la voir rire, vraiment amusée. Mais là, ce n'était plus le cas. Son rire s'était arrêté il y a bien longtemps pour laisser place à un état entre la dépression et l'euphorie. Suspecte. Elle n'était pas suspecte. Elle était la victime. Une victime qui se mit à pleurer sans prévenir avant de se laisser tomber sur ses genoux au risque d'effiler une autre paire de collants. Détail, ces collants ne lui faisaient jamais longtemps. C'était trop fragile comme vêtement, mais il lui disait toujours que ça lui allait bien, alors elle en portait.

Les larmes coulaient sur son visage. Elle devait se reprendre. Une cigarette, il lui fallait une cigarette pour tenir tête à cette sorcière. Comment ça elle allait mieux dans sa tête. Non, ça c'était un argument qui ne passait pas du tout pour Noa. Elle était saine d'esprit, ça se voyait non. Elle releva la tête pour fixer la blonde dans les yeux. Heureusement, elle ne portait pas de maquillage, ça serait vraiment pitoyable sinon. Mais toutes ces choses, la peinture pour les yeux, le fond de teint, c'était pour celles qui se pavanaient. Et ce n'était pas son cas, elle, elle agissait.

« Mieux dans ta tête, is that true ? Et tu penses ça parce que tu consommes que des produits approuvés par ton très cher Kira ? Tu ne dégoutes darling. Je te connais toi et ta bande de partisans de ce meurtrier. Vous êtes toujours à noyer vos problèmes dans quelque chose. L'alcool est mieux peut-être ? Tu es mieux peut-être ? »

Noa criait, toujours à terre. De la provocation pure. Mais elle était intouchable. Elle l'avait toujours été. Alors elle se leva. Ses gestes étaient lents, entravés par l'effet de plus en plus en fort qui lui montait à la tête, qui lui faisait voir des images déformées de la réalité. Mais qui lui permettait d'ignorer la moindre douleur, qu'elle soit physique ou mentale, excepté à quelques moments de faiblesse comme celui qu'elle avait eu quelques minutes auparavant. Debout, elle réussit à attraper une cigarette dans la poche intérieure de son manteau et l'allumait. Invincible. C'est l'impression que lui donnait ce petit tube de tabac ajouté aux cachets qu'elle avait pris. Ne pas connaître la peur était une bonne chose. Ou du moins, elle le croyait, parce qu'elle devait rester forte.

Fate ne comprit pas réellement ce qui était en train de se passer. Mais après tout, comment aurait-elle pu expliquer un tel comportement ? Comment parvenir à déceler ce qui n'allait pas bien chez cette fille ? Il semblait d'ailleurs que quant à lister le positif et le négatif de sa santé, le second écraserait sans doute le premier sans espoir de retour. Non. Elle n'était pas majeure et piétinait déjà dans la boue dans laquelle la vie n'hésiterait pas à la traîner encore et encore par la suite. Ce n'était que le début. Le début d'une triste vie sans doute. Si jeune et pourtant déjà plongée dans les méandres les plus profondes. Fate ignorait ce qu'elle devait faire. Etait-ce méprisable ? Ou juste digne de pitié ? Sa situation n'avait rien d'enviable, en effet. Bien qu'elle ne sache pas réellement pourquoi cette gamine trainait ici si tard, il était facile de s'en faire une idée. Quand on y pensait, les possibilités étaient multiples : la prostitution, le trafic de drogues peut-être ? Elle ne le saurait sans doute jamais et même si cette fille, aussi mal élevée et insolente soit-elle, méritait de l'aide, Fate ne ferait pas d'exception. De l'aide, elle en recevra... En se pliant au joug de Kira bien sûr !

