La météo s’était encore une fois trompée.
Hors de l’agence, le ciel était radieux, le soleil titillait la jeune femme. Qui comptait bien en profiter d’ailleurs, n’ayant qu’une matinée de boulot. Après tout, une ballade à l’air libre serait bien méritée, après la semaine que lui a fait passer Clarke. Et vas-y que je te refile des dossiers à monter, les clients qui ont perdu leur chat, que t’es pas assez rapide, que tu sers à rien… A croire qu’il était en manque d’un truc, allez savoir quoi. Mais malgré tout la secrétaire s’était tenue tranquille, face à ses pétages de plombs. C’était la première fois qu’il lui faisait ça. La dernière aussi, du moins elle l’espérait.
Peu avant midi, Mysha rangea ses derniers papiers, chopa rapidement sa veste et ferma l’agence. Jamais elle ne s’était imaginé le travail de cette manière. Tout ce qu’elle faisait lui semblait étrange, peut-être parce qu’il s’agissait d’une agence de détective. Pourtant, elle aimait bien ça. Elle s’imaginait tout simplement que c’était une vie normale au boulot. La jeune fille s’y était vite adaptée, sans trop se poser de questions. Tous les jours elle empruntait le même chemin sans même plus réfléchir. Ses pieds la guidaient par instinct devant la station de métro la plus proche pour son quartier préféré, Camden Town.
Sauf qu’on est samedi. Et que samedi, la moitié des transports disparaissent. Le prochain métro était dans une trentaine de minutes. Mysha poussa un long soupir, face à ce temps qui allait partir en fumée. Elle regarda vaguement derrière elle, cherchant quelque chose pour faire passer cette demi-heure. Rien. Pas comme si c’était étonnant, y’a que des sièges d’entreprises dans ce quartier.
Finalement, elle décida de poser ses fesses sur un de ces murs complètement tagués, bordant les lignes de métro.
Le nez sur son portable, survolant la rue de sa hauteur, elle consultait tranquillement ses messages. Jusqu’à ce qu’un petit cri attira inévitablement son attention.
-Oh non ! Oh non !
Une jeune fille venait de se faire percuter sous ses pieds. Un accident banal, sans grand intérêt. Il ne vînt même pas à son esprit d’aller l’aider, non. Elle était trop bien en haut pour ça. Sauf que le respect s’envola quand un homme d’affaire ouvra sa grande gueule, au plus grand désespoir de Mysha.
On en croise tous les jours des pires.
Comment vous dire que sa remarque déplacée révoltait quelque peu la londonienne. Elle croyait revoir la prétention de ses parents à travers ses paroles, qui l'avait poussée à fuir. Décidément, c'était plus fort qu'elle, il fallait pousser un coup de gueule. Obligé.
« Hé toi là, on ne t’a jamais appris à regarder devant toi quand tu marches ? C’est toi qui l’as percuté, c’est à toi de t’excuser ! Bordel ! »
L’homme allait encore l’ouvrir quand il décida de partir. Tant mieux, elle aurait sûrement fini par l’insulter de tous les noms. Un « Imbécile… » lui échappa tout de même, pendant qu’elle l’incendiait du regard.
Une fois loin des yeux, la jeune femme sauta de son mur -sans se tordre de cheville cette fois-, pour l’aider à ramasser ses affaires.
Parmi elles, la Londonienne tenait des cartes de la ville entre ses mains. Oui, elle se permettait de jeter un petit coup d’œil sur ses papiers jonchant le sol. Ce n’est certes pas très poli, mais il est absolument impossible de ne pas le faire, ne serait-ce qu’un peu.
« Tu n’es pas d’ici ? » Demanda-t-elle en souriant. La pauvre, elle devait être bouleversée parce l’arrogance du monsieur. « T’inquiètes pas, ils ne sont pas tous comme lui. Heureusement d’ailleurs. »
Une fois l’intérieur de son sac remis en place, Mysha s’apprêta à partir. Cela lui avait fait passer ses 30 minutes tiens. Mais la jeune fille avait encore l’air perdue.
Tant pis pour son train, elle n’avait rien de particulier à faire de toute façon.
« Si tu as besoin je peux peut-être t’aider, je connais bien la ville ».