Yu était une enfant qui était destinée a ne pas être comme les autres. Quand vous entendez cela, vous vous dites probablement que c'était parce qu'elle allait avoir une drôle de maladie ou qui allait lui arriver quelque chose d'incroyable relativement par hasard.
Si ce n'était que cela...elle s'en serait mieux sortie.
La mère de Yu est décédée en donnant la vie. Quand à son père, il était l'auteur de ce qu'elle n'a jamais eu "comme les autres enfants".
Yu, ou expérience S (pour Spartina), était destinée a devenir la première femme technologique. L'expérience dont elle était le sujet a boosté ses capacités en accélérant directement les ondes électriques des neurones, responsables de l'envoi des messages cérébraux. A 15ans, elle avait déjà les connaissances d'une adulte de 30 ans (sans la pratique évidemment).
Vous l'aurez compris, elle n'a jamais eu de contacts avec d'autres enfants. Elle n'a jamais eu d'amis de son âge et devait déjà se tenir sagement comme un bon petit rat de laboratoire. C'est ce qu'elle a reproché à tout ces scientifiques par après, on lui avait volé son enfance.
Mais l'expérience était un véritable succès...
Jusqu'au décès de son créateur et géniteur, tombé de l'immeuble de 14 étages où était le laboratoire principal.
Les scientifiques de l'équipe, compatissants, la laissèrent décider de son avenir. Elle choisit d'apprendre le japonais pour des études d'informatique au Japon. Bien sûr, elle a été trop impatiente et s'est assez instruite pour hacker des ordinateurs avant même d'avoir fini sa formation en japonais. Les scientifiques l'avaient même mise en contact avec la police américaine pour les aider dans certaines affaires qui demandaient un certain talent de déduction. Bien sûr, la petite prenait cela pour un jeu et jamais elle ne fut rémunérée pour son aide. La somme allait directement pour le laboratoire. C'était... comme une sorte de location de matériel.
C'est là qu'elle arriva au Japon et qu'elle fut un petit peu plus familiarisée à l'affaire Kira. Contrairement aux autres affaires de meurtres, il y avait une dimension mystique supplémentaire à tout cela. Il suffisait de connaître le visage et le nom d'une personne pour qu'elle décède d'un malaise cardiaque... fascinant.
Tout un temps,elle voulut s'approcher de ces sphères qui abritaient cette personne si mystérieuse. Partant dans des histoires assez peu claires, tout en suivant avec succès les études auxquelles elle était inscrite.
Puis, il y eu cet appel skype...
C'était le soir. Yu était posée tranquillement devant son ordinateur.
Une partie des scientifiques a cherché à la contacté, elle a accepté. Mais ce qu'il en était était bien moins tranquille.
On avait analysé la prise de sang qu'elle avait envoyé comme chaque année au laboratoire pour suivre son état de santé.
Le taux de métaux avait atteint un score peu supportable pour un humain. Le dispositif implanté dans son cerveau commençait à la tuer. L'un des scientifique, les larmes aux yeux, la supplia à l'écran de revenir pour qu'on arrête l'expérience et qu'elle redevienne normale. Un seul problème, elle perdrait toutes ses facultés et probablement une grand partie de ses connaissances...
Première étape de l'acceptation de cette nouvelle: le déni.
C'était impossible que cela finisse ainsi. Et surtout, pas comme ça.
Surtout que le choix était difficile, sa vie ou ses capacités. On lui donnait un an à vivre, peut-être moins.
Yu eu une pensée digne d'une adolescente face à toute l'injustice du monde. Pour la première fois de sa vie, elle fit quelque chose de stupide, non réfléchi et dangereux.
Elle a acheté de nombreux explosifs, les as fourré dans son appartement et a tout laissé exploser, avec les 5 ordinateurs et toutes les données personnelles que l'on pouvait trouver dessus.
C'était la seconde étape, la colère.
Pourquoi ne l'avait-on jamais prévenue de ce risque? Pourquoi l'a-t-on laissée partir aussi loin alors qu'elle pouvait s'écrouler n'importe quand?
L'opinion des scientifiques qui voulaient la couver comme son père le ferait la faisait douter. Elle ne pouvait pas leur en vouloir de l'avoir laissé vivre une partie de sa vie comme elle l'entendait. Mais Yu se mit à les haïr tout de même.
C'est dans sa fugue qu'elle a croisé le Docteur. Un homme très charmant à qui Yu a confié son histoire d'expérience, l'un des seuls civil au courant d'ailleurs...avec Hadès qu'elle a rencontré un petit peu plus tard. Elle avait déjà recroisé le chef de la résistance civile quelques années plus tôt dans d'autres circonstances.
Quand elle a réalisé son erreur, elle était planquée dans un appartement miteux aux fenêtres barricadées, la jambe dans un bandage de fortune... seule. Déjà quelques jours avant qu'elle ne reçoive la nouvelle, Yu avait eu des malaises, comme si on l'avait débranchée de son propre cerveau.
C'est à ce moment qu'elle a réalisé qu'elle ne voulait pas mourir, pas ici, pas aussi stupidement.
Dès qu'elle pu remarcher, elle se mit en quête d'un ordinateur correct pour contacter les personnes qu'elle avait délaissée dans la panique.
On lui envoya un billet d'avion pour un hopital reconnu pour les opérations neuronales, à Londres.
Sa prise en charge fut rapide. Déjà à l'aéroport, une ambulance se trouvait à la sortie de l'avion avec un des scientifiques inquiet mais heureux de la revoir. Ces vieux barbus sont les seuls à tout connaître d'elle. Yu avait fondu en larmes dans l'ambulance, s'excusant de toute la peur qu'elle avait pu leur procurer durant cette fugue. Mais tout était déjà pardonné...
Le bloc opératoire était oppressant. C'est tout ce dont elle se souvint avant de s'endormir sous l'anesthésiant.
La douleur, le vague, le flou...
C'est dur de tenter de se souvenir des premiers instants après une opération. On ne sait même plus si on a somnolé, dormi ou si finalement ça ce passait vraiment... ou pire.
C'est ces derniers mois qui ont servi à Yu à se familiariser à être "normale". Fini les pensées aussi rapides que l'éclair, fini les calculs de probabilités de chacun de ses choix. Au final, c'est être normale qui lui parut étrange.
Malgré une longue dépression qui l'a amenée à devenir silencieuse un bon moment, elle s'y est faite. Les infirmières qui passaient lui parlaient de temps à autre. L'une d'elle était notamment très gentille avec elle. Bien qu'elle n'aie pas eu accès à son "historique" médical, elle avait presque l'air de la comprendre, chose inconcevable pour Yu durant une majeure partie de sa vie. Son silence, elle l'a comblé avec des sourires.
C'est d'ailleurs comme cela que Yu s'était demandée si une mère agissait ainsi.
C'est un des éléments que l'a aidée à remonter la pente de sa dépression et à retrouver la parole.
Maintenant, la demoiselle est prête à affronter la vie
normalement. Elle est prête à refaire des formations pour gagner sa croûte non et avoir une vie indépendante et non ponctuée des histoires sordides comme elle a pu vivre au Japon.
Elle aura enfin... une vie calme...
Du moins, elle l'espère