Elle était tombée pitoyablement à genoux sur le sol dur et les larmes coulaient désormais sur ses joues avec fluidité. Fate se demanda ce qui avait bien pu provoquer une telle réaction... La peur, la honte ? Non, si cela eut été le cas, elle aurait réagi bien avant. Où était passé la gamine effrontée qui lui répondait quelques minutes auparavant ? Elle avait disparue. Disparue au profit de cette fillette en pleurs, posée comme une loque à terre. Cette fille était cinglée. Restait à savoir si elle était une cinglée dangereuse ou une cinglée inoffensive... La jeune femme l'observa un moment, attendant une quelconque réaction de la demoiselle. Mais rien ne semblait vouloir venir. Non. Elle était juste à bout. Elle s'apprêtait à se diriger vers elle quand la gamine releva finalement la tête et se mit à hurler dans un mélange d'anglais et de japonais des paroles qui, même sans queue ni tête, étaient facilement identifiables comme agressives.

Elle lui reprochait nombres de choses, exprimant son dégoût pour sa personne et critiquant ses déclarations précédentes. Elle lui reprochait ses méthodes, jugés trop sanguinaires sûrement et son manque de moral à travers cela. Fate se fichait bien ce que les gens pensaient de ses opinions et de ses travaux. Elle faisait ce qu'on lui demandait et ce qu'elle jugeait être bon. Mais le sujet qui intervint après ne lui faisait pas du tout le même effet. L'alcool. Ca n'avait jamais été un problème pour elle au fond. Cela l'était plus concernant les personnes qui en avaient connaissance. Elle tenait un rang et une position dans ce monde qui ne lui permettait de perdre la face par quelques défauts que ce soit. Son penchant très présent pour l'alcool, pour ne pas dire son alcoolisme, était une des choses qu'il valait mieux cacher au risque de se voir défaite de certaines fonctions. Mais avant d'être un soucis social, c'était un problème personnelle. Fate buvait depuis des années. Bien avant son entrée dans la sphère divine, même bien avant son entrée dans l'armée ! La raison était autre et ne regardait qu'elle. Mais qu'on lui reproche ceci était à ses yeux inacceptable. Si elle buvait, c'était parce qu'elle avait ses raisons. Pour noyer son désespoir et sa solitude entre deux combats. Elle en avait besoin désormais. Bien plus que quiconque aurait pu le croire...

D'un geste agressif, elle saisit la jeune fille par le col et la tira vers le haut pour la forcer à se tenir debout. Elle la secoua violemment pour l'obliger à reprendre ses esprits et lui hurla :

« Ferme ta grande gueule sale petite garce ! Tu n'as pas à m'apprendre ce que je fais et encore moins ce que je dois faire. Je ne vis pas dans l'illégalité. Je fais ce que je dois faire dans les conditions que j'accepte d'adopter. Et ce n'est pas une gamine dans ton genre qui va me faire changer mes habitudes. Je bois, et alors ? J'ai au moins l'intelligence de ne pas me retrouver out comme toi. Un jour, tu te retrouveras prise contre un mur dans les bras de n'importe quel idiot pervers et il ne faudra pas venir te plaindre de ta propre connerie. »

Elle la repoussa contre le mur, prête à lui passer les menottes :

« Alors maintenant tu vas rester une gentille fillette et me suivre. »

Invité

Noa ne supportait pas qu'on la touche quand elle était sous acide. Cette phrase avait autant de sens pour elle que le fait que la Terre soit ronde ou bien que le Soleil allait finir par se lever pour une énième journée. Alors pourquoi, pourquoi cette sale blonde délavée se permettait de poser la main sur elle. La saisir, la tirer, la secouer. Tous ces gestes lui semblaient être faits dans une autre dimension. Elle ne les ressentait qu'à moitié, voire pas du tout. Mais en même temps, la sensation de la main de cette femme sur sa peau découverte semblait multipliée par dix, par cent, par mil. De quel droit se permettait-elle une chose pareille. Une seule personne avait le droit à un tel geste. Et cette personne était morte, enterrée et ne se serait jamais permis de lui faire mal à ce point. Mal. Avait-elle vraiment mal ? Non, ce n'était pas possible, elle ne ressentait plus la douleur. Elle aurait pu mourir qu'elle ne s'en serait pas rendu compte.

Let me go, bitch.

Elle voulait lui gueuler ça à la figure, mais encore une fois, les mots ne sortaient pas. Les mots restaient bloqués en elle, sans qu'elle puisse rien y faire, là où elle sentait cette pression exercée par la blonde. Et l'air. Pourquoi n'entrait-il pas aussi facilement que d'habitude dans ses poumons. Elle ne pouvait plus respirer. Sa respiration commença à se faire plus saccader. Il fallait qu'elle se reprenne où elle allait la tuer. Cette femme était un monstre, une psychopathe, tout comme son patron. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. Elle essaya de se débattre. Les mots de la femme la transperçaient comme une aiguille transperce la peau pour atteindre la veine et y injecter son liquide paradisiaque. Sauf que là, c'était douloureux. Elle avait beau avoir ses pensées qui allaient dans tous les sens, elle comprenait l'important de la conversation. Et elle n'avait jamais aimé qu'on lui fasse la morale.

Arthur, save me.

Là aussi, elle aurait voulu le dire à voix haute. Que son frère, où qu'il soit, voit qu'elle pensait encore à lui au dernier moment – surtout si elle devait mourir. Et pourtant, il lui était impossible de prononcer ce nom qui avec le temps était devenu si tabou pour elle. Mais elle avait mal. Plus physiquement si c'était arrivé. Mais moralement. Elle l'assimilait à une prostituée. Une chose dont on profite avant de la jeter. Ce que son frère haïssait par-dessus tout. Ce qu'elle craignait depuis toujours. Mal de tête. Ses larmes s'étaient remises à couler. Vraiment, elle ne savait plus qui lui avait fourni ces cachets mais si elle le retrouvait, elle le tuerait, c'était chose sûre. Enfin, si elle sortait vivante de son affrontement avec cette femme. Elle rassembla le peu de force qu'il lui restait lorsqu'elle la vit sortir sa paire de menottes. Après lui avoir donné un violent coup de pied au niveau du genou, elle s'empressa de lui donner un coup au niveau des seins. Pas violent, mais ce fut aussi pour se débarrasser de l'emprise de cette folle et retrouver une respiration convenable.

« You. Je vais te... – une absence – Kill. Comme les autres. Tu comprends. Tu vas mourir. Assassin. Comme lui. Comme Kira. »

La blonde ne risquait pas d'apprécier que Noa menace de mort son supérieur – et alors ne parlons pas d'elle – mais Noa s'en fichait. Elle glissa sa main dans la poche extérieure de son manteau pour en sortir un couteau. Une jolie lame très aiguisée de taille moyenne, avec un manche qui tenait parfaitement dans sa main. Une de ses armes préférées. Elle sourit, un grand sourire aux lèvres, un sourire de fou. Elle resta contre le mur, regardant sa future victime, sans bouger. D'habitude, elle évitait de se battre sous l'emprise d'un quelconque stupéfiant. Mais là, elle n'avait pas vraiment le choix et puis, les amphétamines la mettaient trop en confiance. Beaucoup trop.

« Mais avant. Explique-moi pourquoi tu le sers. Pourquoi ? »

Arthur.

Cigarette, elle en avait toujours envie au pire moment possible. Sans quitter la blonde des yeux, elle réussit à en attraper une dans une poche en même temps que son briquet pour l'allumer. Ça faisait un bien fou. Maintenant elle pouvait un minimum de concentrer. Et qui sait, les choses allaient peut-être arrêter de bouger toutes seules.

« Speak ! »

C'était une pauvre loque qu'elle secouait encore et encore avec force dans l'espoir de la réveiller. Une pauvre loque sans âme maintenue uniquement en vie – enfin, le terme n'était-il pas trop vivace justement ? - par la consommation de drogues. Elle n'était rien. Rien qui en vaille la peine au final. Fate avait été bête de croire une seconde pouvoir obtenir quoi que ce soit d'un tel tas de saleté. Elle n'était rien que cela, un tas de poussière qui tâchait le sol avec culot. Elle n'en obtiendrait rien. Non. Elle aurait pu opter pour la solution la plus charitable : la ramener au poste et faire la démarche nécessaire à la surveillance des mineurs en difficulté dans son genre ; mais elle ne le ferait pas. Non. Tout simplement parce que cette fille avait éveillé en elle son fâcheux côté rancunier et que les paroles qu'elle lui avait adressé n'avaient fait qu'empirer la situation. Elle reprochait aux autres leur incompétence, mais les autres n'avaient pas à lui reprocher. Elle était au service de Kira, puis puissante que jamais, et s'estimait à une place à laquelle on lui devait le plus grands des respects. Son entêtement et son caractère hautain la rendaient désagréable et cruelle, ça, la jeune fille le lui avait bien fait comprendre. Mais cela n'était pas une gamine dans son genre qui allait faire changer les choses.

« Ne t'énerves pas c'est inutile... Ne t'énerves pas c'est inutile... Cette garce n'en vaut pas la peine... Cette garce n'en... Vaut pas la peine ! »

C'était ce qu'elle se répétait en boucle depuis de longues minutes déjà. Il ne fallait pas qu'elle explose. Non. Elle devait rester calme. Dieu sait ce qui la retenait de faire de la bouillie de cette fille, ou du moins d'essayer. Elle savait que la faire taire devenait impératif... La faire taire ! Quel soulagement ce serait ! Elle chassa de son esprit ses idées assassines, tentant de se concentrer sur ce que sa profession l'engageait à faire : une arrestation en bonne et due forme. Et non un massacre sanglant sous le coup d'une impulsion. Elle s'était jetée sur elle afin de la maîtriser mais ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était une quelconque riposte... Le premier coup lui fut porté aux genoux, le second à la poitrine et, surprise, elle avait quelque peu trébuché vers l'arrière, s'éloignant de la jeune fille. Le coup n'avait pas été porté puissamment, mais ce genre de chose restait tout de même fâcheusement désagréable. Fate étouffa un juron dans un jargon germanique et se redressa dans le but de répondre, en bonne et due forme, à cette injure physique. Mais voilà qu'elle la menaçait, l'air d'une folle sans cervelle,dans son insensé mélange de japonais et d'anglais. La voilà traitée d'assassin ! A l'image d'un Dieu qui ne valait guère mieux ! Des accusations bien fortes pour être portées par une imbécile pareille. Car évidemment, pour Fate, la question ne se posait pas. Quiconque ne voyait en Kira qu'un tueur était soit dénué de sens commun et aveuglé par l'ignorance, sois écervelé et totalement stupide. Elle voyait déjà, dans l'obscurité de la ruelle, la lueur métallisé du couteau dont cette gamine était armée. Pour qui se prenait-elle ? La jeune femme se permit un rire amusé :

« Tu crois vraiment que ça va suffire, sale petite garce ? » avait-elle déclarée, un sourire aux lèvres, tandis que d'un geste elle repoussa son manteau dévoilant son arme à feu attachée à sa ceinture et déposant la main sur le manche de son sabre qu'elle dégaina légèrement de son fourreau.

Sommée de s'expliquer quant à son soutien à Kira ! Mais bien sûr ! Il était hors de question qu'elle se justifie ! Ses opinions étaient ainsi et elle ne voyait pas du tout la nécessité d'une telle discussion. Elle sourit à nouveau et se saisit de son revolver qu'elle pointa adroitement sur la jeune fille :

« Je n'ai pas à m'expliquer. C'est tout de même moche de voir des gamines dans ton genre massacrer ainsi leur vie. Kira aurait pu t'offrir une voie nouvelle tu sais. Si tu préfères cracher dessus, il va falloir assumer tes actes... »

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Elle la détestait. Elle ne la connaissait pas, avait appris son existence il y a juste une dizaine de minutes, mais il n'y avait aucun doute là-dessus. Noa la détestait. En même temps, il y avait de quoi. Cette espèce de fausse blonde – oui, elle était sûre qu'elle était – trop frustrée pour avoir une vie correcte l'énervait beaucoup trop. Sa simple existence l'énervait. Et elle était trop triste pour avoir envie de s'énerver. En temps normal, on peut dire que la colère la motive, la fait s'activer, mais pas là. Ce soir, elle était comme une loque, un semblant d'humain que la drogue avait rendu molle. Et cette femme la rappelait à l'ordre. Sa présence en face d'elle lui rappelait d'exister, ce qu'elle voulait justement oublier. C'était bizarre, l'Anglaise ne savait plus très bien où elle en était. Elle regarda le couteau qu'elle avait sorti après l'avoir frappée. Il avait souvent été couvert de sang. Peut-être trop souvent, mais Noa trouvait ça bien. Juste bien. La voir qualifier quelque chose de la sorte montrait son détachement par rapport aux meurtres qu'elle avait commis. Et cette femme, est-ce qu'elle allait mourir ? Quand elle vit apparaître à sa ceinture le long sabre, elle eut un moment de doute au fond d'elle, mais ne s'en rendit pas réellement compte. Elle allait la tuer, elle pouvait tuer qui elle voulait sans jamais perdre. Du moins, c'est ce que lui indiquaient les jolis cachets roses qu'elle avait pris dans l'heure.

« Kira stole me my life, whore. »

And my brother.

Les mots étaient instinctivement sortis dans sa langue maternelle. L'absurdité de la phrase prononcée par la blonde l'avait touché. Comment osait-elle dire une chose pareille ? Comment osait-elle mentir sur les réelles actions de ce dictateur de pacotille ? Noa leva les yeux, elle avait un revolver pointé sur elle. Alors c'était comme ça, elle allait mourir de cette façon. Elle s'était toujours demandé comment ça allait arriver. Elle sera un peu plus son couteau. Sa cigarette était finie maintenant et elle la laissa tomber avant d'écraser le mégot pour éteindre la braise qu'il y avait au bout. Et si ce bout rouge correspondait à l'espoir, il n'existait maintenant plus.

Noa avait promis de ne pas mourir. Encore une chose qu'elle n'allait pas respecter. Mais là, elle n'y était pour rien. Elle ne pouvait pas expliquer tout simplement à cette femme qu'elle avait interdiction de la tuer. La vie ne marchait pas comme ça, sinon ça se saurait. Alors elle se mit à chanter. Aussi bizarre que cela puisse paraître, ça l'aidait. À quoi ? Elle ne savait pas. Mais elle aimait bien les Sex Pistols. Ça l'avait toujours aidé à décompresser quand elle ne savait plus quoi faire. Alors quoi de plus normal que de chanter maintenant.

« Anarchy from the U.K. It's coming sometime and maybe. I give a wrong time, stop the trafic line. Your future dream is a shopping scheme. Cause I wanna be anarchy. »

It's in the city.

Mais Noa n'avait plus la force de prononcer ces derniers mots. Plus la force d'avancer. Pus la force de rien. Alors elle se laissa tomber encore une fois genoux, sans rien faire, comme toujours dans ces cas-là. Cette fois, elle ne pleurait pas. Elle ne voulait pas donner cette satisfaction à cette femme. Ce n'était pas elle la criminelle, c'était cette blonde. Au fond d'elle, ça marchait comme ça. Et jamais on ne pleure devant un criminel, c'est lui donner trop d'importance. Elle ne lâcha pas son couteau, ce serait un signe de soumission. Elle n'était pas soumise, jamais. Se lever, elle devait se lever. Et continuer à se battre.

« Donc, je vais mourir. »

Et dans sa tête, la chanson des Sex Pistols continuait. Toujours plus belle, toujours plus forte. I wanna be an anarchist.

Fate eut, en cet instant, un grand sentiment de puissance. Oh Dieu qu'elle se sentait puissante et forte ! Pointer ainsi sur son arme contre une créature qui semblait plus inoffensive qu'autre chose et dont une quelconque riposte paraissait impossible n'avait au fond rien de réellement héroïque. Au contraire. Et pourtant, rien n'était plus agréable. Cette domination, elle en avait besoin. Pour vivre, pour respirer, pour se sentir bien dans une vie qu'elle n'estimait saine que par le passage d'actes tels. Au final, elle n'était guère mieux que cette fille et toutes les droguées dans son genre. Elle avait sa drogue à elle. Son ecstasy. Elle adorait. Elle adorait sentir le danger venir, l'adrénaline monter en ses veines, la bataille faire rage pour finalement mener à la victoire. C'était ce qui la captivait très certainement dans son travail : l'action et la puissance. Elle était, à ce jour, l'une des femmes les plus puissantes de l'armée. Le haut de la hiérarchie, elle s'en rapprochait peu à peu et elle savait que malgré ce poste convenable qu'elle occupait, jamais cela ne serait suffisant. Elle avait besoin de continuer ces multiples descentes, ces arrestations en masse, ces séances d'interrogatoires horribles et tout ce que cela induisait. Juste cet agréable sentiment de se savoir au dessus des autres...

Elle se surprit à prendre du plaisir et de l'excitation à la situation. Un sourire narquois se dessinait sur son visage donnant à ses traits un air crispé qui ne faisait que l'enlaidir. Elle regardait la gamine devant elle. Elle lui faisait réellement pitié. Bien sûr qu'elle ne faisait pas le poids, elle et son malheureux couteau, l'esprit embué par la drogue contre la jeune blonde, déterminée et armée jusqu'aux dents. Cette dernière se permit un petit rire devant cette victoire imminente :

"Alors ? Tu fais moins la fière maintenant ! Je t'aurais prévenu, ton affront, tu vas le payer cher !"

Elle était retombé à genoux et semblait faire comme si elle n'était pas là. Elle chantait. Une chanson anglaise dont elle ne reconnaissait l'origine. Des mots british qui s'associaient les uns aux autres et que Fate comprenait dans l'anglais qu'elle avait appris lors de ses voyages. Décidément, c'était une belle dose qu'avait dû ingérer la demoiselle pour se retrouver dans un tel état... La tâche ne lui était que plus facile. Fate eut espéré un peu de résistance de la part de son adversaire. La montée d'adrénaline n'en serait qu'augmenter. Mais rien ne semblait vouloir venir. Elle imaginait mal cette gamine riposter à bien y réfléchir. Que ferait-elle, avec sa malheureuse arme blanche ? Une égratignure à sa peau avant de se retrouver maîtriser ? Non. Cette fille était une gamine paumée. Pas une criminelle. Loin de là ! Se répétait-elle.

Sans défaire son arme de sa cible, Fate s'était dirigée vers la jeune fille et d'un geste violent, s'était emparé de sa chevelure pour la forcer à se relever. Une nouvelle fois, elle tenta de lui repasser les menottes. Un instant, elle eut un moment d'humanité et se demanda ce qui pouvait bien pousser les gens comme elle à se conduire ainsi. Elle la retourna afin de se retrouver en face d'elle et tenta de défaire de ses mains le couteau.

"Je comprends que la vie ne soit pas toujours facile. Mais je me demande comment tu as bien pu finir comme ça ?... N'as-tu pas d'autres rêves à ton âge que de rester ainsi à errer dans les rues ? Même si tes idéaux ne sont pas les miens, il te faudra admettre que la seule institution qui te permettrait de sortir de cette mouise, c'est bien l'armée de Kira. Ca n'est pas toujours facile à concevoir au début, mais ça vient. Tu verras."

Un moment de douceur dans toute la violence de ses gestes. Fate parlait en connaissance de cause. Un instant, elle avait cru se revoir un peu moins de dix ans auparavant. Alors que, seule, souillée, à la rue et sans le sou, un événement traumatisant l'avait poussé à se remettre en question puis à rejoindre l'armée de Kira afin de donner un sens à sa vie. En y repensant, c'était sans doute la meilleure des choses qu'elle est faite. Si sa vie passée avait été un échec totale, sa carrière militaire était une réussite des plus méritées. Elle ignorait tout des problèmes de cette fille. Mais c'était le meilleur conseil qu'elle pouvait lui donner. L'armée était un échappatoire. Qui plus est un échappatoire de qualité...

"Allez. Relève toi. Il va falloir que je t'emmène avec moi. Suis moi sans faire d'histoires."

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Murder murder murder
Someone should be angry
The crime of the century
Who shot little Bambi

Elle n'avait pas peur. C'est peut-être la seule chose qui fallait retenir de la situation qui n'avait rien d'héroïque. Elle ne faisait pas partie de ces utopiques bourrés de courage qui étaient prêts à tout pour protéger leurs idées, jusqu'à mourir dans les pires conditions. Elle n'avait même pas d'idées à protéger. Mais la mort, elle s'y était préparée. Chaque matin, lorsqu'elle se réveillait d'un cauchemar où elle revoyait son frère mourir des pires façons qui puissent exister, elle se disait que dans la journée, ça pourrait être elle. Un jour, elle irait le rejoindre, que ce soit avant ou après la mort de Kira. Mais ils seraient de nouveau réunis. Personne ne sépare éternellement des jumeaux. L'au-delà existait pour eux, juste pour eux. Elle n'avait aucune raison d'avoir peur. Arthur.

Elle n'en avait rien à faire de ses paroles censées être réconfortante. Elle n'en avait rien à faire de la pitié qu'elle laissait paraître dans sa voix qui quelques minutes plus tôt lui criait des menaces de mort. Cette femme – cette inconnue sans nom – n'était rien pour Noa. Juste une personne égarée sur sa route, qui allait peut-être jouer un rôle crucial, mais qui n'aurait pourtant pas la moindre importance. Voilà comment elle les considérait tous, toutes les personnes qui n'étaient pas Arthur. Alors elle repensait à ces personnes qui lui ont, juste un instant, rappelé que la vie existait. Sicarius, le gentil tonton écossais lui aussi expatrié si loin de son pays natal. Et puis Agito, le garçon au crochet qu'elle avait rencontré une seule fois mais avec qui elle avait conclu une alliance. Peut-être qu'il voudrait la venger quand il apprendrait sa mort. Elle était persuadée qu'il y arrivait, même sans connaître le nom du coupable.

Kira's Army.

C'était une blague. C'était forcément une blague. Elle ne pouvait pas lui faire ça. Est-ce qu'elle avait à un seul instant pensé à sa dignité ? Si elle était une criminelle – et maintenant, elle ne pouvait plus dire le contraire – ces gens-là étaient pire que ça. Pire que fou, psychopathe atteint d'une névrose obsessionnelle, ça donnait quoi ? Elle ne savait pas réellement, mais elle ne voulait pas vivre assez longtemps pour le découvrir. Elle ne voulait pas aller là-bas, elle voulait mourir.

« Non ! Tue-moi, qu'on en finisse avec cette histoire ! Je n'irais pas là-bas, tu comprends ? »

Et voilà qu'elle la levait. Son couteau était toujours dans sa main, elle ne l'aurait lâché pour rien au monde. Et si elle partait, si elle s'enfuyait. Elle se levait, à contre-cœur, vu que la femme blonde insistait. Elle n'avait qu'à se débattre un peu violemment, courir. Ou elle finirait avec les autres délinquants dans l'armée de Kira. Qu'avait-elle à perdre ? Rien. Cette femme la tuerait, ou elle l’amènerait. Si elle ne bougeait pas, son destin était tracé. Là deux possibilités – voire trois si on comptait qu'elle pouvait réussir – s'offraient à elle. Et les amphétamines firent leur effet. Elle aurait pensé qu'avec toutes les émotions qu'elle avait eues, ils seraient passés. Mais la drogue ne marche pas comme ça et Noa se sentait bien, capable d'échapper à tout, ou presque. Elle avait beau être crevée, à la limite de tomber tellement ses jambes ne la tenait plus qu'elle se sentait capable de courir jusqu'à l'autre bout de la ville, jusqu'à l'autre bout du monde. C'était de la magie, dont elle avait trop abusé pour qu'elle agisse de manière aussi régulière, mais de la magie quand même.

« Bye, whore. »

Alors elle se met à frapper, le plus qu'elle pouvait, donner des coups de couteau ici et là, sans avoir peur des représailles, sans avoir peur qu'elle utilise son arme. Au pire, elle mourait, et le rejoignait. Au pire, elle rompait sa promesse de continuer à vivre. Mais dès qu'elle sentit qu'elle avait un peu moins de pression, elle se mit à courir, sans regarder derrière. Derrière, il y avait une blonde qui pouvait bien faire ce qu'elle voulait. Elle pouvait encore l'atteindre, la tuer. Mais Noa se sentait libre, tellement libre. C'était beau, c'était bon. Et la fatigue n'existait plus.

Who killed Bambi ?

Un geste, un silence, et puis... Plus rien.

Fate n'eut pas le temps de comprendre. Elle se sentit perdre l'équilibre, elle trébucha pour finalement poser genou à terre et s'étaler, de tout son long, sur les pavés humides qui recouvraient le sol de la ruelle. Elle tenta tant bien que mal de jeter un regard autour d'elle, balayant la sinistre scène que lui offrait le lieu des yeux. Inutile de comprendre. Elle n'en est pas capable. Quand enfin, elle s'en sent en capacité, elle lève son visage blafard vers ce qui doit être son bourreau. Une silhouette maigrichonne se dessine, des cheveux bruns, un agréable visage, presque engageant et de longues mains fines... La jeune femme s'attarda longuement sur un de ces membres qui tenait, presque avec fierté, cette lame rouge qui l'avait ainsi réduit au silence.

"Sale petite... G... Garce !" susurra t-elle entre ses dents, à quatre pattes au sol.

Elle se redressa comme elle le put, lançant son regard le plus meurtrier à la jeune fille et répéta à nouveau :

"Tu n'es qu'une sale petite... Garce... ! Pi... Pire ! Tu es une véritable salope..."

Fate posa sa main contre son flanc, à la recherche de ce qui la faisait tant souffrir ; elle en dégagea une main ensanglantée qu'elle observa un moment d'un air étrange, perdue entre horreur et fascination. Elle rejeta d'un geste bref les cheveux blonds qui s'étaient abattus sur son visage dans sa chute, les colorant à leur tour à l'hémoglobine et tenta tant bien que mal de se relever. Il lui fallut de longues et pénibles secondes pour qu'elle y parvienne et qu'enfin, elle se dresse maladroitement face à celle qui était responsable de ses maux. Que lui avait-il pris, à cette folle, d'ainsi se jeter sur elle ? Combien de coups lui avait-elle porté au juste ? Deux ? Cinq ? Dix ? Vingt peut-être ? Se rendait-elle compte de ce que cela engendrerait ? De ce qu'il se passerait si elle était capturée ? Non, certainement pas. Pourquoi ne l'avait-elle pas écouté, elle, qui se proposait de l'aider ? Pourquoi était-elle aussi... Conne ? Après tout, y avait-il un autre mot ?...

Fate fit un pas, puis un second, puis un troisième. Sa main glissa à sa ceinture, machinalement et elle se saisit de son revolver qu'elle pointa dans la direction de Noa.

"Tu vas mourir... Tu vas mourir... Salope ! Tu m'entends ? Tu vas mourir !"

Elle étouffa un toussotement sanglant avant de continuer ses propos sans queue ni tête :

"Tu as signé ton arrêt de mort ! Pourquoi faut-il toujours que les pétasses dans ton genre rendent les choses si compliquées ?!"

Elle sentit sa vision de flouter au fur et à mesure qu'elle s'agitait. Elle se demandait ce qui la tenait debout, elle aussi, tant ses jambes tremblaient. Quel beau duo. Elle faisait peine à voir, toutes les deux. Ennemies inconnues au conflit imbécile. Elle respirait, vite, trop vite, les choses n'auraient jamais dû se passer comme ça. Fate tenta d'étouffer un sanglot qu'elle ne sut retenir et dans un excès de folie, elle hurla :

"Casse toi ! Cours, salope ! Cours, si tu ne veux pas que je te b... Bute maintenant !"

Pourquoi ne tirait-elle pas ? Elle l'ignorait elle même. La vengeance aurait pourtant été si simple ! D'une balle, elle pouvait l'abattre, alors diable, que pouvait-elle bien imaginer qui puisse la retenir... Son bon sens moral revenait-il au galop, pour une fois ? Était-elle juste fatiguée d'avoir à punir tout ceux qui lui manquaient de respect ? Peu importe après tout, on ignora sûrement à jamais ce qu'il se passait dans sa tête.

"Barre toi ! Et que je ne te revois plus jamais ! PLUS JAMAIS D'ACCORD !" hurla t-elle, tremblante, avant de perdre l'équilibre pour de bon, et de glisser lentement dans les méandres d'un sommeil profond.

[Je suis pas satisfaite de moi .___. Désolée >_<]